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Le roi Charles III va prier avec le pape au Vatican, une première

Le roi Charles III, en visite d’Etat au Vatican, va prier jeudi avec le pape Léon XIV lors d’une célébration oecuménique dans la chapelle Sixtine, une première depuis le schisme anglican au XVIe siècle.Le monarque âgé de 76 ans, qui a le rôle de gouverneur suprême de l’Eglise – anglicane – d’Angleterre, est arrivé mercredi à Rome, accompagné de son épouse Camilla, pour cette visite qualifiée d'”historique” par Buckingham palace.Pour sa première rencontre avec le nouveau chef de l’Eglise catholique, qui a succédé en mai au pape François, Charles III sera reçu en milieu de matinée au palais apostolique du Vatican.Temps fort de la visite, ils prieront ensemble lors d’une célébration oecuménique à 12H00 (10H00 GMT) dans la chapelle Sixtine, sous les célèbres fresques de Michel-Ange, en présence de responsables religieux et d’officiels.Ce sera la première fois qu’un pape et un souverain britannique prient ensemble publiquement, marquant ainsi un nouveau rapprochement entre les deux Eglises, après un demi-siècle d’initiatives comme des rencontres entre les papes et les archevêques de Canterbury, les chefs spirituels de l’Eglise d’Angleterre.Cette prière d’environ 45 minutes, voulue par Charles III, aura pour thème la protection de la nature, un thème cher au roi, signe de la convergence entre les deux Eglises sur les questions environnementales, dix ans après l’encyclique Laudato Si’ du pape François sur l’écologie intégrale.Elle mêlera des traditions catholiques et anglicanes. La chorale de la chapelle Sixtine accompagnera celle de la chapelle Saint-Georges de Windsor.- Différends théologiques -L’anglicanisme est né en 1534 d’une scission avec l’Eglise catholique, provoquée par le roi d’Angleterre Henri VIII à la suite du refus du pape d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon.En 1961, la mère de Charles, Elizabeth II, avait été la première monarque britannique à se rendre au Vatican depuis le schisme.”C’est un évènement historique”, explique à l’AFP William Gibson, professeur d’histoire ecclésiastique à la Oxford Brookes university. Il rappelle que le souverain britannique est tenu par la loi d’être protestant.”De 1536 à 1914, il n’y avait pas de relations diplomatiques officielles entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège”, dit-il. Londres a ouvert une ambassade au Vatican en 1982 seulement. Et ce n’est qu’en 2013 que la loi a permis aux membres de la famille royale épousant des catholiques de conserver leur place dans l’ordre de succession, explique William Gibson. Récent, ce rapprochement est “important dans la mesure où l’anglicanisme est né en réaction à l’Eglise catholique, et donc dans l’opposition”, rappelle à l’AFP le frère Hyacinthe Destivelle, prêtre dominicain français, membre du dicastère (ministère) pour la promotion de l’unité des chrétiens.Contrairement à l’Eglise catholique romaine, l’Eglise anglicane ordonne des femmes et permet aux prêtres de se marier. Pour la première fois de son histoire, elle vient de nommer à sa tête une femme, Sarah Mullally, une mère de famille de 63 ans.- 20 millions de baptisés -Jeudi après-midi, Charles et Camilla assisteront également à un autre service religieux oecuménique à Saint-Paul-hors-les-murs, l’une des quatre basiliques majeures de Rome.A cette occasion, le roi sera fait “confrère royal”, et un siège spécial a été créé pour lui, qui restera dans la basilique et pourra être utilisé à l’avenir par ses successeurs sur le trône britannique.Léon XIV et Charles III célèbreront ensemble l’année jubilaire ou Année Sainte de l’Eglise catholique, qui a lieu tous les 25 ans et attire des millions de pèlerins au Vatican.Le couple royal a rencontré en privé le pape François, le 9 avril dernier au Vatican, 12 jours avant sa mort.Charles III était représenté par son fils William aux funérailles du jésuite argentin, puis par son frère le prince Edward à la messe d’intronisation de Léon XIV le 18 mai. L’Eglise d’Angleterre, en perte de vitesse, compte une vingtaine de millions de fidèles baptisés, mais évalue à un peu moins d’un million ses pratiquants réguliers, selon des statistiques portant sur l’année 2022.

Inde: au cœur du RSS, la légion des ultranationalistes hindous

Ils sont des milliers, alignés au cordeau sur un immense terrain poussiéreux de la ville de Nagpur, en plein coeur de l’Inde. Rien que des hommes, de tous âges, portant chemise blanche, pantalon brun et calot noir, un long bâton à la main.”Je m’incline devant toi, ô Mère patrie des hindous”, récitent d’une seule voix les cohortes. “Que ma vie (…) soit sacrifiée pour Ta cause.”Sous le soleil qui se lève, ses membres paradent, boxent ou s’étirent au son des sifflets et des ordres crachés par un haut-parleur. Démonstration de force et de discipline qui évoque d’autres défilés paramilitaires, sous d’autres couleurs.Ce jour d’octobre-là, les paroles de la prière de l’Association nationale des volontaires – “Rashtriya Swayamsevak Sangh” en hindi, RSS – ont un goût de fierté tout particulier. L’organisation ultranationaliste hindoue fête son centième anniversaire.A cette occasion, elle a accepté d’entrouvrir ses portes à plusieurs médias étrangers, dont l’AFP.Les chefs du RSS proclament qu’ils dirigent “la plus grande organisation au monde”, mais préfèrent taire le nombre de ses membres. Des millions, sûrement.Association, confrérie ou milice, le RSS constitue la tête, les jambes et les gros bras du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste du Premier ministre indien Narendra Modi, au pouvoir depuis 2014.Biberonné dès l’enfance aux idées du RSS dont il fut longtemps membre, l’homme fort du pays, 75 ans, est accusé par ses adversaires de vouloir “hindouiser” l’Inde, contre sa constitution séculaire et sa minorité musulmane.Au nom d’une idée simple: les Hindous sont, selon eux, plus que les fidèles d’une religion. Ils constituent la seule vraie communauté de l’Inde, sa seule véritable identité. Les minorités n’ont d’autre choix que s’y fondre.- “Nation hindoue” -“Le RSS veut instituer une nation hindoue”, explique l’historienne Mridula Mukherjee. “Il est prêt à combattre tous ceux qui s’y opposent, musulmans, sikhs, chrétiens ou hindous.”Le chef du RSS, Mohan Bhagwat, l’a rappelé en termes plus arrondis à l’occasion du centenaire.Les minorités “sont acceptées (…) mais elles ne doivent pas créer de divisions”, a-t-il lancé. “En tant que société, pays, culture et nation, nous sommes unis (et) cette identité plus large s’impose à tous.”Anant Pophali, 53 ans, baigne dans cette philosophie depuis trois générations. Enfant à Nagpur, il a fréquenté une “shaka”, la cellule de base du RSS: “On venait pour y jouer avec les copains.”Aujourd’hui salarié d’une compagnie d’assurance, il y est resté fidèle. “Le +Sangh+ m’a appris la fierté d’être Indien”, énonce-t-il en faisant visiter la maison-musée du fondateur du RSS.C’est entre ces murs qu’il y a un siècle, le Dr. Keshav Baliram Hedgewar a tenu ses premières réunions. A l’époque, l’Inde est un des joyaux de la couronne britannique. La défense de “l’hindouité”, priorité du groupe, passe par la lutte pour l’indépendance.Toutefois, ces ultras emprunteront des voies très éloignées de celle suivie par le Mahatma Gandhi et le parti du Congrès de Jawaharlal Nehru, qui a toujours qualifié le RSS de “fasciste par nature”.”L’étude des archives révèle un lien clair entre le RSS et les mouvements fascistes d’Europe”, affirme Mridula Mukherjee. “Ils y énoncent clairement que les minorités doivent être traitées en Inde comme les nazis traitaient les juifs en Allemagne.”- Réseaux -“Tant de choses fausses sont dites du RSS”, a déploré en août Mohan Bhagwat lors d’une série de  discours publics. “Le RSS n’a de haine pour personne (…) Tout le monde sait que nous ne sommes là que pour construire l’Inde”.La partition entre l’Inde à majorité hindoue et le Pakistan musulman qui naissent en 1947 est insupportable pour le RSS. Lors des massacres qui marquent la création des deux Etats, il devient la milice armée des hindous.C’est un ancien membre du RSS, Nathuram Godse, qui assassinera Gandhi en 1948, accusé d’avoir promu la solution à deux pays.Le groupe est interdit pendant près de deux ans.Condamnés à la discrétion, les ultranationalistes hindous s’efforcent alors de gagner la bataille des âmes en développant leur réseau de “shakas” pour former et entraîner leurs volontaires.Le pays en compte aujourd’hui 83.000, selon le RSS.Celle du quartier de Jai Prakash Nagar, à Nagpur, se réunit chaque jour sur un terrain bordé d’immeubles.Pendant une heure, une trentaine de volontaires se livrent à des exercices de gymnastique ponctués d’hymnes nationalistes, au pied d’un seul drapeau orange, la couleur de l’hindouisme.Pas de drapeau indien. L’âme du pays, répète le RSS, ne peut-être qu’hindoue.Leur parade est moins martiale que celle de la cérémonie du centenaire. En civil, la plupart des participants arborent les cheveux blancs caractéristiques d’un âge avancé.- Mobilisations -“Ici, on développe le sentiment d’appartenance au groupe”, décrit Alhad Sadachar, 49 ans, chef d’entreprise. “On fait le plein d’énergie et de valeurs positives, comme l’aide aux nécessiteux”.Le RSS pourvoit ainsi aux besoins, nombreux, que l’Etat ne peut satisfaire. Plus de 50.000 écoles et 120.000 projets d’aide sociale portent son étiquette.Mais derrière cette vitrine d’ONG, le mouvement reste éminemment politique.Il est revenu au grand jour à la fin des années 1980, en prenant les rênes de la violente mobilisation lancée par la destruction de la mosquée d’Ayodhya (nord) et conclue l’an dernier par l’inauguration sur ses ruines d’un temple à la gloire du dieu Ram.”Le RSS a joué un rôle crucial en mobilisant ses volontaires”, rappelle Mridula Mukherjee. “Ils ont réussi à créer un mouvement de masse entièrement dirigé contre les Musulmans”.En 2014, les légions du RSS contribuent largement à la victoire électorale du BJP et l’arrivée au pouvoir de leur fils prodigue Narendra Modi.L’ancien “prasharak” – cadre – du mouvement en applique alors le programme. Il fait voter une série de lois qui marginalisent les 15% de musulmans du pays et stigmatisent les descendants de ceux qui ont régné sur l’Inde pendant des siècles.”Les violences, lynchages et discours de haine sont en forte hausse depuis que Modi est au pouvoir”, note Raqib Hammed Naik, qui dirige à Washington un Centre pour l’étude de la haine de groupe.- Tensions -“Le RSS est le parrain du BJP. Sans lui, le BJP n’aurait pu exercer un tel contrôle sur l’Etat”, dit-il.Des accusations “sans fondement”, a assuré fin août Mohan Bhagwat. “Le RSS ne soutient aucune atrocité, nous n’avons jamais commis d’atrocités (…) Et s’il y en a eu quand même, je les condamne”.La presse s’est récemment fait l’écho de tensions entre Narendra Modi et le patron du RSS, qui lui reprocherait de prendre un peu trop la lumière, au détriment de l’organisation.”Les relations entre Bhagwat et Modi n’ont pas toujours été très bonnes”, note Dhirendra Jha, journaliste au magazine indépendant The Caravan. “Modi est désormais le chef. Mais le RSS se bat pour reprendre la main”.Depuis 2014, le groupe a étendu sa toile dans l’Etat et largement diffusé ses idées dans le pays, juge l’ex-parlementaire nationaliste Swapan Dasgupta.”Le RSS a réussi à pousser la société indienne dans une direction plus nationaliste, moins libérale au sens occidental du terme”, estime-t-il.Dans sa “shaka” de Nagpur, Vyankatesh Somalwar, 44 ans, refuse toutefois d’être assimilé à un milicien d’extrême droite.”Le plus important, ce sont nos valeurs: respecter les parents, honorer les dieux, aider ceux qui en ont besoin”, énumère ce comptable. “Et surtout participer au développement du pays”. “Un pays”, ajoute-t-il aussitôt, “qui ne peut être qu’un”.

Jugement attendu jeudi à Paris dans le procès de TotalEnergies pour “greenwashing”

Le groupe pétrolier Totalenergies a-t-il été insincère envers ses clients en vantant des objectifs de “neutralité carbone”? Le tribunal de Paris rend jeudi une décision très attendue dans une affaire d’écoblanchiment qui pourrait avoir une résonance mondiale.Le tribunal judiciaire, saisi en 2022 au civil par les ONG Greenpeace France, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous, doit dire si TotalEnergies a diffusé des “publicités mensongères” laissant croire qu’elle pourrait devenir un “acteur majeur de la transition énergétique” tout en continuant ses activités dans le pétrole et le gaz.Quelle que soit la décision, une condamnation ou un rejet de cette plainte pour “pratiques commerciales trompeuses”, viendrait ajouter une pierre dans la jurisprudence naissante sur le “greenwashing” – le fait de se présenter plus vertueux sur l’environnement qu’en réalité.Des tribunaux et régulateurs européens ont déjà épinglé pour écoblanchiment les compagnies aériennes KLM en 2024 et Lufthansa en mars, et d’autres entreprises dans l’alimentation et d’autres secteurs.Mais jamais une compagnie pétrolière n’a été condamnée par un tribunal pour greenwashing en Europe – et une telle condamnation ferait référence au-delà, confirme l’ONG ClientEarth à l’AFP. TotalEnergies peut d’ailleurs se prévaloir de décisions qui vont dans son sens comme celle rendue en faveur du pétrolier espagnol Repsol.”Un résultat positif mettrait en garde” l’industrie pétrogazière “contre le fait de prétendre viser la neutralité carbone d’ici 2050 tout en augmentant la production de combustibles fossiles, ou de promouvoir le gaz comme solution climatique”, explique Johnny White, juriste de ClientEarth. – Neutralité carbone -L’affaire porte sur la campagne de communication du groupe déployée à partir de mai 2021 sur son site internet, dans la presse, sur les réseaux sociaux et à la télévision. A l’époque, Total venait de se rebaptiser TotalEnergies pour souligner son ambition d’être “la compagnie de toutes les énergies”, du pétrole à l’électricité éolienne et solaire.Le groupe affichait alors son objectif de “neutralité carbone d’ici 2050, ensemble avec la société” et vantait le gaz comme “l’énergie fossile la moins émettrice de gaz à effet de serre”, malgré son bilan climatique contesté en raison des fuites de méthane, très réchauffant pour l’atmosphère.En tout, une quarantaine de messages, dont une partie sont encore accessibles en ligne, sont épinglés. Les associations demandent leur retrait sous astreinte et l’obligation d’insérer des mentions informatives dans les communications commerciales futures évoquant par exemple la “neutralité carbone”.- Des investissements réels -Ces messages rendent, “pour un consommateur moyen, impossible de comprendre que TotalEnergies est en train d’étendre sa production d’énergies fossiles”, a martelé Clémentine Baldon, l’avocate des plaignants, à l’audience en juin.En face, le groupe défend sa bonne foi et la réalité de ces investissements “bas carbone”. Surtout, il avance que ces messages n’étaient pas des publicités destinées aux consommateurs mais relevaient d’une “communication institutionnelle” et générale, encadrée par le code monétaire et financier.Cette affaire est “une instrumentalisation du droit de la consommation pour critiquer la stratégie de la société”, affirme encore le groupe à l’AFP.

L’heure du verdict pour un soldat britannique jugé pour meurtres lors du “Bloody Sunday”

Un ex-soldat britannique saura jeudi s’il est reconnu coupable de deux meurtres et cinq tentatives de meurtres lors du “Bloody Sunday”, qui marqua en 1972 l’un des épisodes les plus sombres du conflit en Irlande du Nord.L’ancien parachutiste, connu uniquement comme le “soldat F” pour des raisons légales, est le premier militaire jugé pour ce “dimanche sanglant” d’il y a plus d’un demi-siècle. Le 30 janvier 1972 à Londonderry (également appelé Derry), des parachutistes britanniques ouvrent le feu sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant treize morts et au moins quinze blessés.Le soldat F est accusé de deux meurtres, ceux de James Wray et William McKinney, et de cinq tentatives de meurtre. L’armée britannique a longtemps affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs de “terroristes” de l’IRA (Armée républicaine irlandaise, paramilitaires opposés à toute présence britannique sur l’île d’Irlande), une version alors confortée par un rapport réalisé à la hâte.Malgré de nombreux témoignages contredisant ces affirmations, il a fallu attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l’innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc.Le procès, qui a démarré le 15 septembre à Belfast, était très attendu en Irlande du Nord, où des décennies de violences intercommunautaires ont laissé des blessures profondes.”Soldat F”, qui a plaidé non coupable, est resté pendant tout le procès dissimulé derrière un rideau bleu, pour préserver son anonymat. Ses avocats ont affirmé que sa sécurité était en danger. Il n’a pas témoigné.Des proches de James Wray et William McKinney ont assisté aux audiences.- “Ingrédients d’un meurtre” -Le représentant de l’accusation, Louis Mably, a décrit au procès les tirs de l’armée britannique alors que des civils non armés fuyaient. Ces actes ont été commis “sans justification” et “avec l’intention de tuer”, a-t-il déclaré, avant de trancher : “Ce sont les ingrédients d’un meurtre”.”La seule question dans cette affaire est de savoir si F faisait partie des soldats ayant participé à cette fusillade, soit en tant qu’auteur principal, soit en tant que participant secondaire”, a-t-il déclaré.Louis Mably a également mis en avant une volonté de “dissimulation” dans les déclarations des soldats. Ils ont inventé des histoires pour justifier leurs tirs, a-t-il accusé.Les principaux éléments de preuve étaient d’anciennes déclarations de deux parachutistes, soldats G et H, qui se trouvaient avec F à Glenfada Park North. Mais la défense a tout fait pour décrédibiliser ces deux soldats, soulignant qu’ils avaient fait des déclarations contradictoires ou contredisant les récits d’autres témoins cités au procès. L’avocat du soldat F, Mark Mulholland, les a qualifiés de “menteurs”.- Excuses officielles -Le parquet nord-irlandais a engagé des poursuites pénales contre soldat F en 2019. Elles ont ensuite été abandonnées, puis relancées en 2022.Le massacre du “Bloody Sunday” — immortalisé par le tube du groupe de rock irlandais U2 “Sunday Bloody Sunday” (1983) — a eu pour effet de précipiter de nombreux jeunes catholiques républicains dans les bras de l’IRA.C’est l’un des moments les plus sombres des trois décennies de “Troubles” qui ont opposé républicains, surtout catholiques, partisans d’une réunification avec l’Irlande, et unionistes protestants, défenseurs de l’appartenance de l’Irlande du Nord à la Couronne britannique. Il faudra attendre 1998 pour que l’accord de paix du Vendredi Saint mette un terme à ce conflit qui a fait environ 3.500 morts.En 2010, le Premier ministre de l’époque, David Cameron, a présenté des excuses officielles, qualifiant d'”injustifiables” les faits survenus ce jour-là.Depuis la fin du conflit nord-irlandais, seul un ex-soldat britannique a été condamné: début 2023, David Holden a écopé d’une peine de trois ans avec sursis, pour avoir tué un homme d’une balle dans le dos à un check-point en 1988. Il avait expliqué avoir tiré par accident car il avait les mains mouillées.

L’heure du verdict pour un soldat britannique jugé pour meurtres lors du “Bloody Sunday”

Un ex-soldat britannique saura jeudi s’il est reconnu coupable de deux meurtres et cinq tentatives de meurtres lors du “Bloody Sunday”, qui marqua en 1972 l’un des épisodes les plus sombres du conflit en Irlande du Nord.L’ancien parachutiste, connu uniquement comme le “soldat F” pour des raisons légales, est le premier militaire jugé pour ce “dimanche sanglant” d’il y a plus d’un demi-siècle. Le 30 janvier 1972 à Londonderry (également appelé Derry), des parachutistes britanniques ouvrent le feu sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant treize morts et au moins quinze blessés.Le soldat F est accusé de deux meurtres, ceux de James Wray et William McKinney, et de cinq tentatives de meurtre. L’armée britannique a longtemps affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs de “terroristes” de l’IRA (Armée républicaine irlandaise, paramilitaires opposés à toute présence britannique sur l’île d’Irlande), une version alors confortée par un rapport réalisé à la hâte.Malgré de nombreux témoignages contredisant ces affirmations, il a fallu attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l’innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc.Le procès, qui a démarré le 15 septembre à Belfast, était très attendu en Irlande du Nord, où des décennies de violences intercommunautaires ont laissé des blessures profondes.”Soldat F”, qui a plaidé non coupable, est resté pendant tout le procès dissimulé derrière un rideau bleu, pour préserver son anonymat. Ses avocats ont affirmé que sa sécurité était en danger. Il n’a pas témoigné.Des proches de James Wray et William McKinney ont assisté aux audiences.- “Ingrédients d’un meurtre” -Le représentant de l’accusation, Louis Mably, a décrit au procès les tirs de l’armée britannique alors que des civils non armés fuyaient. Ces actes ont été commis “sans justification” et “avec l’intention de tuer”, a-t-il déclaré, avant de trancher : “Ce sont les ingrédients d’un meurtre”.”La seule question dans cette affaire est de savoir si F faisait partie des soldats ayant participé à cette fusillade, soit en tant qu’auteur principal, soit en tant que participant secondaire”, a-t-il déclaré.Louis Mably a également mis en avant une volonté de “dissimulation” dans les déclarations des soldats. Ils ont inventé des histoires pour justifier leurs tirs, a-t-il accusé.Les principaux éléments de preuve étaient d’anciennes déclarations de deux parachutistes, soldats G et H, qui se trouvaient avec F à Glenfada Park North. Mais la défense a tout fait pour décrédibiliser ces deux soldats, soulignant qu’ils avaient fait des déclarations contradictoires ou contredisant les récits d’autres témoins cités au procès. L’avocat du soldat F, Mark Mulholland, les a qualifiés de “menteurs”.- Excuses officielles -Le parquet nord-irlandais a engagé des poursuites pénales contre soldat F en 2019. Elles ont ensuite été abandonnées, puis relancées en 2022.Le massacre du “Bloody Sunday” — immortalisé par le tube du groupe de rock irlandais U2 “Sunday Bloody Sunday” (1983) — a eu pour effet de précipiter de nombreux jeunes catholiques républicains dans les bras de l’IRA.C’est l’un des moments les plus sombres des trois décennies de “Troubles” qui ont opposé républicains, surtout catholiques, partisans d’une réunification avec l’Irlande, et unionistes protestants, défenseurs de l’appartenance de l’Irlande du Nord à la Couronne britannique. Il faudra attendre 1998 pour que l’accord de paix du Vendredi Saint mette un terme à ce conflit qui a fait environ 3.500 morts.En 2010, le Premier ministre de l’époque, David Cameron, a présenté des excuses officielles, qualifiant d'”injustifiables” les faits survenus ce jour-là.Depuis la fin du conflit nord-irlandais, seul un ex-soldat britannique a été condamné: début 2023, David Holden a écopé d’une peine de trois ans avec sursis, pour avoir tué un homme d’une balle dans le dos à un check-point en 1988. Il avait expliqué avoir tiré par accident car il avait les mains mouillées.

Budget: la partie recettes largement rejetée en commission

Onze voix pour, 37 contre: les députés ont largement rejeté en commission dans la nuit de mercredi à jeudi la partie recettes du budget de l’Etat pour 2026, ce qui annonce des débats difficiles pour le gouvernement dans l’hémicycle à partir de vendredi.L’ensemble de la gauche, le Rassemblement national, mais aussi LR, dont plusieurs ministres du gouvernement sont issus, ont voté contre la copie résultant des travaux de la commission.Les députés MoDem, Horizons et Liot se sont abstenus, seuls les députés Renaissance votant finalement pour le texte.La commission des Finances avait commencé à examiner cette première partie du budget lundi, et a tenu les délais prévus, au terme de débats de “qualité” et marqués par une forte mobilisation, ont souligné les orateurs.Les députés repartiront en séance plénière de la copie gouvernementale, les débats en commission servant en quelque sorte de répétition générale.”Nous avons fait un grand chemin, mais il y a beaucoup à faire parce que le budget tel qu’il est n’est pas un budget crédible. Il va falloir le retravailler”, a commenté le rapporteur général du Budget, Philippe Juvin (LR), qui s’est abstenu au vu des “grandes incertitudes qui demeurent”, voire d’un “certain nombre d’impasses”.Selon le député des Hauts-de-Seine, le texte prévoit après son passage en commission une réduction de la pression fiscale de 7 milliards d’euros (13 milliards de recettes en moins, et 6,3 milliards de recettes nouvelles) par rapport à la copie gouvernementale, ce qui supposerait pour ne pas dégrader l’objectif de déficit (4,7%) de réduire d’autant les dépenses.Il a pointé la suppression par les députés de plusieurs “gros articles”, dont celui portant sur les transferts du budget de l’Etat aux collectivités territoriales.- “Le compte n’y est pas” -Clé de la survie du gouvernement de Sébastien Lecornu, qu’ils ont fait le choix de ne pas censurer la semaine dernière, les socialistes ont également fait part de leurs réserves.”Pour nous bien sûr le compte n’y est pas ce soir”, a commenté le chef de file du PS sur le budget Philippe Brun, jugeant insuffisantes les recettes votées et le texte “déséquilibré” dans l’effort demandé aux classes moyennes et populaires.LR, dont le chef Laurent Wauquiez avait prévenu que son vote n’était pas “automatique”, a de même pris ses distances, donnant “rendez-vous lors de la séance publique pour faire disparaître” d’autres taxes et impôts.Le président de la commission des Finances, Eric Coquerel (LFI) a lui évoqué un texte “patchwork dans lequel (…) personne ne va complètement se reconnaître”.L’hémicycle sera-t-il le lieu de davantage de compromis ? “En commission chacun a mis en avant ses idées, et je crois savoir qu’on va tous être plus raisonnables en séance”, veut croire un député Horizons.Lundi, le PS a eu la déception de voir la taxe Zucman visant les “ultra-riches”, qui avait pu être adoptée dans l’hémicycle en février grâce à l’abstention du RN, être cette fois-ci rejetée, les députés du groupe de Marine Le Pen s’y opposant fermement. La gauche n’a pas non plus réussi à faire rétablir un Impôt de solidarité sur la fortune.Elle s’est toutefois félicitée de plusieurs mesures, dont la suppression de la fiscalisation des indemnités journalières pour affection longue durée, soutenue aussi par LR et le RN.- Taxe “Gafam” -Le gouvernement a lui aussi essuyé quelques déconvenues: les députés ont revu à la marge le gel du barème de l’impôt sur le revenu, en excluant du dispositif la première tranche de l’impôt, pour un coût estimé à 700.000 euros, selon M. Juvin. LR souhaitait supprimer purement et simplement la mesure.Mardi, les députés ont rejeté la suppression de l’abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités, pour un coût estimé à 1,2 milliard.Côté recettes, les députés ont dans une belle unanimité mercredi voté une taxe “Gafam” sur les bénéfices des géants de la tech américaine, censée rapporter plusieurs milliards d’euros.A rebours de cette unité, les débats se sont a plusieurs reprises tendus, comme lorsque les députés ont adopté un amendement de l’ancien ministre du Logement Guillaume Kasbarian (Renaissance), qui entend réduire de moitié l’exonération de taxe foncière dont bénéficient les bailleurs sociaux.Les députés commenceront lundi l’examen en commission des Affaires sociales du budget de la Sécurité sociale, qui contiendra d’emblée la suspension de la réforme des retraites en 2026 et 2027 demandée par le PS. Le gouvernement entend mettre à contribution les complémentaires santé et les retraités pour la financer.