AFP World

Combats dans l’est de la RDC: le M23 aux portes de Goma, réunion d’urgence à l’ONU

Des combats intenses aux portes de la grande ville de Goma font rage dimanche dans l’est de la République démocratique du Congo, entre l’armée congolaise et le groupe antigouvernemental du M23, qui est soutenu par le Rwanda et son armée. Le Conseil de Sécurité de l’ONU tient une réunion en urgence dans la journée après l’intensification des combats, dans lesquels 13 soldats étrangers dont trois Casques bleus ont été tués, et qui fait craindre un embrasement régional.Après l’échec d’une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola, le M23 et 3.000 à 4.000 soldats rwandais, selon l’ONU, ont rapidement gagné du terrain ces dernières semaines. Ils encerclent désormais la capitale de la province du Nord-Kivu, Goma, qui compte un million d’habitants et au moins autant de déplacés. Dans le centre de la ville, de lourdes détonations résonnent depuis l’aube et des hélicoptères de combat de l’armée congolaise tournent dans le ciel.Voitures et motos circulent encore mais la plupart des commerces ont fermé. A mesure que les combats se rapprochent, parfois à moins de dix kilomètres, de nouvelles colonnes de déplacés affluent. La veille, le porte-parole de l’armée a accusé le Rwanda d’être “déterminé à s’emparer de la ville de Goma”.Le Rwanda a “évacué” vendredi son dernier diplomate à Kinshasa, a annoncé dimanche à l’AFP le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Olivier Nduhungirehe. Kinshasa avait de son côté annoncé samedi rappeler ses diplomates à Kigali “avec effet immédiat”.La ville avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 (“Mouvement du 23 mars”), né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante. Dans l’est de la RDC riche en ressources naturelles, les conflits s’enchaînent depuis plus de trente ans. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés puis rompus dans la région. Le dernier cessez-le-feu avait été signé fin juillet. – Crise humanitaire -L’Union européenne a appelé le M23 à “arrêter son avancée” et le Rwanda à “se retirer immédiatement” dans une déclaration signée par les 27 pays membres.L’Union africaine (UA) a réclamé “la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties”.Lors d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, le président français Emmanuel Macron a appelé samedi à la “fin immédiate de l’offensive du M23 et des forces rwandaises ainsi qu’au retrait de ces dernières du territoire congolais”. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’était dit jeudi “alarmé” par un regain de violences qui pourrait aggraver “le risque d’une guerre régionale”. Déjà 13 soldats étrangers, dont trois Casques bleus, ont été tués. La Mission des Nations unies en RDC (Monusco), qui compte quelque 15.000 soldats, a annoncé vendredi être “activement engagée dans des combats intenses” contre le M23 avec l’une de ses unités d’élite. Une force régionale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) est également déployée dans la région depuis fin 2023 et compte notamment 2.900 soldats Sud-Africains.  Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, aggrave encore une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier. Les Nations unies ont commencé à évacuer certains de leurs personnels de Goma. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, tout comme l’Allemagne, ont appelé leurs ressortissants à quitter la ville tant que l’aéroport et les frontières sont ouverts. En décembre, une rencontre entre les présidents congolais et rwandais, dans le cadre du processus de paix chapeauté par l’Angola, avait été annulée faute d’entente sur les conditions d’un accord.burx-cld/blb/ib

Combats dans l’est de la RDC: le M23 aux portes de Goma, réunion d’urgence à l’ONU

Des combats intenses aux portes de la grande ville de Goma font rage dimanche dans l’est de la République démocratique du Congo, entre l’armée congolaise et le groupe antigouvernemental du M23, qui est soutenu par le Rwanda et son armée. Le Conseil de Sécurité de l’ONU tient une réunion en urgence dans la journée après l’intensification des combats, dans lesquels 13 soldats étrangers dont trois Casques bleus ont été tués, et qui fait craindre un embrasement régional.Après l’échec d’une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola, le M23 et 3.000 à 4.000 soldats rwandais, selon l’ONU, ont rapidement gagné du terrain ces dernières semaines. Ils encerclent désormais la capitale de la province du Nord-Kivu, Goma, qui compte un million d’habitants et au moins autant de déplacés. Dans le centre de la ville, de lourdes détonations résonnent depuis l’aube et des hélicoptères de combat de l’armée congolaise tournent dans le ciel.Voitures et motos circulent encore mais la plupart des commerces ont fermé. A mesure que les combats se rapprochent, parfois à moins de dix kilomètres, de nouvelles colonnes de déplacés affluent. La veille, le porte-parole de l’armée a accusé le Rwanda d’être “déterminé à s’emparer de la ville de Goma”.Le Rwanda a “évacué” vendredi son dernier diplomate à Kinshasa, a annoncé dimanche à l’AFP le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Olivier Nduhungirehe. Kinshasa avait de son côté annoncé samedi rappeler ses diplomates à Kigali “avec effet immédiat”.La ville avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 (“Mouvement du 23 mars”), né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante. Dans l’est de la RDC riche en ressources naturelles, les conflits s’enchaînent depuis plus de trente ans. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés puis rompus dans la région. Le dernier cessez-le-feu avait été signé fin juillet. – Crise humanitaire -L’Union européenne a appelé le M23 à “arrêter son avancée” et le Rwanda à “se retirer immédiatement” dans une déclaration signée par les 27 pays membres.L’Union africaine (UA) a réclamé “la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties”.Lors d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, le président français Emmanuel Macron a appelé samedi à la “fin immédiate de l’offensive du M23 et des forces rwandaises ainsi qu’au retrait de ces dernières du territoire congolais”. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’était dit jeudi “alarmé” par un regain de violences qui pourrait aggraver “le risque d’une guerre régionale”. Déjà 13 soldats étrangers, dont trois Casques bleus, ont été tués. La Mission des Nations unies en RDC (Monusco), qui compte quelque 15.000 soldats, a annoncé vendredi être “activement engagée dans des combats intenses” contre le M23 avec l’une de ses unités d’élite. Une force régionale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) est également déployée dans la région depuis fin 2023 et compte notamment 2.900 soldats Sud-Africains.  Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, aggrave encore une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier. Les Nations unies ont commencé à évacuer certains de leurs personnels de Goma. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, tout comme l’Allemagne, ont appelé leurs ressortissants à quitter la ville tant que l’aéroport et les frontières sont ouverts. En décembre, une rencontre entre les présidents congolais et rwandais, dans le cadre du processus de paix chapeauté par l’Angola, avait été annulée faute d’entente sur les conditions d’un accord.burx-cld/blb/ib

Corée du Sud: le président Yoon reste en prison, inculpé pour “insurrection”

Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol, sous le coup d’une procédure de destitution depuis sa déclaration avortée de loi martiale, a été inculpé dimanche pour avoir pris la tête d’une “insurrection” et reste maintenu en détention.Les procureurs chargés de l’enquête ont annoncé dans un communiqué qu’ils avaient “inculpé Yoon Suk Yeol (…) sous l’accusation d’être le meneur d’une insurrection”.M. Yoon a plongé la Corée du Sud dans le chaos politique en tentant, le 3 décembre, de décréter la loi martiale, une mesure qui n’a duré que six heures avant d’être rejetée par les députés, parvenus à se réunir en urgence au Parlement. Il a été suspendu peu après et, le 15 janvier, il est devenu le premier chef d’État sud-coréen en exercice à être arrêté.Cette arrestation était intervenue après une détention de plusieurs semaines dans sa résidence, où sa garde rapprochée avait résisté aux tentatives d’incarcération. M. Yoon se trouve désormais au centre de détention de Séoul.Il a refusé de coopérer à l’enquête criminelle sur sa déclaration de la loi martiale, ses avocats faisant valoir que les enquêteurs n’ont pas d’autorité légale.Son inculpation formelle de détention signifie qu’il sera désormais maintenu derrière les barreaux jusqu’à son procès, qui doit avoir lieu dans les six mois.Son inculpation était largement attendue après qu’un tribunal a rejeté à deux reprises les demandes des procureurs visant à prolonger son mandat d’arrêt pendant la durée de l’enquête.”Après un examen approfondi des preuves obtenues au cours de l’enquête, les procureurs ont conclu qu’il était tout à fait approprié d’inculper l’accusé, ont-ils ajouté dans leur communiqué.La nécessité de maintenir M. Yoon derrière les barreaux était justifiée par un “risque continu de destruction de preuves”, ont-ils encore indiqué.L’accusation d’avoir mené une insurrection n’est pas couverte par l’immunité présidentielle, ont-ils souligné.- “Informations erronées” -L’opposition a salué cette inculpation.”Nous devons arrêter non seulement ceux qui ont comploté pour mener une insurrection illégale, mais aussi ceux qui l’ont fomentée en diffusant des informations erronées”, a déclaré Han Min-soo, membre du Parlement.Sans fournir de preuves, M. Yoon et son équipe juridique ont invoqué de prétendues fraudes électorales et un blocage législatif au sein du parlement contrôlé par l’opposition pour justifier la déclaration de loi martiale.M. Yoon a promis de “se battre jusqu’au bout”, s’attirant le soutien de ses partisans qui ont adopté la rhétorique “Stop the steal” (“Stop au vol”), emprunté aux électeurs de Donald Trump, persuadés que leur leader a été floué à l’élection présidentielle américaine qu’il a perdue en 2020.”Cette inculpation apportera un sentiment de soulagement, en réaffirmant que l’ordre constitutionnel fonctionne comme il se doit”, a déclaré Bae Kang-hoon, cofondateur du groupe de réflexion politique Valid.M. Yoon doit également faire face à une série d’audiences de la Cour constitutionnelle, qui décidera de confirmer ou non sa mise en accusation et de le priver officiellement de la présidence.Si la Cour se prononce contre lui, il perdra la présidence et une élection sera organisée dans les 60 jours.M. Yoon reste pour l’instant le chef de l’État sud-coréen malgré sa détention. 

Corée du Sud: le président Yoon reste en prison, inculpé pour “insurrection”

Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol, sous le coup d’une procédure de destitution depuis sa déclaration avortée de loi martiale, a été inculpé dimanche pour avoir pris la tête d’une “insurrection” et reste maintenu en détention.Les procureurs chargés de l’enquête ont annoncé dans un communiqué qu’ils avaient “inculpé Yoon Suk Yeol (…) sous l’accusation …

Corée du Sud: le président Yoon reste en prison, inculpé pour “insurrection” Read More »

Corée du Sud: le président Yoon reste en prison, inculpé pour “insurrection”

Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol, sous le coup d’une procédure de destitution depuis sa déclaration avortée de loi martiale, a été inculpé dimanche pour avoir pris la tête d’une “insurrection” et reste maintenu en détention.Les procureurs chargés de l’enquête ont annoncé dans un communiqué qu’ils avaient “inculpé Yoon Suk Yeol (…) sous l’accusation d’être le meneur d’une insurrection”.M. Yoon a plongé la Corée du Sud dans le chaos politique en tentant, le 3 décembre, de décréter la loi martiale, une mesure qui n’a duré que six heures avant d’être rejetée par les députés, parvenus à se réunir en urgence au Parlement. Il a été suspendu peu après et, le 15 janvier, il est devenu le premier chef d’État sud-coréen en exercice à être arrêté.Cette arrestation était intervenue après une détention de plusieurs semaines dans sa résidence, où sa garde rapprochée avait résisté aux tentatives d’incarcération. M. Yoon se trouve désormais au centre de détention de Séoul.Il a refusé de coopérer à l’enquête criminelle sur sa déclaration de la loi martiale, ses avocats faisant valoir que les enquêteurs n’ont pas d’autorité légale.Son inculpation formelle de détention signifie qu’il sera désormais maintenu derrière les barreaux jusqu’à son procès, qui doit avoir lieu dans les six mois.Son inculpation était largement attendue après qu’un tribunal a rejeté à deux reprises les demandes des procureurs visant à prolonger son mandat d’arrêt pendant la durée de l’enquête.”Après un examen approfondi des preuves obtenues au cours de l’enquête, les procureurs ont conclu qu’il était tout à fait approprié d’inculper l’accusé, ont-ils ajouté dans leur communiqué.La nécessité de maintenir M. Yoon derrière les barreaux était justifiée par un “risque continu de destruction de preuves”, ont-ils encore indiqué.L’accusation d’avoir mené une insurrection n’est pas couverte par l’immunité présidentielle, ont-ils souligné.- “Informations erronées” -L’opposition a salué cette inculpation.”Nous devons arrêter non seulement ceux qui ont comploté pour mener une insurrection illégale, mais aussi ceux qui l’ont fomentée en diffusant des informations erronées”, a déclaré Han Min-soo, membre du Parlement.Sans fournir de preuves, M. Yoon et son équipe juridique ont invoqué de prétendues fraudes électorales et un blocage législatif au sein du parlement contrôlé par l’opposition pour justifier la déclaration de loi martiale.M. Yoon a promis de “se battre jusqu’au bout”, s’attirant le soutien de ses partisans qui ont adopté la rhétorique “Stop the steal” (“Stop au vol”), emprunté aux électeurs de Donald Trump, persuadés que leur leader a été floué à l’élection présidentielle américaine qu’il a perdue en 2020.”Cette inculpation apportera un sentiment de soulagement, en réaffirmant que l’ordre constitutionnel fonctionne comme il se doit”, a déclaré Bae Kang-hoon, cofondateur du groupe de réflexion politique Valid.M. Yoon doit également faire face à une série d’audiences de la Cour constitutionnelle, qui décidera de confirmer ou non sa mise en accusation et de le priver officiellement de la présidence.Si la Cour se prononce contre lui, il perdra la présidence et une élection sera organisée dans les 60 jours.M. Yoon reste pour l’instant le chef de l’État sud-coréen malgré sa détention. 

L'”horreur” de l’Holocauste ne peut pas être “oubliée ni niée” dit le pape

L'”horreur” de l’Holocauste ne peut pas être “oubliée ni niée” et le monde entier doit lutter “pour affaiblir la plaie de l’antisémitisme”, a déclaré le pape François dimanche, à la veille du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.”Demain est la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste, 80 ans après la libération du camp de concentration d’Auschwitz. L’horreur de l’extermination de millions de personnes juives et d’autres religions dans ces années ne peut être ni oubliée ni niée”, a-t-il dit à l’issue de la prière dominicale de l’Angélus.Il a invité le monde entier à “collaborer pour affaiblir la plaie de l’antisémitisme, ainsi que de toute force de discrimination et de persécution religieuse”.”Construisons ensemble un monde plus fraternel, plus juste en enseignant aux jeunes à avoir un coeur ouvert à tous, dans la logique de la fraternité, du pardon et de la paix”, a conclu le pape.Auschwitz-Birkenau est devenu le symbole du génocide perpétré par l’Allemagne nazie sur six millions de Juifs européens, dont un million sont morts sur le site entre 1940 et 1945, ainsi que plus de 100.000 non-Juifs. Lundi, une cérémonie officielle en présence d’une cinquantaine de survivants et de 54 délégations internationales, marquera le 80e anniversaire de la libération de ce site.

L'”horreur” de l’Holocauste ne peut pas être “oubliée ni niée” dit le pape

L’”horreur” de l’Holocauste ne peut pas être “oubliée ni niée” et le monde entier doit lutter “pour affaiblir la plaie de l’antisémitisme”, a déclaré le pape François dimanche, à la veille du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.”Demain est la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste, 80 ans après …

L’”horreur” de l’Holocauste ne peut pas être “oubliée ni niée” dit le pape Read More »

L'”horreur” de l’Holocauste ne peut pas être “oubliée ni niée” dit le pape

L'”horreur” de l’Holocauste ne peut pas être “oubliée ni niée” et le monde entier doit lutter “pour affaiblir la plaie de l’antisémitisme”, a déclaré le pape François dimanche, à la veille du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.”Demain est la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste, 80 ans après la libération du camp de concentration d’Auschwitz. L’horreur de l’extermination de millions de personnes juives et d’autres religions dans ces années ne peut être ni oubliée ni niée”, a-t-il dit à l’issue de la prière dominicale de l’Angélus.Il a invité le monde entier à “collaborer pour affaiblir la plaie de l’antisémitisme, ainsi que de toute force de discrimination et de persécution religieuse”.”Construisons ensemble un monde plus fraternel, plus juste en enseignant aux jeunes à avoir un coeur ouvert à tous, dans la logique de la fraternité, du pardon et de la paix”, a conclu le pape.Auschwitz-Birkenau est devenu le symbole du génocide perpétré par l’Allemagne nazie sur six millions de Juifs européens, dont un million sont morts sur le site entre 1940 et 1945, ainsi que plus de 100.000 non-Juifs. Lundi, une cérémonie officielle en présence d’une cinquantaine de survivants et de 54 délégations internationales, marquera le 80e anniversaire de la libération de ce site.

Présidentielle au Bélarus: Loukachenko, aux portes d’un septième mandat

Les Bélarusses votent dimanche à l’élection présidentielle qui doit assurer un septième mandat consécutif à l’autocrate Alexandre Loukachenko, un scrutin qualifié de “farce” par l’opposition en exil. “Nous avons une démocratie brutale au Bélarus”, a lancé à des journalistes le président au pouvoir depuis 1994, après avoir voté à Minsk pour ce scrutin dénué d’enjeu.Il a ajouté que les prisonniers politiques détenus dans le pays pouvaient solliciter une grâce, tout en excluant tout dialogue avec l’opposition en exil.”Ce qui se passe aujourd’hui est une farce”, a dénoncé la cheffe de file de l’opposition en exil depuis Varsovie, Svetlana Tikhanovskaïa, alors que quatre candidats triés sur le volet par le pouvoir font de la figuration au scrutin.Elle a qualifié M. Loukachenko de “criminel qui s’est emparé du pouvoir”, et appelé à la libération de tous les prisonniers politiques ainsi qu’à la tenue d’élections libres.M. Loukachenko, que d’aucuns soupçonnent de vouloir transférer le pouvoir à l’un de ses trois fils, a démenti la rumeur. Son plus jeune fils, Nikolai, “ne rêverait pas dans son pire cauchemar” de devenir président et “aucun de mes fils ne le pourrait”, a-t-il assuré aux journalistes.L’Union européenne, les détracteurs de M. Loukachenko et les ONG de défense des droits humains ont déjà qualifié cette élection de mise en scène.Avec cette présidentielle, le dirigeant de 70 ans entend poursuivre son règne pour au moins encore cinq ans à la tête de cette ex-république soviétique frontalière de l’UE, de l’Ukraine et de la Russie.Durant son sixième mandat, Alexandre Loukachenko a totalement étouffé toute dissidence après des manifestations inédites l’ayant visé en 2020. Il s’est rapproché de Moscou, jusqu’à mettre à disposition de l’armée russe son territoire pour envahir l’Ukraine en 2022.- “La paix dans le pays” -A Minsk, Nadejda Goujalovskaïa, une retraitée de 74 ans, qui se qualifie de “patriote”, dit venir voter pour “la première fois en 20 ans”.Comme de nombreux électeurs, en l’absence d’alternative, elle a voté pour Alexandre Loukachenko. “Je ne veux pas d’un Maïdan”, justifie-t-elle, en référence à la révolution prodémocratie de 2014 à Kiev en Ukraine.”Peut-être que tout n’est pas parfait, que nous ne sommes pas en démocratie…”, dit-elle du bout des lèvres, effleurant là un sujet tabou dans un contexte très répressif.Irina Lebedeva, 68 ans, qui vote elle “à chaque fois”, estime pour sa part que “grâce à notre président, il y a la paix dans le pays”, un argument répété par les Bélarusses rencontrés ces derniers jours par l’AFP.A Bruxelles, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a estimé samedi que M. Loukachenko “n’a aucune légitimité”. Elle a qualifié le scrutin de “mascarade” et d'”affront à la démocratie”.Dans un entretien à l’AFP, début janvier, l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, candidate à la présidentielle de 2020, avait dénoncé un “simulacre” d’élection.Dans son style martial coutumier, Alexandre Loukachenko a mis en garde ses opposants vendredi: “Nous ne répéterons jamais ce qui s’est passé en 2020 !”. A l’époque, des dizaines de milliers de Bélarusses étaient descendus dans la rue pour dénoncer une présidentielle truquée.Soutenu par son allié russe Vladimir Poutine, il avait réussi à consolider son pouvoir avec des arrestations, des violences et de longues peines de prison visant opposants, journalistes, employés d’ONG et simples manifestants.Selon l’ONU, plus de 300.000 Bélarusses, sur une population de neuf millions, ont fui leur pays pour des raisons politiques, principalement vers la Pologne.- Menace pour Kiev -Face à cette répression, les Occidentaux ont imposé de lourdes sanctions au Bélarus, conduisant Alexandre Loukachenko à accélérer son rapprochement avec le Kremlin, abandonnant son jeu d’équilibriste entre Moscou et l’Occident.Illustration de cette alliance, le territoire bélarusse a servi de base arrière aux forces de Vladimir Poutine en février 2022 pour envahir l’Ukraine. Et Moscou y a déployé à l’été 2023 des armes nucléaires tactiques, une menace pour Kiev mais également pour les membres de l’Otan bordant le Bélarus (Lituanie, Lettonie, Pologne).M. Loukachenko, personnage haut en couleur qui aime s’afficher en uniforme, au volant d’un tracteur ou une arme a la main, s’est posé en rempart face au chaos de la guerre en Ukraine.Ce moustachu à la carrure imposante aime également faire la tournée des usines. Ancien directeur de ferme collective, connu pour son style macho assumé, il se félicite d’avoir maintenu une économie largement contrôlée par l’Etat.Les organisations de défense des droits humains estiment que le pays compte toujours plus de 1.200 prisonniers politiques.