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L’Australie confrontée à une “guerre du tabac”

L’augmentation en Australie des prix des cigarettes à des niveaux stratosphériques provoque une “guerre du tabac” et nourrit le marché noir, privant les pouvoirs publics de milliards de dollars de recettes fiscales, avertissent des experts.A 29 euros le paquet de 25 cigarettes, de nombreux fumeurs se tournent vers le marché de la contrebande, échappant à l’impôt indirect sur le tabac, a déploré récemment le ministre des Finances et trésorier australien Jim Chalmers.En mars, Canberra a ainsi raboté de quatre milliards d’euros sa prévision de recettes fiscales sur les ventes de tabac d’ici 2029.”C’est une crise fiscale, donc nous perdons des milliards et des milliards de dollars en droit d’accise (impôt indirect, ndlr) mais aussi, ce qui m’inquiète plus (…), c’est qu’elle est devenue un problème majeur de criminalité”, alerte James Martin, professeur de criminologie à l’université Deakin de Melbourne (sud-est).Depuis début 2023, plus de 220 incendies volontaires ont visé des revendeurs du marché noir ou des propriétaires de boutiques ayant refusé de vendre des produits illicites à base de tabac selon M. Martin, qui dénonce des actes d'”extorsion” et d'”intimidation”.L’Australie se targue d’être à la pointe de la lutte contre le tabagisme. En 2012, le pays avait été le premier au monde à imposer les paquets de cigarettes banalisés.- “Hémorragie” -Des criminels se disputant le contrôle du “lucratif” marché illégal du tabac sont à l’origine de “violences”, selon Heather Cook, directrice générale de la commission du Renseignement en matière criminelle.Et les forces de l’ordre ne peuvent résoudre le problème seules, affirme James Martin, car “si nous rendons plus difficile l’accès à la nicotine, les gens vont se tourner vers le marché noir”.D’après le criminologue, Canberra a fait deux erreurs: avoir accru le prix des cigarettes à un niveau tel qu’à un rythme d’un paquet par jour, la facture d’un fumeur grimpe à quelque 8.700 euros par an; mais aussi avoir restreint les ventes de vapoteuses uniquement en pharmacie.”Le gouvernement doit baisser la taxe indirecte sur le tabac pour cesser l’hémorragie vers le marché noir, et doit légaliser les produits de vapotage”, plaide M. Martin.L’enseignant mentionne la Nouvelle-Zélande voisine, seul pays ayant introduit un niveau de taxation similaire à l’Australie sur le tabac, mais qui a légalisé les cigarettes électroniques en 2020. “La Nouvelle-Zélande avait un taux de tabagisme supérieur au nôtre il y a tout juste quatre ans. Il est aujourd’hui considérablement plus bas que celui de l’Australie”, dit-il.- “Guerre” -Les cigarettes de contrebande arrivent en Australie depuis la Chine et le Moyen-Orient, et les vapoteuses essentiellement de Shenzhen, dans le sud de la Chine, selon le criminologue.Et ce marché prospère: la police australienne aux frontières a rapporté avoir saisi 1,8 milliard de cigarettes et plus de 436 tonnes de feuilles de tabac illicites entre juillet 2023 et juin 2024.Le tabagisme a nettement reculé ces dernières décennies dans le pays-continent, de 24% de fumeurs parmi les plus de 14 ans en 1991, à 8,3% en 2023, selon une enquête publique.Mais la consommation de nicotine par personne est, elle, “relativement stable” depuis 2016, d’après une enquête de l’Institut australien de la santé, qui s’est intéressé aux traces dans les eaux usées de cette molécule addictive présente dans les cigarettes, vapoteuses et substituts du tabac.D’après Edward Jegasothy, enseignant en santé publique à l’université de Sydney (est), que les prix soient stables ou nettement en hausse les proportions de fumeurs en Australie ont baissé au même rythme.Le marché noir nuit aux politiques publiques car il offre des alternatives moins chères, explique l’expert à l’AFP, défendant une baisse des taxes sur le tabac et un renforcement des contrôles de police.M. Jegasothy rappelle aussi que la politique fiscale sur le tabac pèse avant tout sur les catégories socio-économiques les plus en difficulté, les plus exposés au tabagisme et qui consacrent une part plus importante de leurs revenus aux cigarettes.”Il y a peu de preuves suggérant que notre guerre de facto contre la nicotine constitue une stratégie optimale pour réduire les méfaits liés à la nicotine”, ont avertit récemment dans un article scientifique MM. Jegasothy et Martin.

Pékin lance de grandes manoeuvres militaires dans le détroit de Taïwan

La Chine a lancé mercredi un nouvel exercice militaire de grande ampleur dans le détroit de Taïwan, au lendemain d’importantes manoeuvres simulant un blocus de l’île qu’elle revendique – une démonstration de force condamnée par Washington et l’Union européenne.Ces nouveaux exercices, qui n’avaient pas été annoncés, surviennent quelques jours après une tournée en Asie du secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, qui a affirmé que Washington assurerait la “dissuasion” dans le détroit de Taïwan.Sous le nom de code “Tonnerre dans le détroit- 2025A”, l’opération vise à tester les capacités des troupes en matière de “contrôle des zones” et de “blocus”, a déclaré Shi Yi, porte-parole du Commandement du Théâtre Oriental de l’armée chinoise, dans un communiqué.Elle comprend des “exercices de tir réel longue portée” et des simulations des “frappes sur des ports et des infrastructures énergétiques clés”, a ensuite précisé le porte-parole.Le ministère de la Défense taïwanais a confirmé le début de ces exercices, sans fournir davantage de précisions.Le détroit de Taïwan, zone de passage clé pour le transport maritime mondial, est un point de tension majeur entre grandes puissances, en particulier la Chine et les Etats-Unis.Les Etats-Unis sont le principal fournisseur d’armes de Taipei depuis des décennies, mais entretiennent une “ambiguïté stratégique” quant à leur intervention en cas d’attaque chinoise.Washington a réagi mercredi en condamnant “des activités militaires et une rhétorique agressives de la Chine” qui “exacerbe les tensions et met en danger la sécurité régionale et la prospérité du monde”.La Chine a multiplié les exercices à grande échelle autour de Taïwan ces dernières années, déployant avions de chasse et navires de guerre pour appuyer sa revendication de souveraineté, rejetée par Taipei.Mardi, elle avait mobilisé des forces terrestres, navales et aériennes autour de l’île, entraînant l’envoi d’avions et de navires par Taipei et le déploiement de ses systèmes de missiles.Le ministère de la Défense taïwanais a déclaré avoir détecté mardi 21 navires de guerre autour de l’île, dont le porte-avions Shandong, 71 avions et quatre navires de garde-côtes.Il s’agit du nombre le plus élevé de navires de guerre détectés en une seule journée depuis près d’un an, et le plus grand nombre d’avions depuis octobre 2024.L’Union européenne avait mis en garde mardi contre “toute action susceptible d’aggraver les tensions”.- “Séparatiste” -Ces exercices constituent “une série de test de résistance” pour évaluer la force du soutien de Washington à Taïwan et à d’autres alliés dans la région, estime Wen-Ti Sung analyste au centre de réflexion américain Atlantic Council.Ces manoeuvres sont également décrites par les experts comme des répétitions pour un encerclement de l’archipel, un scénario jugé plus probable qu’une invasion totale, plus risquée et plus facile à anticiper.La pression est par ailleurs montée d’un cran depuis l’élection du président taïwanais Lai Ching-te en 2024, qui soutient que Taïwan est “déjà un pays indépendant” et a récemment qualifié la Chine de “force hostile étrangère”.Mardi, l’armée chinoise a ainsi publié une vidéo représentant le dirigeant taïwanais en insecte “parasite” brûlant sur un brasier.Les revendications du Parti communiste chinois sur Taïwan remontent à 1949, lorsque les Républicains chinois s’y sont réfugiés après leur défaite face à l’armée communiste.L’île principale de Taïwan, peuplée par des peuples autocthones depuis des milliers d’années, a été partiellement contrôlée par les Espagnols, les Hollandais, la dynastie chinoise des Qing, puis intégralement par le Japon jusqu’en 1945.burs-amj/rsc/aas/gmo

Pékin lance de grandes manoeuvres militaires dans le détroit de Taïwan

La Chine a lancé mercredi un nouvel exercice militaire de grande ampleur dans le détroit de Taïwan, au lendemain d’importantes manoeuvres simulant un blocus de l’île qu’elle revendique – une démonstration de force condamnée par Washington et l’Union européenne.Ces nouveaux exercices, qui n’avaient pas été annoncés, surviennent quelques jours après une tournée en Asie du secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, qui a affirmé que Washington assurerait la “dissuasion” dans le détroit de Taïwan.Sous le nom de code “Tonnerre dans le détroit- 2025A”, l’opération vise à tester les capacités des troupes en matière de “contrôle des zones” et de “blocus”, a déclaré Shi Yi, porte-parole du Commandement du Théâtre Oriental de l’armée chinoise, dans un communiqué.Elle comprend des “exercices de tir réel longue portée” et des simulations des “frappes sur des ports et des infrastructures énergétiques clés”, a ensuite précisé le porte-parole.Le ministère de la Défense taïwanais a confirmé le début de ces exercices, sans fournir davantage de précisions.Le détroit de Taïwan, zone de passage clé pour le transport maritime mondial, est un point de tension majeur entre grandes puissances, en particulier la Chine et les Etats-Unis.Les Etats-Unis sont le principal fournisseur d’armes de Taipei depuis des décennies, mais entretiennent une “ambiguïté stratégique” quant à leur intervention en cas d’attaque chinoise.Washington a réagi mercredi en condamnant “des activités militaires et une rhétorique agressives de la Chine” qui “exacerbe les tensions et met en danger la sécurité régionale et la prospérité du monde”.La Chine a multiplié les exercices à grande échelle autour de Taïwan ces dernières années, déployant avions de chasse et navires de guerre pour appuyer sa revendication de souveraineté, rejetée par Taipei.Mardi, elle avait mobilisé des forces terrestres, navales et aériennes autour de l’île, entraînant l’envoi d’avions et de navires par Taipei et le déploiement de ses systèmes de missiles.Le ministère de la Défense taïwanais a déclaré avoir détecté mardi 21 navires de guerre autour de l’île, dont le porte-avions Shandong, 71 avions et quatre navires de garde-côtes.Il s’agit du nombre le plus élevé de navires de guerre détectés en une seule journée depuis près d’un an, et le plus grand nombre d’avions depuis octobre 2024.L’Union européenne avait mis en garde mardi contre “toute action susceptible d’aggraver les tensions”.- “Séparatiste” -Ces exercices constituent “une série de test de résistance” pour évaluer la force du soutien de Washington à Taïwan et à d’autres alliés dans la région, estime Wen-Ti Sung analyste au centre de réflexion américain Atlantic Council.Ces manoeuvres sont également décrites par les experts comme des répétitions pour un encerclement de l’archipel, un scénario jugé plus probable qu’une invasion totale, plus risquée et plus facile à anticiper.La pression est par ailleurs montée d’un cran depuis l’élection du président taïwanais Lai Ching-te en 2024, qui soutient que Taïwan est “déjà un pays indépendant” et a récemment qualifié la Chine de “force hostile étrangère”.Mardi, l’armée chinoise a ainsi publié une vidéo représentant le dirigeant taïwanais en insecte “parasite” brûlant sur un brasier.Les revendications du Parti communiste chinois sur Taïwan remontent à 1949, lorsque les Républicains chinois s’y sont réfugiés après leur défaite face à l’armée communiste.L’île principale de Taïwan, peuplée par des peuples autocthones depuis des milliers d’années, a été partiellement contrôlée par les Espagnols, les Hollandais, la dynastie chinoise des Qing, puis intégralement par le Japon jusqu’en 1945.burs-amj/rsc/aas/gmo

En Asie centrale, l’inexorable exode des Russes

Les époux Lopatine préparent un voyage particulier: leur départ du Kazakhstan pour la Russie, comme des dizaines de milliers de Russes ethniques quittant chaque année l’Asie centrale depuis la chute de l’Union soviétique pour rejoindre la terre de leurs ancêtres.Dans leur appartement à Chakhtinsk, Tatiana et Dmitri glanent des conseils sur un groupe Telegram spécialisé, le “chemin de la maison”.”La décision de quitter le Kazakhstan est prise, nous allons renoncer au passeport kazakh pour recevoir le passeport russe”, explique à l’AFP Tatiana, ex-professeure de sport de 52 ans.Les Lopatine veulent déménager à Omsk en Sibérie, lieu de leurs “racines historiques”.”Nous devons encore choisir la façon dont nous allons partir”, poursuit Tatiana, “soit par nous-mêmes, soit dans le cadre du programme de réinstallation”, organisé par la Russie.Ce programme pour rapatrier les “compatriotes de l’étranger” s’adresse en premier lieu aux Russes ethniques, mais aussi à toute personne originaire d’URSS, offrant indemnités de déménagement dans une région prédéfinie, allocations chômage voire terres.Depuis 2006, environ 1,2 million de personnes ont immigré en Russie dans ce cadre, principalement depuis l’Asie centrale, sans compter ceux venus hors programme.Car la Russie manque de bras pour travailler et de femmes pour procréer, selon son président Vladimir Poutine, la population chutant depuis trente ans. Le dirigeant russe a rappelé début mars la nécessité de “soutenir le retour dans leur pays d’origine de nos compatriotes” et le martèle : l’amélioration de la démographie, “objectif national prioritaire”, est le “défi le plus important” du pays.Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, le programme attire moins: en 2024, seulement 31.700 personnes ont participé, le niveau le plus faible en quatorze ans.Espérant rendre la Russie plus attractive, Vladimir Poutine a instauré en 2024 un nouvel institut pour le rapatriement, aux conditions moins strictes mais sans avantages financiers.- “Exode” -L’histoire des Russes ethniques citoyens des républiques centrasiatiques interrogés par l’AFP avant leur départ est similaire.Leurs parents ont été envoyés en Asie centrale sous l’Union soviétique pour développer l’agriculture dans les steppes du Kazakhstan, extraire des matières premières des montagnes du Kirghizstan, construire des villes en Ouzbékistan ou des canaux d’irrigation dans le désert du Turkménistan.Si tous louent la beauté de leur pays et la gentillesse des peuples locaux, ils ne voient plus de perspectives pour eux et leurs enfants dans cette région pourtant en plein développement.La Russie apparaît comme une bouée de sauvetage, parfois fantasmée au vu des faibles salaires des régions russes.”Quand le programme a été lancé, c’était hors de question de déménager, car je me sentais bien au Kazakhstan”, se rappelle Tatiana.Puis les appels de la famille leur “disant de venir” en Russie, les “souvenirs des vacances d’été” vers Moscou, les “faibles salaires” et les “difficultés à trouver un travail” au Kazakhstan les ont persuadés.Au Kirghizstan, Lioubov Tiassova, 50 ans, s’est résignée à quitter sa petite ville d’Orlovka.”Il y avait une majorité de Russes ici jusqu’à l’exode des années 1990″, raconte-t-elle, se plaignant du chômage.”Je considère la Russie comme l’avenir pour mes enfants: un travail stable, une ville prospère”, raconte cette guide touristique.Sa fille diplômée en médecine “est partie, faute d’emploi, en Russie”, où elle veut que son fils de 13 ans étudie.- “Pas de perspectives” -A la chute de l’URSS, les Russes ethniques représentaient environ 20% de la population d’Asie centrale, contre 5% aujourd’hui. Et leur nombre absolu a chuté de neuf à quatre millions.En position dominante sous le communisme, les Russes ont depuis largement subi un déclassement social.Et le renforcement des identités centrasiatiques aux dépens de l’influence russe, notamment depuis l’invasion de l’Ukraine, les marginalise.”Je pense ne pas pouvoir trouver de travail car je ne parle pas turkmène”, dit à l’AFP Nikolaï, 48 ans, ex-fonctionnaire.Il s’est envolé pour Voronej, ne voyant “pas de perspectives au Turkménistan” pour sa famille.En Ouzbékistan, Semion, informaticien de 35 ans, veut que ses deux filles soient dans un environnement russophone, car “même à Tachkent (la capitale) on parle de moins en moins russe”.Il vend son appartement, comme Valentina et Konstantin à Achkhabad, la capitale turkmène.”Nous commençons à faire nos bagages et dès que nous trouvons un acheteur, nous partons”, explique cette coiffeuse.”Le Turkménistan nous manquera, le soleil toute l’année, le calme. Il faudra tout recommencer (…) mais ce sera plus facile de trouver du travail en Russie”, veut-elle croire.

La Grèce dévoile un vaste plan de modernisation de son armée

La Grèce, membre de l’Otan, dévoile mercredi un vaste programme de modernisation de ses forces armées, emboîtant le pas à plusieurs partenaires de l’UE dans un contexte de menaces grandissantes pour la sécurité de l’Europe.Devant le Parlement, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis doit dévoiler le calendrier de nouveaux investissements massifs en particulier dans les systèmes de défense antiaériens.Selon des sources ministérielles interrogées en mars, le pays méditerranéen, voisin de la Turquie et qui consacre plus de 3% de son Produit intérieur brut (PIB) à la défense, va investir quelque 26 milliards d’euros d’ici 2036.Il s’agit de “la plus importante réforme jamais entreprise dans l’histoire de l’Etat grec en matière de défense nationale”, a récemment assuré le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis.”Notre pays se protège, s’arme, se renforce car c’est un pays qui cherche la coexistence pacifique sans renoncer jamais à rien concernant (…) les questions de souveraineté”, a-t-il également souligné la semaine dernière.La France, l’Allemagne et la Pologne ont récemment annoncé vouloir renforcer leurs armées au moment où la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que l’Union européenne devait augmenter significativement ses dépenses d’armement dans un contexte géopolitique tendu.Outre l’acquisition de 20 avions de combat F-35, pour lesquels un accord a déjà été signé, Athènes veut renforcer son dôme antiaérien actuel avec des armes nouvelles, des drones navals et aériens, ou des radars.- “Bouclier d’Achille” -Ce “Bouclier d’Achille” doit renforcer la défense antimissile et antiaérienne, selon une source proche du dossier. D’après les médias grecs, Athènes est en négociation avec Israël pour se doter d’un tel bouclier qui comprend également le renforcement de systèmes antidrones.La France, l’Italie et la Norvège sont également évoqués par des médias spécialisés grecs.Athènes a déjà doublé son budget de la défense pour 2025 par rapport à 2024, à 6,13 milliards d’euros.La Grèce, qui entretient des relations acrimonieuses avec son partenaire au sein de l’Otan, la Turquie, est l’un des quatre pays de l’Alliance qui consacrent plus de 3% de son PIB aux dépenses de défense, derrière la Pologne, l’Estonie et la Lettonie.Située aux frontières extérieures de l’Union européenne, elle cherche ces dernières années à renforcer sa position géopolitique en Méditerranée orientale, proche des zones conflictuelles du Moyen-Orient.”Historiquement, la Grèce a servi et continuera de servir d’avant-poste pour l’Europe, qui actuellement cherche à réorganiser sa défense dans une conjoncture internationale difficile”, explique à l’AFP Maria Gavouneli, professeure de droit international à l’université d’Athènes.Athènes a toujours justifié sa course aux armements par ses différends historiques avec Ankara, en particulier la délimitation de la zone exclusive économique (ZEE) en mer Egée qui sépare les deux voisins.- Réorganisation “nécessaire” -La réorganisation de l’armée s’avère “nécessaire”, analyse également Maria Gavouneli, en raison des retards accumulés dans la modernisation de ses armements et munitions “durant la crise économique de la dernière décennie et le gel des dépenses publiques”. En novembre dernier, le ministre de la Défense Nikos Dendias avait évoqué la prochaine acquisition de quatre systèmes de drones différents et le fusionnement des unités de l’armée.Athènes doit faire face à une “réalité différente” et moderniser “rapidement” ses forces pour répondre aux exigences du XXIe siècle et aux défis dans ses relations avec Ankara, avait-il souligné.Le pays a signé ces dernières années des accords en matière de défense avec la France, les Etats-Unis et Israël.Après une crise des relations greco-turques en 2021, la Grèce avait signé avec la France un accord de coopération militaire en commandant 24 appareils Rafale et trois frégates de défense et d’intervention (FDI), baptisées Belharra à l’export, pour un montant total de plus de 5,5 milliards d’euros.Une quatrième frégate sera construite dans les chantiers navals de Grèce, une valeur ajoutée pour le renforcement de l’industrie de défense du pays.

L’entraîneur du Real Madrid Carlo Ancelotti jugé pour fraude fiscale

L’entraîneur du Real Madrid Carlo Ancelotti comparaît mercredi devant un tribunal madrilène pour fraude fiscale, à l’instar de nombreuses autres stars du ballon rond avant lui, comme Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi, qui avaient dû s’acquitter de lourdes amendes.Le coach italien de 65 ans est accusé d’avoir fraudé le Trésor public espagnol de plus d’un million d’euros en 2014 et 2015, lors de son premier passage à la tête du Real Madrid (2013-2015), où il est revenu en 2021.Le procès doit s’ouvrir mercredi à 10h00 (08h00 GMT) devant le Tribunal supérieur de justice de Madrid, qui a prévu deux jours pour cette affaire, même si la seconde journée pourrait être inutile, notamment si un accord était trouvé entre l’accusé, le parquet et l’administration fiscale.Le parquet, qui fait connaître en Espagne ses réquisitions avant l’ouverture du procès, avait annoncé en mars 2024 qu’il réclamerait quatre ans et neuf mois de prison à son encontre.Selon un document judiciaire consulté par l’AFP, Ancelotti a reconnu les faits pendant l’enquête.”J’ai confiance en la loi et en la justice, je ne suis pas inquiet. Bien sûr cela me dérange un peu qu’on considère que j’ai fraudé, mais je vais aller déposer avec espoir”, avait réagi vendredi le technicien lors d’une conférence de presse avant la victoire de son équipe en championnat samedi contre Leganes (3-2).D’après l’administration fiscale, le technicien italien a déclaré au fisc ses revenus en tant qu’entraîneur du Real en 2014 et 2015, mais pas ceux provenant des droits à l’image ni d’autres sources de revenus, notamment immobilières.Le ministère public a évalué à 1,24 million d’euros en 2014 et 2,96 millions d’euros en 2015 les revenus que l’entraîneur italien a tirés de la cession de ses droits à l’image, sur lesquels porte le litige.Pour le parquet, les omissions de Carlos Ancelotti dans ses déclarations fiscales étaient volontaires car le technicien italien “a eu recours à un réseau +complexe+ et +déroutant+ de trusts et de sociétés écrans pour canaliser la perception des droits à l’image”.M. Ancelotti a ainsi “+simulé+ la cession de ses droits à l’image à des entités +dépourvues d’activité réelle+” domiciliées hors d’Espagne, dans le but d’entretenir “l’opacité vis-à-vis du Trésor public espagnol”, avait assuré le parquet.- Les précédents Messi, Ronaldo et Shakira -Carlo Ancelotti rejoint une longue liste de célébrités qui ont eu des démêlés avec le fisc espagnol.Ainsi, la star du FC Barcelone Lionel Messi avait été condamnée en 2016 à 21 mois de prison pour avoir fraudé le Trésor public de 4,1 millions d’euros. L’Argentin n’avait toutefois pas eu à purger sa peine de prison, comme c’est le cas en Espagne pour les sanctions inférieures à deux ans d’incarcération, mais il avait dû payer plus de cinq millions d’euros en réparation de la fraude.L’ancien attaquant du Real Madrid Cristiano Ronaldo avait quant à lui dû débourser 18,8 millions d’euros après sa condamnation pour fraude fiscale en 2018.Prédécesseur de Carlo Ancelotti sur le banc du Real Madrid, le Portugais José Mourinho avait, lui, écopé d’un an de prison avec sursis après avoir plaidé coupable de fraude fiscale aussi en 2019.Plus récemment, la chanteuse colombienne Shakira avait évité in extremis un procès en 2023 en échange du paiement d’une amende de plus de sept millions d’euros pour avoir fraudé le fisc de 14,5 millions d’euros entre 2012 et 2014. Elle s’était également vue infliger une peine de trois ans de prison avec sursis, commuée en sanction financière.Enfin, dans un cas très similaire à celui de Carlos Ancelotti, l’ancien joueur du Real Madrid Xabi Alonso, aujourd’hui entraîneur du Bayer Leverkusen en Allemagne, avait lui aussi fait face à des accusations de fraude fiscale concernant la cession de ses droits d’image à une entreprise basée à l’étranger.L’ancien milieu de terrain de la sélection espagnole avait refusé de conclure un accord avec le parquet avant d’être finalement acquitté.

Du Wisconsin à la Floride, premiers tests électoraux pour Trump et Musk

Donald Trump fait face mardi aux premiers tests électoraux de son second mandat avec deux victoires attendues en Floride, mais surtout l’élection d’un juge dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d’ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d’Elon Musk.Les bureaux de vote dans cet Etat de la région des Grands lacs ont ouvert à 07H00 du matin (12H00 GMT) et fermeront à 20H00 (01H00 GMT mercredi). Les résultats sont attendus dans la soirée.Le juge Brad Schimel, qui a reçu l’appui du président républicain et de l’homme le plus riche de la planète, fait face à la juge Susan Crawford, soutenue par les démocrates, pour un siège de dix ans à la Cour suprême du Wisconsin. En cas de victoire du candidat de la droite, la haute instance basculerait du côté conservateur.Les gens “ne se rendent pas compte à quel point c’est important”, a lancé dimanche Elon Musk, lors d’un meeting de soutien à Brad Schimel dans le nord du Wisconsin.”Ils se disent +c’est une sorte de truc judiciaire qui n’est pas important+ mais en réalité, ce qui se passe mardi, c’est un vote pour savoir quel parti contrôle la Chambre des représentants”, a-t-il ajouté.Le patron de Tesla et SpaceX s’inquiète en effet d’un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates.- “Petite élection en apparence” -Etat-pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump en novembre.”C’est l’une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale”, a aussi lancé Elon Musk mardi après-midi, lors d’une discussion sur son réseau social X.Le président républicain s’est aussi fendu lundi sur sa plateforme Truth Social d’un message de soutien à Brad Schimel. Il s’est surtout attaqué à Susan Crawford, qui serait, selon lui, “un DESASTRE pour le Wisconsin et pour les Etats-Unis d’Amérique”.En un peu plus de deux mois de mandat, le milliardaire républicain a déjà donné le ton d’une présidence tous azimuts.Outre le démantèlement de vastes pans de l’Etat fédéral sous l’égide d’Elon Musk et de sa commission Doge, Donald Trump a signé une centaine de décrets exécutifs, allant de la répression de l’immigration à l’abrogation des politiques de diversité, en passant par un revirement radical dans la lutte des Etats-Unis contre le réchauffement climatique.Si les enquêtes d’opinion donnent une baisse relative de sa popularité, le président de 78 ans n’a pas encore fait face à de véritables épreuves dans les urnes depuis novembre.En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l’escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias américains.- Campagne onéreuse -Mais les républicains se sont inquiétés face à des sondages qui ont montré une course plus serrée qu’attendu dans l’une des circonscriptions, alors qu’elle avait été remportée avec plus de 30 points d’écart en novembre.Le trumpiste Randy Fine a bien gagné mardi le siège à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus maigre qu’il y a quelques mois.L’attention est cependant tournée pour l’essentiel vers le Wisconsin, où Susan Crawford part avec une légère avance dans les sondages face à Brad Schimel.Pour une élection qui d’ordinaire passerait inaperçue dans le reste du pays, les deux camps ont sorti l’artillerie lourde.Selon le Centre Brennan de l’Université de New York, c’est “le scrutin judiciaire le plus coûteux de l’histoire américaine”, avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.Elon Musk n’est pas étranger à cela.”Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m’empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin”, a lancé dimanche Susan Crawford lors d’un rassemblement à Elkhorn, dans le sud de l’Etat.L’équipe de campagne de Susan Crawford avait déjà accusé récemment Elon Musk de vouloir “acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d’obtenir une décision favorable” dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.