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La patronne du Louvre en première ligne après le vol des joyaux

Silencieuse depuis dimanche, la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, s’exprime mercredi devant des sénateurs pour tenter d’expliquer comment des cambrioleurs ont pu voler des joyaux dans le musée le plus visité au monde, pour un préjudice estimé à 88 millions d’euros.Après trois jours portes closes, dont le mardi de fermeture hebdomadaire, au grand dam des touristes, le musée prévoit de rouvrir mercredi, a-t-il indiqué mardi soir à l’AFP.En coulisses, l’enquête se poursuit en toute discrétion pour tenter de mettre la main sur les quatre cambrioleurs et leur incroyable butin. Un vol qui a provoqué une forte émotion en France comme à l’étranger et une tempête politico-médiatique sur la protection des œuvres du Louvre.Qualifiés au départ d’inestimables, les bijoux volés ont désormais une estimation, qui ne tient toutefois pas compte de leur valeur patrimoniale: “le préjudice a été estimé par la conservatrice du Louvre à 88 millions d’euros”, une somme “extrêmement spectaculaire” mais qui “n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique”, a déclaré mardi soir sur RTL la procureure de Paris Laure Beccuau.Cette estimation en fait un des plus importants vols d’objets d’art des dernières décennies, mais ce montant reste bien inférieur au préjudice lors du cambriolage du musée Isabella Stewart Gardner de Boston, en 1990, évalué à au moins un demi-milliard de dollars.Placée en première ligne depuis dimanche, la ministre de la Culture Rachida Dati va laisser s’expliquer mercredi Laurence des Cars, qui n’a pas encore fait de déclaration publique sur le vol.Elle sera auditionnée à 16H30 par la commission de la culture du Sénat.Cette séance représente un moment de vérité pour celle qui était devenue en mai 2021 la première femme à accéder à la tête du Louvre, le musée le plus visité au monde avec neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d’étrangers.Le Figaro a affirmé mardi que Mme Des Cars avait présenté sa démission après le vol, mais que cela lui avait été refusé et qu’elle avait reçu le soutien d’Emmanuel Macron. Sollicité par l’AFP, le Louvre n’a pas souhaité réagir à ces affirmations.- Pas de “faille” -Mercredi, Laurence des Cars devrait être interrogée sur les conditions de sécurité de la galerie d’Apollon. Elle abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, qui compte environ 800 pièces.Parmi les huit pièces emportées figurent le diadème d’Eugénie, qui compte près de 2.000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie, dernière reine de France, et d’Hortense de Beauharnais, mère de Napoléon III.Face aux accusations des députés mardi, Rachida Dati a exclu toute “faille de sécurité à l’intérieur” du musée, car les dispositifs “ont fonctionné”.Elle a en revanche mis en cause l’absence de la sécurité “sur la voie publique”, permettant aux cambrioleurs d’installer un monte-charge et d’entrer par une fenêtre.La ministre et candidate à la mairie de Paris a reconnu qu’avait été “sous-estimée pendant trop longtemps la sécurité des œuvres d’art”. “On a plutôt privilégié la sécurité des publics”, selon elle.Les organisations syndicales (CGT, SUD, CFDT, CFTC, FSU) du musée ont été reçues mardi au ministère et ont dénoncé à cette occasion la baisse des effectifs d’agents chargés de la sécurité.Dans un pré-rapport consulté lundi par l’AFP, la Cour des comptes déplore un “retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres” du musée.Fille du journaliste et écrivain Jean des Cars, petite-fille du romancier Guy des Cars, Laurence des Cars a gagné une longue expérience dans les musées.Avant le Louvre, cette spécialiste de l’art du XIXe et du début du XXe siècle a présidé le musée d’Orsay, après celui de l’Orangerie, un musée d’art impressionniste et post-impressionniste qui expose en particulier les gigantesques Nymphéas de Monet.Elle a été aussi directrice scientifique de l’agence France-Muséums en juillet 2007, opérateur français chargé du développement du Louvre Abu Dhabi puis promue dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011.

Montpellier: jugé pour avoir fauché un ado après un match France-Maroc

Le procès d’un chauffard accusé d’avoir mortellement fauché Aymen, 13 ans, en marge des célébrations de la demi-finale France-Maroc lors de la dernière Coupe du monde de football s’ouvre mercredi devant la cour criminelle de l’Hérault.Ce décès avait endeuillé la compétition et un millier de personnes avaient défilé à Montpellier, roses blanches à la main, pour rendre hommage à l’adolescent. Sa mort avait aussi provoqué des échauffourées dans un quartier défavorisé où s’était déroulé le drame.Jugé mercredi et jeudi pour “violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner” et “violences volontaires avec arme n’ayant pas entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours”, William C., 22 ans aujourd’hui, encourt une peine de 20 ans de prison.Le 14 décembre 2022, une centaine de supporters arborant le drapeau marocain étaient descendus dans les rues du quartier de La Mosson, en périphérie de Montpellier, à l’issue de cette demi-finale remportée 2-0 par la France. Certains, le visage dissimulé, ont mis le feu à des poubelles et procédé à des tirs de mortiers.Au même moment, William C., alors âgé de 20 ans, a décidé d’aller fêter la victoire de la France en paradant au volant de la Citroën C4 de sa mère, drapeau tricolore accroché à la portière.Sur le trajet du retour, vers 22H30, il s’est retrouvé bloqué entre deux véhicules à un feu rouge, à proximité des supporters du Maroc. Le conducteur s’est fait chahuter par des jeunes, visiblement hostiles, et l’un d’entre eux a arraché le drapeau français de la portière, ont retracé les enquêteurs.William C. a alors démarré brusquement, effectuant un demi-tour sur les voies du tramway et percutant trois piétons, dont Aymen. Grièvement blessé, l’adolescent, qui avait regardé le match dans le snack de son grand frère avant de rejoindre ses amis pour faire la fête, est décédé peu après sa prise en charge. Un autre ado a été légèrement blessé.- Fuite en Espagne -Le chauffard a pris la fuite. Activement recherché, il a été interpellé 12 jours plus tard dans les Pyrénées-Orientales après avoir passé plusieurs jours en Espagne avec l’aide de sa famille maternelle, qui a craint des représailles de la part de la communauté marocaine envers la communauté gitane.Né d’un père marocain, William C. a en fait été élevé par une mère issue de la communauté des gens du voyage. Ayant arrêté l’école en classe de primaire, il est illettré et n’a jamais vraiment travaillé.Devant les policiers, il s’était dit “désolé”, expliquant qu’il n’avait “pas voulu percuter les personnes (…), qu’il n’avait pas pris conscience (…) d’avoir blessé et encore moins d’avoir tué quelqu’un”.Son avocat, Jean-Baptiste Mousset, explique que “toute sa détention a été émaillée de menaces de mort et de violences par des personnes se revendiquant être proches de la victime.”La famille d’Aymen “n’est pas animée par un désir de vengeance. Elle souhaite que justice soit rendue”, a quant à lui assuré à l’AFP Marc Gallix, l’avocat de la famille de la victime.

Budget: le gouvernement défait sur la taxation des retraites

Le gouvernement a subi un nouveau revers mardi lors de l’examen de son projet de budget à l’Assemblée nationale: la commission des Finances a rejeté la suppression d’un avantage fiscal pour les retraités censée générer d’importantes économies.Le coût de cette suppression s’élèverait à 1,2 milliard, selon le rapporteur général du Budget Philippe Juvin (LR) mardi soir. Au total selon une “évaluation très globale, très imparfaite” faite en milieu d’après-midi, les modifications apportées par les députés depuis le début des débats en commission lundi grèveraient de 9 milliards d’euros le budget de l’Etat, a-t-il précisé.Tous ces votes devront toutefois être confirmés dans l’hémicycle, où les députés repartiront de la copie initiale du gouvernement, à partir de vendredi.La “niche fiscale” des retraités est l’un des points les plus sensibles du projet de loi de finances (PLF): le remplacement de l’abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités sur leur pension par un forfait de 2.000 euros.Cette mesure aurait pour effet de légèrement réduire l’impôt sur le revenu de certains retraités les plus modestes, et d’augmenter celui des autres, tout en permettant des économies. Elle s’inscrit dans un plan d’effort global d’une trentaine de milliards d’euros pour 2026. Mais elle a suscité une vive opposition au sein de la commission des Finances, où une large majorité des groupes s’est prononcée contre, de la France insoumise au Rassemblement national, en passant par les socialistes et Les Républicains.Le député LR Corentin Le Fur a dénoncé “l’acharnement” contre les retraités, rappelant qu’ils sont déjà largement mis à contribution avec le gel de leur pension prévu dans le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), dont l’examen en commission doit commencer jeudi.- “Par pur électoralisme” -Seul à défendre la mesure au sein de la commission, le député et ancien ministre macroniste Guillaume Kasbarian a mis en avant “d’autres avantages fiscaux” des retraités, rappelant leur taux d’épargne record. L’élu a dénoncé une “classe politique”, qui “par pur électoralisme”, “refuse de toucher au moindre sujet qui concerne les retraités”.Plus tôt en commission, les députés se sont opposés à la suppression d’autres avantages fiscaux, ceux concernant par exemple deux biocarburants: le Superéthanol-E85 et le B100 (biogazole à base de colza).Autre mesure de nature à creuser le déficit de l’Etat, adoptée mardi après-midi: un amendement de Philippe Brun (PS) proposant de réduire l’impôt des sociétés des PME.En début de soirée, plusieurs amendements créant de nouvelles recettes ont été adoptés à l’initiative de la gauche: l’un d’Aurélien Le Coq (LFI) pérennise la “surtaxe tonnage” qui avait été créée l’année dernière, visant principalement l’armateur CMA-CGM.Egalement adoptés, des amendements identiques visant à mettre en place une contribution exceptionnelle sur les “super-dividendes” versés par les entreprises, inspirés d’un dispositif proposé par le député Jean-Paul Mattei (MoDem) en 2022.De vifs débats ont animé la soirée, autour de la question du Crédit impôt recherche (CIR), une niche fiscale coûtant plus de 7 milliards d’euros, à l’efficacité contestée. A notamment été adopté un amendement de Christine Pirès-Beaune (PS) qui modifie le mode de calcul du CIR pour les grands groupes possédant plusieurs filiales, en plafonnant le dispositif par groupe et non par filiale, une mesure qui rapporterait selon elle 960 millions d’euros.Un autre de l’écologiste Charles Fournier conditionnerait le bénéfice du CIR au respect de deux critères fondamentaux: le maintien de l’emploi sur le territoire national, et la protection des emplois liés directement aux projets ayant bénéficié du crédit d’impôt.Ces mesures suffiront-elles à convaincre la gauche de laisser passer le projet de budget ? Rien n’est moins sûr. “Si la copie n’est pas corrigée pour protéger les Français de ce qui est en train de se produire, le choix des milliardaires contre les gens ordinaires, nous serions amenés à avoir un jugement extrêmement sévère”, a menacé le premier secrétaire du PS Olivier Faure, après l’échec d’un vote sur la taxe Zucman.Les groupes de la coalition gouvernementale font aussi entendre leurs exigences, à l’instar de la Droite républicaine de Laurent Wauquiez, qui ne votera pas “automatiquement” le budget, a prévenu ce dernier. Il serait même en l’état “invotable pour la droite”, dixit le patron de LR Bruno Retailleau qui appelle dans Le Figaro à ne s’interdire “aucun débat, y compris celui de la censure”. Les députés Renaissance souhaitent eux rééquilibrer le budget avec moins de hausses d’impôts et plus de baisses de dépenses, même s’ils vantent leur “attitude raisonnable et constructive”.

Nicolas Sarkozy est en prison, une première historique

L’ancien président Nicolas Sarkozy a été incarcéré mardi, près d’un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l’histoire de la République.Il va y rester “un minimum de trois semaines ou d’un mois”, a dit son avocat Christophe Ingrain devant les portes de la prison parisienne de la Santé. La cour d’appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée après l’incarcération. “Une première journée en prison c’est terrible, mais il l’a surmontée”, a déclaré en début de soirée son autre avocat, Jean-Michel Darrois, après une première visite à son client au parloir où l’épouse de l’ancien chef de l’Etat, Carla Bruni, s’est également rendue.   Le Brésilien Lula ou le Sud-Africain Jacob Zuma ont dormi en prison après avoir quitté le pouvoir. Mais ce n’était arrivé à aucun ancien chef d’Etat de l’Union européenne.Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été incarcéré au quartier de l’isolement de la prison, et deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de la sienne.”Il n’est pas question de prendre le moindre risque concernant la sécurité d’un ancien président”, a expliqué une source proche du dossier.Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l’ouest parisien vers 09H15, l’ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé, après avoir été suivi par une noria de motos. – “Libérez Sarkozy !” -“Oh bienvenue Sarkozy!”, “Y’a Sarkozy!”, ont crié ses codétenus. “Il est rentré, il a salué les personnes qui l’attendaient pour exécuter les formalités de la détention” au greffe, a raconté son avocat. Avant de monter dans sa voiture, Nicolas Sarkozy, accompagné de Carla Bruni, avait salué ses partisans, qui ont entonné la “Marseillaise”. “Libérez Nicolas !”, a scandé la foule. L’ex-président a enlacé ses proches, serré des mains et fait poster un message sur ses réseaux sociaux: “La vérité triomphera”, “ce n’est pas un ancien président de la République que l’on enferme ce matin, c’est un innocent”. Nicolas Sarkozy bénéficiera-t-il en détention de dérogations ? L’ancien président “n’a rien demandé, pas de traitement de faveur” en ce moment “très dur”, a insisté Me Ingrain. Son confrère Darrois a précisé qu’il était installé dans une cellule de 9 m2, taille standard à la Santé.Selon son conseil, Nicolas Sarkozy aura “une heure de sortie par jour dans une cour grillagée, seul”, le reste du temps il sera “enfermé en cellule”, sans contact avec les autres détenus. Il bénéficiera de “trois droits de visite par semaine de sa famille”. L’ex-chef de l’Etat compte aussi écrire sur cette expérience. Se comparant à l’innocent emprisonné le plus célèbre de l’histoire de France, Alfred Dreyfus, il a confié entrer en prison avec une biographie de Jésus et “Le Comte de Monte-Cristo”, roman d’un homme qui se venge après une condamnation injuste.- “La haine” -Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné à cinq ans de prison l’ancien président, reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs rencontrer à Tripoli un dignitaire du régime de Mouammar Kadhafi pour discuter d’un financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007, alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Nicolas Sarkozy a fait appel et un nouveau procès devrait être organisé avant l’été.Plus que la condamnation, c’est le mandat de dépôt l’envoyant en prison qui avait suscité la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la “gravité exceptionnelle” des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par “la haine”.Ce critère de la gravité des faits de nature à “troubler l’ordre public” ne pourra pas être retenu dans l’examen de la mise en liberté de Nicolas Sarkozy, replacé par son appel dans la situation d’un innocent présumé. Son maintien en détention n’est désormais possible que si elle est l'”unique moyen” de conserver les preuves, d’empêcher des pressions, des concertations entre auteurs, de prévenir une fuite ou une récidive, ou de le protéger. Sinon, Nicolas Sarkozy devra être remis en liberté sous contrôle judiciaire, le cas échéant en l’assignant à résidence avec un bracelet.- “Pression sur la justice” -Ancienne figure tutélaire de la droite française, toujours régulièrement consulté par ses chefs, Nicolas Sarkozy a reçu le soutien de son camp, prompt à s’offusquer du mandat de dépôt avec exécution provisoire.Prononcé de manière routinière, bien que plus rarement dans les dossiers économiques et financiers, il serait attentatoire à la présomption d’innocence, puisqu’il entraîne une détention sans recours possible et sans attendre l’appel.Même si l’incarcération de Nicolas Sarkozy s’est faite sur la base d’une mesure pénale votée en 2019 à l’initiative de sa majorité, le président de la République Emmanuel Macron a jugé le “débat légitime dans une démocratie, parce que tout le monde souhaite qu’il puisse y avoir des voies d’appel et de recours”.Vendredi, il avait reçu Nicolas Sarkozy. Un rendez-vous qui relève de la “pression sur la justice”, a accusé le patron du PS, Olivier Faure.Fustigée à droite, cette incarcération avait toutefois été estimée “juste” par une majorité des personnes interrogées (61%) dans un sondage réalisé fin septembre.Proche de Nicolas Sarkozy, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a lui défendu sa volonté d’aller le voir en prison, un “devoir de vigilance” pour “s’assurer de la sécurité” de l’ex-chef de l’Etat. Cela “n’atteint en rien à l’indépendance des magistrats”, a-t-il assuré.  Le ministre répondait au plus haut procureur de France, Rémy Heitz, pour qui une telle visite serait de nature à poser un “obstacle à la sérénité” de la justice et à porter “atteinte à (cette) indépendance”.

Réforme des retraites, santé à la diète: les ministres face aux députés sur l’inflammable budget de la Sécu

Le gouvernement a défendu mardi à l’Assemblée nationale un projet de budget de la Sécurité sociale inflammable, après la promesse de Sébastien Lecornu d’y inscrire dès jeudi “la suspension de la réforme des retraites” en contradiction avec une sortie d’Emmanuel Macron susceptible de raviver des tensions.Une brochette de ministres (Stéphanie Rist pour la Santé et ses collègues des Comptes publics, du Travail et des Solidarités, de l’Autonomie et du Handicap) est venue répondre, en commission des Affaires sociales, à une série de questions et critiques sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et ses économies massives pour réduire le déficit à 17,5 milliards en 2026 (23 milliards en 2025).”C’est une copie de départ”, “le débat est ouvert”, “on est prêts à avoir des contre-propositions” et la version finale “sera bien différente”, ont-ils répété, sur plusieurs sujets, cherchant à déminer le terrain tout en affirmant la nécessité de maîtriser les dépenses, et “responsabiliser” tous les acteurs, professionnels, industriels comme assurés sociaux.Noeud politique majeur du texte: l’emblématique et impopulaire réforme des retraites de 2023. Une heure auparavant, le Premier ministre avait annoncé un Conseil des ministres jeudi pour ajouter la “suspension de la réforme des retraites” au PLFSS, comme le demandaient une partie de la gauche et le RN.Sébastien Lecornu s’est engagé à ne pas utiliser l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire adopter ce texte de près de 680 milliards d’euros de dépenses. Mais vu les fractures au Parlement et les délais serrés (50 jours), le vote est loin d’être garanti.Sur plusieurs bancs, gauche en tête, plusieurs voix ont déploré l’exceptionnelle rigueur financière du texte.L’exécutif y limite la hausse des dépenses d’Assurance maladie à 1,6%, alors qu’elles progressent naturellement chaque année d’environ 4%. Et table sur sept milliards d’économies en santé.A l’hôpital, c’est “la pire cure d’économies depuis les années 2010”, selon les fédérations hospitalières.- “Vous n’aimez pas les gens” -Plusieurs mesures ciblent les assurés sociaux: nouvelle hausse des franchises (reste à charge des patients sur des consultations et médicaments), moindre remboursement chez le dentiste ou pour la délivrance de dispositifs médicaux, gel des pensions et de l’ensemble des prestations sociales…”Vous n’aimez pas les gens”, “les retraités”, “les malades”, a fustigé le député Hendrik Davi (groupe écologiste et social) déplorant la réduction prévue de la durée d’indemnisation des arrêts de travail pour les personnes en affection longue durée dite “non exonérante”, comme “les caissières et ouvriers du bâtiment atteints de troubles musculo-squelettiques”.”Il y a un effort démesuré, disproportionné sur les assurés sociaux” a aussi dénoncé le socialiste Jérome Guedj, qui entend proposer “des mesures alternatives” d’économies mais surtout “de recettes”, via notamment des taxes “comportementales” (alcool, tabac, produits sucrés…)”Voulons-nous continuer à générer des recettes au delà notre croissance pour financer une hausse des dépenses très largement supérieure à notre prospérité économique ? (…) C’est un débat fondamental”, a répondu la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin.Concernant les franchises médicales -ou “forfait de responsabilité” selon Mme Rist-, la mesure préserve “18 millions de Français les plus fragiles” et représente en moyenne “42 euros supplémentaires par personne” et par an, ou “75 euros” pour un malade chronique (ALD).Pour le RN, la désindexation des pensions est “une ligne rouge”.Parmi les autres irritants, une taxation supplémentaire des complémentaires santé, une hausse des cotisations patronales sur les tickets restaurants et oeuvres des CSE, ou une surcotisation sur les dépassements d’honoraires des médecins.A droite, des députés se sont inquiétés d’une nouvelle réduction des allègements généraux de cotisations sociales, dont le paramétrage est encore flou, ou d’une baisse annoncée des prix des médicaments qui sont déjà en France “les plus bas d’Europe”.Ils ont surtout critiqué la suspension de la réforme des retraites, promettant des débats houleux à l’issue incertaine.”Le piège se referme sur le PS”, a réagi Manuel Bompard (LFI). Pour obtenir cette suspension, “il devra voter le budget de la sécurité sociale avec toutes les horreurs qu’il contient”. Le président de la République Emmanuel Macron, lui, a remis de l’huile sur le feu. “Ni abrogation ni suspension”, seulement un “décalage” dans le temps: depuis la Slovénie, il a contredit son Premier ministre. Il a aussi évoqué un hypothétique référendum, en cas d’accord entre partenaires sociaux sur le financement des retraites. Sur ce sujet, la conférence sociale annoncée débutera fin novembre.

Vol du Louvre: 88 millions d’euros de préjudice, sans compter le poids de l’Histoire

Les inestimables bijoux volés du Louvre ont désormais une estimation: le préjudice du spectaculaire cambriolage de dimanche a été évalué à 88 millions d’euros, sans toutefois compter la valeur historique des joyaux, selon la procureure de Paris Laure Beccuau.”Le préjudice a été estimé par la conservatrice du Louvre à 88 millions d’euros”, une somme “extrêmement spectaculaire” mais qui “n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique”, a déclaré mardi la procureure sur RTL.Les malfaiteurs “ne gagneront pas” cette somme “s’ils avaient la très mauvaise idée de fondre ces bijoux”, a-t-elle insisté.La magistrate a indiqué “attendre avec intérêt de savoir si, selon le jargon policier”, les empreintes retrouvées “vont matcher ou pas”: “Elles sont en cours d’analyse”.Mme Beccuau a confirmé le chiffre de “quatre personnes identifiées comme étant présentes sur les lieux”, tout en ouvrant la porte à ce qu'”autour d’eux”, il y ait “tout un tas d’équipes” qui les ait “aidés à perpétrer ce vol”.Interrogée sur l’existence d’éventuelles complicités internes au sein du musée le plus visité au monde, Mme Beccuau a répondu ne pas pouvoir “répondre par oui ou par non” à ce stade.La procureure a par ailleurs indiqué que le véhicule-nacelle qui a servi à commettre le vol a été obtenu par les malfaiteurs via “une pseudo-location sur un prétendu déménagement”.- “Hommes menaçants” -“Lorsque l’un des employés de cette entreprise se présentait sur les lieux du déménagement, il s’est trouvé confronté à deux hommes menaçants mais qui n’ont usé à son encontre d’aucune violence”, a ajouté Mme Beccuau, évoquant un dépôt de plainte.Ces précisions interviennent à la veille d’une audition très attendue: la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, sera entendue mercredi après-midi par la commission des affaires culturelles du Sénat.Elle devra répondre à la cascade de questions sur la sécurité des oeuvres qu’a soulevées ce cambriolage, commenté dans les médias du monde entier.Le Louvre a défendu mardi auprès de l’AFP la qualité des vitrines qui abritaient les joyaux dérobés dimanche dans la galerie d’Apollon. Le musée réagissait à un article du Canard enchaîné qui les disait “apparemment plus fragiles que les anciennes”.”Le musée du Louvre affirme que les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable en termes de sécurité tant le degré d’obsolescence des anciens équipements était avéré et aurait mené, sans remplacement, à retirer les œuvres de la vue du public”, a écrit sa direction dans un message à l’AFP.- “Pas défaillants” -Mercredi, Laurence des Cars, nommée en 2021 à la tête du prestigieux musée parisien, devra rendre des comptes devant les sénateurs sur ce vol qui met en cause la fiabilité de son système de surveillance. “Il y a les oeuvres certes, mais sans les cinq agents qui se trouvaient sur place ou à proximité on aurait pu se retrouver avec un vrai drame humain”, souligne Gary Guillaud, de la CGT-Culture, auprès de l’AFP, rappelant que personne n’a été blessé au cours du cambriolage.Côté ministère de la Culture, tutelle du Louvre, la ministre Rachida Dati a assuré que “les dispositifs de sécurité du musée n’ont pas été défaillants”, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.Elle a annoncé la création d’une mission sur “la sécurité de tous les lieux patrimoniaux”, confiée au député Jérémie Patrier-Leitus (groupe Horizons).Le cabinet de Mme Dati a reçu mardi les organisations syndicales (CGT, SUD, CFDT, CFTC, FSU) du musée pour leur annoncer que l’enquête administrative évoquée la veille était confiée à l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC), selon les syndicats.Ceux-ci ont à cette occasion déploré la baisse des effectifs consacrés à la sûreté et à la sécurité des musées, en diminution de “25% en dix ans”, selon Elise Muller de SUD-Culture.Ils dénoncent aussi “des budgets réorientés vers des projets muséaux au détriment du renouvellement des équipements dédiés à la surveillance des oeuvres et du public”, selon elle.

Feu vert du Parlement à Marie-Ange Debon comme PDG de La Poste

Marie-Ange Debon, actuelle présidente de Keolis, va devenir la première femme PDG de La Poste, sa nomination, proposée par l’Elysée, ayant reçu mardi le feu vert du Parlement, devant lequel elle a promis une feuille de route “construite autour de la confiance”.Patronne depuis août 2020 de Keolis, filiale de la SNCF spécialisée dans les transports publics, Marie-Ange Debon, 60 ans, est passée au gril des commissions des affaires économiques du Sénat et de l’Assemblée nationale.”Je suis une convaincue de la transparence, du dialogue et du collectif”, a fait valoir cette diplômée d’HEC et de l’ENA. Sa nomination pour cinq ans comme PDG du mastodonte public a recueilli 33 votes pour, 36 contre, et 8 votes blancs ou nuls. Validée – la somme des votes négatifs exprimés n’excèdent pas les trois cinquièmes des suffrages -, elle sera entérinée par décret au Journal officiel. Ancienne directrice générale adjointe du géant des services à l’environnement Suez, également passée par la Cour des Comptes comme magistrate, Marie-Ange Debon succèdera à Philippe Wahl, contraint de passer le flambeau après douze ans pour raison d’âge. Avec la lourde tâche de maintenir financièrement à flot un groupe employant 230.000 postiers et soumis depuis plusieurs années à la baisse drastique des volumes de courrier.L’entreprise aux 34,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires (en 2024) souffre aussi de la “sous-compensation” de ses missions de service public (distribution du courrier et de la presse, aménagement du territoire, accessibilité bancaire) par l’Etat, qui “pèse sur ses capacités à investir sur de nouveaux métiers”, comme l’a rappelé Marie-Ange Debon, y voyant le “premier défi” à relever. “C’est une question de survie à court ou moyen terme”, a-t-elle lancé. “Il faudra travailler dans le temps à la fois pour voir comment on peut améliorer les compensations”, a-t-elle poursuivi, rappelant le rôle des parlementaires lors des débats sur le budget “où il semble que les compensations” vont à nouveau baisser.Il faudra aussi “évidemment” se pencher “sur le périmètre de ces missions, pour voir en bonne intelligence collective comment on peut procéder à des évolutions”, a-t-elle ajouté.- Colis chinois -Détenue à 66% par la Caisse des dépôts et à 34% par l’Etat, La Poste a récemment fait polémique en renforçant son partenariat avec Temu, plateforme de bazar du géant chinois PDD Holdings. Abondamment interrogée sur le sujet, Marie-Ange Debon a souligné que ce partenariat prolongeait un accord existant par souci de “visibilité”, rappelant au passage qu”à peu près un tiers des produits industriels en Europe viennent de Chine”.Accusées notamment de concurrence déloyale, de pollution et de travail indigne, les plateformes asiatiques à prix discount comme Shein et Temu représentent 22% des colis acheminés par La Poste, indiquait en octobre 2024 le groupe qui ne peut pas refuser de distribuer leurs produits.En outre, les plus grandes plateformes comme l’américaine Amazon et la chinoise Alibaba “ont commencé à internaliser la distribution avec leurs propres moyens logistiques”, une “source d’inquiétude” pour La Poste où, de “manière contre-intuitive”, se constate “une baisse des colis chinois ces derniers mois”, a justifié Marie-Ange Debon.Alors que le projet de budget 2026 du gouvernement prévoit une taxe sur les petits colis livrés par des entreprises établies hors de l’Union européenne, notamment de Chine, Marie-Ange Debon estime que les fabricants et “importateurs chinois vont assez aisément” la “détourner” en ayant recours à “des containers” ou “des palettes”. “La Poste n’est qu’un des maillons de l’ensemble de la situation”, qui doit se traiter à l’échelle européenne et de l’Organisation mondiale du commerce, a-t-elle insisté devant les députés, estimant qu’il fallait “peut-être rouvrir” le sujet des “droits de douane”.Questionnée sur la rémunération des dirigeants de La Banque postale, Stéphane Dedeyan, et de sa filiale CNP Assurances, Marie-Aude Thépaut, qui dépassent les 450.000 euros imposés aux patrons d’entreprises publiques, selon le quotidien La Lettre, Marie-Ange Debon a répondu que ce plafond ne s’appliquait pas à ces sociétés, qui ne sont pas des “filiales directes de l’Etat”, et défendu la nécessité “d’attirer des talents et de les conserver”.