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En prison, Nicolas Sarkozy protégé par deux policiers

Deux policiers en prison autour de Nicolas Sarkozy: l’ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité “eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui”, un dispositif qui hérisse un syndicat de surveillants.L’ancien chef de l’Etat bénéficie en temps normal “d’un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui” et ces mesures ont “été maintenues en détention”, a indiqué mercredi le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez sur CNews/Europe 1.Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d’isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier.Ce dispositif, qui relève du ministère de l’Intérieur, a été établi “en lien avec le garde des Sceaux” et “sera maintenu tant que le besoin sera jugé utile”, précise-t-on du côté de Beauvau: “Cette situation inédite impose de prendre les mesures de sécurité adéquates, adaptées à la spécificité de la personnalité et du contexte”.S’il est “un citoyen comme les autres”, “des menaces un peu plus importantes” pèsent sur “l’ancien président de la République qu’est Nicolas Sarkozy. “La décision a été prise et donc elle a été appliquée immédiatement”, a précisé Laurent Nuñez.La décision n’est pas du goût du syndicat de surveillants pénitentiaires Ufap-Unsa-Justice. “On va plutôt avoir deux boulets supplémentaires à traîner”, a dénoncé dans la matinée sur RTL Wilfried Fonck, son secrétaire national.”Aujourd’hui, on a deux personnes civiles qui sont à l’intérieur d’un établissement pénitentiaire qui n’ont rien à y faire (…). Ils ne sont pas rompus au fonctionnement” d’un tel établissement, a fustigé le responsable syndical, qui affirme n’avoir “jamais vu ça en 25 ans de carrière”.Pour le ministre de l’Intérieur, “c’est une décision visant à assurer sa sécurité”, “en plus, évidemment, de tout ce qui est mis en œuvre par l’administration pénitentiaire”.Mais l’Ufap-Unsa Justice estime que la présence de ces deux fonctionnaires de police est un “crachat qui est fait au personnel pénitentiaire”.”On est en train de nous dire que le personnel pénitentiaire ne sait pas bosser”, a insisté Wilfried Fonck.- “Justiciable comme un autre” -Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été condamné le 25 septembre pour association de malfaiteurs dans le procès libyen à cinq ans de prison, une détention inédite dans l’histoire de la République. Il a fait appel de cette décision.Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l’ouest parisien vers 09H15 mardi matin, l’ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé.Trois Français sur quatre estiment qu’il est “un justiciable comme un autre, qui ne doit pas être traité différemment des autres personnes condamnées”, selon un sondage RTL-Toluna Harris Interactive publié mercredi. Un chiffre qui tombe à 52% chez les sympathisants des Républicains, ajoute le sondage. Nicolas Sarkozy devrait rester “un minimum de trois semaines ou d’un mois” en prison, avait indiqué mardi son avocat Christophe Ingrain devant les portes de la prison. La cour d’appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée dans la foulée du placement sous écrou.Reçu par le président Emmanuel Macron vendredi dernier à l’Elysée, l’ex-chef de l’Etat pourrait aussi recevoir la visite en prison du ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Des visites désapprouvées par “une majorité de Français”, tout comme le rassemblement de soutien qui s’est tenu mardi matin devant le domicile de Nicolas Sarkozy, d’après le sondage RTL-Toluna Harris Interactive.Ils sont ainsi 53% à désapprouver ce rassemblement, et 57% la visite annoncée de Gérald Darmanin, selon cette enquête réalisée en ligne mardi auprès d’un échantillon de 1.025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.Le garde des Sceaux avait déclaré lundi qu’il irait “voir en prison” Nicolas Sarkozy, assurant qu’en tant que ministre de la Justice il pouvait “aller voir n’importe quelle prison et n’importe quel détenu”. Ce projet a été critiqué par le plus haut parquetier de France, le procureur général près la Cour de cassation Rémi Heitz, qui y a vu un risque “d’atteinte à l’indépendance des magistrats”.mca-sm-ng-mby/bfa/dro

Aide humanitaire à Gaza: la CIJ va rendre son avis sur les obligations d’Israël

La plus haute juridiction de l’ONU a ouvert mercredi l’audience lors de laquelle elle doit rendre son avis sur les obligations d’Israël envers les organismes fournissant une aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza.Le président de la CIJ, Yuji Iwasawa, a ouvert l’audience publique pour rendre cet avis consultatif concernant l’obligation d’Israël de faciliter l’aide à Gaza.L’ONU a demandé à la cour de La Haye de clarifier les obligations d’Israël, en tant que puissance occupante, envers les Nations unies et d’autres organismes, “y compris s’agissant d’assurer et de faciliter la fourniture sans entrave d’articles de première nécessité essentiels à la survie” des Palestiniens.Un avis de la CIJ n’est pas juridiquement contraignant, mais la cour estime qu’elle a “un grand poids juridique et une grande autorité morale”.En avril, les juges ont entendu pendant une semaine des témoignages de dizaines de pays et d’organisations, dont une grande partie concernait le statut de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.Israël n’a pas participé aux audiences. Son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, les a qualifiées de “partie intégrante d’une persécution et d’une délégitimation systématiques d’Israël”.Israël a interdit à l’UNRWA d’opérer sur son sol après avoir accusé certains de ses employés de participation à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.Plusieur enquêtes, dont une menée par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des “problèmes de neutralité” à l’UNRWA.Cependant, ce rapport d’avril 2024 indiquait qu’Israël n’avait “pas encore fourni de preuves” à l’appui de ses allégations selon lesquelles “un nombre important d’employés de l’UNRWA sont membres d’organisations terroristes”.Lors d’audiences devant la cour de La Haye, un responsable américain a exprimé de “sérieuses inquiétudes” quant à l’impartialité de l’UNRWA et a allégué que le Hamas utilisait des installations de l’agence.Le responsable américain, Josh Simmons, a déclaré qu’Israël n’avait “aucune obligation d’autoriser spécifiquement l’UNRWA à fournir une aide humanitaire”.Le responsable palestinien Ammar Hijazi a dit aux juges de la CIJ qu’Israël bloquait l’aide, la considérant comme une “arme de guerre”, provoquant ainsi la famine à Gaza.- “Bouée de sauvetage” -Le directeur général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a décrit son organisation comme une “bouée de sauvetage” pour les près de six millions de réfugiés palestiniens.L’agence compte encore quelque 12.000 employés à Gaza et entend jouer un rôle majeur dans sa reconstruction après le fragile cessez-le-feu conclu plus tôt ce mois-ci.Plus de 370 employés de l’UNRWA ont été tués depuis le début de la guerre, selon l’agence.Mardi, Abeer Etefa, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, a indiqué que 530 camions de l’organisation étaient entrés dans Gaza depuis la prise d’effet du cessez-le-feu.Ces camions ont apporté plus de 6.700 tonnes de nourriture, ce qui, selon elle, “suffit pour nourrir près d’un demi-million de personnes pendant deux semaines”.Israël fait face à plusieurs procédures en droit international concernant ses opérations à Gaza.En juillet 2024, la CIJ a rendu un autre avis consultatif estimant que l’occupation israélienne des territoires palestiniens était “illégale” et devait cesser au plus vite.La cour examine également une affaire portée par l’Afrique du Sud, qui accuse Israël de violation de la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.Une autre juridiction de La Haye, la Cour pénale internationale, a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés.Elle a aussi émis un mandat d’arrêt contre le commandant du Hamas Mohammed Deif, qui, selon Israël, a été tué lors d’une frappe aérienne.

Au Portugal, un paradis côtier accaparé par les plus fortunés

Au-dessus des pinèdes et des dunes qui longent des kilomètres de plages quasi-désertes de ce coin du sud-ouest du Portugal, des grues s’élèvent des chantiers de construction de complexes hôteliers de luxe, illustrant la transformation de cette région de Comporta en un nouveau refuge idyllique pour célébrités et touristes fortunés.A une heure de route au sud de Lisbonne, ce lieu de villégiature séduit notamment des personnalités “people” telles que l’actrice Nicole Kidman ou la princesse Caroline de Monaco, au point d’être désormais surnommée “la nouvelle Riviera portugaise” et comparée aux Hamptons, la côte huppée située près de New York.Symbole du “luxe décontracté”, Comporta attire “une clientèle fortunée en quête de nature, de discrétion, de bien-être”, résume le cabinet Knight Frank dans un récent rapport.La destination figure parmi les cinq marchés résidentiels de luxe les plus recherchés au monde, selon un classement publié fin septembre par ce cabinet international de conseil immobilier.Parmi les premières personnalités internationales à découvrir son charme, le créateur français Christian Louboutin, connu pour ses chaussures à semelle rouge, y a même ouvert son propre hôtel.L’établissement se dresse au cœur du Melides, un petit village rural avec ses ruelles écrasées par le soleil, ses cheminées blanches et ses maisons blanchies à la chaux avec leurs portes et fenêtres encadrées de bleu.La princesse Eugénie, nièce du roi Charles III d’Angleterre, partage son temps entre Londres et le Portugal, attirée, dit-elle, par la simplicité du lieu: “Je peux aller au supermarché en tenue de sport, les cheveux en bataille, et personne ne s’en soucie”, confiait-elle en 2023 dans le podcast Table and Manners.- “Huit méga-projets” -Mais pour certains habitants de la région et les défenseurs de l’environnement, l’envers du décor est plus inquiétant.”Nous avons cartographié huit méga-projets, chacun couvrant des centaines d’hectares”, alerte Rebeca Mateus, une biologiste membre de l’association “Dunas Livres” (Dunes libres), qui dénonce notamment la consommation élevée d’eau dans une région chroniquement menacée par la sécheresse.L’association s’inquiète également des “dégâts irréversibles” sur les dunes, un habitat fragile et lent à se régénérer, explique à l’AFP Catarina Rosa, membre du même collectif.La transformation de la région remonte à l’effondrement d’une dynastie de banquiers portugais, les Espirito Santo, dans la foulée de la crise de la dette de 2011.Cette famille était jusqu’alors la seule propriétaire de la “Herdade de Comporta”, un domaine agricole de plus de 12.000 hectares.Après la faillite de Banco Espirito Santo, ses propriétaires ont vendu de vastes parcelles du domaine à des promoteurs immobiliers, qui ont multiplié les projets de résidences privées, complexes hôteliers et terrains de golf.Ces investissements sont portés par des groupes portugais comme celui de la famille Amorim, le groupe Vanguard Properties du Français Claude Berda ou encore la société américaine Discovery Land and Company.- “Sans plan ni respect” -Cette dernière développe notamment le projet Costa Terra Golf and Ocean Club, avec près de 300 villas de luxe.Pour la population locale, certains ont profité de cet engouement pour vendre leurs petites propriétés pour des montants irrésistibles, tandis que d’autres s’inquiètent d’une flambée des prix de l’immobilier qui bouleverse tout un mode de vie.”Une petite maison, qui valait 20.000 euros il y a vingt ans, en vaut aujourd’hui un million”, témoigne auprès de l’AFP Jacinto Ventura, agriculteur de 42 ans et président d’une association locale à Melides.Par ailleurs, les habitants se plaignent d’entraves croissantes à l’accès aux plages, censées être toutes publiques, et d’un coût de la vie qui augmente, notamment dans les petits commerces locaux.Et alors que certains se résignent à quitter la région, d’autres tentent de résister, comme Belinda Sobral, une ancienne ingénieure de 42 ans qui a repris la taverne de ses grands-parents dans un petit village un peu plus à l’intérieur des terres, dans la commune de Grândola.”Le tourisme, ce n’est pas le problème, c’est la façon dont cela a été fait: trop vite, sans plan ni respect des gens d’ici”, déplore cette mère de deux enfants.”Je veux préserver l’identité du lieu”, dit-elle. “Sans mémoire, Comporta deviendra une autre Ibiza, une station balnéaire comme tant d’autres.”

Au Portugal, un paradis côtier accaparé par les plus fortunés

Au-dessus des pinèdes et des dunes qui longent des kilomètres de plages quasi-désertes de ce coin du sud-ouest du Portugal, des grues s’élèvent des chantiers de construction de complexes hôteliers de luxe, illustrant la transformation de cette région de Comporta en un nouveau refuge idyllique pour célébrités et touristes fortunés.A une heure de route au sud de Lisbonne, ce lieu de villégiature séduit notamment des personnalités “people” telles que l’actrice Nicole Kidman ou la princesse Caroline de Monaco, au point d’être désormais surnommée “la nouvelle Riviera portugaise” et comparée aux Hamptons, la côte huppée située près de New York.Symbole du “luxe décontracté”, Comporta attire “une clientèle fortunée en quête de nature, de discrétion, de bien-être”, résume le cabinet Knight Frank dans un récent rapport.La destination figure parmi les cinq marchés résidentiels de luxe les plus recherchés au monde, selon un classement publié fin septembre par ce cabinet international de conseil immobilier.Parmi les premières personnalités internationales à découvrir son charme, le créateur français Christian Louboutin, connu pour ses chaussures à semelle rouge, y a même ouvert son propre hôtel.L’établissement se dresse au cœur du Melides, un petit village rural avec ses ruelles écrasées par le soleil, ses cheminées blanches et ses maisons blanchies à la chaux avec leurs portes et fenêtres encadrées de bleu.La princesse Eugénie, nièce du roi Charles III d’Angleterre, partage son temps entre Londres et le Portugal, attirée, dit-elle, par la simplicité du lieu: “Je peux aller au supermarché en tenue de sport, les cheveux en bataille, et personne ne s’en soucie”, confiait-elle en 2023 dans le podcast Table and Manners.- “Huit méga-projets” -Mais pour certains habitants de la région et les défenseurs de l’environnement, l’envers du décor est plus inquiétant.”Nous avons cartographié huit méga-projets, chacun couvrant des centaines d’hectares”, alerte Rebeca Mateus, une biologiste membre de l’association “Dunas Livres” (Dunes libres), qui dénonce notamment la consommation élevée d’eau dans une région chroniquement menacée par la sécheresse.L’association s’inquiète également des “dégâts irréversibles” sur les dunes, un habitat fragile et lent à se régénérer, explique à l’AFP Catarina Rosa, membre du même collectif.La transformation de la région remonte à l’effondrement d’une dynastie de banquiers portugais, les Espirito Santo, dans la foulée de la crise de la dette de 2011.Cette famille était jusqu’alors la seule propriétaire de la “Herdade de Comporta”, un domaine agricole de plus de 12.000 hectares.Après la faillite de Banco Espirito Santo, ses propriétaires ont vendu de vastes parcelles du domaine à des promoteurs immobiliers, qui ont multiplié les projets de résidences privées, complexes hôteliers et terrains de golf.Ces investissements sont portés par des groupes portugais comme celui de la famille Amorim, le groupe Vanguard Properties du Français Claude Berda ou encore la société américaine Discovery Land and Company.- “Sans plan ni respect” -Cette dernière développe notamment le projet Costa Terra Golf and Ocean Club, avec près de 300 villas de luxe.Pour la population locale, certains ont profité de cet engouement pour vendre leurs petites propriétés pour des montants irrésistibles, tandis que d’autres s’inquiètent d’une flambée des prix de l’immobilier qui bouleverse tout un mode de vie.”Une petite maison, qui valait 20.000 euros il y a vingt ans, en vaut aujourd’hui un million”, témoigne auprès de l’AFP Jacinto Ventura, agriculteur de 42 ans et président d’une association locale à Melides.Par ailleurs, les habitants se plaignent d’entraves croissantes à l’accès aux plages, censées être toutes publiques, et d’un coût de la vie qui augmente, notamment dans les petits commerces locaux.Et alors que certains se résignent à quitter la région, d’autres tentent de résister, comme Belinda Sobral, une ancienne ingénieure de 42 ans qui a repris la taverne de ses grands-parents dans un petit village un peu plus à l’intérieur des terres, dans la commune de Grândola.”Le tourisme, ce n’est pas le problème, c’est la façon dont cela a été fait: trop vite, sans plan ni respect des gens d’ici”, déplore cette mère de deux enfants.”Je veux préserver l’identité du lieu”, dit-elle. “Sans mémoire, Comporta deviendra une autre Ibiza, une station balnéaire comme tant d’autres.”

Le prix Sakharov décerné à deux journalistes emprisonnés du Bélarus et de Géorgie

Deux journalistes emprisonnés au Bélarus et en Géorgie, Andrzej Poczobut et Mzia Amaghlobeli, se sont vu décerner mercredi le prix Sakharov pour la liberté de pensée.”Les deux sont des journalistes actuellement en prison sur la base d’accusations inventées de toutes pièces, simplement pour avoir fait leur travail et dénoncé l’injustice”, a déclaré la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. “Leur courage en a fait des symboles de la lutte pour la liberté et la démocratie”.Ils étaient en lice pour le prestigieux prix européen, en mémoire du dissident soviétique Andreï Sakharov, aux côtés des organisations humanitaires et de journalistes opérant dans les territoires palestiniens; et des étudiants serbes, dont le mouvement de protestation bouscule le pays depuis un an.Ils succèdent aux opposants vénézuéliens Edmundo Gonzalez Urrutia et Maria Corina Machado, cette dernière tout juste récompensée du prix Nobel de la Paix.- “Le journalisme n’est pas un crime” -L’attribution du prix à ces deux journalistes “envoie un message fort à tous les prisonniers politiques : que vous n’êtes pas seuls et que le journalisme n’est pas un crime”, a déclaré devant les eurodéputés l’opposante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa, juste après l’attribution du prix.”N’abandonnez pas, continuez de vous battre quoi qu’il arrive !”, a-t-elle lancé.Mzia Amaghlobeli, journaliste géorgienne devenue le symbole de la lutte pour la liberté de la presse dans le pays du Caucase, a été condamnée en août à deux ans de prison pour avoir, selon l’accusation, giflé un policier lors d’une manifestation le 12 janvier dans la ville de Batoumi, sur la mer Noire.Âgée de 50 ans, cofondatrice de deux médias indépendants, rares voix critiques dans un paysage médiatique polarisé, elle est spécialisée dans les enquêtes sur le gaspillage d’argent public et les abus de pouvoir.Pour protester contre sa détention après son interpellation, elle a observé une grève de la faim une quarantaine de jours, avant de l’interrompre pour préserver sa santé. Reporters sans frontières, qui réclame sa libération, a jugé que sa peine était un symbole du “glissement autoritaire” à l’œuvre en Géorgie depuis la prise de pouvoir du parti Rêve géorgien.Amnesty International a quant à elle dénoncé un procès “entaché de violations de procédure et de partialité”, et accusé la police géorgienne d’avoir fait subir des violences physiques et verbales à Mme Amaghlobeli.Elle était aussi en lice cette année pour pour le prix des droits de l’homme Vaclav Havel décerné lundi par le Conseil de l’Europe, une autre institution européenne. Le prix a été remporté par le journaliste ukrainien Maxime Boutkevitch, libéré l’an dernier après avoir été capturé par les forces russes.- “Pas oublié” -Andrzej Poczobut, journaliste polono-bélarusse âgé de 52 ans, est membre de la minorité polonaise du Bélarus. Il a été condamné en février 2023 à huit ans de prison dans cette ex-république soviétique, ce que l’opposition a considéré être une “vengeance personnelle” de l’autocrate au pouvoir Alexandre Loukachenko.Le gouvernement de Loukachenko mène une répression implacable contre toutes les voix critiques, en particulier depuis un mouvement de contestation sans précédent en 2020.Andrzej Poczobut, alors correspondant à Minsk du média polonais Gazeta Wyborcza et militant pour les droits de la minorité polonaise, avait été arrêté début 2021 en pleine vague de répression contre les médias accusés de propos critiques à l’égard du pouvoir.Lors de son procès à huis clos deux ans plus tard au tribunal régional de Grodno (ouest) il a été reconnu coupable d'”appels publics à des actions visant à nuire à la sécurité nationale” et d'”incitation à la haine”.Il se voyait notamment reprocher d’avoir appelé à des sanctions internationales contre le Bélarus.”Nous sommes très heureux que le monde, le Parlement européen, l’Union européenne, n’aient pas oublié Andrzej Poczobut”, a déclaré à l’AFP Roman Imielski, rédacteur en chef de la Gazeta Wyborcza. “J’espère que l’attribution de ce prix marquera une nouvelle ouverture, qu’Andrzej Poczobut retrouvera la liberté.”Les lauréats du prix sont censés recevoir le prix dans l’hémicycle de Strasbourg le 16 décembre, mais il faudrait pour cela qu’ils soient libérés.

Le prix Sakharov décerné à deux journalistes emprisonnés du Bélarus et de Géorgie

Deux journalistes emprisonnés au Bélarus et en Géorgie, Andrzej Poczobut et Mzia Amaghlobeli, se sont vu décerner mercredi le prix Sakharov pour la liberté de pensée.”Les deux sont des journalistes actuellement en prison sur la base d’accusations inventées de toutes pièces, simplement pour avoir fait leur travail et dénoncé l’injustice”, a déclaré la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. “Leur courage en a fait des symboles de la lutte pour la liberté et la démocratie”.Ils étaient en lice pour le prestigieux prix européen, en mémoire du dissident soviétique Andreï Sakharov, aux côtés des organisations humanitaires et de journalistes opérant dans les territoires palestiniens; et des étudiants serbes, dont le mouvement de protestation bouscule le pays depuis un an.Ils succèdent aux opposants vénézuéliens Edmundo Gonzalez Urrutia et Maria Corina Machado, cette dernière tout juste récompensée du prix Nobel de la Paix.- “Le journalisme n’est pas un crime” -L’attribution du prix à ces deux journalistes “envoie un message fort à tous les prisonniers politiques : que vous n’êtes pas seuls et que le journalisme n’est pas un crime”, a déclaré devant les eurodéputés l’opposante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa, juste après l’attribution du prix.”N’abandonnez pas, continuez de vous battre quoi qu’il arrive !”, a-t-elle lancé.Mzia Amaghlobeli, journaliste géorgienne devenue le symbole de la lutte pour la liberté de la presse dans le pays du Caucase, a été condamnée en août à deux ans de prison pour avoir, selon l’accusation, giflé un policier lors d’une manifestation le 12 janvier dans la ville de Batoumi, sur la mer Noire.Âgée de 50 ans, cofondatrice de deux médias indépendants, rares voix critiques dans un paysage médiatique polarisé, elle est spécialisée dans les enquêtes sur le gaspillage d’argent public et les abus de pouvoir.Pour protester contre sa détention après son interpellation, elle a observé une grève de la faim une quarantaine de jours, avant de l’interrompre pour préserver sa santé. Reporters sans frontières, qui réclame sa libération, a jugé que sa peine était un symbole du “glissement autoritaire” à l’œuvre en Géorgie depuis la prise de pouvoir du parti Rêve géorgien.Amnesty International a quant à elle dénoncé un procès “entaché de violations de procédure et de partialité”, et accusé la police géorgienne d’avoir fait subir des violences physiques et verbales à Mme Amaghlobeli.Elle était aussi en lice cette année pour pour le prix des droits de l’homme Vaclav Havel décerné lundi par le Conseil de l’Europe, une autre institution européenne. Le prix a été remporté par le journaliste ukrainien Maxime Boutkevitch, libéré l’an dernier après avoir été capturé par les forces russes.- “Pas oublié” -Andrzej Poczobut, journaliste polono-bélarusse âgé de 52 ans, est membre de la minorité polonaise du Bélarus. Il a été condamné en février 2023 à huit ans de prison dans cette ex-république soviétique, ce que l’opposition a considéré être une “vengeance personnelle” de l’autocrate au pouvoir Alexandre Loukachenko.Le gouvernement de Loukachenko mène une répression implacable contre toutes les voix critiques, en particulier depuis un mouvement de contestation sans précédent en 2020.Andrzej Poczobut, alors correspondant à Minsk du média polonais Gazeta Wyborcza et militant pour les droits de la minorité polonaise, avait été arrêté début 2021 en pleine vague de répression contre les médias accusés de propos critiques à l’égard du pouvoir.Lors de son procès à huis clos deux ans plus tard au tribunal régional de Grodno (ouest) il a été reconnu coupable d'”appels publics à des actions visant à nuire à la sécurité nationale” et d'”incitation à la haine”.Il se voyait notamment reprocher d’avoir appelé à des sanctions internationales contre le Bélarus.”Nous sommes très heureux que le monde, le Parlement européen, l’Union européenne, n’aient pas oublié Andrzej Poczobut”, a déclaré à l’AFP Roman Imielski, rédacteur en chef de la Gazeta Wyborcza. “J’espère que l’attribution de ce prix marquera une nouvelle ouverture, qu’Andrzej Poczobut retrouvera la liberté.”Les lauréats du prix sont censés recevoir le prix dans l’hémicycle de Strasbourg le 16 décembre, mais il faudrait pour cela qu’ils soient libérés.