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Groenland : le Danemark s’en prend au “ton employé” par l’administration Trump

Le ton vire à l’aigre samedi entre Etats-Unis et Danemark, la diplomatie danoise déplorant la virulence des critiques du vice-président américain JD Vance sur l’inaction supposée du pays nordique au Groenland.”Nous sommes ouverts aux critiques, mais, pour être tout à fait honnête, nous n’apprécions pas le ton sur lequel elles ont été formulées”, a dit Lars Løkke Rasmussen dans une vidéo en anglais sur les réseaux sociaux. “Ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à ses proches alliés, et je considère toujours le Danemark et les Etats-Unis comme des proches alliés”, a-t-il ajouté.La réplique danoise achève une semaine de fortes tensions entre les deux pays, déclenchée par l’annonce d’une visite non souhaitée de dirigeants américains dans le territoire autonome danois, déplacement qui s’est finalement réduit vendredi à la base américaine de Pituffik. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi devant l’ambassade américaine à Copenhague, brandissant des pancartes “Trump/Putin stealing countries” (Trump et Poutine volent des pays), “Yankees go home” ou “Make icecubes not war” (faites des glaçons, pas la guerre”, a constaté une journaliste de l’AFP.”C’est très important” que nous soyons aussi nombreux aujourd’hui, dit une  Groenlandaise Kista Lynge Høegh. “Nous sommes inquiets pour notre famille qui vit au Groenland et nous nous inquiétons de ce qui leur arrivera si l’annexion a lieu, comme Trump en a fait la menace”.”Nous voulons nous rassembler pour dire que la rhétorique américaine concernant le Groenland et le Danemark n’est pas acceptable”, insiste de son côté un autre Groenlandais, Mimik Rosing.Lors d’un discours sur l’unique base militaire américaine au Groenland, JD Vance a estimé que le Danemark “n’a pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, lui reprochant en particulier de ne pas avoir suffisamment investi dans l’immense île arctique que convoite Donald Trump.”L’accord de défense de 1951 offre aux Etats-Unis de nombreuses possibilités d’avoir une présence militaire beaucoup plus forte au Groenland. Si c’est ce que vous souhaitez, discutons-en”, a répliqué le ministre danois en référence au texte régissant la présence américaine au Groenland.En 1945, les Etats-Unis avaient 17 bases et installations militaires au Groenland, avec des milliers de soldats, a-t-il rappelé. “Nous pouvons faire plus, beaucoup plus dans le cadre actuel”, a-t-il ajouté.La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de Russie vers les Etats-Unis passe par le Groenland.Vendredi soir, la Première ministre danoise Mette Frederiksen avait déjà déploré les critiques “injustes” des Américains, leur rappelant que le Danemark avait été à leurs côtés “dans des situations très difficiles”, en référence à l’engagement danois aux côtés des troupes américaines notamment en Irak et Afghanistan.- Statu quo “révolu” -Donald Trump a répété vendredi avoir “besoin du Groenland”. “C’est très important, pour la sécurité internationale”. “Nous avions jusque-là tous agi en partant du principe que l’Arctique était et devait rester une zone à faible risque, mais cette époque est révolue”, a constaté pour sa part le chef de la diplomatie danoise. “Le statu quo n’est pas une option, et c’est pourquoi nous avons intensifié nos efforts en investissant” dans la sécurité de l’Arctique, a-t-il ajouté.En janvier, Copenhague a annoncé qu’il allait consacrer près de deux milliards d’euros au renforcement de sa présence dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. En dépit du ton menaçant de Donald Trump, le vice-président américain a exclu un usage de la force pour parvenir à s’emparer du territoire autonome danois, assurant que Washington parviendrait à convaincre les Groenlandais de se rallier aux Etats-Unis et de signer un accord avec eux.”Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et (…) que nous allons pouvoir conclure un accord, dans le style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique”, a dit JD Vance.Le Groenland vient de se doter d’un nouveau gouvernement de coalition et la majorité des Groenlandais souhaite l’indépendance du territoire, qui jouit d’une large autonomie au sein du royaume du Danemark.”Il est très important que nous mettions de côté nos désaccords et nos différends (…), car c’est seulement ainsi que nous pourrons faire face à la forte pression à laquelle nous sommes exposés de l’extérieur”, a dit le nouveau Premier ministre groenlandais, Jens-Frederik Nielsen en présentant son équipe vendredi.La population, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

Groenland : le Danemark s’en prend au “ton employé” par l’administration Trump

Le ton vire à l’aigre samedi entre Etats-Unis et Danemark, la diplomatie danoise déplorant la virulence des critiques du vice-président américain JD Vance sur l’inaction supposée du pays nordique au Groenland.”Nous sommes ouverts aux critiques, mais, pour être tout à fait honnête, nous n’apprécions pas le ton sur lequel elles ont été formulées”, a dit Lars Løkke Rasmussen dans une vidéo en anglais sur les réseaux sociaux. “Ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à ses proches alliés, et je considère toujours le Danemark et les Etats-Unis comme des proches alliés”, a-t-il ajouté.La réplique danoise achève une semaine de fortes tensions entre les deux pays, déclenchée par l’annonce d’une visite non souhaitée de dirigeants américains dans le territoire autonome danois, déplacement qui s’est finalement réduit vendredi à la base américaine de Pituffik. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi devant l’ambassade américaine à Copenhague, brandissant des pancartes “Trump/Putin stealing countries” (Trump et Poutine volent des pays), “Yankees go home” ou “Make icecubes not war” (faites des glaçons, pas la guerre”, a constaté une journaliste de l’AFP.”C’est très important” que nous soyons aussi nombreux aujourd’hui, dit une  Groenlandaise Kista Lynge Høegh. “Nous sommes inquiets pour notre famille qui vit au Groenland et nous nous inquiétons de ce qui leur arrivera si l’annexion a lieu, comme Trump en a fait la menace”.”Nous voulons nous rassembler pour dire que la rhétorique américaine concernant le Groenland et le Danemark n’est pas acceptable”, insiste de son côté un autre Groenlandais, Mimik Rosing.Lors d’un discours sur l’unique base militaire américaine au Groenland, JD Vance a estimé que le Danemark “n’a pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, lui reprochant en particulier de ne pas avoir suffisamment investi dans l’immense île arctique que convoite Donald Trump.”L’accord de défense de 1951 offre aux Etats-Unis de nombreuses possibilités d’avoir une présence militaire beaucoup plus forte au Groenland. Si c’est ce que vous souhaitez, discutons-en”, a répliqué le ministre danois en référence au texte régissant la présence américaine au Groenland.En 1945, les Etats-Unis avaient 17 bases et installations militaires au Groenland, avec des milliers de soldats, a-t-il rappelé. “Nous pouvons faire plus, beaucoup plus dans le cadre actuel”, a-t-il ajouté.La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de Russie vers les Etats-Unis passe par le Groenland.Vendredi soir, la Première ministre danoise Mette Frederiksen avait déjà déploré les critiques “injustes” des Américains, leur rappelant que le Danemark avait été à leurs côtés “dans des situations très difficiles”, en référence à l’engagement danois aux côtés des troupes américaines notamment en Irak et Afghanistan.- Statu quo “révolu” -Donald Trump a répété vendredi avoir “besoin du Groenland”. “C’est très important, pour la sécurité internationale”. “Nous avions jusque-là tous agi en partant du principe que l’Arctique était et devait rester une zone à faible risque, mais cette époque est révolue”, a constaté pour sa part le chef de la diplomatie danoise. “Le statu quo n’est pas une option, et c’est pourquoi nous avons intensifié nos efforts en investissant” dans la sécurité de l’Arctique, a-t-il ajouté.En janvier, Copenhague a annoncé qu’il allait consacrer près de deux milliards d’euros au renforcement de sa présence dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. En dépit du ton menaçant de Donald Trump, le vice-président américain a exclu un usage de la force pour parvenir à s’emparer du territoire autonome danois, assurant que Washington parviendrait à convaincre les Groenlandais de se rallier aux Etats-Unis et de signer un accord avec eux.”Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et (…) que nous allons pouvoir conclure un accord, dans le style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique”, a dit JD Vance.Le Groenland vient de se doter d’un nouveau gouvernement de coalition et la majorité des Groenlandais souhaite l’indépendance du territoire, qui jouit d’une large autonomie au sein du royaume du Danemark.”Il est très important que nous mettions de côté nos désaccords et nos différends (…), car c’est seulement ainsi que nous pourrons faire face à la forte pression à laquelle nous sommes exposés de l’extérieur”, a dit le nouveau Premier ministre groenlandais, Jens-Frederik Nielsen en présentant son équipe vendredi.La population, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

Le Soleil avait rendez-vous avec la Lune pour une éclipse partielle

Le Soleil avait rendez-vous avec la Lune, venue cacher un bout de l’astre samedi, lors d’une éclipse partielle visible sur une partie de l’hémisphère Nord, de l’est du Canada à la Sibérie.L’éclipse, la dix-septième du XXIe siècle et la première de l’année, a duré environ quatre heures. Elle a démarré à 08H50 GMT (09H50 à Paris) pour s’achever vers 12H43 GMT (13H43 à Paris). “Les premiers continentaux à la voir (étaient) les habitants de Mauritanie et du Maroc et les derniers ceux du nord de la Sibérie”, a précisé à l’AFP Florent Deleflie, astronome à l’Observatoire de Paris-PSL, chargé pour la France du calcul des éphémérides.Elle était aussi visible en Europe, selon le Laboratoire Temps-Espace de l’Observatoire de Paris. Et a atteint son maximum à 10H47 GMT (11H47 heure de Paris) au-dessus du nord-est du Canada et Groenland.C’est là que l’éclipse a été la plus spectaculaire, couvrant 90% de la surface apparente du Soleil. Pas suffisamment toutefois pour que le ciel soit obscurci.Une éclipse de Soleil se produit lorsque le Soleil, la Lune et la Terre sont alignés dans cet ordre. Quand l’alignement est quasiment parfait, le cône d’ombre de la Lune touche la surface de la Terre et obstrue l’intégralité du disque solaire: l’éclipse est totale.Cette fois-ci, “l’alignement n'(était) pas suffisamment parfait pour que le cône d’ombre touche la surface terrestre. Il rest(ait) dans l’espace, ce qui signifie qu’il n’y (avait) nulle part et à aucun moment d’éclipse totale”, explique M. Deleflie.- Attention aux yeux -En France métropolitaine, l’éclipse était visible entre 10H00 et 12H00 GMT (11H00 et 13H00 de Paris) et entre 10 à 30% de la surface de l’astre étaient occultés selon les régions.A l’oeil nu, aucune différence n’était donc perceptible. Les plus chanceux, qui ont pu profiter du spectacle lorsque le ciel était dégagé, ont dû se munir d’équipements adaptés pour protéger ses yeux.La lumière intense du Soleil peut en effet provoquer des brûlures oculaires et entraîner des lésions irrémédiables.Il est indispensable de se procurer des lunettes spéciales éclipse en parfait état. “Le moindre défaut sur la surface des lunettes, si elles ne sont pas neuves, même un trou microscopique, peut engendrer des brûlures de l’Å“il”, selon l’astronome.Autre possibilité, il fallait se rendre dans une association d’astronomie ou un centre d’observation, qui organisaient des animations pour l’admirer à l’aide d’instruments grossissants munis de filtres adaptés. Et observer au passage tâches et protubérances solaires.Cette éclipse solaire est intervenue quinze jours après une éclipse totale de Lune, qui avait fait “rougir” notre satellite naturel. Ce qui est “souvent le cas” car la Lune a fait dans l’intervalle “un demi-tour autour de la Terre, inversant en quelque sorte la configuration”, souligne M. Deleflie.En France métropolitaine, la dernière éclipse partielle remonte au 25 octobre 2022.Le 12 août 2026, se produira une éclipse totale, dont la zone de totalité ne traversera pas l’Hexagone, mais qui donnera lieu à une obscuration du disque solaire de 92 % vue depuis Paris et de 96 % vue depuis Marseille.

Le Soleil avait rendez-vous avec la Lune pour une éclipse partielle

Le Soleil avait rendez-vous avec la Lune, venue cacher un bout de l’astre samedi, lors d’une éclipse partielle visible sur une partie de l’hémisphère Nord, de l’est du Canada à la Sibérie.L’éclipse, la dix-septième du XXIe siècle et la première de l’année, a duré environ quatre heures. Elle a démarré à 08H50 GMT (09H50 à Paris) pour s’achever vers 12H43 GMT (13H43 à Paris). “Les premiers continentaux à la voir (étaient) les habitants de Mauritanie et du Maroc et les derniers ceux du nord de la Sibérie”, a précisé à l’AFP Florent Deleflie, astronome à l’Observatoire de Paris-PSL, chargé pour la France du calcul des éphémérides.Elle était aussi visible en Europe, selon le Laboratoire Temps-Espace de l’Observatoire de Paris. Et a atteint son maximum à 10H47 GMT (11H47 heure de Paris) au-dessus du nord-est du Canada et Groenland.C’est là que l’éclipse a été la plus spectaculaire, couvrant 90% de la surface apparente du Soleil. Pas suffisamment toutefois pour que le ciel soit obscurci.Une éclipse de Soleil se produit lorsque le Soleil, la Lune et la Terre sont alignés dans cet ordre. Quand l’alignement est quasiment parfait, le cône d’ombre de la Lune touche la surface de la Terre et obstrue l’intégralité du disque solaire: l’éclipse est totale.Cette fois-ci, “l’alignement n'(était) pas suffisamment parfait pour que le cône d’ombre touche la surface terrestre. Il rest(ait) dans l’espace, ce qui signifie qu’il n’y (avait) nulle part et à aucun moment d’éclipse totale”, explique M. Deleflie.- Attention aux yeux -En France métropolitaine, l’éclipse était visible entre 10H00 et 12H00 GMT (11H00 et 13H00 de Paris) et entre 10 à 30% de la surface de l’astre étaient occultés selon les régions.A l’oeil nu, aucune différence n’était donc perceptible. Les plus chanceux, qui ont pu profiter du spectacle lorsque le ciel était dégagé, ont dû se munir d’équipements adaptés pour protéger ses yeux.La lumière intense du Soleil peut en effet provoquer des brûlures oculaires et entraîner des lésions irrémédiables.Il est indispensable de se procurer des lunettes spéciales éclipse en parfait état. “Le moindre défaut sur la surface des lunettes, si elles ne sont pas neuves, même un trou microscopique, peut engendrer des brûlures de l’Å“il”, selon l’astronome.Autre possibilité, il fallait se rendre dans une association d’astronomie ou un centre d’observation, qui organisaient des animations pour l’admirer à l’aide d’instruments grossissants munis de filtres adaptés. Et observer au passage tâches et protubérances solaires.Cette éclipse solaire est intervenue quinze jours après une éclipse totale de Lune, qui avait fait “rougir” notre satellite naturel. Ce qui est “souvent le cas” car la Lune a fait dans l’intervalle “un demi-tour autour de la Terre, inversant en quelque sorte la configuration”, souligne M. Deleflie.En France métropolitaine, la dernière éclipse partielle remonte au 25 octobre 2022.Le 12 août 2026, se produira une éclipse totale, dont la zone de totalité ne traversera pas l’Hexagone, mais qui donnera lieu à une obscuration du disque solaire de 92 % vue depuis Paris et de 96 % vue depuis Marseille.

Guinée: l’ex-dictateur Dadis Camara, gracié, est sorti de prison, selon une ONG

L’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, condamné lors d’un procès historique à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité et gracié vendredi pour “raison de santé”, est sorti de prison et se trouve dans la capitale Conakry, a-t-on appris samedi auprès d’une ONG guinéenne. “Dadis Camara est sorti de prison depuis hier soir”, a indiqué à l’AFP l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme (OGDH).”Il a fait une brève escale chez lui (…) puis a été conduit dans une villa dans un quartier chic de Conakry où il est surveillé par des pick-up de la gendarmerie”, a ajouté cette source.A l’issue d’un procès qui avait duré près de deux ans, Moussa Dadis Camara avait été condamné en 2024 à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité pour sa responsabilité de commandement lors du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée.Ce jour-là, alors que M. Camara était président du pays, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines d’autres blessées, dans la répression d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Au moins 109 femmes ont été violées.Vendredi soir, un décret lu à la télévision nationale a annoncé qu’il avait été gracié par le chef de la junte au pouvoir en Guinée, le général Mamadi Doumbouya.

Turquie: des centaines de milliers de manifestants rassemblés à l’appel de l’opposition

Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi à Istanbul, à l’appel du CHP, le parti d’opposition du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, pour dénoncer l’arrestation de l’édile, malgré la répression qui continue de s’abattre sur les protestataires.La foule s’est retrouvée à la mi-journée sous un ciel bleu sur la rive asiatique de la métropole “pour poursuivre la marche vers le pouvoir”, selon l’appel du chef du Parti républicain du peuple (CHP), Özgür Özel, qui a estimé à 2,2 millions le nombre de manifestants.Parmi eux, une femme de 82 ans portant un foulard, une photo d’Imamoglu et le drapeau turc, confie “ne pas avoir peur: je n’ai qu’une vie, je suis prête à la sacrifier pour ce pays”. Mais elle refuse de donner son nom, “au cas où ils viendraient frapper à ma porte”. “C’est un homme honnête, c’est lui qui sauvera la république turque”, déclare-t-elle à propos du maire qui a été arrêté puis emprisonné dans le cadre d’une enquête pour corruption, sur la base d’accusations largement considérées comme fallacieuses. Les manifestants, munis du drapeau turc et de portraits de Mustafa Kemal Atatürk, le père de la nation, scandent “Taksim est partout, la résistance est partout!” en référence à la place stambouliote, épicentre du vaste mouvement de contestation de Gezi en 2013. Parmi eux: l’épouse, la mère et les deux fils d’Ekrem Imamoglu.”Nous sommes ici pour notre patrie. C’est nous, le peuple, qui élisons nos gouvernants”, insiste Melis Basak Ergun, 17 ans, en jurant que les manifestants ne se laisseraient jamais intimider “par la violence ou les gaz lacrymogènes”.L’arrestation de M. Imamoglu le 19 mars a déclenché une vague de protestations inédite en plus d’une décennie à travers la Turquie, mobilisant des dizaines de milliers de manifestants chaque soir dans les rues, jusqu’à lundi soir.Depuis, le parti a cessé de convoquer la foule devant la municipalité. Mais dans un entretien au quotidien français Le Monde, daté de samedi, Özgür Özel, devenu le porte-voix de l’opposition, annonce la tenue de rassemblements réguliers à venir.Rappelant qu’ils ont été interdits par les autorités dès l’arrestation du maire, le chef du parti kémaliste se dit prêt à “prendre le risque de passer huit, dix ans en prison s’il le faut. Parce que si nous ne repoussons pas cette tentative de coup d’Etat, il en sera fini des urnes”.- Un test avant l’Aïd -“J’ai participé aux rassemblements devant l’hôtel de ville pendant quatre jours avec des étudiants de l’université. Je leur ai dit de ne pas céder”, déclare à l’AFP un manifestant de 78 ans, Cafer Sungur. “J’ai été emprisonné dans les années 1970, mais à l’époque, il y avait une justice. Aujourd’hui, on ne peut plus parler de justice”.Le CHP s’apprêtait à investir M. Imamoglu comme son candidat pour la prochaine présidentielle prévue en 2028 quand il a été arrêté le 19 mars et envoyé en prison cinq jours plus tard.En ce début du long week-end de l’Aïd el Fitr, qui sera célébré dimanche pour marquer la fin du ramadan, le rassemblement de samedi a donc valeur de test pour l’opposition alors que de nombreux stambouliotes auront quitté la ville pour être en famille. D’autant que le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé cette semaine l’octroi de neuf jours de congés aux fonctionnaires et institutions publiques.Si les jeunes et les étudiants surtout ont tenté de poursuivre la mobilisation, la répression qui continue avec des arrestations, chez eux à l’aube, de manifestants, journalistes, avocats pourrait rebuter les plus déterminés.Rien qu’à Istanbul, 511 étudiants avaient déjà été interpellés vendredi, dont 275 incarcérés, selon l’avocat Ferhat Güzel, pour qui “ce nombre est probablement beaucoup plus élevé”.- Arrestations de journalistes -Selon les derniers chiffres officiels, plus de 2.000 personnes ont été arrêtées dont 260 avaient été incarcérées. Vendredi soir, le journaliste suédois Joakim Medin, interpellé jeudi à sa descente d’avion, a été placé en détention dans une prison d’Istanbul, a affirmé le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC, Andreas Gustavsson.Selon les médias turcs le reporter est accusé d’avoir “insulté le président” turc et d’être “membre d’une organisation terroriste armée”.”Je sais que ces accusations sont fausses, 100% fausses”, a insisté pour sa part M. Gustavsson sur X.Avant M. Medin, un reporter de la BBC, Mark Lowen a été expulsé “pour trouble à l’ordre public”. Au moins douze journalistes turcs ont été arrêtés dans la semaine. La plupart ont été libérés, mais restent accusés d’avoir participé à des manifestations interdites qu’ils couvraient pour leur média, dont un photographe de l’AFP, Yasin Akgül, qui a dit craindre “une volonté d’empêcher les journalistes de faire leur travail”.Vendredi, l’avocat du maire d’Istanbul, Mehmet Pehlivan, a été “arrêté pour des motifs inventés de toutes pièces”, selon M. Imamoglu, puis remis en liberté dans la soirée.

Turquie: des centaines de milliers de manifestants rassemblés à l’appel de l’opposition

Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi à Istanbul, à l’appel du CHP, le parti d’opposition du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, pour dénoncer l’arrestation de l’édile, malgré la répression qui continue de s’abattre sur les protestataires.La foule s’est retrouvée à la mi-journée sous un ciel bleu sur la rive asiatique de la métropole “pour poursuivre la marche vers le pouvoir”, selon l’appel du chef du Parti républicain du peuple (CHP), Özgür Özel, qui a estimé à 2,2 millions le nombre de manifestants.Parmi eux, une femme de 82 ans portant un foulard, une photo d’Imamoglu et le drapeau turc, confie “ne pas avoir peur: je n’ai qu’une vie, je suis prête à la sacrifier pour ce pays”. Mais elle refuse de donner son nom, “au cas où ils viendraient frapper à ma porte”. “C’est un homme honnête, c’est lui qui sauvera la république turque”, déclare-t-elle à propos du maire qui a été arrêté puis emprisonné dans le cadre d’une enquête pour corruption, sur la base d’accusations largement considérées comme fallacieuses. Les manifestants, munis du drapeau turc et de portraits de Mustafa Kemal Atatürk, le père de la nation, scandent “Taksim est partout, la résistance est partout!” en référence à la place stambouliote, épicentre du vaste mouvement de contestation de Gezi en 2013. Parmi eux: l’épouse, la mère et les deux fils d’Ekrem Imamoglu.”Nous sommes ici pour notre patrie. C’est nous, le peuple, qui élisons nos gouvernants”, insiste Melis Basak Ergun, 17 ans, en jurant que les manifestants ne se laisseraient jamais intimider “par la violence ou les gaz lacrymogènes”.L’arrestation de M. Imamoglu le 19 mars a déclenché une vague de protestations inédite en plus d’une décennie à travers la Turquie, mobilisant des dizaines de milliers de manifestants chaque soir dans les rues, jusqu’à lundi soir.Depuis, le parti a cessé de convoquer la foule devant la municipalité. Mais dans un entretien au quotidien français Le Monde, daté de samedi, Özgür Özel, devenu le porte-voix de l’opposition, annonce la tenue de rassemblements réguliers à venir.Rappelant qu’ils ont été interdits par les autorités dès l’arrestation du maire, le chef du parti kémaliste se dit prêt à “prendre le risque de passer huit, dix ans en prison s’il le faut. Parce que si nous ne repoussons pas cette tentative de coup d’Etat, il en sera fini des urnes”.- Un test avant l’Aïd -“J’ai participé aux rassemblements devant l’hôtel de ville pendant quatre jours avec des étudiants de l’université. Je leur ai dit de ne pas céder”, déclare à l’AFP un manifestant de 78 ans, Cafer Sungur. “J’ai été emprisonné dans les années 1970, mais à l’époque, il y avait une justice. Aujourd’hui, on ne peut plus parler de justice”.Le CHP s’apprêtait à investir M. Imamoglu comme son candidat pour la prochaine présidentielle prévue en 2028 quand il a été arrêté le 19 mars et envoyé en prison cinq jours plus tard.En ce début du long week-end de l’Aïd el Fitr, qui sera célébré dimanche pour marquer la fin du ramadan, le rassemblement de samedi a donc valeur de test pour l’opposition alors que de nombreux stambouliotes auront quitté la ville pour être en famille. D’autant que le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé cette semaine l’octroi de neuf jours de congés aux fonctionnaires et institutions publiques.Si les jeunes et les étudiants surtout ont tenté de poursuivre la mobilisation, la répression qui continue avec des arrestations, chez eux à l’aube, de manifestants, journalistes, avocats pourrait rebuter les plus déterminés.Rien qu’à Istanbul, 511 étudiants avaient déjà été interpellés vendredi, dont 275 incarcérés, selon l’avocat Ferhat Güzel, pour qui “ce nombre est probablement beaucoup plus élevé”.- Arrestations de journalistes -Selon les derniers chiffres officiels, plus de 2.000 personnes ont été arrêtées dont 260 avaient été incarcérées. Vendredi soir, le journaliste suédois Joakim Medin, interpellé jeudi à sa descente d’avion, a été placé en détention dans une prison d’Istanbul, a affirmé le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC, Andreas Gustavsson.Selon les médias turcs le reporter est accusé d’avoir “insulté le président” turc et d’être “membre d’une organisation terroriste armée”.”Je sais que ces accusations sont fausses, 100% fausses”, a insisté pour sa part M. Gustavsson sur X.Avant M. Medin, un reporter de la BBC, Mark Lowen a été expulsé “pour trouble à l’ordre public”. Au moins douze journalistes turcs ont été arrêtés dans la semaine. La plupart ont été libérés, mais restent accusés d’avoir participé à des manifestations interdites qu’ils couvraient pour leur média, dont un photographe de l’AFP, Yasin Akgül, qui a dit craindre “une volonté d’empêcher les journalistes de faire leur travail”.Vendredi, l’avocat du maire d’Istanbul, Mehmet Pehlivan, a été “arrêté pour des motifs inventés de toutes pièces”, selon M. Imamoglu, puis remis en liberté dans la soirée.

Scène de crime à la fac: des étudiants sur la piste de la “science forensique”

Deux corps ensanglantés, sans vie, gisent sur le gazon. Après un brief rapide dans un bâtiment attenant, treize jeunes techniciens enfilent une combinaison blanche, des lunettes, un masque et des gants. Prêts à gérer leur première scène de crime.Ils sont étudiants, et passent leur examen pour obtenir un diplôme universitaire en “science forensique”, terme désignant l’ensemble des techniques de recherche et d’exploitation des indices pour résoudre des crimes.Pour valider leur deuxième année à la CY Forensic School de Neuville-sur-Oise, au nord-ouest de Paris, les élèves, inscrits aussi en licence de biologie, doivent Å“uvrer sans faire d’erreur de procédure.Les initiateurs de ce cursus créé il y a deux ans sont partis d’un constat: l’absence de ce type de formation en France.”Ce n’était qu’après (les études supérieures, NDLR) qu’il y avait un recrutement et une formation interne à la police nationale ou à la gendarmerie nationale pour acculturer ces nouveaux spécialistes à l’ensemble de la science forensique”, explique à l’AFP le directeur de l’école, le général de gendarmerie François Daoust, venu observer la mise en pratique.Le groupe de treize étudiants est scindé en deux. À chacun un cadavre.Une jeune fille circule avec un sac poubelle, une autre appose des post-it orange sur les indices, une troisième prend des photos. L’étudiant désigné pour être secrétaire s’installe sous un barnum pour distribuer le matériel et placer les indices sous scellés afin que rien ne soit “pollué”.- Séries policières -Les étudiants “sont toujours emballés. Ils touchent du doigt la réalité”, sourit Bruno Dolou, major de gendarmerie à la retraite, qui les encadre avec un collègue.Sur les deux promotions ouvertes, “plus de 600 demandes pour 20 places” ont été présentées sur Parcoursup, selon François Daoust. Un engouement que le directeur explique notamment par le succès des programmes d’enquêtes criminelles. “Nos jeunes sont biberonnés aux séries télévisées, Les Experts, NCIS… Et pour eux, c’est magique”.Dans sa tenue blanche, Solène Lecarreaux, 19 ans, raconte avoir grandi en regardant des séries policières et écoute maintenant “beaucoup de podcasts” tout en suivant les affaires criminelles sur les réseaux sociaux.Sa formation lui permet d’analyser ces affaires: “dès qu’on a des informations, on regarde, on épluche ce qui est dit, puis on essaie de chercher” des éléments de preuve, explique la jeune femme, photographe sur cette scène de crime grandeur nature.Mais ce qui se passe à la télé ne reflète pas la réalité du métier. Les étudiants ont “beaucoup d’images préconçues sur le rôle de la police scientifique”, reconnaît Cédric Picot, enseignant-expert. “Une des premières choses que nous faisons au sein du DU science forensique, c’est de rétablir un peu la vérité”.”Dans les séries, les films, les inspecteurs arrivent et sont en costume cravate, alors que normalement on est censé être comme ça”, abonde Mélanie Fraysse, 19 ans, en désignant son équipement.- Ouvert aux professionnels -Yves Thomas, 19 ans, aimerait devenir “technicien d’investigation criminelle”.”C’est globalement le même métier que celui qu’on vient de réaliser ce matin”, explique le jeune homme, ravi à l’idée de prélever “toutes les traces que l’on voit”, faire “ses propres expertises dans son laboratoire”.Le cursus est également ouvert aux professionnels. Deux élèves sont issus de laboratoires privés, venus pour “engranger des connaissances” transversales, explique le général Daoust.Parcourant une bouteille de bière avec une lumière blanche, une étudiante aperçoit ce qui pourrait être une empreinte digitale. Elle y dépose une fine poudre noire avec un pinceau.”Ils vont la prendre en photo avec un test centimétrique et à l’issue, cette photo devient un fichier numérique” qui sera étudié et comparé pour essayer d’identifier à qui l’empreinte appartient, détaille Bruno Dolou.”Stand-By !”. Les étudiants se rassemblent autour de leur encadrant, inquiets.”Vous n’avez pas vu les projectiles dans le rocher. Quand il y a tir d’arme à feu, il y a probablement des projectiles autour”, déclare l’ancien gendarme en désignant des balles encastrées dans la paroi. Les étudiants se remettent au travail, un peu déçus mais déterminés à mener à bien la mission.”Si je devais recruter dans ma cellule d’identification criminelle, je pourrais les embaucher”, s’enthousiasme Bruno Dolou, “mais ils ont encore beaucoup à apprendre”.