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Bayrou lance la concertation sur les retraites, ses modalités déjà disputées

“Abrogation”, “pénibilité”, “capitalisation”: les partenaires sociaux sont arrivés vendredi avec des revendications diverses au ministère du Travail, reçus par François Bayrou pour lancer une difficile concertation sur la très décriée réforme des retraites, adoptée au forceps en 2023.La négociation promise, que M. Bayrou a décrite comme un “conclave” de trois mois, ne démarrera vraiment que dans “quelques semaines”, à l’issue d’une délicate mission de chiffrage sur le financement du système, confiée à la Cour des comptes.Le Premier ministre est arrivé un peu avant 11H00, rejoignant plusieurs ministres dont Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarité et Familles), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail) et Eric Lombard (Economie) qui l’attendaient devant l’entrée, a constaté un journaliste de l’AFP.S’il ne s’est pas exprimé, son entourage a souligné que “l’acte posé aujourd’hui est important parce que pour François Bayrou, le respect de la démocratie sociale c’est le respect de la démocratie tout court et des Français”.”J’espère que ce n’est pas juste une stratégie politique pour essayer de faire gagner du temps au gouvernement de François Bayrou. Si jamais il pense que c’est ça, et que nous allons nous laisser instrumentaliser, (..) je n’y resterai pas”, a prévenu d’emblée sur France info, peu avant son arrivée, le secrétaire général de Force Ouvrière Frédéric Souillot. Il a promis de se battre pour “l’abrogation” de la réforme de 2023 – qui décale l’âge légal de départ de 62 à 64 ans – “injuste, brutale et injustifiée financièrement”, selon lui, critiquant le choix du mot “conclave” dans une “république laïque”. Cette première réunion “va permettre de parler de méthode”. La CGT ne participera jamais à aucun conclave (..) les discussions doivent être sous le regard des salariés” en toute “transparence”, a aussi réagi, devant le ministère, la cheffe de la CGT Sophie Binet, promettant que “le retrait des 64 ans” sera “un point indispensable”.- Chiffres en débat -C’est cette proposition phare du nouveau locataire de Matignon qui lui a permis d’échapper jeudi à la censure des socialistes: “remettre ce sujet (des retraites) en chantier avec les partenaires sociaux”, sans pour autant accéder à la demande du PS de “suspendre” la réforme.François Bayrou, qui considère que le poids des retraites dans le déficit public est bien plus lourd que celui calculé par le Conseil d’orientation des retraites, rattaché à Matignon, a chargé la Cour des comptes d’établir “un constat” fondé sur “des chiffres indiscutables”. Matignon a une exigence: ne pas “dégrader l’équilibre financier” du système. Sur BFMTV/RMC vendredi matin, le ministre de l’Economie Eric Lombard s’est montré optimiste. “Les partenaires sociaux se voient tout le temps, donc je pense qu’ils peuvent embrayer, et si la mayonnaise prend, ça nous permettra probablement une belle avancée sociale et politique”, a-t-il espéré.Sur le format des concertations, le président du Medef déplore “des interférences politiques” et refuse de parler des retraites du secteur public. Il explique ne pas vouloir “recréer des tuyauteries entre les régimes privés (…) remarquablement bien gérés par les partenaires sociaux, et des régimes qui sont chroniquement déficitaires”.Patrick Martin espère également que les discussions auront lieu à “huis clos” et avec les organisations représentatives, alors que le syndicat Unsa et les agriculteurs de la FNSEA, qui n’en font pas partie, ont été conviés.-  refus “unanime” des 64 ans -Sur le fond des débats, les différends sont nombreux entre les syndicats et le patronat, qui ne veut pas modifier l’âge de départ porté progressivement par la réforme d’Elisabeth Borne à 64 ans et souhaite mettre en place un régime par capitalisation.Réunis en intersyndicale jeudi après-midi, toutes les organisations syndicales représentatives ont rappelé “unanimement leur refus du report de l’âge de départ à 64 ans”, selon Julie Ferrua, codéléguée générale de Solidaires.Toutefois, des divergences existent aussi chez les centrales syndicales. “On n’a pas les mêmes solutions pour trouver les sources de financement”, concède Solidaires, qui n’a pas été conviée comme la FSU aux premières discussions.C’est la première fois que les partenaires sociaux ont la main sur cette réforme.”On a enfin la parole”, s’est réjouie Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT sur TF1, “les organisations syndicales vont enfin pouvoir s’exprimer et parler du travail”. Et parmi les sujets que la CFDT souhaite porter, se trouve “la pénibilité” et les “inégalités entre les hommes et les femmes à la retraite”.”Les partenaires sociaux pourraient être au rendez-vous de l’Histoire”, veut croire François Asselin pour la CPME.bat-are-lby-eva/ito/sla

Corée du Sud: les enquêteurs demandent la prolongation de la détention du président destitué

Les enquêteurs sud-coréens ont demandé vendredi la prolongation de la détention du président suspendu Yoon Suk Yeol, qui refuse toujours d’être entendu sur sa tentative d’instaurer la loi martiale, à quelques heures de l’expiration du délai pour le maintenir derrière les barreaux.L’équipe d’enquêteurs “a déposé un mandat d’arrêt contre le suspect Yoon auprès du tribunal”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.Le président déchu avait été arrêté de façon spectaculaire mercredi mais le premier mandat d’arrêt permettant de le placer en détention n’était valable que 48h. S’il est approuvé par la justice, le nouveau mandat déposé vendredi prolongera probablement sa détention de 20 jours, donnant alors aux procureurs le temps de formaliser un acte d’accusation.Auparavant, M. Yoon, âgé de 64 ans, avait de nouveau refusé d’être interrogé sur sa tentative manquée d’instaurer la loi martiale par les enquêteurs, qui ont décidé de ne pas le forcer à comparaître devant eux.Premier chef d’Etat sud-coréen en exercice à être arrêté, le dirigeant a plongé le pays dans une grave crise politique en déclarant la loi martiale début décembre, selon lui pour protéger le pays des “forces communistes nord-coréennes” et “éliminer les éléments hostiles à l’Etat”.Le Bureau d’enquête sur la corruption (CIO), chargé de l’enquête, l’avait convoqué  pour un interrogatoire à 10H00 locales (01H00 GMT) vendredi, selon l’agence de presse Yonhap.Mais son avocat, Yoon Kab-keun, a indiqué à l’AFP que le président suspendu refuserait de se présenter pour la deuxième journée consécutive.Les responsables du CIO n’ont pas répondu immédiatement aux sollicitations de l’AFP.Un autre avocat de M. Yoon, Seok Dong-hyeon, a indiqué à la presse que son client “ne se présentera pas au CIO aujourd’hui. Il a suffisamment exprimé sa position de base aux enquêteurs le premier jour”.Suspendu par les députés et visé par une enquête pour “rébellion”, crime passible de la peine de mort, cet ex-procureur vedette a été interrogé pendant des heures mercredi mais il a exercé son droit de garder le silence, avant de refuser de se présenter à l’interrogatoire de jeudi.M. Yoon a déclaré s’être plié aux exigences des enquêteurs pour éviter toute “effusion de sang”, mais qu’il ne reconnaissait pas la légalité de l’enquête.Sa formation, le Parti du pouvoir au peuple, a également affirmé que son arrestation était illégale.Le Parti démocrate, principale formation d’opposition, s’est félicité de la détention de M. Yoon et un de ses hauts responsables l’a qualifiée de “première étape” vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel et légal après des semaines de troubles.- Procès en destitution -Le dirigeant suspendu a tenté d’échapper à son arrestation pendant des semaines en se retranchant dans son complexe résidentiel, protégé par des membres du Service de sécurité présidentiel (PSS) restés fidèles.Au sein d’un Parlement cerné par des soldats, les députés avaient déjoué ses plans d’instaurer la loi martiale en votant un texte exigeant la levée de cet état d’exception. M. Yoon avait obtempéré au bout de quelques heures.Jeudi, une centaine de partisans du président suspendu se sont rassemblés devant le bâtiment du CIO pour protester contre sa détention et entonner des chants.Un député du parti au pouvoir, Yoon Sang-hyun, a décrit les instants qui ont précédé l’arrestation, avec un Yoon apparemment imperturbable, préparant des sandwiches pour son équipe juridique et consolant des députés loyaux.Lorsque les procureurs sont arrivés avec le mandat d’arrêt, l’une des dernières requêtes du dirigeant a été de rendre visite à son chien. Lorsqu’ils ont montré le mandat, il a dit: “J’ai compris. Je sais ce que cela signifie, alors allons-y maintenant”, a dit le député dans une interview sur YouTube.M. Yoon a publié jeudi sur Facebook un message dans lequel il répète ses accusations de fraudes électorales et invective de nouveau les forces “hostiles” attaquant la Corée du Sud, allusion à Pyongyang.Dans le cadre d’une enquête parallèle, la Cour constitutionnelle doit décider de valider ou non la motion de destitution le visant votée par le Parlement. S’il perd son titre de président, de nouvelles élections devront être organisées dans les 60 jours.Il n’a pas assisté cette semaine aux deux premières audiences de son procès en destitution qui peut se poursuivre en son absence, même si la procédure peut durer des mois.Cependant, l’équipe juridique de l’Assemblée nationale a déclaré aux journalistes avant le début de l’audience que l’arrestation de M. Yoon avait “créé les conditions nécessaires pour résoudre rapidement la crise constitutionnelle par le biais des procédures prévues par la Constitution et la loi”.

Corée du Sud: les enquêteurs demandent la prolongation de la détention du président destitué

Les enquêteurs sud-coréens ont demandé vendredi la prolongation de la détention du président suspendu Yoon Suk Yeol, qui refuse toujours d’être entendu sur sa tentative d’instaurer la loi martiale, à quelques heures de l’expiration du délai pour le maintenir derrière les barreaux.L’équipe d’enquêteurs “a déposé un mandat d’arrêt contre le suspect Yoon auprès du tribunal”, …

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Signature attendue d’un “partenariat stratégique” entre la Russie et l’Iran

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue iranien Massoud Pezeshkian doivent signer vendredi en Russie un “partenariat stratégique global”, présenté comme un nouveau renforcement de l’alliance anti-occidentale entre les deux pays.Soumis à de lourdes sanctions internationales qui affectent leurs économies, la Russie et l’Iran ont opéré un rapprochement accéléré ces dernières années, en particulier …

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De premières libérations d’otages à Gaza attendues dimanche

De premiers otages retenus à Gaza devraient être libérés dimanche, au premier jour de la trêve, après le feu vert attendu du gouvernement israélien à l’accord qui doit mettre fin à 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas.Malgré l’annonce d’un accord de cessez-le-feu par le Qatar et les Etats-Unis, l’armée israélienne a poursuivi …

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Les derniers témoins des camps de la mort, jusqu’au bout contre l’oubli

lls avaient 15 ans, 4 ans, 7 mois. Certains sont nés là-bas. Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen, Buchenwald, Ravensbrück. Ils ont survécu, vécu, fondé des familles et comptent transmettre, jusqu’au bout, contre l’oubli.Pour la première ou la millième fois, au soir de leur existence, des rescapés ont répondu à ces questions vertigineuses: que fallait-il dire de leur déportation, qu’ont-ils …

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Geneviève Callerot, résistante honorée à 102 ans pour avoir aidé des familles à passer en zone libre

C’est l’une des rares centenaires à avoir reçu la légion d’honneur: Geneviève Callerot, décédée jeudi à l’âge de 108 ans en Dordogne, avait été distinguée en 2018 pour avoir aidé avec sa famille à faire passer en zone libre plus de 200 personnes pendant la Seconde Guerre mondiale.Cette paysanne, devenue écrivaine à la retraite, avait alors reçu l’AFP dans sa ferme périgourdine, où elle a encore vécu plusieurs années, avant de finir ses jours dans un Ehpad de Saint-Aulaye-Puymangou.”Je n’en voulais pas (de la légion d’honneur) parce qu’il y a des tas d’autres gens qui la méritaient beaucoup plus et puis j’ai réfléchi, je vais quand même la prendre en association avec mes parents, mes frères et sÅ“urs”, expliquait la centenaire, née en 1916 à Paris, avec ses lunettes autour du cou et ses prothèses auditives.De la Dordogne occupée, ils ont fait passer des juifs bien sûr et aussi toute autre personne qui voulait entrer en zone libre, à quelques kilomètres de leur maison. Les gens qui arrivaient chez eux à Saint-Aulaye, entre Libourne (Gironde) et Périgueux, étaient trop épuisés pour repartir le jour même. – Arrêtée trois fois -Ils les accompagnaient le lendemain, toujours entre 12H00 et 14H00. “Au début on comptait. Il y en a eu plus de 200, c’est sûr”, précisait en 2018 Geneviève qui en gardait de nombreuses anecdotes. “J’ai fait passer une femme et j’étais assez furieuse. Elle est arrivée en short rouge et en blouse jaune. Jamais personne n’a eu de short ici, en plus en rouge et jaune, ça se voyait à un kilomètre. Je lui ai fait mettre une jupe foncée, elle était furieuse mais j’ai tenu bon”, se souvenait-elle. “Pourquoi elle passait? Je l’ai su plus tard. Elle était juive et sa tête était mise à prix. C’était la femme d’un médecin qui n’était pas juif”.Mais ce n’était pas sans risque. La jeune femme fut arrêtée à trois reprises. “La première fois, j’étais sur la route avec ma bicyclette”, racontait Geneviève qui portait toujours un sac d’orties et une faucille au cas où elle serait contrôlée par les Allemands. “J’ai expliqué à grand renfort de +cocorico+ et de +coin coin+ que je ramassais des orties parce qu’ils nous prenaient tout. Je ne sais pas s’il a compris que je ramassais des orties pour nourrir mes +coin coin+ et mes +cocorico+!”, souriait la centenaire qui montait encore sur son tracteur pour faucher l’herbe et aimait marcher pieds nus.- “Une combattante de l’ombre” -La troisième fois, elle a passé trois semaines en prison à Libourne: “Je ne faisais pas passer que des évadés. C’était une cousine de ma mère qui avait 56 ans et un jeune homme de 17 ans qui revenait de vacances”.”Quand on a été arrêtés, on était dans les bois. J’ai dit que j’allais voir mon fiancé. J’ai inventé un fiancé, Jacques Martin. Le temps qu’ils répertorient tous les Martin de France…”, se rappelait Geneviève avec ses yeux bleus rieurs. Elle était l’aînée d’une fratrie de cinq enfants. Au moment de recevoir la légion d’honneur, seul son frère Étienne Morise, 19 ans de moins qu’elle, était encore en vie. “Elle a fait beaucoup de résistance pendant la guerre. Ce n’était pas une guerrière mais c’était une combattante, une combattante de l’ombre. Elle a pris beaucoup de risques, mon père et sa sÅ“ur aussi”, estimait alors le petit frère, décédé en 2024.”Elle était intarissable et aimait partager son histoire avec les collégiens de la commune”, a déclaré à l’AFP vendredi le maire de Saint-Aulaye-Puymangou, Yannick Lagrenaudie.A l’heure de sa retraite d’agricultrice, cette mère de trois enfants avait aussi commencé à écrire, à 63 ans, des “romans paysans”. Son sixième et dernier livre, “Deux filles sous la botte, chronique d’une famille pendant l’occupation”, a été écrit à partir de 600 lettres échangées pendant la guerre, “parce que bientôt personne ne pourra plus dire: j’ai vu… j’y étais…”