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A Buenos Aires, les larmes d’Argentins pour un pape pas comme les autres, le leur

“Orphelins”, mais exhortés désormais à “être un peu François”: de l’aube à la nuit tombée, les Argentins ont lundi prié, pleuré, remercié à Buenos Aires le pape des pauvres et des exclus, un pape simple, proche, pas vraiment comme les autres. Et surtout, le leur.Depuis la cathédrale, son fief d’archevêque de Buenos Aires de 1998 à 2013, jusqu’au quartier de Flores où il a grandi et découvert la foi en confession, à 17 ans, dans les villas miserias (bidonvilles) qu’il visitait régulièrement des dizaines de messes ont célébré Jorge Bergoglio. Avec souvent, effusion de larmes.”Il y a de la tristesse car la perte nous accable, de l’obscurité, c’est la nuit car nous nous sentons orphelins”, a déclaré en soirée l’actuel archevêque de la capitale, Mgr Jorge García Cuerva, à des centaines de fidèles serrés à la basilique Saint Joseph de Flores, berceau spirituel de Jorge Bergoglio.”Mais la vie et l’enseignement (de Bergoglio) continuent d’être une lumière, un phare”, a-t-il poursuivi. Car “le pape qui a mis les pieds dans le plat (…) nous a toujours alertés sur nos frères sur le bord du chemin”, était aussi “le pape de la joie”. “Viva Francisco !” a ponctué l’assistance.- Sept jours de deuil -Avant même la lueur du jour, à peine connue la mort de François, des Porteños (habitants de la capitale) sur le chemin du travail s’arrêtaient lundi devant la cathédrale, pour allumer une bougie, se signer, verser une larme silencieuse.Premiers recueillements d’un long deuil national – sept jours – décrété par Javier Milei. Un président ultralibéral jadis si critique d’un pape “gauchiste” selon lui, mais depuis réconcilié, et qui a salué lundi sa “bonté” et sa “sagesse”, “malgré des différences qui aujourd’hui paraissent mineures”.Le jour d’automne austral même pas levé, Agustin Hartridge, avocat de 41 ans, s’agenouillait aux portes d’une cathédrale encore fermée, déposant une bougie sur les marches, en hommage “au message de François (qui) a toujours été que nous devons nous unir et tendre la main à ceux qui en ont le plus besoin”, expliquait-il à l’AFP.”C’est très dur, parce qu’une personne qui se souciait des plus démunis est morte et nous laisse seuls”, se lamentait Juan Jose Roy, retraité de 66 ans, les mots le disputant aux larmes.”Le pape des pauvres, des marginalisés, de ceux que beaucoup excluent, nous a quittés”, a résumé Mgr Cuerva, ouvrant la première messe du jour à la cathédrale. D’où Jorge Bergoglio lança en son temps plus d’un sermon vibrant en faveur des démunis, faisant grincer les gouvernements successifs.- “Etre un peu François” -“A présent, nous allons tous devoir être un peu François, être plus miséricordieux les uns envers les autres”, a enjoint Mgr Cuerva à l’assistance. Au fil de la journée, à la pause déjeuner, le va-et-vient a enflé dans la cathédrale, sur les marches de laquelle s’improvisait un petit autel footballistique: un maillot, des écussons, des drapeaux “azulgrana” (bleu et grenat) aux couleurs de San Lorenzo, le club de cÅ“ur depuis l’enfance de Jorge Bergoglio. “Il a toujours été l’un des nôtres”, a salué le club lundi.Et dans ce défilé métissé, fidèles, croyants, pratiquants, ou pas, perçait la gratitude envers “une personne qui nous a reconnectés avec la chose la plus intéressante et belle que cette religion -et bien d’autres- puissent avoir: l’amour du prochain et la solidarité entre frères, citoyens du monde”, résumait Joana Sierra, enseignante de 36 ans se disant “catholique d’éducation, jamais pratiquante”. Mais qui lundi priait.”Pendant des années j’ai été à l’église, puis je m’en suis éloignée car être homosexuelle n’était pas facile”, confiait à l’AFP Ana Aracama, étudiante de 22 ans. Mais ce pape “nous a permis de nous sentir de nouveau enfants de Dieu, non pas des pécheurs voués à l’enfer pour être nés un peu différents. Pour moi, Jorge c’est ça (…) ça a marqué ma vie”.- Une “bouffée d’air” -“Un pape différent, proche, argentin…”, a résumé à sa façon la star et capitaine de l’Albiceleste Lionel Messi, dans un hommage sur son compte Instagram. “Le plus simple qu’on puisse imaginer (…), il balayait le trottoir quand il était sale! Vous vous rendez compte? C’était un homme, pas un pape”, s’émouvait Cristina Marcheschi, 77 ans, à Flores, quartier natal du pape où pour chacun il est resté “un voisin”.Parmi les premiers tôt lundi a prier près de la cathédrale, Guillermo Sanchez, Péruvien de 47 ans vivant à Buenos Aires, exprimait lui aussi une peine spéciale pour ce premier pape latino-américain: “Ca ne m’était jamais arrivé avec les autres papes”.”Il était très proche de la jeunesse, de notre époque. Ce n’était pas un pape fermé (…). François n’évitait aucun sujet”, affirmait-il.”Il fut une bouffée d’air frais dont l’église avait besoin”, méditait en soirée Sabrina Fernandez, 50 ans, comme tant d’autres à Flores une “voisine” du pape. “Il va manquer au monde”.

A Buenos Aires, les larmes d’Argentins pour un pape pas comme les autres, le leur

“Orphelins”, mais exhortés désormais à “être un peu François”: de l’aube à la nuit tombée, les Argentins ont lundi prié, pleuré, remercié à Buenos Aires le pape des pauvres et des exclus, un pape simple, proche, pas vraiment comme les autres. Et surtout, le leur.Depuis la cathédrale, son fief d’archevêque de Buenos Aires de 1998 à 2013, jusqu’au quartier de Flores où il a grandi et découvert la foi en confession, à 17 ans, dans les villas miserias (bidonvilles) qu’il visitait régulièrement des dizaines de messes ont célébré Jorge Bergoglio. Avec souvent, effusion de larmes.”Il y a de la tristesse car la perte nous accable, de l’obscurité, c’est la nuit car nous nous sentons orphelins”, a déclaré en soirée l’actuel archevêque de la capitale, Mgr Jorge García Cuerva, à des centaines de fidèles serrés à la basilique Saint Joseph de Flores, berceau spirituel de Jorge Bergoglio.”Mais la vie et l’enseignement (de Bergoglio) continuent d’être une lumière, un phare”, a-t-il poursuivi. Car “le pape qui a mis les pieds dans le plat (…) nous a toujours alertés sur nos frères sur le bord du chemin”, était aussi “le pape de la joie”. “Viva Francisco !” a ponctué l’assistance.- Sept jours de deuil -Avant même la lueur du jour, à peine connue la mort de François, des Porteños (habitants de la capitale) sur le chemin du travail s’arrêtaient lundi devant la cathédrale, pour allumer une bougie, se signer, verser une larme silencieuse.Premiers recueillements d’un long deuil national – sept jours – décrété par Javier Milei. Un président ultralibéral jadis si critique d’un pape “gauchiste” selon lui, mais depuis réconcilié, et qui a salué lundi sa “bonté” et sa “sagesse”, “malgré des différences qui aujourd’hui paraissent mineures”.Le jour d’automne austral même pas levé, Agustin Hartridge, avocat de 41 ans, s’agenouillait aux portes d’une cathédrale encore fermée, déposant une bougie sur les marches, en hommage “au message de François (qui) a toujours été que nous devons nous unir et tendre la main à ceux qui en ont le plus besoin”, expliquait-il à l’AFP.”C’est très dur, parce qu’une personne qui se souciait des plus démunis est morte et nous laisse seuls”, se lamentait Juan Jose Roy, retraité de 66 ans, les mots le disputant aux larmes.”Le pape des pauvres, des marginalisés, de ceux que beaucoup excluent, nous a quittés”, a résumé Mgr Cuerva, ouvrant la première messe du jour à la cathédrale. D’où Jorge Bergoglio lança en son temps plus d’un sermon vibrant en faveur des démunis, faisant grincer les gouvernements successifs.- “Etre un peu François” -“A présent, nous allons tous devoir être un peu François, être plus miséricordieux les uns envers les autres”, a enjoint Mgr Cuerva à l’assistance. Au fil de la journée, à la pause déjeuner, le va-et-vient a enflé dans la cathédrale, sur les marches de laquelle s’improvisait un petit autel footballistique: un maillot, des écussons, des drapeaux “azulgrana” (bleu et grenat) aux couleurs de San Lorenzo, le club de cÅ“ur depuis l’enfance de Jorge Bergoglio. “Il a toujours été l’un des nôtres”, a salué le club lundi.Et dans ce défilé métissé, fidèles, croyants, pratiquants, ou pas, perçait la gratitude envers “une personne qui nous a reconnectés avec la chose la plus intéressante et belle que cette religion -et bien d’autres- puissent avoir: l’amour du prochain et la solidarité entre frères, citoyens du monde”, résumait Joana Sierra, enseignante de 36 ans se disant “catholique d’éducation, jamais pratiquante”. Mais qui lundi priait.”Pendant des années j’ai été à l’église, puis je m’en suis éloignée car être homosexuelle n’était pas facile”, confiait à l’AFP Ana Aracama, étudiante de 22 ans. Mais ce pape “nous a permis de nous sentir de nouveau enfants de Dieu, non pas des pécheurs voués à l’enfer pour être nés un peu différents. Pour moi, Jorge c’est ça (…) ça a marqué ma vie”.- Une “bouffée d’air” -“Un pape différent, proche, argentin…”, a résumé à sa façon la star et capitaine de l’Albiceleste Lionel Messi, dans un hommage sur son compte Instagram. “Le plus simple qu’on puisse imaginer (…), il balayait le trottoir quand il était sale! Vous vous rendez compte? C’était un homme, pas un pape”, s’émouvait Cristina Marcheschi, 77 ans, à Flores, quartier natal du pape où pour chacun il est resté “un voisin”.Parmi les premiers tôt lundi a prier près de la cathédrale, Guillermo Sanchez, Péruvien de 47 ans vivant à Buenos Aires, exprimait lui aussi une peine spéciale pour ce premier pape latino-américain: “Ca ne m’était jamais arrivé avec les autres papes”.”Il était très proche de la jeunesse, de notre époque. Ce n’était pas un pape fermé (…). François n’évitait aucun sujet”, affirmait-il.”Il fut une bouffée d’air frais dont l’église avait besoin”, méditait en soirée Sabrina Fernandez, 50 ans, comme tant d’autres à Flores une “voisine” du pape. “Il va manquer au monde”.

Maduro traite le président salvadorien de “violateur en série des droits humains”

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a taxé de “violateur en série des droits humains” son homologue salvadorien Nayib Bukele, qui a proposé d’échanger 252 Vénézuéliens incarcérés dans son pays après leur expulsion par les Etats-Unis contre des “prisonniers politiques” détenus au Venezuela.”C’est un violateur systématique et en série des droits humains depuis le Salvador contre les Vénézuéliens”, a lancé M. Maduro, lundi lors de son émission hebdomadaire de télévision, demandant leur “libération sans conditions”.”Face à l’abus absolu des droits humains, je lui dis: +Monsieur Bukele, conformez-vous au droit (…) donnez preuve de vie de tous les jeunes kidnappés+. Dites où il y a une procédure de justice, pour quelle raison, quels crimes ils ont commis, permettez l’accès à un avocat (…) Renoncez à la voie de la disparition forcée. Et tôt ou tard, libérez-les sans condition”, a-t-il ajouté.”Une liberté inconditionnelle pour les jeunes qui sont kidnappés au Salvador”, a-t-il encore exigé estimant que l’incarcération des Vénézuéliens au Salvador est “un grave crime contre l’humanité”.Un peu plus tôt dans la journée, le procureur général du Venezuela Tarek William Saab avait lui aussi exigé “la liberté inconditionnelle” des migrants, sommant les autorités salvadoriennes de répondre aux “communications” et “recours” judiciaires envoyés par Caracas. Il a ajouté qu’on “ne peut pas comparer” les Vénézuéliens détenus au Salvador “sans procédure” avec “les personnes arrêtées (au Venezuela) pour tentative d’assassinat du président (…) vouloir faire sauter des casernes, ou enlèvement”. Le pouvoir vénézuélien dénonce régulièrement des complots réels ou imaginaires. – “Accord humanitaire” -Dimanche, Nayib Bukele, allié clé du président américain Donald Trump, a proposé à Caracas “un accord humanitaire qui prévoit le rapatriement de 100% des 252 Vénézuéliens (…) en échange de la libération et de la remise d’un nombre identique (252) de prisonniers politiques parmi les milliers que vous détenez”.En un peu plus d’un mois, il a accueilli et enfermé dans une méga-prison de haute sécurité 288 migrants expulsés des Etats-Unis, dont 252 Vénézuéliens pour la plupart accusés d’appartenir au gang Tren de Aragua, multinationale du crime, déclaré organisation “terroriste” par Washington.Samedi, le président colombien Gustavo Petro avait appelé son homologue salvadorien à lui remettre les Colombiens expulsés des Etats-Unis et incarcérés dans le même centre de détention.Pour expulser ces migrants vers le Salvador, M. Trump a notamment invoqué la “loi sur les ennemis étrangers” (Alien Enemies Act) de 1798, qui n’avait jusqu’alors été utilisée qu’en temps de guerre.Donald Trump a fustigé dimanche les magistrats s’opposant à cette politique, au lendemain d’un revers important infligé par la Cour suprême.Le président républicain a étrillé les “tarés de la gauche radicale” se battant pour “ramener dans notre pays des meurtriers, des barons de la drogue, des prisonniers dangereux, des aliénés mentaux”, dans un long message de Pâques sur sa plateforme Truth Social.La veille, la plus haute instance judiciaire du pays avait annoncé la suspension jusqu’à nouvel ordre des expulsions d’immigrés vénézuéliens vers le Salvador.Les avocats de plusieurs expulsés ont protesté, assurant que leurs clients n’appartiennent à aucun gang criminel, n’ont commis aucun crime et ont été ciblés principalement en raison de leurs tatouages.Une situation qui suscite la vive inquiétude de l’opposition et des ONG de défense des libertés.

Le pape est mort d’un AVC à 88 ans, suscitant une émotion planétaire

Le pape François est décédé d’un AVC lundi matin au Vatican à l’âge de 88 ans, une mort qui a suscité une vague d’émotion à travers le monde en faveur de cet Argentin connu pour son franc-parler, populaire chez les fidèles mais aussi critiqué au sein de l’Eglise catholique.Le souverain pontife, très affaibli après une double pneumonie ayant nécessité une hospitalisation de 38 jours, a succombé à un accident vasculaire cérébral (AVC), a précisé le Vatican lundi soir, après sa mise en bière à la chapelle de la Résidence Sainte-Marthe du Vatican, où il vivait depuis son élection en 2013.Des Philippines aux Etats-Unis, de l’Allemagne à l’Afrique du Sud, en passant par l’ONU, l’Iran, l’UE, la Russie, le Brésil, le Liban, Israël ou l’Autorité palestinienne, les dirigeants du monde entier ont rendu un hommage unanime à François.Donald Trump a salué “un homme bon” avant d’annoncer qu’il se rendrait à ses funérailles. “J’irai avec Melania aux obsèques du pape François à Rome. Nous sommes impatients d’y être!”, a écrit le président américain, dont la politique anti-migrants a été souvent critiquée par le défunt chef de l’Eglise catholique.Mais ce sont avant tout les fidèles qui ont été touchés en plein coeur en ce lundi de Pâques, fête la plus importante de l’année. Comme à Gaza, où Ibrahim Al-Tarazi, un catholique de 33 ans, a déploré “une nouvelle déchirante et choquante pour tous les chrétiens à Gaza et en Palestine”. “Nos coeurs sont brisés”.A Buenos Aires, la ville natale de Jorge Bergoglio, Juan Jose Roy, un retraité de 66 ans, a confié à l’AFP son désarroi. “C’est très dur, parce qu’une personne qui se souciait des plus démunis est morte et nous laisse seuls”.Son compatriote, la star du football Lionel Messi, a rendu hommage sur son compte Instagram à “un pape différent, proche, argentin… Repose en paix, pape François”.Lundi soir, des milliers de fidèles, dont certains venus avec des fleurs ou des bougies, ont afflué au coucher du soleil place Saint-Pierre pour participer à une cérémonie de prières en hommage au pape défunt. François “essayait de faire comprendre aux gens que peu importe l’orientation sexuelle, la race, aux yeux de Dieu. Je crois que c’est ce qui est le plus proche de ce que Jésus voulait dire”, a confié à l’AFP Mateo Rey, un Mexicain de 22 ans étudiant à Rome.La dépouille devrait être exposée à la basilique Saint-Pierre à partir de mercredi et la date des funérailles – qui devraient se tenir entre vendredi et dimanche selon la Constitution apostolique – sera décidée mardi lors d’une première réunion des cardinaux.- Rituel simplifié -Le pape, sorti de l’hôpital le 23 mars, avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours en dépit de l’avis des médecins lui ayant prescrit un strict repos de deux mois.Apparu épuisé dimanche, à l’occasion des célébrations de Pâques, il s’était tout de même offert un bain de foule en “papamobile” sur la place Saint-Pierre.Le visage fermé, il avait été contraint de déléguer la lecture de sa bénédiction à un collaborateur, prononçant à peine quelques mots, à bout de souffle.Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires: le pape, qui se déplaçait en fauteuil roulant, affichait une santé déclinante mais avait tenu à maintenir un rythme effréné.Selon les règles du Vatican, les funérailles devraient avoir lieu entre vendredi et dimanche,tandis que le conclave devrait s’ouvrir entre les 5 et 10 mai, lors duquel les 135 cardinaux électeurs, dont environ 80% choisis par François lui-même, auront la lourde tâche d’élire son successeur. François avait révélé fin 2023 qu’il souhaitait être inhumé dans la basilique Sainte-Marie Majeure, dans le centre de Rome, plutôt que dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, une première depuis plus de trois siècles. Dans son testament publié lundi soir, il demande une sépulture “simple”, “sans décoration”, où figurera une seule inscription, son nom en latin: Franciscus.Le chef spirituel de près de 1,4 milliard de catholiques avait déjà connu deux hospitalisations en 2023, dont une pour une lourde opération de l’abdomen, et avait été contraint d’annuler plusieurs engagements ces derniers mois. – Réformes multiples -Amateur de musique et de football, Jorge Mario Bergoglio, réfractaire aux vacances, enchaînait souvent une dizaine de rendez-vous par jour. Il avait même effectué en septembre le plus long voyage de son pontificat, aux confins de l’Asie et de l’Océanie.En 12 ans de pontificat, le premier pape jésuite et sud-américain de l’Histoire s’est engagé sans relâche pour la défense des migrants, l’environnement et la justice sociale sans remettre en cause les positions de l’Eglise sur l’avortement ou le célibat des prêtres.En février, il avait encore condamné les expulsions massives de migrants voulues par Donald Trump, s’attirant les foudres de la Maison Blanche.Opposant acharné au commerce des armes, l’ancien archevêque de Buenos Aires est toutefois resté impuissant face aux conflits en Ukraine ou au Proche-Orient, malgré d’innombrables appels à la paix.Ce politique madré au franc-parler abrasif a aussi voulu réformer une Curie – le gouvernement central du Saint-Siège – rongée par l’inertie, y développer la place des femmes et des laïcs et assainir les sulfureuses finances du Vatican.Face au drame de la pédocriminalité dans l’Eglise, il a levé le secret pontifical et obligé religieux et laïcs à signaler les cas à leur hiérarchie. Sans convaincre les associations de victimes, qui lui ont reproché de ne pas être allé assez loin.- “Périphéries” -Attaché au dialogue inter-religieux, notamment avec l’islam, il a défendu jusqu’au bout une Eglise “ouverte à tous”, s’attirant les foudres des mouvements populistes pour son soutien aux migrants.Si ce pape au style chaleureux a suscité une grande ferveur populaire, souhaitant chaque dimanche “bon appétit” aux fidèles place Saint-Pierre, il fut aussi durement critiqué par une opposition conservatrice pour son supposé manque d’orthodoxie et une gouvernance jugée autoritaire.En témoignent les levées de boucliers suscitées par certaines décisions, comme l’ouverture des bénédictions de couples de même sexe fin 2023, ou la restriction des célébrations de la messe en latin.Ces critiques furent aussi alimentées par l’ombre de Benoît XVI, qui a résidé au Vatican jusqu’à sa mort fin 2022, nourrissant la saga des “deux papes”.La “guerre civile” au sein de l’Eglise a atteint des sommets avec les diatribes de certains cardinaux, notamment avant le Synode sur l’avenir de l’Eglise fin 2023.Le style détonnant de François, qui a préféré un sobre deux-pièces de 70m² à Sainte-Marthe aux ors du palais apostolique, lui a aussi valu d’être accusé de désacraliser à l’excès la fonction.Le 266e pape, davantage intéressé par les “périphéries” de la planète que par les grands pays occidentaux, a aussi réorienté les débats au sein de l’Eglise, à l’image de son encyclique écologiste et sociale “Laudato si” en 2015, réquisitoire très remarqué contre la finance, exaltant la sauvegarde de la planète.

Le pape est mort d’un AVC à 88 ans, suscitant une émotion planétaire

Le pape François est décédé d’un AVC lundi matin au Vatican à l’âge de 88 ans, une mort qui a suscité une vague d’émotion à travers le monde en faveur de cet Argentin connu pour son franc-parler, populaire chez les fidèles mais aussi critiqué au sein de l’Eglise catholique.Le souverain pontife, très affaibli après une …

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Le pape François est décédé d’un AVC lundi matin au Vatican à l’âge de 88 ans, une mort qui a suscité une vague d’émotion à travers le monde en faveur de cet Argentin connu pour son franc-parler, populaire chez les fidèles mais aussi critiqué au sein de l’Eglise catholique.Le souverain pontife, très affaibli après une double pneumonie ayant nécessité une hospitalisation de 38 jours, a succombé à un accident vasculaire cérébral (AVC), a précisé le Vatican lundi soir, après sa mise en bière à la chapelle de la Résidence Sainte-Marthe du Vatican, où il vivait depuis son élection en 2013.Des Philippines aux Etats-Unis, de l’Allemagne à l’Afrique du Sud, en passant par l’ONU, l’Iran, l’UE, la Russie, le Brésil, le Liban, Israël ou l’Autorité palestinienne, les dirigeants du monde entier ont rendu un hommage unanime à François.Donald Trump a salué “un homme bon” avant d’annoncer qu’il se rendrait à ses funérailles. “J’irai avec Melania aux obsèques du pape François à Rome. Nous sommes impatients d’y être!”, a écrit le président américain, dont la politique anti-migrants a été souvent critiquée par le défunt chef de l’Eglise catholique.Mais ce sont avant tout les fidèles qui ont été touchés en plein coeur en ce lundi de Pâques, fête la plus importante de l’année. Comme à Gaza, où Ibrahim Al-Tarazi, un catholique de 33 ans, a déploré “une nouvelle déchirante et choquante pour tous les chrétiens à Gaza et en Palestine”. “Nos coeurs sont brisés”.A Buenos Aires, la ville natale de Jorge Bergoglio, Juan Jose Roy, un retraité de 66 ans, a confié à l’AFP son désarroi. “C’est très dur, parce qu’une personne qui se souciait des plus démunis est morte et nous laisse seuls”.Son compatriote, la star du football Lionel Messi, a rendu hommage sur son compte Instagram à “un pape différent, proche, argentin… Repose en paix, pape François”.Lundi soir, des milliers de fidèles, dont certains venus avec des fleurs ou des bougies, ont afflué au coucher du soleil place Saint-Pierre pour participer à une cérémonie de prières en hommage au pape défunt. François “essayait de faire comprendre aux gens que peu importe l’orientation sexuelle, la race, aux yeux de Dieu. Je crois que c’est ce qui est le plus proche de ce que Jésus voulait dire”, a confié à l’AFP Mateo Rey, un Mexicain de 22 ans étudiant à Rome.La dépouille devrait être exposée à la basilique Saint-Pierre à partir de mercredi et la date des funérailles – qui devraient se tenir entre vendredi et dimanche selon la Constitution apostolique – sera décidée mardi lors d’une première réunion des cardinaux.- Rituel simplifié -Le pape, sorti de l’hôpital le 23 mars, avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours en dépit de l’avis des médecins lui ayant prescrit un strict repos de deux mois.Apparu épuisé dimanche, à l’occasion des célébrations de Pâques, il s’était tout de même offert un bain de foule en “papamobile” sur la place Saint-Pierre.Le visage fermé, il avait été contraint de déléguer la lecture de sa bénédiction à un collaborateur, prononçant à peine quelques mots, à bout de souffle.Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires: le pape, qui se déplaçait en fauteuil roulant, affichait une santé déclinante mais avait tenu à maintenir un rythme effréné.Selon les règles du Vatican, les funérailles devraient avoir lieu entre vendredi et dimanche,tandis que le conclave devrait s’ouvrir entre les 5 et 10 mai, lors duquel les 135 cardinaux électeurs, dont environ 80% choisis par François lui-même, auront la lourde tâche d’élire son successeur. François avait révélé fin 2023 qu’il souhaitait être inhumé dans la basilique Sainte-Marie Majeure, dans le centre de Rome, plutôt que dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, une première depuis plus de trois siècles. Dans son testament publié lundi soir, il demande une sépulture “simple”, “sans décoration”, où figurera une seule inscription, son nom en latin: Franciscus.Le chef spirituel de près de 1,4 milliard de catholiques avait déjà connu deux hospitalisations en 2023, dont une pour une lourde opération de l’abdomen, et avait été contraint d’annuler plusieurs engagements ces derniers mois. – Réformes multiples -Amateur de musique et de football, Jorge Mario Bergoglio, réfractaire aux vacances, enchaînait souvent une dizaine de rendez-vous par jour. Il avait même effectué en septembre le plus long voyage de son pontificat, aux confins de l’Asie et de l’Océanie.En 12 ans de pontificat, le premier pape jésuite et sud-américain de l’Histoire s’est engagé sans relâche pour la défense des migrants, l’environnement et la justice sociale sans remettre en cause les positions de l’Eglise sur l’avortement ou le célibat des prêtres.En février, il avait encore condamné les expulsions massives de migrants voulues par Donald Trump, s’attirant les foudres de la Maison Blanche.Opposant acharné au commerce des armes, l’ancien archevêque de Buenos Aires est toutefois resté impuissant face aux conflits en Ukraine ou au Proche-Orient, malgré d’innombrables appels à la paix.Ce politique madré au franc-parler abrasif a aussi voulu réformer une Curie – le gouvernement central du Saint-Siège – rongée par l’inertie, y développer la place des femmes et des laïcs et assainir les sulfureuses finances du Vatican.Face au drame de la pédocriminalité dans l’Eglise, il a levé le secret pontifical et obligé religieux et laïcs à signaler les cas à leur hiérarchie. Sans convaincre les associations de victimes, qui lui ont reproché de ne pas être allé assez loin.- “Périphéries” -Attaché au dialogue inter-religieux, notamment avec l’islam, il a défendu jusqu’au bout une Eglise “ouverte à tous”, s’attirant les foudres des mouvements populistes pour son soutien aux migrants.Si ce pape au style chaleureux a suscité une grande ferveur populaire, souhaitant chaque dimanche “bon appétit” aux fidèles place Saint-Pierre, il fut aussi durement critiqué par une opposition conservatrice pour son supposé manque d’orthodoxie et une gouvernance jugée autoritaire.En témoignent les levées de boucliers suscitées par certaines décisions, comme l’ouverture des bénédictions de couples de même sexe fin 2023, ou la restriction des célébrations de la messe en latin.Ces critiques furent aussi alimentées par l’ombre de Benoît XVI, qui a résidé au Vatican jusqu’à sa mort fin 2022, nourrissant la saga des “deux papes”.La “guerre civile” au sein de l’Eglise a atteint des sommets avec les diatribes de certains cardinaux, notamment avant le Synode sur l’avenir de l’Eglise fin 2023.Le style détonnant de François, qui a préféré un sobre deux-pièces de 70m² à Sainte-Marthe aux ors du palais apostolique, lui a aussi valu d’être accusé de désacraliser à l’excès la fonction.Le 266e pape, davantage intéressé par les “périphéries” de la planète que par les grands pays occidentaux, a aussi réorienté les débats au sein de l’Eglise, à l’image de son encyclique écologiste et sociale “Laudato si” en 2015, réquisitoire très remarqué contre la finance, exaltant la sauvegarde de la planète.