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L’Autriche se dote d’un nouveau gouvernement, sans l’extrême droite

L’Autriche reste finalement dans le giron pro-européen, après quasiment cinq mois de discussions soufflant le chaud et le froid et une occasion historique manquée par l’extrême droite de décrocher pour la première fois la chancellerie.Le parti conservateur autrichien ÖVP a annoncé jeudi avoir trouvé un accord avec les sociaux-démocrates et les libéraux pour gouverner, après l’échec des négociations menées par le parti nationaliste FPÖ, arrivé en tête des élections de septembre.”Nous venons de vivre les négociations gouvernementales les plus difficiles de l’histoire de notre pays”, a déclaré son chef Christan Stocker. “Il est d’autant plus réjouissant” que nous puissions “présenter aujourd’hui un programme de travail”.Cette personnalité âgée de 64 ans va occuper la chancellerie alors qu’il était inconnu des Autrichiens jusqu’en 2022, quand il a été propulsé secrétaire général de sa formation politique.Mais le plus important pour le social-démocrate Andreas Babler, c’est que “cette cohésion des forces constructives empêche le FPÖ d’accéder aux institutions les plus importantes de notre pays” et que “ce gouvernement garantisse l’État de droit et la démocratie”.- Pêche à la mouche -Avocat de formation, amateur de pêche à la mouche, Christian Stocker était élu local depuis les années 2000, avant de devenir député en 2019 et d’être choisi en urgence après le départ du précédent chef de gouvernement Karl Nehammer pour diriger la droite.”Nous vivons une époque de bouleversements” géopolitiques qui auront “des répercussions”, a-t-il affirmé.Sa coalition tripartite, la première depuis 1949, va continuer à soutenir l’Ukraine et l’Autriche va rester “prévisible sans provoquer de vagues majeures”, selon le politologue Thomas Hofer.”Mais ces partis sont confrontés à d’énormes problèmes, notamment en ce qui concerne leur cote de popularité”, a-t-il ajouté en référence aux sondages plaçant toujours l’extrême droite largement en tête.Le leader du FPÖ, Herbert Kickl, qui a appelé à plusieurs reprises à de nouvelles élections rapides, a raillé sur Facebook jeudi “le gouvernement le plus cher de tous les temps” présentant “le pire programme de tous les temps”.Les trois formations ont insisté sur les points concernant l’immigration et l’intégration, M. Stocker promettant une “interdiction du voile conforme à la Constitution afin de protéger les mineures en détresse”.”Le regroupement familial sera temporairement suspendu avec effet immédiat”, a-t-il aussi dit. Et reprenant une promesse du FPÖ, il se réserve le droit d’imposer “un arrêt de l’asile dans le cadre juridique de la clause d’urgence” européenne si les demandes augmentent.Une attaque au couteau, menée mi-février par un demandeur d’asile syrien, a coûté la vie à un adolescent à Villach, dans le sud du pays, et a fait débat durant les négociations.Point sensible dans un pays secoué ces dernières années par des scandales de corruption, les libéraux ont aussi dévoilé la création d’un “parquet fédéral”, l’Autriche étant l’un des dernier pays de l’Union européenne (UE) à ne pas en avoir.- Feuilleton inédit -Le président écologiste Alexander Van der Bellen a écrit sur X qu’il allait désormais “examiner le programme avec attention”.Le nouveau gouvernement de ce pays neutre devrait être investi la semaine prochaine, après la validation de sa feuille de route par les différentes formations.L’annonce de sa formation vient clore un feuilleton inédit dans le pays alpin d’ordinaire stable. L’Autriche, où l’ÖVP est au pouvoir depuis 1987, n’avait jamais connu des négociations aussi longues depuis l’après-guerre.Lors des législatives fin septembre, le FPÖ était arrivé pour la première fois en tête avec près de 29% des suffrages.Mais les conservateurs de l’ÖVP ont d’abord tenté de former une coalition contre lui avec la gauche et les libéraux jusqu’à début janvier. Sans réussir à trouver un compromis.Ils avaient alors tendu la main à M.Kickl, or les tensions ont rapidement affleuré et les négociations ont aussi échoué, notamment parce que l’extrême droite voulait donner un virage eurosceptique au pays.Des dizaines de milliers de manifestants s’étaient rassemblés ces dernières semaines à Vienne pour défendre les droits fondamentaux, menacés selon eux par le FPÖ.

Mort de Rémi Fraisse: la CEDH condamne la France pour violation du droit à la vie

La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné jeudi la France pour l’opération de maintien de l’ordre menée par la gendarmerie qui avait provoqué la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, en 2014 lors d’affrontements autour du chantier du barrage de Sivens (Tarn).Dans un arrêt long de 56 pages, la Cour estime que “le niveau de protection requis” pour parer aux risques posés par le “recours à une force potentiellement meurtrière” n’a pas été “garanti”, et souligne les “lacunes du cadre juridique et administratif alors applicable” et les “défaillances” dans “la préparation et la conduite des opérations” de gendarmerie.La CEDH souligne que la France était le “seul pays à utiliser de pareilles munitions”, des grenades offensives OF-F1 “d’une dangerosité exceptionnelle”, pour des opérations de maintien de l’ordre. Le recours à cette arme était “problématique”, “en raison de l’absence d’un cadre d’emploi précis (…) prévoyant a minima une formation sur sa dangerosité, sur les dommages susceptibles d’être occasionnés (…) et le respect d’une distance de sécurité”.Elle rappelle que les gendarmes avaient agi dans l’obscurité, leur matériel d’éclairage étant “très insuffisant” et “de faible autonomie”. Et le haut-parleur utilisé pour les sommations “s’est avéré défectueux”.- “Plus de dix ans” -Elle pointe aussi “les défaillances de la chaîne de commandement, en particulier l’absence de l’autorité civile sur les lieux”. Le préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, avait délégué l’autorité civile à un commandant qui avait lui-même quitté les lieux en début de soirée.”Il aura fallu plus de dix ans et l’appui de la Cour européenne des droits de l’Homme pour que la responsabilité de l’Etat français dans la mort de Rémi Fraisse soit enfin reconnue. Que de temps perdu”, a réagi auprès de l’AFP Patrice Spinosi, avocat de Jean-Pierre Fraisse, le père de la victime.”Le recours inapproprié à la force lors des manifestations contre le barrage de Sivens est désormais acquis. Pour éviter de nouvelles condamnations, la France doit maintenant tirer toutes les conséquences de cette décision et revoir en profondeur sa politique de maintien de l’ordre”, a-t-il ajouté.”Les membres du gouvernement de l’époque qui ont donné les ordres ont la responsabilité la mort de Rémi”, a déclaré dans un communiqué Arié Alimi, autre avocat de Jean-Pierre Fraisse. “La France ne sort pas grandie de cette affaire. Elle le serait si elle mettait tout en Å“uvre pour que de tels faits ne se reproduisent pas.”Paris devra verser des sommes allant de 5.600 à 16.000 euros aux proches de Rémi Fraisse, en réparation du “dommage moral”.- “Tu nous manques” -La CEDH était également invitée à se prononcer sur un deuxième aspect, à savoir si l’enquête pénale avait bien été “approfondie, indépendante et impartiale”.La cour de Strasbourg juge ici que la procédure “n’est entachée d’aucun manquement à l’indépendance et à l’impartialité”. Elle rappelle que si l’enquête avait initialement été confiée à la gendarmerie de Gaillac, proche du site de Sivens, alimentant des soupçons de collusion, elle avait rapidement été transférée ensuite à la section de recherches de Toulouse.Elle relève par ailleurs que des “modifications substantielles” ont depuis été instaurées face aux “lacunes législatives et réglementaires, organisationnelles et opérationnelles” relevées au cours de l’enquête. L’usage de grenades offensives OF-F1 a notamment été interdit.A l’époque, ces lacunes n’avaient cependant pas été considérées comme constituant des infractions pénales. Aucun procès n’avait été organisé à l’issue de l’enquête des juges d’instruction qui s’était soldée par un non-lieu.”Cela n’arrive jamais. Quand quelqu’un meurt, normalement, il y a un procès”, confiait à l’AFP Claire Dujardin, avocate de membres de la famille, peu avant la décision de la CEDH.Rémi Fraisse avait été tué par l’explosion d’une grenade offensive lancée par un gendarme lors d’affrontements avec des militants écologistes, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014.Selon ses proches, le jeune botaniste était “foncièrement pacifiste”, et éloigné de toute activité militante.”Il aura fallu tout ce temps pour que la justice dise ce que nous savions depuis le départ”, a écrit sux X la cheffe des écologistes Marine Tondelier, qui a épinglé son message sur son profil. “Tu vois Rémi, on n’a pas lâché. On continue à penser à toi. Tu nous manques. Même 10 ans après. On ne t’oubliera jamais.”

Darmanin annonce un “renforcement sans précédent” des moyens contre le crime organisé en Corse

Création d’un pôle spécialisé contre la criminalité organisée à Bastia, arrivée de nouveaux personnels de justice: à Ajaccio, le ministre de la Justice a annoncé jeudi “un renforcement sans précédent” des moyens contre le crime organisé en Corse, dans un discours salué comme “décisif”.A l’appui d’une nouvelle circulaire de politique pénale territoriale “d’ici un mois”, avec pour axes principaux “la lutte contre la drogue et le blanchiment”, Gérald Darmanin a annoncé l’arrivée sous 20 mois de “17 magistrats, 21 greffiers et 12 attachés de justice spécialisés”, un renforcement présenté comme “sans précédent”. S’exprimant devant l’Assemblée de Corse, dans le cadre d’une session dédiée aux “dérives mafieuses” dans l’île de Beauté, le garde des Sceaux a également fait part de son projet de “création d’un pôle spécialisé contre la criminalité organisée basée à Bastia, qui comprendra procureurs et juges du siège.” Selon le ministre, il s’agira d’un pôle spécialisé “comme il n’en existe nulle part ailleurs sur le territoire de la République”.  Enfin, dans une déclaration unanimement saluée par les élus corses, il a annoncé le retrait des condamnés et mis en examen corses du Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes (Fijait), “afin qu’aucun amalgame avec les terroristes islamistes ne soit au rendez-vous”.Il répondait ainsi à une demande forte du mouvement indépendantiste Core in Fronte.Dans ce qu’il a défini comme “une révolution contre le crime organisé”, le ministre est ensuite revenu sur la proposition de loi contre le narcotrafic adoptée en première lecture au Sénat, en janvier, rappelant son soutien à “la création du Pnaco (procureur national anti-criminalité organisée, ndlr) au 1er janvier 2026”, “l’extension de la confiscation de tous les avoirs criminels” et “la création d’un véritable régime de repenti” élargi aux crimes de sang.- “Les pieds dans le plat” -Saluant “un moment politique majeur”, un “discours important, sans doute décisif”, Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, a demandé “le temps de réfléchir à ces mesures pour en discuter ensemble ensuite”.Face “aux dérives mafieuses” qui gangrènent la Corse, le pouvoir politique autonomiste local devait proposer officiellement 30 mesures concrètes jeudi après-midi. Parmi ces mesures, dévoilées depuis près d’une semaine, ne figurent cependant pas les principales réformes juridiques adoptées au Sénat, à la stupéfaction des deux collectifs anti-mafia insulaires.Dans ce rapport, qui s’apparente surtout à un plaidoyer pour l’autonomie de l’île, Gilles Simeoni, ex-avocat pénaliste, notamment d’Yvan Colonna (condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998 et décédé en 2022 après avoir été agressé par un codétenu à la prison d’Arles), fait ainsi part de son “désaccord” avec plusieurs mesures inspirées du droit italien et retenues dans la proposition de loi contre le narcotrafic adoptée à l’unanimité par le Sénat.Parmi les principales propositions des élus autonomistes corses, issues de deux ans d’échanges avec associations et collectifs, figurent par contre la création d’une “instance consultative spécifique à la lutte contre les dérives mafieuses” et la volonté de “combattre les clichés positifs associés à la mafia”.Dans une réaction auprès du journal Corse-Matin, Jean-Toussaint Plasenzotti, représentant du collectif anti-mafia “Massimu Susini”, du nom de son neveu, militant nationaliste assassiné en septembre 2019 à Cargèse (Corse-du-Sud), a salué la prise de parole du ministre: “Son discours nous satisfait, il met les pieds dans le plat. Il dit qu’il faut des outils contre cette criminalité singulière qu’est la mafia”.”Quand vous avez des élus territoriaux qui tournent autour du pot et sortent des laïus sur la lutte nationaliste, etc. ça suffit. Aujourd’hui il y a une urgence”, a-t-il insisté, “il faut que les gens prennent leurs responsabilités”. Invité jeudi matin devant l’Assemblée de Corse, l’ancien maire de Palerme, Leoluca Orlando, venu témoigner de son combat contre la mafia en Sicile, s’est lui aussi montré favorable à un durcissement des lois, sur le modèle italien: “On est aux limites de l’Etat du droit. Mais aux limites de la dictature, risque de se trouver la mafia”, a-t-il déclaré.Cette session jeudi intervenait dans un climat très lourd, après le meurtre d’un jeune pompier avant Noël à Ajaccio, puis celui d’une étudiante de 18 ans, vraisemblablement ciblée par erreur, le 15 février à Ponte-Leccia (Haute-Corse), dans une île où le nombre d’homicides rapporté à la population est le plus élevé de France métropolitaine.

Turquie: le chef kurde Öcalan appelle le PKK à se dissoudre

Le fondateur et chef historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan a demandé jeudi au mouvement armé de se dissoudre et de déposer les armes après quatre décennies de guerilla.  “Tous les groupes doivent déposer les armes et le PKK doit se dissoudre”, a ordonné M. Öcalan dans une déclaration lue par des députés kurdes qui lui ont rendu visite jeudi dans sa prison au large d’Istanbul.Le leader kurde dit “assumer la responsabilité historique de cet appel”.Son message, attendu depuis des semaines, a été lu en kurde puis en turc devant une foule compacte de journalistes réunis dans un hôtel du centre d’Istanbul, devant une large photo montrant le chef historique du PKK, les cheveux blanchis, une feuille blanche en main.Une délégation du parti prokurde DEM s’était entretenue pendant trois heures jeudi matin avec M. Öcalan, détenu à l’isolement depuis 26 ans.Des centaines de personnes se rassemblées en dansant et en chantant dans plusieurs villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, pour la lecture de son message.Des écrans géants ont aussi été dressés dans le nord de la Syrie et de l’Irak où vit également une forte minorité kurde.Abdulah Öcalan, 75 ans, avait exprimé lors de précédentes rencontres avec des députés prokurdes sa “détermination” à tourner la page de la lutte armée.”Si les conditions se présentent, j’ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique”, avait-il assuré fin octobre à l’un de ses interlocuteurs.Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000 puis en 2013, avaient fait long feu, cédant la place à des flambées de violence.”Des millions de personnes prient pour une solution”, a affirmé mardi le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan.- “Expression démocratique” -Cette fois, “la puissance militaire de la Turquie empêche depuis longtemps le PKK d’agir sur le terrain”, souligne Boris James, historien français spécialiste des Kurdes.Selon Tuncer Bakirhan, M. Öcalan “ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible” dans le pays, a-t-il indiqué récemment.Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l’intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement après vingt-six ans de détention.Une remise en liberté paraît cependant peu probable, étant donné les menaces de vengeance qui pèsent sur Abdullah Öcalan.- “Main tendue aux frères kurdes” -Le président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est peu exprimé sur le sujet, a confirmé à plusieurs reprises la politique de “la main tendue aux frères kurdes”, qui constituent la principale minorité de Turquie (20% de la population environ), tout en accentuant la pression sur l’opposition, en particulier sur le parti DEM, dont dix maires ont été démis de leurs fonctions depuis leur élection l’an dernier.C’est le cas du populaire maire de Mardin (sud-est) et figure du mouvement kurde, Ahmet Türk, 82 ans, qui s’est rendu jeudi à Imrali et a lu le message d’Abdullah Öcalan en kurde.Des vagues d’arrestations ont été conduites contre des centaines de personnes – militants politiques, élus, artistes, journalistes – accusées de “terrorisme”.Cependant, et en dépit du charisme intact d'”Apo” Öcalan, une vaste incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l’Irak.”Ils peuvent arguer qu’Öcalan étant détenu, sa parole n’est pas libre et continuer le combat”, redoute un diplomate occidental qui prédit alors une riposte militaire immédiate d’Ankara. La Turquie accuse aussi le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes (FDS).Or les FDS sont soutenues par les Etats-Unis au nom de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique. Et nul ne connait à ce stade les intentions de Washington, qui maintient des forces sur place, relève l’historien Hamit Bozarslan, de l’EHESS à Paris: “c’est la clé”, soutient-il.Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a appelé à plusieurs reprises les nouvelles autorités de Damas, alliées d’Ankara, à expulser “les combattants non syriens” issus du PKK. “Ce n’est pas seulement une menace pour notre sécurité, mais pour la région entière”, a-t-il estimé.

Turquie: le chef kurde Öcalan appelle le PKK à se dissoudre

Le fondateur et chef historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan a demandé jeudi au mouvement armé de se dissoudre et de déposer les armes après quatre décennies de guerilla.  “Tous les groupes doivent déposer les armes et le PKK doit se dissoudre”, a ordonné M. Öcalan dans une déclaration lue par des députés kurdes qui lui ont rendu visite jeudi dans sa prison au large d’Istanbul.Le leader kurde dit “assumer la responsabilité historique de cet appel”.Son message, attendu depuis des semaines, a été lu en kurde puis en turc devant une foule compacte de journalistes réunis dans un hôtel du centre d’Istanbul, devant une large photo montrant le chef historique du PKK, les cheveux blanchis, une feuille blanche en main.Une délégation du parti prokurde DEM s’était entretenue pendant trois heures jeudi matin avec M. Öcalan, détenu à l’isolement depuis 26 ans.Des centaines de personnes se rassemblées en dansant et en chantant dans plusieurs villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, pour la lecture de son message.Des écrans géants ont aussi été dressés dans le nord de la Syrie et de l’Irak où vit également une forte minorité kurde.Abdulah Öcalan, 75 ans, avait exprimé lors de précédentes rencontres avec des députés prokurdes sa “détermination” à tourner la page de la lutte armée.”Si les conditions se présentent, j’ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique”, avait-il assuré fin octobre à l’un de ses interlocuteurs.Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000 puis en 2013, avaient fait long feu, cédant la place à des flambées de violence.”Des millions de personnes prient pour une solution”, a affirmé mardi le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan.- “Expression démocratique” -Cette fois, “la puissance militaire de la Turquie empêche depuis longtemps le PKK d’agir sur le terrain”, souligne Boris James, historien français spécialiste des Kurdes.Selon Tuncer Bakirhan, M. Öcalan “ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible” dans le pays, a-t-il indiqué récemment.Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l’intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement après vingt-six ans de détention.Une remise en liberté paraît cependant peu probable, étant donné les menaces de vengeance qui pèsent sur Abdullah Öcalan.- “Main tendue aux frères kurdes” -Le président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est peu exprimé sur le sujet, a confirmé à plusieurs reprises la politique de “la main tendue aux frères kurdes”, qui constituent la principale minorité de Turquie (20% de la population environ), tout en accentuant la pression sur l’opposition, en particulier sur le parti DEM, dont dix maires ont été démis de leurs fonctions depuis leur élection l’an dernier.C’est le cas du populaire maire de Mardin (sud-est) et figure du mouvement kurde, Ahmet Türk, 82 ans, qui s’est rendu jeudi à Imrali et a lu le message d’Abdullah Öcalan en kurde.Des vagues d’arrestations ont été conduites contre des centaines de personnes – militants politiques, élus, artistes, journalistes – accusées de “terrorisme”.Cependant, et en dépit du charisme intact d'”Apo” Öcalan, une vaste incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l’Irak.”Ils peuvent arguer qu’Öcalan étant détenu, sa parole n’est pas libre et continuer le combat”, redoute un diplomate occidental qui prédit alors une riposte militaire immédiate d’Ankara. La Turquie accuse aussi le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes (FDS).Or les FDS sont soutenues par les Etats-Unis au nom de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique. Et nul ne connait à ce stade les intentions de Washington, qui maintient des forces sur place, relève l’historien Hamit Bozarslan, de l’EHESS à Paris: “c’est la clé”, soutient-il.Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a appelé à plusieurs reprises les nouvelles autorités de Damas, alliées d’Ankara, à expulser “les combattants non syriens” issus du PKK. “Ce n’est pas seulement une menace pour notre sécurité, mais pour la région entière”, a-t-il estimé.

Les Etats-Unis vont expulser les personnes trans de l’armée, sauf dérogation

Les Etats-Unis vont expulser les personnes transgenres de l’armée sauf dérogations spéciales, selon une note de service du Pentagone publiée mercredi et qui apparaît comme un nouveau coup porté à la communauté LGBT+. “Les militaires qui ont un diagnostic ou des antécédents de dysphorie de genre, ou qui présentent des symptômes compatibles avec celle-ci, seront sortis du service” actif, indique la note, publiée dans le cadre d’une procédure judiciaire.Le nouveau président Américain Donald Trump avait déjà signé fin janvier un décret interdisant le recrutement de personnes trans dans l’armée, une décision contestée en justice.La note dévoilée dans le cadre de cette procédure révèle que désormais les personnes trans déjà dans l’armée encourent elles aussi une expulsion du service actif.Seules des dérogations “au cas par cas”, justifiant d’un “intérêt gouvernemental impérieux” à conserver certains membres de l’armée, pourront être accordées, précise le mémo.Pour obtenir une telle dérogation, les intéressés devront en outre prouver qu’ils n’ont jamais tenté de changer de sexe et qu’ils ont passé “36 mois consécutifs dans une situation stable” sur le plan social et professionnel notamment, selon ce texte.Concernant le recrutement, des dérogations pourront également être accordées en cas d'”intérêt gouvernemental impérieux” à ce que ces candidats rejoignent l’armée.Ceux-ci devront en outre se montrer “désireux et capables d’adhérer à toutes les normes applicables, y compris les normes liées au sexe du candidat”.Ces nouvelles mesures devraient commencer à entrer en vigueur dans 30 jours, selon le texte.- “Normes rigoureuses” -L’armée américaine avait levé en 2016, pendant le second mandat du démocrate Barack Obama, l’interdiction faite aux personnes transgenres de servir dans l’armée.La première administration Trump avait déjà réussi à faire annuler cette disposition en 2019 à l’issue d’une longue bataille juridique tranchée par la Cour suprême.Dès son investiture en 2021, le démocrate Joe Biden avait toutefois rétabli l’autorisation faite aux personnes trans de servir dans l’armée.Dans son décret de janvier, M. Trump avait jugé qu'”exprimer une fausse +identité de genre+, divergente du sexe d’un individu ne peut satisfaire aux normes rigoureuses nécessaires au service militaire”.Conformément à ses promesses de campagne, le dirigeant républicain a également mis fin le mois dernier aux aides publiques aux agences fédérales pour les traitements de transition de genre des mineurs.Soutenu par un électorat en partie très conservateur, Donald Trump a à plusieurs reprises juré d’en finir avec ce qu’il qualifie d'”idéologie transgenre” voire de “délire transgenre”, tout comme il fustige les politiques de diversité, promues par la gauche américaine.Dès son investiture, le président avait affirmé que son administration n’allait “reconnaître” l’existence que de “deux sexes”.”Pour nous assurer que nous disposons de la force combattante la plus létale au monde, nous allons débarrasser notre armée de l’idéologie transgenre”, avait-il martelé fin janvier.

Dernières heures à Rome pour un accord financier sur la sauvegarde de la nature

La grande conférence biodiversité des Nations unies examine jeudi à Rome un ultime compromis poussé par le Brésil pour dépasser l’interminable dispute Nord-Sud sur le financement des efforts mondiaux pour stopper la destruction de la nature.Riches nations et pays en développement, qui s’étaient quittés fâchés en novembre à la COP16 biodiversité de Cali (Colombie), ont entamé par des déclarations plus feutrées au dernier jour des prolongations, organisées depuis mardi au siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).Le Brésil, “réellement déçu” mercredi soir par le projet d’accord de la présidence colombienne, a suggéré jeudi matin quelques évolutions, accueillies par une Union européenne “prudemment favorable”.La proposition a été formulée au nom des BRICS, le bloc des économies émergentes présidé cette année par Brasilia et qui réunit notamment la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.Elle doit être débattue dans l’après-midi lors de consultations à portes closes, avant de nouvelles joutes oratoires dans la salle plénière, qui pourraient se prolonger dans la nuit.”Nous n’avons plus de temps (…) c’est la fin de la partie”, a exhorté la présidente de la COP16, Susana Muhamad. La ministre colombienne de l’Environnement cherche à éviter un nouveau fiasco pour le multilatéralisme environnemental, déjà fragilisé par l’enlisement des négociations sur la pollution plastique et le retard de l’humanité sur ses objectifs climatiques.”Ne laissez pas le silence être notre héritage”, proclamaient les tracts distribués aux négociateurs par des jeunes venus les accueillir dans le hall d’entrée sur fond de bruits de forêt tropicale.- Bataille de fonds -Le projet d’accord, recherché sur fonds de vives tensions commerciales et géopolitiques, vise à clarifier les deux objectifs de la diplomatie environnementale pour les cinq prochaines années. Le premier: comment lever des centaines de milliards de dollars pour arrêter d’ici 2030 la destruction de la nature qui menace l’alimentation de l’humanité, sa santé, la régulation du climat par les mers et les forêts, et la survie d’un million d’espèces menacées d’extinction.Ensuite, comment gérer et répartir équitablement les fonds, destinés à restaurer les écosystèmes et à combattre la déforestation, la surexploitation des ressources, les pollutions, etc.Ces buts sont ceux fixés par l’accord de Kunming-Montréal, scellé fin 2022 à la COP15 de la Convention sur la diversité biologique (CDB).Ils doivent être atteints en atteignant d’ici 2030 23 objectifs, dont le plus emblématique prévoit de placer 30% des terres et mers dans des aires protégées (contre 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).Autre objectif, porter à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses de la protection de la nature, dont 30 milliards d’aide des pays développés aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022).- Créer un fonds ? -Mais le principal point d’achoppement est la revendication des pays en développement de créer un fonds dédié à la protection de la nature et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la CDB depuis 1992.Les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des États-Unis, non-signataires de la convention mais important contributeur financier – y sont hostiles: ils craignent une fragmentation de l’aide au développement, déjà menacée par les crises budgétaires et l’effacement de l’aide américaine depuis l’élection de Donald Trump.Les Etats-Unis, observateurs influents lors des précédentes COP, ont renoncé à faire le déplacement à Rome.Pour les pays développés, il faut avant tout “améliorer les performances” des instruments existants, le Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire adoptée en 2022 et modestement dotée (400 millions de dollars).Le projet d’accord renvoie ensuite à la COP18, en 2028, le soin de décider s’il faut un nouveau fonds ou si des instruments existants peuvent être transformés pour correspondre aux attentes des pays en développement, qui sont nombreux, pays africains en tête, à les juger inéquitables et difficiles d’accès.Même en cas d’accord à Rome, celui-ci laissera un goût amer, trois mois après un compromis financier Nord-Sud adopté dans la douleur à la COP29 sur le climat à Bakou. Le Brésil a déjà prévenu que les progrès douloureux réalisés à la CBD risquaient de se répercuter sur d’autres négociations cette année.

Dernières heures à Rome pour un accord financier sur la sauvegarde de la nature

La grande conférence biodiversité des Nations unies examine jeudi à Rome un ultime compromis poussé par le Brésil pour dépasser l’interminable dispute Nord-Sud sur le financement des efforts mondiaux pour stopper la destruction de la nature.Riches nations et pays en développement, qui s’étaient quittés fâchés en novembre à la COP16 biodiversité de Cali (Colombie), ont entamé par des déclarations plus feutrées au dernier jour des prolongations, organisées depuis mardi au siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).Le Brésil, “réellement déçu” mercredi soir par le projet d’accord de la présidence colombienne, a suggéré jeudi matin quelques évolutions, accueillies par une Union européenne “prudemment favorable”.La proposition a été formulée au nom des BRICS, le bloc des économies émergentes présidé cette année par Brasilia et qui réunit notamment la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.Elle doit être débattue dans l’après-midi lors de consultations à portes closes, avant de nouvelles joutes oratoires dans la salle plénière, qui pourraient se prolonger dans la nuit.”Nous n’avons plus de temps (…) c’est la fin de la partie”, a exhorté la présidente de la COP16, Susana Muhamad. La ministre colombienne de l’Environnement cherche à éviter un nouveau fiasco pour le multilatéralisme environnemental, déjà fragilisé par l’enlisement des négociations sur la pollution plastique et le retard de l’humanité sur ses objectifs climatiques.”Ne laissez pas le silence être notre héritage”, proclamaient les tracts distribués aux négociateurs par des jeunes venus les accueillir dans le hall d’entrée sur fond de bruits de forêt tropicale.- Bataille de fonds -Le projet d’accord, recherché sur fonds de vives tensions commerciales et géopolitiques, vise à clarifier les deux objectifs de la diplomatie environnementale pour les cinq prochaines années. Le premier: comment lever des centaines de milliards de dollars pour arrêter d’ici 2030 la destruction de la nature qui menace l’alimentation de l’humanité, sa santé, la régulation du climat par les mers et les forêts, et la survie d’un million d’espèces menacées d’extinction.Ensuite, comment gérer et répartir équitablement les fonds, destinés à restaurer les écosystèmes et à combattre la déforestation, la surexploitation des ressources, les pollutions, etc.Ces buts sont ceux fixés par l’accord de Kunming-Montréal, scellé fin 2022 à la COP15 de la Convention sur la diversité biologique (CDB).Ils doivent être atteints en atteignant d’ici 2030 23 objectifs, dont le plus emblématique prévoit de placer 30% des terres et mers dans des aires protégées (contre 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).Autre objectif, porter à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses de la protection de la nature, dont 30 milliards d’aide des pays développés aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022).- Créer un fonds ? -Mais le principal point d’achoppement est la revendication des pays en développement de créer un fonds dédié à la protection de la nature et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la CDB depuis 1992.Les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des États-Unis, non-signataires de la convention mais important contributeur financier – y sont hostiles: ils craignent une fragmentation de l’aide au développement, déjà menacée par les crises budgétaires et l’effacement de l’aide américaine depuis l’élection de Donald Trump.Les Etats-Unis, observateurs influents lors des précédentes COP, ont renoncé à faire le déplacement à Rome.Pour les pays développés, il faut avant tout “améliorer les performances” des instruments existants, le Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire adoptée en 2022 et modestement dotée (400 millions de dollars).Le projet d’accord renvoie ensuite à la COP18, en 2028, le soin de décider s’il faut un nouveau fonds ou si des instruments existants peuvent être transformés pour correspondre aux attentes des pays en développement, qui sont nombreux, pays africains en tête, à les juger inéquitables et difficiles d’accès.Même en cas d’accord à Rome, celui-ci laissera un goût amer, trois mois après un compromis financier Nord-Sud adopté dans la douleur à la COP29 sur le climat à Bakou. Le Brésil a déjà prévenu que les progrès douloureux réalisés à la CBD risquaient de se répercuter sur d’autres négociations cette année.

La Turquie suspendue à “l’appel à la paix” du chef kurde Öcalan

La Turquie attend jeudi une “déclaration historique” du chef kurde Abdullah Öcalan sous la forme d’un “appel à la paix” pour mettre fin à quatre décennies de violences.C’est ce que promet un message écrit en lettres blanches sur un large écran bleu installé dans un grand hôtel d’Istanbul, d’où la délégation qui lui a rendu visite jeudi matin doit présenter à 17H00 (14H00 GMT) le message du fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).”Appel à la paix et à une société démocratique – Abdullah Öcalan – 27 février 2025 – Imrali”, est-il écrit face à plusieurs centaines de journalistes déjà installés.Une délégation du parti prokurde DEM s’est rendue dans la matinée sur l’île-prison d’Imrali, en mer de Marmara, où elle s’est entretenue pendant trois heures avec M. Öcalan, détenu à l’isolement depuis 26 ans.Dans l’attente de ce message, des centaines de personnes ont commencé à se rassembler en dansant et en chantant comme à Diyarbakir (sud-est). Des écrans géants ont été dressés dans le nord de la Syrie et de l’Irak qui accueillent également une forte minorité kurde.C’est la troisième fois depuis fin décembre que des représentants du DEM, troisième force au parlement turc, sont autorisés à rencontrer “Apo” (oncle, en kurde), leader historique et toujours vénéré du PKK, condamné à la prison à vie.Lors des précédentes rencontres, Abdulah Öcalan, 75 ans, avait exprimé sa “détermination” à tourner la page.”Si les conditions se présentent, j’ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique”, a-t-il assuré à l’un de ses interlocuteurs.Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000 puis en 2013, avaient fait long feu, cédant la place à des flambées de violence.”Des millions de personnes prient pour une solution”, a affirmé mardi le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan. – “Itinéraire pour la paix” -Cette fois, “la puissance militaire de la Turquie empêche depuis longtemps le PKK d’agir sur le terrain”, souligne Boris James, historien français spécialiste des Kurdes.Selon Tuncer Bakirhan, “M. Öcalan prépare un itinéraire pour la paix”. “Il ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible” dans le pays, a-t-il indiqué récemment.Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l’intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement après vingt-six ans de détention.Une remise en liberté paraît cependant peu probable, étant donné les menaces de vengeance qui pèsent sur Abdullah Öcalan.La guérilla livrée par le PKK, considéré comme un groupe terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.- Main tendue et répression -Le président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est peu exprimé sur le sujet, a confirmé à plusieurs reprises la politique de “la main tendue aux frères kurdes”, qui constituent la principale minorité de Turquie (20% de la population environ), tout en accentuant la pression sur l’opposition, en particulier sur le parti DEM, dont dix maires ont été démis de leurs fonctions depuis leur élection l’an dernier.C’est le cas du populaire maire de Mardin (sud-est) et figure du mouvement kurde, Ahmet Türk, 82 ans, qui s’est rendu jeudi à Imrali.Des vagues d’arrestations ont été conduites contre des centaines de personnes – militants politiques, élus, artistes, journalistes – accusées de “terrorisme”.Cependant, et en dépit du charisme intact d'”Apo” Öcalan, une vaste incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l’Irak.”Ils peuvent arguer qu’Öcalan étant détenu, sa parole n’est pas libre et continuer le combat”, redoute un diplomate occidental qui prédit alors une riposte militaire immédiate d’Ankara. La Turquie accuse aussi le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes (FDS).Or les FDS sont soutenues par les Etats-Unis au nom de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique. Et nul ne connait à ce stade les intentions de Washington, qui maintient des forces sur place, relève l’historien Hamit Bozarslan, de l’EHESS à Paris: “c’est la clé”, soutient-il.Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a appelé à plusieurs reprises les nouvelles autorités de Damas, alliées d’Ankara, à expulser “les combattants non syriens” issus du PKK. “Ce n’est pas seulement une menace pour notre sécurité, mais pour la région entière”, a-t-il estimé.