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Regain de violences à Gaza, le cessez-le-feu menacé
Israël a mené des frappes meurtrières dimanche dans la bande de Gaza en accusant le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui dément, de violation du cessez-le-feu, menacé par ce regain de violences.Au 10e jour de la trêve, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé une “violation du cessez-le-feu” et ordonné d’agir “avec force” contre les “terroristes” à Gaza. Son ministre de la Défense Israël Katz a averti que le Hamas paierait “un lourd tribut” pour les tirs contre ses soldats.Le Hamas a retourné l’accusation contre Israël, l’un de ses responsables Izzat Al-Rishq réaffirmant l’engagement du mouvement à respecter la trêve et accusant Israël “d’inventer des prétextes” pour reprendre son offensive à Gaza.Dans le centre de Gaza, à Bureij, des Palestiniens courent pour trouver un abri après des bombardements, selon des images de l’AFP. Un nuage de fumée s’élève au-dessus de bâtiments détruits.L’armée israélienne a indiqué avoir lancé en fin d’après-midi de nouvelles frappes dans le sud de Gaza “contre des cibles terroristes du Hamas”, “en réponse à la violation flagrante du cessez-le-feu”. Selon un journaliste de l’AFP sur place, des frappes ont ciblé Khan Younès.Plus tôt, les forces israéliennes ont mené des frappes et tiré à l’artillerie à Rafah (sud) et Beit Lahia (centre), en riposte à des attaques du Hamas, a affirmé un responsable militaire israélien.- 21 morts selon la Défense civile -A Rafah, “le Hamas a tiré sur nos troupes déployées derrière la ligne jaune” – la ligne de retrait de l’armée israélienne prévue par l’accord de cessez-le-feu – selon ce responsable. A Beit Lahia, des combattants palestiniens ont été “éliminés lors d’une frappe précise” après avoir franchi la ligne jaune pour pénétrer dans des zones contrôlées par l’armée. La Défense civile, opérant sous l’autorité du Hamas, a fait état de 21 morts dans les raids israéliens à travers le territoire. Des blessés et des corps de victimes ont été transportés dans un hôpital de Deir al-Balah (centre), selon des images de l’AFP. La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé n’avoir “aucune connaissance d’incidents ou d’affrontements” dans la région de Rafah”. “Nous réaffirmons notre engagement total à mettre en œuvre tout ce qui a été convenu, en premier lieu le cessez-le-feu.” Selon un témoin, des combattants du Hamas avaient ciblé un groupe rival dans un secteur de Rafah, près duquel des chars israéliens sont déployés. “Il semble qu’il y ait eu des affrontements. L’armée de l’air israélienne a (ensuite) effectué deux frappes sur le site.”Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.Sous la pression du président américain Donald Trump, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 10 octobre après deux ans de guerre destructrice à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023.En vertu de la première phase de l’accord basé sur un plan de M. Trump, le Hamas a remis le 13 octobre, en échange de près de 2.000 prisonniers palestiniens, 20 otages vivants qu’il détenait depuis le 7-Octobre et a rendu jusque-là 12 des 28 dépouilles d’otages toujours retenues à Gaza.- 13e corps d’otage retrouvé -L’armée “doit reprendre les combats à Gaza avec toute sa force” et “anéantir totalement le Hamas”, a dit Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et figure de l’extrême droite, après les violences à Gaza.Sur le dossier des otages, le Hamas a annoncé avoir trouvé dimanche une 13e dépouille d’otage à Gaza, s’engageant “si les conditions le permettent” à la restituer plus tard à Israël. Mais il a averti que “toute escalade” israélienne “entraverait les opérations de récupération des corps”.Alors que l’armée israélienne contrôle tous les accès de Gaza, l’accord de cessez-le-feu prévoit l’afflux d’aide humanitaire pour la population palestinienne qui manque de tout.Mais Israël conditionne la réouverture du poste-frontière avec l’Egypte de Rafah, crucial pour l’entrée des aides, à la remise de tous les otages décédés.L’émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, est attendu au Moyen-Orient la semaine prochaine pour suivre l’application de l’accord de cessez-le-feu. Une étape ultérieure du plan Trump prévoit le désarmement du Hamas et l’amnistie ou l’exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.L’attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.L’offensive israélienne a fait 68.159 morts à Gaza et provoqué un désastre humanitaire, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.
Spectaculaire cambriolage au Louvre, des bijoux “inestimables” dérobés
Un cambriolage spectaculaire a eu lieu dimanche matin peu après l’ouverture du Louvre, le musée le plus visité au monde, où plusieurs malfaiteurs se sont emparés de bijoux d’une “valeur inestimable” avant de prendre la fuite.Aux alentours de 9H30, trois ou quatre cambrioleurs se sont introduits dans la galerie d’Apollon du musée, qui abrite notamment les joyaux de la Couronne de France, brisant les fenêtres de la salle à l’aide d’une disqueuse après s’être hissés depuis l’extérieur sur une nacelle. Les bijoux étaient protégés par des vitrines.Le montant du butin est en cours d’estimation, mais les bijoux dérobés sont d’une “valeur inestimable”, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, invité de France Inter/Franceinfo/Le Monde.Construite à la demande de Louis XIV, la galerie d’Apollon abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, dont trois pièces historiques, le Régent, le Sancy et l’Hortensia.M. Nuñez a assuré avoir “bon espoir” que les malfaiteurs, qui ont pris la fuite à scooter, soient interpellés “très rapidement”. Selon lui, l’opération, qui n’a duré que “sept minutes”, est le fait de cambrioleurs “chevronnés” qui pourraient être “étrangers”.Dans leur fuite, ils ont toutefois abandonné un des objets, la couronne de l’impératrice Eugénie, qui a été retrouvée, endommagée, près du musée.La couronne de l’épouse de Napoléon III est notamment composée de 1.354 diamants et 56 émeraudes, selon le descriptif mis en ligne par le Louvre.Un de leurs scooters a également été retrouvé.Les visiteurs du musée, qui avait ouvert ses portes à 9H00, ont été rapidement évacués “sans incident aucun”, a indiqué Le Louvre à l’AFP.”On pourrait penser que le Louvre, parmi tous les endroits possibles, dispose de la meilleure sécurité au monde, non ? C’est fou”, a témoigné Janie, une touriste américaine, après avoir dû quitter le musée.Une enquête pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime a été ouverte et confiée à la Brigade de répression du banditisme (BRB), a annoncé le parquet de Paris.Le président de la République Emmanuel Macron est “informé de la situation en temps réel”, a fait savoir l’Elysée.- “Grande vulnérabilité” des musées -C’est la ministre de la Culture, Rachida Dati qui, la première, a rendu public le cambriolage, évoquant sur X un “braquage” dans ce musée de 73.000 m2 qui abrite environ 35.000 œuvres d’art, dont la célébrissime Joconde.Sur X, le musée, qui a accueilli près de 9 millions de visiteurs en 2024, dont 80% d’étrangers, a annoncé sa fermeture dimanche pour “raisons exceptionnelles”. La direction du musée a précisé à l’AFP vouloir ainsi “préserver les traces et indices pour l’enquête”.”On sait très bien qu’il y a une grande vulnérabilité dans les musées français”, a déclaré le ministre de l’Intérieur, interrogé sur de possibles failles dans le dispositif de surveillance.Il a rappelé qu’un “plan de sécurité” récemment lancé par le ministère de la Culture “n’épargnait pas” le musée du Louvre.Les propos du ministre font écho à plusieurs cambriolages qui ont récemment visé des musées en France.Mi-septembre, des spécimens d’or natif ont été volés lors d’une effraction au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, qui a déploré une “perte inestimable” pour la recherche et le patrimoine.En septembre encore, un musée de Limoges a subi un cambriolage dont le préjudice est estimé à 6,5 millions d’euros.”La criminalité organisée aujourd’hui s’attaque aux objets d’art et les musées sont devenus des cibles”, a estimé Rachida Dati sur TF1, soulignant que la France était concernée au premier chef en tant que “pays patrimonial”.”Il faut adapter ces musées aux nouvelles formes de criminalité”, a ajouté la ministre, assurant qu’un “audit de sécurité” avait été récemment mené au Louvre à la demande de la direction.Le dernier vol recensé au Louvre avait eu lieu en 1998 quand une toile du peintre français Camille Corot avait été volée en pleine journée et n’a jamais été retrouvée depuis.Beaucoup plus loin dans le temps, c’est La Joconde qui avait été dérobée en 1911 par un vitrier italien qui souhaitait voir le chef-d’œuvre revenir dans son pays d’origine.
A la peine, les viticulteurs californiens abandonnent leurs vignes
Depuis plus d’un siècle, les viticulteurs de Lodi fournissent une large partie des raisins utilisés pour produire le vin de Californie. Mais ces temps-ci, la petite ville est en crise: de plus en plus d’exploitants abandonnent leurs vignobles.Baisse de la consommation d’alcool, hausse des coûts d’exploitation, concurrence venue de l’étranger: ce cocktail meurtrier a mis sur la touche plusieurs producteurs locaux. Résultat, des milliers d’hectares de vignes ont été arrachés ces dernières années.”Je n’ai jamais vu ça”, confie à l’AFP Randy Baranek, dont la famille travaille la vigne depuis plusieurs générations.Lodi a perdu un quart de sa production en deux ans, selon lui. L’activité n’est plus rentable: un acre (0,4 hectare) de vigne produit huit à douze tonnes de raisins, une quantité dont la vente ne rapporte pas plus de 3.000 dollars. Or, planter et cultiver cette même surface coûte entre 3.000 et 4.500 dollars.”On est au fond du trou”, soupire M. Baranek.Même arracher les vignes est prohibitif d’après lui, à cause des règles environnementales californiennes strictes encadrant la conversion des champs. Certains viticulteurs les laissent donc simplement à l’abandon.Lodi, où l’on cultive notamment le Zinfandel parmi 130 autres variétés de raisins, se retrouve ainsi entourée de parcelles fantômes, remplies de grappes pourries.- Dans les cuves, du vin importé -La production de la ville a atteint en 2024 son niveau le plus bas depuis deux décennies, avec seulement 2,9 millions de tonnes récoltées, selon le directeur de la Lodi Winegrape Commission, Stuart Spencer. Cette année, il table sur un déclin supplémentaire de 400.000 tonnes.Car aux Etats-Unis, “tout le spectre de ceux qui contribuent à l’industrie du vin est en difficulté”, résume-t-il.Pendant trois décennies, la Californie, l’Oregon et l’Etat de Washington ont patiemment construit une solide croissance, en s’imposant aux yeux des consommateurs américains comme une alternative crédible aux vins de l’Ancien monde (France, Italie, Espagne). Mais pour ces régions de la côte Ouest, les trois dernières années ont tout bouleversé.D’un côté, les changements générationnels font que les Américains “boivent simplement moins” d’alcool, pointe M. Spencer. De l’autre, “l’inflation (…) impacte vraiment le portefeuille des consommateurs”.La baisse de la demande pousse les producteurs de vin sous pression à s’approvisionner ailleurs. Car aux Etats-Unis, une bouteille peut être étiquetée comme “vin américain” même si sa fabrication en cuve utilise une partie de vin déjà prêt, produit à l’étranger.”En Californie, nos plus gros producteurs, qui sont également les plus grands acheteurs de raisins, choisissent d’importer du vin en vrac bon marché au lieu d’acheter des raisins locaux”, regrette M. Spencer.Les viticulteurs européens, qui fournissent une partie de ces vins d’assemblage peu coûteux, “sont fortement subventionnés par l’UE”, peste-t-il. “Nous ne sommes pas sur un pied d’égalité.”- Reconversion vers les amandes -A contrecœur, certains agriculteurs abandonnent les raisins pour se reconvertir dans des cultures plus demandées et moins coûteuses, comme les amandes.Une décision difficile: arracher un vignoble pour le reconvertir coûte des dizaines de milliers de dollars, et la production d’amandes, largement automatisée, détruit l’emploi à Lodi.”Nous sommes tous très inquiets,” souffle sous couvert d’anonymat un ouvrier viticole de la région.”Je ne sais pas ce que je ferais sans cela,” lâche-t-il, en montrant les vignes où il travaille depuis dix ans.Mais pour Kevin Phillips, qui a reconverti l’un de ses champs, le pari s’avère gagnant. Pour cultiver son nouveau verger d’amandes, il dépense seulement un quart de ce qu’il consacrait à sa vigne. Et vendre sa production s’avère bien plus simple.”Avec les raisins, vous devez vraiment démarcher les producteurs de vin, vous devez établir des connexions, (…) espérer que tous les astres s’alignent”, explique-t-il. “Pour les amandes, pas besoin de parler à qui que ce soit. La demande est juste là.””C’est tellement plus facile” de cultiver des amandes, constate le viticulteur, qui n’a réussi à prendre cette décision difficile qu’après s’être soûlé. “Et je déteste l’admettre, parce que je suis un gars du vin.”
Des cages et des fosses: des proches d’ex-otages à Gaza racontent leur éprouvante détention
A travers le récit restitué par leurs proches, des détails filtrent sur les conditions extrêmes de captivité des derniers otages israéliens vivants retenus par le Hamas à Gaza, pour certains dans des cages, des fosses ou des tunnels.Les vingt derniers otages vivants rapatriés le 13 octobre ont passé plus de deux ans en captivité aux mains du Hamas et ses alliés après l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste.Parmi eux, Omri Miran. “Au début, il y avait cinq otages dans une cage de 1,80 m sur 1,60 m. On ne peut pas se tenir debout là-dedans, on est courbé”, décrit son frère Boaz Miran au journal Israel Hayom.”Tout le monde a vu la vidéo d’Evyatar David en captivité où il n’était plus que peau et os”, pointe pour sa part Gal Gilboa Dalal, le frère de l’otage Guy Gilboa Dalal qui était détenu avec Evyatar David. Dans les images diffusées en août par le Hamas, Evyatar David émacié apparaît gravement sous-alimenté et visiblement affaibli.”Guy était exactement dans le même état”, dit son frère à l’AFP, “le Hamas les a affamés dans le but de les transformer en +vitrines de la faim+”, en raison du blocus imposé par Israël sur la bande de Gaza pendant des mois.Le frère de l’otage évoque aussi des tentatives de manipulation psychologiques.”On leur a raconté beaucoup de mensonges — que l’armée israélienne les cherchait pour les tuer. On leur a montré des otages qui, selon ce qu’on leur disait, avaient été tués délibérément par les forces israéliennes”, raconte-t-il.”Ils ont un très long chemin à parcourir, physiquement et mentalement”, estime-t-il.Sollicité par l’AFP, un responsable du Hamas ayant requis l’anonymat affirme que le mouvement islamiste palestinien et ses alliés “ont traité les détenus sous leur garde en accord avec les enseignements de l’islam, de façon très éthique et humaine”.Selon ce responsable, les otages vivaient “dans les mêmes conditions que leurs gardes” et recevaient “des soins médicaux et psychologiques et de la nourriture en fonction des disponibilités à Gaza”. Des experts partenaires de l’ONU avaient fait état en août d’une famine dans une partie du territoire, ce qu’a contesté Israël. Si aucun des vingt ex-otages n’a encore pris la parole publiquement, leurs proches ont livré quelques bribes. Zvika Mor, le père d’Eitan Mor, a notamment fait état à la radio publique Kan de “périodes de grande faim”, où son fils “ne recevait que quelques cuillerées de riz par jour”.-Manque d’oxygène-Dans le Times of Israel mercredi, Tami Braslavski, la mère de Rom Braslavski, a déclaré que son fils avait été fouetté et battu, entre avril et juillet, “avec des objets que je ne mentionnerai même pas”.Avinatan Or, qui a été détenu seul pendant deux ans et a tenté de s’échapper, a été menotté et mis dans une cage, selon son père Yaron.”C’était un endroit grillagé de 1,80 mètre de haut, dont la longueur correspondait à celle du matelas, plus un peu. On peut appeler ça une cage”, a-t-il relaté à la radio Kan.Toujours à la radio publique, le père de l’ancien otage Yosef-Haim Ohana a déclaré que son fils “a passé plusieurs jours dans une fosse souterraine avec six autres captifs, sans assez d’espace pour s’asseoir ou s’allonger et avec à peine assez d’air pour survivre”.”[Leurs ravisseurs] ont mis sept hommes dans une fosse”, a déclaré le rabbin Avi Ohana. “Ils ne pouvaient pas s’asseoir, seulement s’appuyer contre le mur en restant debout. Ils manquaient d’oxygène”.Au total, 251 otages ont été capturés le 7-Octobre en sol israélien par le Hamas qui les a emmenés à Gaza. Après des libérations fin 2023 et en 2024, il en restait 48 vivants ou morts entre les mains des ravisseurs au début du mois d’octobre.Selon les termes du cessez-le-feu parrainé par les Etats-Unis, en vigueur depuis le 10 octobre, le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants. Il n’a en revanche restitué depuis une semaine que 12 dépouilles sur les 28 qu’il retenait encore.Israël a annoncé avoir libéré 1.968 détenus palestiniens en échange des derniers otages vivants.




