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Congrès des Ecologistes: un vote sans suspense mais pas sans critiques

Les 16.000 adhérents écologistes votent de mercredi à vendredi pour choisir leur chef, et devraient sans suspense reconduire Marine Tondelier, qui a explosé médiatiquement depuis trois ans mais s’est attiré des critiques en interne, dans un parti qu’elle voulait apaiser.Forte, avant même le vote, de 2.500 soutiens d’adhérents, la conseillère régionale des Hauts-de-France, âgée de 38 ans, ne fait pas mystère de sa certitude d’être réélue à la tête des Ecologistes. Et sans doute dès le premier tour, face à trois concurrents moins médiatiques: l’ex-eurodéputée Karima Delli, le maire-adjoint de Paris Florentin Letissier et celle de Bordeaux Harmonie Lecerf-Meunier.Mais celle qui déplorait lors de son élection en 2022 les querelles intestines régulières du parti n’a pas échappé aux tensions: ses opposants ont dénoncé un “manque de démocratie” au sein de la formation, mettant en cause la récente modification des règles électorales, au service selon eux de la secrétaire nationale.”Mes opposants n’ont pas grand chose à redire au bilan de l’équipe sortante”, rétorque Marine Tondelier. “Donc ils ont passé plus de temps à se plaindre des nouveaux statuts, pourtant écrits au consensus avec toutes les sensibilités du parti et votés par 74% des adhérents, qu’à parler d’écologie politique”, ajoute la patronne des Verts, déjà en train d’écrire son discours pour son investiture le 26 avril. Marine Tondelier a remporté la semaine dernière un premier vote sur la désignation d’une partie des membres du Conseil fédéral, mais ses opposants soulignent qu’elle n’a obtenu qu’une majorité relative. “Quel que soit son score au poste de secrétaire nationale, elle n’aura pas de majorité”, affirme un observateur, qui estime que “si elle n’a pas fait plus, c’est à cause de la participation, la plus faible historiquement pour un congrès”. Marine Tondelier compte, pour cette deuxième phase du congrès, sur 3.000 adhérents supplémentaires, qui n’avaient pas les six mois de cotisation nécessaires pour voter lors de la première phase.    En plus du vote pour la tête du parti, les militants sont aussi invités à choisir, par des votes uninominaux, le secrétariat exécutif (deux secrétaires nationaux adjoints, deux porte-parole et un trésorier). “Le système électoral est fait pour qu’elle ait les six postes”, remarque un écologiste, “mais il y a un sujet Eric Piolle”. – Incontournable à gauche –  Le maire de Grenoble, qui souhaite devenir porte-parole, a été évincé de la liste Tondelier, qui lui a préféré un candidat de la Manche issu de la ruralité, Guillaume Hédouin. Mais Eric Piolle, premier maire écologiste d’une grande ville, a maintenu sa candidature et peut espérer l’emporter, au regard de sa notoriété. Dans un email interne, Marine Tondelier a clairement appelé à voter pour M. Hédouin, arguant que s’il n’était pas élu, cela signifierait qu’elle a “essayé de donner plus de voix aux ruralités”, mais que “les adhérents n’ont pas voulu”.Les militants doivent également voter pour les membres du bureau politique (12 membres, scrutin de liste à la proportionnelle), et devraient permettre à la députée Sandrine Rousseau d’être présente dans cette instance, malgré une modification du quota des représentants franciliens.Pour l’observateur cité plus haut, “Marine élimine les gens pour être la seule candidate possible en 2027” lors de la présidentielle.Des accusations qui exaspèrent Marine Tondelier, au regret de constater que “les congrès sont toujours l’occasion donnée aux journalistes de nous caricaturer en égoïstes querelleurs”.     Malgré des reproches en interne sur sa gestion de l’affaire Julien Bayou, et sur l’échec cinglant des Européennes (5,5%), celle qui ne se déplace plus sans son emblématique veste verte préfère revendiquer ses succès.Elle rappelle que depuis son élection, les Ecologistes ont gagné plus de 240.000 sympathisants et engrangé plus de 18.000 adhérents, et “n’ont jamais eu autant d’élus locaux et nationaux”, ni eu une secrétaire nationale avec “autant de visibilité médiatique”.Elle se targue aussi d’avoir rendu son parti incontournable dans l’union de la gauche, après la dissolution de l’Assemblée nationale. “Mon travail à la fin du congrès sera d’être moteur de la construction de l’unité” pour 2027, souligne-t-elle.    Et si elle refuse de s’exprimer sur ses ambitions présidentielles, ses proches assurent qu’elle serait “la leader naturelle” s’il fallait désigner une candidature écologiste.

Entre inflation des bouteilles et nouveaux goûts, la consommation mondiale de vin au plus bas depuis 1961

Des perturbations conjoncturelles mais aussi une tendance de fond: la consommation mondiale de vin a de nouveau reculé en 2024, à son plus bas niveau depuis 1961, estime mardi l’Organisation internationale du vin (OIV) qui constate un manque de visibilité face aux incertitudes économiques.Les achats de vin ont diminué de 3,3% par rapport à 2023, à 214,2 millions d’hectolitres (mhl), détaille l’OIV dans son rapport annuel, basé sur des chiffres officiels des Etats. Si cette estimation était confirmée, “ce serait le plus faible volume enregistré depuis 1961” (213,6 mhl).A l’oeuvre, une demande en baisse sur des marchés clés comme les Etats-Unis et des prix moyens gonflés par de faibles volumes de production, la hausse des coûts et l’inflation générale: le consommateur paie son vin en moyenne 30% plus cher qu’en 2019-20. C’est “la tempête parfaite”, souligne Giorgio Delgrosso, responsable de la division statistiques de l’OIV.La consommation est à la baisse depuis 2018 (-12%), avec notamment le recul des ventes en Chine, en dépit d’un rebond post-Covid en 2021.”Au-delà des perturbations économiques et géopolitiques de court terme, il importe de prendre en compte les facteurs structurels de long terme qui contribuent aussi au déclin observé de la consommation”, souligne l’organisation intergouvernementale créée il y a 101 ans: nouvelles préférences de consommation ou modes de vie…En Europe, qui représente 48% des ventes, la consommation a baissé de 2,8% en 2024. Et en France, pays souvent associé au vin, la consommation diminue progressivement depuis des décennies et a encore reculé de 3,6% l’an dernier.”Il y a une baisse générationnelle: on ne boit plus que dans un cadre festif et les jeunes consomment moins que leurs parents,” rappelle auprès de l’AFP le caviste français Nicolas, qui estime toutefois qu’ “on boit moins, mais mieux”, avec une “augmentation du coût des produits”.L’Espagne et le Portugal comptent parmi les rares marchés européens où la consommation a crû, modestement.Premier marché mondial, les Etats-Unis ont vu leur consommation régresser de 5,8%, à 33,3 mhl.A terme, le repli de l’inflation promis pour 2026 par des économistes “va-t-il ramener la Chine et les Etats-Unis? Ou bien va-t-on se stabiliser sur des niveaux un peu plus bas? Ce sont les deux scénarios”, difficiles à départager à ce stade, explique Giorgio Delgrosso. “Il faut voir ce qui se passe côté Trump, côté commerce international, puisque (…) ça peut être une autre bombe”, a-t-il aussi relevé.- Récolte plus faible que prévu -La production des viticulteurs a parallèlement reculé en 2024 à son plus bas niveau depuis plus de 60 ans, de 4,8% à 225,8 mhl. C’est encore moins que les estimations les plus pessimistes publiées fin 2024, Espagne et Etats-Unis ayant abaissé leurs chiffres.Les récoltes ont subi une surabondance de pluies dans certaines zones, de la sécheresse sur d’autres.L’Europe (61% du total) présente la récolte la plus faible de ce siècle.L’Italie retrouve la place de 1er producteur mondial, à 44 millions d’hectolitres; la production française tombe (-23%) à son plus faible niveau depuis 1957, mais reste 2e avec 36,1 mhl.Arrivent ensuite l’Espagne (31 mhl), les Etats-Unis (21,1 mhl, en baisse de 17,2% du fait notamment de chaleurs extrêmes).L’hémisphère Sud n’avait pas vu récolte aussi réduite depuis 20 ans.Les effets d’une production en recul et de prix plus élevés, se sont faits sentir sur le commerce international, avec 99,8 mhl exportés, comme en 2023 mais 5% en deçà de la moyenne des cinq dernières années.Ce recul en volume a cependant été compensé par une forte valeur à l’export: 35,9 milliards d’euros de vin ont été échangés l’an dernier, grâce à un prix moyen de 3,60 euros par litre, le même niveau record qu’en 2023.L’Italie, premier exportateur mondial, a vu ses commandes croître, tirées notamment par les vins pétillants comme le Prosecco.La surface cultivée a elle aussi continué à décliner. Mais cela “ne nous inquiète pas trop”, note M. Delgrosso: ce peut être une réponse au marché mais aussi un signe d’efficacité améliorée, d’abandon de certaines zones ou encore l’effet de réglementations.

Entre inflation des bouteilles et nouveaux goûts, la consommation mondiale de vin au plus bas depuis 1961

Des perturbations conjoncturelles mais aussi une tendance de fond: la consommation mondiale de vin a de nouveau reculé en 2024, à son plus bas niveau depuis 1961, estime mardi l’Organisation internationale du vin (OIV) qui constate un manque de visibilité face aux incertitudes économiques.Les achats de vin ont diminué de 3,3% par rapport à 2023, à 214,2 millions d’hectolitres (mhl), détaille l’OIV dans son rapport annuel, basé sur des chiffres officiels des Etats. Si cette estimation était confirmée, “ce serait le plus faible volume enregistré depuis 1961” (213,6 mhl).A l’oeuvre, une demande en baisse sur des marchés clés comme les Etats-Unis et des prix moyens gonflés par de faibles volumes de production, la hausse des coûts et l’inflation générale: le consommateur paie son vin en moyenne 30% plus cher qu’en 2019-20. C’est “la tempête parfaite”, souligne Giorgio Delgrosso, responsable de la division statistiques de l’OIV.La consommation est à la baisse depuis 2018 (-12%), avec notamment le recul des ventes en Chine, en dépit d’un rebond post-Covid en 2021.”Au-delà des perturbations économiques et géopolitiques de court terme, il importe de prendre en compte les facteurs structurels de long terme qui contribuent aussi au déclin observé de la consommation”, souligne l’organisation intergouvernementale créée il y a 101 ans: nouvelles préférences de consommation ou modes de vie…En Europe, qui représente 48% des ventes, la consommation a baissé de 2,8% en 2024. Et en France, pays souvent associé au vin, la consommation diminue progressivement depuis des décennies et a encore reculé de 3,6% l’an dernier.”Il y a une baisse générationnelle: on ne boit plus que dans un cadre festif et les jeunes consomment moins que leurs parents,” rappelle auprès de l’AFP le caviste français Nicolas, qui estime toutefois qu’ “on boit moins, mais mieux”, avec une “augmentation du coût des produits”.L’Espagne et le Portugal comptent parmi les rares marchés européens où la consommation a crû, modestement.Premier marché mondial, les Etats-Unis ont vu leur consommation régresser de 5,8%, à 33,3 mhl.A terme, le repli de l’inflation promis pour 2026 par des économistes “va-t-il ramener la Chine et les Etats-Unis? Ou bien va-t-on se stabiliser sur des niveaux un peu plus bas? Ce sont les deux scénarios”, difficiles à départager à ce stade, explique Giorgio Delgrosso. “Il faut voir ce qui se passe côté Trump, côté commerce international, puisque (…) ça peut être une autre bombe”, a-t-il aussi relevé.- Récolte plus faible que prévu -La production des viticulteurs a parallèlement reculé en 2024 à son plus bas niveau depuis plus de 60 ans, de 4,8% à 225,8 mhl. C’est encore moins que les estimations les plus pessimistes publiées fin 2024, Espagne et Etats-Unis ayant abaissé leurs chiffres.Les récoltes ont subi une surabondance de pluies dans certaines zones, de la sécheresse sur d’autres.L’Europe (61% du total) présente la récolte la plus faible de ce siècle.L’Italie retrouve la place de 1er producteur mondial, à 44 millions d’hectolitres; la production française tombe (-23%) à son plus faible niveau depuis 1957, mais reste 2e avec 36,1 mhl.Arrivent ensuite l’Espagne (31 mhl), les Etats-Unis (21,1 mhl, en baisse de 17,2% du fait notamment de chaleurs extrêmes).L’hémisphère Sud n’avait pas vu récolte aussi réduite depuis 20 ans.Les effets d’une production en recul et de prix plus élevés, se sont faits sentir sur le commerce international, avec 99,8 mhl exportés, comme en 2023 mais 5% en deçà de la moyenne des cinq dernières années.Ce recul en volume a cependant été compensé par une forte valeur à l’export: 35,9 milliards d’euros de vin ont été échangés l’an dernier, grâce à un prix moyen de 3,60 euros par litre, le même niveau record qu’en 2023.L’Italie, premier exportateur mondial, a vu ses commandes croître, tirées notamment par les vins pétillants comme le Prosecco.La surface cultivée a elle aussi continué à décliner. Mais cela “ne nous inquiète pas trop”, note M. Delgrosso: ce peut être une réponse au marché mais aussi un signe d’efficacité améliorée, d’abandon de certaines zones ou encore l’effet de réglementations.

République dominicaine: première plainte pour “homicide involontaire” après le drame de la discothèque

La famille d’une des 231 personnes décédées lors de l’effondrement du toit d’une discothèque dominicaine a déposé la première plainte mardi pour “homicide involontaire” contre les responsables de l’établissement mais aussi contre les “institutions publiques” pour “omissions dans l’accomplissement des devoirs légaux”.Le gérant du Jet Set a dit dans un communiqué dans l’après-midi être à “l’entière disposition” de la justice. “C’est la justice qu’on vous demande et qu’on espère mériter” après cette “tragédie évitable”, écrit Me Félix Humberto Portes Nunez, avocat de la veuve et des parents de Virgilio Rafael Cruz Aponte, décédé lors du drame.Considérée comme la plus grande tragédie du siècle en République dominicaine, la catastrophe dépasse, en termes de bilan humain, l’incendie en 2005 d’une prison à Higuey, dans l’est du pays, qui avait coûté la vie à 136 détenus.”Il résulte sans équivoque qu’il y a suffisamment” d’éléments pour accuser les responsables de la discothèque d'”homicide involontaire”, selon le texte de la plainte déposée au parquet dont l’AFP a obtenu une copie. Le Jet Set, “52 ans après son ouverture, connaissait des fuites, des chutes partielles de morceaux et de poussières du plafond”, est-il ajouté.- “Chaîne de négligences” -“L’affaiblissement de la structure dû à l’ancienneté, un incendie, réparations, infiltrations, charges indues sur le plafond telles que des entrepôts, des équipements lourds de climatisation”, sont également pointés dans la plainte.La famille de la victime accuse aussi les responsables d’avoir “fait preuve de négligence en ne réalisant pas une planification adéquate dans (…) la conception de la sécurité, le renforcement des structures et du plafond du bâtiment et n’ont pas respecté les réglementations et normes”.L’avocat vise aussi les autorités: “Les faits décrits ici témoignent d’une chaîne de négligences structurelles et d’omissions de sécurité, attribuables non seulement aux gestionnaires, actionnaires de la discothèque, mais aussi aux institutions publiques”.”Ces institutions, en manquant à leurs devoirs d’inspection, de surveillance et de contrôle, ont violé leurs fonctions légales et ont favorisé un environnement dangereux qui a culminé dans cette tragédie évitable”, accuse l’avocat.”L’Etat dominicain peut être poursuivi pour responsabilité civile, tant pour des actes illicites commis par ses agents que pour des omissions dans l’accomplissement de ses devoirs légaux, lorsque ces actions ou omissions causent un dommage aux particuliers”, ajoute le texte.Le toit de la discothèque s’est effondré le 8 avril à 00H44 (04H44 GMT) alors qu’entre 500 et 1.000 personnes assistaient à un concert de la star du merengue Rubby Pérez, morte lors de l’accident. Quelque 189 personnes ont été secourues.Dans l’après-midi, Antonio Espaillat, gérant du Jet Set, s’est adressé au parquet pour “manifester formellement et expressément (son) entière disposition à collaborer avec le procureur (…) dans le cadre de l’enquête”.  “Nous réaffirmons, de manière solennelle et sans réserve, notre engagement à répondre à toute demande de ce Procureur (…) pour contribuer avec transparence, respect et dignité à la clarification des faits”, selon le texte. “Tout cela, conscients de la douleur profonde qui accable les victimes, leurs familles, et la société dominicaine dans son ensemble; une douleur que nous partageons avec une véritable consternation”, conclut le texte. Lundi, le président Luis Abinader avait souligné lors de sa conférence de presse hebdomadaire: “Nous allons respecter le fait que la justice sera rendue comme elle doit l’être. Et vous ne trouverez aucune intervention du gouvernement”.Le président a indiqué qu’il n’existait pas d’obligation de supervision des travaux de construction privés dans le pays, et reconnu: “Il y a un vide dans la loi, que nous devons résoudre”.La présidence a annoncé la création d’une commission d’experts nationaux et internationaux pour déterminer les causes du désastre.

Soudan: les paramilitaires annoncent un gouvernement rival après deux ans de guerre

Le chef des paramilitaires au Soudan, Mohamed Hamdane Daglo, a annoncé mardi la mise en place d’un gouvernement rival, au 2e anniversaire de la guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plongé une partie du pays dans la famine.Réunis à Londres, des responsables d’une quinzaine de pays dont l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, et des organisations internationales ont appelé à un “cessez-le-feu immédiat et permanent” au Soudan et souligné “la nécessité d’empêcher toute partition” de ce pays d’Afrique de l’Est.Une demande de cessez-le-feu réitérée un peu plus tard par les pays du G7 qui demandent également à tous les “acteurs extérieurs de cesser tout soutien qui alimente davantage le conflit”, dans un communiqué.La guerre a éclaté le 15 avril 2023 entre l’armée régulière commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Daglo, son ancien adjoint.”En cet anniversaire, nous affirmons avec fierté la mise en place d’un gouvernement de paix et d’unité”, a indiqué le général Daglo sur son compte Telegram, annonçant notamment une “nouvelle monnaie” et une “nouvelle carte d’identité”.”Ce gouvernement représente le véritable visage du Soudan”, a-t-il soutenu.Plus de deux semaines avant cet anniversaire, l’armée a repris le contrôle de Khartoum d’où elle avait été chassée par les FSR juste après le début de la guerre. Des centaines de milliers de personnes avaient fui la capitale.Beaucoup de civils ont célébré ce qui était pour eux une “libération” après près de deux ans passés sous l’emprise des paramilitaires, accusés de génocide, de pillages et de violences sexuelles. Zainab Abdelrahim, une femme de 38 ans, est rentrée début avril à Khartoum avec ses six enfants, où elle a à peine reconnu sa maison pillée. “Nous essayons de rassembler l’essentiel, mais il n’y a ni eau, ni électricité, ni médicaments.”- “Nous n’avons cessé de courir” -Selon l’ONU, plus de 2,1 millions de déplacés pourraient rentrer à Khartoum dans les six mois, si les conditions de sécurité et les infrastructures le permettent.Après la perte de Khartoum, les paramilitaires ont concentré leurs attaques au Darfour (ouest) pour tenter de s’emparer d’El-Facher, la dernière capitale provinciale de cette région à leur échapper.Dimanche, les FSR qui contrôlent presque totalement le Darfour, ont annoncé avoir pris le camp de Zamzam, proche d’El-Facher, où vivaient plus de 500.000 déplacés frappés par la famine, lors d’un assaut qui a fait plus de 400 morts selon l’ONU.D’après l’Organisation internationale pour les migrations, environ 400.000 civils ont fui ce camp.”Ils sont entrés à Zamzam et ont commencé à nous tirer dessus”, raconte à l’AFP Amna Hussein, 36 ans, blessée d’une balle à la main avant de fuir le camp de Zamzam vers la ville de Tawila, à quelque 60 km plus loin.”J’ai enveloppé ma main d’un tissu pour stopper le sang et nous n’avons cessé de courir”, témoigne-t-elle, exténuée par trois jours de marche, la main enflée.L’armée du général Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, contrôle le nord et l’est, tandis que les paramilitaires dominent le sud et l’ouest. Lundi, Antonio Guterres a appelé à mettre fin “au soutien extérieur et au flux d’armes” qui alimentent la guerre.L’armée soudanaise accuse les Emirats arabes unis de soutenir les paramilitaires en leur livrant des armes, ce que nient les FSR et les Emirats.- Plus de 800 millions d’euros -Dans leur communiqué final, les participants à la conférence de Londres, se sont engagés à mobiliser plus de 800 millions d’euros supplémentaires pour ce pays enfoncé dans une crise humanitaire catastrophique.”Beaucoup ont abandonné le Soudan (…) C’est une erreur morale lorsqu’il y a autant de civils décapités, des nourrissons d’à peine un an victimes de violences sexuelles, et plus de personnes menacées de famine que partout ailleurs dans le monde”, a dit le chef de la diplomatie britannique David Lammy à l’occasion de cette conférence.”Continuer à détourner le regard du Soudan aura des conséquences catastrophiques”, a dit le Haut-Commissaire de l’ONU aux réfugiés, Filippo Grandi.La destruction du système de santé au Soudan rend impossible tout bilan exact de victimes. En 2024, l’ex-émissaire de l’ONU au Soudan, Tom Perriello, avait avancé des estimations faisant état de 150.000 morts.Les belligérants ont été accusés de viser des civils, de bombarder aveuglément des zones habitées et de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire.Près de 25 millions de Soudanais souffrent d’insécurité alimentaire aigüe, dont huit millions sont au bord de la famine, selon l’ONU.