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Pied à pied, un cordonnier préserve le glorieux passé d’Hollywood
Dans son atelier de Los Angeles, Chris Francis empile les boîtes à chaussures du sol au plafond. A l’intérieur, des moules des pieds des plus grandes stars d’Hollywood, confectionnés au cours de plus d’un demi-siècle pour leur fabriquer des souliers sur mesure.”Il y a un peu de tout le monde ici”, sourit le cordonnier, au milieu de ces archives inestimables.Sur les boîtes jaunies par le temps, on retrouve tout le gratin de la Cité des Anges: Elizabeth Taylor fait ainsi du pied à Peter Fonda, Tom Jones et Harrison Ford.Dans une autre pile, Sharon Stone marche sur Liza Minnelli et Goldie Hawn. Plus loin, on trouve aussi les pieds de Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger.M. Francis a acquis cette collection improbable quelques années après la mort en 2008 de Pasquale Di Fabrizio, un Italien connu à Los Angeles comme “le cordonnier des stars”.”Di Fabrizio a travaillé pour tout le monde, des propriétaires de casinos aux acteurs, en passant par les artistes de Las Vegas, Broadway, Hollywood, le cinéma, bref, tous ceux qui se produisaient sur scène entre les années 1960 et 2008″, raconte à l’AFP M. Francis.Dans certaines boîtes, on retrouve donc des autographes et des dédicaces. D’autres, comme celles de Sarah Jessica Parker ou de la chanteuse de “La Mélodie du bonheur”, Julie Andrews, contiennent des dessins provenant de productions télévisées ou cinématographiques.- Nostalgie -Avec son industrie créative vorace et son besoin constant de se démarquer des autres, Hollywood était autrefois un endroit rêvé pour un cordonnier, selon M. Francis.”Les célébrités se vantaient du prix qu’elles avaient payé pour une paire de chaussures et voulaient quelque chose que personne d’autre n’avait”, explique-t-il en sortant une boîte contenant les moules d’Adam West, l’acteur qui a incarné Batman dans la série originale des années 1960.Lui-même a commencé sa carrière dans la couture. Il a décroché son premier contrat après avoir été repéré en train de coudre une veste en cuir sur un banc public.”Ici, à Los Angeles, c’est facile d’être au bon endroit au bon moment”, rit-il.Mais son rêve était de confectionner des chaussures. Alors il a commencé à apprendre seul dans sa cuisine.”Au début, elles étaient assez rudimentaires”, confie-t-il.A la recherche des meilleurs professeurs, il a écumé tout Los Angeles pour trouver un stage pratique. Il a ainsi fini par apprendre le métier auprès de cordonniers arméniens, russes, iraniens ou syriens.”Ils ne disaient rien ou ne parlaient pas très bien anglais. Il fallait donc observer et apprendre, puis apprendre en refaisant les choses encore et encore.”De quoi lui transmettre l’exigence du métier.”Il n’y a pas de place pour l’erreur dans la fabrication de chaussures”, résume-t-il. “Si vous ratez une étape, si vous bâclez un truc, les 20 étapes suivantes pourraient en pâtir. Il faut donc être précis à chaque instant.”- “Chaussures gratuites” -Mais ce savoir-faire méticuleux est de moins en moins apprécié. Là où Burt Reynolds ou Robert De Niro étaient autrefois heureux de débourser des milliers de dollars pour une paire sur mesure, les stars d’aujourd’hui ne se jettent plus aux pieds des artisans.”Je constate que de plus en plus de célébrités veulent des chaussures gratuites, ce qui tue les cordonniers comme moi”, soupire M. Francis, sous ses tatouages et son allure de rockstar.Parfois, il regrette de ne pas avoir écouté certains de ses anciens maîtres.”Ils me disaient de rejoindre un groupe” de musique, raconte-t-il. “Quand j’ai commencé, l’un d’eux m’a dit : +Mais pourquoi tu veux devenir cordonnier ? De nos jours, on peut acheter des chaussures pour 20 dollars.+”A 48 ans, l’artisan voit aujourd’hui certains confrères renoncer à la création de chaussures sur mesure, pour se contenter de réparer les souliers produits en série qui inondent le marché.”En tant que profession, c’est extrêmement difficile de survivre”, conclut-il.
Zohran Mamdani, l’ascension fulgurante d’un outsider
Largement inconnu il y a encore quelques mois, Zohran Mamdani, élu local de la gauche du Parti démocrate issu d’une famille d’intellectuels de la diaspora indienne, pourrait devenir l’un des plus jeunes maires de l’histoire de New York, et le premier musulman.Depuis sa victoire surprise à la primaire de son parti en juin, les New-Yorkais se sont habitués à voir son visage barbu et souriant à la télé, ou reproduit sur les gros badges colorés que ses jeunes supporteurs arborent fièrement dans le métro. Agé de 34 ans, le favori des sondages est né en Ouganda dans une famille d’origine indienne, et vit aux Etats-Unis depuis ses sept ans. Il a été naturalisé américain en 2018.Souvent rappelé à son statut de “nepo baby” (“fils de”), il est l’enfant de Mira Nair, réalisatrice renommée (“Salaam Bombay!”, Caméra d’or à Cannes, “Le mariage des moussons”, Lion d’Or à Venise), et Mahmood Mamdani, professeur d’anthropologie et sciences politiques à l’université Columbia, spécialiste reconnu de l’Afrique.Son parcours est celui d’une certaine jeunesse libérale dorée de New York: lycée d’élite (Bronx High School of Science) puis le Bowdoin College dans le Maine, université connue pour être un bastion progressiste.Sous l’alias Young Cardamom, il tente en 2015 de se lancer dans le rap, influencé notamment par Das Racist, groupe new-yorkais à la fois innovant et potache dont deux des membres sont d’origine indienne, jouant avec les références et les clichés du sous-continent.L’expérience ne dure pas – il se reconnaît lui-même comme “artiste de seconde zone”. Mais lorsqu’il lit que le rappeur Heems (Himanshu Suri) soutient un candidat au conseil municipal, il rejoint sa campagne en tant que militant: le virus de la politique ne le quittera plus.Il devient conseiller en prévention des saisies immobilières, aidant des propriétaires modestes en difficulté financière à éviter de perdre leur logement.- Campagne à l’ancienne et réseaux -Et c’est à Astoria dans le Queens, quartier creuset des vagues migratoires les plus récentes où il travaille, qu’il est élu en 2020, comme représentant du district à l’Assemblée de l’Etat de New York.Réélu par deux fois, c’est sur le terrain, que ce “socialiste” revendiqué se forge cette image qui va faire sa force: celle d’un musulman progressiste, aussi à l’aise à une marche des fiertés qu’à une rupture du jeûne de l’Aïd.Une image à laquelle il joint un programme en forme de credo: “affordability”, rendre cette ville parmi les plus chères du monde “abordable” pour tous ceux qui ne sont pas riches, c’est-à-dire la majorité de ses quelque 8,5 millions d’habitants. Pour cela, il promet plus de loyers encadrés, des crèches et des bus gratuits, des épiceries de quartier gérées par la ville.Farouche défenseur de la cause palestinienne depuis ses années étudiantes, ses prises de position sur Israël (qualifié de “régime d’apartheid”) et la guerre à Gaza (un “génocide”), lui valent l’hostilité d’une partie de la communauté juive. Pour tenter de rassurer, il n’a eu de cesse ces derniers mois de se montrer ferme contre l’antisémitisme.Énergique opposant à Donald Trump, qui le qualifie de “petit communiste”, Zohran Mamdani est paradoxalement, comme lui, un “outsider” dans un vieux monde politique dont les électeurs ne veulent plus, estime Costas Panagopoulos, professeur en sciences politiques à la Northeastern University.”Il a réussi à rallier le soutien des électeurs insatisfaits, les New-Yorkais frustrés par le statu quo et qui estiment que l’establishment ignore leurs besoins et leurs priorités”, dit-il.Le jeune élu fan de cricket et de football, récemment marié à l’illustratrice américaine Rama Duwaji, a su également mettre à profit ses qualités de militant, avec une campagne de porte-à-porte et de tractage efficace, et une utilisation massive, innovante et souvent drôle, des réseaux sociaux.Pour Lincoln Mitchell, de l’université Columbia, “il a incarné une sorte d’hybride entre une campagne à l’ancienne des années 1970 et une campagne ultra-moderne de 2025”.
Dans la prison californienne de San Quentin, un festival de cinéma derrière les barreaux
Organisé dans une prison tristement célèbre, abritant certains des criminels les plus violents des Etats-Unis, le festival de cinéma de San Quentin n’a rien d’un événement californien ordinaire.Les interviews sur le tapis rouge se déroulent à quelques mètres d’une salle d’exécution où des centaines de condamnés ont été mis à mort.Des meurtriers condamnés prennent place aux côtés de célèbres acteurs et de journalistes pour assister aux projections de films réalisés par leurs codétenus. Parmi ceux-ci se trouve Ryan Pagan, qui purge une peine de 77 ans pour assassinat.”J’ai toujours voulu être acteur. Mais, malheureusement, ce n’est pas la vie que j’ai eue”, confie cet homme, des tatouages sur le haut des bras.Son film “The Maple Leaf”, réalisé derrière les barreaux, est en lice pour le prix du meilleur court métrage. Ryan Pagan, aujourd’hui âgé de 37 ans, était encore adolescent lorsqu’il a commis son crime. Il espère que ses nouveaux talents de réalisateur lui offriront un jour une “passerelle vers Hollywood et l’emploi”.Bien qu’il n’ait pas été récompensé, son film — qui raconte l’histoire d’un groupe d’entraide où des détenus affrontent leur culpabilité et leur honte — a été salué par le jury, notamment composé de la réalisatrice Celine Song (“Past Lives – Nos vies d’avant”) et l’acteur Jesse Williams (“Grey’s Anatomy”).”Pour l’instant, je me contente de faire mon travail et de me reconstruire. Une partie de l’histoire de +The Maple Leaf+ parle de gars comme moi”, explique le détenu.- “Travail exceptionnel” -Plus vieille prison de Californie, San Quentin a été pendant des décennies un établissement de haute sécurité abritant le plus grand couloir de la mort du pays.Elle a été rendue célèbre dans le monde entier par un concert de Johnny Cash en 1969.La prison est depuis devenue un symbole de la réforme pénale en Californie, qui observe un moratoire des exécutions sur décision du gouverneur.Aucune exécution n’y a plus lieu, et les programmes de réinsertion qui y sont proposées incluent notamment des ateliers de production d’un journal, de podcasts et de films. Ces projets permettent aux détenus d’acquérir des compétences professionnelles, sachant que 90% d’entre eux seront libérés un jour.Lancé l’an dernier, le festival leur offre l’opportunité de rencontrer des cinéastes venus de l’extérieur.Sa fondatrice, la dramaturge et scénariste Cori Thomas, est intervenue bénévolement dans la prison pendant des années, et souhaitait montrer à ses pairs d’Hollywood le “travail exceptionnel” réalisé à San Quentin.”Le seul moyen était qu’ils viennent ici pour le voir”, a-t-elle réalisé.Après deux éditions couronnées de succès, le festival sera élargi à une prison pour femmes en 2026.- Vertus cathartiques -La programmation du festival est aussi une occasion pour les détenus d’affronter leur passé. Incarcéré depuis 27 ans, Miguel Sifuentes a été condamné à la perpétuité pour un vol à main armée au cours duquel un policier a été tué.Le tournage du court-métrage “Warning Signs” a été, pour lui, une expérience “thérapeutique” qui l’a “transformé”. Il y joue le rôle d’un détenu qui envisage de se suicider. Des prisonniers qu’il ne connaissait pas sont venus lui parler après avoir vu le film pour se confier sur leurs propres idées suicidaires, assure-t-il.Bien qu’elle soit axée sur la réinsertion, la prison de San Quentin reste un lieu dangereux.”Nous avons eu des agressions où des infirmières ont été blessées par des détenus”, explique ainsi Kevin Healy, qui forme le personnel de l’établissement.Chance Andes, son directeur, affirme toutefois à l’AFP que le festival et la réalisation de films ont des vertus cathartiques et contribuent à “réduire la violence et les tensions à l’intérieur des murs”.Les détenus qui provoquent des bagarres ou enfreignent les règles de la prison perdent ainsi temporairement la possibilité de participer à ces activités.Selon M. Andes, elles favorisent aussi la réinsertion des prisonniers: “Si nous renvoyons des personnes dans la société sans qu’elles aient résolu leurs traumatismes et sans compétences, diplômes ou formation, elles sont plus susceptibles de récidiver et de faire davantage de victimes”, explique-t-il.
Au Kenya, cinq petits villages et une forêt au cœur de la course mondiale aux terres rares
Près de la côte kényane, cinq petits villages et une forêt se retrouvent malgré eux au coeur d’un jeu géostratégique global, impliquant notamment Chine et Etats-Unis, le sol sur lequel ils s’enracinent regorgeant de terres rares.Mrima hill, jolie colline boisée située près de la frontière tanzanienne, voit depuis quelques temps les visiteurs étrangers se succéder. Car d’importantes réserves, notamment de niobium, un minerai utilisé pour renforcer l’acier, s’y trouvent.Le site est petit: environ 3,6 km2 au total. Mais le gisement sur lequel il repose a été évalué en 2013 à 62,4 milliards de dollars (environ 47 milliards d’euros d’alors) par Cortec mining Kenya, une filiale de sociétés anglaises et de l’entreprise canadienne Pacific Wildcat Resources.Alors que la compétition s’accélère globalement pour l’accès aux terres rares, l’ex-ambassadeur par intérim des Etats-Unis au Kenya, Marc Dillard, s’est donc rendu sur place en juin, selon plusieurs villageois interrogés par l’AFP, ce qu’a confirmé la représentation diplomatique américaine à Nairobi.Washington fait de la sécurisation des minerais critiques un élément central de sa diplomatie en Afrique, espérant concurrencer le quasi-monopole de la Chine dans ce secteur stratégique.La Maison Blanche se félicite notamment d’être parvenue à un accord de paix entre le Rwanda et la République démocratique du Congo -un pays extrêmement riche en ressources minières, même si les violences perdurent dans l’est.- “Grosses voitures” -Peu avant la venue du représentant américain, un consortium australien avait fait en avril une offre pour exploiter les terres rares. Des ressortissants chinois ont également récemment tenté de visiter les lieux, où les spéculateurs fonciers affluent, affirme Juma Koja, un gardien de la communauté.”Les gens viennent ici dans de grosses voitures (…), mais nous les refoulons”, assure-t-il à l’AFP, dont une équipe a dans un premier temps également été interdite d’accès à la forêt. “Je ne veux pas que mon peuple soit exploité”, justifie-t-il.Le gardien craint des dommages environnementaux irréversibles, notamment la perte d’arbres indigènes uniques comme la grande orchidée, déjà menacée alors que l’exploitation minière n’a pas encore débuté. “Dans mon coeur, je pleure” à cette pensée, confie-t-il.La forêt luxuriante, riche en plantes médicinales, abrite en outre des sanctuaires sacrés et assure depuis longtemps la subsistance de la population, bien que plus de la moitié de celle-ci vive aujourd’hui dans une pauvreté extrême, selon des données gouvernementales.La communauté locale s’inquiète surtout d’être expulsée du fait de l’exploitation du niobium dont elle ne toucherait rien. “Où nous emmèneront-ils?”, angoisse Mohammed Riko, 64 ans, vice-président de l’Association communautaire de la forêt de Mrima Hill. “Mrima est notre vie.” Le Kenya a imposé en 2019 une interdiction nationale sur les nouvelles licences minières en raison de préoccupations concernant la corruption et la dégradation de l’environnement, interdiction qu’il a progressivement assouplie depuis.La Chine limitant de plus en plus ses propres exportations de terres rares, Nairobi voit désormais des opportunités à saisir.- “Mourir pauvres” -Le ministère des Mines kényan a annoncé cette année des “réformes audacieuses”, notamment des allégements fiscaux et une transparence accrue des licences, visant à attirer les investisseurs et à faire passer le secteur de 0,8% du PIB à 10% d’ici 2030.Mais le Kenya manque de données précises sur ses sols, estime Daniel Weru Ichang’i, professeur retraité de géologie économique à l’Université de Nairobi.”Il existe une vue romantique des mines, qui sont perçues comme un secteur où l’on fait de l’argent facilement. Il faut que nous redescendions sur terre”, observe-t-il.Le corruption, très répandue au Kenya, “rend moins attractif ce secteur, déjà à très haut risque” pour d’éventuels investisseurs, poursuit Daniel Weru Ichang’i.En 2013, le Kenya avait révoqué la licence minière accordée à Cortec Mining Kenya, invoquant des irrégularités environnementales et de licence. L’entreprise affirme de son côté s’être vue sanctionnée pour avoir refusé de payer un pot-de-vin au ministre des Mines de l’époque, ce que celui-ci nie. Elle a perdu son recours devant un tribunal international.Domitilla Mueni, trésorière de l’Association de Mrima Hill, espère malgré tout d’importantes retombées. Elle-même a planté des arbres sur son terrain et l’a cultivé — afin de maximiser les profits au cas où des entreprises minières voudraient le racheter.Et de s’interroger: “Pourquoi devrions-nous mourir pauvres alors que nous avons des minerais?”
Présidentielle à Djibouti: La voie est ouverte à une nouvelle candidature d’Ismaël Omar Guelleh
La voie est ouverte à une nouvelle candidature à la tête de Djibouti d’Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir sans partage depuis 1999: l’Assemblée nationale djiboutienne a voté dimanche à l’unanimité en faveur de la suppression dans la Constitution de la limite d’âge pour le président.Selon la Constitution du petit Etat de la Corne de l’Afrique, le chef de l’Etat ne peut pas concourir après 75 ans, ce qui empêchait M. Guelleh, 77 ans, de se présenter pour un sixième mandat à la prochaine élection présidentielle prévue en avril 2026.Sur les 65 parlementaires présents, tous ont voté en faveur de la suppression de la mention de l’âge, a affirmé à l’AFP l’ancien Premier ministre Dileita Mohamed Dileita et actuel président de l’Assemblée nationale.Ancienne colonie française jusqu’à son indépendance en 1977, Djibouti est un Etat stable en plein cœur d’une région troublée et suscite l’intérêt des grandes puissances. Il accueille notamment des bases militaires américaine, française et chinoise.Le chef de l’Etat peut désormais soit organiser un référendum sur cette question, soit demander à l’Assemblée de revoter une seconde fois sur cette modification de la Constitution, ce qui devrait intervenir le 2 novembre, a affirmé à l’AFP une source parlementaire. M. Guelleh avait laissé ouverte la porte à un nouveau mandat de cinq ans lors d’un entretien accordé en mai au magazine Jeune Afrique. “Je ne répondrai pas à cette question”, avait alors affirmé le chef de l’Etat djiboutien, interrogé sur une éventuelle nouvelle candidature. “Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’aime trop mon pays pour l’embarquer dans une aventure irresponsable et être la cause de divisions”, avait-il poursuivi.- “Pas une surprise” – Ce vote n’est “pas une surprise”, a souligné auprès de l’AFP Sonia le Gouriellec, spécialiste de la Corne de l’Afrique et professeure à l’Université catholique de Lille (France). “Il y a des contestations sur les réseaux sociaux mais je crains que l’opposition n’ait pas l’espace pour s’exprimer à Djibouti”, poursuit-elle, dans un pays qui réprime les libertés d’expression et de la presse. Dileita Mohamed Dileita a affirmé de son côté à l’AFP que ce changement de la Constitution était nécessaire pour assurer “la stabilité du petit pays, dans une région, la Corne de l’Afrique, avec la Somalie, l’Ethiopie et l’Erythrée, troublée”. “Je pense que plus de 80% de la population soutient cela”, a-t-il également affirmé. En avril 2021, le chef de l’Etat djiboutien avait été réélu avec plus de 97% des voix et son parti, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) est hégémonique au Parlement. Ismaël Omar Guelleh, dit “IOG”, a succédé en 1999 à Hassan Gouled Aptidon, père de l’indépendance de Djibouti, après avoir été pendant 22 ans son chef de cabinet.En septembre, Alexis Mohamed, un proche conseiller du président djiboutien, avait annoncé sa démission en dénonçant le “recul démocratique” et la “gestion clientéliste” du pays.Djibouti, pays parmi les moins peuplés du continent avec quelque un million d’habitants, est situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb où transite une grande part du commerce mondial entre Asie et Occident.
La Russie annonce un essai final réussi de son missile de croisière à propulsion nucléaire
La Russie a annoncé dimanche un essai final réussi de son missile de croisière à propulsion nucléaire, Bourevestnik, une arme “unique”, en pleine offensive en Ukraine et incertitude sur une nouvelle rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump.”Les tests décisifs sont désormais achevés”, a lancé le président russe, dans une vidéo diffusée par le Kremlin, lors d’une réunion avec des responsables militaires, en ordonnant de commencer à “préparer les infrastructures pour mettre en service cet armement dans les forces armées” russes.”C’est une création unique que personne d’autre dans le monde ne possède”, a assuré le maître du Kremlin, selon lequel le Bourevestnik (“oiseau de tempête” en russe) a une “portée illimitée”.Lors du dernier essai le 21 octobre, le missile Bourevestnik a passé dans l’air “environ 15 heures”, en survolant 14.000 km, a précisé pour sa part le chef de l’Etat-major russe, Valéri Guérassimov, en ajoutant que “ce n’est pas une limite” pour cet armement.”Les caractéristiques techniques du Bourevestnik permettent de l’utiliser avec une précision garantie contre des sites hautement protégés situés à n’importe quelle distance”, a-t-il affirmé.Vladimir Poutine avait annoncé le développement par l’armée russe de ces missiles, capables de surmonter selon lui quasiment tous les systèmes d’interception, en 2018, à l’époque pour faire face selon Moscou aux menaces des Etats-Unis.Sept ans plus tard, l’annonce des tests finaux du Bourevestnik intervient alors que l’armée russe continue de grignoter lentement du terrain dans certains secteurs en Ukraine, malgré de lourdes pertes, face à des forces ukrainiennes moins nombreuses.- “rationalité militaire” -Les négociations de paix entre Moscou et Kiev sont elles au point mort, malgré les efforts de médiation du président américain Donald Trump qui avait promis de mettre fin rapidement au conflit en Ukraine à son retour à la Maison Blanche en janvier.Donald Trump a reporté mardi sine die un projet de rencontre tout juste annoncé avec Vladimir Poutine à Budapest, disant ne pas vouloir de discussions “pour rien” et les Etats-Unis ont imposé le lendemain de nouvelles sanctions sur les hydrocarbures russes.Samedi, il a réitéré qu’il ne “perdrait pas son temps” à programmer une nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine sans accord en vue pour mettre fin au conflit en Ukraine.Un émissaire du Kremlin pour les questions économiques, Kirill Dmitriev, a néanmoins rencontré des responsables de l’administration Trump vendredi et samedi, a indiqué à l’AFP une source russe proche des discussions. Celles-ci devraient se poursuivre dimanche.Pour sa part, Vladimir Poutine a fait savoir dimanche qu’il ne voulait pas fixer de calendrier pour la fin des combats.”Nous n’allons rien harmoniser avec les dates ou évènements quelconques (…), nous allons nous baser sur une rationalité militaire”, a-t-il indiqué, lors de sa rencontre avec des responsables militaires.Sur le terrain, une attaque de drones russe sur Kiev a fait dans la nuit trois morts et près d’une trentaine de blessés dont six enfants, selon le maire de la capitale ukrainienne Vitali Klitschko.En Russie, une attaque de drones ukrainienne a fait dimanche un mort et un blessé dans la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, selon le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov.
Le PKK affirme retirer ses forces de la Turquie vers le nord de l’Irak
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé dimanche qu’il retirait toutes ses forces de Turquie vers le nord de l’Irak, pressant aussi Ankara de prendre “sans délai” des mesures juridiques pour sauver le processus de paix entamé il y a un an.La Turquie a salué cette annonce, y voyant des “résultats concrets” des efforts visant à mettre fin à un conflit de quatre décennies.”Nous mettons en oeuvre le retrait de toutes nos forces à l’intérieur de la Turquie”, a déclaré le PKK dans une déclaration lue lors d’une cérémonie dans le nord de l’Irak, selon un journaliste de l’AFP sur place.Le mouvement kurde a simultanément diffusé une photo montrant selon lui 25 combattants, dont huit femmes, se trouvant désormais dans le nord de l’Irak après avoir quitté la Turquie. Il n’y avait pas de confirmation dimanche matin du nombre de combattants impliqués dans ce retrait, mais des observateurs l’estiment à 200 ou 300.À la suite de discussions indirectes entamées en octobre 2024, le PKK, considéré comme terroriste par Ankara, a annoncé en mai sa dissolution, répondant à un appel en ce sens de son chef historique Abdullah Öcalan.Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, ces violences ont fait 50.000 morts, dont 2.000 soldats et causé des milliards de dollars de pertes à l’économie turque.- Voie démocratique -Le PKK dit désormais vouloir défendre les droits de la minorité kurde en Turquie par la voie démocratique comme l’a demandé M. Öcalan, figure tutélaire du mouvement malgré ses années de détention, lors de son “appel à la paix” en février. Lors d’une cérémonie en juillet dans le nord de l’Irak, au coeur de la région autonome du Kurdistan, une trentaine de combattants en treillis, avaient brûlé leurs fusils pour marquer une première phase de désarmement.Dans la foulée, en août, une commission parlementaire turque chargée de préparer un cadre légal au processus de paix a démarré ses travaux qui devront entre autres décider par exemple du sort d’Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali au large d’Istanbul, et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.- Plus qu’une amnistie? -Lors de sa cérémonie dimanche, le PKK a ainsi appelé la Turquie à prendre les mesures juridiques nécessaires à la poursuite du processus de paix et à permettre l’intégration de ses militants dans la vie politique.”Les mesures juridiques et politiques voulues par le processus” et les lois “nécessaires à la participation à la vie politique démocratique doivent être mises en place sans délai”, a souligné le PKK dans sa déclaration. “Nous voulons des lois spécifiques à ce processus (de paix), pas simplement une amnistie” pour les membres du PKK, a déclaré sur place à des journalistes Sabri Ok, un cadre du mouvement, en soulignant l’importance que ces mesures garantissent la “liberté”. M. Öcalan, dont la libération est au coeur des demandes du PKK dans ce processus avec Ankara, a été autorisé en septembre, pour la première fois depuis six ans, à rencontrer ses avocats. Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla et la population kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population de ce pays de 86 millions d’habitants, épuisé par OHAMMEDun long conflit ce qui a favorisé ces pour pourparlers indirects de paix.Le parti pro-kurde DEM, troisième force au Parlement turc, a joué un rôle clé pour ce processus, en servant notamment d’intermédiaire entre Ankara et le PKK. Selon des médias turcs, une délégation du DEM doit à nouveau rencontrer le président Erdogan dans les prochains jours avant de se rendre sur l’île-prison d’Imrali pour s’entretenir avec M. Öcalan.







