AFP World

Production en hausse, prix en berne: la Belgique inquiète pour ses patates

“C’est une année qui va être difficile commercialement”, peste Baudouin Dewulf, devant un tracteur surchargé de pommes de terre. La Belgique, royaume de la frite, enregistre des récoltes de patates record, mais ce n’est pas une si bonne nouvelle pour les agriculteurs confrontés à la chute des cours et à la baisse des exportations.Sur son exploitation de Geer, dans l’est du pays, Baudouin Dewulf décrit un marché “un petit peu engorgé” après tant d’années fastes où les frites belges s’écoulaient comme des petits pains dans le monde entier.”On est à un point de basculement”, car “les marchés mondiaux achètent moins de frites européennes”, relève aussi Pierre Lebrun, l’un des responsables de Belpotato, l’organisation interprofessionnelle de la pomme de terre belge.Les producteurs de frites surgelées, qui absorbent la majorité de la production, ont été frappés par une triple peine : des droits de douane sur le marché clé des États-Unis, un euro fort qui pénalise les exportations et l’émergence de concurrents en Inde, en Chine et en Égypte. Le tout alors que la Belgique produit de plus en plus : quelque cinq millions de tonnes de pommes de terre sont attendues en 2025, soit une hausse de 11 % par rapport à 2024, près d’une demi-tonne par habitant, selon Belpotato.Grâce au succès de la frite, la fierté du pays, les surfaces cultivées ont augmenté de façon continue.Les friteries sont une institution nationale et des chaînes aux noms évocateurs comme Fritapapa sont devenues d’immenses succès commerciaux.L’industrie s’est fortement développée en dix ans, faisant de la Belgique le plus grand producteur européen de frites et le premier exportateur mondial.En 2024, le pays a ainsi exporté pour plus de trois milliards d’euros de produits à base de pommes de terre, soit trois fois plus qu’en 2015, selon les données d’Eurostat, l’agence statistique de l’Union européenne.- Produire toujours davantage -La demande mondiale constante et le boom de la restauration rapide en Asie et au Moyen-Orient ont stimulé les investissements, explique Christophe Vermeulen, directeur du groupement professionnel Belgapom.”En tant que produit de base, la frite est toujours très populaire. Quand la population augmente et que la classe moyenne se développe, la demande de frites augmente aussi”, souligne-t-il.Dans cette décennie aussi dorée que de bonnes frites croustillantes, les usines ont cherché à produire toujours davantage. Les prix des pommes de terre atteignaient des sommets historiques ces dernières années – déclenchant une véritable frénésie agricole.”C’est au moment où tout roulait bien, le ciel n’avait pas de limites”, dit Pierre Lebrun. Les producteurs en Belgique, mais aussi en France, aux Pays-Bas et en Allemagne – qui approvisionnent également les producteurs belges de frites – ont encore ajouté 40.000 hectares à leurs surfaces cultivées cette année, soit une hausse de 7 % par rapport à 2024, selon les chiffres du secteur.Mais la situation s’est retournée, sur fond de tensions commerciales avec Donald Trump et de concurrence de plus en plus féroce, notamment asiatique.Les exportations de frites surgelées belges ont chuté de 6,1 % entre juin 2024 et juin 2025, selon les chiffres du secteur.Le plupart des pommes de terre sont vendues via des contrats conclus avant la récolte, mais sur le marché libre, cette baisse des exportations combinée à une production record a fait plonger les prix des pommes de terre à environ 15 euros la tonne, contre un pic de près de 600 euros l’an dernier.Si de nombreux agriculteurs bénéficient de revenus garantis par des contrats saisonniers avec les fabricants de frites, certains devront revoir leurs investissements et se préparer à des négociations ardues l’année prochaine.”L’industrie belge de la pomme de terre est en mode reset”, conclut Christophe Vermeulen.

Espagne: hommage national et tensions politiques pour le premier anniversaire des inondations de Valence

L’Espagne rend un hommage solennel mercredi dans des “funérailles d’Etat” aux plus de 230 personnes disparues il y a un an, jour pour jour, dans des inondations qui restent la pire catastrophe naturelle du pays depuis des décennies.Douze mois après, de nombreuses questions demeurent sur la gestion désastreuse de la catastrophe par les autorités de droite de la région de Valence, menées par son président Carlos Mazón, dont les habitants des zones sinistrées réclament en vain la démission.La cérémonie débutera à Valence, troisième ville d’Espagne, à 18H00 locales (17H00 GMT) en présence notamment du roi Felipe VI, de la reine Letizia, et du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.Malgré les appels des familles des victimes à ne pas venir, M. Mazón a fait savoir qu’il serait présent.Parmi les invités figurent également les maires des 78 communes de la périphérie sud de Valence qui furent dévastées ce jour-là par un torrent d’eau et de boue, ainsi que 800 proches des 237 victimes. La quasi-totalité des décès (229) ont été enregistrés dans la province de Valence, huit personnes ayant trouvé la mort dans d’autres régions.Les autorités de cette région du sud-est de l’Espagne ont décrété une journée de deuil à la mémoire des disparus.- “Une société traumatisée” -À Paiporta, ville martyre de 27.000 résidents où il y eut 56 morts, le deuil durera trois jours. Une veille marquée par trois minutes de silence est prévue dans l’après-midi.”N’importe quel jour un peu nuageux, on peut voir dans l’humeur (des gens) que nous ne sommes pas bien, parce que nous sommes une société traumatisée”, confie à l’AFP Mariló Gradolí, la présidente d’une association de victimes.Personne dans ces localités meurtries n’a oublié ces images d’effroi, celles de torrents d’eau boueuse emportant tout sur leur passage, piégeant de nombreux habitants bloqués dans leur voiture, dans un parking souterrain ou parfois surpris chez eux dans de petites maisons qui ne purent résister aux flots.Plus de 130.000 véhicules ont été arrachés et emportés, parfois empilés dans des tas gigantesques. Des milliers de logements ont été dévastés et rendus insalubres.Ce tsunami d’eau et de boue a tout charrié sur son passage, générant un total de 800.000 tonnes de déchets.La semaine dernière, le corps d’un homme a été retrouvé après avoir été charrié par la rivière Turia. Son décès avait déjà été comptabilisé.Aujourd’hui, deux corps n’ont toujours pas été retrouvés.- “On était vraiment seuls” -Les sinistrés accusent les autorités régionales de ne pas les avoir avertis suffisamment tôt du danger que constituaient ces pluies, alors que les services météorologiques nationaux avaient émis dès le matin une alerte rouge (risque maximal) pour toute la région.L’heure du SMS d’alerte envoyé par les autorités régionales aux habitants à 20H11 (soit plus de 12 heures après l’alerte rouge de l’agence météorologique) reste ainsi au cœur des débats et à l’origine de l’hostilité populaire à l’encontre de M. Mazón.Dans ce climat de colère et de désespoir, où les sinistrés se sentaient abandonnés, les souverains espagnols ont été pris à partie lors d’une visite à Paiporta quelques jours après la tragédie, recevant des jets de boue, alors que Pedro Sánchez était exfiltré par la sécurité.”On était vraiment seuls”, se souvient Doly Murcia, 50 ans, une habitante de Paiporta. Signe que la colère est toujours là, plus de 50.000 personnes ont manifesté samedi dans le centre-ville de Valence pour demander “justice” et réclamer la démission de M. Mazón, qui a été absent pendant des heures ce jour-là et, pour ses détracteurs, n’a pas été à la hauteur.Son emploi du temps précis le 29 octobre 2024 demeure au centre des discussions et des enquêtes.Mais il refuse de démissionner, fort du soutien du patron de la droite espagnole, Alberto Núñez Feijóo.

L’ouragan Melissa va toucher Cuba mais perd de la puissance

L’ouragan Melissa, à nouveau rétrogradé en catégorie 3, se dirige vers Cuba où il devait toucher terre tôt mercredi, après avoir durement frappé la Jamaïque, qualifiée de “zone sinistrée” par les autorités.La tempête évolue depuis quelques jours entre les cartégories 3 et 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, avec des vents dépassant les 200 kilomètres heure, selon le Centre national américain des ouragans (NHC).”Melissa devrait rester un ouragan puissant lorsqu’il traversera Cuba, les Bahamas et les environs des Bermudes”, a déclaré le NHC dans son dernier bulletin mardi soir.Les habitants de Cuba fuient les côtes à l’approche de l’ouragan. Les autorités locales ont déclaré “l’état d’alerte” dans six provinces de l’est du pays et les habitants tentent de stocker vivres, bougies et piles depuis lundi.”Nous avons acheté du pain, des spaghettis, de la viande hachée. Ce cyclone est sérieux, mais nous allons nous en sortir”, estime Graciela Lamaison, rencontrée par l’AFP à Santiago de Cuba, province du sud-est de l’île.En Haïti, à l’est de Cuba, les autorités ont ordonné la fermeture mercredi des écoles, des commerces et des administrations.Avant même de toucher terre mardi en Jamaïque, l’ouragan y a fait trois morts, ainsi que trois autres en Haïti et un en République dominicaine.- “Zone sinistrée” -Melissa a frappé mardi de plein fouet l’ouest de la Jamaïque alors qu’il se trouvait en catégorie 5. Ses vents soufflaient alors à près de 300 km/h.Il s’agit du pire ouragan ayant touché la Jamaïque depuis le début des relevés météorologiques.Le Premier ministre Andrew Holmes a déclaré que l’île était “zone sinistrée”.Selon Desmond McKenzie, ministre jamaïcain des collectivités locales, “plus de 530.000 Jamaïcains (…) sont privés d’électricité. Des travaux sont actuellement en cours pour rétablir notre service et donner la priorité aux infrastructures essentielles telles que les hôpitaux, les stations de pompage et les stations de traitement des eaux”.Saint Elizabeth, paroisse située dans le sud-ouest de l’île peuplée par 150.000 personnes et “grenier à blé” de la Jamaïque, a été submergée, selon Desmond McKenzie, élu local, lors d’une conférence de presse.”Les dégâts à Saint Elizabeth sont considérables (…), toute la Jamaïque a subi les effets dévastateurs de Melissa”, a-t-il ajouté, précisant que plusieurs hôpitaux avaient été endommagés. “Une partie de notre toit a été emportée par le vent, une autre partie s’est effondrée, toute la maison est inondée. Les constructions extérieures comme les enclos pour les animaux ou la cuisine ont également été détruits”, témoigne auprès de l’AFP Lisa Sangster, une habitante de la zone.- Crocodiles -A Saint Catherine, au centre de la Jamaïque, la rivière Rio Cobre est sortie de son lit et les vents puissants ont arraché toits et clôtures, a constaté un photographe de l’AFP.Kingston, la capitale, a été relativement épargnée, selon Mathue Tapper, un habitant de 31 ans. “J’ai l’impression que le pire est passé”, a-t-il confié, disant toutefois être très inquiet pour les zones rurales.Des bourrasques extrêmement violentes ainsi que des inondations côtières sévères et des pluies diluviennes pouvant provoquer des glissements de terrain catastrophiques étaient attendues à travers le pays.Les autorités avaient appelé la population à faire preuve de vigilance vis-à-vis des crocodiles, qui pourraient constituer une menace à la faveur des inondations.Dans ce type de catastrophe, “l’eau tue beaucoup plus de personnes que le vent”, avait rappelé en amont le météorologue Kerry Emanuel, insistant sur le rôle joué par le changement climatique.En réchauffant les mers, ce dernier entraîne un plus grand nombre de tempêtes.Le dernier ouragan majeur à avoir frappé la Jamaïque est Gilbert, en septembre 1988. Moins puissant que Melissa, il avait fait 40 morts et causé d’énormes dégâts.burs-cha-vla/dla/pt

Comment le changement climatique dérègle la santé de millions de personnes

Une menace “sans précédent” pour la santé. Le réchauffement climatique et la combustion d’énergies fossiles ne nuisent pas qu’à l’environnement, ils sont aussi de plus en plus dangereux – et mortels – pour les humains, comme le détaille un rapport annuel de référence publié mercredi par le Lancet.- Une chaleur meurtrière -C’est la grande nouveauté de l’édition 2025 du Lancet Countdown, un rapport publié chaque année par la revue médicale sur les risques du changement climatique pour la santé. Pour la première fois, les auteurs chiffrent le nombre de morts directement provoquées par la chaleur lors des dernières années.Selon eux, 546.000 décès par an ont, en moyenne, été causés par la chaleur entre 2012 et 2021 – principalement en Afrique, au Moyen-Orient et dans l’Asie du Sud -, alors que les épisodes de canicules s’accélèrent à cause du réchauffement climatique. Ce chiffre dépasse de plus de moitié (63%) le niveau enregistré dans les années 1990. Ce bond est largement lié à la hausse de la population mondiale. Mais si l’on prend celle-ci en compte, la mortalité liée à la chaleur progresse cependant de presque un quart (+23%).”Les bébés de moins d’un an et les plus de 65 ans – les tranches d’âges les plus vulnérables – ont subi en 2024 un nombre jamais vu de jours de canicules”, mettent en avant les chercheurs. Pour ces deux catégories, la durée moyenne d’exposition a plus que triplé en vingt ans.Une chaleur excessive peut entraîner des troubles rénaux, des maladies cardiovasculaires et respiratoires, des défaillances d’organes et, parfois la mort. Ses conséquences peuvent être plus insidieuses, note le rapport. Elle décourage l’activité physique et nuit au sommeil, deux composantes essentielles d’une bonne santé physique et mentale.- La pollution, autre tueuse -Autre grande conclusion du rapport: le poids toujours considérable pour la santé de la pollution de l’air, à la fois accentuée par le réchauffement climatique et causée comme lui par la combustion d’énergies fossiles – charbon, gaz… -, qui a franchi un nouveau record en 2024.Les auteurs estiment que la pollution atmosphérique liée aux énergies fossiles a causé plus de 2,5 millions de décès en 2022. La tendance est cependant à la baisse, grâce au déclin de l’usage de charbon dans les pays développés.Nouveauté de cette édition, les auteurs ont chiffré le nombre de morts spécifiquement causés par la pollution liée aux feux de forêt, un phénomène de plus en plus fréquent à cause des épisodes de chaleur et de sécheresse.”L’année 2024 a vu un record de 154.000 morts liés à la pollution aux particules fines issues de la fumée des feux de forêt”, conclut le rapport.- Catastrophes naturelles -Le réchauffement climatique accentue les phénomènes météorologiques “extrêmes”: sécheresses, tempêtes, inondations… Ils ont fait au moins 16.000 morts en 2024, selon le rapport.Reste que ce seul chiffre est très loin de témoigner des profonds effets de ces phénomènes sur la santé humaine. Ils peuvent être désastreux pour la production agricole, mettant en danger la bonne alimentation de nombreuses personnes.L’accélération des épisodes de sécheresse et de canicule a menacé la sécurité alimentaire de 123,4 millions de personnes en 2023, selon le rapport. Et ce chiffre n’est pas exhaustif, puisqu’il repose sur l’analyse de 124 pays, quand le monde en compte presque 200.- Maladies infectieuses -Enfin, le réchauffement climatique facilite aussi la circulation de maladies transmises par des animaux, en particulier des insectes qui trouvent à s’implanter dans des régions jusqu’alors inhospitalières pour eux.Exemple parlant: la dengue, transmise par le moustique tigre. Cet insecte, autrefois circonscrit aux régions tropicales mais désormais bien présent en Europe, trouve des conditions climatiques de plus en plus favorables. A cause de la hausse des températures, le potentiel mondial de transmission du virus de la dengue a bondi de plus de moitié par rapport aux années 1950, contribuant aux plus de sept millions de cas enregistrés dans le monde en 2024. Et le rapport cite d’autres insectes dont la zone d’implantation ne cesse de s’élargir alors qu’ils diffusent des maladies très meurtrières ou invalidantes: la tique sanguine, qui transmet la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, ou le minuscule phlébotome, qui porte la leishmaniose, une maladie parasitaire.

En Tanzanie, faible affluence pour une présidentielle et des législatives sans opposition

Une faible affluence est observée mercredi matin dans les bureaux de vote de Tanzanie, qui tient des élections présidentielle et législatives sans suspense, les principaux adversaires de la cheffe de l’État ayant respectivement été disqualifié et emprisonné.Samia Suluhu Hassan, 65 ans, avait été promue, sans élection, de la vice-présidence à la magistrature suprême à la mort en 2021 de l’autoritaire chef de l’État John Magufuli. Première présidente de Tanzanie, saluée dans un premier temps pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle est aujourd’hui accusée de mener une répression sévère. Mme Hassan a assuré le mois dernier qu’il n’y aura “aucune menace” sécuritaire, après des appels à manifester relayés sur les réseaux sociaux. Les forces de sécurité, qui ont averti qu’elles ne toléreraient aucun trouble, ont déployé des chars autour de Dar es Salaam, la capitale économique. Les tensions sécuritaires semblent avoir inquiété une partie des électeurs. Après avoir ouvert vers 07H00 (04H00 GMT), plusieurs bureaux de votes de Dar es Salaam, bondés lors de précédents scrutins, étaient presque déserts à 07H50 (04H50 GMT).”Je n’ai pas pu sortir aujourd’hui par peur des violences”, a confié Saada, une vendeuse de nourriture de 40 ans, depuis son domicile. “Je n’avais même pas prévu d’aller voter pour des raisons de sécurité. Je tiens à ma vie et à celle de ma famille”, a-t-elle ajouté, sans vouloir donner son nom de famille.Cette faible affluence inquiète des responsables du parti au pouvoir, Chama Cha Mapinduzi (CCM), ex-parti unique contrôlant le pays sans discontinuer depuis l’indépendance. “Nous allons mobiliser les gens dans les rues et à domicile pour qu’ils viennent voter”, a déclaré à l’AFP dans un bureau de vote un responsable de la section locale du CCM, sous couvert d’anonymat.- “Vague de terreur” -La plupart des médias étrangers n’ont pas obtenu d’accréditation pour couvrir le scrutin en Tanzanie continentale.Le principal parti d’opposition, Chadema, a été exclu des élections pour avoir refusé de signer le code électoral qui, selon lui, n’incluait pas les réformes qu’il exigeait. Son chef Tundu Lissu a été arrêté en avril et est jugé pour trahison, des accusations passibles de la peine de mort. Le seul autre candidat sérieux d’opposition, Luhaga Mpina, de l’ACT Wazalendo, a été disqualifié pour des raisons de procédure.L’ONG de défense des droits humains Amnesty international a dénoncé la semaine dernière une “vague de terreur” marquée par “des disparitions forcées, des arrestations arbitraires, des actes de torture et (…) des exécutions extrajudiciaires” en amont du scrutin.Le barreau du Tanganyika – nom de l’ancienne colonie britannique, avant qu’elle ne fusionne avec Zanzibar en 1964 pour devenir la Tanzanie – affirme avoir recensé 83 disparitions d’opposants en Tanzanie continentale (qui exclut Zanzibar) depuis l’accession au pouvoir de Mme Hassan en 2021.Même les membres du CCM n’échappent pas à la répression s’ils critiquent le système: un ancien ambassadeur tanzanien devenu contempteur du système, Humphrey Hesron Polepole, a disparu depuis des semaines. – “Voyous” -La Tanzanie, pays d’Afrique de l’Est d’environ 68 millions d’habitants, est habituée à la répression politique. Selon des analystes, Samia Suluhu Hassan compte sur sa victoire annoncée pour réduire au silence les critiques au sein de son propre parti. La présidente n’a rien fait pour se débarrasser des “voyous” dont son prédécesseur John Magufuli avait doté les services de renseignement, a déclaré l’une de ces voix critiques à Dar es Salaam, requérant l’anonymat par crainte de représailles.Les élections sont un peu plus libres sur l’archipel semi-autonome de Zanzibar, qui élit, en plus du chef de l’État et des membres du Parlement de Tanzanie, son propre président et ses députés locaux. Les élections passées y ont souvent été entachées de violences post-électorales et d’irrégularités. Des messages appelant au calme et à la paix étaient diffusés sur la radio nationale de l’île, où plusieurs centaines de personnes ont fait la file dès l’aube à un bureau de vote installé dans un hall. Une brève altercation y a éclaté après que le nom d’un représentant du parti d’opposition ACT-Wazalendo, Mbarouk Nassor, a été constaté absent de la liste officielle. “C’est fait délibérément parce qu’ACT représente une menace”, a déclaré l’intéressé à l’AFP. 

Gaza: au moins 50 morts dans des frappes israéliennes, Trump confiant quant au cessez-le-feu

La Défense civile à Gaza a annoncé mercredi la mort d’au moins 50 Palestiniens dans des frappes menées par Israël après une attaque mortelle contre un de ses soldats, Donald Trump assurant cependant que “rien” ne compromettrait l’accord de cessez-le-feu.”Au moins 50 personnes ont été tuées, dont 22 enfants et plusieurs femmes et enfants” à la suite de ces frappes, a déclaré mercredi matin à l’AFP Mahmoud Bassal, un porte-parole de la Défense civile, service de secours opérant sous l’autorité du Hamas.Quelque 200 personnes ont été blessées dans ce qui constitue “une violation claire et flagrante de l’accord de cessez-le-feu”, a-t-il ajouté, déplorant une situation “catastrophique et terrifiante” à Gaza.A 06h00 GMT, des frappes sporadiques se poursuivaient, selon des témoins.Un peu plus tôt, le président américain avait assuré qu’elles ne mettaient pas en péril le cessez-le-feu qu’il a négocié entre Israël et le Hamas, en vigueur depuis le 10 octobre, et qu’Israël se devait de riposter à l’attaque d’un de ses soldats.”Ils ont tué un soldat israélien. Donc les Israéliens ripostent. Et ils devraient riposter”, a déclaré le président américain à bord de son avion Air Force One, assurant que “rien” ne compromettrait le cessez-le-feu.L’armée israélienne a ensuite confirmé qu’un soldat, Yona Efraim Feldbaum, 37 ans, avait été tué mardi dans la bande de Gaza.Selon une source militaire, les faits se sont déroulés dans la zone de Rafah (sud) où l’armée israélienne opère pour démanteler les infrastructures et tunnels du mouvement islamiste qui restent à l’est de la “ligne jaune”.Cette ligne délimite la zone au-delà de laquelle s’est retirée, dans le cadre du cessez-le-feu, l’armée israélienne, qui dit contrôler désormais environ la moitié du territoire palestinien.Mardi “à 15h45, des tirs ennemis ont été dirigés contre un bâtiment et, simultanément” contre un véhicule du génie”, provoquant la mort d’un soldat, selon cette source qui a évoqué peu après “plusieurs” tirs de missiles antichars sur un autre véhicule blindé.Ce nouvel épisode de violences est le second après les frappes du 19 octobre menées, selon Israël, après une attaque contre ses soldats.Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a démenti avoir attaqué les troupes israéliennes et réaffirmé “son engagement envers l’accord de cessez-le-feu”.Selon un bilan du ministère de la Santé du Hamas avant les nouvelles frappes, au moins 94 Palestiniens ont été tués dans des bombardements israéliens depuis le 10 octobre.- Accusations -Plus tôt, le mouvement islamiste palestinien avait accusé Israël de “violations” et annoncé le report de la remise, initialement prévue mardi soir, d’une nouvelle dépouille d’otage.En vertu de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré au 13 octobre l’ensemble des 20 otages vivants qu’il retenait à Gaza. Il devait aussi rendre à cette date les 28 derniers corps mais il n’en a restitué que 15 jusque-là.Le mouvement assure que les localiser est “complexe et difficile” dans un territoire ravagé. Mardi, il a annoncé avoir retrouvé au total deux corps d’otages, sans préciser quand il va les rendre.Le même jour, le gouvernement israélien a également accusé le Hamas d’avoir mis en scène la découverte supposée d’un corps d’otage, diffusant des images pour étayer ses dires. L’AFP n’était pas en mesure d’en authentifier la date ni le lieu de tournage.Les corps d’otages sont retenus à Gaza depuis l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.Le Forum des familles, principale association israélienne militant pour le retour des otages, a appelé le gouvernement de Benjamin Netanyahu à “agir de manière décisive” contre le Hamas pour ses “violations” de l’accord.Dans la bande de Gaza assiégée par Israël, la peur d’un retour de la guerre hante les habitants, épuisés, luttant sans répit pour s’approvisionner en eau et en nourriture. “La question des (otages) doit être réglée afin qu’Israël ne s’en serve pas comme une excuse pour reprendre la guerre”, a dit Abdelhay al-Hajj Ahmed, 60 ans, à Jabalia (nord). “J’ai très peur que la guerre reprenne.”L’attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de chiffres officiels.L’offensive israélienne menée en représailles a fait 68.531 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.