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La Chine appelle à “lutter sans relâche” en achevant sa grand-messe politique

La Chine a tiré le rideau mardi à Pékin sur sa principale réunion politique annuelle en exhortant à une lutte “sans relâche” sur fond de difficultés économiques et de rivalité politico-commerciale croissante avec les Etats-Unis.Les quelque 3.000 membres de l’Assemblée nationale populaire (ANP), l’organe législatif du pays – dans les faits soumis au Parti communiste chinois (PCC) -, étaient rassemblés au Palais du peuple donnant sur la place Tiananmen, gardée par un portrait de Mao Tsé-toung.Une fois le président chinois Xi Jinping entré dans la salle en forme d’immense théâtre, au son d’une fanfare militaire, un haut responsable parlementaire, Li Hongzhong, a ouvert la séance. Il remplaçait au pied levé le président du comité permanent du Parlement et numéro trois du gouvernement, Zhao Leji, dont l’absence a été attribuée à une “infection respiratoire”.”Unissons-nous encore plus étroitement autour du Comité central du Parti avec le camarade Xi Jinping en son coeur”, a déclaré M. Li.Sous les applaudissements enthousiastes, il a également appelé à “lutter sans relâche pour la grande cause du renouveau du peuple chinois”, une allusion au développement économique de la Chine et à son retour au sein des grandes puissances mondiales.Les délégués ont ensuite procédé au vote des rapports de travail annuels du gouvernement, de la Cour populaire suprême et du Parquet populaire suprême.- Quasi-unanimité -Appuyant sur un des boutons disposés devant eux, les représentants, y compris Xi Jinping, ont aussi voté des résolutions sur les budgets central et locaux, le plan de développement économique, ainsi qu’un amendement à la loi sur les législateurs.Des scrutins aboutissant, à chaque fois, à une quasi-unanimité et de brefs applaudissements, avant la conclusion de l’événement annuel par l’hymne national.La plupart des propositions votées par le Parlement chinois, qui fait surtout office de chambre d’enregistrement, avaient déjà été décidées par le sommet du pouvoir communiste, non sans d’intenses consultations en amont.”La réunion a permis de mener à bien chaque point de l’ordre du jour et de faire avancer la démocratie”, s’est félicité Li Hongzhong.L’un des moments les plus scrutés de cette session annuelle du Parlement, entamée mercredi dernier, aura été le discours du Premier ministre Li Qiang.Il avait alors dévoilé un objectif “d’environ 5%” de croissance pour 2025, comme l’an dernier, un relèvement inédit du déficit budgétaire de la Chine,un soutien aux entrepreneurs privés, et avait dit espérer créer 12 millions d’emplois urbains cette année.La deuxième économie mondiale est en effet lestée, depuis la pandémie de Covid-19, par une crise du secteur immobilier, une consommation atone ou encore un taux de chômage élevé chez les jeunes.Sans compter les droits de douane supplémentaires décidés par le président américain Donald Trump sur l’intégralité des produits chinois, maintenant à hauteur de 20%.- Intelligence artificielle -Des mesures américaines qui freinent “le développement de l’économie mondiale” et perturbent “la stabilité des chaînes industrielles”, selon le ministre du Commerce Wang Wentao, lequel a promis la semaine dernière que son pays se battrait “jusqu’au bout” dans ce domaine.Le rapport d’activité du gouvernement, présenté par Li Qiang, avait promis de faire de la demande intérieure “la force motrice et le point d’ancrage de la croissance”.Le délégué Zheng Yueming, de la province du Shandong (est), a dit à l’AFP sa confiance dans l’économie chinoise en dépit du contexte international.”Je crois que nous aurons de la croissance dans de nouveaux domaines ce qui pourra atténuer certaines difficultés”, a-t-il jugé.Face au succès récent de la startup chinoise DeepSeek, l’intelligence artificielle (IA) pourrait être un de ces leviers, en ce qu’il démontre “la capacité de la Chine à innover”, d’après Wu Qing, le patron de l’autorité chinoise de régulation des marchés, qui s’est exprimé jeudi devant la presse.Le gouvernement a notamment annoncé dimanche qu’il allait renforcer le recours à l’IA dans le domaine des soins aux personnes âgées, dans un pays comptant de plus en plus de seniors.”Je pense qu’il y aura beaucoup de promotion de ces (…) avancées technologiques, des lois adéquates devraient donc suivre”, a appelé de ses voeux la parlementaire de Shanghai, Liu Yiyan auprès de l’AFP.mya-mjw-jnd-ehl/abx

L’Ukraine et les Etats-Unis discutent d’un cessez-le-feu partiel avec la Russie

L’Ukraine et les Etats-Unis ont entamé des discussions mardi en Arabie saoudite, avec une proposition ukrainienne de cessez-le-feu partiel avec la Russie sur la table, quelques heures après une attaque massive de drones visant notamment la région de Moscou. Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, et le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiga, participent à cette réunion à Jeddah, ville au bord de la mer Rouge. Cette rencontre intervient à un moment où le président américain, Donald Trump, a accentué la pression sur l’Ukraine pour mettre fin à la guerre qui a débuté avec l’invasion russe du pays en février 2022.”Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix”, a déclaré le chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriï Iermak, à des journalistes en entrant dans la salle des négociations, ajoutant que la réunion avait débuté “de façon très constructive”.Mais au moment où l’Ukraine espère retrouver le soutien de Washington après le récent cataclysme dans leurs relations, le ministère russe de la Défense a annoncé avoir détruit 337 drones aériens, dont 91 dans les environs de la capitale russe, qui n’a que très exceptionnellement été frappée directement depuis le début il y a un peu plus de trois ans de l’offensive russe à grande échelle en Ukraine.L’attaque, qui a fait un mort et de trois blessés, est “un signal supplémentaire adressé à (Vladimir) Poutine pour l’inciter à s’intéresser à une trêve aérienne”, a déclaré Andriï Kovalenko, porte-parole du Centre gouvernemental ukrainien contre la désinformation. Les négociateurs ukrainiens sont arrivés à Jeddah avec une proposition, avait indiqué lundi à l’AFP un haut responsable ukrainien sous couvert d’anonymat: une “trêve dans les airs” et “en mer” avec Moscou.”Ce sont les options de cessez-le-feu qui sont faciles à mettre en place et à surveiller et il est possible de commencer par elles”, avait-il ajouté. Les pourparlers visent à “définir un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial” entre la Russie et l’Ukraine, selon l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.Il s’agit des premiers à ce niveau entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, qui avait donné lieu à une spectaculaire joute verbale avec Donald Trump et son vice-président dans le Bureau ovale, devant la presse et le monde entier.Washington a, depuis, suspendu son aide militaire à Kiev et son partage de renseignements, conséquence fracassante de la transformation des relations entre les Etats-Unis et l’Ukraine depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.- “Concession” -Bien que le président américain ait multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d’être un “dictateur” ou de n’être pas assez reconnaissant envers Washington, le ton semble s’être apaisé.Donald Trump, qui a amorcé en parallèle un spectaculaire rapprochement avec la Russie, a estimé que son homologue ukrainien était prêt à négocier, et a même menacé Moscou de nouvelles sanctions.M. Zelensky est arrivé lundi à Jeddah pour rencontrer les dirigeants saoudiens mais doit laisser à trois de ses hauts responsables le soin de participer aux pourparlers.Arrivé lui aussi lundi dans la ville saoudienne, M. Rubio a dit avoir bon espoir que la suspension de l’aide militaire américaine à Kiev soit résolue.Il a aussi jugé prometteuse l’idée d’un cessez-le-feu partiel: “Je ne dis pas que cela seul sera suffisant, mais c’est le genre de concession nécessaire afin de mettre fin au conflit”, a-t-il dit à des journalistes peu avant son arrivée à Jeddah.”On ne va pas obtenir de cessez-le-feu et de fin à cette guerre si les deux parties ne font pas de concessions”, a-t-il ajouté.M. Rubio a dit ne pas s’attendre à être assis dans une pièce à Jeddah avec les Ukrainiens “en train de dessiner des lignes sur une carte” en vue d’un accord final.Mais il a dit qu’il rapporterait les idées discutées à la Russie.- Kiev à la peine sur le front -Une éventuelle rencontre entre MM. Zelensky et Rubio n’a pas été annoncée.Allié historique des Etats-Unis, Ryad consolide son influence internationale avec cette rencontre.Après avoir été reçu par le prince héritier, Volodymyr Zelensky a assuré aborder les discussions de mardi de manière “absolument constructive”, estimant que l’Arabie saoudite apportait “une plateforme très importante pour la diplomatie”.Selon la présidence ukrainienne, leur entretien a porté sur “une possible médiation de l’Arabie saoudite pour la libération de prisonniers militaires et civils et le retour d’enfants déportés”, ainsi que sur les garanties de sécurité réclamées par Kiev.Les pourparlers ont lieu à l’heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le weekend, la Russie a revendiqué d’importantes avancées dans sa région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.

A Cuba, les joutes poétiques paysannes résistent face au reggaeton

Vers improvisés et joutes verbales résonnent dans un théâtre de Cuba où des jeunes se réunissent régulièrement pour perpétuer le “repentismo”, une tradition campagnarde d’improvisation poétique qui résiste face à l’omniprésence du reggaeton. “Je suis d’une génération/Qui vient presque de débuter/Avec ce rêve campagnard/Qui bat dans mon cÅ“ur”, chante en espagnol et en rimes Emir Amador, à peine âgé de 5 ans, dans le théâtre de Güines, ville de 68.000 habitants située à 50 km de La Havane.Emir est l’un des 200 jeunes âgés de quatre à vingt ans, qui participent dans cette ville à des ateliers de “repentismo”, tradition orale aux racines espagnoles, très populaire dans les pays hispanophones, particulièrement à Cuba, Porto Rico, en Colombie et au Panama. Au cours des “guateques”, ces fêtes paysannes organisées sur l’île, les poètes ont l’habitude d’improviser en respectant une structure bien précise: des strophes de dix vers octosyllabiques et des rimes fixes, schéma connu sous le nom de “décima”. Ils sont accompagnés par un luth, une guitare, un “tres” – guitare cubaine à trois cordes – et des claves.”Et me voici comme un oisillon entre vers et loyauté/Faisant avec une volonté haute comme les Andes/Ce que les grands n’ont pas fait lorsqu’ils avaient mon âge”, poursuit le garçonnet, sans la moindre hésitation. “J’aime beaucoup chanter”, déclare-t-il à l’AFP, sous le portrait de la chanteuse de musique paysanne Celina Gonzalez (1929-2015), surnommée la “reine des champs de Cuba”. Fondée en 2009 par le “repentiste” Lazaro Palenzuela, la “Maison de la décima” est devenue un bastion du “Punto cubano”, tradition associant repentisme et musique, et reconnue en 2017 comme Patrimoine immatériel de l’humanité.Liliet Oliver, âgée de 6 ans, aime aussi “énormément” chanter des vers et aime tout particulièrement les joutes, ces duels poétiques improvisés sur un ton humoristique, satirique ou provocant, qui en général marque l’acmé des fêtes paysannes. “Je suis Liliet, une étoile dans ce ciel d’improvisation/Et tout le monde a remarqué/Que je suis espiègle/Et que je suis belle”, chante la fillette en rimes et d’une voix qui résonne dans tout le théâtre. – “Création artistique merveilleuse” -Plusieurs écoles de ce type existent à Cuba. Dans les ateliers, les poètes en herbe apprennent les techniques de la métrique, des rimes et de l’improvisation, ainsi que la musique.Mais très peu seront des “repentistes” reconnus, avertit Lazaro Palenzuela. “Sur vingt enfants, deux réussissent”, estime le professeur de 53 ans, selon lequel “l’improvisation est un art parmi les plus difficiles”. Certains élèves sont issus de familles paysannes qui cultivent la tradition depuis des générations. “Cela vient de mon arrière-grand-père”, explique à l’AFP Brayan Gutiérrez, 17 ans, membre d’une “dynastie” d’improvisateurs et qui perpétue “l’héritage”.A l’inverse, Brayan Alejandro Iglesias, 20 ans, champion national de “repentismo” en 2024 dans la catégorie jeunes, a tout appris dans cette école. “Ce furent de longues années de sacrifice, à lire, à pratiquer”, raconte le jeune homme qui enseigne désormais aux enfants. Thème sensible pour ces amants de la langue espagnole, de ses subtilités et de sa diversité: l’omniprésence sur l’île du reggaeton, style de musique urbaine apparu dans les années 1990 dans les Caraïbes et qui s’est répandu dans toute l’Amérique latine. “Nous sommes l’antagonisme de cela”, déclare Lazaro Palenzuela qui, comme d’autres, critique les paroles simplistes et “dégradantes” qui parsèment les succès du reggaeton. Brayan Gutiérrez raconte avoir organisé dans son collège des rencontres entre “repentistes” et chanteurs de reggaeton. Selon lui, les deux styles ne peuvent être comparés. Une strophe de “repentisme” bien faite “c’est une création artistique merveilleuse”, dit-il. “Pas les mots obscènes, ni les horreurs que disent, chantent et composent les chanteurs de reggaeton”, soutient-il.  Cependant, Lazaro Palenzuela et ses disciples reconnaissent que le “repentismo” manque de “visibilité”. “Les enfants et les jeunes de ce projet ne cesseront de lutter jusqu’à ce qu’un jour la +décima+ occupe la place qu’elle mérite”, lance, optimiste, le champion Brayan Iglesias.

L’Ukraine mène sa plus grande attaque de drone contre la banlieue de Moscou, deux morts

La Russie a subi dans la nuit de lundi à mardi une attaque massive de drones ukrainiens, la plus grande depuis l’assaut contre l’Ukraine, qui a ciblé en particulier la région de Moscou, faisant au moins deux morts, en pleine effervescence diplomatique autour d’une éventuelle trêve.Le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov, a fait état de deux tués et de plusieurs blessés dans l’attaque, parmi lesquels un enfant. Les villes de Vidnoïe, Domodedovo, Ramenskoïe et le village de Sapronovo, tous situés au sud de la capitale, ont été touchées.L’attaque, qui a impliqué au moins 337 appareils selon le ministère russe de la Défense, intervient à quelques heures de pourparlers en Arabie Saoudite entre représentants ukrainiens et américains, sur les conditions d’une éventuelle trêve partielle.Kiev devrait y présenter une proposition de “trêve dans les airs” et “en mer”, en réponse aux pressions de l’administration de Donald Trump.Les autorités russes ont assuré que l’attaque ukrainienne était un échec, revendiquant l’interception des 337 drones, dont 91 au-dessus de la région de Moscou et 126 au-dessus de la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine et dont quelques centaines de km2 sont occupés par les forces ukrainiennes.”La plus grande attaque de drones ennemis contre Moscou a été repoussée”, s’est félicité le maire de la capitale russe Sergueï Sobianine sur Telegram.- Cela fait peur -A aucun moment les habitants de Moscou et de ses environs n’ont été prévenus de l’attaque en cours, les sirènes d’alertes n’ayant pas été déclenchées en dépit de la menace.  Selon des journalistes de l’AFP, dans le village de Sapronovo, à environ 10 kilomètres de Moscou, un drone a touché le 21e étage d’un immeuble de 25 étages, détruisant des fenêtres et un balcon.”Cela s’est passé à cinq heures du matin. Nous dormions, une explosion s’est produite. Les enfants ont crié”, a raconté à l’AFP Evguenia Bakatouïeva, 38 ans, qui était avec ses trois enfants au moment de l’attaque. Dans son appartement, la fenêtre de la cuisine a été brisée.”Cela fait peur, très peur”, ajoute cette employée d’un salon de beauté.”Jusqu’ici, je n’avais vu ça qu’à la télé”, dit Artiom, qui travaille chez un concessionnaire automobile et dont l’appartement a subi des dégâts. “C’est une image qui fait peur quand tu la vois dans ta vie quotidienne”, confie l’homme de 34 ans.Dans la ville de Ramenskoïe, à 40 km au sud-est de Moscou, un immeuble de 22 étages a été touché. Au moins deux appartements ont été endommagés, et des éclats de verre et d’autres débris jonchaient le sol sur des dizaines de mètres, selon un journaliste de l’AFP. L’armée ukrainienne lance régulièrement des drones contre la Russie, en réponse aux frappes russes qui quotidiennement visent le pays depuis trois ans et l’assaut lancé par le Kremlin. Un responsable ukrainien a indiqué que l’attaque nocturne devait inciter Moscou à se saisir d’une proposition de trêve dans les airs et la mer. “Il s’agit là d’un signal supplémentaire adressé à (Vladimir) Poutine pour l’inciter à s’intéresser à une trêve aérienne”, a déclaré, Andriï Kovalenko, porte-parole du Centre gouvernemental ukrainien contre la désinformation.Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a lui dénoncé une attaque ayant frappé “des infrastructures sociales, des immeubles d’habitation”.Selon le gouverneur de la région de Moscou, l’une des personnes tuées est un gardien de 38 ans d’un site de la compagnie agro-industrielle Miratorg, dont plusieurs locaux ont été endommagés dans l’attaque à Domodedovo. Un autre homme — de 50 ans — est décédé à l’hôpital et un homme et une femme sont été hospitalisés dans un état grave. – Attaques contre l’Ukraine -L’attaque intervient également le jour où le secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Feridun Hadi SinirlioÄŸlu, doit s’entretenir à Moscou avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.”Ce n’est pas la première visite à Moscou d’une délégation internationale de haut niveau qui est accompagnée par une attaque de drones des forces ukrainiennes”, a écrit sur Telegram, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.L’Ukraine a aussi subi de nouveaux bombardements russes, comme presque toutes les nuits. Selon l’armée de l’air, 126 drones et un missile balistique ont visé le pays. Les dégâts, selon de premiers bilans, sont limités. Sur le front diplomatique, Ukrainiens et Américains doivent discuter à Jeddah en Arabie Saoudite d’une éventuelle trêve, une première rencontre de haut niveau depuis la visite désastreuse du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février.Washington a depuis suspendu son aide militaire et son partage de renseignements afin de forcer l’Ukraine au compromis, Donald Trump ayant opéré un rapprochement accéléré avec Vladimir Poutine, reprenant sa rhétorique blâmant l’Ukraine pour le conflit.bur-gmo/alf/pz

L’Ukraine mène sa plus grande attaque de drone contre la banlieue de Moscou, deux morts

La Russie a subi dans la nuit de lundi à mardi une attaque massive de drones ukrainiens, la plus grande depuis l’assaut contre l’Ukraine, qui a ciblé en particulier la région de Moscou, faisant au moins deux morts, en pleine effervescence diplomatique autour d’une éventuelle trêve.Le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov, a fait état de deux tués et de plusieurs blessés dans l’attaque, parmi lesquels un enfant. Les villes de Vidnoïe, Domodedovo, Ramenskoïe et le village de Sapronovo, tous situés au sud de la capitale, ont été touchées.L’attaque, qui a impliqué au moins 337 appareils selon le ministère russe de la Défense, intervient à quelques heures de pourparlers en Arabie Saoudite entre représentants ukrainiens et américains, sur les conditions d’une éventuelle trêve partielle.Kiev devrait y présenter une proposition de “trêve dans les airs” et “en mer”, en réponse aux pressions de l’administration de Donald Trump.Les autorités russes ont assuré que l’attaque ukrainienne était un échec, revendiquant l’interception des 337 drones, dont 91 au-dessus de la région de Moscou et 126 au-dessus de la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine et dont quelques centaines de km2 sont occupés par les forces ukrainiennes.”La plus grande attaque de drones ennemis contre Moscou a été repoussée”, s’est félicité le maire de la capitale russe Sergueï Sobianine sur Telegram.- Cela fait peur -A aucun moment les habitants de Moscou et de ses environs n’ont été prévenus de l’attaque en cours, les sirènes d’alertes n’ayant pas été déclenchées en dépit de la menace.  Selon des journalistes de l’AFP, dans le village de Sapronovo, à environ 10 kilomètres de Moscou, un drone a touché le 21e étage d’un immeuble de 25 étages, détruisant des fenêtres et un balcon.”Cela s’est passé à cinq heures du matin. Nous dormions, une explosion s’est produite. Les enfants ont crié”, a raconté à l’AFP Evguenia Bakatouïeva, 38 ans, qui était avec ses trois enfants au moment de l’attaque. Dans son appartement, la fenêtre de la cuisine a été brisée.”Cela fait peur, très peur”, ajoute cette employée d’un salon de beauté.”Jusqu’ici, je n’avais vu ça qu’à la télé”, dit Artiom, qui travaille chez un concessionnaire automobile et dont l’appartement a subi des dégâts. “C’est une image qui fait peur quand tu la vois dans ta vie quotidienne”, confie l’homme de 34 ans.Dans la ville de Ramenskoïe, à 40 km au sud-est de Moscou, un immeuble de 22 étages a été touché. Au moins deux appartements ont été endommagés, et des éclats de verre et d’autres débris jonchaient le sol sur des dizaines de mètres, selon un journaliste de l’AFP. L’armée ukrainienne lance régulièrement des drones contre la Russie, en réponse aux frappes russes qui quotidiennement visent le pays depuis trois ans et l’assaut lancé par le Kremlin. Un responsable ukrainien a indiqué que l’attaque nocturne devait inciter Moscou à se saisir d’une proposition de trêve dans les airs et la mer. “Il s’agit là d’un signal supplémentaire adressé à (Vladimir) Poutine pour l’inciter à s’intéresser à une trêve aérienne”, a déclaré, Andriï Kovalenko, porte-parole du Centre gouvernemental ukrainien contre la désinformation.Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a lui dénoncé une attaque ayant frappé “des infrastructures sociales, des immeubles d’habitation”.Selon le gouverneur de la région de Moscou, l’une des personnes tuées est un gardien de 38 ans d’un site de la compagnie agro-industrielle Miratorg, dont plusieurs locaux ont été endommagés dans l’attaque à Domodedovo. Un autre homme — de 50 ans — est décédé à l’hôpital et un homme et une femme sont été hospitalisés dans un état grave. – Attaques contre l’Ukraine -L’attaque intervient également le jour où le secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Feridun Hadi SinirlioÄŸlu, doit s’entretenir à Moscou avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.”Ce n’est pas la première visite à Moscou d’une délégation internationale de haut niveau qui est accompagnée par une attaque de drones des forces ukrainiennes”, a écrit sur Telegram, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.L’Ukraine a aussi subi de nouveaux bombardements russes, comme presque toutes les nuits. Selon l’armée de l’air, 126 drones et un missile balistique ont visé le pays. Les dégâts, selon de premiers bilans, sont limités. Sur le front diplomatique, Ukrainiens et Américains doivent discuter à Jeddah en Arabie Saoudite d’une éventuelle trêve, une première rencontre de haut niveau depuis la visite désastreuse du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février.Washington a depuis suspendu son aide militaire et son partage de renseignements afin de forcer l’Ukraine au compromis, Donald Trump ayant opéré un rapprochement accéléré avec Vladimir Poutine, reprenant sa rhétorique blâmant l’Ukraine pour le conflit.bur-gmo/alf/pz

Mer du Nord: incendie toujours en cours après la collision entre un pétrolier et un cargo

L’incendie déclenché par la collision entre un cargo et un pétrolier lundi en mer du Nord, au large de l’Angleterre, est toujours en cours mardi matin, alors que l’incident fait redouter une catastrophe écologique majeure et suscite de nombreuses questions.”L’incendie a fait rage toute la nuit et il est toujours en cours mardi matin”, a affirmé à l’AFP Martyn Boyers, le directeur du port de Grimsby, non loin du lieu de l’incident au cours duquel une personne a disparu. Le pétrolier, Stena Immaculate, affrété par l’armée américaine, était à l’ancre à environ 16 km au large de la ville de Hull dans le Yorkshire, sur la côte est du Royaume-Uni, quand il a été percuté par le porte-conteneurs Solong, dans des circonstances encore inconnues. Le cargo, battant pavillon portugais, transportait une quantité non déterminée d’alcool et quinze conteneurs de cyanure de sodium, un gaz inflammable et très toxique, selon le site spécialisé Lloyd’s List Intelligence.La collision a entraîné un énorme incendie. Un des réservoirs du “Stena Immaculate” contenant du kérosène a été brisé, ce qui a provoqué une fuite et fait craindre d’importants dégâts environnementaux.Les recherches pour retrouver un membre d’équipage disparu du cargo ont été stoppées dans la nuit. Il n’était pas immédiatement possible de savoir si les recherches allaient reprendre.Au total, trente-six membres d’équipage ont été ramenés à terre sains et saufs.- “Feux de l’enfer” -La collision fait la Une de la totalité des journaux britanniques mardi. “Catastrophe”, s’alarme The Mirror, tandis que le Sun s’inquiète de ces “Feux de l’enfer”. Le Daily Mail s’interroge: “comment un bateau transportant du cyanure de sodium a-t-il pu percuter un pétrolier plein de kérosène pour l’armée américaine, en plein jour?”.Le Daily Telegraph cite une source gouvernementale selon laquelle rien ne permet d’affirmer à ce stade que l’incident est de nature criminelle, sans toutefois pouvoir l’exclure.Un porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer a qualifié la situation “d’extrêmement préoccupante”, tandis que les garde-côtes ont lancé une “évaluation” pour décider des “mesures de lutte contre la pollution probablement nécessaires” après la collision.L’ONG Greenpeace s’est dite “extrêmement préoccupée” par “les “multiples risques toxiques que ces produits chimiques pourraient poser à la vie marine”.”Le kérosène qui a pénétré dans l’eau à proximité d’une zone de reproduction des marsouins est toxique pour les poissons et autres créatures marines”, a déclaré Paul Johnston, scientifique aux laboratoires de recherche de Greenpeace à l’université d’Exeter.Le “Stena Immaculate”, battant pavillon américain, appartient à la société suédoise Stena Bulk, et mesure 183 mètres de longueur et 32 mètres de largeur. Il avait été mis en service en 2017. Selon Lloyd’s List, il transportait 220.000 barils de kérosène.Il était parti le 27 février d’Agio Theodoroi, en Grèce, à destination de Killinghome, dans le nord de l’Angleterre, selon Vessel Finder.Selon un porte-parole du commandement chargé du transport maritime militaire, le “Stena Immaculate” “était temporairement affrété par le Military Sealift Command”, une branche de l’armée américaine.Le cargo impliqué, le “Solong”, bat pavillon portugais et était parti de Grangemouth, en Ecosse, lundi soir pour se rendre à Rotterdam, aux Pays-Bas.

Arrêter les responsables des crimes les plus graves : la tâche ardue de la CPI

L’arrestation mardi de l’ancien président des Philippines, Rodrigo Duterte, en application d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité, marque un succès pour ce tribubal, qui lutte depuis presque 23 ans contre un manque de reconnaissance et de pouvoir coercitif.Soutenue par 125 États membres ayant ratifié le statut de Rome, traité fondateur de la CPI, l’organisation basée à La Haye, aux Pays-Bas, a pour mission de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves commis dans le monde, lorsque les pays n’ont pas la volonté ou la capacité de le faire eux-mêmes. Si les condamnations sont rares à la CPI, le simple fait de poursuivre les auteurs présumés d’atrocités envoie le message que la communauté internationale est déterminée à lutter contre l’impunité, selon des experts.- Attrape-moi si tu peux -Depuis sa création en 2002, la CPI a engagé 32 procédures pour des allégations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de génocide et d’atteintes à l’administration de la justice.Environ 40% d’entre elles sont toujours en cours, essentiellement parce que les suspects sont toujours en liberté. Mais sans forces de police propres, le tribunal de La Haye a peu de chances de les arrêter rapidement.Sur les 60 mandats d’arrêt délivrés depuis 2002, seuls 21 avaient été exécutés, avant l’arrestation de Rodrigo Duterte. La CPI compte sur les États pour appréhender les suspects. Mais les pays ne sont guère incités à coopérer, car la Cour n’a “rien à offrir en retour, si ce n’est de voir la justice rendue”, déplore Pascal Turlan, ancien conseiller de la CPI.La liste des personnes visées par un mandat d’arrêt de la CPI comprend le président russe Vladimir Poutine, recherché pour crimes de guerre présumés liés à l’invasion de l’Ukraine, le chef de guerre ougandais Joseph Kony et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu recherché pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le mandat d’arrêt émis parallèlement contre le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif a lui été annulé fin février après la confirmation de sa mort.La Russie et Israël font partie des dizaines de pays, avec les États-Unis ou encore la Chine, qui ne reconnaissent pas la compétence de la CPI, ce qui entrave les enquêtes de la cour sur leurs ressortissants. Sous l’ordre de Rodrigo Duterte, les Philippines avaient elles quitté la CPI en 2019.Certains États membres défient également l’autorité de la CPI, par exemple en refusant de livrer des suspects. Début septembre, Vladimir Poutine a été reçu en grande pompe en Mongolie, pourtant membre de la CPI.”Lorsque les États n’aiment pas ce que fait la CPI, ils ne coopèrent pas souvent”, souligne Nancy Combs, professeure de droit à la William & Mary Law School, dans l’État américain de Virginie.Depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a décidé de sanctions à l’encontre de l’institution et de son procureur Karim Khan.Si elles aboutissent peu, les enquêtes de la CPI peuvent néanmoins avoir un effet dissuasif et une portée éthique, estime Mme Combs.”Il s’agit avant tout de faire ce qui est juste, même si l’on sait qu’à court terme, cela ne changera probablement pas grand chose”, considère-t-elle. – 11 condamnations, toutes africaines -Mais le rôle de la Cour n’est pas de poursuivre tous les criminels de guerre présumés, plutôt d'”encourager les nations à traiter leurs propres affaires”, insiste le porte-parole de la CPI, Fadi El Abdallah.Chaque affaire s’accompagne d’un éventail unique de défis, allant de l’ingérence des gouvernements nationaux à l’intimidation des témoins, ce qui a fait capoter selon la CPI la procédure contre l’actuel président du Kenya, William Ruto, lorsqu’il était encore vice-président, en 2016.Ces difficultés expliquent en partie le faible taux de condamnation de la Cour: elle a acquitté quatre accusés et en a déclaré 11 coupables, le dernier en date étant un jihadiste, ancien chef de la police islamique de Tombouctou, au Mali, condamné pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.Les autres condamnations ont principalement concerné des fonctionnaires de la République démocratique du Congo (RDC), déchirée par la guerre.Aux débuts de la CPI, certains pays africains, comme l’Ouganda, la Côte d’Ivoire et la RDC, ont eux-mêmes saisi la Cour pour qu’elle enquête sur des conflits internes, d’autres dossiers ont été initiés par le Conseil de sécurité de l’ONU, selon Nancy Combs.”La CPI s’est beaucoup diversifiée, mais les États non africains ont opposé une résistance plus farouche à la juridiction de la CPI”, relève la spécialiste.