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Guerre commerciale: Pékin et Washington poursuivent leur bras de fer

Pékin et Washington continuent de se renvoyer la balle sur les droits de douane, alimentant l’incertitude quant à l’issue de la guerre commerciale qui devrait provoquer un recul des échanges mondiaux cette année, a prévenu l’OMC mercredi.”Si les États-Unis veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent (…) cesser de menacer et de faire du chantage, et discuter avec la Chine sur la base de l’égalité, du respect et du bénéfice mutuel”, a dit mercredi Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.La veille, la porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt avait affirmé que la balle était “dans le camp de la Chine”.Donald Trump “a de nouveau clairement affirmé qu’il était ouvert à un accord avec la Chine. Mais c’est la Chine qui a besoin d’un accord avec les États-Unis” et non l’inverse, avait-elle affirmé devant la presse.La suspension temporaire des droits de douane punitifs américains les plus importants atténue la contraction des échanges, mais le recul du commerce mondial de marchandises pourrait atteindre jusqu’à 1,5% en volume en 2025, en fonction de la politique protectionniste de Donald Trump, selon les prévisions annuelles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).Mercredi le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, a estimé que les droits de douane “vont très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation”, avec la possibilité que “les effets inflationnistes soient également persistants”.Alors qu’elle était déjà orientée à la baisse, Wall Street a vu ses pertes s’accélérer après le discours de M. Powell, l’indice Nasdaq reculant de 3,91%, le Dow Jones de 1,84% et le S&P 500 de 2,69% à 18H55 GMT.Symbole de l’impact sur le grand public, la plateforme de vente en ligne Shein a annoncé à ses clients qu’elle augmenterait ses prix à compter du 25 avril “du fait des récents changements dans les règles de commerce mondial et sur les droits de douane”.La Chine, qui a publié mercredi une croissance économique de 5,4% au premier trimestre 2025, plus forte qu’anticipé, a par ailleurs suspendu toute réception d’avions fabriqués par l’américain Boeing.- La Chine continue ses représailles -Un geste dénoncé par le président américain, qui a affirmé sur son réseau Truth Social que la Chine s’était rétractée pour des avions pourtant “couverts par des engagements fermes”.Selon l’agence de presse Bloomberg, Pékin a également demandé aux compagnies aériennes du pays “de stopper tout achat d’équipements et de pièces détachées pour avions auprès d’entreprises américaines”.La Chine semble aussi résolue à s’en prendre à l’agriculture américaine: la fédération des exportateurs de viande américaine a confirmé à l’AFP le non-renouvellement des licences de la majorité des exportateurs de bÅ“uf depuis mi-mars.Le président chinois Xi Jinping poursuit mercredi en Malaisie sa tournée en Asie du sud-est pour essayer d’organiser une riposte coordonnée aux droits de douane américains.Chine et États-Unis sont entrés dans une surenchère: Washington a imposé au total 145% de taxe sur les produits chinois entrant sur son territoire, qui s’ajoutent à ceux existants avant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, pour un total pouvant ainsi atteindre jusqu’à 245%. Pékin a répliqué avec une surtaxe qui atteint désormais 125% pour les produits américains.Le président américain a cependant atténué ses annonces en exemptant les ordinateurs, smartphones et autres produits électroniques, ainsi que les semi-conducteurs, dont la majorité provient de Chine.Pour tous les autres pays, les droits de douane réciproques supérieurs à un plancher de 10% ont été mis en pause pour 90 jours, la Maison-Blanche ouvrant la porte à la négociation.En attendant, la Maison Blanche compte poursuivre dans la mise en place de droits de douane sectoriels, après les 25% déjà imposés sur l’acier et l’aluminium ainsi que sur l’automobile.Depuis le début de la semaine, le ministère du Commerce a ainsi lancé des enquêtes concernant les importations de produits pharmaceutiques, semiconducteurs et métaux rares, ainsi que les produits qui en sont issus, tels que l’électronique grand public, afin de déterminer si le fait de se reposer sur le marché mondial pour ces produits représente un risque ou non pour la sécurité nationale.Il s’agit d’une première étape nécessaire afin de permettre au président américain d’agir par décret sur ces secteurs.

L’emprisonnement au Salvador d’expulsés des Etats-Unis crée un “trou noir” juridique, dénoncent les ONG

La détention au Salvador, dans une méga-prison pour membres de gangs, de migrants expulsés des États-Unis crée “un trou noir” juridique, alertent des défenseurs des droits humains préoccupés par l’alliance sécuritaire entre les deux pays.Les présidents du Salvador, Nayib Bukele, et des États-Unis, Donald Trump, ont consolidé lundi à la Maison Blanche une alliance qui …

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L’emprisonnement au Salvador d’expulsés des Etats-Unis crée un “trou noir” juridique, dénoncent les ONG

La détention au Salvador, dans une méga-prison pour membres de gangs, de migrants expulsés des États-Unis crée “un trou noir” juridique, alertent des défenseurs des droits humains préoccupés par l’alliance sécuritaire entre les deux pays.Les présidents du Salvador, Nayib Bukele, et des États-Unis, Donald Trump, ont consolidé lundi à la Maison Blanche une alliance qui permet à Washington de continuer à envoyer au Salvador des migrants accusés d’être criminels.Au moins 288 migrants, pour la plupart vénézuéliens, ont été expulsés par les États-Unis vers le Salvador depuis mars et emprisonnés au Centre de confinement contre le terrorisme (Cecot), au régime de détention ultra-sévère. Quelque 15.000 Salvadoriens accusés d’appartenir aux gangs du MS-13 et Barrio 18 y sont emprisonnés dans des cellules collectives, sans possibilité de visites.”Ce que l’on cherche à créer ici est une version extrême de Guantanamo”, la prison militaire américaine à Cuba, “un trou noir où il n’y a aucune protection de la loi pour les personnes qui s’y trouvent, et c’est très grave”, juge auprès de l’AFP le sous-directeur pour les Amériques de l’ONG Human Rights Watch (HRW), Juan Pappier, évoquant “disparition forcée”, “détention arbitraire et potentiellement indéfinie”.Selon l’ONG Cristosal de défense des droits humains en Amérique centrale, près de la moitié des migrants envoyés au Cecot bénéficiaient du statut de demandeur d’asile aux Etats-Unis ou étaient en cours de demande, “ce qui devrait les protéger des procédures d’expulsion”. Ils ont été expulsés “indépendamment de leur statut d’immigration, sur la base de l’accusation générique d’appartenance au gang du Tren de Aragua, qui, selon les données disponibles, semble infondée dans la grande majorité des cas”, souligne son directeur Noah Bullock.- “Erreur administrative” -Un cas notoire est celui du salvadorien Kilmar Abrego Garcia, marié à une Américaine. Il a été arrêté aux États-Unis le 12 mars et expulsé trois jours après au Salvador avec 230 autres personnes, accusé d’appartenir au gang MS-13 déclaré “organisation terroriste” en février par Washington.M. Abrego vivait aux États-Unis sous un statut légal protégé depuis 2019 car il est en danger au Salvador. Washington a reconnu devant un tribunal que son expulsion était une “erreur administrative” et une ordonnance d’un juge fédéral américain, soutenue par la Cour suprême, exige son retour aux États-Unis.Mais les deux gouvernements s’y refusent.Le sénateur démocrate du Maryland Chris Van Hollen est arrivé au Salvador mercredi pour plaider sa libération, estimant que que M. Abrego avait été “enlevé illégalement par l’administration Trump et doit rentrer chez lui”.- “Marge d’erreur” -L’AFP a interviewé au Venezuela plusieurs familles de détenus assurant qu’ils n’ont commis aucun crime justifiant la prison.Alexis de Hernandez, mère d’Andry Hernandez Romero, 31 ans, a déclaré que son fils est “injustement emprisonné” et arrêté “simplement parce qu’il a quelques tatouages”.Noah Bullock dénonce qu'”au Salvador le gouvernement appelle +marge d’erreur+ la détention de personnes innocentes”.Dans les rues de San Salvador, certains critiquent les expulsions “simplement parce qu’ils sont tatoués”, comme Ricardo Rosales, un transporteur de 32 ans. Mais beaucoup défendent la fermeté de Bukele, triomphalement réélu en 2024 pour sa guerre contre les gangs qui, disent-ils, a drastiquement changé leur vie quotidienne.Au moment où les États-Unis “s’éloignent” de nombreux pays, “ils se rapprochent du Salvador” qui va en tirer “grand bénéfice”, veut croire Manuel Urrutia, ingénieur retraité de 73 ans.Principal allié de Trump en Amérique latine, Nayib Bukele a été accueilli avec les honneurs à la Maison Blanche.”Nous avons très envie de vous aider”, a déclaré Bukele, à quoi Trump a répondu : “Vous nous aidez. Nous vous en sommes reconnaissants”.Donald Trump a même déclaré mardi qu’il envisageait d’envoyer au Cecot des citoyens américains auteurs de crimes violents. “Nous sommes en train d’étudier la question et nous voulons le faire. J’adorerais le faire”, a-t-il dit dans une interview accordée à Fox Noticias, un programme en langue espagnole de Fox News.Nayib Bukele qui a inondé son compte X de photos avec Donald Trump, dont une où les deux hommes enlacés est accompagnée de la mention “amis”, a obtenu l’intégration au programme Global Entry, qui permettra aux Salvadoriens ayant un visa “d’entrer rapidement” aux États-Unis.

Accord historique à l’OMS sur la préparation et la lutte contre les futures pandémies

Après plus de trois ans de négociations, les pays membres de l’Organisation mondiale de la santé ont approuvé mercredi par consensus un texte historique visant à mieux se préparer et lutter contre les futures pandémies.”Vous avez écrit l’histoire”, a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, aux délégués vers 04H00 (02H00GMT).Pour l’OMS, ses …

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Accord historique à l’OMS sur la préparation et la lutte contre les futures pandémies

Après plus de trois ans de négociations, les pays membres de l’Organisation mondiale de la santé ont approuvé mercredi par consensus un texte historique visant à mieux se préparer et lutter contre les futures pandémies.”Vous avez écrit l’histoire”, a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, aux délégués vers 04H00 (02H00GMT).Pour l’OMS, ses Etats membres “ont fait un grand pas en avant dans les efforts visant à rendre le monde plus sûr face aux pandémies”. Le projet d’accord” doit encore être formellement approuvé lors de la prochaine Assemblée mondiale de la Santé en mai.Le texte a a été validé vers 02h00 (00H00GMT) après une ultime négociation marathon de plus de 15 heures.Les pays ont “démontré que le multilatéralisme est bien vivant”, a relevé M. Tedros, alors que les négociations se sont déroulées dans un contexte de crise du système de santé mondial, provoquée par les coupes drastiques dans l’aide internationale américaine décidées par le président Donald Trump, et de menaces de droits de douane américains sur la pharmacie.”Cet accord peut être qualifié d’historique, sans exagération”, a affirmé le ministre allemand de la Santé Karl Lauterbach, assurant toutefois que “tout cela a été considérablement affaibli par le retrait prévu des États-Unis de (…) l’OMS dans son ensemble”.- “Leçons du Covid” -Cinq ans après l’arrivée du Covid-19, ses millions de morts et une économie mondiale dévastée, l’accord doit permettre de mieux préparer le monde, loin d’être équipé pour affronter une autre pandémie, selon l’OMS et les experts.”La conclusion des négociations (…) représente une étape importante dans notre engagement collectif à renforcer la sécurité sanitaire mondiale (…) bien que le processus n’ait peut-être pas donné tous les résultats escomptés”, a déclaré le représentant tanzanien, au nom de dizaines de pays africains, devant les délégués. Sur X, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a également salué le consensus : “Nous avons tiré les leçons du Covid. Pour vaincre une pandémie, il faut des tests, des traitements et des vaccins. Mais il faut aussi de la solidarité et de la coopération mondiale”.Cet accord propose “des avancées majeures pour le secteur de l’industrie en santé, s’agissant notamment du développement de la R&D, le renforcement de la coopération scientifique sur les pathogènes émergents et le soutien à la production locale de contremesures médicales”, a observé Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.- “Accord historique” -Les négociations avaient avancé plus lentement que prévu mardi, après trois jours de pause, butant essentiellement jusqu’au bout sur le transfert de technologies pour la production de produits de santé liés aux pandémies, en particulier au profit des pays en développement.Le sujet avait été au cÅ“ur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s’accaparer les doses de vaccin et autres tests.Plusieurs pays, où l’industrie pharmaceutique pèse lourd dans l’économie, sont opposés à l’idée d’obligation de transfert et insistent sur son caractère volontaire. Un consensus a finalement émergé autour du principe de transfert de technologies “convenu d’un commun accord”.Le prévoit par ailleurs la création d’un “Système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages” (PABS en anglais), à savoir les produits de santé découlant de leur utilisation, comme des vaccins ou des tests par exemple. Il vise aussi à élargir l’accès à ces produits en établissant un réseau mondial de chaîne d’approvisionnement et de logistique.- “Le travail commence maintenant” -“Le vrai travail commence maintenant”, a averti le représentant de l’Eswatini.Un avis que partagent des ONG. Pour Michelle Childs, directrice à l’Initiative Médicaments contre les maladies négligées (DNDi), qui a suivi de près les négociations, “les pays ne doivent pas attendre l’adoption formelle de l’accord en mai pour agir”.En ce qui concerne la mise en Å“uvre de l’accord, la principale organisation du secteur pharmaceutique a mis l’accent sur la propriété intellectuelle et la sécurité juridique, les jugeant “essentielles” pour que l’industrie investisse dans une recherche très risquée financièrement lors de la prochaine crise.

Accord historique à l’OMS sur la préparation et la lutte contre les futures pandémies

Après plus de trois ans de négociations, les pays membres de l’Organisation mondiale de la santé ont approuvé mercredi par consensus un texte historique visant à mieux se préparer et lutter contre les futures pandémies.”Vous avez écrit l’histoire”, a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, aux délégués vers 04H00 (02H00GMT).Pour l’OMS, ses Etats membres “ont fait un grand pas en avant dans les efforts visant à rendre le monde plus sûr face aux pandémies”. Le projet d’accord” doit encore être formellement approuvé lors de la prochaine Assemblée mondiale de la Santé en mai.Le texte a a été validé vers 02h00 (00H00GMT) après une ultime négociation marathon de plus de 15 heures.Les pays ont “démontré que le multilatéralisme est bien vivant”, a relevé M. Tedros, alors que les négociations se sont déroulées dans un contexte de crise du système de santé mondial, provoquée par les coupes drastiques dans l’aide internationale américaine décidées par le président Donald Trump, et de menaces de droits de douane américains sur la pharmacie.”Cet accord peut être qualifié d’historique, sans exagération”, a affirmé le ministre allemand de la Santé Karl Lauterbach, assurant toutefois que “tout cela a été considérablement affaibli par le retrait prévu des États-Unis de (…) l’OMS dans son ensemble”.- “Leçons du Covid” -Cinq ans après l’arrivée du Covid-19, ses millions de morts et une économie mondiale dévastée, l’accord doit permettre de mieux préparer le monde, loin d’être équipé pour affronter une autre pandémie, selon l’OMS et les experts.”La conclusion des négociations (…) représente une étape importante dans notre engagement collectif à renforcer la sécurité sanitaire mondiale (…) bien que le processus n’ait peut-être pas donné tous les résultats escomptés”, a déclaré le représentant tanzanien, au nom de dizaines de pays africains, devant les délégués. Sur X, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a également salué le consensus : “Nous avons tiré les leçons du Covid. Pour vaincre une pandémie, il faut des tests, des traitements et des vaccins. Mais il faut aussi de la solidarité et de la coopération mondiale”.Cet accord propose “des avancées majeures pour le secteur de l’industrie en santé, s’agissant notamment du développement de la R&D, le renforcement de la coopération scientifique sur les pathogènes émergents et le soutien à la production locale de contremesures médicales”, a observé Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.- “Accord historique” -Les négociations avaient avancé plus lentement que prévu mardi, après trois jours de pause, butant essentiellement jusqu’au bout sur le transfert de technologies pour la production de produits de santé liés aux pandémies, en particulier au profit des pays en développement.Le sujet avait été au cÅ“ur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s’accaparer les doses de vaccin et autres tests.Plusieurs pays, où l’industrie pharmaceutique pèse lourd dans l’économie, sont opposés à l’idée d’obligation de transfert et insistent sur son caractère volontaire. Un consensus a finalement émergé autour du principe de transfert de technologies “convenu d’un commun accord”.Le prévoit par ailleurs la création d’un “Système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages” (PABS en anglais), à savoir les produits de santé découlant de leur utilisation, comme des vaccins ou des tests par exemple. Il vise aussi à élargir l’accès à ces produits en établissant un réseau mondial de chaîne d’approvisionnement et de logistique.- “Le travail commence maintenant” -“Le vrai travail commence maintenant”, a averti le représentant de l’Eswatini.Un avis que partagent des ONG. Pour Michelle Childs, directrice à l’Initiative Médicaments contre les maladies négligées (DNDi), qui a suivi de près les négociations, “les pays ne doivent pas attendre l’adoption formelle de l’accord en mai pour agir”.En ce qui concerne la mise en Å“uvre de l’accord, la principale organisation du secteur pharmaceutique a mis l’accent sur la propriété intellectuelle et la sécurité juridique, les jugeant “essentielles” pour que l’industrie investisse dans une recherche très risquée financièrement lors de la prochaine crise.

Prisons: nouvelles dégradations, des personnels ciblés

Véhicules brûlés sur un parking de la prison de Tarascon, hall d’immeuble incendié en région parisienne: l’institution pénitentiaire a été mercredi à nouveau la cible de dégradations, au coeur d’une vaste enquête antiterroriste qui explore toutes les pistes.Ces nouveaux incidents sont survenus au lendemain d’actions coordonnées contre plusieurs établissements pénitentiaires en France, principalement des incendies de véhicules, mais également des tirs à l’arme automatique contre la porte de la prison de Toulon (Var), qui n’ont pas fait de victime.Vers 05h20 mercredi, trois véhicules ont été incendiés devant la prison de Tarascon (Bouches-du-Rhône), sur un parking “isolé, réservé aux personnels, grillagé et à l’accès sécurisé par un digicode”, a indiqué le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.Ces nouvelles dégradations ont été incluses dans la saisine du parquet national antiterroriste (Pnat), qui enquête sur l’ensemble des faits survenus depuis dimanche.Toutes les pistes sont explorées dans le cadre de cette enquête, y compris celle d’une manipulation venue de l’étranger, selon une source policière.Sur le réseau social X, le président Emmanuel Macron a promis que ceux qui “cherchent à intimider” les agents pénitentiaires et “s’attaquent avec une violence inadmissible” aux prisons seraient “retrouvés, jugés et punis”.- Mystérieuses inscriptions -Dans la plupart des actions recensées depuis dimanche, au cours desquelles au moins 21 véhicules ont été tagués et ou incendiés, de mystérieuses inscriptions “DDPF”, apparemment pour “défense des droits des prisonniers français” ont été retrouvées, ainsi qu’une inscription “DDFM” sur la prison de Toulon.Toujours dans les Bouches-du-Rhône, un autre véhicule appartenant à un surveillant de la prison d’Aix-Luynes a été incendié dans la nuit de mardi à mercredi devant le domicile de celui-ci, selon le Pnat et un responsable syndical local.Un autre événement recensé mercredi matin semble confirmer le ciblage d’agents pénitentiaires, avec des inscriptions “DDPF” retrouvées taguées dans un hall d’immeuble d’une surveillante incendié en Seine-et-Marne.”Il y a manifestement des gens qui essaient de déstabiliser l’Etat en intimidant”, a dénoncé le garde des Sceaux Gérald Darmanin sur CNews/Europe 1, en évoquant l’incident de Tarascon.- Intervention de Telegram -M. Darmanin soutient que ces attaques pourraient être une réplique à son projet de régime de détention spécial pour les plus gros narcotrafiquants du pays, qui doivent être regroupés à l’isolement strict dans des établissement de haute sécurité.”On peut être un petit peu interrogatif sur le lien entre ces faits et l’évolution très ferme de la politique de lutte contre la criminalité organisée qu’a décidée le garde des Sceaux et que nous sommes en train de mettre en oeuvre”, a appuyé mercredi sur BFMTV Sébastien Cauwel, directeur de l’administration pénitentiaire.”C’est évident que la création d’un établissement de très haute sécurité ne fait pas plaisir à tout le monde”, a-t-il poursuivi. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a elle aussi évoqué à l’issue du Conseil des ministres cette piste éventuelle du narcotrafic, “sans aucune certitude” toutefois.Cette succession d’actes crée un climat d’inquiétude chez les agents pénitentiaires interrogés par l’AFP.”Là c’est la première fois de ma carrière que je me retourne en sortant de mon service et que je fais attention à ce qui se passe sur le parking”, a témoigné auprès de l’AFP une surveillante du nord de la France exerçant depuis 22 ans.Désormais “quand je rentre chez moi, je ferme à clé”, a témoigné cette femme de 47 ans, qui  requis l’anonymat pour raisons de sécurité et fait part de son “doute sur la capacité de l’Etat à faire en sorte d’assurer notre sécurité”.Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO-Justice, a dénoncé des vidéos “qui circulent sur Telegram et montrent des agents, des boîtes aux lettres”, les surveillants y sont nommément cités et ces vidéos ciblent “plutôt des agents sur la région du Sud”, où prospèrent quelques-uns des gros groupes de narcotrafiquants.Ces éléments ont été supprimés par Telegram, assurant dans un communiqué publié à la mi-journée que “la publication d’appels à la violence et de menaces est explicitement interdite par les conditions d’utilisation” et que ses “modérateurs ont supprimé tous les messages concernés immédiatement après avoir été alertés et continuent de surveiller la situation”.Sur ce canal, revendiquant la “défense des droits des prisonniers français”, ou DDPF, le groupe soutient qu’il se déploiera “dans toute la France” et affirme: “Nous sommes pas des terroristes”, mais “là pour défendre les droits de l’homme à l’intérieur des prisons”.bur-so-al-kau-spe-jpa-mlf-abo/bfa/skh