AFP World

Nourrir les chiens et “volonté de Dieu”: une journée à la lisière du front ukrainien

Il est dix heures. Raïssa sort de chez elle, suivie de sa meute de chiens affamés dont les aboiements ne suffisent pas à couvrir les détonations d’artillerie. “Tous les jours, je me lève, je prépare la nourriture pour les animaux, puis je pars au boulot”, dit-elle, arpentant les rues délabrées, un sac en plastique rempli de morceaux de poulet à la main. Raïssa, 65 ans, “tamponne des feuilles” pour le compte de l’administration de sa petite ville de Bilytske, située à 15 km au nord de Pokrovsk, une des zones les plus actives du front, dans l’est de l’Ukraine. C’est la dernière agglomération avant les combats. A quelques kilomètres plus au sud seulement, les drones russes bourdonnent et les carcasses de voitures au bord des routes illustrent le danger à s’y aventurer. Que pense Raïssa de la trêve de 30 jours esquissée mardi par les États-Unis et l’Ukraine, mais sur laquelle Vladimir Poutine a émis des réserves ? “Je n’y crois pas”, tranche-t-elle. “Rien de bon n’arrivera. Les bombardements sont sans fin”, dit Raïssa, qui “ne dort plus la nuit” mais a néanmoins décidé de rester. Pour elle, rien n’est plus important que ces chiens, ramenés du front par des soldats et pour lesquels elle dépense la plus grande partie de son salaire.  Raïssa ne partira que s’ils périssaient dans les bombardements. – Déterminés à rester -Vers 11H00, elle est au travail et manie son tampon. Son voisin Sergueï se rend devant la mairie détruite pour puiser quelques litres d’eau potable. Nostalgique, il passe par son ancienne école, rasée par les missiles russes en juin. “On voit les oiseaux”, dit-il, les yeux tournés vers un trou béant dans le plafond d’une salle de classe.”Quand on était jeunes avec mon ami, on voulait que l’école soit détruite”, dit-il avant un silence. “C’est un rêve devenu réalité… en quelque sorte”, ironise-t-il, caressant sa longue barbe blanche. Dans les rues clairsemées de Bilytske, où vivaient 8.000 personnes avant la guerre, on croise avant tout des soldats et des retraités qui refusent de partir.Sergueï est revenu ici depuis le Portugal pour s’occuper de sa mère, déterminée à rester. A midi, c’est l’heure de la retrouver à l’église, où elle entame le carême. Là, popes et veuves de mineurs de fond de ce bassin houiller prennent un repas frugal de pommes de terre après avoir dit le bénédicité. Plongés dans l’odeur d’encens, les fidèles y sont persuadés d’être sous protection divine, qu’importent les détonations. “Dieu dit que le monde ici-bas est mauvais”, dit un prêtre, le père Serguiï. “S’il y a la guerre, c’est parce que les gens ne croient plus !”, tempête-t-il.- Mourir ici -A côté, le père Ivan, 56 ans, soupire car la plupart des paroissiens ont fui la ville bombardée. Seuls “les plus solides” sont restés, dit-il, comparant la petite église à “l’arche de Noé”.”Les gens essaient de s’accrocher à ce qu’ils ont mis une vie à construire”, dit le religieux pour expliquer la présence de ces civils dans une zone de guerre. “Nous avons travaillé dur toute notre vie, et en fin de compte, tout cela s’est avéré être sans grande importance”.Khrystyna, une fidèle qui débarrasse la table à manger de l’église, dit être restée ici malgré la “peur” des explosions et le départ à Kiev de sa fille avec son nouveau-né. Cette ancienne trieuse de charbon de 64 ans s’occupe de sa maison et “espère” que sa fille reviendra. “Je ne pense pas qu’elle veuille rentrer”, admet-elle tristement. Quant au risque de se retrouver sous le contrôle de la Russie ? “Nous n’avons pas le droit d’avoir peur, c’est la volonté de Dieu”, esquive Khrystyna. “Si je dois mourir ici, alors je mourrai ici”.Vers 16H, les cérémonies religieuses s’achèvent, les fidèles retournent chez eux. La lumière du jour décline. Raïssa quitte son travail où elle n’accueille plus grand monde. Elle retourne nourrir ses chiens au son des obus.

Nourrir les chiens et “volonté de Dieu”: une journée à la lisière du front ukrainien

Il est dix heures. Raïssa sort de chez elle, suivie de sa meute de chiens affamés dont les aboiements ne suffisent pas à couvrir les détonations d’artillerie. “Tous les jours, je me lève, je prépare la nourriture pour les animaux, puis je pars au boulot”, dit-elle, arpentant les rues délabrées, un sac en plastique rempli de …

Nourrir les chiens et “volonté de Dieu”: une journée à la lisière du front ukrainien Read More »

Nourrir les chiens et “volonté de Dieu”: une journée à la lisière du front ukrainien

Il est dix heures. Raïssa sort de chez elle, suivie de sa meute de chiens affamés dont les aboiements ne suffisent pas à couvrir les détonations d’artillerie. “Tous les jours, je me lève, je prépare la nourriture pour les animaux, puis je pars au boulot”, dit-elle, arpentant les rues délabrées, un sac en plastique rempli de morceaux de poulet à la main. Raïssa, 65 ans, “tamponne des feuilles” pour le compte de l’administration de sa petite ville de Bilytske, située à 15 km au nord de Pokrovsk, une des zones les plus actives du front, dans l’est de l’Ukraine. C’est la dernière agglomération avant les combats. A quelques kilomètres plus au sud seulement, les drones russes bourdonnent et les carcasses de voitures au bord des routes illustrent le danger à s’y aventurer. Que pense Raïssa de la trêve de 30 jours esquissée mardi par les États-Unis et l’Ukraine, mais sur laquelle Vladimir Poutine a émis des réserves ? “Je n’y crois pas”, tranche-t-elle. “Rien de bon n’arrivera. Les bombardements sont sans fin”, dit Raïssa, qui “ne dort plus la nuit” mais a néanmoins décidé de rester. Pour elle, rien n’est plus important que ces chiens, ramenés du front par des soldats et pour lesquels elle dépense la plus grande partie de son salaire.  Raïssa ne partira que s’ils périssaient dans les bombardements. – Déterminés à rester -Vers 11H00, elle est au travail et manie son tampon. Son voisin Sergueï se rend devant la mairie détruite pour puiser quelques litres d’eau potable. Nostalgique, il passe par son ancienne école, rasée par les missiles russes en juin. “On voit les oiseaux”, dit-il, les yeux tournés vers un trou béant dans le plafond d’une salle de classe.”Quand on était jeunes avec mon ami, on voulait que l’école soit détruite”, dit-il avant un silence. “C’est un rêve devenu réalité… en quelque sorte”, ironise-t-il, caressant sa longue barbe blanche. Dans les rues clairsemées de Bilytske, où vivaient 8.000 personnes avant la guerre, on croise avant tout des soldats et des retraités qui refusent de partir.Sergueï est revenu ici depuis le Portugal pour s’occuper de sa mère, déterminée à rester. A midi, c’est l’heure de la retrouver à l’église, où elle entame le carême. Là, popes et veuves de mineurs de fond de ce bassin houiller prennent un repas frugal de pommes de terre après avoir dit le bénédicité. Plongés dans l’odeur d’encens, les fidèles y sont persuadés d’être sous protection divine, qu’importent les détonations. “Dieu dit que le monde ici-bas est mauvais”, dit un prêtre, le père Serguiï. “S’il y a la guerre, c’est parce que les gens ne croient plus !”, tempête-t-il.- Mourir ici -A côté, le père Ivan, 56 ans, soupire car la plupart des paroissiens ont fui la ville bombardée. Seuls “les plus solides” sont restés, dit-il, comparant la petite église à “l’arche de Noé”.”Les gens essaient de s’accrocher à ce qu’ils ont mis une vie à construire”, dit le religieux pour expliquer la présence de ces civils dans une zone de guerre. “Nous avons travaillé dur toute notre vie, et en fin de compte, tout cela s’est avéré être sans grande importance”.Khrystyna, une fidèle qui débarrasse la table à manger de l’église, dit être restée ici malgré la “peur” des explosions et le départ à Kiev de sa fille avec son nouveau-né. Cette ancienne trieuse de charbon de 64 ans s’occupe de sa maison et “espère” que sa fille reviendra. “Je ne pense pas qu’elle veuille rentrer”, admet-elle tristement. Quant au risque de se retrouver sous le contrôle de la Russie ? “Nous n’avons pas le droit d’avoir peur, c’est la volonté de Dieu”, esquive Khrystyna. “Si je dois mourir ici, alors je mourrai ici”.Vers 16H, les cérémonies religieuses s’achèvent, les fidèles retournent chez eux. La lumière du jour décline. Raïssa quitte son travail où elle n’accueille plus grand monde. Elle retourne nourrir ses chiens au son des obus.

Emilie Dequenne, “Rosetta” pour toujours au cinéma, emportée par le cancer

Révélée à 18 ans dans “Rosetta”, fauchée à 43 ans par un cancer rare, au terme d’une lutte acharnée qu’elle avait rendue publique: le cinéma est en deuil lundi, au lendemain de la mort de l’actrice multirécompensée Emilie Dequenne.Des frères Dardenne qui l’ont révélée, à Tahar Rahim et Vincent Macaigne, qui ont partagé l’affiche avec elle, les hommages pleuvent après le décès de l’actrice belge, unanimement saluée pour son talent et son énergie.Emilie Dequenne est décédée après avoir passé plusieurs jours en soins palliatifs au centre Gustave Roussy, en région parisienne. Ses obsèques auront lieu le 26 mars à 15H30, au crématorium du Père-Lachaise à Paris, sans fleurs ni couronnes.La famille appellera aux dons pour la recherche médicale contre le cancer, a précisé à l’AFP son agent, Danielle Gain.En octobre 2023, Emilie Dequenne avait annoncé être atteinte d’un corticosurrénalome (cancer du système endocrinien), diagnostiqué deux mois auparavant et qui la tenait éloignée des plateaux. Elle rendait public son combat contre le cancer, martelant qu’il ne s’agissait “pas d’une maladie honteuse”. Elle est décédée après une rémission, puis une rechute.Plusieurs longs-métrages avec Emilie Dequenne vont être diffusés à la télévision pour lui rendre hommage: France 3 propose lundi soir “Une femme de ménage” de Claude Berri, Canal+ Cinéma(s) programme mardi soir “Survivre”, sa dernière apparition, et “Rosetta” est annoncé vendredi soir sur France 5. – “L’archange foudroyé” -Elle a été fauchée “en plein vol, c’est l’archange foudroyé”, a déclaré le réalisateur Luc Dardenne. “Elle était toujours partante, toujours prête à partir au combat, toujours. Elle adorait tourner, c’était sa vie”, a-t-il ajouté sur franceinfo.A 17 ans, Emilie Dequenne remporte avec ce film le prix d’interprétation à Cannes et offre leur première Palme d’or aux réalisateurs. “Rarement une comédienne aura autant marqué l’histoire du Festival de Cannes comme l’a fait Emilie Dequenne lors de son surgissement en +Rosetta+”, a salué le délégué général du festival, Thierry Frémaux, auprès de l’AFP. “Révoltée à l’écran, elle était la douceur même dans la vie, une vie qui s’achève scandaleusement tôt, tant elle avait encore d’amour à donner. Nous la pleurons.”Emilie Dequenne redoutait d’être réduite au rôle de Rosetta, femme précaire luttant sur tous les fronts. “Elle disait toujours, mais je ne suis pas Rosetta !”, se souvient Luc Dardenne.Sa carrière sera bien plus vaste, avec une cinquantaine de films (“La fille du RER” d’André Téchiné (2009), “À perdre la raison” (2012) de Joachim Lafosse, “Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait”, d’Emmanuel Mouret…), dans lesquels elle saura varier les registres.Comme chez Lucas Belvaux, qui la dirige en coiffeuse fan de karaoké dans “Pas son genre”. “C’était un rôle extrêmement difficile, et ça a été une révélation. Emilie, qui jouait toujours des rôles sombres, s’est emparée du film et lui a amené quelque chose d’inattendu dans l’énergie. C’était plus que du talent, il y avait énormément de générosité”, a confié le réalisateur à l’AFP.Ou en mère de famille, chez Lukas Dhont (“Close”) qui se souvient d’une actrice “jamais effrayée d’avancer vers l’inconnu, vers l’obscurité” puis de “repartir, dans une autre direction, vers la lumière”.- Tapis rouge -Acteurs et actrices ont multiplié les messages sur les réseaux sociaux : “Pas de mots. Je pense à toi, à ta famille”, a écrit l’acteur Jean Dujardin. Juliette Binoche l’a remerciée d’avoir partagé ce qu’elle traversait “avec tant d’ardeur et de générosité”.”Tout ce que tu étais, comme actrice et comme femme, inspirait l’admiration et l’amour”, a salué sa compatriote Virginie Efira. Leïla Bekhti salue une “grande dame, grande âme, grande actrice, une reine”.”Le cinéma francophone perd, trop tôt, une actrice de talent qui avait encore tant à lui offrir”, a regretté sur X la ministre de la Culture française, Rachida Dati.En mai 2024, la comédienne était apparue sur le tapis rouge à Cannes au bras de son mari l’acteur Michel Ferracci, souriante, les cheveux courts à cause de son traitement, pour les 25 ans de “Rosetta” et pour présenter son dernier film, “Survivre”. Quelques semaines plus tard, sur France Inter, elle avait assuré qu'”on peut vivre des moments beaux, forts, magiques, en dépit de la maladie, c’est possible”. jfg-reb-kf-fbe-mng/mch/mpm

Est de la RDC: l’UE sanctionne des chefs militaires rwandais, rupture des relations diplomatiques Rwanda-Belgique

L’Union européenne a imposé lundi des sanctions contre des chefs militaires rwandais et un responsable du secteur minier, en réponse à l’offensive du groupe armé M23 soutenu par le Rwanda dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).Kigali a presque simultanément annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant l’ex-puissance coloniale …

Est de la RDC: l’UE sanctionne des chefs militaires rwandais, rupture des relations diplomatiques Rwanda-Belgique Read More »

Est de la RDC: l’UE sanctionne des chefs militaires rwandais, rupture des relations diplomatiques Rwanda-Belgique

L’Union européenne a imposé lundi des sanctions contre des chefs militaires rwandais et un responsable du secteur minier, en réponse à l’offensive du groupe armé M23 soutenu par le Rwanda dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).Kigali a presque simultanément annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant l’ex-puissance coloniale d’avoir “pris parti” pour Kinshasa “bien avant et pendant le conflit en cours” en RDC. La Belgique, ancienne puissance coloniale à la fois de la RDC (ex-Zaïre) et du Rwanda, a été l’un des pays les plus critiques de Kigali depuis que le mouvement anti-gouvernemental M23, soutenu par Kigali, a lancé en décembre une offensive éclair dans l’est de la RDC, qui l’a vu notamment s’emparer de Goma, capitale du Nord-Kivu, et de Bukavu, capitale du Sud-Kivu.L’UE, pressée notamment par la Belgique, a adopté lundi des sanctions contre des personnalités rwandaises, à la veille de discussions mardi entre la RDC et le M23 à Luanda, l’Union africaine ayant désigné le président angolais Joao Lourenço médiateur du conflit.Ces sanctions prévoient l’interdiction de se rendre dans l’UE ainsi qu’un gel des avoirs dans l’Union pour neuf personnes en raison de la présence “non autorisée” de forces rwandaises en RDC qui “constitue une violation de l’intégrité coloniale” congolaise et “entretient le conflit armé”.Elles visent notamment trois hauts gradés de l’armée rwandaise – Ruki Karusisi, Eugène Nkubito et Pascal Muhizi – et le directeur général de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB), Francis Kamanzi.Quatre Congolais cadres du M23, dont son chef Bertrand Bisimwa, sont également visés.De son côté, le Rwanda a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, une nouvelle étape dans la détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays. “Le gouvernement du Rwanda a notifié aujourd’hui le gouvernement de Belgique de sa décision de rompre les relations diplomatiques, avec effet immédiat”, a déclaré le ministère rwandais des Affaires étrangères dans un communiqué.Kigali, qui avait déjà annoncé en février la suspension des programmes d’aide au développement belges sur son sol, a expliqué avoir pris cette décision en réaction aux “tentatives pitoyables” de Bruxelles de “maintenir ses illusions néocoloniales”.La Belgique avait notamment demandé fin janvier à l’Union européenne d’envisager des sanctions contre le Rwanda, accusé de violer la souveraineté de la RDC.- “Petit pays” -Le ministre rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe a annoncé sur X la “fermeture immédiate” de l’ambassade à Bruxelles et le rappel à Kigali de tous les diplomates rwandais qui y travaillaient “dans les 48 heures”.Le gouvernement belge a “regretté” et jugé “disproportionnée” la décision rwandaise de rupture des relations diplomatiques, et va à son tour déclarer persona non grata les diplomates rwandais en poste sur son sol, a indiqué son chef de la diplomatie, Maxime Prévot.”Cette décision (…) illustre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer”, a-t-il ajouté sur X.”Aujourd’hui, la Belgique a clairement pris parti dans un conflit régional et continue à se mobiliser systématiquement contre le Rwanda dans différents forums, utilisant mensonges et manipulations pour créer une opinion hostile injustifiée à l’égard du Rwanda, dans le but de déstabiliser le pays et la région”, a accusé Kigali. Dimanche, le président rwandais Paul Kagame avait déjà lors d’un événement public tiré à boulets rouges sur la Belgique, pays qui selon lui “nous a tués tout au long de l’histoire et revient sans cesse nous tuer davantage”.La Belgique est accusée d’avoir favorisé la division ethnique au Rwanda, qui a abouti au génocide des tutsi en 1994.”L’un des plus gros problèmes auxquels nous avons été confrontés est notre colonisation par un petit pays comme la Belgique, qui a découpé notre pays pour qu’il soit aussi petit qu’elle”, avait encore dénoncé M. Kagame.Soutenu par quelque 4.000 militaires rwandais, selon des experts de l’ONU, le M23 (“Mouvement du 23 mars”), qui dit défendre les intérêts des populations tutsi de l’est de la RDC, a repris les armes fin 2021.Le groupe armé contrôle désormais de vastes pans de territoires dans l’est de la RDC, une région riche en ressources minières.

Au Sénégal, les machines géantes d’un groupe minier français avalent terres et désert

Dans un vacarme assourdissant, la “plus grosse drague minière au monde” et la gigantesque usine flottante d’un groupe minier français fendent les dunes du singulier désert de Lompoul, au Sénégal, une vision digne du film “Dune”.Vingt-quatre heures sur 24, les deux machines géantes aspirent le précieux sable minéralisé des dunes de ce désert. Auparavant, elles ont avalé celui contenu dans des terres agricoles fertiles avoisinantes, qui produisent la majorité des légumes frais consommés au Sénégal. La drague mobile se déplace avec l’usine flottante sur un bassin d’eau artificiel long d’un demi kilomètre, aspirant 7.000 tonnes par heure de sable brut et d’eau mélangés, une eau pompée à plus de 450 mètres de profondeur.Cette mine colossale et itinérante du groupe minier français Eramet a causé depuis 2014 le déplacement de milliers d’habitants et paysans dans cette région agricole aux écosystèmes fragiles. Elle a aussi engouffré des kilomètres de terres le long de la côte atlantique de ce pays – l’impressionnant tracé de l’avancée de la mine étant visible depuis l’espace.  C’est l’histoire d'”un désespoir et d’une désillusion qu’on a eu avec ce projet”, lance à l’AFP Gora Gaye, 47 ans, maire de la communauté rurale de Diokoul Diawrigne, qui englobe le magnifique désert de Lompoul, l’un des plus petits au monde, un écosystème unique de dunes balayées par la brise de l’océan.Cet atout d’écotourisme dans ce pays en partie sahélien est actuellement défiguré par la mine. Depuis 2014, le groupe minier exploite ces dunes – utilisant la “plus grosse drague minière au monde” selon Eramet – pour en extraire les minéraux (zircon, ilménite, rutile et leucoxène), exportés à travers le monde pour le marché du bâtiment et ses dérivés, la métallurgie, la céramique.Une équipe de l’AFP a eu un accès rare aux installations de la mine, composée de la drague, de l’usine flottante de séparation des sables minéralisés et non minéralisés, d’une autre usine séparant les différents minerais par tri magnétique et électrostatique, d’un tronçon de chemin de fer privé jusqu’au port de Dakar, de logements, bureaux, routes sillonnées de véhicules 4X4, dénotant avec le calme de cette région arpentée par les dromadaires, les vipères et les oiseaux marins.Pendant des années, le sort des villageois déplacés et leur mobilisation dénonçant un accaparement des terres et un système de compensation “dérisoire” ont été peu écoutés, voire étouffés, à la faveur d’autorités locales et nationales complaisantes, dénoncent les détracteurs de la mine.- Écosystème unique -Mais la controverse a récemment pris une ampleur nationale quand la mine est entrée dans la zone du désert de Lompoul (nord). Se joignant aux paysans, des élus locaux et entrepreneurs notamment dans le tourisme ont dénoncé vivement l’impact de ces activités. Fin janvier, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye lui-même a fait des déclarations fortes en Conseil des ministres au sujet de l’industrie extractive. “L’exploitation des ressources minières dans plusieurs localités du pays ne participe pas activement au développement territorial et ne profite pas aux populations locales”, a-t-il lancé.Lors du Conseil du 12 mars, il a donné des directives à ses ministres sur la “transparence dans la gouvernance des ressources naturelles”, leur demandant de “veiller à la gestion optimale des impacts environnementaux et sociaux de l’exploitation minière et pétrolière sur le bien-être des populations”.Se réclamant du souverainisme et élu en 2024 sur un agenda de rupture avec les pratiques du passé, le nouveau pouvoir au Sénégal est scruté sur d’éventuelles décisions concernant les activités d’EGC. C’est en 2004 que les autorités sénégalaises en place à l’époque ont accordé au groupe minier – détenu à 27% par l’Etat français et 4ème producteur mondial de zircon – cette concession pour y exploiter ce convoité sable minéralisé. L’Etat du Sénégal détient 10% du capital de la filiale sénégalaise d’Eramet, Grande Côte Opérations (GCO), renommée depuis Eramet Grande Côte (EGC).”La mine, elle avance; le sort des personnes quand la mine est passée ce n’est plus le problème” d’Eramet, estime Cheikh Yves Jacquemain, hôtelier franco-sénégalais et propriétaire d’un écolodge de tentes traditionnelles dans le désert.A 150 mètres seulement de son campement, les deux machines tournent à plein régime. Parmi les sept sites d’hébergement touristique de Lompoul, six ont accepté le dédommagement de EGC ou une relocalisation. M. Jacquemain est toujours en négociation avec EGC pour obtenir des compensations financières “justes”, pour lui et ses 40 employés.Le groupe minier est accusé de “dégrader les dunes et les sols”, de “menacer les ressources hydriques”, ainsi que la sécurité alimentaire et les activités économiques.Des communautés pointent une détérioration de leurs conditions de vie. L’une des récriminations est un système d’indemnisation jugé “dérisoire”, basé sur un barème national datant des années 70 et qui ne valorise pas la terre agricole par rapport à la perte irrémédiable de revenus provenant de ces zones fertiles. – “Entreprise responsable” -EGC répond à l’AFP qu’en “entreprise responsable”, le groupe indemnise les habitants “cinq fois plus” l’hectare nu que ce barème national, et qu’au total l’indemnisation moyenne est de 8 à 10 millions de FCFA l’hectare (entre 12.190 et 15.240 euros).Le maire de Diokoul Diawrigne indique à l’AFP que lui et sa communauté ont rejeté en 2022 l’étude d’impact environnementale présentée par GCO lors d’une audience publique. Mais l’étude a malgré tout été validée au niveau ministériel à l’époque. Reconnaissant qu'”au début” le projet minier avait suscité “un espoir” parmi la population, il n’a apporté, selon lui, que des “promesses non tenues, une destruction de notre écosystème, des intimidations, des déplacements de villages de manière catastrophique et un recul sur le plan du développement économique dans la zone des Niayes”. Les détracteurs de la mine s’inquiètent du bouleversement de cet écosystème d’une biodiversité rare, composé de cuvettes interdunaires, des oasis où les sols permettent une agriculture “qui a produit jusqu’à un passé récent 80% des légumes frais consommés au Sénégal”.Au fil des années, les habitants déplacés ont été relogés dans “quatre grands nouveaux villages” équipés de commodités, “un total de 586 maisons et des infrastructures communautaires (centre de santé, école, etc…) ont été construites à ce jour” par le groupe minier et 3.142 personnes sont concernées, indique EGC.  Réunis sur la place du village des “recasés” de Foth, à 120 km au nord de Dakar, un alignement de concessions en dur sur une zone dépourvue de végétation, Omar Keïta et une vingtaine d’autres chefs de familles déplacées ont visiblement besoin d’exprimer leur colère.”On veut retourner sur nos terres et que notre village soit reconstruit pour retrouver notre vie d’avant… Je lance un appel au président du Sénégal et même à la France!”, s’exclame Omar, 32 ans, visage soucieux.Il ose à peine montrer la chambre – “prêtée par son grand frère” – et la promiscuité où il vit “depuis six ans” avec sa femme et ses trois enfants: un lit, une commode, et un matelas pour lui par terre. Il déclare qu’on ne lui a pas attribué de maison. Des affirmations que nie le directeur général de EGC, Frédéric Zanklan: “chaque famille est relogée selon l’état de la famille au moment du recensement”, dit-il à l’AFP, ajoutant que si les familles s’agrandissent “ce n’est pas de leur fait”. – Appel au président –  Omar réplique qu’avant son déplacement, il “avait (ses) champs et (sa) maison”. “On gagnait nos vies dignement mais GCO a remis ma vie à zéro, je dois tout reconstruire…”.  “Le sol était fertile dans notre village, mais ici je suis même obligé d’aller travailler dans les champs d’autres personnes”, indique-t-il.   Dans la cour de sa concession, Ibrahima Ba, 60 ans, ne décolère pas non plus: “nous avons régressé dans tous les sens”. “Je suis toujours agriculteur. La différence est que dans mon village, le sol était très fertile, l’eau était douce, on n’avait aucun problème”. “Nous demandons au président Diomaye Faye et à son Premier ministre de venir en aide à la population de Foth et des Niayes; nous croyons qu’ils peuvent faire quelque chose parce que c’est un pays étranger qui veut détruire la vie des citoyens sénégalais”, lâche-t-il.Dans un entretien à l’AFP, M. Zanklan déclare que la société est “dans un cadre tout à fait légal” dans ses activités, qui “respectent la convention minière” signée avec le gouvernement.  “C’est un projet qui bénéficie au Sénégal”, plaide-t-il. EGC affirme avoir “généré 149 millions d’euros de retombées économiques pour le Sénégal en 2023”, et avoir versé “25 millions d’euros sous forme d’impôts, de taxes et de dividendes” sur un chiffre d’affaires de la société de 215 millions d’euros en 2023.       Il met en avant les “près de 2.000 personnes qui travaillent au niveau de la mine et des usines de séparation, dont 97% sont des Sénégalais, et 48% de ces travailleurs proviennent du bassin d’emploi local”, affirme-t-il. En 2023, l’Initiative pour la transparence dans l’industrie extractive (ITIE) a classé EGC comme 4ème contributeur minier au budget de l’Etat du Sénégal, souligne-t-il.La société indique aussi être “la première entreprise minière à restituer les terres valorisées au Sénégal”, après un processus de réhabilitation constaté par l’AFP sur une partie de la zone avec des essences d’arbres permettant une diversification des cultures. Mais les communautés déplorent que les terres ne leur sont pas “rendues”, mais remises à l’Etat sénégalais – la terre étant propriété de la Nation dans ce pays et les paysans qui l’exploitent en ayant l’usufruit.  – “Un moratoire” -Dans la même région, arpentant un champ sans culture et montrant des mares brunâtres, Serigne Mar Sow déplore les “dégâts incommensurables” de la mine, selon lui.L’eau pompée pour la drague est redéversée dans le bassin artificiel et s’infiltre vers la nappe phréatique superficielle. EGC assure ainsi que les activités maraîchères “en bénéficient”.  “On cultivait ici des légumes et des bananes et vous voyez que toutes les plantes sont mortes, c’est à cause de cette eau qui inonde nos champs car la drague de GCO se trouve à 2,5 km d’ici”, se désole pour sa part M. Sow. “Le sol n’est plus fertile”.Montrant des plants de manioc et des bananiers morts, il accuse cette eau redéversée de contenir des “produits chimiques”.”Il y a 15 à 20 parcelles qui ont été abandonnées à cause de cette eau qui remonte. Il y a une diminution drastique de nos espaces de récolte” et des emplois afférents. De son côté, EGC affirme que le processus d’extraction “est purement mécanique” et qu'”aucun produit chimique n’est utilisé”.Aujourd’hui, le maire de Diokoul Diawrigne “demande à l’Etat de faire un moratoire, d’arrêter la mine pour un moment, et qu’on évalue via des études sérieuses l’ensemble des dégâts qui ont été causés et qui vont l’être, en comparaison à ce que cela a rapporté à l’Etat et aux communautés”.   “Il ne faut pas qu’on ferme les yeux sur ce drame; quel que soit ce que le Sénégal gagne dans cette affaire, il faudra se tourner vers les communautés, voir ce qu’elles sont en train de vivre et les accompagner”. Frédéric Zanklan estime de son côté qu’il n’y a “pas besoin de moratoire”. “S’il y a des inquiétudes, toute autorité peut venir voir par elle-même”.Il précise que le groupe espère augmenter la capacité d’absorption de la drague à 8.500 tonnes par heure à partir de 2026.Un moratoire, “cela voudrait dire 2.000 personnes au chômage et l’arrêt des retombées économiques pour l’Etat du Sénégal: ce serait irresponsable alors que le pays a vraiment besoin de se développer”, estime-t-il. En attendant, de jour comme de nuit, la drague continue à engouffrer les dunes de Lompoul avec fracas, loin de la quiétude passée du plus petit désert d’Afrique. 

Le Kremlin confirme que Trump et Poutine se parleront au téléphone mardi

Le Kremlin a confirmé lundi que Vladimir Poutine et Donald Trump se parleraient mardi, pour la deuxième fois, officiellement, depuis le retour à la Maison Blanche du président américain, qui cherche à arracher un engagement de son homologue russe pour une trêve en Ukraine.La première conversation entre les deux dirigeants, le 12 février, avait brisé les tentatives occidentales d’isoler le maître du Kremlin et posé les jalons d’une relance des relations russo-américaines, trois ans après le début de l’assaut de la Russie contre sa voisine.”Cette conversation est effectivement en préparation”, a indiqué le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov lors d’un briefing quotidien auquel participait l’AFP.Donald Trump avait indiqué dans la nuit de dimanche à lundi qu’il parlerait mardi à Vladimir Poutine, soulignant que “beaucoup de choses ont déjà été discutées avec les deux parties, l’Ukraine et la Russie” après des réunions séparées entre responsables américains, russes et ukrainiens en Arabie saoudite et à Moscou.Le président américain a évoqué des “partages de certains avoirs” dont des “terres” et des “usines de production d’énergie”.L’envoyé spécial américain Steve Witkoff, dont le pays fait pression sur la Russie pour qu’elle accepte un cessez-le-feu avec l’Ukraine, avait indiqué dimanche que MM. Trump et Poutine allaient avoir “une discussion vraiment bonne et positive cette semaine”.Le Kremlin avait affirmé vendredi que le dirigeant russe avait remis à l’émissaire américain un message pour M. Trump au sujet de sa proposition de trêve de 30 jours, acceptée sur le principe par l’Ukraine mais pas par la Russie.- “Pression collective” -La Russie a émis jusqu’à présent des revendications maximalistes pour une cessation des hostilités, dont la cession par l’Ukraine de cinq régions annexées par Moscou, l’abandon des ambitions de Kiev de rejoindre l’Otan, le démantèlement du pouvoir ukrainien en place.Des conditions rejetées par Kiev, qui ne veut pas céder de territoires, demande des garanties de sécurité de la part de ses alliés occidentaux et le déploiement d’une force d’interposition pour garantir une éventuelle trêve.Samedi, lors d’un sommet virtuel organisé par Londres, une trentaine de dirigeants d’Etats et d’organisations soutenant l’Ukraine ont dans ce contexte décidé d’exercer une “pression collective” sur la Russie, qu’ils accusent de faire traîner les discussions afin de pousser son avantage militaire.Sur le terrain, la situation reste difficile pour les forces ukrainiennes, en particulier dans la région russe de Koursk, dont elles occupaient plusieurs centaines de kilomètres carrés depuis l’été dernier et ont été en grande partie chassées en mars.Lundi, le ministère russe de la Défense a indiqué continuer son “opération de destruction” de l’armée ukrainienne qui recule dans la région de Koursk.Moscou a aussi revendiqué la prise du village de Stepové dans la région de Zaporijjia, dans le Sud de l’Ukraine, une localité qui avait été reprise par les Ukrainiens lors de leur contre-offensive de l’été 2023 et qui repasserait donc sous contrôle russe.Dans ce contexte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a limogé dimanche son chef d’état-major Anatoli Bargouïlevitch.- “Besoin de la paix” -Dans la région de Koursk, des dizaines de civils ayant fui les combats ont trouvé refuge dans un complexe sportif reconverti en centre d’hébergement à Fatej, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale régionale, ont constaté des journalistes de l’AFP.Ekaterina Panova, une agronome de 35 ans, a été évacuée du secteur de Soudja, la principale ville qui était passée sous contrôle ukrainien dans la région, et qui a été reprise la semaine dernière. Elle a dit espérer que Donald Trump puisse servir de médiateur entre Kiev et Moscou.”Nous voulons vraiment que l’Amérique influence d’une manière ou d’une autre les relations entre la Russie et l’Ukraine”, a-t-elle affirmé, qualifiant de “tuerie fratricide” le conflit en cours déclenché en février 2022 par l’entrée des troupes russes chez son voisin.A Kostiantynivka, sur le front oriental côté ukrainien, Valentyna, 62 ans, dit pour sa part tout simplement “espérer” la fin du conflit, après plus de trois ans d’assauts russes.”Les gens sont fatigués(…) Nous avons besoin de la paix”, ajoute-t-elle auprès de l’AFP.

Le Kremlin confirme que Trump et Poutine se parleront au téléphone mardi

Le Kremlin a confirmé lundi que Vladimir Poutine et Donald Trump se parleraient mardi, pour la deuxième fois, officiellement, depuis le retour à la Maison Blanche du président américain, qui cherche à arracher un engagement de son homologue russe pour une trêve en Ukraine.La première conversation entre les deux dirigeants, le 12 février, avait brisé …

Le Kremlin confirme que Trump et Poutine se parleront au téléphone mardi Read More »

Le Kremlin confirme que Trump et Poutine se parleront au téléphone mardi

Le Kremlin a confirmé lundi que Vladimir Poutine et Donald Trump se parleraient mardi, pour la deuxième fois, officiellement, depuis le retour à la Maison Blanche du président américain, qui cherche à arracher un engagement de son homologue russe pour une trêve en Ukraine.La première conversation entre les deux dirigeants, le 12 février, avait brisé les tentatives occidentales d’isoler le maître du Kremlin et posé les jalons d’une relance des relations russo-américaines, trois ans après le début de l’assaut de la Russie contre sa voisine.”Cette conversation est effectivement en préparation”, a indiqué le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov lors d’un briefing quotidien auquel participait l’AFP.Donald Trump avait indiqué dans la nuit de dimanche à lundi qu’il parlerait mardi à Vladimir Poutine, soulignant que “beaucoup de choses ont déjà été discutées avec les deux parties, l’Ukraine et la Russie” après des réunions séparées entre responsables américains, russes et ukrainiens en Arabie saoudite et à Moscou.Le président américain a évoqué des “partages de certains avoirs” dont des “terres” et des “usines de production d’énergie”.L’envoyé spécial américain Steve Witkoff, dont le pays fait pression sur la Russie pour qu’elle accepte un cessez-le-feu avec l’Ukraine, avait indiqué dimanche que MM. Trump et Poutine allaient avoir “une discussion vraiment bonne et positive cette semaine”.Le Kremlin avait affirmé vendredi que le dirigeant russe avait remis à l’émissaire américain un message pour M. Trump au sujet de sa proposition de trêve de 30 jours, acceptée sur le principe par l’Ukraine mais pas par la Russie.- “Pression collective” -La Russie a émis jusqu’à présent des revendications maximalistes pour une cessation des hostilités, dont la cession par l’Ukraine de cinq régions annexées par Moscou, l’abandon des ambitions de Kiev de rejoindre l’Otan, le démantèlement du pouvoir ukrainien en place.Des conditions rejetées par Kiev, qui ne veut pas céder de territoires, demande des garanties de sécurité de la part de ses alliés occidentaux et le déploiement d’une force d’interposition pour garantir une éventuelle trêve.Samedi, lors d’un sommet virtuel organisé par Londres, une trentaine de dirigeants d’Etats et d’organisations soutenant l’Ukraine ont dans ce contexte décidé d’exercer une “pression collective” sur la Russie, qu’ils accusent de faire traîner les discussions afin de pousser son avantage militaire.Sur le terrain, la situation reste difficile pour les forces ukrainiennes, en particulier dans la région russe de Koursk, dont elles occupaient plusieurs centaines de kilomètres carrés depuis l’été dernier et ont été en grande partie chassées en mars.Lundi, le ministère russe de la Défense a indiqué continuer son “opération de destruction” de l’armée ukrainienne qui recule dans la région de Koursk.Moscou a aussi revendiqué la prise du village de Stepové dans la région de Zaporijjia, dans le Sud de l’Ukraine, une localité qui avait été reprise par les Ukrainiens lors de leur contre-offensive de l’été 2023 et qui repasserait donc sous contrôle russe.Dans ce contexte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a limogé dimanche son chef d’état-major Anatoli Bargouïlevitch.- “Besoin de la paix” -Dans la région de Koursk, des dizaines de civils ayant fui les combats ont trouvé refuge dans un complexe sportif reconverti en centre d’hébergement à Fatej, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale régionale, ont constaté des journalistes de l’AFP.Ekaterina Panova, une agronome de 35 ans, a été évacuée du secteur de Soudja, la principale ville qui était passée sous contrôle ukrainien dans la région, et qui a été reprise la semaine dernière. Elle a dit espérer que Donald Trump puisse servir de médiateur entre Kiev et Moscou.”Nous voulons vraiment que l’Amérique influence d’une manière ou d’une autre les relations entre la Russie et l’Ukraine”, a-t-elle affirmé, qualifiant de “tuerie fratricide” le conflit en cours déclenché en février 2022 par l’entrée des troupes russes chez son voisin.A Kostiantynivka, sur le front oriental côté ukrainien, Valentyna, 62 ans, dit pour sa part tout simplement “espérer” la fin du conflit, après plus de trois ans d’assauts russes.”Les gens sont fatigués(…) Nous avons besoin de la paix”, ajoute-t-elle auprès de l’AFP.