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Le Japon nomme sa première femme Premier ministre, la conservatrice Sanae Takaichi
Le Japon a désigné mardi la première femme Premier ministre de son histoire: la nationaliste Sanae Takaichi, qui a déjà déçu certains espoirs en ne nommant que deux femmes ministres à son gouvernement.Mme Takaichi, 64 ans, a été élue par les deux chambres du Parlement nippon pour succéder à Shigeru Ishiba. Contenant son émotion, la nouvelle Première ministre s’est inclinée plusieurs fois devant les députés.Sa nomination deviendra officielle quand elle aura rencontré l’empereur Naruhito, plus tard dans la journée.Sanae Takaichi avait remporté début octobre la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), au pouvoir quasiment sans interruption depuis 1955 mais qui a perdu ces derniers mois sa majorité dans les deux chambres du Parlement, notamment en raison d’un scandale financier.Son allié traditionnel, le parti centriste Komeito, a claqué la porte de leur coalition en place depuis 1999, mal à l’aise avec ce scandale et les opinions conservatrices de Mme Takaichi.Elle a assuré sa nomination en concluant lundi une alliance avec le Parti japonais pour l’innovation (Ishin), formation réformatrice de centre droit.La longévité au poste de la cinquième cheffe de gouvernement du Japon en autant d’années dépendra “de la stabilité de cette coalition”, pour Yu Uchiyama, professeur de sciences politiques à l’université de Tokyo.”Un autre facteur déterminant sera sa décision de convoquer ou non” des élections législatives: “si elle le faisait et perdait (des sièges), cela aurait un impact extrêmement négatif sur son image”.- Deux femmes au gouvernement – En accédant aux responsabilités, Mme Takaichi “entre dans l’histoire”, a salué la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.Mais Mme Takaichi, qui avait promis un exécutif avec un nombre de femmes “à la scandinave”, n’en a finalement nommé que deux, le même nombre que dans le gouvernement Ishiba. Il s’agit de l’ultra-conservatrice Satsuki Katayama, qui prend le portefeuille des Finances, et de Kimi Onoda, à la Sécurité économique.Le Japon est classé 118e sur 148 dans le rapport 2025 du Forum économique mondial sur l’écart entre les sexes, et la Chambre basse du Parlement ne compte que 15% de femmes. Les positions sur l’égalité hommes/femmes de Mme Takaichi la placent à droite d’un PLD déjà conservateur: elle s’oppose ainsi à la révision d’une loi obligeant les couples mariés à porter le même nom de famille, et soutient une succession impériale réservée aux hommes. Dans la ville de Nara (ouest), dont Mme Takaichi est originaire, on salue son ascension: “Elle a vraiment gravi les échelons. Elle a travaillé dur pour en arriver là”, a confié à l’AFP Satoshi Sakamoto, un retraité de 73 ans.Alors que le président américain Donald Trump doit se rendre au Japon la semaine prochaine, M. Sakamoto a dit vouloir que la nouvelle dirigeante “soit capable de dire clairement +non+ quand il le faut”.Parmi les possibles points de friction, les contours encore flous des 500 milliards de dollars d’investissements envisagés par le Japon dans le cadre de son accord commercial avec Washington. M. Trump souhaite par ailleurs que Tokyo cesse d’importer de l’énergie russe et augmente ses dépenses de défense.- Discours sur la Chine tempéré -Mme Takaichi sera aussi confrontée à la lutte contre le déclin démographique du Japon et la relance de la quatrième économie mondiale. Sanae Takaichi s’est exprimée en faveur de l’augmentation des dépenses publiques pour relancer l’économie, à l’instar de son mentor, l’ancien Premier ministre Shinzo Abe. Bien qu’elle ait tempéré ce discours ces dernières semaines, sa victoire a propulsé la Bourse de Tokyo à des niveaux record. Au plan international, elle a estimé par le passé que le Japon était “complètement méprisé par la Chine” et que Tokyo devait “faire face à la menace sécuritaire” posée par Pékin, tout en appelant à une plus grande coopération en matière de sécurité avec Taïwan.Mme Takaichi a cependant récemment modéré son discours sur la Chine et s’est prudemment abstenue la semaine dernière de se rendre au sanctuaire Yasukuni, symbole pour les voisins du Japon du passé militariste nippon.Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué avoir “pris note du résultat des élections” japonaises et espérer que Tokyo “fera progresser pleinement les relations stratégiques et mutuellement avantageuses” entre les deux voisins.
Les Etats-Unis mettent une pression maximale sur le Hamas, Vance attendu en Israël
Le président américain Donald Trump a averti le Hamas qu’il serait “éradiqué” s’il ne respecte pas l’accord conclu avec Israël, alors que le vice-président JD Vance est attendu mardi en Israël pour consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza après des violences meurtrières.”Nous avons passé un accord avec le Hamas selon lequel ils vont bien se tenir et si ce n’est pas le cas, nous allons les éradiquer, si nécessaire”, a déclaré lundi le président américain à des journalistes, disant vouloir donner encore “une petite chance” à la poursuite de sa feuille de route pour faire taire les armes à Gaza.L’administration Trump intensifie ses efforts diplomatiques après les violences de dimanche dans le territoire palestinien, les plus importantes depuis l’entrée en vigueur le 10 octobre d’un accord de cessez-le-feu, qui a permis la libération des 20 otages vivants du 7-Octobre encore détenus à Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens.Le Hamas devait aussi rendre d’ici le 13 octobre dernier les 28 corps d’otages encore retenus à Gaza. Il a remis lundi à la Croix-Rouge une 13e dépouille, que le gouvernement a ensuite identifié comme celle de Tal Haïmi, un sous-officier de 41 ans tué le 7 octobre 2023 dans le kibboutz Nir Yitzhak lors de l’attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre. Le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, a assuré que le mouvement islamiste palestinien restait “engagé” dans l’accord de cessez-le-feu. “Nous sommes déterminés à récupérer les corps de toutes les personnes détenues” malgré des “difficultés pour les extraire”, a-t-il affirmé mardi sur la chaîne égyptienne Al-Qahera News.”L’accord pour Gaza tiendra, car nous le voulons et que notre volonté de le respecter est forte”, a-t-il insisté, alors qu’Israël a rappelé qu’elle exigeait le retour de toutes les dépouilles d’otages.- Vance en Israël -“Nous ne ferons aucune concession à ce sujet et ne ménagerons aucun effort jusqu’à ce que tous les otages décédés, sans exception, nous soient rendus”, a réaffirmé sur X le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui avait rencontré lundi les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner et se prépare à accueillir le vice-président JD Vance.”Nous discuterons de deux choses (…). Les défis de sécurité auxquels nous faisons face et les opportunités diplomatiques qui s’offrent à nous. Nous surmonterons les défis et saisirons les opportunités”, a affirmé M. Netanyahu, sans préciser quand il doit rencontrer le N°2 de son allié américain attendu à partir de mardi. Parrainé par Donald Trump, l’accord de cessez-le-feu a paru, pendant quelques heures dimanche, voler en éclats après des violences dans la bande de Gaza, fatales à au moins 45 Palestiniens, selon la Défense civile locale, et deux soldats israéliens selon l’armée. Lundi, la Défense civile, services de secours qui opèrent sous l’autorité du Hamas, a fait état de quatre Gazaouis tués par des tirs israéliens à l’est de Gaza-Ville, où l’armée israélienne a dit avoir ciblé des assaillants qui s’approchaient de la ligne de repli des troupes israéliennes à l’intérieur du territoire palestinien, convenue dans le cadre du cessez-le-feu. – “Violations du cessez-le-feu” -L’émir du Qatar, dont le pays est un médiateur clé pour la trêve en cours, a accusé mardi Israël d’avoir transformé la bande de Gaza “en une zone impropre à la vie humaine” et de poursuivre “des violations du cessez-le-feu”.Dans le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza où des proches pleuraient lundi des victimes des frappes, Imad Nahed Issa s’est indigné de ces violences: “Je ne comprends pas pourquoi, malgré le cessez-le-feu à Gaza, la guerre a repris”.Selon Benjamin Netanyahu, l’armée israélienne a largué dimanche “153 tonnes de bombes” sur Gaza après avoir accusé le Hamas – qui a démenti- d’attaques sur ses troupes. Une étape ultérieure du plan Trump prévoit le retrait progressif des forces israéliennes dans la bande de Gaza, mais aussi le désarmement du Hamas. Le plan, en 20 points, exclut tout rôle du Hamas dans la gouvernance de Gaza afin que le territoire palestinien “ne pose plus de menace à ses voisins”.L’attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. L’offensive israélienne menée en représailles a fait 68.216 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.burs-gl/cab
Côte d’Ivoire: à Dabou, tranquillité fragile avant la présidentielle
Les voies principales sont animées, les clients affluent dans les commerces. A 50km à l’ouest d’Abidjan, la ville de Dabou semble tranquille à quelques jours de l’élection présidentielle ivoirienne, mais certains de ses habitants redoutent que les violences connues en 2020 lors du précédent scrutin ne reprennent.Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire: l’opposition dénonce l’exclusion de ses deux principaux candidats, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, et appelle à des manifestations que le pouvoir a interdit arguant notamment de risques de troubles à l’ordre public. A Dabou, où M. Gbagbo reste très populaire, des violences ont éclaté en 2020 pendant la campagne présidentielle, faisant une vingtaine de morts et plus de 60 blessés.A l’époque, l’opposition contestait la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara, la jugeant inconstitutionnelle. Elle a les mêmes griefs cette année, le chef de l’Etat étant de nouveau candidat, ce qu’a validé le Conseil constitutionnel. Dans un quartier de la ville éclairé par un soleil brûlant, Aliman Traoré, 31 ans, effectue des transferts d’argent pour ses clients, assise dans sa petite boutique. “C’est normal d’avoir peur après ce qui s’est passé ici en 2020”, exprime-t-elle. “Un de mes amis a été tué”, raconte-t-elle.Afoussiata Bamba, commerçante quinquagénaire, espère de son côté que les politiciens “vont comprendre que ce ne sont pas les palabres (querelles, ndlr) qui arrangent les choses”.Depuis une semaine, plus de 700 personnes ont été arrêtées en Côte d’Ivoire, certaines pour des actes assimilables à des “actes de terrorisme”, selon le procureur Oumar Braman Koné et une trentaine condamnées à trois ans de prison pour troubles à l’ordre public. Plusieurs habitants de Dabou interrogés par l’AFP n’ont pas souhaité s’exprimer, mentionnant un climat de peur.Dans un quartier excentré de la ville, Didier, 62 ans, explique que “l’atmosphère est lourde par rapport à l’exclusion de certains candidats”. Evoquant les arrestations, ce retraité préfère ne pas donner son nom de famille par précaution et “ne pense pas voter”, samedi.- Colère -“L’atmosphère est un peu tendue”, abonde Jonathan Sess, technicien en bâtiment de 25 ans.”C’est plutôt calme”, veut rassurer Brahima Cissé, le premier adjoint au maire de Dabou, du parti au pouvoir. “C’est peut-être vrai que dans un village, on a vu quelques petits remous, mais ces remous sont vite calmés”, affirme t-il.Mais pour le sociologue Séverin Yao Kouamé, les risques de violences demeurent.”Les localités comme Dabou sont des lieux dans lesquels la cohabitation communautaire est vulnérable”, notamment entre les ethnies considérées comme pro-Ouattara et d’autres perçues comme pro-Gbagbo, explique-t-il.De plus, “tant qu’il n’y aura pas d’ordre clair de l’opposition, il y aura des réactions assez diffuses et c’est là où les confrontations risquent d’être les plus violentes”, ajoute-t-il.Chez les militants du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo à Dabou, on confirme “attendre le mot d’ordre” de leur dirigeant, silencieux depuis plusieurs semaines. “On ne se reconnaît pas dans cette élection”, indique un responsable de la section. Leur colère est montée d’un cran fin septembre quand l’un des secrétaires généraux adjoints du PPA-CI, Blaise Lasm, originaire de Lopou, un village voisin de Dabou, a été inculpé pour “appel à l’insurrection” et incarcéré. Vingt personnes ont été arrêtées à Lopou récemment pour avoir manifesté pour sa libération, selon les habitants et la sous-préfecture.Dans la cour d’une maison parsemée de végétation, le porte-parole des jeunes de Lopou fait part de son indignation.Ici, “la jeunesse souhaiterait qu’on aille aux élections en paix, que tout le monde soit libre de dire ce qu’il pense, parce que la Côte d’Ivoire, c’est pour nous tous”, affirme Serge Pacôme Adou.Dabou est également une ville historique, où résidaient au XIXe et XXe siècle des administrateurs coloniaux français. L’un des bâtiments restants, le “fort Faidherbe” est devenu un lieu touristique. D’habitude, “on peut recevoir au moins 200 visiteurs par mois”, originaires d’Europe et d’Afrique, assure Ahmed Zongo, guide touristique. Mais “les gens ont peur de venir à cause des élections”, dit-il: “depuis le mois passé, pas de visiteurs. En 2020, c’était la même chose”.
Slovaquie: 21 ans de prison pour l’homme qui avait tiré sur le Premier ministre Fico
La justice slovaque a condamné mardi pour terrorisme à 21 ans de prison le poète de 72 ans Juraj Cintula, qui avait grièvement blessé par balles le Premier ministre nationaliste Robert Fico en mai 2024 et dont les motivations politiques ont été retenues par la cour.Ancien admirateur du chef du gouvernement de ce pays d’Europe centrale, il a tiré cinq fois à bout portant sur lui, pour “empêcher le bon fonctionnement du gouvernement”, a déclaré le juge Igor Kralik.Le tribunal de Banska Bystrica (centre) a jugé “non crédibles” les déclarations de M. Cintula, qui disait avoir voulu seulement “blesser” Robert Fico, puisque ses deux chargeurs étaient pleins et qu’il n’a “pas cessé de tirer, même après avoir été maîtrisé”.L’accusé est resté calme lors de la lecture de sa condamnation, détournant le regard de la salle bondée.Il a le droit de faire appel.- Longues opérations -Cet attentat, rare dans un pays de l’Union européenne (UE) pour un chef de gouvernement, avait eu lieu après une réunion gouvernementale dans la ville minière de Handlova, au centre de la Slovaquie. Le Premier ministre sortait alors dans la rue pour saluer ses partisans.Robert Fico, 61 ans, avait subi deux longues opérations et n’était retourné à son poste que deux mois plus tard.Arrêté sur les lieux, le tireur avait déclaré avoir progressivement changé d’opinion sur l’homme politique, le voyant “ivre de pouvoir”, “tordant la vérité” et prenant des “décisions irrationnelles qui nuisaient au pays”. Il dénonçait notamment l’arrêt de l’aide militaire à l’Ukraine voisine, envahie par la Russie. La Slovaquie, auparavant solidaire du reste de l’UE, s’est rapprochée de Moscou sous l’injonction de M. Fico.Le parquet, qui avait initialement accusé le poète de tentative de meurtre avec préméditation, avait modifié l’acte en “attentat terroriste”, en raison de sa motivation politique.- “Produit de la haine” -Le procès s’est tenu devant une cour d’assises dans la ville de Banska Bystrica (centre) à partir du mois de juillet. Plusieurs jours d’audience ont eu lieu, étalés sur plusieurs semaines. Robert Fico n’a pas témoigné, mais une déclaration vidéo qu’il a faite aux enquêteurs après l’attentat a été diffusée lors d’une audience. Auparavant, il avait accusé M. Cintula d’être un “produit de la haine, un assassin créé par les médias et l’opposition”. Il demeure persuadé d’un complot contre lui.Il domine le paysage politique slovaque depuis 2006 avec une rhétorique dont le nationalisme est jugée antidémocratique par une partie de la société slovaque. Depuis 2023, il mène le gouvernement pour la quatrième fois, en coalition avec l’extrême droite, faisant passer des réformes contre les médias, les ONG, la communauté LGBT+ et les milieux culturels.Ses relations avec l’UE se sont dégradées depuis qu’il a fait inscrire dans la Constitution que le droit européen ne primerait plus sur le droit national.Sa politique est régulièrement dénoncée par des citoyens inquiets pour l’avenir européen du pays, lors de manifestations auxquelles le tireur a participé.
Slovaquie: 21 ans de prison pour l’homme qui avait tiré sur le Premier ministre Fico
La justice slovaque a condamné mardi pour terrorisme à 21 ans de prison le poète de 72 ans Juraj Cintula, qui avait grièvement blessé par balles le Premier ministre nationaliste Robert Fico en mai 2024 et dont les motivations politiques ont été retenues par la cour.Ancien admirateur du chef du gouvernement de ce pays d’Europe …
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Slovaquie: 21 ans de prison pour l’homme qui avait tiré sur le Premier ministre Fico
La justice slovaque a condamné mardi pour terrorisme à 21 ans de prison le poète de 72 ans Juraj Cintula, qui avait grièvement blessé par balles le Premier ministre nationaliste Robert Fico en mai 2024 et dont les motivations politiques ont été retenues par la cour.Ancien admirateur du chef du gouvernement de ce pays d’Europe centrale, il a tiré cinq fois à bout portant sur lui, pour “empêcher le bon fonctionnement du gouvernement”, a déclaré le juge Igor Kralik.Le tribunal de Banska Bystrica (centre) a jugé “non crédibles” les déclarations de M. Cintula, qui disait avoir voulu seulement “blesser” Robert Fico, puisque ses deux chargeurs étaient pleins et qu’il n’a “pas cessé de tirer, même après avoir été maîtrisé”.L’accusé est resté calme lors de la lecture de sa condamnation, détournant le regard de la salle bondée.Il a le droit de faire appel.- Longues opérations -Cet attentat, rare dans un pays de l’Union européenne (UE) pour un chef de gouvernement, avait eu lieu après une réunion gouvernementale dans la ville minière de Handlova, au centre de la Slovaquie. Le Premier ministre sortait alors dans la rue pour saluer ses partisans.Robert Fico, 61 ans, avait subi deux longues opérations et n’était retourné à son poste que deux mois plus tard.Arrêté sur les lieux, le tireur avait déclaré avoir progressivement changé d’opinion sur l’homme politique, le voyant “ivre de pouvoir”, “tordant la vérité” et prenant des “décisions irrationnelles qui nuisaient au pays”. Il dénonçait notamment l’arrêt de l’aide militaire à l’Ukraine voisine, envahie par la Russie. La Slovaquie, auparavant solidaire du reste de l’UE, s’est rapprochée de Moscou sous l’injonction de M. Fico.Le parquet, qui avait initialement accusé le poète de tentative de meurtre avec préméditation, avait modifié l’acte en “attentat terroriste”, en raison de sa motivation politique.- “Produit de la haine” -Le procès s’est tenu devant une cour d’assises dans la ville de Banska Bystrica (centre) à partir du mois de juillet. Plusieurs jours d’audience ont eu lieu, étalés sur plusieurs semaines. Robert Fico n’a pas témoigné, mais une déclaration vidéo qu’il a faite aux enquêteurs après l’attentat a été diffusée lors d’une audience. Auparavant, il avait accusé M. Cintula d’être un “produit de la haine, un assassin créé par les médias et l’opposition”. Il demeure persuadé d’un complot contre lui.Il domine le paysage politique slovaque depuis 2006 avec une rhétorique dont le nationalisme est jugée antidémocratique par une partie de la société slovaque. Depuis 2023, il mène le gouvernement pour la quatrième fois, en coalition avec l’extrême droite, faisant passer des réformes contre les médias, les ONG, la communauté LGBT+ et les milieux culturels.Ses relations avec l’UE se sont dégradées depuis qu’il a fait inscrire dans la Constitution que le droit européen ne primerait plus sur le droit national.Sa politique est régulièrement dénoncée par des citoyens inquiets pour l’avenir européen du pays, lors de manifestations auxquelles le tireur a participé.
De l’usine à la plage, les tribulations d’un granulé de plastique qui fait pleurer les sirènes
C’est un granulé de plastique, rond et translucide le plus souvent, de 5 mm en moyenne, qui pris isolément semble inoffensif. Mais ce roi de l’évasion voyage en bande et quand ils se déversent par millions dans l’océan, il est quasiment impossible de les ramasser et d’enrayer leurs dégâts. Leur nom officiel? Granulés plastiques industriels ou GPI. Ils sont aussi appelés pellets ou “larmes de sirènes”.Ces GPI sont les premiers maillons de la chaîne de fabrication du plastique, “l’intermédiaire entre le pétrole principalement et les produits plastiques finis”, explique à l’AFP Kevin Tallec, du Cedre (organisme expert en pollution des eaux), docteur en biologie marine.L’usine est le milieu naturel de cette microbille qui, fondue avec des milliers d’autres, deviendra bidon, barquette ou tout autre objet plastique. Elle est produite par les géants de la pétrochimie, puis livrée par bateau ou camion aux plasturgistes qui la transforment. Les plus de 400 millions de tonnes de plastique produites par an mondialement, selon l’OCDE, le sont “majoritairement sous forme de granulés initialement”, rappelle Kevin Tallec.Et “entre 52.140 et 184.290 tonnes de granulés ont été perdus dans l’environnement au sein de l’UE en 2019”, selon la Commission européenne. Une régulation pour empêcher les pertes doit être votée jeudi par le Parlement européen.Ces granulés sont “révélateurs de l’omniprésence du plastique, plus nous allons consommer de plastique, plus nous en aurons besoin”, souligne le député français Philippe Bolo (MoDem), expert du sujet. – Marées blanches -Depuis longtemps dans l’environnement, ils se sont fait remarquer par d’immenses marées blanches, dont la plus grave s’est produite en 2021 au Sri Lanka où 11.000 tonnes se sont abîmées en mer. Le littoral Atlantique français a aussi connu des échouages fin 2022 et début 2023.Or, endiguer ce déferlement est une mission quasiment impossible. “On peut déjà être sûrs à 100% aujourd’hui que s’il y a une pollution par GPI, on n’arrivera pas à récupérer tous les granulés”, confirme Kevin Tallec. Solide, non soluble, léger… ce pellet flotte et s’éparpille. La récupération se fait “essentiellement manuellement”, détaille Kevin Tallec qui décrit “un travail intense physiquement, chronophage”.”Petite j’en ramassais déjà sur les plages, à l’époque quelques-uns seulement, mais la pollution est devenue chronique” et plus abondante, témoigne Amandine Le Moan, cofondatrice de l’association finistérienne Ystopia, oeuvrant à la préservation de la mer et du littoral.”Au départ on était très décontenancés, pas du tout outillés. Contribuer sans être équipés était juste impossible, car il ne fallait pas générer plus de dégâts en ramassant. On a même contacté une association au Sri Lanka pour avoir des conseils”, raconte-t-elle. Pour ce qui est de leur impact, la Commission européenne a répertorié des “effets néfastes” sur l’environnement, le climat, potentiellement sur la santé humaine et sur l’économie, certains “spécifiquement dus aux granulés” et d’autres “aux microplastiques en général”.Les études en laboratoire ont montré qu’un apport massif de GPI “pourrait modifier structurellement les habitats” des espèces concernées, note Kevin Tallec, en relevant aussi un “risque d’ingestion” et de “transfert des contaminants chimiques” dans la nature. Economiquement, M. Tallec recense notamment des risques de fermeture de la pêche ou de sites touristiques et évoque aussi l’impact esthétique ou sur le bien-être humain.Avec des coûts élevés à la clé, mais retrouver le pollueur relève généralement du casse-tête. – Conteneurs en perdition -Le plus souvent le déversement résulte de la chute d’un conteneur en mer que les armateurs avaient coutume de placer en haut des piles et dont ils ne déclaraient pas la perte.Depuis, l’Organisation maritime internationale (OMI) a émis des recommandations, non contraignantes, mais déjà suivies par des poids lourds du secteur.Armateurs de France, qui représente les entreprises françaises de transport et de services maritimes, les a ainsi adoptées.”Ces conteneurs doivent être identifiés, déclarés et traités d’une façon particulière, comme les produits chimiques et dangereux, placés sous le pont”, déclare à l’AFP Laurent Martens, délégué général d’Armateurs de France, favorable à des mesures contraignantes.Le transport n’est pas seul en cause: “plusieurs milliers de tonnes de GPI” sont perdues “par les voies opérationnelles et non accidentelles”, dit Kevin Tallec. – 1 euro le kilo -Les plasturgistes assurent ne pas être le maillon faible. “Nous avons bien conscience de tous les enjeux et bien évidemment la pollution plastique est quelque chose dont il faut qu’on se débarrasse”, déclare Caroline Chaussard, directrice RSE de Polyvia, organisation professionnelle française des plasturgistes.Mais selon elle, “les plus grosses fuites ne se trouvent pas chez le transformateur, c’est plutôt là qu’elles sont le plus faciles à juguler puisqu’elles sont sur un lieu circonscrit”. En plus des problèmes environnementaux, “c’est de la matière première qui coûte cher et que personne n’a envie de perdre – un kilo coûte entre 1 et 1,3 euro”, souligne Joseph Tayefeh, secrétaire général de Plastalliance The European Plastics Alliance, représentant des plasturgistes français et européens.Pour Lucie Padovani, de l’ONG Surfrider, “ce n’est pas qu’une histoire de transport, c’est aussi une histoire plus large de la chaîne de valeur qui manipule ces granulés d’une manière qui ne permet pas d’empêcher la perte dans l’environnement”. Elle donne l’exemple de sites de production à Tarragone en Espagne où elle a constaté “une pollution impressionnante” ou à Ecaussinnes en Belgique. Philippe Bolo, qui s’est rendu dans la ville belge, témoigne aussi avoir “vu des sols agricoles, des rond-points, des forêts… avec des granulés partout”. – Silence radio -Du côté des producteurs, le silence règne, même parmi les signataires du programme Operation Clean Sweep (OCS), lancé dans les années 1990 pour prévenir leurs rejets de GPI.Les géants de la pétrochimie français Arkema ou américains Dow et ExxonMobil ont indiqué à l’AFP ne pas souhaiter s’exprimer. Leurs syndicats professionnels comme Plastics Europe ou France Chimie n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.M. Bolo, qui évoque un dialogue régulier avec les industriels, note aussi que “la seule chose qui (lui) manque aujourd’hui est de visiter un site de production de GPI”, malgré des demandes répétées. Le député a activement contribué à pousser la règlementation française, pionnière, qui s’est concrétisée par un décret en avril 2021. Celui-ci demande entre autres d’identifier les zones de pertes potentielles, de vérifier emballages et stockage, confiner, ramasser, former le personnel et contrôler.Le texte que le Parlement européen s’apprête à voter s’en est inspiré. Il ajoute des aménagements pour les petites entreprises et étend l’obligation de prévention des pertes aux transporteurs européens et étrangers opérant en Europe.Plastics Europe et EuPC (European plastics converters, plasturgie) “ont été fortement impliqués” dans la réflexion et “le compromis est bien reçu par l’industrie”, affirme à l’AFP Pedro Guincho, chargé de compte chez EuPC. Les sirènes vont-elle cesser de pleurer après ce vote ? Du côté des transformateurs, “on peut arriver au zéro fuite” avec ces nouvelles règles, estime Caroline Chaussard.Pour le monde maritime, dominé par les Européens, Laurent Martens est aussi optimiste: “Si les leaders du secteur suivent les recommandations, 80% du transport de GPI va être conforme”.






