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Échanges d’insultes entre Ukrainiens et Russes avant les pourparlers attendus à Istanbul

Volodymyr Zelensky a qualifié jeudi de “pure façade” la délégation envoyée par Moscou pour les premiers pourparlers de paix russo-ukrainiens sans intermédiaire depuis 2022, Moscou répliquant en le traitant de “clown”, jetant un doute sur l’issue de ces discussions auxquelles Vladimir Poutine n’a pas prévu de participer.La délégation russe est arrivée à Istanbul, mais pas encore l’équipe ukrainienne, dont la présence “sur place” dépend de “la décision” de M. Zelensky, selon un haut responsable ukrainien, suggérant ainsi que la tenue de cette réunion n’était pas encore totalement assurée.Le président américain Donald Trump a, lui, estimé ne pas s’attendre à des progrès dans les discussions tant qu’il n’aura pas rencontré Vladimir Poutine, alors que l’armée russe continue de progresser sur le front, malgré les pertes.En dépit de l’importance de cette réunion qu’il avait lui-même annoncée et la demande de Volodymyr Zelensky de discuter face-à-face, Vladimir Poutine n’a “pas prévu pour le moment” de se rendre en Turquie, a indiqué son porte-parole, Dmitri Peskov.A sa place, le maître du Kremlin a envoyé une délégation emmenée par l’un de ses conseillers de second plan, Vladimir Medinski. Un profil qui tranche avec les hauts responsables réunis mercredi soir autour du président russe pour “préparer les négociations”, selon le Kremlin, mais qui ne font pas partie du voyage.Né en Ukraine soviétique, M. Medinski est connu pour sa lecture nationaliste de l’histoire de la Russie. En 2023, il avait déclaré que l’Ukraine faisait “partie de la terre russe”. Il avait déjà pris part aux dernières négociations de paix directes entre Kiev et Moscou, au printemps 2022, qui avaient échoué.- “Pitoyable” -A son arrivée à Ankara, en Turquie, Volodymyr Zelensky a immédiatement critiqué cette équipe de négociateurs russes, la qualifiant de “pure façade” et s’interrogeant sur sa capacité à “prendre des décisions”.La réponse, cinglante, n’a pas tardé de la part de Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe: “Qui utilise l’expression de +pure façade+ ? Un clown ? Un raté ?”, a-t-elle taclé, lors de son briefing hebdomadaire, interrogée en direct.Cet échange d’invectives sème le doute le jour de cette rencontre prévue censée enclencher un processus diplomatique pour trouver une issue à l’invasion russe de l’Ukraine, lancée en février 2022 et qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de civils et militaires.La délégation russe est arrivée dans la matinée à Istanbul, sans Vladimir Poutine donc, alors que Volodymyr Zelensky l’avait mis au défi de venir “en personne” en Turquie et de l’y rencontrer.Réagissant jeudi à cette demande depuis Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que M. Zelensky était “pitoyable”. A Istanbul, les discussions “sont décalées en deuxième partie de journée”, avait annoncé au préalable Maria Zakharova. Kiev n’a, de son côté, pas communiqué l’horaire de la réunion, ni la composition exacte de sa délégation.”Si le président en décide ainsi, la délégation sera sur place”, a assuré en milieu d’après-midi un haut responsable ukrainien à l’AFP.Depuis Ankara, Volodymyr Zelensky a annoncé avoir emmené en Turquie une équipe “du plus haut niveau”, mais il n’a pas dit qui devait se rendre précisément à Istanbul et s’il irait, lui, personnellement ou non.- “Rien ne se passera” -Sur les rives du Bosphore, devant le palais de Dolmabahçe, où doit avoir lieu la rencontre, plusieurs centaines de journalistes font le pied de grue depuis la matinée, selon des journalistes de l’AFP présents sur place.Ces discussions avaient été annoncées par Vladimir Poutine, le week-end dernier, en réponse à un ultimatum de Kiev et des Européens — qui tentent tant bien que mal de faire entendre leur voix — lui ordonnant d’accepter un cessez-le-feu. Le président russe avait balayé cette offre coordonnée de concert avec Washington.Le président américain Donald Trump, qui pousse Kiev et Moscou à négocier, a pour sa part répété jeudi qu’il pourrait se rendre “vendredi” en Turquie en cas de progrès dans les discussions.Mais, selon lui, “rien ne se passera (…) tant que (Poutine) et moi ne serons pas ensemble”, a-t-il affirmé plus tard, disant vouloir trouver “une solution car trop de gens meurent”.Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a lui dit penser avoir “suffisamment de raisons d’espérer” dans le succès des pourparlers que la Turquie doit accueillir.Pourtant, l’Ukraine et la Russie continuent d’afficher des exigences difficilement conciliables, alors que Moscou, dont l’armée a revendiqué jeudi la conquête de deux nouvelles localités dans la région orientale de Donetsk, occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien.

Sri Lanka: la difficile reconquête des terres agricoles polluées par le sel de mer

Sameera Dilshan appartient à l’élite de la police srilankaise. Avec quatre de ses hommes, il a hérité d’une mission inédite: remettre en culture des champs pollués par le sel de la mer, un phénomène ancien qui s’accélère avec le changement climatique.A deux heures de route au sud de la capitale Colombo, voici Katakurunda, un des camps de la redoutée “Special Task Force” (STF).Pendant que ses collègues s’entraînent au maintien de l’ordre sous la chaleur humide des côtes de l’océan Indien tout proche, le commando-paysan de la police bine, arrache et arrose.Son objectif ? Ressusciter une rizière déclarée morte il y a près de quarante ans à cause de la salinité de son sol.Un projet modèle dont l’importance stratégique justifie qu’il ait été confié à l’élite des forces de l’ordre, dans un pays où près de 8% de la totalité des terres arables sont affectées par une salinité excessive.”Cette plantation a démarré en 2022 dans le cadre d’une initiative du gouvernement pour développer la sécurité alimentaire”, explique le sous-officier.”On nous a donné ces terres marécageuses pour essayer d’y cultiver de la noix de coco selon une pratique agricole utilisée en Thaïlande ou en Indonésie”, ajoute-t-il.Cette méthode “Sorjan” consiste à remodeler les terres agricoles en y creusant des bassins pour l’élevage piscicole ou les cultures résistantes aux inondations, pendant que leurs bords surélevés sont réservés aux variétés plus fragiles.- “Rendements menacés” -“C’est un système de production efficace et résistant aux aléas du climat, qui optimise l’utilisation des terres, leur productivité et augmente les profits des agriculteurs”, résume Buddhi Marambe, enseignant à l’université de Peradeniya.”Nous entretenons 360 cocotiers (…) ainsi que des citrouilles, des calebasses et du concombre”, décrit Sameera Dilshan. “Dans deux ans et demi, nous saurons si c’est un succès ou pas”.Selon un rapport publié en 2024 par l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO), l’eau salée des mers et des océans affecte 10,7% des terres de la planète, jusqu’à les rendre incultivables.Il remonte les cours d’eau à marée haute, s’incruste dans les sols à l’évaporation et contamine les nappes phréatiques utilisées pour leur irrigation.   Le réchauffement de la planète, qui accroît l’aridité des sols, réduit les ressources en eau et fait monter le niveau des mers, devrait faire passer la part de ces terres “salées” de 24 à 32% de la superficie mondiale d’ici à la fin du siècle, estime la FAO.Ces phénomènes “menacent la productivité agricole et réduisent le rendement des récoltes dans les zones salées”, avertit l’institution.Le Sri Lanka n’échappe pas à la règle.Selon le Pr. Marambe, 223.000 hectares, dont la moitié de rizières, sont aujourd’hui affectés par leur salinité au Sri Lanka.- “Pénuries” -Au sud de la plantation expérimentale des policiers de la STF, le village de Parappuwa en est entouré.Ici, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de l’océan, seule une infime partie des rizières est encore cultivée. “Tout est pollué par le sel qui remonte à marée haute”, constate Gamini Piyal Wijesinghe, le doigt pointé sur un petit ruisseau.”Au total, 18 anicots (barrages) ont été construits pour empêcher l’eau de mer de remonter. Mais ils n’ont pas été construits correctement”, peste-t-il, “l’eau peut passer au travers”.Alors lorsqu’il a quitté l’armée, ce fils de riziculteur s’est reconverti dans la restauration. D’autres agriculteurs du coin ont fait le choix de la cannelle ou l’hévéa (arbre-caoutchouc).”La cannelle marche plutôt bien, mais nos revenus ont nettement baissé depuis que nous ne faisons plus de riz”, confirme le chef de l’association locale des agriculteurs, W.D. Jayaratne. “En plus, nous avons connu des pénuries de riz”.Et l’avenir s’annonce sombre. “La salinité de l’eau augmente. Il y a aussi les insectes”, poursuit le même, “partout il n’y a que des problèmes”.Les autorités semblent avoir pris conscience de la menace.Dans le district de Kalutara, elles offrent gratuitement aux paysans des terres abandonnées pour les remettre en culture.”Nous avons déjà alloué 400 hectares, on envisage d’aller jusqu’à 1.000 d’ici deux ans”, assure le chef du district, Janaka Gunawardana. “Il y a une forte demande pour la noix de coco, ça va créer des revenus pour notre population”.- Variétés résistantes -A Katukurunda, Aruna Priyankara Perera n’a pas longtemps hésité avant de sauter sur l’occasion.”J’ai acquis deux hectares à côté de mon hôtel pour copier l’expérience menée par les STF”, dit-il devant son champ fraîchement planté de cocotiers et de citrouilles. “La terre est gratuite pendant deux ans, il faut juste prouver qu’elle est cultivée”.Elément de base du régime alimentaire local, le riz fait l’objet de toutes les attentions des autorités.”La salinité des sols est un problème majeur au Sri Lanka”, alerte le Pr. Marambe. “Nous avons testé avec succès plusieurs variétés prometteuses de riz résistant à la salinité et aux inondations”.L’enjeu est de taille.Une récente étude menée dans l’estuaire de la rivière Bentota, dans le sud-ouest de l’île, a relevé que la moitié des riziculteurs locaux avaient perdu tous leurs revenus à cause de la pollution saline.Plus grave, c’est la sécurité alimentaire du Sri Lanka qui est désormais menacée. La production de riz a atteint son plus bas niveau depuis 2019 lors de la dernière récolte (de septembre à mars).”Si nous ne nous retroussons pas tous les manches pour remettre en culture et en production les zones polluées par le sel”, avertit le Pr. Buddhi Marambe, “l’avenir sera de plus en plus sombre”.

Inde: après les bombes, le retour à la frontière de la famille Sharma

Lorsque les obus pakistanais ont commencé à tomber sur la ville frontalière de Poonch, au Cachemire indien, Shruti Sharma a tout juste eu le temps d’attraper ses trois enfants et de saluer précipitamment sa belle-mère avant de prendre la fuite.Alors quand, une semaine plus tard, elle peut enfin retrouver son quartier, l’émotion et le soulagement …

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Inde: après les bombes, le retour à la frontière de la famille Sharma

Lorsque les obus pakistanais ont commencé à tomber sur la ville frontalière de Poonch, au Cachemire indien, Shruti Sharma a tout juste eu le temps d’attraper ses trois enfants et de saluer précipitamment sa belle-mère avant de prendre la fuite.Alors quand, une semaine plus tard, elle peut enfin retrouver son quartier, l’émotion et le soulagement emportent tout. “Jamais je n’aurais imaginé revoir ma maison intacte”, lâche-t-elle.Coincé au cÅ“ur d’un entrelacs de ruelles, le logement de cette enseignante de 37 ans est resté debout. Tout autour, d’autres ont eu moins de chance, privés de fenêtres, d’un morceau de toit, voire réduits à un amas de débris.”C’est un miracle”, résume la belle-mère, Champa Devi, en couvant d’un Å“il inquiet son petit-fils de 2 ans, Daksh, dans sa voiture à pédales. “J’avais renoncé à l’idée de revoir mes petits-enfants”.Comme celle de Shruti Sharma, de nombreuses familles de cette ville posée le long de la “ligne de contrôle” qui sépare Inde et Pakistan n’ont eu d’autre choix que l’exode.Le soleil n’était pas encore levé le 7 mai lorsque l’artillerie pakistanaise a ouvert le feu sur la localité.Quelques heures plus tôt, l’Inde avait lancé une volée de missiles contre des sites pakistanais qui, selon elle, abritaient des éléments du groupe jihadiste qu’elle soupçonne d’avoir assassiné 26 civils le 22 avril à Pahalgam, à 200 km de là.- “Réveil en panique” -Islamabad a riposté en visant à son tour une série de cibles sur le sol indien.Poonch a été sévèrement touchée: au moins 13 civils tués et près de 50 blessés en quelques heures.”C’était une nuit de terreur”, se souvient sobrement Shruti Sharma. A l’aube, elle s’est engouffrée dans un taxi pour se mettre à l’abri chez sa sÅ“ur dans la grande ville de Jammu, à 300 km de là.Le périple dure 12 heures, rythmé par les appels téléphoniques et les messages l’informant de la situation à Poonch.”Quelqu’un m’a appelé pour me dire que mon neveu avait été tué par l’explosion d’une station-service”, raconte-t-elle. “Notre taxi s’y était arrêté pour le plein 10 minutes plus tôt…”Pendant tout son séjour chez sa sÅ“ur, Shruti Sharma est restée en étroit contact avec son mari, resté à Poonch, et le reste de la famille.”Nous étions éloignés physiquement mais le traumatisme a voyagé avec nous”, décrit l’enseignante. “Très souvent, je me suis réveillée en pleine nuit, complètement paniquée”.Le retour vers Poonch sera beaucoup plus apaisé. Partie aux premières lueurs du jour, la famille prend le temps de s’arrêter en bordure d’autoroute pour petit-déjeuner. Omelette, toasts, thé pour les adultes, un soda pour les enfants.- “Plus comme avant” -Entre les tables, les conversations avec les autres familles qui rentrent sont sombres. Du bout des lèvres, on échange les noms des membres de la famille ou des amis morts sous les bombes.”Vous ne pouvez pas imaginer ce que nous avons vécu”, lâche Purnima, la mère de Shruti Sharma. “Poonch ne sera plus jamais comme avant”.Quelques heures de route et c’est l’heure de déjeuner. Dans la voiture qui continue de rouler, on dévore un curry de poulet et de riz préparé la veille, dans des assiettes en carton.La frontière approche. Après avoir traversé la plaine, la route serpente dans la vallée, au milieu des villages. La maison n’est plus très loin.”Ça fait du bien de rentrer chez soi”, soupire la mère de famille. “Mais je ne peux pas m’enlever de l’esprit que quelque chose de terrible pourrait à nouveau nous arriver”.Le long de la ligne de démarcation qui sépare les deux armées, certains signalent la présence de drones, et les obus ont continué à tomber sur Poonch jusqu’au cessez-le-feu conclu samedi.Le soleil est presque couché quand la voiture atteint enfin le quartier de la famille.Sanjeev, le mari de Sharma, est là. Debout dans l’allée qui mène à la maison, il attend le retour des siens. Son fils Daksh saute dans ses bras. C’est l’heure du thé, le premier de la famille réunie.”Enfin”, lâche la belle-mère, Champa Devi, “je me sens revivre”.

La Chine appelle la France à un climat d’affaires “plus équitable” (vice-Premier ministre)

Le vice-Premier ministre chinois He Lifeng a appelé jeudi la France à proposer un climat des affaires “plus équitable, plus juste et plus prévisible”, à l’occasion d’une visite à Paris, au moment où plusieurs dossiers affectent la relation économique entre les deux pays.La Chine “espère que la France offrira un climat des affaires plus équitable, plus juste et plus prévisible”, a déclaré le dirigeant chinois en préambule d’une réunion avec le ministre français de l’Economie Eric Lombard au ministère.Les relations entre la France et la Chine ont été affectées ces derniers mois par plusieurs dossiers économiques épineux qui touchent notamment la filière française du cognac et de la viande bovine.Des mesures antidumping temporaires de Pékin imposent depuis mi-novembre aux importateurs de brandys européens (eaux-de-vie de vin, essentiellement du cognac) de déposer auprès des douanes chinoises une caution, en représailles à une procédure européenne visant les subventions d’État dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.Ces mesures ont porté un coup en France à la filière cognac, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois depuis leur instauration.Emmanuel Macron s’est déclaré mardi “raisonnablement optimiste” quant aux négociations en cours avec la Chine sur le cognac.La France n’exporte par ailleurs plus de viande bovine vers la Chine depuis fin 2024, du fait d’un embargo total décrété par Pékin, lié à la fièvre catarrhale ovine (FCO), une maladie non transmissible à l’homme qui affecte essentiellement les ovins mais aussi les bovins.La viande bovine française est “bienvenue” sur le marché chinois, avait déclaré mardi le vice-Premier ministre chinois lors d’une visite dans une ferme bovine à Harquency (Eure), sans donner ni calendrier ni détails sur la levée des restrictions actuelles.”La Chine invite également les entreprises françaises à accroître leurs investissements en Chine. (Nous) encourageons davantage d’entreprises chinoises capables et désireuses d’investir et de faire des affaires en France”, a également assuré He Lifeng jeudi à Paris.

La Chine appelle la France à un climat d’affaires “plus équitable” (vice-Premier ministre)

Le vice-Premier ministre chinois He Lifeng a appelé jeudi la France à proposer un climat des affaires “plus équitable, plus juste et plus prévisible”, à l’occasion d’une visite à Paris, au moment où plusieurs dossiers affectent la relation économique entre les deux pays.La Chine “espère que la France offrira un climat des affaires plus équitable, …

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L’Inde et le Pakistan s’accusent mutuellement de ne pas contrôler leur arsenal nucléaire

L’Inde et le Pakistan se sont mutuellement accusés jeudi de ne pas contrôler leurs armes nucléaires, réclamant au monde d'”enquêter” et de “surveiller” l’arsenal du voisin, quelques jours après leur confrontation militaire la plus grave des deux dernières décennies.”L’arsenal nucléaire pakistanais devrait être placé sous la surveillance de l’AIEA”, a déclaré le ministre indien de la Défense Rajnath Singh en visitant les troupes au Cachemire indien.”Je veux poser la question au monde entier: est-ce que des armes nucléaires sont sûres lorsqu’elles sont aux mains d’une nation incontrôlable et irresponsable”, a-t-il poursuivi.Le Pakistan a condamné ces propos, ajoutant que “si elles doivent s’inquiéter, alors l’AIEA et la communauté internationale devraient le faire au sujet des vols répétés et des incidents liés au trafic impliquant du matériel nucléaire et radioactif en Inde”.Le ministère des Affaires étrangères à Islamabad évoque ensuite des incidents survenus selon lui en 2021 et “suggérant l’existence d’un marché noir de matériaux sensibles et à double usage en Inde”. Il réclame à ce sujet “une enquête approfondie”. Des accusations que l’Inde n’a pas commentées jusqu’ici.L’Inde et le Pakistan ont connu la semaine dernière leur confrontation militaire la plus meurtrière depuis la guerre qu’ils se sont livrée en 1999.Dans la nuit du 6 au 7 mai, l’Inde a tiré des missiles sur des sites pakistanais qui abritaient, selon elle, des membres du groupe jihadiste qu’elle soupçonne d’être l’auteur de l’attaque qui a fait 26 morts le 22 avril à Pahalgam, au Cachemire indien.Le Pakistan, qui a nié toute responsabilité dans l’attaque, a aussitôt riposté.Pendant quatre jours, les deux armées ont échangé tirs d’artillerie, frappes de missiles et attaques de drones, nourrissant les vives craintes d’escalade des capitales étrangères.- “Système international détruit” -A la surprise générale, Donald Trump a annoncé samedi un cessez-le-feu immédiat, aussitôt confirmé par les deux belligérants. Le président américain s’est depuis félicité d’avoir “empêché” une “mauvaise guerre nucléaire” dans laquelle “des millions de personnes auraient pu être tuées”.Jeudi, le groupe des ex-personnalités formant les “Sages” (“the Elders”) plaidait à Tokyo pour la non-prolifération nucléaire.L’ancien Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a particulièrement tiré la sonnette d’alarme pour l’Asie du Sud.”Il y a une possibilité que le système international de la sécurité soit entièrement détruit: si l’Inde ou le Pakistan utilise des armes nucléaires”, a-t-il dit.L’ex-président colombien Juan Manuel Santos, lui, s’est demandé “où est l’ONU? Pourquoi n’est-elle pas intervenue?”.La trêve est respectée à la frontière entre les deux pays jusque-là, mais la rhétorique reste très agressive.”L’Inde ne tolèrera aucun chantage nucléaire”, a lancé lundi soir le Premier ministre indien Narendra Modi.L’Inde a catégoriquement démenti ces derniers jours des informations faisant état d’une frappe sur un site nucléaire pakistanais.”Nous n’avons pas touché (le site nucléaire pakistanais de) Kirana Hills et ce qui s’y trouve”, a assuré lundi un général de l’armée de l’air indienne, AK Bharti. Ce site, qui passe pour abriter l’arsenal nucléaire pakistanais même si cela n’a jamais été confirmé ou infirmé, est à environ 200 km des différentes villes frappées récemment par des missiles indiens.Le porte-parole du ministère indien des Affaires extérieures, Randhir Jaiswal, a lui aussi assuré mardi que l’opération militaire de son pays était “restée du domaine conventionnel”.Tout au long de la crise, le Pakistan a répété que l’option nucléaire n’était pas sur la table.”Un tel conflit (nucléaire) serait une absurdité. Il serait inconcevable et d’une stupidité crasse car il mettrait en péril 1,6 milliard de gens”, a dit le porte-parole de l’armée, le général Ahmed Chaudhry.L’Inde est dotée depuis les années 1990 de l’arme atomique, délivrée par des missiles sol-sol de portée intermédiaire. Des missiles longue portée sont en cours de test, selon les experts.- “Réponse ferme” -Le Pakistan dispose pour sa part de missiles nucléaires sol-sol et air-sol, de portée courte ou intermédiaire. Il a réalisé ses premiers tests en 1998.L’armée pakistanaise assure que les frappes indiennes ont tué 40 civils, pour moitié des femmes et des enfants, et qu’elle a perdu 13 soldats. L’Inde fait état de 16 civils et 5 soldats tués sur son sol.Malgré la détente sur le terrain, l’Inde et le Pakistan assurent qu’ils ne baissent pas la garde.”Si une autre attaque terroriste vise l’Inde, nous lui apporterons une réponse ferme”, a averti lundi soir M. Modi devant son pays.”Toute nouvelle tentative de défier la souveraineté du Pakistan ou son intégrité territoriale suscitera une réponse rapide, globale et décisive”, a répliqué l’armée pakistanaise.A Karachi, la grande ville du sud côtier, plusieurs milliers de manifestants ont défilé en soutien à l’armée, alors qu’Islamabad a décrété vendredi journée de “d’hommage aux forces armées”.L’Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de l’ensemble du Cachemire depuis leur partition sanglante à leur indépendance en 1947.Le sort de ce territoire himalayen, peuplé en majorité de musulmans, a suscité plusieurs guerres entre les deux pays. Depuis 1989, sa partie indienne est le théâtre d’une insurrection séparatiste qui a fait des dizaines de milliers de morts.Jeudi encore, trois rebelles présumés ont été tués lors d’un accrochage avec les forces de sécurité indienne, a rapporté à l’AFP un responsable policier sous couvert d’anonymat.burx-pa/sbh/jp/cn 

L’Inde et le Pakistan s’accusent mutuellement de ne pas contrôler leur arsenal nucléaire

L’Inde et le Pakistan se sont mutuellement accusés jeudi de ne pas contrôler leurs armes nucléaires, réclamant au monde d'”enquêter” et de “surveiller” l’arsenal du voisin, quelques jours après leur confrontation militaire la plus grave des deux dernières décennies.”L’arsenal nucléaire pakistanais devrait être placé sous la surveillance de l’AIEA”, a déclaré le ministre indien de la Défense Rajnath Singh en visitant les troupes au Cachemire indien.”Je veux poser la question au monde entier: est-ce que des armes nucléaires sont sûres lorsqu’elles sont aux mains d’une nation incontrôlable et irresponsable”, a-t-il poursuivi.Le Pakistan a condamné ces propos, ajoutant que “si elles doivent s’inquiéter, alors l’AIEA et la communauté internationale devraient le faire au sujet des vols répétés et des incidents liés au trafic impliquant du matériel nucléaire et radioactif en Inde”.Le ministère des Affaires étrangères à Islamabad évoque ensuite des incidents survenus selon lui en 2021 et “suggérant l’existence d’un marché noir de matériaux sensibles et à double usage en Inde”. Il réclame à ce sujet “une enquête approfondie”. Des accusations que l’Inde n’a pas commentées jusqu’ici.L’Inde et le Pakistan ont connu la semaine dernière leur confrontation militaire la plus meurtrière depuis la guerre qu’ils se sont livrée en 1999.Dans la nuit du 6 au 7 mai, l’Inde a tiré des missiles sur des sites pakistanais qui abritaient, selon elle, des membres du groupe jihadiste qu’elle soupçonne d’être l’auteur de l’attaque qui a fait 26 morts le 22 avril à Pahalgam, au Cachemire indien.Le Pakistan, qui a nié toute responsabilité dans l’attaque, a aussitôt riposté.Pendant quatre jours, les deux armées ont échangé tirs d’artillerie, frappes de missiles et attaques de drones, nourrissant les vives craintes d’escalade des capitales étrangères.- “Système international détruit” -A la surprise générale, Donald Trump a annoncé samedi un cessez-le-feu immédiat, aussitôt confirmé par les deux belligérants. Le président américain s’est depuis félicité d’avoir “empêché” une “mauvaise guerre nucléaire” dans laquelle “des millions de personnes auraient pu être tuées”.Jeudi, le groupe des ex-personnalités formant les “Sages” (“the Elders”) plaidait à Tokyo pour la non-prolifération nucléaire.L’ancien Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a particulièrement tiré la sonnette d’alarme pour l’Asie du Sud.”Il y a une possibilité que le système international de la sécurité soit entièrement détruit: si l’Inde ou le Pakistan utilise des armes nucléaires”, a-t-il dit.L’ex-président colombien Juan Manuel Santos, lui, s’est demandé “où est l’ONU? Pourquoi n’est-elle pas intervenue?”.La trêve est respectée à la frontière entre les deux pays jusque-là, mais la rhétorique reste très agressive.”L’Inde ne tolèrera aucun chantage nucléaire”, a lancé lundi soir le Premier ministre indien Narendra Modi.L’Inde a catégoriquement démenti ces derniers jours des informations faisant état d’une frappe sur un site nucléaire pakistanais.”Nous n’avons pas touché (le site nucléaire pakistanais de) Kirana Hills et ce qui s’y trouve”, a assuré lundi un général de l’armée de l’air indienne, AK Bharti. Ce site, qui passe pour abriter l’arsenal nucléaire pakistanais même si cela n’a jamais été confirmé ou infirmé, est à environ 200 km des différentes villes frappées récemment par des missiles indiens.Le porte-parole du ministère indien des Affaires extérieures, Randhir Jaiswal, a lui aussi assuré mardi que l’opération militaire de son pays était “restée du domaine conventionnel”.Tout au long de la crise, le Pakistan a répété que l’option nucléaire n’était pas sur la table.”Un tel conflit (nucléaire) serait une absurdité. Il serait inconcevable et d’une stupidité crasse car il mettrait en péril 1,6 milliard de gens”, a dit le porte-parole de l’armée, le général Ahmed Chaudhry.L’Inde est dotée depuis les années 1990 de l’arme atomique, délivrée par des missiles sol-sol de portée intermédiaire. Des missiles longue portée sont en cours de test, selon les experts.- “Réponse ferme” -Le Pakistan dispose pour sa part de missiles nucléaires sol-sol et air-sol, de portée courte ou intermédiaire. Il a réalisé ses premiers tests en 1998.L’armée pakistanaise assure que les frappes indiennes ont tué 40 civils, pour moitié des femmes et des enfants, et qu’elle a perdu 13 soldats. L’Inde fait état de 16 civils et 5 soldats tués sur son sol.Malgré la détente sur le terrain, l’Inde et le Pakistan assurent qu’ils ne baissent pas la garde.”Si une autre attaque terroriste vise l’Inde, nous lui apporterons une réponse ferme”, a averti lundi soir M. Modi devant son pays.”Toute nouvelle tentative de défier la souveraineté du Pakistan ou son intégrité territoriale suscitera une réponse rapide, globale et décisive”, a répliqué l’armée pakistanaise.A Karachi, la grande ville du sud côtier, plusieurs milliers de manifestants ont défilé en soutien à l’armée, alors qu’Islamabad a décrété vendredi journée de “d’hommage aux forces armées”.L’Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de l’ensemble du Cachemire depuis leur partition sanglante à leur indépendance en 1947.Le sort de ce territoire himalayen, peuplé en majorité de musulmans, a suscité plusieurs guerres entre les deux pays. Depuis 1989, sa partie indienne est le théâtre d’une insurrection séparatiste qui a fait des dizaines de milliers de morts.Jeudi encore, trois rebelles présumés ont été tués lors d’un accrochage avec les forces de sécurité indienne, a rapporté à l’AFP un responsable policier sous couvert d’anonymat.burx-pa/sbh/jp/cnÂ