AFP World

Mali: décès d’Amadou du légendaire duo de musiciens aveugles Amadou et Mariam

Amadou Bagayoko, qui formait avec sa femme le légendaire duo de musiciens aveugles Amadou et Mariam, est décédé vendredi à Bamako à l’âge de 70 ans des suites d’une maladie, provoquant de nombreuses réactions à travers le monde. Le duo a connu un succès planétaire en 2004 avec “Un Dimanche à Bamako”, chanson-titre d’un disque produit par Manu Chao, alors qu’ils tournaient ensemble depuis les années 1980. Depuis, leurs chansons envahissaient régulièrement les dance-floors du monde entier.Début septembre 2024, le couple avait introduit en chanson l’extinction définitive de la flamme paralympique, clôturant Jeux de Paris, en interprétant “Je suis venu te dire que je m’en vais”, composition du Français Serge Gainsbourg inspirée par le poète Paul Verlaine.Amadou “était souffrant depuis un certain temps”, a déclaré à l’AFP son beau-fils, Youssouf Fadiga. Le ministre malien de la Culture, Mamou Daffé, a confirmé son décès à l’AFP, exprimant sa “consternation”. “Il ressentait une fatigue importante (et) a été transporté à la clinique. Il est décédé dans l’après-midi de façon subite à Bamako”, a déclaré à l’AFP leur manager basé en France, Yannick Tardy, après avoir eu Mariam au téléphone.Le couple a eu trois enfants. Manu Chao, qui a fait connaître le duo en France, a exprimé sa “peine” dans une publication sur Instagram. “Amadou! On sera toujours ensemble… avec toi partout ou tu iras”, a-t-il écrit.”Mariam, Sam, toute la famille votre peine est ma peine. Je vous aime”, a-t-il ajouté. “Encore une immense perte pour la musique malienne et africaine. C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de tonton Amadou Bagayoko, voix légendaire du célèbre duo Amadou & Mariam et icône de la musique malienne”, a écrit sur Facebook le jeune chanteur malien Sidiki Diabaté. “Je ne trouve même pas les mots justes pour parler d’Amadou Bagayoko qui vient de nous quitter brutalement. Mes pensées à ma chère Mariam à qui je pense en ces moments difficiles. Je n’oublierai jamais son amitié”, a réagi la star sénégalaise Youssou Ndour sur X.- “C’est le jour des mariages” -Le chanteur congolais Fally Ipupa, qui préparait une collaboration avec le couple, a dit “ne pas toujours arriver à croire que tu es parti”, dans une publication sur Facebook.”On a cette collaboration incroyable qui n’a même pas eu le temps de voir le jour”, a-t-il ajouté, en présentant ses “sincères condoléances à Tata Mariam”. Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia se sont rencontrés en 1976 à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako. Ils ont à l’époque 21 et 18 ans, lui est musicien, elle chanteuse, tous deux ont les mêmes goûts musicaux.Leur recette? Des messages simples, sur la vie quotidienne, la société, distillés sur des mélodies entêtantes issues de la tradition bambara, avec un habillage rock, funk, électro. Une musique qu’Amadou appelait afro-blues-rock.Le duo malien se fait connaitre en France en 1998 avec “Je pense à toi”, avant d’éclore à l’international en 2004 avec l’album “Dimanche à Bamako” (et sa ritournelle “Les dimanches à Bamako, c’est le jour de mariage” – du vécu pour le couple en 1980). Suivront une collaboration avec Damon Albarn, leader de Blur et Gorillaz, sur le titre “Sabali” en 2008, des premières parties pour Coldplay en 2009 et U2 en 2011, des soirées caritatives avec Stevie Wonder en Côte d’Ivoire ou David Gilmour (Pink Floyd) à Londres.Le duo a aussi joué en l’honneur de Barack Obama lors de la remise de son prix Nobel de la paix à Oslo en 2009.Après plus d’un million d’albums vendus, de nombreuses récompenses (Victoires de la musique en France, BBC radio awards en Grande-Bretagne…) et une nomination aux Grammy awards américains en 2010, Amadou et Mariam avaient aussi sorti début septembre leur best of intitulé “La Vie Est Belle”.

Droits de douane: Wall Street dégringole de près de 6% à la clôture

La Bourse New York a chuté vendredi de près de 6%, pour la deuxième séance consécutive, les investisseurs laissant éclater leurs craintes quant à l’état de l’économie américaine en raison de la vaste offensive commerciale lancée par le président américain Donald Trump.Le Dow Jones a perdu 5,50%, l’indice Nasdaq a fondu de 5,82%, soit une chute de 22% depuis son record en décembre dernier, et l’indice élargi S&P 500 a lâché 5,97%, sa pire séance en Bourse depuis la crise du Covid-19 en 2020.En deux jours, la place américaine a laissé s’envoler plus de 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon l’indice Dow Jones US Total Stock Market.Jeudi, le Dow Jones avait perdu 3,98%, l’indice Nasdaq 5,97% et le S&P 500 chuté de 4,84%.”Il se peut que les marchés ne réagissent pas suffisamment, surtout si ces tarifs s’avèrent définitifs, compte tenu des répercussions potentielles sur la consommation et le commerce au niveau mondial”, juge Matt Burdett, de Thornburg Investment ManagementSigne de la nervosité des investisseurs, l’indice de volatilité Vix, surnommé indice de la peur, a atteint un plus haut en séance depuis la pandémie de Covid-19, à environ 45 points.Vendredi, “la première chose qui a vraiment mis les marchés dans une mauvaise posture a été la nouvelle de la riposte de la Chine” sur le sujet des droits de douane, souligne auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.L’exécutif américain a menacé ses partenaires commerciaux de surtaxes encore plus lourdes en cas de riposte à ses nouveaux droits de douane, mis en place au nom de l'”urgence nationale” de réduire le déficit commercial de la première économie mondiale.Mais Pékin a annoncé vendredi imposer à son tour des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril, “en plus du taux des droits de douane actuellement applicables”.”Le deuxième élément principal” qui a lourdement lesté la place américaine sont les déclarations du président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, selon Steve Sosnick.Le patron de l’institution monétaire américaine a dit lors d’un discours vendredi que les “conséquences économiques” des droits de douane allaient “probablement” être plus étendues qu’anticipé.M. Powell a cité “une plus forte inflation et une croissance ralentie”, mais aussi un “risque accru pour l’emploi”.”Il est trop tôt pour dire quelle est la politique monétaire appropriée”, a ajouté le patron de la Fed, une façon de dire qu’il n’entendait pas faire bouger les taux dans ce contexte.”Ce serait le moment PARFAIT pour que le président de la Fed Jerome Powell baisse les taux d’intérêt”, avait pourtant lancé quelques minutes plus tôt Donald Trump sur sa plateforme Truth Social.Ces inquiétudes ont éclipsé la publication, avant séance, du taux de chômage aux Etats-Unis. Celui-ci a légèrement progressé en mars aux Etats-Unis, pour le deuxième mois d’affilée, a annoncé vendredi le ministère du Travail, montant à 4,2%, après 4,1% en février et 4% en janvier.Les créations d’emplois ont été beaucoup plus importantes qu’anticipé: 228.000 contre 140.000 créations envisagées par les analystes.Dans ce contexte, le marché obligataire continuait à jouer son rôle de valeur refuge: le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est encore détendu à 3,99%, contre 4,03% à la clôture la veille. Conséquence de la détente des taux d’emprunts des Etats: “les valeurs financières se font attaquer”, remarque Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM.  “Comme les valeurs bancaires reposent sur le prix de l’argent”, la baisse des taux d’emprunts long est “beaucoup moins favorable au business des banques et leurs marges”, poussant ainsi les valeurs bancaires dans le rouge, poursuit-il. JPMorgan Chase a perdu 7,48%, Bank of America 7,60%, Citigroup 7,80%.Ailleurs à la cote, les valeurs du secteur technologique, qui avaient tiré Wall Street ces dernières années, ont souffert: le pionnier des voitures électriques Tesla a lâché 10,42%, les géants des puces Intel et Nvidia ont respectivement perdu 11,50% et 7,36%, tandis que le groupe d’analyse de données Palantir a perdu 11,47%.

La hausse des droits de douane “frappe les vulnérables et les pauvres” dénonce l’ONU commerce et développement

La hausse des droits de douanes dans le monde, déclenchée le président américain Donald Trump, va “frapper les vulnérables et les pauvres” le plus durement, a dénoncé vendredi Rebeca Grynspan, secrétaire générale de l’ONU commerce et développement (CNUCED).”L’heure est à la coopération, et non à l’escalade”, a souligné Mme Grynspan, ajoutant que “les règles du commerce mondial doivent évoluer pour tenir compte des défis actuels, mais elles doivent le faire en plaçant la prévisibilité et le développement au cÅ“ur de leurs préoccupations, afin de protéger les plus vulnérables”.Sur près de 200 partenaires commerciaux des États-Unis, une dizaine génèrent à eux seuls près de 90% de leur déficit commercial, souligne la Cnuced dans un communiqué. Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement – responsables de seulement 1,6% et 0,4%, respectivement, du déficit américain – sont pourtant eux aussi touchés par l’annonce par Donald Trump le 2 avril de droits de douanes, parfois très lourds, sur un très grand nombre de pays et sur la base d’un calcul qui laisse les économistes perplexes. Ces pays pauvres “ne contribueront ni à rééquilibrer le déficit commercial ni à générer des recettes significatives”, souligne la Cnuced.”De nombreuses économies à faible revenu sont désormais confrontées à une ‘tempête parfaite’ de conditions extérieures qui se détériorent, de niveaux d’endettement insoutenables et de ralentissement de la croissance intérieure”, ajoute l’agence onusienne.Plus généralement, elle met en garde contre les conséquences négatives pour l’économie mondiale.”Dans une économie mondiale à faible croissance et fortement endettée, la hausse des droits de douane risque d’affaiblir les investissements et les flux commerciaux, ajoutant de l’incertitude à un contexte déjà fragile”, poursuit le communiqué. “Cela pourrait éroder la confiance, ralentir l’investissement et menacer les acquis du développement, en particulier dans les économies les plus vulnérables”, ajoute la Cnuced.Vendredi, la Chine a choisi de riposter à l’offensive du président américain en  annonçant des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril, “en plus du taux des droits de douane actuellement applicables”.L’Union européenne n’a pas annoncé de mesures en représailles aux droits de douanes de 20% brandis par Donald Trump, mais a répété son engagement à mener des “négociations sérieuses”.Signe d’une grande fébrilité, les marchés financiers ont continué de s’enfoncer vendredi pour la deuxième journée consécutive partout dans le monde.

TikTok: Trump reporte encore l’échéance, ByteDance évoque des “questions clefs” à résoudre

Donald Trump a annoncé vendredi qu’il reportait de 75 jours supplémentaires la date limite fixée pour la vente du réseau social TikTok, la maison mère du réseau social, ByteDance, faisant état de “questions clefs” encore à résoudre.Le président américain avait déjà reporté une première fois, de 75 jours fin janvier, l’entrée en vigueur d’une loi votée en 2024 par le Congrès et qui impose à ByteDance d’en céder le contrôle sous peine d’interdiction aux Etats-Unis.Ce texte visait à empêcher que les autorités chinoises ne puissent mettre la main sur des données personnelles d’utilisateurs de TikTok aux Etats-Unis ou ne soient en mesure d’influencer l’opinion américaine via le puissant algorithme du réseau social.L’échéance est désormais déplacée au 19 juin.La cession de la filiale américaine de TikTok nécessite le feu vert de ByteDance mais aussi des autorités chinoises, qui n’ont, ni l’une, ni l’autre, validé jusqu’à présent l’idée même d’une vente.”Des questions clefs doivent encore être résolues”, a prévenu vendredi le groupe chinois, confirmant des discussions mais rappelant que toute transaction devrait être “approuvée en conformité avec la loi chinoise”.La tonalité de ces communications contraste avec l’assurance affichée par Donald Trump et son vice-président JD Vance, chargé du dossier à la Maison Blanche, qui avaient affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours qu’un accord final serait trouvé avant la date limite du 5 avril.”Nous espérons poursuivre, dans un esprit constructif, notre travail avec la Chine qui, de ce que j’entends, n’est pas ravie des droits de douane réciproques” imposés au pays par Donald Trump, a écrit le chef de l’Etat dans un message posté sur son réseau Truth Social.Cette nouvelle taxe de 34% s’ajoute, dans le cas de la Chine, aux 20% déjà en vigueur, ce qui porte le total de droits supplémentaires à 54%.- “Monnaie d’échange” -La Chine a riposté et annoncé vendredi la mise en place d’une taxe de 34% sur les produits américains importés dès le 10 avril.”Le report (de la date limite) permet de maintenir TikTok en vie et d’accréditer l’idée que les droits de douane font leur effet” et incitent la Chine à une inflexion, a commenté Jeremy Goldman, analyste du cabinet Emarketer.”Trump peut continuer à utiliser TikTok comme une monnaie d’échange dans sa saga géopolitique avec la Chine”, a-t-il poursuivi.”Nous ne voulons pas que TikTok disparaisse”, a redit Donald Trump, qui après avoir tenté de forcer la cession de la plateforme en 2020, s’est posé, depuis la dernière campagne présidentielle américaine, en sauveur du réseau social aux 170 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis.”Nous sommes impatients de travailler avec TikTok et la Chine pour finaliser cette opération”, qui “nécessite davantage de travail pour s’assurer de la signature de tous les accords nécessaires”, a décrit l’ancien promoteur immobilier.Selon plusieurs médias américains, des discussions sont en cours, avec comme scénario central la scission de TikTok de sa maison mère.Les actionnaires de ByteDance se verraient alors confier des actions de cette nouvelle entité à concurrence de leur participation actuelle dans le géant chinois.Selon TikTok lui-même, environ 60% du capital de ByteDance est aux mains d’investisseurs non chinois, ce qui reviendrait à ce que la plateforme vidéo ne soit plus contrôlée majoritairement par une entreprise chinoise, principale exigence du Congrès.Si ce scénario l’emportait, il écarterait tout paiement et éviterait aussi l’entrée au capital d’un ou plusieurs prétendants qui se sont manifestés ces derniers mois pour racheter TikTok.Cette liste comprend notamment le “Project Liberty” de l’entrepreneur Frank McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille, le YouTubeur MrBeast ou la startup d’intelligence artificielle (IA) générative Perplexity AI.Ces derniers jours, se sont aussi manifestés, selon des médias américains, Amazon et Walmart, qui avaient présenté, en 2020, une offre conjointe avec Microsoft pour racheter TikTok, proposition restée lettre morte.Quelques acteurs américains, notamment le spécialiste de l’informatique à distance (cloud) Oracle, qui héberge déjà les serveurs de TikTok aux Etats-Unis, ou la société d’investissement Blackstone, pourraient prendre une participation minoritaire, selon des médias américains.Mais l’enjeu est tout autant financier que technologique avec, au centre du dossier, le fameux algorithme de recommandation de TikTok, qui explique la popularité de l’application.Or, c’est bien au contrôle de ce programme par une entité chinoise que voulait mettre fin le Congrès.Le New York Times a suggéré que la nouvelle entité pourrait obtenir une licence auprès de ByteDance pour l’exploiter.

Venezuela: 16 tonnes de cocaïne saisies près de la Colombie depuis mars

Plus de 16 tonnes de cocaïne ont été saisies au Venezuela depuis le mois de mars dans le cadre de l’opération “Eclair” menée dans une région frontalière avec la Colombie, a annoncé vendredi le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello. Au “total 16.308 kilos de cocaïne d’une pureté extrêmement élevée” ont été saisies dans cette région de l’ouest du pays, a déclaré lors d’une conférence de presse M. Cabello, qui avait déjà annoncé le chiffre de 10 tonnes fin mars. Le ministre a indiqué que la cocaïne était “fabriquée en Colombie” et transportée dans des bateaux et submersibles” de fabrication “rudimentaire” vers le lac de Maracaibo, plus grand lac d’Amérique du Sud et qui a un débouché sur la mer des Caraïbes.M. Cabello a assuré que ce réseau de trafic de drogue finançait un complot contre le président vénézuélien Nicolas Maduro et a accusé des dirigeants de l’opposition, comme Maria Corina Machado, de “liens” avec un homme d’affaires arrêté dans ce dossier, José Enrique Rincon. Le président de gauche et le pouvoir vénézuélien dénoncent fréquemment des projets visant à renverser le chef de l’État. “Tout cela est lié aux secteurs extrémistes de l’opposition”, a déclaré Diosdado Cabello sans fournir de preuves, évoquant une “réunion” entre Mme Machado et M. Rincon en Colombie.  Au moins sept maires de la région ont été arrêtés dans le cadre de cette opération, selon le ministre, dont quatre appartiennent au parti au pouvoir. 

Droits de douane: comment l’UE peut répliquer à Trump ?

Taxation des produits américains, comme les motos Harley-Davidson, ciblage des champions des services comme Google ou Meta, exclusion des appels d’offre… L’UE dispose d’une vaste palette pour riposter aux droits de douane de Donald Trump.- Å’il pour Å“il – Mi-mars, l’Union européenne a choisi de montrer les muscles dès l’entrée en vigueur des droits de douane américains de 25% sur l’acier et l’aluminium. Ces mesures touchent 26 milliards d’euros d’exportations européennes. L’UE a listé des biens américains, pour le même montant, qui seront taxés à partir de mi-avril.Sont visées des marques emblématiques comme Harley-Davidson, des denrées agricoles comme le soja ou la viande, mais aussi des appareils ménagers comme les réfrigérateurs ou les tondeuses à gazon. Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a déclaré vendredi à ses homologues américains que les nouveaux droits de douane de 20% imposés par le président Donald Trump à l’Union européenne étaient “injustifiés”, tout en réitérant l’engagement de l’UE à mener des “négociations sérieuses”. Après un échange “franc” de deux heures avec le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick et le représentant de la Maison-Blanche au Commerce Jamieson Greer, M. Sefcovic a déclaré sur X: “J’ai été clair: les droits de douane américains sont préjudiciables et injustifiés. Les relations commerciales (entre l’UE et les États-Unis, NDLR) ont besoin d’une nouvelle approche. L’UE s’est engagée à mener des négociations sérieuses, mais elle est également prête à défendre ses intérêts.” La Commission prépare une nouvelle série de contre-mesures en réponse aux nouveaux droits de douanes américains de 20% annoncés cette semaine pour l’UE par le président Trump.”Nous essayons d’être intelligents et de frapper là où ça fait mal”, explique un fonctionnaire européen, reconnaissant cibler par exemple des produits provenant d’Etats républicains comme la Louisiane, la Géorgie, le Nebraska ou l’Arkansas.Les Européens estiment que Washington se tire une balle dans le pied, en alimentant une flambée des prix qui fera mal aux consommateurs américains. “Les Etats-Unis imposent des droits de douane sur tout et tout le monde, y compris sur les bananes et le café qu’ils ne produisent pas. Ce n’est pas très intelligent”, souligne le fonctionnaire européen. “Nous aimons le soja, mais nous pouvons l’obtenir au Brésil. Nous n’avons pas besoin de le faire venir des Etats-Unis. Nous aimons les Harley Davidson, mais nous pouvons aussi acheter des Yamaha. Il existe des alternatives et nous ne nous faisons pas mal”, précise-t-il.- Cibler les champions des services -Les Vingt-Sept envisagent “d’attaquer les services numériques” américains, a affirmé jeudi la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, en précisant qu’il pourrait s’agir de taxer des services numériques qui aujourd’hui ne le sont pas.Les États-Unis affichaient avec l’UE un excédent de 109 milliards d’euros dans les services. Ils sont dominants dans la finance (banques, marchés boursiers, cartes de paiement…) et le numérique avec Microsoft, Amazon, Google ou Meta.”S’ils s’en prennent à notre excédent de biens, nous nous intéresserons à leur excédent dans les services”, a prévenu un fonctionnaire de l’UE.”On est en train d’en parler, et dans ces cas-là, il faut que la riposte soit rendue publique au moment où elle est complète”, a expliqué le ministre français des Finances, Eric Lombard, sur BFMTV/RMC vendredi. “C’est un signal qui a été adressé à nos amis américains. Mais on travaille sur un paquet de ripostes qui peut aller tout à fait au-delà des droits de douane”, a-t-il ajouté.- Au-delà des taxes -“On a des outils de réglementation sur des éléments que je ne veux pas détailler”, a indiqué M. Lombard. “Les normes, les échanges de données, des outils fiscaux”… Des mesures peuvent toucher des entreprises alors qu’elles “n’ont pas d’impact sur le coût des produits en Europe”, a-t-il insisté.L’UE s’est par ailleurs dotée en 2023 d’un instrument européen commun qui vise à punir tout pays utilisant des armes économiques pour faire pression sur elle. Ce nouvel instrument, dit “anticoercition”, a été pensé comme un outil de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques.Il autorise différents types de représailles: gel de l’accès aux marchés publics, blocage d’autorisations de mise sur le marché de certains produits, blocage d’investissements… La riposte à M. Trump pourrait concerner “l’accès à nos marchés publics”, a d’ailleurs affirmé Mme Primas.- Calme et unité -L’avantage de l’outil anticoercition est qu’il permet à l’Europe de riposter sans obtenir un soutien unanime des Etats membres, car il confie plus de pouvoir à la Commission.”Nous sommes prêts à mettre en Å“uvre des contre-mesures fermes, percutantes mais proportionnées”, a averti jeudi soir le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic. Forte de son immense marché intérieur de 450 millions de consommateurs, l’UE se montre sereine.Jusqu’à présent, les Vingt-Sept n’ont montré aucun signe de division, malgré leurs intérêts nationaux divergents. “L’Europe a tout ce qu’il faut pour traverser cette tempête. Si vous vous en prenez à l’un d’entre nous, vous vous en prenez à nous tous. C’est pourquoi nous resterons unis”, a affirmé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

Trump balaie la riposte douanière de Pékin et la débâcle des marchés

Des négociations se sont tenues en coulisses vendredi pour alléger le poids des nouveaux droits de douane voulus par Donald Trump, qui a jugé que Pékin cédait à la “panique” et s’est affiché indifférent à la déroute sur les marchés financiers.”La Chine a mal joué le coup, ils ont paniqué – la seule chose qu’ils ne peuvent pas se permettre de faire”, a écrit le président américain en lettres majuscules sur sa plateforme Truth Social, avant de se rendre à son club de golf en Floride.L’exécutif américain a menacé ses partenaires commerciaux de surtaxes encore plus lourdes en cas de riposte à ses nouveaux droits de douane, mis en place au nom de l'”urgence nationale” de réduire le déficit commercial de la première économie mondiale.Pékin a annoncé des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril, “en plus du taux des droits de douane actuellement applicables”.Face à la réplique de la Chine et l’apparente inflexibilité de Donald Trump, les marchés financiers ont continué de s’enfoncer vendredi.A Wall Street, vers 19H10 GMT, le Dow Jones reculait de 5,06%, l’indice Nasdaq de 5,57% et l’indice de référence S&P 500 perdait 5,62%.Les séances en Asie et en Europe se sont finies en débâcle: -4,26% à Paris, -4,95% à Londres, -2,75% à Tokyo. Les places chinoises étaient fermées en raison d’un jour férié.Les cours du pétrole ont encore dégringolé d’environ 7%, et le cuivre suivait le même mouvement.- “Je ne changerai jamais” -Donald Trump a une nouvelle fois évacué vendredi ces secousses, qui traduisent la fébrilité de l’économie mondiale face à la magnitude de son offensive commerciale.”Sachez que je ne changerai jamais de politique. C’est un bon moment pour devenir riche, plus riche que jamais!”, a écrit le président américain, toujours en lettres majuscules sur Truth Social.Il a aussi exhorté le président de la Réserve fédérale (Fed) à baisser les taux d’intérêt, estimant que c’était le moment “parfait” grâce aux progrès observés sur certains prix (pétrole, oeufs) depuis son retour au pouvoir en janvier.Quelques minutes plus tard, le président de l’institution monétaire a pourtant brossé un tableau plutôt sombre des perspectives pour l’économie américaine, avec les droits de douane: potentiellement moins de croissance, plus d’inflation et plus de chômage. Dès samedi (04H01 GMT), la plupart des produits entrant aux Etats-Unis, quelle que soit leur origine, se verront imposer un droit de douane plancher de 10%, qui s’additionnera avec les taxes douanières qui existaient au préalable.Et le 9 avril, la facture deviendra encore plus lourde pour les pays qui exportent plus vers les Etats-Unis qu’ils n’importent de produits américains. +54% au total pour la Chine (visée en plusieurs temps), +20% pour l’Union européenne (UE), +46% pour le Vietnam, +24% pour le Japon…Cette salve de tarifs douaniers américains arrive après d’autres, plus ciblées: +25% sur l’acier et l’aluminium mais aussi, depuis jeudi, +25% sur les voitures importées aux Etats-Unis.Sur les marchés financiers, les investisseurs fuient ces derniers jours les actions des entreprises dont le modèle de production est en péril en raison de leur dépendance aux importations en provenance d’Asie, comme l’industrie textile.Donald Trump a révélé vendredi avoir eu une “discussion très productive” sur les taxes douanières avec le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du Parti communiste To Lam, affirmant que Hanoï était prêt à réduire à “zéro” ses taxes sur les produits américains.”Je lui ai dit attendre avec impatience une rencontre dans un futur proche”, a ajouté le président américain sur Truth Social, semblant laisser la porte ouverte aux négociations.Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, s’est lui entretenu avec ses homologues américains vendredi. Il a rapporté à l’issue que l’UE s’était “engagée à mener des négociations sérieuses” tout en étant “prête à défendre ses intérêts”. Selon son porte-parole Stéphane Dujarric vendredi, “l’inquiétude” du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres se porte surtout “sur les pays les plus vulnérables, qui sont les moins armés pour faire face à la situation actuelle”.

Trump balaie la riposte douanière de Pékin et la débâcle des marchés

Des négociations se sont tenues en coulisses vendredi pour alléger le poids des nouveaux droits de douane voulus par Donald Trump, qui a jugé que Pékin cédait à la “panique” et s’est affiché indifférent à la déroute sur les marchés financiers.”La Chine a mal joué le coup, ils ont paniqué – la seule chose qu’ils ne peuvent pas se permettre de faire”, a écrit le président américain en lettres majuscules sur sa plateforme Truth Social, avant de se rendre à son club de golf en Floride.L’exécutif américain a menacé ses partenaires commerciaux de surtaxes encore plus lourdes en cas de riposte à ses nouveaux droits de douane, mis en place au nom de l'”urgence nationale” de réduire le déficit commercial de la première économie mondiale.Pékin a annoncé des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril, “en plus du taux des droits de douane actuellement applicables”.Face à la réplique de la Chine et l’apparente inflexibilité de Donald Trump, les marchés financiers ont continué de s’enfoncer vendredi.A Wall Street, vers 19H10 GMT, le Dow Jones reculait de 5,06%, l’indice Nasdaq de 5,57% et l’indice de référence S&P 500 perdait 5,62%.Les séances en Asie et en Europe se sont finies en débâcle: -4,26% à Paris, -4,95% à Londres, -2,75% à Tokyo. Les places chinoises étaient fermées en raison d’un jour férié.Les cours du pétrole ont encore dégringolé d’environ 7%, et le cuivre suivait le même mouvement.- “Je ne changerai jamais” -Donald Trump a une nouvelle fois évacué vendredi ces secousses, qui traduisent la fébrilité de l’économie mondiale face à la magnitude de son offensive commerciale.”Sachez que je ne changerai jamais de politique. C’est un bon moment pour devenir riche, plus riche que jamais!”, a écrit le président américain, toujours en lettres majuscules sur Truth Social.Il a aussi exhorté le président de la Réserve fédérale (Fed) à baisser les taux d’intérêt, estimant que c’était le moment “parfait” grâce aux progrès observés sur certains prix (pétrole, oeufs) depuis son retour au pouvoir en janvier.Quelques minutes plus tard, le président de l’institution monétaire a pourtant brossé un tableau plutôt sombre des perspectives pour l’économie américaine, avec les droits de douane: potentiellement moins de croissance, plus d’inflation et plus de chômage. Dès samedi (04H01 GMT), la plupart des produits entrant aux Etats-Unis, quelle que soit leur origine, se verront imposer un droit de douane plancher de 10%, qui s’additionnera avec les taxes douanières qui existaient au préalable.Et le 9 avril, la facture deviendra encore plus lourde pour les pays qui exportent plus vers les Etats-Unis qu’ils n’importent de produits américains. +54% au total pour la Chine (visée en plusieurs temps), +20% pour l’Union européenne (UE), +46% pour le Vietnam, +24% pour le Japon…Cette salve de tarifs douaniers américains arrive après d’autres, plus ciblées: +25% sur l’acier et l’aluminium mais aussi, depuis jeudi, +25% sur les voitures importées aux Etats-Unis.Sur les marchés financiers, les investisseurs fuient ces derniers jours les actions des entreprises dont le modèle de production est en péril en raison de leur dépendance aux importations en provenance d’Asie, comme l’industrie textile.Donald Trump a révélé vendredi avoir eu une “discussion très productive” sur les taxes douanières avec le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du Parti communiste To Lam, affirmant que Hanoï était prêt à réduire à “zéro” ses taxes sur les produits américains.”Je lui ai dit attendre avec impatience une rencontre dans un futur proche”, a ajouté le président américain sur Truth Social, semblant laisser la porte ouverte aux négociations.Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, s’est lui entretenu avec ses homologues américains vendredi. Il a rapporté à l’issue que l’UE s’était “engagée à mener des négociations sérieuses” tout en étant “prête à défendre ses intérêts”. Selon son porte-parole Stéphane Dujarric vendredi, “l’inquiétude” du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres se porte surtout “sur les pays les plus vulnérables, qui sont les moins armés pour faire face à la situation actuelle”.