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Algérie: décision jeudi pour l’écrivain Sansal, au cÅ“ur de la crise avec Paris

Un tribunal algérien rend son jugement jeudi concernant l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis novembre et au cÅ“ur de la plus grave crise diplomatique entre ce pays et la France depuis des décennies.M. Sansal est accusé notamment d’atteinte à l’intégrité du territoire pour avoir repris à son compte, dans un média français d’extrême droite, la position du Maroc selon laquelle son territoire aurait été amputé au profit de l’Algérie sous la colonisation française. Son arrestation, le 16 novembre à Alger, avait aggravé les fortes tensions bilatérales provoquées l’été dernier par un revirement de la France, qui a apporté son soutien à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental.Lors de son procès le 20 mars, le procureur du tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d’Alger, a requis dix ans de prison ferme contre le romancier, âgé de 80 ans selon son éditeur Gallimard. Peu connu en France avant cette affaire, M. Sansal y bénéficie d’un vaste soutien. Mardi, à Paris, des centaines de personnes se sont rassemblées pour demander sa libération, dont des personnalités d’extrême droite comme Marine Le Pen et Eric Zemmour.Pour plusieurs analystes, le jugement de jeudi pourrait jouer un rôle crucial dans un déblocage du contentieux bilatéral.Le soir du réquisitoire, le président Emmanuel Macron a demandé sa libération rapide, disant avoir confiance dans “la clairvoyance” de son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune qui sait “que tout ça (les chefs d’accusation, ndlr) n’est pas sérieux”.Avant son incarcération, M. Sansal, un ancien haut fonctionnaire algérien, voix critique du pouvoir et anti-islamiste farouche, faisait des allers-retours fréquents en Algérie, où ses livres sont vendus librement.Pendant son procès, l’écrivain a nié toute intention de porter atteinte à son pays, expliquant avoir exercé sa “liberté d’expression” et exprimé “une opinion”, mais a reconnu, selon le journal Echorouk, avoir sous-estimé la portée de ses déclarations. M. Sansal, qui souffre d’un cancer, est apparu en “bonne santé” et a voulu se défendre seul, sans avocat, selon le quotidien.- “Entre de bonnes mains” -Signal encourageant pour Paris, le président Tebboune a déclaré samedi à des médias publics que le contentieux était “entre de bonnes mains”, avec comme “unique point de repère” son “alter égo” Emmanuel Macron. Sur le Sahara occidental, pourtant déclencheur de la brouille, M. Tebboune a tenu des propos mesurés et évoqué un “moment d’incompréhension” avec Paris.L’Algérie avait retiré son ambassadeur à Paris fin juillet et menacé d’autres représailles après l’alignement de M. Macron sur la position marocaine pour cette ancienne colonie espagnole, au statut toujours indéfini à l’ONU. Un conflit y oppose depuis un demi-siècle le Maroc, qui contrôle 80% du territoire, aux indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.Pour l’analyste Hasni Abidi, M. Tebboune voudrait une “issue rapide et honorable” à la crise avec Paris. Une fois l’affaire Sansal résolue, M. Macron aurait les coudées plus franches, selon l’expert, pour reprendre la main sur le dossier des relations avec Alger, “monopolisé par son ministre de l’Intérieur” Bruno Retailleau.Alger s’estime victime d’une cabale de la droite et l’extrême droite françaises, qui multiplient les appels à sanctionner, voire à rompre avec l’Algérie. M. Retailleau, en campagne pour la présidence du parti de droite Les Républicains, est à la pointe de cette bataille.Se disant ami de M. Sansal, il a menacé d’une “riposte graduée”, après le refoulement par l’Algérie d’influenceurs algériens, expulsés en janvier pour avoir menacé des opposants sur internet. Ce ministre a aussi pointé du doigt l’Algérie après un attentat meurtrier en France, commis en février par un Algérien ayant fait l’objet d’obligations de quitter le territoire, rejetées par Alger.Pour Hasni Abidi, divers scénarios sont possibles pour régler le cas Sansal: “une condamnation allégée ou assortie d’un sursis pour raisons médicales”, ou bien une peine de prison “suivie d’une grâce présidentielle” à la fin du ramadan, fin mars. 

Soudan du Sud: arrestation du premier vice-président Machar, craintes d’un nouveau conflit généralisé

Les forces du président du Sud-Soudan, Salva Kiir, ont arrêté mercredi son rival le premier vice-président Riek Machar, selon le parti de ce dernier, l’ONU s’alarmant du risque de voir le pays “retomber dans un conflit généralisé”.Un convoi de  véhicules lourdement armés conduit par le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale a “pénétré de force dans la résidence du vice-président” à Juba et celui-ci a été arrêté, selon un communiqué du parti SPLM-IO de M. Machar.Ce développement intervient après une journée marquée par des tirs d’artillerie près de Juba, capitale du plus jeune Etat de la planète, en proie à une instabilité chronique après une sanglante guerre civile entre les forces de MM. Kiir et Machar.Au terme de ce conflit qui a fait quelque 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018, les deux factions étaient parvenues à un fragile accord de partage du pouvoir.Aujourd’hui, “les dirigeants du pays sont sur le point de retomber dans un conflit généralisé”, s’est alarmé mercredi soir le chef de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), Nicholas Haysom.Une fin de l’accord de paix de 2018 “ne dévasterait pas seulement le Soudan du Sud, mais affecterait aussi toute la région”, a-t-il souligné.- Vague d’arrestations -Le parti de M. Machar a dit mercredi soir condamner “fermement les actes inconstitutionnels commis aujourd’hui par le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale” à l’encontre du premier vice-président.”Ses gardes du corps ont été désarmés et un mandat d’arrêt lui a été délivré, pour des accusation obscures”, a souligné le SPLM-IO dans un communiqué partagé sur Facebook par Reath Muoch Tang, responsable des relations extérieures de ce parti.Le Soudan du Sud, qui a déclaré son indépendance du Soudan en 2011, est resté la proie de la pauvreté et de l’insécurité depuis l’accord de 2018.Selon des analystes, M. Kiir, 73 ans, cherche depuis des mois à assurer sa succession et à affaiblir politiquement M. Machar. Depuis février, plus de 20 alliés politiques et militaires de ce dernier ont été arrêtés, plusieurs d’entre eux étant détenus au secret.La branche armée du parti de M. Machar a accusé les forces fédérales du président Kiir d’avoir attaqué deux de ses centres d’entraînement aux portes de Juba, mardi et mercredi. Un porte-parole de cette aile militaire, l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (SPLA-IO), a qualifié mercredi ces attaques de “terroristes” et a exhorté la communauté internationale à agir.Les centres d’entraînement ont été créés pour préparer les forces d’opposition à leur intégration dans l’armée unifiée, une disposition clé de l’accord de paix de 2018 visant à unir les troupes du gouvernement et de l’opposition.Ces attaques n’ont pas été confirmées par l’armée de M. Kiir, les Forces de défense du peuple du Soudan du Sud (SSPDF), qui ont toutefois accusé les forces de M. Machar de “manÅ“uvres agressives”.- “Nous retournons à la guerre” -Les détonations, entendues à l’aube mercredi par deux correspondants de l’AFP, ont plongé une partie de la population dans l’angoisse.”J’ai l’impression que nous retournons à la guerre alors que nous avons besoin de la paix”, a confié Lilian Sukeji, une habitante.L’Allemagne et la Norvège ont fermé leurs ambassades à Juba récemment et les Etats-Unis ainsi que le Royaume-Uni ont réduit leurs effectifs au strict minimum, appelant leurs ressortissants à quitter le pays.Ces quatre pays, ainsi que le Canada, les Pays-Bas et l’Union européenne, s’étaient précédemment proposés sans succès le 18 mars pour une médiation entre les deux dirigeants.Pour Daniel Akech, un chercheur de l’International Crisis Group interrogé par l’AFP, “la violence qui a commencé en mars à Nasir (nord-est, ndlr) semble s’étendre à un certain nombre d’Etats du Soudan du Sud”.Si un conflit plus large éclatait, il s’agirait “d’une violence très décentralisée, qu’il serait très difficile d’arrêter” car elle pourrait rapidement échapper au contrôle des deux dirigeants, a-t-il estimé, regrettant le refus de MM. Kiir et Machar d’entamer un dialogue malgré la pression de la communauté internationale.Le chef de la Minuss avait déjà dénoncé lundi des attaques indiscriminées contre les civils, en particulier des bombardements aériens avec des engins contenant un liquide “hautement inflammable”.Mercredi soir, il a appelé les deux camps à “faire avancer le pays vers la paix, le redressement et la démocratie dans l’esprit du consensus qui avait été atteint en 2018”.

Soudan du Sud: arrestation du premier vice-président Machar, craintes d’un nouveau conflit généralisé

Les forces du président du Sud-Soudan, Salva Kiir, ont arrêté mercredi son rival le premier vice-président Riek Machar, selon le parti de ce dernier, l’ONU s’alarmant du risque de voir le pays “retomber dans un conflit généralisé”.Un convoi de  véhicules lourdement armés conduit par le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale a “pénétré de force dans la résidence du vice-président” à Juba et celui-ci a été arrêté, selon un communiqué du parti SPLM-IO de M. Machar.Ce développement intervient après une journée marquée par des tirs d’artillerie près de Juba, capitale du plus jeune Etat de la planète, en proie à une instabilité chronique après une sanglante guerre civile entre les forces de MM. Kiir et Machar.Au terme de ce conflit qui a fait quelque 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018, les deux factions étaient parvenues à un fragile accord de partage du pouvoir.Aujourd’hui, “les dirigeants du pays sont sur le point de retomber dans un conflit généralisé”, s’est alarmé mercredi soir le chef de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), Nicholas Haysom.Une fin de l’accord de paix de 2018 “ne dévasterait pas seulement le Soudan du Sud, mais affecterait aussi toute la région”, a-t-il souligné.- Vague d’arrestations -Le parti de M. Machar a dit mercredi soir condamner “fermement les actes inconstitutionnels commis aujourd’hui par le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale” à l’encontre du premier vice-président.”Ses gardes du corps ont été désarmés et un mandat d’arrêt lui a été délivré, pour des accusation obscures”, a souligné le SPLM-IO dans un communiqué partagé sur Facebook par Reath Muoch Tang, responsable des relations extérieures de ce parti.Le Soudan du Sud, qui a déclaré son indépendance du Soudan en 2011, est resté la proie de la pauvreté et de l’insécurité depuis l’accord de 2018.Selon des analystes, M. Kiir, 73 ans, cherche depuis des mois à assurer sa succession et à affaiblir politiquement M. Machar. Depuis février, plus de 20 alliés politiques et militaires de ce dernier ont été arrêtés, plusieurs d’entre eux étant détenus au secret.La branche armée du parti de M. Machar a accusé les forces fédérales du président Kiir d’avoir attaqué deux de ses centres d’entraînement aux portes de Juba, mardi et mercredi. Un porte-parole de cette aile militaire, l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (SPLA-IO), a qualifié mercredi ces attaques de “terroristes” et a exhorté la communauté internationale à agir.Les centres d’entraînement ont été créés pour préparer les forces d’opposition à leur intégration dans l’armée unifiée, une disposition clé de l’accord de paix de 2018 visant à unir les troupes du gouvernement et de l’opposition.Ces attaques n’ont pas été confirmées par l’armée de M. Kiir, les Forces de défense du peuple du Soudan du Sud (SSPDF), qui ont toutefois accusé les forces de M. Machar de “manÅ“uvres agressives”.- “Nous retournons à la guerre” -Les détonations, entendues à l’aube mercredi par deux correspondants de l’AFP, ont plongé une partie de la population dans l’angoisse.”J’ai l’impression que nous retournons à la guerre alors que nous avons besoin de la paix”, a confié Lilian Sukeji, une habitante.L’Allemagne et la Norvège ont fermé leurs ambassades à Juba récemment et les Etats-Unis ainsi que le Royaume-Uni ont réduit leurs effectifs au strict minimum, appelant leurs ressortissants à quitter le pays.Ces quatre pays, ainsi que le Canada, les Pays-Bas et l’Union européenne, s’étaient précédemment proposés sans succès le 18 mars pour une médiation entre les deux dirigeants.Pour Daniel Akech, un chercheur de l’International Crisis Group interrogé par l’AFP, “la violence qui a commencé en mars à Nasir (nord-est, ndlr) semble s’étendre à un certain nombre d’Etats du Soudan du Sud”.Si un conflit plus large éclatait, il s’agirait “d’une violence très décentralisée, qu’il serait très difficile d’arrêter” car elle pourrait rapidement échapper au contrôle des deux dirigeants, a-t-il estimé, regrettant le refus de MM. Kiir et Machar d’entamer un dialogue malgré la pression de la communauté internationale.Le chef de la Minuss avait déjà dénoncé lundi des attaques indiscriminées contre les civils, en particulier des bombardements aériens avec des engins contenant un liquide “hautement inflammable”.Mercredi soir, il a appelé les deux camps à “faire avancer le pays vers la paix, le redressement et la démocratie dans l’esprit du consensus qui avait été atteint en 2018”.