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Gaza : chaos et tirs indiscriminés empêchent l’aide de parvenir aux plus vulnérables

Après 22 mois de guerre, le peu de nourriture qui entre à Gaza est aussitôt pris d’assaut par des foules affamées risquant leur vie sous les tirs, pillé par des gangs criminels ou encore détourné dans le plus grand chaos, sans atteindre ceux qui en ont le plus besoin.A la faveur d’une pause partielle dans les bombardements annoncée dimanche par Israël, sous pression internationale face au risque de famine, de l’aide humanitaire a recommencé à entrer dans le territoire assiégé, mais en quantité jugée largement insuffisante par les organisations internationales.Tous les jours, les correspondants de l’AFP sont témoins de scènes dramatiques où des foules désespérées se ruent, souvent au péril de leur vie, sur des véhicules chargés de vivres ou sur des sites de largages aériens, opérés ces derniers jours par les Emirats arabes Unis, la Jordanie, le Royaume-Uni ou la France.Jeudi à Al-Zawayda (centre), à la vue des palettes parachutées par un avion, des Palestiniens amaigris ont accouru par dizaines, se bousculant et s’arrachant les colis dans un nuage de poussière.”La faim a poussé les gens à se tourner les uns contre les autres. Les gens se battent entre eux avec des couteaux”, affirme à l’AFP Amir Zaqot, venu chercher de l’aide.Pour éviter les débordements, les chauffeurs du Programme alimentaire mondial (PAM) ont pour consigne de s’arrêter et de laisser les gens se servir directement. En vain.”Une roue de camion a failli m’écraser la tête, et j’ai été blessé en récupérant le sac”, souffle un homme, sac de farine sur la tête, dans la zone de Zikim, au nord de la bande de Gaza.- “Aucun moyen de s’échapper “-Mohammad Abu Taha s’est rendu à l’aube sur un site de distribution près de Rafah (sud) pour faire la queue et réserver sa place : il étaient déjà “des milliers à attendre, tous affamés, un sac de farine ou un peu de riz et de lentilles”.”Soudain, nous avons entendu des coups de feu (…) Aucun moyen de s’échapper. Les gens ont commencé à courir, se poussant et se bousculant, enfants, femmes, personnes âgées”, raconte cet homme de 42 ans. “La scène était tragique : du sang partout, des blessés, des morts”.Près de 1.400 Palestiniens ont été tués depuis le 27 mai dans la bande de Gaza, “la plupart” par l’armée israélienne alors qu’ils attendaient de l’aide humanitaire, a accusé vendredi l’ONU. L’armée israélienne dément cibler les bénéficiaires de l’aide, faisant étant de “coups de semonces” lorsque les gens s’approchent trop près de ses positions.Refus de délivrer les permis de passages au frontières, lenteur des dédouanements, limitation des points d’accès, itinéraires dangereux… Depuis des mois, les organisations internationales dénoncent aussi des entraves répétées des autorités israéliennes qui alimentent le désordre, selon ces mêmes organisations.Mardi, à Zikim, “l’armée israélienne a modifié au dernier moment les plans de chargement du PAM, mélangeant les cargaisons et obligeant le convoi à partir plus tôt que prévu, sans sécurité adéquate”, assure un haut responsable onusien sous couvert d’anonymat.Côté sud, au point de passage de Kerem Shalom, “il y a deux routes possibles pour atteindre nos entrepôts (situé au centre de la bande de Gaza, ndlr), raconte un responsable d’ONG, qui préfère aussi rester anonyme. “L’une est à peu près sûre, l’autre est régulièrement le théâtre de combats et de pillages, et c’est celle-là qu’on nous oblige à emprunter”.- “Darwin” à Gaza -Une partie de l’aide est pillée par des gangs – qui attaquent souvent directement les entrepôts – et détournée au profit de commerçants qui la revendent à des prix exorbitants, selon plusieurs sources humanitaires et experts.”C’est une sorte d’expérience darwinienne où seul le plus fort survit : les plus affamés n’ont pas l’énergie de courir après un camion, d’attendre des heures au soleil, de se battre pour un sac de farine”, affirme Muhammad Shehada, chercheur invité au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).”On est dans un système ultracapitaliste, où des commerçants, des gangs véreux envoient des gamins se faire trouer la peau aux points de distribution ou sur les pillages. C’est devenu un nouveau métier”, explique depuis Gaza Jean-Guy Vataux, chef de mission pour Médecin Sans Frontières (MSF). Ces vivres, précise-t-il, sont ensuite revendus à “ceux qui ont encore les moyens de l’acheter” sur les marchés de Gaza-ville, où le prix du sac de 25 kg de farine peut dépasser les 400 dollars.Israël a accusé à maintes reprises le Hamas de piller l’aide humanitaire de l’ONU, qui acheminait la plus grande partie de l’aide depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en octobre 2023.Ces accusations ont justifié le blocus total imposé à Gaza entre mars et mai, puis la mise en place, fin mai, de la Gaza humanitarian foundation (GHF), un organisme privé soutenu par Israël et les Etats-Unis, qui affirme être devenu depuis le principal fournisseur d’aide, mais avec qui les autres organisations refusent de travailler.Or, celle-ci ne dispose que de quatre points de distribution pour plus de deux millions d’habitants, qualifiés de “piège mortel” par l’ONU.”Le Hamas (…) a volé l’aide humanitaire à la population de Gaza à de nombreuses reprises en tirant sur des Palestiniens”, a encore déclaré lundi le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.Selon de hauts responsables militaires israéliens cités par le New York Times le 26 juillet, le Hamas a certes pu détourner une partie de l’aide fournie par certaines organisations, mais il n’existe “aucune preuve” qu’il ait régulièrement volé les vivres de l’ONU.Très affaibli, le Hamas est aujourd’hui surtout composé de “cellules autonomes décentralisées qui se cachent ici et là dans un tunnel ou une maison détruite”, estime le chercheur Muhammad Shehada: “Ils (les combattants du Hamas) ne sont plus visibles sur le terrain, car ils sont aussitôt identifiés par les drones israéliens et traqués”.- Trafics de drogue -Des responsables humanitaires ont affirmé à l’AFP que pendant le cessez-le-feu qui a précédé le blocus de mars, la police de Gaza – qui comprend de nombreux membres du Hamas – participait à sécuriser les convois humanitaires, mais que le vide de pouvoir actuel favorisait l’insécurité et les pillages.”Les agences, l’ONU et les organisations humanitaires ont appelé à maintes reprises les autorités israéliennes à faciliter et à protéger les convois d’aide et les sites de stockage dans nos entrepôts”, affirme Bushra Khalidi, responsable des politiques d’Oxfam à Gaza. “Ces appels ont été largement ignorés”.L’armée israélienne est même soupçonnée d’avoir équipé des réseaux criminels dans sa lutte contre le Hamas et de les laisser prospérer et piller.”Le véritable vol d’aide depuis le début de la guerre a été perpétré par des bandes criminelles, sous la surveillance des forces israéliennes, et elles ont été autorisées à opérer à proximité du point de passage de Kerem Shalom”, accusait fin mai lors d’un point presse Jonathan Whittall, chef du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) dans les territoires palestiniens.Selon des médias israéliens et palestiniens, un groupe armé appelé Forces populaires et rassemblant des membres d’une tribu bédouine dirigée par Yasser Abou Chabab, opère dans cette région du sud sous contrôle israélien.L’ECFR décrit M. Abou Chabab comme le chef d’un “gang criminel (…) accusé de piller les camions d’aide” à Gaza. Les autorités israéliennes elles-mêmes avaient reconnu en juin soutenir et armer des clans palestiniens opposés au Hamas, sans nommer directement celui dirigé par Yasser Abou Chabab.Selon Michael Milshtein, du Centre Moshe Dayan de Tel-Aviv, plusieurs de ses membres sont impliqués dans “toutes sortes d’activités criminelles”, notamment du trafic de drogue transitant par le Sinaï égyptien.D’autres gangs criminels participent aux pillages, attaquent des convois, battent et kidnappent les chauffeurs de camions dans d’autres secteurs de la bande de Gaza, comme à Khan Younès et dans la périphérie de Gaza-ville, affirme également Muhammad Shehada.Des affirmations corroborées par un acteur humanitaire qui ajoute : “Rien de tout cela ne peut se passer à Gaza sans l’approbation, au moins tacite, de l’armée israélienne”.

Les Argentins captivés par la retransmission en direct d’un robot sous-marin

Une video YouTube en direct avec un robot qui explore les fonds marins de l’Atlantique Sud, des coraux et des poissons jamais vus auparavant, le tout accompagné des commentaires de l’équipe de l’expédition: les Argentins, fascinés, en redemandent.La mission scientifique argentino-américaine explore pour la première fois le canyon sous-marin de Mar del Plata, qui fait face à la cité balnéaire du même nom, à 400 km au sud de Buenos Aires.Et la diffusion des images de ce monde obscure, froid et vibrant est devenu un phénomène viral sur internet.Les dialogues entre scientifiques et leurs explications offrent aux plus profanes une rare proximité avec les merveilles cachées de la biologie marine.Soudain, la caméra du robot sous-marin SuBastian donne à voir un étrange petit animal blanc. “Est-ce qu’on le veut?”, demande une des scientifiques de l’équipe à ses collègues.”Oui, oui, on le veut!”, répondent des dizaines de messages sur le chat en direct, avant qu’un engin ne s’exécute et aspire le spécimen afin qu’il soit étudié.La retransmission en direct de l’expédition a été vue par des centaines de milliers de personnes. Elle dépasse le million de vues par jour depuis jeudi, date du début de sa diffusion également à la télévision.”Il y a des coraux d’eau froide avec les mêmes couleurs que ceux que l’on trouve dans les Caraïbes. Comment est-ce possible ? Et à 3.000 mètres de profondeur !”, s’enthousiasme, auprès de l’AFP, Pablo Penchaszadeh, biologiste marin et peintre, qui participe à l’expédition en tant qu’artiste.- Patrick l’étoile -L’expédition de 20 jours baptisée “Les oasis sous-marins du Canyon de Mar del Plata”, à laquelle participent 25 scientifiques du Groupe d’Etudes en Mer Profonde d’Argentine (GEMPA), avec l’appui de l’Institut américain Schmidt Ocean, s’achèvera le 10 août.Depuis le bateau de l’Institut Schmidt Ocean “Falkor”, les scientifiques argentins manipulent à distance le robot, qui peut s’enfoncer jusqu’à 4.500 mètres, collecter des échantillons biologiques avec ses bras articulés et envoyer des images de haute définition.”Que n’importe qui puisse se connecter depuis la maison et voir en direct ce que nous sommes en train de voir est une opportunité unique”, salue le directeur de l’expédition, Daniel Lauretta, dans un communiqué. “La science n’est plus quelque chose de lointain ou inaccessible, et commence à faire partie de la vie quotidienne”.Cette semaine, les réseaux sociaux se sont enflammés quand est apparue à l’écran une étoile de mer orange avec deux bosses symétriques. Sa forme et sa couleur ont rapidement fait penser à Patrick Etoile, personnage du dessin animé Bob l’éponge.Les mèmes plaisantant sur le fait que “Patrick est argentin” se sont multipliés, la biologie marine est devenue une des tendances sur les réseaux et l’expédition a conquis une audience toujours plus importante de spectateurs captivés. – rai de lumière -C’est la première fois que des yeux humains – même à distance – contemplent en temps réel cette oasis sous-marine où convergent le courant froid et riche en nutriments des Malouines et le courant chaud et salé du Brésil. Des différences de températures qui favorisent de hauts niveaux de biodiversité marine, selon l’Institut Schmidt.”Nous voyons déjà des choses incroyables: des animaux qu’on n’avait jamais signalés dans cette zone, des paysages sous-marins qui paraissent venir d’une autre planète, et des comportements qui étonnent jusqu’aux scientifiques les plus expérimentés”, commente Daniel Lauretta.Mais la science a également une dimension politique.Conicet, le Conseil national de la recherche scientifique et technique, agence gouvernementale argentine à laquelle appartiennent la majorité des scientifiques de l’expédition, a vu ses subventions coupées par le président ultralibéral Javier Milei.Son budget a été réduit de 21% l’an passé, les salaires ont chuté de 35% depuis l’entrée en fonction de M. Milei en 2023. Cette baisse des financements a provoqué un exode des scientifiques.”La science traverse un moment extrêmement compliqué, tant sur le plan financier qu’en termes de soutien et de ressources humaines”, dit à l’AFP Tomas Atilio Luppi, biologiste à l’Institut de recherche marine et côtière – Conicet à Mar del Plata, qui ne participe pas directement au projet en cours. “Alors cet engouement, c’est un rai de lumière”.

Les Argentins captivés par la retransmission en direct d’un robot sous-marin

Une video YouTube en direct avec un robot qui explore les fonds marins de l’Atlantique Sud, des coraux et des poissons jamais vus auparavant, le tout accompagné des commentaires de l’équipe de l’expédition: les Argentins, fascinés, en redemandent.La mission scientifique argentino-américaine explore pour la première fois le canyon sous-marin de Mar del Plata, qui fait …

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Les Argentins captivés par la retransmission en direct d’un robot sous-marin

Une video YouTube en direct avec un robot qui explore les fonds marins de l’Atlantique Sud, des coraux et des poissons jamais vus auparavant, le tout accompagné des commentaires de l’équipe de l’expédition: les Argentins, fascinés, en redemandent.La mission scientifique argentino-américaine explore pour la première fois le canyon sous-marin de Mar del Plata, qui fait face à la cité balnéaire du même nom, à 400 km au sud de Buenos Aires.Et la diffusion des images de ce monde obscure, froid et vibrant est devenu un phénomène viral sur internet.Les dialogues entre scientifiques et leurs explications offrent aux plus profanes une rare proximité avec les merveilles cachées de la biologie marine.Soudain, la caméra du robot sous-marin SuBastian donne à voir un étrange petit animal blanc. “Est-ce qu’on le veut?”, demande une des scientifiques de l’équipe à ses collègues.”Oui, oui, on le veut!”, répondent des dizaines de messages sur le chat en direct, avant qu’un engin ne s’exécute et aspire le spécimen afin qu’il soit étudié.La retransmission en direct de l’expédition a été vue par des centaines de milliers de personnes. Elle dépasse le million de vues par jour depuis jeudi, date du début de sa diffusion également à la télévision.”Il y a des coraux d’eau froide avec les mêmes couleurs que ceux que l’on trouve dans les Caraïbes. Comment est-ce possible ? Et à 3.000 mètres de profondeur !”, s’enthousiasme, auprès de l’AFP, Pablo Penchaszadeh, biologiste marin et peintre, qui participe à l’expédition en tant qu’artiste.- Patrick l’étoile -L’expédition de 20 jours baptisée “Les oasis sous-marins du Canyon de Mar del Plata”, à laquelle participent 25 scientifiques du Groupe d’Etudes en Mer Profonde d’Argentine (GEMPA), avec l’appui de l’Institut américain Schmidt Ocean, s’achèvera le 10 août.Depuis le bateau de l’Institut Schmidt Ocean “Falkor”, les scientifiques argentins manipulent à distance le robot, qui peut s’enfoncer jusqu’à 4.500 mètres, collecter des échantillons biologiques avec ses bras articulés et envoyer des images de haute définition.”Que n’importe qui puisse se connecter depuis la maison et voir en direct ce que nous sommes en train de voir est une opportunité unique”, salue le directeur de l’expédition, Daniel Lauretta, dans un communiqué. “La science n’est plus quelque chose de lointain ou inaccessible, et commence à faire partie de la vie quotidienne”.Cette semaine, les réseaux sociaux se sont enflammés quand est apparue à l’écran une étoile de mer orange avec deux bosses symétriques. Sa forme et sa couleur ont rapidement fait penser à Patrick Etoile, personnage du dessin animé Bob l’éponge.Les mèmes plaisantant sur le fait que “Patrick est argentin” se sont multipliés, la biologie marine est devenue une des tendances sur les réseaux et l’expédition a conquis une audience toujours plus importante de spectateurs captivés. – rai de lumière -C’est la première fois que des yeux humains – même à distance – contemplent en temps réel cette oasis sous-marine où convergent le courant froid et riche en nutriments des Malouines et le courant chaud et salé du Brésil. Des différences de températures qui favorisent de hauts niveaux de biodiversité marine, selon l’Institut Schmidt.”Nous voyons déjà des choses incroyables: des animaux qu’on n’avait jamais signalés dans cette zone, des paysages sous-marins qui paraissent venir d’une autre planète, et des comportements qui étonnent jusqu’aux scientifiques les plus expérimentés”, commente Daniel Lauretta.Mais la science a également une dimension politique.Conicet, le Conseil national de la recherche scientifique et technique, agence gouvernementale argentine à laquelle appartiennent la majorité des scientifiques de l’expédition, a vu ses subventions coupées par le président ultralibéral Javier Milei.Son budget a été réduit de 21% l’an passé, les salaires ont chuté de 35% depuis l’entrée en fonction de M. Milei en 2023. Cette baisse des financements a provoqué un exode des scientifiques.”La science traverse un moment extrêmement compliqué, tant sur le plan financier qu’en termes de soutien et de ressources humaines”, dit à l’AFP Tomas Atilio Luppi, biologiste à l’Institut de recherche marine et côtière – Conicet à Mar del Plata, qui ne participe pas directement au projet en cours. “Alors cet engouement, c’est un rai de lumière”.

Le Nobel de la paix, obsession de Trump

Soif de prestige international, rivalité avec Obama et peut-être un soupçon de provocation: il y a de tout cela dans l’obsession de Trump pour le prix Nobel de la paix.”Il est plus que temps que Donald Trump reçoive le prix Nobel de la paix”, a lancé sa porte-parole Karoline Leavitt le 31 juillet pendant son point-presse de routine, suscitant des réactions mi-incrédules mi-ironiques des opposants du dirigeant républicain.Elle a estimé que depuis son retour au pouvoir le 20 janvier, le président américain avait présidé à la conclusion “d’un cessez-le-feu ou accord de paix par mois”, donnant pour exemples ses médiations entre l’Inde et le Pakistan, le Cambodge et la Thaïlande, l’Egypte et l’Ethiopie, le Rwanda et la République démocratique du Congo, la Serbie et le Kosovo… Karoline Leavitt a aussi évoqué l’Iran, où Trump a ordonné des frappes américaines contre des installations nucléaires, comme une illustration des décisions ayant, selon elle, contribué à la paix dans le monde.Elle a passé sous silence le conflit en Ukraine ou la guerre à Gaza, que Trump avait promis d’arrêter rapidement.Evoquer la prestigieuse récompense est devenu, pour certains dirigeants étrangers, un signe de bonne volonté diplomatique à l’égard d’un président américain qui a mis sens dessus dessous l’ordre international.- Pakistan, Israël -Le Pakistan a par exemple nominé Trump pour le prix Nobel de la paix, tout comme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Pendant une réunion début juillet à la Maison Blanche, une journaliste avait demandé aux présidents du Liberia, du Sénégal, de Mauritanie, de Guinée-Bissau et du Gabon si le dirigeant méritait cette récompense.Entendant les réponses généralement flatteuses des dirigeants africains, Trump, ravi, avait déclaré: “Je pourrais faire ça toute la journée.”Des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes peuvent proposer un nom au comité Nobel: parlementaires et ministres, certains professeurs d’université, membres du comité eux-mêmes, anciens lauréats… La nomination doit être déposée avant le 31 janvier, pour une annonce en octobre – cette année, ce sera le 10 octobre.La professeure de droit Anat Alon-Beck a ainsi soumis le nom du président américain aux cinq personnalités composant le comité, désignées par le Parlement norvégien.Elle a indiqué à l’AFP l’avoir fait en raison de “l”extraordinaire autorité” et du “talent stratégique” qu’il a selon elle montrés pour “promouvoir la paix et assurer la libération des otages” retenus dans la bande de Gaza.- “Ils ne me le donneront jamais” -L’universitaire, qui enseigne à la Case Western Reserve University School of Law, dit avoir agi “en tant que professeure de droit mais aussi en tant que citoyenne americano-israélienne”.Trump lui-même met régulièrement le sujet sur le tapis.”Quoi que je fasse, je n’aurai pas le prix Nobel” a-t-il déploré en juin sur son réseau Truth Social. En février, en présence de Benjamin Netanyahu, il avait lancé: “Je le mérite mais ils ne me le donneront jamais””Trump a la réputation d’être particulièrement friand de récompenses et de prix, il serait donc enchanté de cette reconnaissance internationale”, a commenté Garret Martin, professeur de relations internationales à la American University, pour l’AFP.”Par ailleurs, depuis qu’il a déclaré ses ambitions présidentielles il y a dix ans, il se présente comme le grand opposant à Barack Obama”, or ce dernier a remporté le prix Nobel de la paix en 2009, souligne l’expert.La distinction accordée à l’ancien président démocrate, neuf mois à peine après sa prise de fonction à la tête des Etats-Unis, avait suscité et continue de susciter de vifs débats.- 338 candidats -“Si je m’appelais Obama j’aurais reçu le prix Nobel en dix secondes” a déclaré Trump en octobre 2024, dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle.Trois autres présidents américains ont été honorés: Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson, Jimmy Carter. Le prix a aussi été décerné en 1973 à Henry Kissinger.Le choix de l’ancien secrétaire d’Etat, considéré dans bien des pays comme l’incarnation de la brutalité et du cynisme diplomatique, avait été très critiqué.La liste exhaustive des candidats au prix Nobel de la paix est confidentielle – sauf annonces individuelles de la part de leurs parrains ou marraines – mais leur nombre est rendu public. En 2025, ils sont 338. Certains sites de paris donnent Trump en deuxième position pour le décrocher, derrière Ioulia Navalnaïa, veuve de l’opposant russe Alexeï Navalny.

Comment payer le loyer ? L’autre crise provoquée par les opérations antimigrants de Trump

Lorsque son mari a été arrêté par la police de l’immigration début juillet près de Los Angeles, Martha a été brutalement séparée du père de ses deux filles. Mais elle a aussi perdu le salaire qui lui permettait de garder un toit sur la tête.”C’est le pilier de la famille, (…) il était le seul à travailler”, dans une station de lavage auto, raconte cette sans-papiers mexicaine, s’exprimant sous pseudonyme. “Il n’est plus là pour nous aider, nous soutenir moi et mes filles.”A 39 ans, elle rejoint soudainement la cohorte de précaires qui luttent pour ne pas finir à la rue dans le comté de Los Angeles, région à l’immobilier prohibitif, qui compte le plus grand nombre de sans-abris aux Etats-Unis après New York.Son appartement de 65m2 à Buena Park, une banlieue de la mégapole californienne, se loue 2.050 dollars par mois. Pour parer au plus pressé, elle a trouvé en urgence un travail de nuit dans une usine, payé au salaire minimum. Cela lui procure assez d’argent pour ne pas se faire déloger, mais ne couvre pas toutes ses obligations.”Je dois payer l’assurance de la voiture, le téléphone, le loyer et leurs dépenses”, énumère-t-elle en montrant ses filles de six et sept ans, qui ont besoin de fournitures scolaires pour la rentrée. “Ca fait beaucoup de frais.”- “Tempête” -Combien de temps peut-elle tenir comme cela, avec à peine trois heures de sommeil au retour de l’usine, avant de s’occuper de ses filles ?”Je ne peux pas vous dire”, murmure-t-elle, les yeux dans le vague.Los Angeles, où un tiers de la population est immigrée et qui compte plusieurs centaines de milliers de sans-papiers, a été déstabilisée par l’intensification des descentes de la police de l’immigration (ICE) depuis juin.Des escouades d’agents masqués ont ciblé les magasins de bricolage, les lavages auto ou les arrêts de bus. Résultat, plus de 2.200 personnes ont été arrêtées en juin, dont 60% n’avaient aucun antécédent judiciaire, selon des documents internes d’ICE analysés par l’AFP.L’offensive anti-immigration de Donald Trump éreinte la main-d’Å“uvre latino-américaine, qui figurait déjà parmi les premières victimes de la crise du logement dans la région, explique Andrea Gonzalez directrice adjointe de l’association CLEAN Carwash Worker Center.”Une tempête plus grande se prépare. Il ne s’agit pas seulement des personnes qui ont été arrêtées, mais aussi de celles qui restent”, résume l’Américaine de 36 ans. “L’inquiétude, c’est que les gens finissent à la rue.”Son organisation aide plus de 300 foyers en galère, qui voient leurs revenus s’effondrer, soit parce qu’un de leurs membres a été arrêté, soit parce qu’ils ont trop peur pour retourner au travail. Elle a notamment allongé plus de 30.000 dollars pour aider une vingtaine de familles à payer leur loyer, mais couvrir les besoins de tous n’est tout simplement “pas soutenable.”- Aides financières -Conscients du problème, les responsables démocrates locaux tentent d’instaurer des aides financières pour les familles affectées. Le comté de Los Angeles compte créer un fonds dédié et la ville va aussi lancer le sien, alimenté par des financements philanthropiques sans recourir à l’argent du contribuable.Certaines familles pourraient ainsi bénéficier de cartes contenant “quelques centaines” de dollars, a assuré mi-juillet la maire, Karen Bass.Mais pour Mme Gonzalez, ces initiatives sont loin de suffire. Les sommes évoquées n’atteignent souvent “même pas 10% du loyer” d’une famille, pointe la militante.La région devrait instaurer “un moratoire sur les expulsions” locatives, comme pendant la pandémie, plaide-t-elle. Sans quoi, le cortège de 72.000 sans-abris de Los Angeles risque de gonfler à nouveau, après deux années de légère baisse.”Ce que nous vivons en ce moment est une urgence”, s’alarme-t-elle. Un moratoire rassurerait Maria Martinez. Le mari sans-papier de cette Américaine de 59 ans a été arrêté dans un lavage auto mi-juin à Pomona, une autre banlieue à l’Est de Los Angeles. Depuis, elle doit compter sur l’aide de ses enfants pour payer son loyer de 1.800 dollars, que son allocation handicap de 1.000 dollars ne suffit pas à couvrir.”C’est stressant”, lâche-t-elle. “On s’en sort tout juste.”

En Slovénie, ces fières “deux-chevaux” qui avalent la route à pas de tortue

Un vrombissant éloge de la lenteur: plus de 3.000 2CV d’une quarantaine de pays sont rassemblées jusqu’à dimanche en Slovénie pour revendiquer une vie à deux à l’heure, loin du stress des modèles suréquipés contemporains.”Tu t’assieds dedans, le stress s’envole et tu profites”, résume pour l’AFP Karmen Uglesic, l’une des organisatrices de cet évènement haut en couleurs, qui a lieu tous les deux ans dans différentes contrées depuis sa création en 1975.Elle travaille depuis 20 ans au Parlement de ce pays d’Europe centrale, où elle s’occupe des relations publiques.”Du coup quand je rentre, mon mari m’embarque, on retire la capote et on va prendre l’air”, dit-elle avec enthousiasme dans son T-shirt au logo de la plus française des voitures, jadis très populaire dans l’ex-Yougoslavie sous le surnom de “Spacek”, signifiant petit monstre en référence à son allure incongrue.- “Un autre monde” -Entouré de “deux-chevaux” bariolées, Gabriele Salvoni, 55 ans, a roulé tout doux avec ses amis pour parcourir les 400 kilomètres menant à cette 25e rencontre des amis de la “deudeuche”. A 90 kilomètres à l’heure, pas plus, “on voyage paisiblement, c’est un autre monde”, explique bière à la main cet Italien, dans le vaste aérodrome sportif de Postojna transformé en camping pour l’occasion, à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale Ljubljana.En Allemagne, pays des grosses cylindrées où la vitesse n’est souvent pas limitée sur les autoroutes, ceux qui prennent leur temps en 2CV  paraissent anachroniques. Pourtant l’époque est au “ralentissement”, rappelle Jamie, une artiste de 26 ans venue de Hambourg qui n’a pas donné son non complet et s’est installée devant sa belle 2CV bleue. Beaucoup des participants de ce rassemblement festif n’étaient même pas nés lorsque Citroën a annoncé en 1990 l’arrêt de la production de cette concurrente de l’emblématique Coccinelle de Volkswagen, présentée pour la première fois au grand public en 1948. “Elle est facile à conduire, même au XXIe siècle”, à l’antipode des options high-tech qui se multiplient aujourd’hui sur le tableau de bord pour assister les conducteurs, commente Aleksandar Dincic du haut de ses 16 ans. – 2CV-limousine -Il l’admet, son père qui veut lui en offrir une à sa majorité lui passe parfois le volant sur des itinéraires peu fréquentés, chez eux en Serbie.Tous deux se pressent au stand des pièces de rechange issues des cinq millions de modèles produits. Les réparations ne sont pas un souci, souligne l’Italien Salvoni. “Le moteur est simple, on peut tout faire soi-même”, lance-t-il en montrant sur sa poitrine deux tatouages de 2CV accompagnées du nom de ses enfants.En phase avec les besoins de la relance économique d’après-guerre, la 2CV avait été conçue pour être facile à entretenir sans grand frais, afin de répondre aux moyens du plus grand nombre.Au fil des ans, l’imagination des nostalgiques a grandi et dans le défilé circulent de drôles d’oiseaux, comme cet exemplaire jaune arborant un immense canard de bain sur le toit.”Plein d’amateurs considèrent” que son design caractéristique est “une toile blanche sur laquelle on peut projeter ce qu’on veut”, raconte Karmen Uglesic. A l’instant où la collectionneuse prononce ces mots, s’avance fièrement sous des regards ébahis une 2CV rallongée en limousine, au double de sa longueur habituelle.

Origine florale, provenance: dans les coulisses de l’analyse des miels

Sur de petits flacons empilés à côté de microscopes, on peut lire “miel d’acacia” ou “de bruyère”. Critiqué pour ses pratiques commerciales et ses importations, le leader européen Famille Michaud Apiculteurs vante ses efforts de traçabilité et plaide pour leur généralisation à la filière.L’entreprise connue pour sa marque phare Lune de Miel a ouvert à la presse les portes de son laboratoire AB-Labo à Gan, près de Pau. A l’intérieur, des techniciens étudient la caractérisation de ses miels, l’analyse de leur authenticité et la détection de “contaminants environnementaux comme les pesticides ou le glyphosate”, explique Laurence Thomazo, sa responsable.  “Notre combat, c’est l’analyse, insiste Romain Le Nouaille, directeur marketing du groupe, parce que le miel fait partie des cinq produits les plus fraudés au monde”.A partir de la mi-2026, une nouvelle directive européenne imposera d’ailleurs la mention des pays producteurs sur les bocaux, avec la part en pourcentage de chaque origine.”C’est très bien, cela va dans le sens de la transparence, mais ces pourcentages ne sont pas détectables sur le produit fini, il faut que les analyses soient faites en amont”, estime Romain Le Nouaille.- Explosion de la fraude -Entre 2021 et 2022, 46% des 320 lots testés dans 18 Etats de l’Union européenne lors de leur importation étaient potentiellement falsifiés, des analyses révélant notamment l’adjonction non étiquetée de sucre. Le chiffre n’était que de 14% entre 2015 et 2017.  Plusieurs types de fraudes sont scrutés: celle à l’origine géographique, soit qualifier de français un miel qui ne l’est pas, celle à l’origine florale – un miel d’acacia n’est pas un miel toutes fleurs – et l’adultération par ajout de sirop.En mai 2024, l’UFC Que-Choisir a déposé plainte contre Famille Michaud pour “pratique commerciale trompeuse”, dénonçant un marketing estampillé “français”, alors que seuls 30% des miels mis en pot par l’entreprise le sont. Le parquet de Pau a toutefois classé sans suite cette procédure en mai dernier, une décision accueillie “avec satisfaction par Famille Michaud qui a toujours contesté toute infraction à l’égard du consommateur”, selon son avocat Me Olivier Leroy.Le groupe, qui revendique produire plus de 16.000 tonnes de miel avec 600 apiculteurs “partenaires” dans l’Hexagone, a déposé plainte à son tour pour “dénonciation calomnieuse”. En avril, Famille Michaud Apiculteurs a accepté de régler un redressement fiscal, marquant la fin du conflit qui l’opposait aux Douanes depuis 2013 après un contrôle sur du miel importé de Chine, tout en invoquant toujours un “désaccord technique” sur les méthodes d’analyses.Récemment, un laboratoire autrichien a utilisé l’ADN pour démasquer le faux miel importé dans l’UE. Cette nouvelle méthode, “encore trop fraîche et pas assez aboutie”, “mérite d’être confrontée à la même analyse dans d’autres laboratoires pour pouvoir prouver sa fiabilité”, juge Laurence Thomazo. – Production française insuffisante -Pour Chistophe Vossier, membre de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP) exerçant dans la Drôme, Famille Michaud ne “fait pas vivre” la filière française. Il aimerait que “les miels importés viennent en complément et pas en remplacement”, rappelant que sa fédération demande depuis longtemps que “la provenance soit écrite sur la façade du pot, de façon claire, pas seulement en petit sur un coin”.  “Cette année, on va exploser tous les chiffres de récolte et on aura du stock sur les bras parce qu’ils (Famille Michaud) n’en prendront pas plus, ou alors à des prix dérisoires.” Face à “un kilo de miel d’Ukraine à 1,70 euros, on est trois à quatre fois plus cher, on ne peut pas rivaliser”, ajoute-t-il. Selon France Agrimer, depuis 2022, la France a importé plus de 30.000 tonnes de miel par an, principalement de Chine (20 %), d’Espagne (17 %), d’Ukraine (16 %) et d’Allemagne (8 %).”En France, on consomme entre 45 et 50.000 tonnes de miel par an, et on en produit environ 20.000, donc on est en déficit”, précise Romain Le Nouaille. Selon l’industriel, le manque de structuration de la filière – 60.000 apiculteurs recensés mais seulement 4% de professionnels – induit “un manque de visibilité sur les volumes produits”, problématique au moment des négociations commerciales avec la grande distribution. 

Assange parmi des dizaines de milliers de manifestants pro-palestiniens à Sydney

Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, s’est joint dimanche à des dizaines de milliers de manifestants pro-palestiniens qui ont défilé à Sydney, traversant son emblématique pont Harbour Bridge.Les protestataires ont marché sous une pluie battante, scandant “un cessez-le-feu maintenant” et “libérez la Palestine”, tandis que des bannières portaient les noms de milliers d’enfants tués dans la guerre opposant Israël au mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza depuis près de 22 mois.Julian Assange, rentré en Australie en juin 2024, marchait près de la tête du cortège avec sa famille et ne s’est pas exprimé devant les journalistes.Après être resté sept ans reclus dans l’ambassade d’Equateur à Londres, l’activiste a passé cinq années derrière les barreaux en Angleterre, s’opposant par tous les moyens à son extradition vers les Etats-Unis qui le poursuivaient pour avoir publié des informations diplomatiques et militaires top secrètes.”La stupeur morale, la lâcheté et la complicité ont permis à Israël de faire ce qu’il a fait en toute impunité”, a déclaré lors de la manifestation la sénatrice écologiste Mehreen Faruqi.L’Australie fait partie des 15 pays qui ont lancé un appel collectif mercredi, à la fin d’une conférence ministérielle à New York, pour exprimer leur volonté de reconnaître un Etat palestinien.Mais Canberra n’a pas annoncé de projet concret de reconnaissance comme l’ont fait ces derniers jours la France, le Royaume-Uni ou le Canada, qui cherchent à maintenir en vie la solution à deux Etats, hypothèse malmenée par la guerre à Gaza.Cette dernière a été déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles.Les représailles d’Israël ont fait au moins 60.332 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU