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“On est en dictature”: des Turcs en colère après l’arrestation du maire d’Istanbul

“On est en dictature”, lâche Kuzey, un commerçant d’une rue donnant sur l’emblématique place Taksim d’Istanbul, dont le maire d’opposition, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté mercredi matin pour “corruption”.Le quadragénaire en jean et veste noire, qui vient tout juste de lever le rideau, ne décolère pas contre le chef de l’Etat au pouvoir depuis 2003 et dénonce l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, selon lui purement politique.”Ce gars et sa sale bande nous haïssent. Dès qu’ils ont affaire à quelqu’un de fort, ils font quelque chose d’illégal, ils paniquent”, fustige-t-il.”Mais nous, les Turcs, sommes un peuple fort, nous avons l’habitude de nous battre”, enchaîne-t-il en surveillant d’un oeil des policiers marchant en direction de la place Taksim.Quatre camions antiémeutes équipés de canons à eau sont alignés en haut des marches surmontant la vaste place, autour de laquelle des barrières métalliques ont été dressées mercredi matin pour empêcher tout rassemblement sur ce lieu devenu l’épicentre, en 2013, d’une vague de contestation contre M. Erdogan, alors Premier ministre.”Nous traversons une mauvaise passe, et je ne sais pas quelle sera la prochaine étape. On ne sait jamais ce qu’ils préparent… Je suis en colère, mais que pouvons-nous faire ?”, s’interroge Mustafa, un passant filant d’un pas pressé vers la place Taksim.Une rue plus bas, sous son béret gris, un retraité déplore lui aussi l’arrestation du maire d’Istanbul et de plus d’une centaine de ses collaborateurs, élus et membres de son parti. “Je suis triste pour mon pays”, balaye-t-il avant de poursuivre, refusant comme beaucoup de donner son nom et prénom. – “Pays sans justice” -Devant le siège de la police où l’édile est détenu depuis le lever du jour, plusieurs centaines de personnes, maintenues à distance par des barrières de la police, ont convergé aux cris de “Imamoglu tu n’es pas seul!”, “Gouvernement Démission!”, ou promettant encore: “Un jour le vent tournera et l’AKP (le parti au pouvoir, ndlr) rendra des comptes au peuple”.Sur l’avenue Istiklal, principale artère piétonne de la ville, les bureaux de change où se pressent à longueur d’années les touristes ont le tournis.L’arrestation du maire de la ville a donné le vertige à la déjà très volatile livre turque, qui a atteint un nouveau plus bas historique face au dollar et à l’euro dans la matinée.Devant l’un des bureaux de change, Hasan Yildiz, 63 ans, écarquille les yeux et dénonce comme l’opposition un “coup d’Etat” contre son maire, qui devait être investi dimanche candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale formation de l’opposition, pour la prochaine présidentielle prévue en 2028.”Autrefois, c’étaient les soldats qui menaient des coups d’Etat, mais aujourd’hui ce sont les politiques qui les fomentent les uns contre les autres”, déclare-t-il d’une voix calme, indifférent à la voiture de police stationnée dix mètres plus loin.”Les investisseurs étrangers ne vont plus investir en Turquie. Qui voudrait investir dans un pays sans justice ni Etat de droit ?”, ajoute-t-il derrière ses fines lunettes rondes.”Je ne suis même plus surpris. On va bientôt atteindre 50 livres pour un euro”, prédit Emre, un employé du quartier. “Et cela va se répercuter sur le prix du pain, sur le prix de tout. Tout ça à cause des actions injustes décidées par un seul homme”.”Je suis furieuse” lâche Zeynep Kara, retraitée de 68 ans: pour elle, “les raisons (de cette arrestation) sont évidentes .. mais il fallait lui trouver un prétexte”. “La situation ne va pas en s’améliorant”, conclut-elle.

“On est en dictature”: des Turcs en colère après l’arrestation du maire d’Istanbul

“On est en dictature”, lâche Kuzey, un commerçant d’une rue donnant sur l’emblématique place Taksim d’Istanbul, dont le maire d’opposition, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté mercredi matin pour “corruption”.Le quadragénaire en jean et veste noire, qui vient tout juste de lever le rideau, ne décolère pas contre le chef de l’Etat au pouvoir depuis 2003 et dénonce l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, selon lui purement politique.”Ce gars et sa sale bande nous haïssent. Dès qu’ils ont affaire à quelqu’un de fort, ils font quelque chose d’illégal, ils paniquent”, fustige-t-il.”Mais nous, les Turcs, sommes un peuple fort, nous avons l’habitude de nous battre”, enchaîne-t-il en surveillant d’un oeil des policiers marchant en direction de la place Taksim.Quatre camions antiémeutes équipés de canons à eau sont alignés en haut des marches surmontant la vaste place, autour de laquelle des barrières métalliques ont été dressées mercredi matin pour empêcher tout rassemblement sur ce lieu devenu l’épicentre, en 2013, d’une vague de contestation contre M. Erdogan, alors Premier ministre.”Nous traversons une mauvaise passe, et je ne sais pas quelle sera la prochaine étape. On ne sait jamais ce qu’ils préparent… Je suis en colère, mais que pouvons-nous faire ?”, s’interroge Mustafa, un passant filant d’un pas pressé vers la place Taksim.Une rue plus bas, sous son béret gris, un retraité déplore lui aussi l’arrestation du maire d’Istanbul et de plus d’une centaine de ses collaborateurs, élus et membres de son parti. “Je suis triste pour mon pays”, balaye-t-il avant de poursuivre, refusant comme beaucoup de donner son nom et prénom. – “Pays sans justice” -Devant le siège de la police où l’édile est détenu depuis le lever du jour, plusieurs centaines de personnes, maintenues à distance par des barrières de la police, ont convergé aux cris de “Imamoglu tu n’es pas seul!”, “Gouvernement Démission!”, ou promettant encore: “Un jour le vent tournera et l’AKP (le parti au pouvoir, ndlr) rendra des comptes au peuple”.Sur l’avenue Istiklal, principale artère piétonne de la ville, les bureaux de change où se pressent à longueur d’années les touristes ont le tournis.L’arrestation du maire de la ville a donné le vertige à la déjà très volatile livre turque, qui a atteint un nouveau plus bas historique face au dollar et à l’euro dans la matinée.Devant l’un des bureaux de change, Hasan Yildiz, 63 ans, écarquille les yeux et dénonce comme l’opposition un “coup d’Etat” contre son maire, qui devait être investi dimanche candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale formation de l’opposition, pour la prochaine présidentielle prévue en 2028.”Autrefois, c’étaient les soldats qui menaient des coups d’Etat, mais aujourd’hui ce sont les politiques qui les fomentent les uns contre les autres”, déclare-t-il d’une voix calme, indifférent à la voiture de police stationnée dix mètres plus loin.”Les investisseurs étrangers ne vont plus investir en Turquie. Qui voudrait investir dans un pays sans justice ni Etat de droit ?”, ajoute-t-il derrière ses fines lunettes rondes.”Je ne suis même plus surpris. On va bientôt atteindre 50 livres pour un euro”, prédit Emre, un employé du quartier. “Et cela va se répercuter sur le prix du pain, sur le prix de tout. Tout ça à cause des actions injustes décidées par un seul homme”.”Je suis furieuse” lâche Zeynep Kara, retraitée de 68 ans: pour elle, “les raisons (de cette arrestation) sont évidentes .. mais il fallait lui trouver un prétexte”. “La situation ne va pas en s’améliorant”, conclut-elle.

Aiguillonnée par Trump, l’UE lance le processus de son réarmement

L’Union européenne donne mercredi le coup d’envoi d’un plan visant à réarmer le continent d’ici à 2030, face à la menace russe et au risque de désengagement américain.”Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit se préparer à la guerre”, a résumé mardi à Copenhague la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Plusieurs services de renseignement en Europe sont convaincus qu’une attaque russe aura lieu contre un pays de l’UE avant la fin de la décennie.Les remises en cause de l’engagement américain en Europe, et particulièrement en Ukraine, après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ont aussi agi comme un électrochoc.Il est donc impératif de “réarmer l’Europe”, comme l’ambitionne un plan du même nom présenté le 4 mars à Bruxelles.Les dépenses militaires des 27 ont augmenté de plus de 31% depuis 2021, pour atteindre 326 milliards d’euros en 2024. “C’est mieux, mais ce n’est pas suffisant”, a affirmé Mme von der Leyen.La Commission européenne présente mercredi en milieu de journée un “livre blanc” pour la défense, sorte de mode d’emploi à destination des Etats membres pour les aider à renforcer les capacités de défense du continent.On y retrouve les grandes lignes du plan dévoilé il y a deux semaines par Mme von der Leyen avec un objectif affiché de 800 milliards d’euros pour mettre l’Europe de la défense en ordre de marche.Un montant ambitieux, mais dont la mise en Å“uvre dépend surtout de la bonne volonté des Etats membres de l’UE, soulignent des diplomates à Bruxelles. La Commission européenne veut ainsi permettre aux Etats membres de consacrer jusqu’à 1,5% de leur Produit intérieur brut (PIB) pendant quatre ans à des dépenses militaires, sans crainte d’enfreindre les règles budgétaires qui encadrent les déficits publics.- Jusqu’à 650 milliards d’euros -Cela devrait permettre de mobiliser sur cette période jusqu’à 650 milliards d’euros, selon la Commission européenne. Les 150 milliards restants seront mis à disposition des Etats membres sous forme de prêts.Chaque pays devra d’ici fin avril demander une exemption de ces règles budgétaires, selon un projet de conclusions de ce “livre blanc”, dont l’AFP a obtenu une copie. La Commission veut aller vite et décider d’ici fin juillet d’accorder ou non cette exemption, en fonction des dépenses proposées, selon un responsable européen. Pas question en effet que cet assouplissement des règles budgétaires soit utilisé pour financer des dépenses non militaires, selon ce responsable.Les responsables de la Commission veulent aussi que les 27 adoptent au plus vite le texte servant de base aux prêts de 150 milliards d’euros.Il doit permettre de financer, en commun, des achats et des projets d’investissement en Europe. Il s’agit, a assuré Mme von der Leyen, d’acheter “davantage européen”, au moment où la très grande majorité des investissements en matière de défense se fait en dehors de l’Union européenne.”Le contenu européen est important. Au moins 65% des pièces contenues dans tel ou tel armement doit être “d’origine européenne”, a-t-elle souligné mardi à Copenhague.Les dirigeants de l’UE ont déjà donné leur feu vert à ce plan proposé par Mme von der Leyen lors d’un sommet extraordinaire la semaine dernière.- Aller plus loin -Plusieurs Etats membres souhaitent toutefois aller plus loin et suggèrent qu’un grand emprunt soit lancé, comme cela avait été le cas lors de la pandémie de Covid. L’UE avait alors emprunté 800 milliards d’euros. Les besoins ont cette fois été estimés à 500 milliards d’euros, mais la Commission européenne a jusqu’à présent refusé de s’engager dans cette voie. “Nous n’en sommes pas là”, a reconnu mercredi la cheffe de la diplomatie européenne Kaja kallas, devant quelques journalistes.”Pour en parler, il faut un gouvernement en Allemagne”, fait valoir un diplomate européen.Le futur chancelier Friedrich Merz a fait voter mardi un plan massif d’investissements pour réarmer et moderniser l’Allemagne, qui n’a peut-être pas encore dit son dernier mot sur cette idée d’emprunt commun.La Commission européenne a également identifié les secteurs stratégiques dans lesquels les investissements doivent avoir lieu en priorité. Il s’agit surtout de combler les lacunes de l’industrie de défense en matière de munitions, de défense anti-aérienne, de drones, ou encore de missiles à longue portée.

Aiguillonnée par Trump, l’UE lance le processus de son réarmement

L’Union européenne donne mercredi le coup d’envoi d’un plan visant à réarmer le continent d’ici à 2030, face à la menace russe et au risque de désengagement américain.”Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit se préparer à la guerre”, a résumé mardi à Copenhague la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Plusieurs services de renseignement en Europe sont convaincus qu’une attaque russe aura lieu contre un pays de l’UE avant la fin de la décennie.Les remises en cause de l’engagement américain en Europe, et particulièrement en Ukraine, après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ont aussi agi comme un électrochoc.Il est donc impératif de “réarmer l’Europe”, comme l’ambitionne un plan du même nom présenté le 4 mars à Bruxelles.Les dépenses militaires des 27 ont augmenté de plus de 31% depuis 2021, pour atteindre 326 milliards d’euros en 2024. “C’est mieux, mais ce n’est pas suffisant”, a affirmé Mme von der Leyen.La Commission européenne présente mercredi en milieu de journée un “livre blanc” pour la défense, sorte de mode d’emploi à destination des Etats membres pour les aider à renforcer les capacités de défense du continent.On y retrouve les grandes lignes du plan dévoilé il y a deux semaines par Mme von der Leyen avec un objectif affiché de 800 milliards d’euros pour mettre l’Europe de la défense en ordre de marche.Un montant ambitieux, mais dont la mise en Å“uvre dépend surtout de la bonne volonté des Etats membres de l’UE, soulignent des diplomates à Bruxelles. La Commission européenne veut ainsi permettre aux Etats membres de consacrer jusqu’à 1,5% de leur Produit intérieur brut (PIB) pendant quatre ans à des dépenses militaires, sans crainte d’enfreindre les règles budgétaires qui encadrent les déficits publics.- Jusqu’à 650 milliards d’euros -Cela devrait permettre de mobiliser sur cette période jusqu’à 650 milliards d’euros, selon la Commission européenne. Les 150 milliards restants seront mis à disposition des Etats membres sous forme de prêts.Chaque pays devra d’ici fin avril demander une exemption de ces règles budgétaires, selon un projet de conclusions de ce “livre blanc”, dont l’AFP a obtenu une copie. La Commission veut aller vite et décider d’ici fin juillet d’accorder ou non cette exemption, en fonction des dépenses proposées, selon un responsable européen. Pas question en effet que cet assouplissement des règles budgétaires soit utilisé pour financer des dépenses non militaires, selon ce responsable.Les responsables de la Commission veulent aussi que les 27 adoptent au plus vite le texte servant de base aux prêts de 150 milliards d’euros.Il doit permettre de financer, en commun, des achats et des projets d’investissement en Europe. Il s’agit, a assuré Mme von der Leyen, d’acheter “davantage européen”, au moment où la très grande majorité des investissements en matière de défense se fait en dehors de l’Union européenne.”Le contenu européen est important. Au moins 65% des pièces contenues dans tel ou tel armement doit être “d’origine européenne”, a-t-elle souligné mardi à Copenhague.Les dirigeants de l’UE ont déjà donné leur feu vert à ce plan proposé par Mme von der Leyen lors d’un sommet extraordinaire la semaine dernière.- Aller plus loin -Plusieurs Etats membres souhaitent toutefois aller plus loin et suggèrent qu’un grand emprunt soit lancé, comme cela avait été le cas lors de la pandémie de Covid. L’UE avait alors emprunté 800 milliards d’euros. Les besoins ont cette fois été estimés à 500 milliards d’euros, mais la Commission européenne a jusqu’à présent refusé de s’engager dans cette voie. “Nous n’en sommes pas là”, a reconnu mercredi la cheffe de la diplomatie européenne Kaja kallas, devant quelques journalistes.”Pour en parler, il faut un gouvernement en Allemagne”, fait valoir un diplomate européen.Le futur chancelier Friedrich Merz a fait voter mardi un plan massif d’investissements pour réarmer et moderniser l’Allemagne, qui n’a peut-être pas encore dit son dernier mot sur cette idée d’emprunt commun.La Commission européenne a également identifié les secteurs stratégiques dans lesquels les investissements doivent avoir lieu en priorité. Il s’agit surtout de combler les lacunes de l’industrie de défense en matière de munitions, de défense anti-aérienne, de drones, ou encore de missiles à longue portée.

Stocks en baisse, prix en hausse: nouvelles alertes pour le gaz en Europe en 2025

Trois ans après une crise énergétique sans précédent, l’Europe n’est pas encore sortie du tunnel: avec des réserves de gaz très basses en fin d’hiver, le spectre de coûteuses tensions d’approvisionnement ressurgit sur fond de craintes pour l’industrie étranglée par les prix de l’énergie.”Les systèmes énergétiques européens sont confrontés à une année difficile, car le continent sort de cet hiver avec des niveaux de stockage de gaz inférieurs à la moyenne”, ce qui pousse les prix à la hausse, a mis en garde l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans une note fin février.Essentiels pour la sécurité énergétique, les stocks couvrent encore 30% de la consommation hivernale gazière de l’UE, selon la Commission européenne.- Hiver plus froid -Au 16 mars, au niveau européen, ils n’étaient plus remplis qu’à 34%, contre 60% en 2024 à la même époque. En France, leur niveau est tombé à 21%.Les Européens ont davantage puisé cet hiver dans leur réserves que lors des deux années ayant suivi l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. Les raisons: un hiver plus froid, l’arrêt du transit de gaz russe en Ukraine fin 2024 (même s’il ne représentait que 5% du volume consommé en Europe), et une production solaire et éolienne en berne au cours de la première quinzaine de novembre, ce qui a alors dopé la demande de gaz de 80% par rapport à 2023 pour faire tourner les centrales électriques.Résultat, les opérateurs ont préféré “soutirer” du gaz plutôt que de compter sur les importations, en recul de 6% en 2024, alors que les prix repartaient à la hausse fin 2024 et début 2025.- Craintes sur les prix -Depuis la guerre en Ukraine, l’UE impose un objectif de remplissage de ses réserves à 90% au 1er novembre avec des paliers intermédiaires, des obligations critiquées par certains pays qui craignent des hausses de prix, même si la Commission a promis de la souplesse.De fait, il faudra “des arrivées de gaz beaucoup plus importantes qu’au cours des deux années précédentes, ce qui augmentera l’appel de l’Europe aux marchés mondiaux du GNL”, souligne l’AIE dans sa note.Ce gaz liquide transporté par bateau est très convoité en Asie ainsi qu’en Europe, qui a dû compenser, depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, le manque de gaz russe, historiquement acheminé vers l’Ouest via des gazoducs terrestres. Dans l’Union européenne, le GNL a fourni 34% de la demande de gaz en 2024, après 40% en 2023, selon le think tank IEEFA.L’été prochain pourrait donc être marqué par une course au gaz pour ravitailler les stocks avant l’hiver, souligne l’AIE. De quoi accentuer la volatilité des prix et poser des défis supplémentaires pour la “compétitivité” de l’industrie européenne.Depuis 2022, les prix du gaz pour les consommateurs industriels en Europe sont en moyenne 30% plus élevés qu’en Chine et cinq fois plus qu’aux États-Unis, selon l’AIE.- Vers une détente après 2026 ? -La croissance de l’offre mondiale de GNL devrait s’accélérer, passant de +1,5% en 2024 à +5% en 2025, mais la progression compensera seulement en partie l’arrêt du transit de gaz russe par l’Ukraine, souligne l’AIE. Le marché du gaz restera donc tendu en 2025.Alors que les prix moyens du gaz étaient redescendus à 34 euros du mégawattheure (MWh) sur les marchés de gros en 2024, ils sont attendus autour de 45 euros du MWh en 2025, presque deux fois plus qu’avant la crise énergétique. Le gestionnaire français du réseau de transport de gaz NaTran anticipe qu’ils redescendront à 27 euros du MWh en 2028, grâce à une offre plus abondante. “Nous prévoyons que d’importants volumes de GNL commenceront à être mis en service après 2026”, ce qui “exercera une pression à la baisse sur les prix”, indique à l’AFP Angelina Valavina, directrice des ressources naturelles et des matières premières Europe Moyen-Orient Afrique chez Fitch Ratings. Sans attendre cette “énorme vague” de GNL venue notamment des Etats-Unis et du Qatar, les Européens devront encore fournir des efforts de sobriété et d’efficacité énergétique, diversifier leurs approvisionnements en gaz, et multiplier les sources de flexibilité des réseaux électriques (aujourd’hui assurée par les centrales à gaz), souligne l’AIE.