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Corée du Sud: anxiété et colère avant le verdict sur une destitution du président Yoon
La Cour constitutionnelle sud-coréenne rendra vendredi son jugement dans la procédure de destitution du président Yoon Suk Yeol. Avant ce verdict, l’AFP a interrogé des habitants de Séoul sur cette échéance cruciale après quatre mois de crise politique.Des dizaines de milliers de partisans et de détracteurs du dirigeant conservateur battent le pavé tous les week-ends dans le centre de Séoul depuis sa tentative d’imposer la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre.Yoon Suk Yeol, actuellement suspendu, continue de défendre son coup de force comme nécessaire pour “protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes” et “éliminer les éléments hostiles à l’Etat”.Si ses soutiens reprennent ses diatribes et exigent son retour au pouvoir, ses opposants réclament sa destitution – qui déclencherait des élections sous deux mois -, estimant que le rétablir à son poste mettrait en danger la démocratie en place depuis la fin de la dictature militaire en 1987.- Pas de fraude électorale -“J’ai appris que le fondement de l’Etat de droit, c’est le bon sens”, explique Lee Jae-hee, travailleur social de 47 ans. “Pour moi, le président Yoon n’a jamais agi dans cet esprit et donc je pense qu’il doit être destitué une bonne fois pour toutes”.Pendant les quelques heures qu’avait duré la loi martiale, M. Yoon avait envoyé des soldats armés au Parlement et à la Commission électorale à la recherche de supposées preuves de fraude.Cette tentative de s’en prendre au système électoral a été très critiquée, des experts assurant qu’il n’existe pas de preuve de triche derrière les théories complotistes diffusées sur internet.”Son intrusion à la Commission électorale sous la loi martiale ne peut être justifiée par aucune autorité présidentielle”, tranche Lee Jae-hee.- “Bon sens” -Le retraité Kim Han-il, 66 ans, juge que M. Yoon doit être démis de ses fonctions car il “a rompu son engagement envers le service public”.Il se dit confiant dans les huit juges de la Cour constitutionnelle pour destituer le président: “Je n’ai jamais pensé qu’ils rejetteraient la procédure de destitution. Je suis convaincu qu’ils feront preuve de bon sens”.- “Trop de communistes” -Egalement retraité, Huh, 71 ans, espère lui un rejet de la destitution, ce qui rétablirait M. Yoon dans ses fonctions: “Le décret de loi martiale de Yoon rentrait dans le cadre de ses pouvoirs présidentiels”.”Le Parlement est actuellement rempli de députés élus lors d’élections frauduleuses”, affirme-t-il, reprenant des allégations largement démenties selon lesquelles les législatives de 2024 dans le pays auraient été truquées.”En tant que président, il n’avait pas d’autre choix que de déclarer la loi martiale pour remettre le pays sur le droit chemin”, assure-t-il, soutenant qu'”il y a trop de communistes dans ce pays”.- “Un soulèvement” ? -M. Yoon “a imposé la loi martiale pour des raisons stupides et des soldats armés ont pris d’assaut le Parlement”, dénonce Keven Lee, 56 ans, travailleur indépendant. “Il doit être chassé rapidement et nous devons élire un nouveau président. S’il revient au pouvoir, il déclarera à nouveau la loi martiale et nous ne pouvons pas laisser cela se produire”.Après avoir refusé de répondre aux enquêteurs sur son coup de force et s’être retranché sous la protection de sa garde présidentielle, M. Yoon a finalement été arrêté lors d’un assaut des forces de l’ordre en janvier. Il a depuis été libéré mais est poursuivi au pénal pour insurrection, un crime passible de la peine de mort.”S’il est rétabli dans ses fonctions, il y aura un soulèvement”, prédit M. Lee.- Décision unanime ?Song Ji-hye, 41 ans, anticipe une décision unanime des juges pour révoquer M. Yoon.”Comme en foot, il y a des règles claires en politique et Yoon les a violées en essayant de prendre le contrôle du Parlement par la force militaire”, explique-t-elle.”Ce qui est troublant, c’est aussi que cette affaire n’ait pas été résolue plus tôt”, regrette-t-elle, relevant que la Cour aura mis 111 jours après sa saisine à se prononcer.  “Si la destitution est rejetée, les gens retourneront dans la rue”, avertit Mme Song, qui travaille pour un groupe de défense des droits civiques.- “Immédiatement évincé””Je veux que Yoon soit immédiatement évincé”, approuve Hwang Gum-cheol, un retraité de 80 ans. “Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un autre président qui rêve de faire un coup d’Etat”.”Pour protéger notre démocratie, il doit être destitué et puni”, estime-t-il, mais “si le tribunal le rétablit dans ses fonctions, je l’accepterai, même si je serai profondément déçu.”
Corée du Sud: anxiété et colère avant le verdict sur une destitution du président Yoon
La Cour constitutionnelle sud-coréenne rendra vendredi son jugement dans la procédure de destitution du président Yoon Suk Yeol. Avant ce verdict, l’AFP a interrogé des habitants de Séoul sur cette échéance cruciale après quatre mois de crise politique.Des dizaines de milliers de partisans et de détracteurs du dirigeant conservateur battent le pavé tous les week-ends dans le centre de Séoul depuis sa tentative d’imposer la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre.Yoon Suk Yeol, actuellement suspendu, continue de défendre son coup de force comme nécessaire pour “protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes” et “éliminer les éléments hostiles à l’Etat”.Si ses soutiens reprennent ses diatribes et exigent son retour au pouvoir, ses opposants réclament sa destitution – qui déclencherait des élections sous deux mois -, estimant que le rétablir à son poste mettrait en danger la démocratie en place depuis la fin de la dictature militaire en 1987.- Pas de fraude électorale -“J’ai appris que le fondement de l’Etat de droit, c’est le bon sens”, explique Lee Jae-hee, travailleur social de 47 ans. “Pour moi, le président Yoon n’a jamais agi dans cet esprit et donc je pense qu’il doit être destitué une bonne fois pour toutes”.Pendant les quelques heures qu’avait duré la loi martiale, M. Yoon avait envoyé des soldats armés au Parlement et à la Commission électorale à la recherche de supposées preuves de fraude.Cette tentative de s’en prendre au système électoral a été très critiquée, des experts assurant qu’il n’existe pas de preuve de triche derrière les théories complotistes diffusées sur internet.”Son intrusion à la Commission électorale sous la loi martiale ne peut être justifiée par aucune autorité présidentielle”, tranche Lee Jae-hee.- “Bon sens” -Le retraité Kim Han-il, 66 ans, juge que M. Yoon doit être démis de ses fonctions car il “a rompu son engagement envers le service public”.Il se dit confiant dans les huit juges de la Cour constitutionnelle pour destituer le président: “Je n’ai jamais pensé qu’ils rejetteraient la procédure de destitution. Je suis convaincu qu’ils feront preuve de bon sens”.- “Trop de communistes” -Egalement retraité, Huh, 71 ans, espère lui un rejet de la destitution, ce qui rétablirait M. Yoon dans ses fonctions: “Le décret de loi martiale de Yoon rentrait dans le cadre de ses pouvoirs présidentiels”.”Le Parlement est actuellement rempli de députés élus lors d’élections frauduleuses”, affirme-t-il, reprenant des allégations largement démenties selon lesquelles les législatives de 2024 dans le pays auraient été truquées.”En tant que président, il n’avait pas d’autre choix que de déclarer la loi martiale pour remettre le pays sur le droit chemin”, assure-t-il, soutenant qu'”il y a trop de communistes dans ce pays”.- “Un soulèvement” ? -M. Yoon “a imposé la loi martiale pour des raisons stupides et des soldats armés ont pris d’assaut le Parlement”, dénonce Keven Lee, 56 ans, travailleur indépendant. “Il doit être chassé rapidement et nous devons élire un nouveau président. S’il revient au pouvoir, il déclarera à nouveau la loi martiale et nous ne pouvons pas laisser cela se produire”.Après avoir refusé de répondre aux enquêteurs sur son coup de force et s’être retranché sous la protection de sa garde présidentielle, M. Yoon a finalement été arrêté lors d’un assaut des forces de l’ordre en janvier. Il a depuis été libéré mais est poursuivi au pénal pour insurrection, un crime passible de la peine de mort.”S’il est rétabli dans ses fonctions, il y aura un soulèvement”, prédit M. Lee.- Décision unanime ?Song Ji-hye, 41 ans, anticipe une décision unanime des juges pour révoquer M. Yoon.”Comme en foot, il y a des règles claires en politique et Yoon les a violées en essayant de prendre le contrôle du Parlement par la force militaire”, explique-t-elle.”Ce qui est troublant, c’est aussi que cette affaire n’ait pas été résolue plus tôt”, regrette-t-elle, relevant que la Cour aura mis 111 jours après sa saisine à se prononcer.  “Si la destitution est rejetée, les gens retourneront dans la rue”, avertit Mme Song, qui travaille pour un groupe de défense des droits civiques.- “Immédiatement évincé””Je veux que Yoon soit immédiatement évincé”, approuve Hwang Gum-cheol, un retraité de 80 ans. “Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un autre président qui rêve de faire un coup d’Etat”.”Pour protéger notre démocratie, il doit être destitué et puni”, estime-t-il, mais “si le tribunal le rétablit dans ses fonctions, je l’accepterai, même si je serai profondément déçu.”
Corée du Sud: anxiété et colère avant le verdict sur une destitution du président Yoon
La Cour constitutionnelle sud-coréenne rendra vendredi son jugement dans la procédure de destitution du président Yoon Suk Yeol. Avant ce verdict, l’AFP a interrogé des habitants de Séoul sur cette échéance cruciale après quatre mois de crise politique.Des dizaines de milliers de partisans et de détracteurs du dirigeant conservateur battent le pavé tous les week-ends …
Trump déclare la guerre commerciale et plonge l’économie mondiale dans l’inconnue
Les partenaires commerciaux des Etats-Unis menacent de riposter tout en privilégiant le dialogue jeudi, au lendemain de l’offensive commerciale massive lancée par Donald Trump qui faisait plonger les marchés mondiaux et craindre de lourdes conséquences sur l’économie mondiale.Après les annonces du président américain présentées comme une “déclaration d’indépendance économique”, la planète financière accuse le coup: en Asie, la Bourse de Tokyo a chuté de près de 3% en clôture pendant qu’en Europe Francfort perdait 2,45% à l’ouverture, Paris 2,15% et Londres 1,44%.”Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis”, a asséné Donald Trump, avant d’exhiber une liste des partenaires commerciaux concernés.L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations et par des majorations pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place par.Les marchandises de l’UE prendront 20% de taxes. Les taux ont été fixés à 24% pour le Japon, 26% pour l’Inde ou 46% pour le Vietnam.La taxe généralisée de 10% entrera en vigueur le 5 avril à 04H01 GMT et les droits de douane majorés le 9 avril.- “Solution négociée” -Les réactions oscillent entre appels au dialogue et menaces de bras de fer, personne n’ayant pour le moment annoncé de riposte claire.Berlin a déclaré jeudi soutenir l’Union européenne dans sa recherche d’une “solution négociée” avec Washington, Paris a dit prévoir dans l’éventuelle riposte européenne en cours de négociation “d’attaquer les services numériques”, tout en planifiant de réunir jeudi les représentants ses filières les plus touchées. Tendant la main aux Américains, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré qu’il n’était “pas trop tard” pour négocier mais aussi que l’UE était “prête à réagir”.Si certains pays ont appelé à la retenue et au dialogue avec Washington pour éviter l’escalade, d’autres ont vertement critiqué la politique américaine.Pékin a exhorté Washington à “annuler immédiatement” ces droits de douane, tout en appelant au “dialogue” face au risque de “péril (pour) le développement économique mondial”, selon le ministère du Commerce.Le gouvernement japonais a estimé que l’allié américain pourrait avoir enfreint les règles de l’OMC et leur accord bilatéral. L’Australie a dénoncé un “geste qui n’est pas celui d’un ami”.Pour Maurice Obstfeld, économiste du Peterson Institute for International Economics (PIIE), il s’agit d’une “déclaration de guerre à l’économie mondiale”, d’autant plus que la fixation des niveaux de taxes pose question sur la méthode employée.Ces surtaxes sont censées répondre aussi aux barrières dites “non tarifaires”, par exemple des normes sanitaires ou environnementales.La Maison Blanche a fait savoir mercredi soir que certaines catégories n’étaient pas concernées: lingots d’or, produits pharmaceutiques, semi-conducteurs, cuivre, bois de construction, produits énergétiques ou encore minéraux introuvables sur le sol américainPas trace en revanche de la Russie ni de la Corée du Nord au motif, selon un responsable américain, qu’elles ne sont plus des partenaires commerciaux significatifs.Gare aux pays tentés par une surenchère: “Détendez-vous, encaissez le coup (…). Car si vous ripostez, il y aura une escalade”, a déjà averti le ministre des Finances Scott Bessent.Ni le Mexique ni le Canada n’apparaissent sur la nouvelle liste. Signataires d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, ils relèvent d’un autre régime.Mais ils vont encaisser comme le reste du monde les 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger qui est entrée en vigueur jeudi matin.Les nouveaux droits de douane “ne feront que des perdants”, a d’ailleurs critiqué l’industrie automobile allemande.- “Garder la tête froide” -Donald Trump a par ailleurs déclenché des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, ce qui entraînera “des contre-mesures”, a déclaré le Premier ministre canadien Mark Carney.Le Royaume-Uni, qui négocie un traité commercial bilatéral, sort relativement épargné, avec un taux plancher de 10%, mais ces sanctions américaines auront “un impact” sur l’économie britannique, a reconnu jeudi le Premier ministre Keir Starmer.L’industrie chimique allemande, dont les Etats-Unis sont le premier marché d’exportation, a appelé l’UE à “garder la tête froide”.Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.Le chef de file des sénateurs démocrates Chuck Schumer a assuré que l’offensive protectionniste allait “coûter plus de 6.000 dollars par an à un ménage américain moyen”, sous forme de hausse du prix des produits importés.
Trump déclare la guerre commerciale et plonge l’économie mondiale dans l’inconnue
Les partenaires commerciaux des Etats-Unis menacent de riposter tout en privilégiant le dialogue jeudi, au lendemain de l’offensive commerciale massive lancée par Donald Trump qui faisait plonger les marchés mondiaux et craindre de lourdes conséquences sur l’économie mondiale.Après les annonces du président américain présentées comme une “déclaration d’indépendance économique”, la planète financière accuse le coup: en Asie, la Bourse de Tokyo a chuté de près de 3% en clôture pendant qu’en Europe Francfort perdait 2,45% à l’ouverture, Paris 2,15% et Londres 1,44%.”Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis”, a asséné Donald Trump, avant d’exhiber une liste des partenaires commerciaux concernés.L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations et par des majorations pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place par.Les marchandises de l’UE prendront 20% de taxes. Les taux ont été fixés à 24% pour le Japon, 26% pour l’Inde ou 46% pour le Vietnam.La taxe généralisée de 10% entrera en vigueur le 5 avril à 04H01 GMT et les droits de douane majorés le 9 avril.- “Solution négociée” -Les réactions oscillent entre appels au dialogue et menaces de bras de fer, personne n’ayant pour le moment annoncé de riposte claire.Berlin a déclaré jeudi soutenir l’Union européenne dans sa recherche d’une “solution négociée” avec Washington, Paris a dit prévoir dans l’éventuelle riposte européenne en cours de négociation “d’attaquer les services numériques”, tout en planifiant de réunir jeudi les représentants ses filières les plus touchées. Tendant la main aux Américains, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré qu’il n’était “pas trop tard” pour négocier mais aussi que l’UE était “prête à réagir”.Si certains pays ont appelé à la retenue et au dialogue avec Washington pour éviter l’escalade, d’autres ont vertement critiqué la politique américaine.Pékin a exhorté Washington à “annuler immédiatement” ces droits de douane, tout en appelant au “dialogue” face au risque de “péril (pour) le développement économique mondial”, selon le ministère du Commerce.Le gouvernement japonais a estimé que l’allié américain pourrait avoir enfreint les règles de l’OMC et leur accord bilatéral. L’Australie a dénoncé un “geste qui n’est pas celui d’un ami”.Pour Maurice Obstfeld, économiste du Peterson Institute for International Economics (PIIE), il s’agit d’une “déclaration de guerre à l’économie mondiale”, d’autant plus que la fixation des niveaux de taxes pose question sur la méthode employée.Ces surtaxes sont censées répondre aussi aux barrières dites “non tarifaires”, par exemple des normes sanitaires ou environnementales.La Maison Blanche a fait savoir mercredi soir que certaines catégories n’étaient pas concernées: lingots d’or, produits pharmaceutiques, semi-conducteurs, cuivre, bois de construction, produits énergétiques ou encore minéraux introuvables sur le sol américainPas trace en revanche de la Russie ni de la Corée du Nord au motif, selon un responsable américain, qu’elles ne sont plus des partenaires commerciaux significatifs.Gare aux pays tentés par une surenchère: “Détendez-vous, encaissez le coup (…). Car si vous ripostez, il y aura une escalade”, a déjà averti le ministre des Finances Scott Bessent.Ni le Mexique ni le Canada n’apparaissent sur la nouvelle liste. Signataires d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, ils relèvent d’un autre régime.Mais ils vont encaisser comme le reste du monde les 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger qui est entrée en vigueur jeudi matin.Les nouveaux droits de douane “ne feront que des perdants”, a d’ailleurs critiqué l’industrie automobile allemande.- “Garder la tête froide” -Donald Trump a par ailleurs déclenché des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, ce qui entraînera “des contre-mesures”, a déclaré le Premier ministre canadien Mark Carney.Le Royaume-Uni, qui négocie un traité commercial bilatéral, sort relativement épargné, avec un taux plancher de 10%, mais ces sanctions américaines auront “un impact” sur l’économie britannique, a reconnu jeudi le Premier ministre Keir Starmer.L’industrie chimique allemande, dont les Etats-Unis sont le premier marché d’exportation, a appelé l’UE à “garder la tête froide”.Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.Le chef de file des sénateurs démocrates Chuck Schumer a assuré que l’offensive protectionniste allait “coûter plus de 6.000 dollars par an à un ménage américain moyen”, sous forme de hausse du prix des produits importés.
Les marchés asiatiques secoués par l’offensive douanière de Trump
Glissade des Bourses, chute du dollar et du pétrole, record de l’or… les marchés asiatisques ont été sonnés jeudi par la brutale offensive douanière de Donald Trump, propre à plomber les économies de la région, très dépendantes des exportations.Les Bourses sous le choc, les exportateurs souffrent Dans le sillage d’un décrochage de Wall Street dans les échanges électroniques, la Bourse de Tokyo a chuté de plus de 4% peu après l’ouverture. Vers 05H00 GMT, l’indice vedette Nikkei perdait encore 3,14% à 34.601 points et l’indice élargi Topix 3,57% à 2.555 points.La Bourse de Séoul reculait de 0,8% après avoir lâché presque 3% dans les premiers échanges. Sydney cédait 0,9% et Bombay 0,5%.Les marchés boursiers, dans l’ensemble, limitaient leurs pertes, accusant le coup après l’onde de choc de l’offensive protectionniste de Washington, sans équivalent depuis les années 1930.Outre un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations, les économies asiatiques sont touchées par des majorations ciblant certains pays: surtaxes à 24% pour le Japon, 26% pour l’Inde, 25% pour la Corée du Sud, 36% pour la Thaïlande, 32% pour Taïwan, et même 46% pour le Vietnam.A Tokyo, les groupes exportateurs buvaient la tasse, y compris le géant des jeux vidéo Nintendo, qui s’est momentanément effondré de 6%, avec des inquiétudes sur sa nouvelle console Switch 2 produite notamment au Vietnam et au Cambodge.Alors que des surtaxes américaines de 25% ciblant les importations automobiles sont entrées en vigueur dès mercredi, les constructeurs nippons souffraient toujours, à l’image de Toyota (-6,08%).L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place.Vers 05H00 GMT, à Hong Kong, l’indice Hang Seng chutait de 2,10%. L’indice composite de Shanghai cédait 0,42% et celui de Shenzhen 1,39%.”Le point positif pour les investisseurs pourrait être qu’il ne s’agit que d’un point de départ pour les négociations avec d’autres pays”, a commenté Chris Zaccarelli, de Northlight Asset Management.Mais dans l’immédiat, “cela prouve aux marchés que (Trump) ne bluffait pas”, prévient Stephen Innes, de SPI Asset Management.”Il s’agit d’une frappe coordonnée sur la majeure partie de l’économie mondiale, et la réaction des marchés est justifiée. Les États-Unis ont mis à mal ce qui restait du multilatéralisme et ouvert la voie à des représailles”, souligne-t-il.L’e-commerce chinois trébucheDonald Trump a signé mercredi un décret annulant l’exemption de droits de douane dont bénéficiaient les petits colis envoyés depuis la Chine.Dans la foulée, les géants chinois de l’e-commerce trébuchaient lourdement à Hong Kong, à l’image d’Alibaba (-5,15%) et JD.com (-4,8%). PDD Holdings (Temu) a chuté de 6,05% dans les échanges électroniques à New York.Hanoï dévisse, chute des fournisseurs de Nike et AppleA la mi-journée, la Bourse de Hanoï dévissait de plus de 6%, plombée par la dégringolade des sous-traitants du textile ou de l’électronique.”Environ la moitié des chaussures Nike et 39% des chaussures Adidas sont fabriquées au Vietnam” selon Bloomberg, et seraient donc soumises aux surtaxes de 46%. Grand fournisseur de Nike, le chinois Shenzhou International a perdu jusqu’à 18% à Hong Kong. Les marques dont une partie des habits sont fabriqués en Chine ou au Vietnam ont chuté dans les échanges électroniques new-yorkais à l’instar de Gap (-8,49%), Ralph Lauren (-7,13%) ou encore Nike (-7,05%).Idem pour Apple (-7,30%), qui assemble ses smartphones en Asie.Parmi ses fournisseurs, le sud-coréen SK Hynix a perdu jusqu’à presque 5%, et le fabricant d’électronique AAC Technologies coté à Hong Kong a dégringolé de 14%.Record de l’or, plongeon du dollar, le yen brilleLes investisseurs se sont rués sur l’or, valeur refuge par excellence, qui a battu son record historique, à 3.167,83 dollars l’once.Après avoir décroché par rapport à l’euro, le dollar plongeait de 1,31% vis-à -vis de la devise japonaise, à 147,32 yens pour un dollar. Devise réputée sûre, “le yen est un refuge privilégié face aux incertitudes sur un ralentissement économique américain”, soulignait Standard Chartered.A l’inverse, actifs particulièrement spéculatifs, les cryptomonnaies souffraient du regain d’aversion pour le risque: le bitcoin dégringolait de 2,44% à 83.562 dollars.Le pétrole trébucheLes cours du pétrole ont glissé de plus de 3% en début d’échanges asiatiques, la guerre douanière étant susceptible de plomber la demande énergétique.Vers 05H00 GMT, le cours du baril de WTI américain reculait encore de 2,51% à 69,91 dollars et celui de Brent de la mer du Nord de 2,36% à 73,18 dollars.burs-jug/ep/eb