AFP World
Affaire Grégory: 41 ans plus tard, une mise en examen relance l’enquête
Plus de 40 ans après le meurtre du petit Grégory, sa grand-tante a été une nouvelle fois mise en examen, vendredi, soupçonnée d’être le “corbeau” qui a revendiqué l’assassinat, sa défense dénonçant une nouvelle “erreur” dans cette enquête chaotique.Âgée de 81 ans, Jacqueline Jacob a été mise en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation à l’enlèvement de Grégory, un crime passible de dix ans d’emprisonnement, a indiqué le procureur général de Dijon, Philippe Astruc, après plus d’une heure et demie d’interrogatoire de Mme Jacob à la cour d’appel de Dijon, dont elle est ressortie libre.La grand-tante, dont l’époux est un frère de la grand-mère du petit garçon, est soupçonnée d’être l’un des corbeaux – il y en aurait cinq selon une expertise – qui ont menacé pendant des années la famille de Grégory Villemin. C’est elle qui aurait également revendiqué le meurtre de Grégory Villemin, retrouvé noyé pieds et mains liés à l’âge de quatre ans le 16 octobre 1984 dans la Vologne, une rivière des Vosges, selon les juges enquêteurs.Cette mise en examen “ne pèse pas bien lourd” et “ne vaut pas tripette”, a fustigé Me Stéphane Giuranna, un des trois avocats de Mme Jacob, annonçant que la défense fera appel, “sur la forme et sur le fond”. Le conseil a notamment rappelé qu’une expertise vocale avait dans le passé déterminé que le corbeau était “un homme âgé de 45 à 55 ans”.”La justice n’apprend pas de ses erreurs”, a estimé Me Alexandre Bouthier, autre avocat de Mme Jacob, évoquant notamment la première mise en examen de sa cliente, en 2017, pour “enlèvement et séquestration suivie de mort” et qui avait alors été emprisonnée durant quatre jours. Cette mise en examen avait été annulée en mai 2018, pour un vice de forme, dans un énième couac de la laborieuse enquête.- La stylométrie, un “gadget” -Me Bouthier a de plus qualifié de “gadget” les études de stylométrie, technique qui s’attache à analyser l’orthographe et les tournures de phrases et qui accable Mme Jacob.Selon l’arrêt ordonnant son interrogatoire, que l’AFP a pu consulter, une étude de stylométrie soutient “très fortement l’hypothèse” que Mme Jacob a écrit la lettre du 16 octobre 1984 revendiquant le crime. “J’espère que tu mourras de chagrin le chef (…) Voilà ma vengeance. Pauvre con”, disait le courrier. “La stylométrie est loin d’être un gadget”, a répondu à l’AFP Marie-Christine Chastant-Morand, avocate des parents du petit Grégory. “C’est un moyen scientifique nouveau qui sonne la signature, l’empreinte de l’expression” d’une personne, a-t-elle estimé, disant garder “espoir” que la vérité éclatera, “avec tous les moyens possibles pour la faire émerger”.”Les parents (de Grégory) sont déterminés”, a-t-elle ajouté.Les juges enquêteurs estiment que Mme Jacob serait également à l’origine de l’appel téléphonique anonyme de revendication passé le jour du meurtre.”Je pense avoir reconnu” sa voix, avait déclaré son beau-frère, René Jacob, après avoir écouté un enregistrement du corbeau devant les gendarmes le 2 août 2022.Dès le début des investigations, les enquêteurs avaient pointé du doigt la haine farouche entre les Jacob et les Villemin, faite de jalousies ancestrales qui peuplent parfois les campagnes.Jacqueline Jacob, déléguée CGT, aurait traité Jean-Marie Villemin, père de Grégory et contremaître, de “chef de mes couilles” en 1982, selon des témoins. Les époux Marcel et Jacqueline Jacob ont nié toute haine.Ajoutant encore un peu plus de complexité à cette enquête aussi longue que laborieuse, le procureur général a averti qu’il y avait un “risque juridique” que l’association de malfaiteurs soit prescrite et que, en conséquence, la mise en examen de Mme Jacob soit annulée. “C’est un enjeu majeur”, a-t-il dit, précisant que la défense de Mme Jacob pouvait saisir la justice à ce propos.Toujours est-il que la mise en examen représente une “étape importante” dans l’enquête, a malgré tout estimé M. Astruc, réitérant “la volonté pleine et entière de continuer la recherche la vérité la plus complète possible dans cette affaire”.”Nous le devons à un petit enfant de 4 ans”, a-t-il dit.
Rubio optimiste sur la mise en place d’une force internationale à Gaza
Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, en visite en Israël pour consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza, s’est dit optimiste vendredi en affirmant que plusieurs pays étaient prêts à participer à une force internationale de stabilisation.M. Rubio a achevé une série de visites de hauts responsables américains en Israël, après celles de l’émissaire Steve Witkoff, de Jared Kushner, le gendre du président Donald Trump, et du vice-président JD Vance.Le secrétaire d’Etat, arrivé jeudi en Israël, s’est dit “optimiste” sur le maintien du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, en vigueur depuis le 10 octobre et basé sur le plan de Donald Trump qui vise à mettre fin définitivement à deux ans de guerre.Il a affirmé que “de nombreux pays” avaient “proposé” de participer à la Force internationale de stabilisation (ISF) qui, aux termes du plan Trump, doit se déployer dans le territoire palestinien à mesure que l’armée israélienne s’en retirera.”Il faudra que ce soient des personnes ou des pays avec lesquels Israël se sente à l’aise”, a toutefois averti M. Rubio, en précisant qu’Israël aurait un droit de veto sur la composition de la force et pourrait notamment s’opposer à la participation de la Turquie.Premier pays à majorité musulmane à avoir reconnu Israël, la Turquie, sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan, a accueilli des dirigeants du Hamas et s’est montrée une critique virulente d’Israël.En outre, M. Rubio a déclaré que les Etats-Unis pourraient chercher à obtenir un mandat des Nations unies pour l’ISF, réclamé par certains pays.Tous les responsables américains en visite ces derniers jours en Israël se sont montrés rassurants sur la tenue du cessez-le-feu, qui avait semblé fragilisé dimanche par des bombardements israéliens sur Gaza, déclenchés par des tirs qui ont coûté la vie à deux soldats.- Normalisation -En visite vendredi au Centre de coordination militaro-civile (CCMC), l’organisme de surveillance de la trêve sous supervision américaine, à Kiryat Gat, dans le sud-ouest d’Israël, M. Rubio a évoqué un éventuel élargissement des accords d’Abraham, par lesquels les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc ont normalisé en 2020 leurs relations avec Israël.”Beaucoup de pays ont manifesté leur intérêt” pour ces accords, a-t-il dit. “Il y en a qui sont plus grands que d’autres”, a-t-il ajouté, sans préciser de quels pays il parlait.L’Arabie saoudite, qui abrite les sanctuaires les plus importants de l’islam, est en pourparlers avec les Etats-Unis depuis des années en vue de normaliser ses relations avec Israël.Mais Ryad réclame désormais la création d’un Etat palestinien en échange d’une normalisation.Par ailleurs, la question de l’annexion de la Cisjordanie s’est invitée dans le ballet diplomatique américain, avec un vote à la Knesset mercredi en faveur de l’examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne sur ce territoire palestinien, occupé par Israël depuis 1967.Jeudi soir, Donald Trump a assuré depuis Washington qu'”Israël perdrait tout le soutien des Etats-Unis si cela se produisait”. Une position répétée vendredi par son secrétaire d’Etat.M. Netanyahu a de son côté évacué jeudi toute suggestion de tension avec les Etats-Unis, en qualifiant M. Rubio d'”ami extraordinaire d’Israël”.Outre le déploiement de l’ISF, les phases ultérieures du plan Trump prévoient un nouveau retrait israélien de Gaza, le désarmement du Hamas et la reconstruction du territoire notamment.Le mouvement islamiste palestinien a jusqu’à présent refusé d’envisager son désarmement et ses combattants se sont redéployés dans plusieurs secteurs de Gaza depuis le début de la trêve, affrontant des groupes armés dont il accuse certains de “collaborer” avec Israël. Parallèlement, vendredi, l’épouse de Marwan Barghouti, célèbre dirigeant palestinien écroué en Israël depuis 2002, a appelé Donald Trump à aider à sa libération.L’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023, a entraîné du côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. L’offensive israélienne menée en représailles a fait 68.280 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans le petit territoire, où l’aide entre en quantité “insuffisante” malgré la trêve, a averti jeudi l’Organisation mondiale de la Santé.
Affaire Grégory: 41 ans plus tard, une mise en examen relance l’enquête
Plus de 40 ans après le meurtre du petit Grégory, sa grand-tante a été une nouvelle fois mise en examen, vendredi, soupçonnée d’être le “corbeau” qui a revendiqué l’assassinat, sa défense dénonçant une nouvelle “erreur” dans cette enquête chaotique.Âgée de 81 ans, Jacqueline Jacob a été mise en examen pour association de malfaiteurs, a indiqué Me Stéphane Giuranna, un des trois avocats de Mme Jacob, après plus d’une heure et demie d’interrogatoire de sa cliente à la cour d’appel de Dijon.L’association de malfaiteurs criminelle qualifie une entente en vue de préparer un crime, même si la personne poursuivie ne l’a pas commis ou si aucun élément ne permet de le prouver.La grand-tante, dont l’époux est un frère de la grand-mère du petit garçon, est soupçonnée d’être l’un des corbeaux – il y en aurait cinq selon une expertise – qui ont menacé pendant des années la famille de Grégory Villemin. C’est elle qui aurait également revendiqué le meurtre de Grégory Villemin, retrouvé noyé pieds et mains liés à l’âge de quatre ans le 16 octobre 1984 dans la Vologne, une rivière des Vosges, selon les juges enquêteurs.La défense fera appel de la mise en examen, “sur la forme et sur le fond”, a averti Me Giuranna, voyant dans le fait que Mme Jacob est ressortie de la cour “sans aucune mesure de coercition ni même un contrôle judiciaire” la preuve que cette mise en examen “ne pèse pas bien lourd et que ça vaut pas tripette”.L’avocat a rappelé qu’une expertise vocale avait dans le passé déterminé que le corbeau est “un homme âgé de 45 à 55 ans”.La grand-tante “a répondu à toutes les questions” et “n’a jamais été prise au dépourvu”, a-t-il asséné.”La justice n’apprend pas de ses erreurs”, a estimé Me Alexandre Bouthier, autre avocat de Mme Jacob, notamment quand sa cliente avait déjà été mise en examen, en 2017, alors pour “enlèvement et séquestration suivie de mort”, et même emprisonnée durant quatre jours. Cette mise en examen avait été annulée en mai 2018, pour un vice de forme, dans un énième couac de la laborieuse enquête.- La stylométrie, un “gadget” -Me Bouthier a de plus qualifié de “gadget” les études de stylométrie, technique qui s’attache à analyser l’orthographe et les tournures de phrases. Selon l’arrêt ordonnant l’interrogatoire de Mme Jacob, que l’AFP a pu consulter, une étude de stylométrie soutient “très fortement l’hypothèse” que Mme Jacob a écrit la lettre du 16 octobre 1984 revendiquant le crime. “J’espère que tu mourras de chagrin le chef (…) Voilà ma vengeance. Pauvre con”, disait le courrier. “La stylométrie est loin d’être un gadget”, a répondu à l’AFP Marie-Christine Chastant-Morand, avocate des parents du petit Grégory. “C’est un moyen scientifique nouveau qui sonne la signature, l’empreinte de l’expression” d’une personne, a-t-elle estimé, disant garder “espoir” que la vérité éclatera, “avec tous les moyens possibles pour la faire émerger”.”Les parents (de Grégory) sont déterminés”, a-t-elle ajouté.Les juges enquêteurs estiment que Mme Jacob serait également à l’origine de l’appel téléphonique anonyme de revendication passé le jour du meurtre.”Je pense avoir reconnu” sa voix, avait déclaré son beau-frère, René Jacob, après avoir écouté un enregistrement du corbeau devant les gendarmes le 2 août 2022.Dès le début des investigations, les enquêteurs avaient pointé du doigt la haine farouche entre les Jacob et les Villemin, faite de jalousies ancestrales qui peuplent parfois les campagnes.Jacqueline Jacob, déléguée CGT, aurait traité Jean-Marie Villemin, père de Grégory et contremaître, de “chef de mes couilles” en 1982, selon des témoins. Les époux Marcel et Jacqueline Jacob ont nié toute haine.La défense de Mme Jacob souligne de plus que, dans des réquisitions que les juges ne sont pas tenus de suivre, le procureur général de Dijon lui-même, Philippe Astruc, avait estimé la mise en examen de Mme Jacob non justifiée.Les arguments à charge “ne suffisent pas à constituer des indices graves ou concordants”, avait estimé M. Astruc, soulignant notamment qu’une expertise de 1991 avait attribué la lettre de revendication du crime, non pas à Mme Jacob, mais à Bernard Laroche, cousin du père de Grégory qui avait été inculpé puis tué par Jean-Marie Villemin.


