Test

En plein scandale, Shein s’apprête à s’installer au BHV à Paris

Visé par une enquête après la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine, le géant de l’e-commerce asiatique Shein dit collaborer à 100% avec la justice et ouvrira bien mercredi à Paris, malgré tout, son grand espace au BHV.S’il dit avoir “réfléchi à arrêter” sa collaboration avec Shein, le patron du grand magasin BHV Frédéric Merlin persiste: le magasin ouvrira bien mercredi à 13h00.Le président exécutif de Shein Donald Tang affirme que les produits concernés ont été retirés de la plateforme et que le groupe remonte “à la source” pour prendre “des mesures rapides et décisives à l’encontre des responsables”.Le géant de la mode ultra-éphémère dit avoir mis en place une interdiction totale des produits de type “poupées sexuelles”, temporairement déréférencé la catégorie “produits pour adultes”, et “également étendu sa liste noire de mots-clés”.Régulièrement accusé de concurrence déloyale, de pollution environnementale et de conditions de travail indignes, Shein se défend sur ce nouveau front ouvert samedi par la Répression des fraudes (DGCCRF), qui a signalé à la justice la commercialisation de ces poupées ressemblant à des fillettes – également retrouvées sur le site AliExpress.AliExpress a également affirmé les avoir retirées. – Enquêtes du parquet de Paris -Lundi, le parquet de Paris a annoncé avoir confié quatre enquêtes à l’Office des mineurs (Ofmin), sur quatre plateformes (Shein, AliExpress, Temu, Wish). Ces investigations portent sur la “diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur”, mais aussi, pour Shein et AliExpress, sur la “diffusion de l’image ou la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique”.Sur l’identité des acheteurs, “nous serons en totale transparence avec la justice”, a affirmé mardi le porte-parole de Shein en France, Quentin Ruffat.”Remonter jusqu’aux acheteurs, c’est remonter à des pédocriminels potentiels”, a réagi auprès de l’AFP Solène Podevin Favre, présidente de l’association Face à l’inceste. “Cela pourrait permettre de détecter des victimes”.”Selon les premiers résultats de notre audit interne, ces poupées étaient présentes depuis le 16 octobre” sur Shein, a déclaré sur BFMTV Quentin Ruffat, invoquant un “dysfonctionnement interne”. Le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou, s’est dit “scandalisé” et celui de l’Economie Roland Lescure avait menacé d’interdire l’accès à Shein en France en cas de récidive. – “Récupération” -En attendant, Shein ouvrira comme prévu sa première boutique physique pérenne, un espace de 1.200 m2, au BHV, où l’événement est sur toutes les lèvres.”Ce qui me rend triste, c’est que ça va marcher”, anticipe auprès de l’AFP Julie (le prénom a été changé), vendeuse d’une marque d’épicerie au BHV, souvent sollicitée par des clients à la recherche de produits Shein.  Katia, cliente parisienne de 45 ans, qualifie de “catastrophe” l’arrivée d’une marque d'”ultra fast-fashion” au BHV qu’elle envisage de boycotter. Déplorant qu’une telle “responsabilité retombe toujours sur le consommateur”, elle dénonce la “faillite de l’Etat, de la loi”.Salariée du BHV depuis plus de 20 ans, Mélissa (prénom d’emprunt) regrette la “récupération” de l’affaire Shein au détriment d'”autres revendications” du personnel, alors que de nombreux fournisseurs ont quitté le magasin en raison d’impayés. Allongeant la liste des mécontents, la maison de mode agnès b. a annoncé mardi son départ du BHV, déplorant l’implantation de Shein.En face du grand magasin, la mairie de Paris est “rentrée en guerre contre Shein et contre le BHV”, a assuré mardi à la presse Patrick Bloche, premier adjoint d’Anne Hidalgo.La mairie a notamment demandé au BHV le retrait de bannières publicitaires Shein non réglementaires et passibles d’une amende. Egalement opposé à l’arrivée de la marque dans des magasins portant son nom, le groupe Galeries Lafayette s’est lui mis d’accord avec la SGM pour rompre le partenariat concernant sept Galeries Lafayette de province exploitées par la SGM et qui seront rebaptisées BHV. Cinq de ces magasins doivent accueillir Shein. Après de premières actions d’associations lundi devant le BHV, Patrice Faure, le préfet de police de Paris, assure suivre l’inauguration avec une “attention toute particulière” afin d’assurer “la sécurité à la fois de nos concitoyens” mais aussi “des infrastructures”.jul-ac-cac-ole-mca-kap/alh/rl

Le procès du cimentier Lafarge pour financement du terrorisme s’ouvre sur des débats procéduraux

Le procès du groupe Lafarge et de huit anciens responsables, soupçonnés d’avoir payé des groupes jihadistes, dont le groupe Etat islamique, en Syrie jusqu’en 2014 dans le but d’y maintenir l’activité d’une cimenterie, s’est ouvert mardi à Paris, démarrant sur l’examen d’une flopée de questions procédurales.La société et les anciens cadres doivent comparaître devant le tribunal correctionnel jusqu’au 16 décembre pour financement d’entreprises terroristes, et pour certains aussi pour non-respect de sanctions financières internationales.Au côté de Lafarge, avalé en 2015 par le groupe suisse Holcim, sont jugés à Paris l’ancien PDG du cimentier français Bruno Lafont, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires syriens, dont l’un est visé par un mandat d’arrêt international.La première journée d’audience a été consacrée à la défense de sept questions prioritaires de constitutionnalité, déposées aussi bien par des avocats des prévenus que des parties civiles. Le tribunal dira mercredi s’il décide de transmettre une ou plusieurs de ces questions à la Cour de cassation, qui pourrait ensuite les envoyer au Conseil constitutionnel. Cela mènerait de fait au renvoi du procès à une date ultérieure. Dans ce dossier, le groupe français est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d’euros à des groupes rebelles jihadistes – dont certains, comme l’organisation Etat islamique (EI) et Jabhat al-Nosra, ont été classés comme “terroristes” – afin de maintenir l’activité d’une cimenterie à Jalabiya, dans le nord de la Syrie.La société avait investi 680 millions d’euros dans ce site, dont la construction avait été achevée en 2010. Alors que les autres multinationales avaient quitté le pays en 2012, Lafarge n’a évacué cette année-là que ses employés de nationalité étrangère, et maintenu l’activité de ses salariés syriens jusqu’en septembre 2014, date à laquelle l’EI a pris le contrôle de l’usine.Dans ce laps de temps, LCS aurait rémunéré des intermédiaires pour s’approvisionner en matières premières auprès de l’EI et d’autres groupes, et pour que ces derniers facilitent la circulation des employés et des marchandises.L’information judiciaire avait été ouverte à Paris en 2017 après plusieurs révélations médiatiques et deux plaintes en 2016, une du ministère de l’Economie pour violation d’embargo et l’autre des associations Sherpa, Centre européen pour les droits constitutionnels (ECCHR) et de onze anciens salariés de LCS pour financement du terrorisme.- Plaider-coupable -Le nouveau groupe issu de la fusion de 2015 – d’abord baptisé LafargeHolcim, puis renommé Holcim en 2021 -, qui a toujours pris soin de se désolidariser des faits antérieurs à cette opération, avait entretemps lancé une enquête interne, confiée notamment au cabinet d’avocats américain Baker McKenzie et qui avait conclu en 2017 à des “violations du code de conduite des affaires de Lafarge”.En octobre 2022, Lafarge SA avait plaidé coupable aux Etats-Unis d’avoir versé à l’EI et Jabhat Al-Nosra près de 6 millions de dollars et accepté d’y payer une sanction financière colossale de 778 millions de dollars.En France, Lafarge encourt jusqu’à 1,125 million d’euros d’amende pour le financement du terrorisme. Pour la violation d’embargo, l’amende encourue est plus lourde, allant jusqu’à 10 fois le montant de l’infraction qui pourra être retenu in fine par la justice.Pour Me Jacqueline Laffont, avocate de Bruno Lafont avec Me Quentin de Margerie, “Holcim a donc réussi, à travers cette histoire, à anéantir, en réalité, Lafarge”. S’exprimant face à la presse, elle a estimé que l’accord de plaider-coupable posait “des problèmes d’atteinte à la présomption d’innocence absolument fondamentaux”.Devant le tribunal, Me de Margerie a par ailleurs soulevé, à travers une QPC, le sujet du rôle des services secrets dans cette affaire, regrettant que trop peu d’éléments aient été déclassifiés, ce qui ne garantit selon lui pas un droit à un “procès équitable”.Du côté des parties civiles, cette affaire doit permettre de se pencher sur la “responsabilité des multinationales” opérant en zone de conflit.Un autre volet retentissant de ce dossier est toujours à l’instruction, le groupe ayant aussi été mis en examen pour complicité de crimes contre l’humanité en Syrie et en Irak. 

Climat: l’Europe en quête d’un compromis de dernière minute avant la COP

Pour éviter une “catastrophe diplomatique”, les Européens vont tenter d’arracher un accord mardi soir à Bruxelles sur la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre en 2035 et 2040, juste avant la conférence de l’ONU sur le climat au Brésil.”C’est une journée cruciale”, a lancé avant la réunion la ministre française de la Transition écologique Monique Barbut, et ce serait un “désastre” si les Européens ne parvenaient pas à conclure un accord sur 2035 avant la COP30. Les ministres de l’Environnement des Vingt-sept doivent s’accorder à l’unanimité sur la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre en 2035 – un chiffre que l’ONU leur réclame depuis des mois pour la COP – et à la majorité qualifiée sur leur loi climat en 2040.A ce stade, ils n’ont pas endossé l’objectif proposé par la Commission européenne de baisser de 90% les émissions en 2040 par rapport à 1990 – l’UE en était à -37% en 2023 – , avec à la clé des transformations majeures pour l’industrie et le quotidien des Européens.”Les discussions sont très difficiles”, reconnaissait une source diplomatique en fin d’après-midi. Le Danemark, qui occupe la présidence tournante de l’Union européenne, s’efforce notamment de convaincre l’Italie, l’un des pays réticents.La décision “doit être prise aujourd’hui”, a martelé de son côté le ministre allemand Carsten Schneider. “Je souhaite que nos chefs d’État et de gouvernement se rendent au Brésil avec un mandat très fort, un rôle de leader clair pour l’Europe”.Le bras de fer est tendu dans une Europe qui a relégué les questions climatiques derrière les enjeux de défense et de compétitivité ces derniers mois.L’Espagne, les pays scandinaves et l’Allemagne soutiennent l’objectif de la Commission.Mais pas la Hongrie, ni la Pologne, la République Tchèque ou l’Italie, qui y voient une menace pour leur industrie.La France a quant à elle entretenu le suspense jusqu’au bout, s’attirant les foudres des organisations environnementales. Paris a successivement réclamé des garanties sur le nucléaire, le financement des industries propres, puis un “frein d’urgence” pour prendre en compte les incertitudes sur la capacité des puits de carbone (forêts, sols…) à absorber du CO2, au moment où l’état des forêts se dégrade en Europe.- “Echappatoires inutiles” -Pour rassurer les plus réticents, les négociations portent sur ces “flexibilités” accordées aux Etats, dont la possibilité d’acquérir des crédits carbone internationaux, qui financeraient des projets en dehors de l’Europe.La Commission européenne a fait un geste début juillet en proposant d’intégrer jusqu’à 3% de ces crédits carbone dans la baisse des émissions de 90%. Insuffisant pour une série de pays, dont l’Italie ou la France, qui fixe désormais comme condition une part de 5% de crédits internationaux pour adopter l’objectif 2040.Des Etats ont aussi poussé pour inscrire dans cette loi climat une clause de révision tous les deux ans, qui permettrait d’ajuster l’objectif s’il s’avérait trop difficile à atteindre.Autant de concessions qui hérissent les organisations environnementales. “Les Etats membres ne devraient pas affaiblir” davantage les ambitions européennes avec “des échappatoires inutiles tels que les crédits carbones internationaux”, critique Sven Harmeling, du réseau d’ONG CAN Europe.Un diplomate relativise. Le compromis que l’UE pourrait adopter mardi soir “ne sera pas forcément très joli”, mais “nous essayons de faire quelque chose de bien” dans le “monde réel et désordonné tel qu’il est”.Le leadership de l’Europe en matière climatique est “reconnu” par le reste du monde, a aussi assuré le commissaire européen Wopke Hoekstra, alors que l’UE vise la neutralité climatique en 2050.Sur l’échéance 2035, les pays européens avaient tenté de déminer le terrain au mois de septembre en mettant en avant une fourchette de réduction des émissions comprise entre -66,25% et -72,5% par rapport à 1990.Il leur appartient désormais de formaliser cette dernière pour qu’elle devienne l’objectif contraignant qu’attend l’ONU, la “NDC” dans le jargon onusien.Pour la France, il serait “impensable que l’Union européenne n’adopte pas de +NDC+ avant d’arriver à Belem. Ce serait une catastrophe diplomatique”.Très loin derrière la Chine, l’Union européenne est le quatrième émetteur de gaz à effet de serre dans le monde, après les Etats-Unis et l’Inde.

Lecornu promet de “protéger” Exaion, une pépite d’EDF lorgnée par l’américain Mara

Sébastien Lecornu a promis mardi de “protéger” l’entreprise Exaion, pépite technologique du groupe public EDF qui doit être vendue au groupe américain Mara.”On va protéger cette entreprise. EDF va rester dedans. La procédure IEF (de contrôle des investissements étrangers, NDLR) qui est une bonne procédure, va fonctionner”, a affirmé le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Il répondait au chef de file des députés UDR, Eric Ciotti, allié du Rassemblement national (RN).Le ministère français de l’Economie avait demandé fin août à EDF de “rouvrir” le dossier de cette vente, officialisée le 11 août par la signature d’un accord prévoyant l’acquisition par Mara de 64% d’Exaion pour 168 millions d’euros.Ce qui avait soulevé des critiques sur la vente d’actifs stratégiques français à des pays étrangers.La société, filiale de l’énergéticien français, développe des centres de données de calcul de haute performance.EDF, détenu par l’Etat à 100%, “va rester au capital” d’Exaion, a assuré de nouveau M. Lecornu, en ajoutant que “même un actionnaire minoritaire (…) peut avoir des conditions de blocage et de protection”. Il a aussi précisé que la procédure dite IEF de contrôle des investissements étrangers, mise en oeuvre en septembre, allait “permettre aux services de Bercy, au secrétariat national de la défense nationale, à celles et ceux qui ont à connaître aussi des questions numériques et énergétiques, d’émettre un avis et des conditions sur cette augmentation de capital”.Il a dit s’attendre à une “réponse d’ici la fin de l’année”, alors que cette procédure dure habituellement deux mois.”Un certain nombre de choses doivent être objectivées. Déjà, le caractère réellement critique de ce que fait cette entreprise” et “évidemment, les conditions qui vont nous permettre de le faire” (l’augmentation de capital), a-t-il développé.M. Lecornu a néanmoins souhaité “traiter aussi le mal à la racine”, c’est-à-dire “la question de la disponibilité” des capitaux français ou européens pour ce type de rachat.”Un des gros problèmes de l’Europe et de la France, c’est le manque de disponibilité de ces capitaux qui créent donc des vulnérabilités, et qui font que les capitaux étrangers, tantôt chinois, tantôt du Golfe, tantôt américains, peuvent venir au secours de certaines de nos entreprises qui n’ont pas spécialement envie de se donner à ces fonds”, a-t-il pointé.

Claude Bébéar, figure du capitalisme français et fondateur de l’assureur Axa, est décédé

Claude Bébéar, figure du capitalisme français et fondateur de l’assureur Axa, est décédé à l’âge de 90 ans, a annoncé mardi l’assureur dans un communiqué.Après avoir façonné pendant des décennies la compagnie Axa, aujourd’hui géant mondial de l’assurance, Claude Bébéar avait quitté en 2013 ses fonctions au sein du groupe, dont il était resté président d’honneur.”Avec la disparation de Claude Bébéar, c’est une page importante de l’histoire du capitalisme français qui se tourne. Il a été un leader visionnaire et conquérant, mais aussi un mentor généreux et exigeant pour plusieurs générations de dirigeants”, a déclaré Henri de Castries, ancien président-directeur général d’Axa, cité dans le communiqué.Les obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité. La famille de Claude Bébéar “partagera prochainement, en lien avec Axa et l’Institut Montaigne, ses volontés à l’intention des personnes qui souhaiteraient adresser des messages” et saluer sa mémoire, selon le communiqué d’Axa.Claude Bébéar est né le 29 juillet 1935 à Isaac en Dordogne. Diplômé de l’Ecole Polytechnique (Promotion 1955) et de l’Institut des actuaires de Paris, il est recruté en 1958 par André Sahut d’Izarn, qui dirige le groupe des Anciennes Mutuelles d’assurance à Rouen, et cherche un futur successeur.Il en devient le directeur général en 1975, après le décès d’André Sahut d’Izarn et une grève très dure, avant de prendre en 1982 la présidence du groupe, qui deviendra Axa en 1985.Au fil des ans, la méthode Bébéar pour faire croître le groupe sera faite d’une série d’acquisitions, dont plusieurs au terme de négociations musclées, comme dans le cas de l’Union des assurances de Paris (UAP). En mai 2000, Claude Bébéar laisse la présidence du directoire d’Axa à Henri de Castries et devient président du conseil de surveillance, un poste qu’il conservera jusqu’en 2013. Il est ensuite devenu président d’honneur d’Axa et était également président d’honneur de l’Institut Montaigne, institut de réflexion politique indépendant qu’il a créé et présidé.

La “crise des inégalités” économiques menace la démocratie, selon un rapport du G20

Les inégalités de richesse constituent une crise mondiale qui menace la démocratie et la cohésion sociale, met en garde mardi un groupe d’économistes et d’universitaires, appelant les dirigeants du G20 à considérer cette crise au même titre que l’urgence climatique.Cette “crise des inégalités” accentue la faim pour des milliards d’êtres humains et pourrait empirer sous le coup des politiques, notamment commerciales, de l’administration de Donald Trump, selon un rapport rédigé sous la houlette du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz.”Un habitant sur quatre dans le monde saute désormais un repas de façon régulière, quand la fortune accumulée des milliardaires a atteint un niveau inégalé dans l’Histoire”, affirme le rapport commandé par la présidence sud-africaine du G20, qui réunira les plus grandes économies de la planète lors d’un sommet les 22 et 23 novembre à Johannesburg.”Les inégalités sont un choix. C’est quelque chose que nous pouvons changer”, a déclaré mardi Joseph Stiglitz lors de la remise officielle du rapport au président sud-africain Cyril Ramaphosa.”Il nous appartient désormais, en tant que dirigeants du G20 et leaders mondiaux, de faire preuve de la volonté et de l’engagement nécessaires”, pour réduire les inégalités, a déclaré M. Ramaphosa, qui entend faire de ce thème l’un de ses chevaux de bataille lors du sommet du G20.Depuis 2000, soulignent les six auteurs, les inégalités de revenus entre tous les habitants de la planète ont diminué, en grande partie grâce au développement économique de la Chine. Mais les inégalités de richesses, elles, ont continué de se creuser à un rythme vertigineux.”Entre 2000 et 2024, les 1% les plus riches du monde ont accaparé 41% de toutes les nouvelles richesses, tandis que seulement 1% (des nouvelles richesses, Ndlr) est allé aux 50% les plus pauvres”, alerte le rapport.”Dans les 30 prochaines années, 1.000 milliardaires vont transmettre plus de 5.200 milliards de dollars à leurs héritiers, en grande partie non taxés, perpétuant les inégalités d’une génération à l’autre”, affirment les auteurs.”Le monde comprend que nous sommes confrontés à une urgence climatique; il est temps d’acter le fait que nous faisons aussi face à une crise des inégalités”, a plaidé le prix Nobel dans un communiqué diffusé avant la conférence de presse.- “Erosion de la démocratie” -M. Stiglitz et les cinq autres experts préconisent dans un premier temps la création d’un panel international sur les inégalités pour en comprendre tous les mécanismes, comme par exemple les techniques d’évasion fiscale. Ces analyses permettraient d’éclairer l’élaboration de politiques publiques.Au titre des pistes pour redresser les inégalités, ils évoquent des mesures de justice fiscale, avec une contribution plus équitable des multinationales ou des plus fortunés, la stabilisation des prix, la fin des grands monopoles ou la restructuration de la dette des pays en voie de développement.Ils font aussi part de leur craintes de voir les politiques de l’administration Trump, notamment l’imposition de droits de douane supplémentaires, accentuer les inégalités dans le monde.”Ce nouveau monde, dans lequel le puissant enfreint les règles en toute impunité et qui nous éloigne d’un ordre international fondé sur des règles pour aller vers +la loi de la jungle+, pourrait systématiser des schémas inégaux d’échanges, d’investissements et de technologies…”, s’inquiète le prix Nobel.Le rapport, commandé par le président Cyril Ramaphosa, dont le pays est le plus inégalitaire du monde selon les calculs de la Banque mondiale, établit un lien entre les inégalités économiques et “l’érosion de la démocratie et la progression de l’autoritarisme”.”Les inégalités érodent la confiance dans les institutions, alimentent la polarisation de la politique (…) et créent un climat de tensions sociales de différentes natures.”Joseph Stiglitz, qui ne s’attend pas à recevoir le soutien des Etats-Unis pour la création d’un panel des inégalités, a toutefois espéré devant la presse qu’une majorité de pays se prononcera en faveur de cette idée.L’Afrique du Sud est le premier pays africain à présider le G20, qui regroupe 19 pays, l’Union africaine et l’Union européenne, représentant 85% du PIB et deux tiers de la population de la planète.Les relations entre l’Afrique du Sud et les Etats-Unis sont délétères depuis le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, qui a déjà fait savoir qu’il ne participerait pas au sommet de novembre. 

Les Bourses mondiales souffrent d’un retour de l’aversion pour le risque

Les Bourses mondiales évoluent dans le rouge mardi, sur fond de prises de profit face aux valorisations colossales des géants de l’intelligence artificielle.Vers 15H00 GMT, en Europe, la Bourse de Paris perdait 0,77%, Francfort 0,99%, Londres 0,18% et Milan 0,25%.Dans les premiers échanges à Wall Street, le Dow Jones reculait de 0,51%, l’indice Nasdaq perdait 1,13% et l’indice élargi S&P 500 cédait 0,83%.”Ce repli n’est pas le signe d’un changement de tendance, mais d’une respiration normale des marchés après plusieurs semaines de hausse”, commente Antoine Andreani, directeur de la recherche chez XTB France. “Les investisseurs verrouillent leurs profits avant d’éventuelles nouvelles annonces macroéconomiques.”Pour John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank, un début de “fatigue de l’IA gagne les investisseurs malgré la multiplication des mégadeals dans le secteur”. Il fait référence au contrat de 38 milliards de dollars qu’OpenAI a passé avec Amazon pour des services dans le cloud (informatique à distance). “À cela s’ajoute un climat d’incertitude politique aux États-Unis, où le pays s’apprête à battre un record historique: celui du +shutdown+ gouvernemental le plus long jamais enregistré”, indique M. Plassard évoquant la paralysie des services publics américains due au blocage budgétaire au Congrès.Autre facteur d’inquiétude pour les marchés actions: les investisseurs ne sont plus aussi certains que la Réserve fédérale américaine (Fed) va à coup sûr baisser à nouveau ses taux en décembre.”La probabilité d’une nouvelle baisse d’un quart de point de pourcentage des taux directeurs de la Fed a diminué à 65% contre plus de 90% la semaine dernière”, note Ipek Ozkardeskaya, analyste senior de Swissquote.Ces doutes ont été aussi alimentés par des déclarations de membres de la Fed. Austan Goolsbee de l’antenne de Chicago s’est dit plus préoccupé par l’inflation que par l’emploi, ajoutant qu’il n’était pas encore décidé à baisser les taux en décembre.Une gouverneure de la Banque centrale, Lisa Cook, a aussi indiqué s’attendre “à ce que l’inflation reste élevée l’année prochaine”, ce qui ne plaide pas pour une baisse des taux dans l’immédiat.Bataille autour de MetseraLa biotech américaine Metsera, spécialiste des traitements anti-obésité, a annoncé mardi avoir reçu une offre de rachat améliorée de la part du laboratoire américain Pfizer, mais celle-ci a été immédiatement surclassée par son concurrent danois Novo Nordisk (-1,30% vers 15H00 GMT à Copenhague).Pfizer (-0,85% à Wall Street) et Metsera ont approuvé en septembre une offre valorisant la biotech à 4,9 milliards de dollars, mais jeudi, le groupe danois a créé la surprise en proposant 6 à 9 milliards. Selon le communiqué de la biotech, Pfizer lui promet désormais 8,1 milliards. Cependant Novo Nordisk a aussitôt surenchéri en mettant près de 10 milliards dans la corbeille de mariage.Pfizer a par ailleurs annoncé mardi des résultats en baisse au troisième trimestre, privés de la manne des traitements anti-Covid du fait du reflux continu des hospitalisations mais aussi des nouvelles recommandations vaccinales du gouvernement américain.La livre et le rendement de l’emprunt britannique baissentLa livre évolue au plus bas depuis plus de six mois face au dollar après que la ministre des Finances britannique, Rachel Reeves, a ouvert la voie à un rehaussement des impôts dans son futur budget.Dans son discours prononcé mardi, la chancelière de l’Echiquier, son titre officiel, a prévenu les Britanniques qu’ils devront tous “contribuer” à redresser le pays, et n’a pas exclu une augmentation de l’impôt sur le revenu ou de la TVA.Vers 15H00 GMT, la livre sterling cédait 0,72% par rapport au billet vert, à 1,3046 dollar pour une livre.Sur le marché de la dette, le gilt, l’emprunt britannique à dix ans se détendait, à 4,41%, contre 4,43% à la clôture lundi.”Cela ne signifie pas que le marché (de la dette) apporte un soutien appuyé aux projets de la chancelière de relever les impôts sans réduction significative des dépenses du secteur public ni des prestations sociales”, souligne Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.”En revanche, une augmentation de l’assiette fiscale pourrait lui permettre de constituer une marge budgétaire plus importante, c’est-à-dire les ressources dont dispose le pays en cas de crise”, note-t-elle.

Wall Street recule, à cause de prises de bénéfices

La Bourse de New York est orientée à la baisse mardi, les investisseurs prenant leurs bénéfices dans un marché marqué par des valorisations très élevées pour les entreprises liées à l’intelligence artificielle (IA) et par l’absence d’indicateurs économiques.Vers 15H05 GMT, le Dow Jones reculait de 0,31%, l’indice Nasdaq perdait 0,93% et l’indice élargi S&P 500 cédait 0,62%.”Lorsque vous atteignez les niveaux élevés (de valorisation, ndlr) où nous nous trouvons actuellement, il est facile d’avoir le vertige”, commente auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.Ces derniers mois, la place américaine a enchaîné les records et les valeurs technologiques ont accru leur poids, le mastodonte des puces Nvidia ayant même franchi le seuil symbolique des 5.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.Le dynamisme s’est notamment appuyé sur l’enthousiasme autour du développement de l’intelligence artificielle, et la conclusion de contrats commerciaux à plusieurs dizaines de milliards de dollars de façon très récurrente.Selon Art Hogan, mardi “nous manquons de ce vent favorable quotidien habituel dans un environnement où nous ne connaissons toujours pas exactement le rythme de la croissance économique, car la paralysie budgétaire (+shutdown+) ne permet pas de fournir de données économiques officielles”.”L’explication la plus simple” du recul des principaux indices américains est donc “une prise de bénéfices”, relève Patrick O’Hare, de Briefing.com.D’autant que de plus en plus d’observateurs, à l’instar du patron de la banque Morgan Stanley, ont émis ces derniers jours la crainte de voir les indices boursiers essuyer une correction à la baisse.Sur le marché obligataire, le rendement à échéance dix ans des emprunts de l’État américain se détendait, évoluant autour de 4,09% contre 4,11% à la clôture lundi.Les acteurs de la place américaine attendent désormais la publication mercredi du compte-rendu de la dernière réunion de la banque centrale américaine (Fed).Alors que deux responsables de l’institution avaient voté contre la baisse de taux décidée la semaine dernière, l’un voulant une plus ample détente, l’autre recherchant le statu quo, ce document “permettra de préciser la position de chacun”, souligne Art Hogan.A la cote, le groupe d’analyse de données Palantir (-6,66% à 193,40 dollars) baissait après la publication de ses résultats.L’entreprise a pourtant relevé ses prévisions de chiffre d’affaires annuel et dépassé les attentes au troisième trimestre, mais les investisseurs s’inquiètent de son niveau de valorisation, très élevé.La plateforme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) Uber (-7,06% à 92,68 dollars) était boudée malgré un chiffre d’affaires supérieur aux attentes pour le troisième trimestre, à plus de 13 milliards de dollars.Les perspectives de rentabilité de l’entreprise pour le trimestre en cours sont, elles, dans la lignée du consensus des analystes.Le laboratoire américain Pfizer (+0,57% à 24,80 dollars) parvenait à rester dans le vert malgré des résultats en baisse au troisième trimestre, privés de la manne des traitements anti-Covid du fait du reflux continu des hospitalisations mais aussi des nouvelles recommandations vaccinales du gouvernement américain.

Assises de la mer: Macron plaide pour les “champions”, CMA CGM donne des gages

En plein débat budgétaire, Emmanuel Macron a plaidé mardi pour les “champions” français aux Assises de l’économie de la mer, où l’armateur CMA CGM a donné des gages en annonçant augmenter d’un tiers sa flotte immatriculée en France.”On ne rend pas un pays plus heureux quand on empêche ses champions d’aller conquérir de nouveaux marchés”, a déclaré le président de la République lors de ce rassemblement à La Rochelle (Charente-Maritime).”Vous le savez ici, vous qui avez des champions dans le nautisme, des champions dans le vélique, des champions dans le fret, etc, etc. Et donc on va continuer d’avancer sur cette même ambition”, a-t-il complété.Dans une alliance gauche et Rassemblement national, l’Assemblée nationale a voté la semaine dernière plusieurs amendements augmentant les prélèvements sur les multinationales. La gauche réclame par ailleurs de s’attaquer aux aides de l’Etat sur les grandes entreprises. Un projet d’amendement au budget 2026 prévoyant de supprimer la réduction fiscale dont bénéficient les armateurs en France depuis plus de 20 ans via une “taxe au tonnage” forfaitaire – basée sur le poids des navires et non les résultats financiers – a été récemment abandonné. Ce texte inquiétait beaucoup les armateurs, dont le premier d’entre eux, CMA CGM.”La fiscalité ne peut pas tout. Elle ne remplace ni la stratégie, ni l’investissement, ni la confiance”, a affirmé à La Rochelle son PDG, Rodolphe Saadé, pour qui “remettre en cause la taxe au tonnage ne serait pas un simple signal négatif, ce serait une erreur stratégique”.Ce régime est “un standard mondial appliqué à 90% de la flotte internationale”, a souligné M. Saadé, après avoir rappelé que son entreprise avait acquitté l’année dernière “500 millions d’euros” au titre de “la contribution exceptionnelle sur les profits” des sociétés.- 5% sous pavillon français -Le président d’Armateurs de France, Edouard Louis Dreyfus, a également réclamé de la “stabilité” fiscale. “Depuis deux ans maintenant, les débats budgétaires remettent en cause cette stabilité, la taxe au tonnage notamment (…) c’est un danger parce que ne plus avoir confiance dans la stabilité du système, ne plus avoir confiance dans la visibilité”, a-t-il lancé lors des Assises.Evoquant lui aussi le long terme à La Rochelle, le président du Groupement des industries de construction et activités navales (Gican) Eric Pommelet, a dit le souhait de la filière de voir aboutir “une sorte de loi de programmation, un peu comme on l’a dans le militaire (…) de l’acquisition de navires civils pour l’ensemble des services de l’État”.Plus tôt mardi, CMA CGM a annoncé l’inscription de 10 nouveaux porte-conteneurs sous pavillon français, augmentant de 33% la taille de sa flotte immatriculée en France.Le premier des dix navires, actuellement en construction dans des chantiers chinois, sera livré en juin 2026 et le dernier fin 2028. Cela portera à 40 le nombre de navires sous pavillon français dans la flotte de l’armateur, contre 30 actuellement.Au total, CMA CGM exploite actuellement plus de 650 navires dans sa flotte, un peu moins de la moitié étant en pleine propriété, les autres en affrètement. Près de 5% de la flotte bat donc pavillon français. Les dix bâtiments concernés représentent un investissement de 2,5 milliards d’euros, a précisé CMA CGM à l’AFP.Le groupe a actuellement “96 bateaux neufs en commande”, incluant ces dix bâtiments, a révélé à l’AFP le directeur des constructions neuves de l’entreprise, Xavier Leclercq. Le solde le sera “essentiellement sous pavillon maltais”, a-t-il ajouté.”Il y a une différence de coût significative entre le pavillon français et les autres, mais ce n’est pas le sujet principal, car CMA CGM veut avoir un pavillon français significatif”, a-t-il assuré. Pour exploiter les 10 nouveaux navires, le groupe prévoit le recrutement de 135 marins français en deux ans, un “défi” pour l’Ecole nationale supérieure maritime (ENSM) qui forme les marins français.”Grand soutien de l’école”, l’armateur basé à Marseille “continue de développer et de croire dans le pavillon français, donc c’est une excellente nouvelle”, a réagi auprès de l’AFP le directeur de l’ENSM, François Lambert.vl-lum-cac-im-bp/tq/eb

Le procès du cimentier Lafarge pour financement du terrorisme s’est ouvert à Paris

Le procès du groupe Lafarge et de huit anciens responsables, soupçonnés d’avoir payé des groupes jihadistes, dont le groupe Etat islamique, en Syrie jusqu’en 2014 dans le but d’y maintenir l’activité d’une cimenterie, s’est ouvert mardi à Paris.Après avoir ouvert l’audience, peu après 14H00, la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a commencé à appeler un à un les prévenus à la barre pour leur énoncer les chefs de prévention pour lesquels ils ont été renvoyés en correctionnelle.La société et les anciens cadres doivent comparaître jusqu’au 16 décembre pour financement d’entreprises terroristes, et pour certains aussi pour non-respect de sanctions financières internationales.Au côté de Lafarge, avalé en 2015 par le groupe suisse Holcim, sont jugés à Paris l’ancien PDG du cimentier français Bruno Lafont, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires syriens, dont l’un est visé par un mandat d’arrêt international.La première journée de ce procès devrait être consacrée à des questions procédurales, avec l’examen de plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité et requêtes en nullité.Dans ce dossier, le groupe français est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d’euros à des groupes rebelles jihadistes – dont certains, comme l’organisation Etat islamique (EI) et Jabhat al-Nosra, ont été classés comme “terroristes” – afin de maintenir l’activité d’une cimenterie à Jalabiya, dans le nord de la Syrie.La société avait investi 680 millions d’euros dans ce site, dont la construction avait été achevée en 2010. Alors que les autres multinationales avaient quitté le pays en 2012, Lafarge n’a évacué cette année-là que ses employés de nationalité étrangère, et maintenu l’activité de ses salariés syriens jusqu’en septembre 2014, date à laquelle l’EI a pris le contrôle de l’usine.Dans ce laps de temps, LCS aurait rémunéré des intermédiaires pour s’approvisionner en matières premières auprès de l’EI et d’autres groupes, et pour que ces derniers facilitent la circulation des employés et des marchandises.L’information judiciaire avait été ouverte à Paris en 2017 après plusieurs révélations médiatiques et deux plaintes en 2016, une du ministère de l’Economie pour violation d’embargo et l’autre des associations Sherpa, Centre européen pour les droits constitutionnels (ECCHR) et de onze anciens salariés de LCS pour financement du terrorisme.- “Violations du code de conduite” -Le nouveau groupe issu de la fusion de 2015 – d’abord baptisé LafargeHolcim, puis renommé Holcim en 2021 -, qui a toujours pris soin de se désolidariser des faits antérieurs à cette opération, avait entretemps lancé une enquête interne.Confiée aux cabinets d’avocats américain Baker McKenzie et français Darrois, elle avait conclu en 2017 à des “violations du code de conduite des affaires de Lafarge”.Et en octobre 2022, Lafarge SA avait plaidé coupable aux Etats-Unis d’avoir versé à l’EI et Jabhat Al-Nosra près de 6 millions de dollars et accepté d’y payer une sanction financière colossale de 778 millions de dollars.En France, Lafarge encourt jusqu’à 1,125 million d’euros d’amende pour le financement du terrorisme. Pour la violation d’embargo, l’amende encourue est plus lourde, allant jusqu’à 10 fois le montant de l’infraction qui pourra être retenu in fine par la justice.Selon la défense de Bruno Lafont, qui conteste avoir été informé des paiements aux groupes terroristes, l’accord de plaider-coupable est une “atteinte criante à la présomption d’innocence, qui jette en pâture les anciens cadres de Lafarge” et avait pour objectif “de préserver les intérêts économiques d’un grand groupe”.Pour l’ex-PDG, le procès qui s’ouvre permettra d'”éclaircir” plusieurs “zones d’ombre du dossier”, comme le rôle des services de renseignement français.Les magistrats instructeurs ont estimé que si des remontées d’informations avaient eu lieu entre les responsables sûreté de Lafarge et les services secrets sur la situation autour du site, cela ne démontrait “absolument pas la validation par l’Etat français des pratiques de financement d’entités terroristes mises en place par Lafarge en Syrie”.Un autre volet retentissant de ce dossier est toujours à l’instruction, le groupe ayant aussi été mis en examen pour complicité de crimes contre l’humanité en Syrie et en Irak.