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Les vols directs entre l’Inde et la Chine ont repris, signe d’un apaisement des tensions

Les vols directs entre l’Inde et la Chine continentale ont repris, plus de cinq ans après leur suspension, avec l’atterrissage lundi à Canton d’un avion parti de Calcutta, une étape importante pour le commerce et le signe d’un apaisement entre ces deux géants. L’appareil de la compagnie IndiGo, le numéro un indien du transport aérien, est arrivé dans cette ville du sud-est de la Chine peu avant 04H00 heure locale (dimanche 20H00 GMT). Le vol 6E1703 avait décollé de l’aéroport international Subhash Chandra Bose de Calcutta (nord-est).”C’était un vol tellement tranquille et facile”, a réagi Rashika Mintri, décoratrice d’intérieur de 44 ans.La reprise des vols est un “premier pas” vers l’apaisement des liens diplomatiques, a estimé pour sa part Athar Ali, homme d’affaires de 33 ans, qui faisait la queue pour le trajet retour vers Calcutta lundi.Les deux pays les plus peuplés de la planète ont amorcé un rapprochement il y a quelques mois après une période de relations glaciales, à la suite d’un accrochage militaire meurtrier en 2020 dans une zone frontalière de l’Himalaya. Ce rétablissement des liaisons aériennes directes favorisera les “contacts entre les peuples” et contribuera à la “normalisation progressive des échanges bilatéraux”, a affirmé le gouvernement indien. Les vols directs entre les deux puissances asiatiques – 500 par mois environ – avaient été suspendus en raison de la pandémie de Covid-19 et n’avaient pas repris.Le rapprochement entre Pékin et New Delhi, qui se disputent leurs zones d’influence dans la région, intervient au moment où les relations de l’Inde avec les Etats-Unis se détériorent.Fin août, le président américain Donald Trump a imposé une surtaxe de 50% à l’ensemble des exportations indiennes, reprochant à l’Inde de financer la guerre en Ukraine à travers ses achats de pétrole à la Russie.- “Une excellente nouvelle” -A partir de novembre, des vols relieront également New Delhi à Shanghai et Canton, venant s’ajouter à ceux entre l’Inde et Hong Kong qui n’ont jamais cessé.Ces liaisons aériennes directes “réduiront les délais logistiques et de transit”, s’est félicité auprès de l’AFP Rajeev Singh, le président de la Chambre de commerce indienne à Calcutta. Cette ville entretient des liens séculaires avec la Chine continentale depuis l’ère coloniale britannique, lorsque des migrants chinois s’y étaient installés en tant que commerçants. “C’est une excellente nouvelle pour des gens comme nous, qui ont des proches en Chine”, a apprécié Chen Khoi Kui, une figure de proue du quartier chinois de Calcutta.”Cela stimulera le commerce, le tourisme et les voyages d’affaires”.L’Inde, qui dépend fortement des matières premières chinoises, affiche un important déficit commercial avec la Chine. Le dégel entre les deux nations est consécutif à des rencontres entre leurs dirigeants en Russie l’année dernière et en Chine en août. Les importations de l’Inde en provenance de Chine ont bondi, s’élevant à plus de 11 milliards de dollars le mois dernier, en hausse de plus de 16% par rapport à septembre 2024, selon le ministère indien du Commerce. De leur côté, les exportations de l’Inde vers la Chine ont atteint 1,47 milliard de dollars, un montant bien inférieur mais en hausse d’environ 34% sur un an. – “Message clair” à Washington -Les relations entre ces deux pays qui partagent une frontière longue de 3.500 kilomètres étaient tombées au plus bas en 2020, après un violent accrochage qui avait coûté la vie à au moins 20 soldats indiens et à quatre militaires chinois.New Delhi avait réagi en tentant de limiter les investissements chinois et en interdisant des centaines d’applications chinoises, dont TikTok. L’Inde avait également cherché à nouer des liens plus étroits avec les Etats occidentaux et notamment avec les membres du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, ou Quad, une alliance regroupant Inde, États-Unis, Japon et Australie destinée à contrer l’influence de la Chine dans la région Asie-Pacifique.Ce mois-ci, dans le cadre de Diwali, la fête hindoue des lumières, des soldats indiens et chinois ont échangé des bonbons en signe “de bonne volonté”, a souligné Yu Jing, le porte-parole de l’ambassade de Chine en Inde. En août, après une rencontre entre le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi, le quotidien The Indian Express avait affirmé dans un éditorial qu’un réchauffement des relations avec Pékin envoyait “un message clair” à Washington. Mais la route reste longue.”Gérer une Chine qui se montre de plus en plus ferme demeure le défi à long terme pour l’Inde”, avait rappelé le quotidien.

Trump, en route pour le Japon, résolument optimiste sur un accord avec la Chine

Donald Trump, qui poursuit lundi au Japon sa tournée asiatique, s’est montré résolument optimiste avant sa rencontre cruciale jeudi avec le président chinois Xi Jinping, censée résoudre le différend commercial avec la Chine.Il a aussi répété, avec une certaine insistance, qu’il “aimerait beaucoup” rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un pendant ce déplacement, qui a commencé en Malaisie et s’achèvera en Corée du sud, pour ce sommet très attendu avec son homologue chinois.”Nous aurons une très bonne conversation” avec Xi Jinping, a prédit le président américain, pendant un échange avec la presse à bord de son avion, à propos de cette entrevue qui se déroulera en Corée du sud. “Je pense que nous allons trouver un accord” commercial, a-t-il ajouté, en vantant sa relation empreinte de “respect” avec le président chinois.Le milliardaire de 79 ans s’est également montré enthousiaste à propos de sa visite à Tokyo, où il doit arriver aux alentours de 17H00 locale (08H00 GMT), après une première étape dimanche en Malaisie, déjà riche en annonces commerciales.Le président américain fera lundi une “visite de courtoisie” à l’empereur Naruhito, et verra mardi la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi.Il s’est dit “impatient” de la rencontrer, disant avoir entendu “des choses phénoménales” à son sujet. Donald Trump a souligné que la cheffe de l’exécutif japonais était “une grande alliée et amie” de l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe, dont il était particulièrement proche.Le Japon est relativement épargné par la grande offensive protectionniste du président américain, qui a empilé les droits de douane sur les alliés historiques des Etats-Unis, autant, si ce n’est plus, que sur leurs rivaux.Lors d’un premier entretien téléphonique samedi, Sanae Takaichi a assuré au président américain avoir placé “comme principale priorité de (son) gouvernement” le renforcement des liens bilatéraux en matière de sécurité en particulier.- Porte-avions -Donald Trump, qui a une approche résolument transactionnelle de la diplomatie, veut conditionner la protection militaire des Etats-Unis aux efforts consentis par leurs alliés.Quelque 60.000 militaires américains sont stationnés au Japon, et il rendra visite mardi à certains d’entre eux à bord du porte-avions USS George Washington, au large de Yokosuka, au sud de Tokyo.Sanae Takaichi a annoncé que le Japon porterait à 2% du PIB son budget de défense dès l’exercice fiscal actuel, qui s’achèvera le 31 mars prochain, avec deux ans d’avance sur le calendrier précédemment fixé.Pour ce qui est du commerce, Washington et Tokyo ont déjà conclu un accord en juillet.Les discussions mardi pourraient aborder les points restant en suspens, comme la forme que prendront les 550 milliards d’investissements japonais prévus aux Etats-Unis.Les négociations commerciales avec la Corée du Sud, où le président américain se rendra mercredi, suivent elles aussi leur cours. Le principal dossier douanier encore ouvert, dont l’enjeu dépasse les deux protagonistes pour englober toute l’économie mondiale, est la Chine.L’ancien promoteur immobilier new-yorkais s’est juré de réduire le colossal déficit commercial des Etats-Unis face au géant asiatique, mais il bute sur la complexité d’une relation économique faite de rivalité autant que d’interdépendance.Washington se veut optimiste sur la possibilité de trouver des compromis jeudi sur  deux dossiers sensibles, d’une part l’accès des Etats-Unis aux terres rares chinois, ces matériaux indispensables aux industries technologiques, d’autre part l’achat par la Chine de soja américain.Donald Trump n’a par ailleurs pas exclu lundi de prolonger son séjour en Asie pour rencontrer Kim Jong Un. Leur dernière entrevue, spectaculaire, avait eu lieu en 2019 dans la zone démilitarisée (DMZ) entre les deux Corée.Répétant plusieurs fois qu’il “aimerait beaucoup” revoir le dirigeant nord-coréen, il a dit: “Je m’entendais très bien avec Kim Jong Un. Je l’appréciais. Il m’appréciait”.

Présidentielle au Cameroun: résultats attendus lundi, quatre morts lors de manifestations

Les résultats de la présidentielle d’octobre au Cameroun sont attendus lundi, alors que quatre personnes sont décédées dans la capitale économique Douala lors de manifestations de soutien à l’opposant Issa Tchiroma Bakary autoproclamé victorieux face au président sortant Paul Biya.Le Conseil constitutionnel donnera les résultats définitifs du vote à partir de 11H00 (10H00 GMT) à Yaoundé, la capitale.La plupart des analystes s’attendent à ce que Paul Biya, 92 ans, remporte un huitième mandat, dans un système que ses détracteurs accusent d’avoir été verrouillé au fil de ses 43 ans au pouvoir.Plusieurs centaines de manifestants ont bravé les interdictions de rassemblement et sont descendus dans les rues à l’appel d’Issa Tchiroma, président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) qui affirme avoir remporté 54,8% des suffrages contre 31,3% pour le président sortant, selon son propre décompte.A Douala, “plusieurs éléments des forces de sécurité ont été blessés, et quatre personnes ont malheureusement perdu la vie” dans des affrontements avec des manifestants, a déclaré Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région du Littoral (ouest), dans un communiqué paru dans la nuit de dimanche à lundi.M. Ivaha Diboua accuse les manifestants d’avoir attaqué la brigade de gendarmerie de Nkoulouloun et les commissariats des 2ème et 6ème arrondissements de Douala.- “Balles réelles” -Des manifestants ont exhibé des douilles de munitions qu’ils affirment avoir ramassé à la suite de tirs des forces de l’ordre aux abords de la gendarmerie de Nkoulouloun, devant un journaliste de l’AFP sur place. Les tirs “à balles réelles” ont commencé après une salve de gaz lacrymogènes, a relaté à l’AFP un participant qui a souhaité garder l’anonymat.”Ils ont tiré, trois personnes, trois corps sont tombés devant nous”, a-t-il poursuivi.Le gouverneur de la région du Littoral a qualifié l’appel à manifester d'”irresponsable” alors que les autorités avaient interdit les rassemblements publics et restreint la circulation dans de nombreuses villes du pays.M. Ivaha Diboua a également condamné “avec la plus grande fermeté ces actes de violence prémédités, qui constituent une atteinte grave à l’ordre public, à la sécurité et à la sûreté nationale de l’Etat”.A Yaoundé et Garoua, fief d’Issa Tchiroma dans la région du Nord, des centaines de manifestations ont également été dispersées.- “Crise sécuritaire” -Lors d’un point presse samedi, le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji a accusé les appels à manifester de créer “incontestablement les conditions d’une crise sécuritaire et (de) participer à la mise en œuvre d’un projet insurrectionnel”.Deux présidents de partis, membres d’une coalition qui a soutenu la candidature d’Issa Tchiroma, Djeukam Tchameni, président du Mouvement pour la démocratie et l’interdépendance au Cameroun (MDI) et Anicet Ekane, président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance du Cameroun (Manidem), ont été interpellés à leur domicile de Douala vendredi.De fortes perturbations de l’accès à Internet ont également été constatées ces derniers jours, qui selon Netblocks, une organisation de surveillance de la cybersécurité, “pourrait limiter la couverture des événements sur le terrain au milieu des appels à annuler les résultats de l’élection présidentielle”.L’annonce des résultats de la présidentielle intervient 15 jours après le scrutin, comme prévu par le code électoral camerounais, après l’examen de recours que le Conseil constitutionnel a tous rejetés. Les membres du Conseil constitutionnel sont considérés comme proches du président Paul Biya. En août, ils avaient rejeté la candidature de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018 mais dont il s’était proclamé vainqueur au lendemain du vote.

Argentine: Milei promet plus de réformes après sa victoire aux législatives de mi-mandat

Le président ultralibéral argentin Javier Milei a obtenu un éclatant vote de confiance pour poursuivre ses réformes, après son large succès aux législatives de mi-mandat dimanche, avec un peu plus de 40% des voix au niveau national.Ces élections sont “la confirmation du mandat que nous avons reçu en 2023” à la présidentielle, pour “avancer sur la voie réformiste” a lancé un Javier Milei triomphant, mais sans excès ni outrances, à ses partisans dans son QG électoral, dans un hôtel de Buenos Aires.Le résultat, qui dément bien des sondages, est un immense soulagement pour l’exécutif, alors que l’incertitude liée au scrutin avait placé l’économie argentine, et sa monnaie, sous une intense pression depuis deux mois. Déclenchant la promesse d’une aide massive de son allié américain Donald Trump, jusqu’à 40 milliards de dollars.”Félicitations au président Javier Milei pour sa Victoire Ecrasante en Argentine. Il fait un travail formidable! Notre confiance en lui a été justifiée par le peuple argentin”, a réagi le président américain sur son réseau Truth Social.La Libertad Avanza, le parti de Javier Milei, a recueilli 40,7% des voix au niveau national, selon des résultats officiels à 97% du décompte, et est voué a quasi-tripler sa base parlementaire, sans pour autant atteindre la majorité absolue.- Plus musclé au Parlement -Suffisant, toutefois, pour accroître la capacité du président “anarcho-capitaliste” à réformer et déréguler – sur ses deux ans restants de présidence – une économie fragile aux faibles réserves de changes et sujette aux turbulences financières.Selon des projections exprimées dimanche par Javier Milei lui-même, mais non confirmées par l’autorité électorale, son bloc de députés passerait de 37 à 101 (sur 257 députés), et ses sénateurs de six à 20, sur un total de 72 sénateurs.Javier Milei avait estimé qu’obtenir un tiers des sièges, serait un “bon chiffre”, seuil lui permettant en particulier d’imposer ses vetos aux parlementaires le cas échéant.”J’ai crié comme si c’était le but du dernier Mondial quand l’Argentine a été championne!”, déclarait à l’AFP Facundo Campos, consultant marketing de 38 ans, à l’éxtérieur du QG de Javier Milei. “Je ressens tellement de bonheur, d’enthousiasme. Je ne m’attendais pas à un chiffre si élevé!””Une victoire sans appel, surprenante”, a convenu pour l’AFP le politologue Sergio Berensztein. “L’Argentine a donné un soutien très fort au président, qui a maintenant l’opportunité de démontrer qu’avec un Parlement plus favorable, il est effectivement en mesure de tenir ses promesses.” Comme celle maintes fois répétée “d’éradiquer” l’inflation totalement d’ici mi-2026.Javier Milei arrivait au scrutin déjà auréolé d’un succès contre l’inflation, ramenée en 20 mois de plus de 200% à 31,8% en interannuel, et d’un équilibre budgétaire inédit depuis 14 ans.Mais son “plus grand ajustement budgétaire de l’histoire” — comme il aime à répéter — a vu plus de 200.000 emplois perdus, une activité anémiée, en contraction de 1,8% en 2024, une reprise en 2025 qui s’essouffle. Et une société plus que jamais à deux vitesses.Depuis 2023, le chef de l’Etat a beaucoup légiféré par décrets, ou accords législatifs ponctuels dans l’hémicycle. Mais il s’était vu de plus en plus entravé par un Parlement braqué par sa rigidité, voire ses insultes: “nid à rats”, “dégénérés”…- L’heure de la flexibilité ? -L’opposition modérée, des secteurs de l’économie productive mais aussi des bailleurs internationaux, à l’instar du FMI, demandaient avec insistance à l’exécutif “de renforcer le soutien politique et social” à ses réformes.Et nombre d’analystes estiment qu’au-delà du scrutin, Javier Milei devra prendre un virage pragmatique. “Faire preuve de flexibilité, d’humilité et de disposition à des accords avec les gouverneurs de province, des forces d’opposition en vue de majorités fortes lui permettant d’adopter des lois”, estime Sergio Berensztein.Javier Milei a paru dimanche soir tendre une main, affirmant qu'”il y a des dizaines de députés et de sénateurs avec lesquels nous pouvons arriver à des accords de base” sur des réformes.Dans son viseur d’ici 2027: des réformes fiscales, de flexibilisation du marché du travail, et du système de protection sociale.Dans l’opposition péroniste, régnaient le dépit et “le sentiment que ce qui est en train de gagner, c’est l’indifférence”, se désolait Mariano, 61 ans, un des militants réunis sous les fenêtres de l’ex-présidente (2007-2015) Cristina Kirchner, 72 ans, désormais condamnée et inéligible.La participation dimanche, de 67,9% était quasiment la plus faible de toutes les élections depuis le retour de la démocratie en 1983.

Début de l’examen d’un budget de la sécu explosif entre réforme suspendue et économies renforcées

L’Assemblée nationale se saisit lundi du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, dont l’examen a été repoussé pour intégrer la suspension de la réforme des retraites, et qui s’annonce explosif avec des économies exceptionnellement fortes.Dès mardi dernier, plusieurs ministres (Santé, Comptes publics, Travail, Solidarités) ont répondu devant les députés, en commission des Affaires sociales, à une série de questions et critiques sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Celui-ci prévoit des économies massives pour réduire le déficit à 17,5 milliards en 2026 (23 milliards en 2025).”C’est une copie de départ”, “le débat est ouvert” et la version finale “sera bien différente”, ont-ils répété, cherchant à déminer le terrain tout en affirmant la nécessité de maîtriser les dépenses, et “responsabiliser” tous les acteurs.Le début de l’examen du projet de loi en commission à l’Assemblée était initialement prévu jeudi. Mais celui-ci a dû être repoussé à 9H00 lundi, après que le gouvernement a déposé une “lettre rectificative” intégrant directement au texte la suspension de la réforme des retraites, promise aux socialistes en échange de leur non-censure. Le projet suspend jusqu’à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser pour partir à taux plein.- Les retraités mis à contribution -Lundi, les Républicains proposeront de supprimer cette suspension, tandis que les socialistes chercheront à y intégrer les carrières longues.Si l’Assemblée vote la suspension, le Sénat, contrôlé par la droite et les centristes, rétablira la réforme des retraites, a d’ores et déjà prévenu samedi le président de la chambre haute du Parlement, Gérard Larcher.Le coût de la suspension est estimé à 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027.Pour la financer, les options retenues – une mise à contribution des complémentaires santé et des retraités – font controverse. D’autant que le projet de budget de la sécu mis sur la table par le gouvernement Lecornu 2 est d’une exceptionnelle rigueur financière. L’exécutif y limite la hausse des dépenses d’Assurance maladie à 1,6%, alors qu’elles progressent naturellement chaque année d’environ 4%, poussées notamment par le vieillissement de la population. Et il table sur sept milliards d’économies en santé, pour beaucoup douloureuses.Plusieurs mesures ciblent les malades: nouvelle hausse des franchises (reste à charge des patients sur les consultations et médicaments), moindre remboursement chez le dentiste, limitation de la durée d’un premier arrêt maladie…Ce projet est “profondément injuste et inefficace”, a jugé France Assos Santé, principale fédération d’associations de patients.Autres propositions décriées: une taxation supplémentaire des complémentaires santé, des cotisations patronales sur les tickets restaurant et oeuvres du CSE, ou encore une surcotisation sur les dépassements d’honoraires des médecins.A l’hôpital, c’est “la pire cure d’économies depuis les années 2010”, selon les fédérations hospitalières. – Désaccords profonds -Le gel des pensions et de l’ensemble des prestations sociales (RSA, allocations familiales, APL…) en 2026, pour dégager 3,6 milliards d’euros d’économies, devrait aussi provoquer de vifs débats.Comme pour le projet de loi de finances, le Premier ministre Sébastien Lecornu s’est engagé à ne pas utiliser l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire adopter ce texte de près de 680 milliards d’euros de dépenses, soit plus que le projet de budget de l’Etat. Or, les désaccords entre forces politiques sont profonds, et le temps imparti limité.Au total, 1.575 amendements ont été déposés sur le texte, selon un décompte de l’Assemblée vendredi soir.Les débats doivent a priori se terminer en commission vendredi prochain. Le texte doit ensuite arriver dans l’hémicycle le 4 novembre, avec un vote prévu le 12, avant sa transmission au Sénat.Les discussions autour du budget de l’Etat ont, elles, débuté depuis une semaine à l’Assemblée.L’équation s’annonce particulièrement difficile pour le gouvernement Lecornu, face aux injonctions contradictoires des groupes politiques.Le patron des socialistes Olivier Faure a agité dimanche le spectre d’une nouvelle dissolution si le gouvernement ne cède pas dans les prochains jours sur une taxe sur les hauts patrimoines.

Argentine: Milei promet plus de réformes après sa victoire aux législatives de mi-mandat

Le président ultralibéral argentin Javier Milei a obtenu un éclatant vote de confiance pour poursuivre ses réformes, après son large succès aux législatives de mi-mandat dimanche, avec un peu plus de 40% des voix au niveau national.Ces élections sont “la confirmation du mandat que nous avons reçu en 2023” à la présidentielle, pour “avancer sur la voie réformiste” a lancé un Javier Milei triomphant, mais sans excès ni outrances, à ses partisans dans son QG électoral, dans un hôtel de Buenos Aires.Le résultat, qui dément bien des sondages, est un immense soulagement pour l’exécutif, alors que l’incertitude liée au scrutin avait placé l’économie argentine, et sa monnaie, sous une intense pression depuis deux mois. Déclenchant la promesse d’une aide massive de son allié américain Donald Trump, jusqu’à 40 milliards de dollars.”Félicitations au président Javier Milei pour sa Victoire Ecrasante en Argentine. Il fait un travail formidable! Notre confiance en lui a été justifiée par le peuple argentin”, a réagi le président américain sur son réseau Truth Social.La Libertad Avanza, le parti de Javier Milei, a recueilli 40,7% des voix au niveau national, selon des résultats officiels à 97% du décompte, et est voué a quasi-tripler sa base parlementaire, sans pour autant atteindre la majorité absolue.- Plus musclé au Parlement -Suffisant, toutefois, pour accroître la capacité du président “anarcho-capitaliste” à réformer et déréguler – sur ses deux ans restants de présidence – une économie fragile aux faibles réserves de changes et sujette aux turbulences financières.Selon des projections exprimées dimanche par Javier Milei lui-même, mais non confirmées par l’autorité électorale, son bloc de députés passerait de 37 à 101 (sur 257 députés), et ses sénateurs de six à 20, sur un total de 72 sénateurs.Javier Milei avait estimé qu’obtenir un tiers des sièges, serait un “bon chiffre”, seuil lui permettant en particulier d’imposer ses vetos aux parlementaires le cas échéant.”J’ai crié comme si c’était le but du dernier Mondial quand l’Argentine a été championne!”, déclarait à l’AFP Facundo Campos, consultant marketing de 38 ans, à l’éxtérieur du QG de Javier Milei. “Je ressens tellement de bonheur, d’enthousiasme. Je ne m’attendais pas à un chiffre si élevé!””Une victoire sans appel, surprenante”, a convenu pour l’AFP le politologue Sergio Berensztein. “L’Argentine a donné un soutien très fort au président, qui a maintenant l’opportunité de démontrer qu’avec un Parlement plus favorable, il est effectivement en mesure de tenir ses promesses.” Comme celle maintes fois répétée “d’éradiquer” l’inflation totalement d’ici mi-2026.Javier Milei arrivait au scrutin déjà auréolé d’un succès contre l’inflation, ramenée en 20 mois de plus de 200% à 31,8% en interannuel, et d’un équilibre budgétaire inédit depuis 14 ans.Mais son “plus grand ajustement budgétaire de l’histoire” — comme il aime à répéter — a vu plus de 200.000 emplois perdus, une activité anémiée, en contraction de 1,8% en 2024, une reprise en 2025 qui s’essouffle. Et une société plus que jamais à deux vitesses.Depuis 2023, le chef de l’Etat a beaucoup légiféré par décrets, ou accords législatifs ponctuels dans l’hémicycle. Mais il s’était vu de plus en plus entravé par un Parlement braqué par sa rigidité, voire ses insultes: “nid à rats”, “dégénérés”…- L’heure de la flexibilité ? -L’opposition modérée, des secteurs de l’économie productive mais aussi des bailleurs internationaux, à l’instar du FMI, demandaient avec insistance à l’exécutif “de renforcer le soutien politique et social” à ses réformes.Et nombre d’analystes estiment qu’au-delà du scrutin, Javier Milei devra prendre un virage pragmatique. “Faire preuve de flexibilité, d’humilité et de disposition à des accords avec les gouverneurs de province, des forces d’opposition en vue de majorités fortes lui permettant d’adopter des lois”, estime Sergio Berensztein.Javier Milei a paru dimanche soir tendre une main, affirmant qu'”il y a des dizaines de députés et de sénateurs avec lesquels nous pouvons arriver à des accords de base” sur des réformes.Dans son viseur d’ici 2027: des réformes fiscales, de flexibilisation du marché du travail, et du système de protection sociale.Dans l’opposition péroniste, régnaient le dépit et “le sentiment que ce qui est en train de gagner, c’est l’indifférence”, se désolait Mariano, 61 ans, un des militants réunis sous les fenêtres de l’ex-présidente (2007-2015) Cristina Kirchner, 72 ans, désormais condamnée et inéligible.La participation dimanche, de 67,9% était quasiment la plus faible de toutes les élections depuis le retour de la démocratie en 1983.