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Darmanin annonce un “renforcement sans précédent” des moyens contre le crime organisé en Corse

Création d’un pôle spécialisé contre la criminalité organisée à Bastia, arrivée de nouveaux personnels de justice: à Ajaccio, le ministre de la Justice a annoncé jeudi “un renforcement sans précédent” des moyens contre le crime organisé en Corse, dans un discours salué comme “décisif”.A l’appui d’une nouvelle circulaire de politique pénale territoriale “d’ici un mois”, avec pour axes principaux “la lutte contre la drogue et le blanchiment”, Gérald Darmanin a annoncé l’arrivée sous 20 mois de “17 magistrats, 21 greffiers et 12 attachés de justice spécialisés”, un renforcement présenté comme “sans précédent”. S’exprimant devant l’Assemblée de Corse, dans le cadre d’une session dédiée aux “dérives mafieuses” dans l’île de Beauté, le garde des Sceaux a également fait part de son projet de “création d’un pôle spécialisé contre la criminalité organisée basée à Bastia, qui comprendra procureurs et juges du siège.” Selon le ministre, il s’agira d’un pôle spécialisé “comme il n’en existe nulle part ailleurs sur le territoire de la République”.  Enfin, dans une déclaration unanimement saluée par les élus corses, il a annoncé le retrait des condamnés et mis en examen corses du Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes (Fijait), “afin qu’aucun amalgame avec les terroristes islamistes ne soit au rendez-vous”.Il répondait ainsi à une demande forte du mouvement indépendantiste Core in Fronte.Dans ce qu’il a défini comme “une révolution contre le crime organisé”, le ministre est ensuite revenu sur la proposition de loi contre le narcotrafic adoptée en première lecture au Sénat, en janvier, rappelant son soutien à “la création du Pnaco (procureur national anti-criminalité organisée, ndlr) au 1er janvier 2026”, “l’extension de la confiscation de tous les avoirs criminels” et “la création d’un véritable régime de repenti” élargi aux crimes de sang.- “Les pieds dans le plat” -Saluant “un moment politique majeur”, un “discours important, sans doute décisif”, Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, a demandé “le temps de réfléchir à ces mesures pour en discuter ensemble ensuite”.Face “aux dérives mafieuses” qui gangrènent la Corse, le pouvoir politique autonomiste local devait proposer officiellement 30 mesures concrètes jeudi après-midi. Parmi ces mesures, dévoilées depuis près d’une semaine, ne figurent cependant pas les principales réformes juridiques adoptées au Sénat, à la stupéfaction des deux collectifs anti-mafia insulaires.Dans ce rapport, qui s’apparente surtout à un plaidoyer pour l’autonomie de l’île, Gilles Simeoni, ex-avocat pénaliste, notamment d’Yvan Colonna (condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998 et décédé en 2022 après avoir été agressé par un codétenu à la prison d’Arles), fait ainsi part de son “désaccord” avec plusieurs mesures inspirées du droit italien et retenues dans la proposition de loi contre le narcotrafic adoptée à l’unanimité par le Sénat.Parmi les principales propositions des élus autonomistes corses, issues de deux ans d’échanges avec associations et collectifs, figurent par contre la création d’une “instance consultative spécifique à la lutte contre les dérives mafieuses” et la volonté de “combattre les clichés positifs associés à la mafia”.Dans une réaction auprès du journal Corse-Matin, Jean-Toussaint Plasenzotti, représentant du collectif anti-mafia “Massimu Susini”, du nom de son neveu, militant nationaliste assassiné en septembre 2019 à Cargèse (Corse-du-Sud), a salué la prise de parole du ministre: “Son discours nous satisfait, il met les pieds dans le plat. Il dit qu’il faut des outils contre cette criminalité singulière qu’est la mafia”.”Quand vous avez des élus territoriaux qui tournent autour du pot et sortent des laïus sur la lutte nationaliste, etc. ça suffit. Aujourd’hui il y a une urgence”, a-t-il insisté, “il faut que les gens prennent leurs responsabilités”. Invité jeudi matin devant l’Assemblée de Corse, l’ancien maire de Palerme, Leoluca Orlando, venu témoigner de son combat contre la mafia en Sicile, s’est lui aussi montré favorable à un durcissement des lois, sur le modèle italien: “On est aux limites de l’Etat du droit. Mais aux limites de la dictature, risque de se trouver la mafia”, a-t-il déclaré.Cette session jeudi intervenait dans un climat très lourd, après le meurtre d’un jeune pompier avant Noël à Ajaccio, puis celui d’une étudiante de 18 ans, vraisemblablement ciblée par erreur, le 15 février à Ponte-Leccia (Haute-Corse), dans une île où le nombre d’homicides rapporté à la population est le plus élevé de France métropolitaine.

Turquie: le chef kurde Öcalan appelle le PKK à se dissoudre

Le fondateur et chef historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan a demandé jeudi au mouvement armé de se dissoudre et de déposer les armes après quatre décennies de guerilla.  “Tous les groupes doivent déposer les armes et le PKK doit se dissoudre”, a ordonné M. Öcalan dans une déclaration lue par des députés kurdes qui lui ont rendu visite jeudi dans sa prison au large d’Istanbul.Le leader kurde dit “assumer la responsabilité historique de cet appel”.Son message, attendu depuis des semaines, a été lu en kurde puis en turc devant une foule compacte de journalistes réunis dans un hôtel du centre d’Istanbul, devant une large photo montrant le chef historique du PKK, les cheveux blanchis, une feuille blanche en main.Une délégation du parti prokurde DEM s’était entretenue pendant trois heures jeudi matin avec M. Öcalan, détenu à l’isolement depuis 26 ans.Des centaines de personnes se rassemblées en dansant et en chantant dans plusieurs villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, pour la lecture de son message.Des écrans géants ont aussi été dressés dans le nord de la Syrie et de l’Irak où vit également une forte minorité kurde.Abdulah Öcalan, 75 ans, avait exprimé lors de précédentes rencontres avec des députés prokurdes sa “détermination” à tourner la page de la lutte armée.”Si les conditions se présentent, j’ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique”, avait-il assuré fin octobre à l’un de ses interlocuteurs.Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000 puis en 2013, avaient fait long feu, cédant la place à des flambées de violence.”Des millions de personnes prient pour une solution”, a affirmé mardi le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan.- “Expression démocratique” -Cette fois, “la puissance militaire de la Turquie empêche depuis longtemps le PKK d’agir sur le terrain”, souligne Boris James, historien français spécialiste des Kurdes.Selon Tuncer Bakirhan, M. Öcalan “ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible” dans le pays, a-t-il indiqué récemment.Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l’intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement après vingt-six ans de détention.Une remise en liberté paraît cependant peu probable, étant donné les menaces de vengeance qui pèsent sur Abdullah Öcalan.- “Main tendue aux frères kurdes” -Le président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est peu exprimé sur le sujet, a confirmé à plusieurs reprises la politique de “la main tendue aux frères kurdes”, qui constituent la principale minorité de Turquie (20% de la population environ), tout en accentuant la pression sur l’opposition, en particulier sur le parti DEM, dont dix maires ont été démis de leurs fonctions depuis leur élection l’an dernier.C’est le cas du populaire maire de Mardin (sud-est) et figure du mouvement kurde, Ahmet Türk, 82 ans, qui s’est rendu jeudi à Imrali et a lu le message d’Abdullah Öcalan en kurde.Des vagues d’arrestations ont été conduites contre des centaines de personnes – militants politiques, élus, artistes, journalistes – accusées de “terrorisme”.Cependant, et en dépit du charisme intact d'”Apo” Öcalan, une vaste incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l’Irak.”Ils peuvent arguer qu’Öcalan étant détenu, sa parole n’est pas libre et continuer le combat”, redoute un diplomate occidental qui prédit alors une riposte militaire immédiate d’Ankara. La Turquie accuse aussi le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes (FDS).Or les FDS sont soutenues par les Etats-Unis au nom de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique. Et nul ne connait à ce stade les intentions de Washington, qui maintient des forces sur place, relève l’historien Hamit Bozarslan, de l’EHESS à Paris: “c’est la clé”, soutient-il.Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a appelé à plusieurs reprises les nouvelles autorités de Damas, alliées d’Ankara, à expulser “les combattants non syriens” issus du PKK. “Ce n’est pas seulement une menace pour notre sécurité, mais pour la région entière”, a-t-il estimé.

Turquie: le chef kurde Öcalan appelle le PKK à se dissoudre

Le fondateur et chef historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan a demandé jeudi au mouvement armé de se dissoudre et de déposer les armes après quatre décennies de guerilla.  “Tous les groupes doivent déposer les armes et le PKK doit se dissoudre”, a ordonné M. Öcalan dans une déclaration lue par des députés kurdes qui lui ont rendu visite jeudi dans sa prison au large d’Istanbul.Le leader kurde dit “assumer la responsabilité historique de cet appel”.Son message, attendu depuis des semaines, a été lu en kurde puis en turc devant une foule compacte de journalistes réunis dans un hôtel du centre d’Istanbul, devant une large photo montrant le chef historique du PKK, les cheveux blanchis, une feuille blanche en main.Une délégation du parti prokurde DEM s’était entretenue pendant trois heures jeudi matin avec M. Öcalan, détenu à l’isolement depuis 26 ans.Des centaines de personnes se rassemblées en dansant et en chantant dans plusieurs villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, pour la lecture de son message.Des écrans géants ont aussi été dressés dans le nord de la Syrie et de l’Irak où vit également une forte minorité kurde.Abdulah Öcalan, 75 ans, avait exprimé lors de précédentes rencontres avec des députés prokurdes sa “détermination” à tourner la page de la lutte armée.”Si les conditions se présentent, j’ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique”, avait-il assuré fin octobre à l’un de ses interlocuteurs.Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000 puis en 2013, avaient fait long feu, cédant la place à des flambées de violence.”Des millions de personnes prient pour une solution”, a affirmé mardi le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan.- “Expression démocratique” -Cette fois, “la puissance militaire de la Turquie empêche depuis longtemps le PKK d’agir sur le terrain”, souligne Boris James, historien français spécialiste des Kurdes.Selon Tuncer Bakirhan, M. Öcalan “ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible” dans le pays, a-t-il indiqué récemment.Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l’intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement après vingt-six ans de détention.Une remise en liberté paraît cependant peu probable, étant donné les menaces de vengeance qui pèsent sur Abdullah Öcalan.- “Main tendue aux frères kurdes” -Le président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est peu exprimé sur le sujet, a confirmé à plusieurs reprises la politique de “la main tendue aux frères kurdes”, qui constituent la principale minorité de Turquie (20% de la population environ), tout en accentuant la pression sur l’opposition, en particulier sur le parti DEM, dont dix maires ont été démis de leurs fonctions depuis leur élection l’an dernier.C’est le cas du populaire maire de Mardin (sud-est) et figure du mouvement kurde, Ahmet Türk, 82 ans, qui s’est rendu jeudi à Imrali et a lu le message d’Abdullah Öcalan en kurde.Des vagues d’arrestations ont été conduites contre des centaines de personnes – militants politiques, élus, artistes, journalistes – accusées de “terrorisme”.Cependant, et en dépit du charisme intact d'”Apo” Öcalan, une vaste incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l’Irak.”Ils peuvent arguer qu’Öcalan étant détenu, sa parole n’est pas libre et continuer le combat”, redoute un diplomate occidental qui prédit alors une riposte militaire immédiate d’Ankara. La Turquie accuse aussi le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes (FDS).Or les FDS sont soutenues par les Etats-Unis au nom de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique. Et nul ne connait à ce stade les intentions de Washington, qui maintient des forces sur place, relève l’historien Hamit Bozarslan, de l’EHESS à Paris: “c’est la clé”, soutient-il.Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a appelé à plusieurs reprises les nouvelles autorités de Damas, alliées d’Ankara, à expulser “les combattants non syriens” issus du PKK. “Ce n’est pas seulement une menace pour notre sécurité, mais pour la région entière”, a-t-il estimé.

Les Etats-Unis vont expulser les personnes trans de l’armée, sauf dérogation

Les Etats-Unis vont expulser les personnes transgenres de l’armée sauf dérogations spéciales, selon une note de service du Pentagone publiée mercredi et qui apparaît comme un nouveau coup porté à la communauté LGBT+. “Les militaires qui ont un diagnostic ou des antécédents de dysphorie de genre, ou qui présentent des symptômes compatibles avec celle-ci, seront sortis du service” actif, indique la note, publiée dans le cadre d’une procédure judiciaire.Le nouveau président Américain Donald Trump avait déjà signé fin janvier un décret interdisant le recrutement de personnes trans dans l’armée, une décision contestée en justice.La note dévoilée dans le cadre de cette procédure révèle que désormais les personnes trans déjà dans l’armée encourent elles aussi une expulsion du service actif.Seules des dérogations “au cas par cas”, justifiant d’un “intérêt gouvernemental impérieux” à conserver certains membres de l’armée, pourront être accordées, précise le mémo.Pour obtenir une telle dérogation, les intéressés devront en outre prouver qu’ils n’ont jamais tenté de changer de sexe et qu’ils ont passé “36 mois consécutifs dans une situation stable” sur le plan social et professionnel notamment, selon ce texte.Concernant le recrutement, des dérogations pourront également être accordées en cas d'”intérêt gouvernemental impérieux” à ce que ces candidats rejoignent l’armée.Ceux-ci devront en outre se montrer “désireux et capables d’adhérer à toutes les normes applicables, y compris les normes liées au sexe du candidat”.Ces nouvelles mesures devraient commencer à entrer en vigueur dans 30 jours, selon le texte.- “Normes rigoureuses” -L’armée américaine avait levé en 2016, pendant le second mandat du démocrate Barack Obama, l’interdiction faite aux personnes transgenres de servir dans l’armée.La première administration Trump avait déjà réussi à faire annuler cette disposition en 2019 à l’issue d’une longue bataille juridique tranchée par la Cour suprême.Dès son investiture en 2021, le démocrate Joe Biden avait toutefois rétabli l’autorisation faite aux personnes trans de servir dans l’armée.Dans son décret de janvier, M. Trump avait jugé qu'”exprimer une fausse +identité de genre+, divergente du sexe d’un individu ne peut satisfaire aux normes rigoureuses nécessaires au service militaire”.Conformément à ses promesses de campagne, le dirigeant républicain a également mis fin le mois dernier aux aides publiques aux agences fédérales pour les traitements de transition de genre des mineurs.Soutenu par un électorat en partie très conservateur, Donald Trump a à plusieurs reprises juré d’en finir avec ce qu’il qualifie d'”idéologie transgenre” voire de “délire transgenre”, tout comme il fustige les politiques de diversité, promues par la gauche américaine.Dès son investiture, le président avait affirmé que son administration n’allait “reconnaître” l’existence que de “deux sexes”.”Pour nous assurer que nous disposons de la force combattante la plus létale au monde, nous allons débarrasser notre armée de l’idéologie transgenre”, avait-il martelé fin janvier.

Dernières heures à Rome pour un accord financier sur la sauvegarde de la nature

La grande conférence biodiversité des Nations unies examine jeudi à Rome un ultime compromis poussé par le Brésil pour dépasser l’interminable dispute Nord-Sud sur le financement des efforts mondiaux pour stopper la destruction de la nature.Riches nations et pays en développement, qui s’étaient quittés fâchés en novembre à la COP16 biodiversité de Cali (Colombie), ont entamé par des déclarations plus feutrées au dernier jour des prolongations, organisées depuis mardi au siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).Le Brésil, “réellement déçu” mercredi soir par le projet d’accord de la présidence colombienne, a suggéré jeudi matin quelques évolutions, accueillies par une Union européenne “prudemment favorable”.La proposition a été formulée au nom des BRICS, le bloc des économies émergentes présidé cette année par Brasilia et qui réunit notamment la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.Elle doit être débattue dans l’après-midi lors de consultations à portes closes, avant de nouvelles joutes oratoires dans la salle plénière, qui pourraient se prolonger dans la nuit.”Nous n’avons plus de temps (…) c’est la fin de la partie”, a exhorté la présidente de la COP16, Susana Muhamad. La ministre colombienne de l’Environnement cherche à éviter un nouveau fiasco pour le multilatéralisme environnemental, déjà fragilisé par l’enlisement des négociations sur la pollution plastique et le retard de l’humanité sur ses objectifs climatiques.”Ne laissez pas le silence être notre héritage”, proclamaient les tracts distribués aux négociateurs par des jeunes venus les accueillir dans le hall d’entrée sur fond de bruits de forêt tropicale.- Bataille de fonds -Le projet d’accord, recherché sur fonds de vives tensions commerciales et géopolitiques, vise à clarifier les deux objectifs de la diplomatie environnementale pour les cinq prochaines années. Le premier: comment lever des centaines de milliards de dollars pour arrêter d’ici 2030 la destruction de la nature qui menace l’alimentation de l’humanité, sa santé, la régulation du climat par les mers et les forêts, et la survie d’un million d’espèces menacées d’extinction.Ensuite, comment gérer et répartir équitablement les fonds, destinés à restaurer les écosystèmes et à combattre la déforestation, la surexploitation des ressources, les pollutions, etc.Ces buts sont ceux fixés par l’accord de Kunming-Montréal, scellé fin 2022 à la COP15 de la Convention sur la diversité biologique (CDB).Ils doivent être atteints en atteignant d’ici 2030 23 objectifs, dont le plus emblématique prévoit de placer 30% des terres et mers dans des aires protégées (contre 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).Autre objectif, porter à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses de la protection de la nature, dont 30 milliards d’aide des pays développés aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022).- Créer un fonds ? -Mais le principal point d’achoppement est la revendication des pays en développement de créer un fonds dédié à la protection de la nature et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la CDB depuis 1992.Les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des États-Unis, non-signataires de la convention mais important contributeur financier – y sont hostiles: ils craignent une fragmentation de l’aide au développement, déjà menacée par les crises budgétaires et l’effacement de l’aide américaine depuis l’élection de Donald Trump.Les Etats-Unis, observateurs influents lors des précédentes COP, ont renoncé à faire le déplacement à Rome.Pour les pays développés, il faut avant tout “améliorer les performances” des instruments existants, le Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire adoptée en 2022 et modestement dotée (400 millions de dollars).Le projet d’accord renvoie ensuite à la COP18, en 2028, le soin de décider s’il faut un nouveau fonds ou si des instruments existants peuvent être transformés pour correspondre aux attentes des pays en développement, qui sont nombreux, pays africains en tête, à les juger inéquitables et difficiles d’accès.Même en cas d’accord à Rome, celui-ci laissera un goût amer, trois mois après un compromis financier Nord-Sud adopté dans la douleur à la COP29 sur le climat à Bakou. Le Brésil a déjà prévenu que les progrès douloureux réalisés à la CBD risquaient de se répercuter sur d’autres négociations cette année.

Dernières heures à Rome pour un accord financier sur la sauvegarde de la nature

La grande conférence biodiversité des Nations unies examine jeudi à Rome un ultime compromis poussé par le Brésil pour dépasser l’interminable dispute Nord-Sud sur le financement des efforts mondiaux pour stopper la destruction de la nature.Riches nations et pays en développement, qui s’étaient quittés fâchés en novembre à la COP16 biodiversité de Cali (Colombie), ont entamé par des déclarations plus feutrées au dernier jour des prolongations, organisées depuis mardi au siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).Le Brésil, “réellement déçu” mercredi soir par le projet d’accord de la présidence colombienne, a suggéré jeudi matin quelques évolutions, accueillies par une Union européenne “prudemment favorable”.La proposition a été formulée au nom des BRICS, le bloc des économies émergentes présidé cette année par Brasilia et qui réunit notamment la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.Elle doit être débattue dans l’après-midi lors de consultations à portes closes, avant de nouvelles joutes oratoires dans la salle plénière, qui pourraient se prolonger dans la nuit.”Nous n’avons plus de temps (…) c’est la fin de la partie”, a exhorté la présidente de la COP16, Susana Muhamad. La ministre colombienne de l’Environnement cherche à éviter un nouveau fiasco pour le multilatéralisme environnemental, déjà fragilisé par l’enlisement des négociations sur la pollution plastique et le retard de l’humanité sur ses objectifs climatiques.”Ne laissez pas le silence être notre héritage”, proclamaient les tracts distribués aux négociateurs par des jeunes venus les accueillir dans le hall d’entrée sur fond de bruits de forêt tropicale.- Bataille de fonds -Le projet d’accord, recherché sur fonds de vives tensions commerciales et géopolitiques, vise à clarifier les deux objectifs de la diplomatie environnementale pour les cinq prochaines années. Le premier: comment lever des centaines de milliards de dollars pour arrêter d’ici 2030 la destruction de la nature qui menace l’alimentation de l’humanité, sa santé, la régulation du climat par les mers et les forêts, et la survie d’un million d’espèces menacées d’extinction.Ensuite, comment gérer et répartir équitablement les fonds, destinés à restaurer les écosystèmes et à combattre la déforestation, la surexploitation des ressources, les pollutions, etc.Ces buts sont ceux fixés par l’accord de Kunming-Montréal, scellé fin 2022 à la COP15 de la Convention sur la diversité biologique (CDB).Ils doivent être atteints en atteignant d’ici 2030 23 objectifs, dont le plus emblématique prévoit de placer 30% des terres et mers dans des aires protégées (contre 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).Autre objectif, porter à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses de la protection de la nature, dont 30 milliards d’aide des pays développés aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022).- Créer un fonds ? -Mais le principal point d’achoppement est la revendication des pays en développement de créer un fonds dédié à la protection de la nature et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la CDB depuis 1992.Les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des États-Unis, non-signataires de la convention mais important contributeur financier – y sont hostiles: ils craignent une fragmentation de l’aide au développement, déjà menacée par les crises budgétaires et l’effacement de l’aide américaine depuis l’élection de Donald Trump.Les Etats-Unis, observateurs influents lors des précédentes COP, ont renoncé à faire le déplacement à Rome.Pour les pays développés, il faut avant tout “améliorer les performances” des instruments existants, le Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire adoptée en 2022 et modestement dotée (400 millions de dollars).Le projet d’accord renvoie ensuite à la COP18, en 2028, le soin de décider s’il faut un nouveau fonds ou si des instruments existants peuvent être transformés pour correspondre aux attentes des pays en développement, qui sont nombreux, pays africains en tête, à les juger inéquitables et difficiles d’accès.Même en cas d’accord à Rome, celui-ci laissera un goût amer, trois mois après un compromis financier Nord-Sud adopté dans la douleur à la COP29 sur le climat à Bakou. Le Brésil a déjà prévenu que les progrès douloureux réalisés à la CBD risquaient de se répercuter sur d’autres négociations cette année.

La Turquie suspendue à “l’appel à la paix” du chef kurde Öcalan

La Turquie attend jeudi une “déclaration historique” du chef kurde Abdullah Öcalan sous la forme d’un “appel à la paix” pour mettre fin à quatre décennies de violences.C’est ce que promet un message écrit en lettres blanches sur un large écran bleu installé dans un grand hôtel d’Istanbul, d’où la délégation qui lui a rendu visite jeudi matin doit présenter à 17H00 (14H00 GMT) le message du fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).”Appel à la paix et à une société démocratique – Abdullah Öcalan – 27 février 2025 – Imrali”, est-il écrit face à plusieurs centaines de journalistes déjà installés.Une délégation du parti prokurde DEM s’est rendue dans la matinée sur l’île-prison d’Imrali, en mer de Marmara, où elle s’est entretenue pendant trois heures avec M. Öcalan, détenu à l’isolement depuis 26 ans.Dans l’attente de ce message, des centaines de personnes ont commencé à se rassembler en dansant et en chantant comme à Diyarbakir (sud-est). Des écrans géants ont été dressés dans le nord de la Syrie et de l’Irak qui accueillent également une forte minorité kurde.C’est la troisième fois depuis fin décembre que des représentants du DEM, troisième force au parlement turc, sont autorisés à rencontrer “Apo” (oncle, en kurde), leader historique et toujours vénéré du PKK, condamné à la prison à vie.Lors des précédentes rencontres, Abdulah Öcalan, 75 ans, avait exprimé sa “détermination” à tourner la page.”Si les conditions se présentent, j’ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique”, a-t-il assuré à l’un de ses interlocuteurs.Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000 puis en 2013, avaient fait long feu, cédant la place à des flambées de violence.”Des millions de personnes prient pour une solution”, a affirmé mardi le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan. – “Itinéraire pour la paix” -Cette fois, “la puissance militaire de la Turquie empêche depuis longtemps le PKK d’agir sur le terrain”, souligne Boris James, historien français spécialiste des Kurdes.Selon Tuncer Bakirhan, “M. Öcalan prépare un itinéraire pour la paix”. “Il ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible” dans le pays, a-t-il indiqué récemment.Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l’intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement après vingt-six ans de détention.Une remise en liberté paraît cependant peu probable, étant donné les menaces de vengeance qui pèsent sur Abdullah Öcalan.La guérilla livrée par le PKK, considéré comme un groupe terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.- Main tendue et répression -Le président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est peu exprimé sur le sujet, a confirmé à plusieurs reprises la politique de “la main tendue aux frères kurdes”, qui constituent la principale minorité de Turquie (20% de la population environ), tout en accentuant la pression sur l’opposition, en particulier sur le parti DEM, dont dix maires ont été démis de leurs fonctions depuis leur élection l’an dernier.C’est le cas du populaire maire de Mardin (sud-est) et figure du mouvement kurde, Ahmet Türk, 82 ans, qui s’est rendu jeudi à Imrali.Des vagues d’arrestations ont été conduites contre des centaines de personnes – militants politiques, élus, artistes, journalistes – accusées de “terrorisme”.Cependant, et en dépit du charisme intact d'”Apo” Öcalan, une vaste incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l’Irak.”Ils peuvent arguer qu’Öcalan étant détenu, sa parole n’est pas libre et continuer le combat”, redoute un diplomate occidental qui prédit alors une riposte militaire immédiate d’Ankara. La Turquie accuse aussi le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes (FDS).Or les FDS sont soutenues par les Etats-Unis au nom de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique. Et nul ne connait à ce stade les intentions de Washington, qui maintient des forces sur place, relève l’historien Hamit Bozarslan, de l’EHESS à Paris: “c’est la clé”, soutient-il.Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a appelé à plusieurs reprises les nouvelles autorités de Damas, alliées d’Ankara, à expulser “les combattants non syriens” issus du PKK. “Ce n’est pas seulement une menace pour notre sécurité, mais pour la région entière”, a-t-il estimé.

Ukraine : la Russie dit “non négociable” son annexion des territoires occupés

La Russie a martelé jeudi que son annexion des territoires ukrainiens qu’elle occupe était “non négociable”, au moment où le Premier ministre britannique Keir Starmer doit rencontrer Donald Trump pour faire valoir la position européenne sur le règlement du conflit en Ukraine.En parallèle, Russes et Américains s’entretiennent depuis la matinée à Istanbul pour relancer leurs relations bilatérales, faisant craindre à Kiev et aux Européens d’être mis de côté dans de futurs pourparlers de paix.Ces discussions russo-américaines, les deuxièmes en moins de deux semaines, ont été saluées par Vladimir Poutine, qui a estimé le même jour qu’elles suscitaient “un certain espoir” pour le règlement des “problèmes stratégiques systémiques”, dont le conflit ukrainien.Face aux Etats-Unis, le principal soutien de l’armée ukrainienne depuis le déclenchement de l’assaut russe en février 2022, le Kremlin a d’ores et déjà montré qu’il n’était pas enclin à faire de compromis territoriaux.Ses demandes pour mettre un terme à l’offensive restent inchangées : l’Ukraine doit céder quatre régions partiellement occupées de l’est et du sud, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renoncer à entrer dans l’Otan.”Les territoires qui sont devenus des sujets de la Fédération de Russie (…) font partie intégrante de notre pays. C’est absolument incontestable et non négociable”, a insisté jeudi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.- “Dialogue sérieux” -Kiev affirme, de son côté, toujours contrôler 500 kilomètres carrés dans la région frontalière russe de Koursk, ayant toutefois perdu les deux tiers des territoires que ses soldats y avaient saisis à l’issue d’une opération à l’été 2024.L’armée russe a d’ailleurs revendiqué jeudi avoir repris aux forces ukrainiennes le village de Nikolski dans cette région, après avoir annoncé la veille la conquête de deux autres localités dans le même secteur.Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait précédemment évoqué l’idée d’un “échange de territoires” avec Moscou, ce que le Kremlin avait rejeté.A ce stade, Américains et Russes, qui ont entamé un rapprochement spectaculaire en deux semaines sous l’impulsion de Donald Trump et de Vladimir Poutine, semblent vouloir faire jeu à part et discuter du dossier ukrainien sans la présence des Ukrainiens, ni des Européens.S’exprimant à propos des contacts russo-américains, Vladimir Poutine a appelé jeudi les Occidentaux à faire preuve de “pragmatisme” et d’une “vision réaliste” de la situation.Il a répété que son pays était ouvert à “un dialogue sérieux” sur l’Ukraine, tout en accusant les “élites occidentales” de vouloir “perturber ou compromettre” les discussions naissantes avec Washington.Les présidents russe et américain se sont parlé au téléphone le 12 février, brisant la politique d’isolement des Occidentaux contre Moscou.Dans la foulée, Russes et Américains ont dit vouloir une remise à plat de leurs relations bilatérales, notamment au sujet du fonctionnement des ambassades et des consulats, après de multiples expulsions de représentants dans leurs missions diplomatiques respectives.- Pas de solutions “rapides” -C’est sur ce sujet précis que des diplomates russes et américains échangent à Istanbul.La Russie a toutefois tempéré les ardeurs, assurant ne pas croire, pour l’instant, en des changements majeurs dans ses relations avec Washington.”Personne ne s’attend à ce que les solutions soient faciles et rapides”, a souligné Dmitri Peskov, tout en disant voir une volonté” mutuelle “d’écouter et d’entendre l’autre”.La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a déclaré que Moscou espérait que cette réunion soit “la première d’une série” pour “surmonter les divergences” et “renforcer la confiance”.Outre le dossier ukrainien, Vladimir Poutine réclame plus globalement la réorganisation de l’architecture sécuritaire européenne, soit un retrait des forces de l’Otan d’Europe orientale, car il considère cette alliance comme une menace existentielle pour la Russie.La perspective d’un sommet Poutine-Trump inquiète les Européens et Kiev, qui insistent sur la nécessité d’obtenir “une paix durable” avec des “garanties de sécurité” pour l’Ukraine afin d’éviter une nouvelle attaque russe à l’avenir en cas d’arrêt prochain des hostilités.Le président français Emmanuel Macron l’a rappelé à Donald Trump lundi à la Maison Blanche et Keir Starmer devrait faire de même jeudi à l’occasion de son entretien avec le milliardaire.Semblant faire cavalier seul, ce dernier avait pour sa part affirmé mercredi que c’était aux Européens, et non aux Etats-Unis, de fournir ces “garanties” à Kiev, malgré les demandes répétées de Volodymyr Zelensky. Le chef de l’Etat ukrainien est attendu jeudi en Irlande, selon les médias de ce pays, une étape de son voyage vers Washington où il entend finaliser un accord-cadre sur l’exploitation des ressources minières ukrainiennes et interroger Donald Trump sur l’avenir de l’aide américaine.