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Sommet sur l’IA à Paris: coup d’envoi et premières annonces officielles

Devenir la figure de proue de l’intelligence artificielle (IA) en Europe: les ambitions françaises sont grandes pour le sommet mondial à Paris les 10 et 11 février, qui s’est ouvert jeudi avec l’annonce de 35 nouveaux sites “prêts” à accueillir des data centers.Le programme de l’événement, porté depuis des mois par le président Emmanuel Macron qui a convié Donald Trump et le propriétaire de X Elon Musk, s’étale sur six jours et devrait rassembler des milliers de participantsLe sommet, co-présidé avec l’Inde, a débuté jeudi à l’école d’ingénieur Polytechnique avec des tables rondes aux sujets pointus, tandis que la ministre française chargée de l’IA, Clara Chappaz, annonçait dans la matinée que 35 sites étaient “prêts à l’emploi” pour accueillir de nouveaux data centers sur le territoire français.Après avoir dîné mercredi avec une vingtaine de chercheurs renommés, le président Macron s’entretiendra jeudi avec le président des Émirats Arabes Unis, Mohamed Bin Zayed Al-Nahyan, a annoncé l’Élysée. Avec probablement de nouvelles annonces à la clé.Les rencontres se poursuivront samedi et dimanche avec deux journées consacrées à l’IA dans la culture, avant des échanges diplomatiques lundi et mardi ainsi qu’un “business day” mardi à Station F, l’incubateur de start-up fondé par le milliardaire français Xavier Niel, lui-même acteur de la tech. – La science en éclaireur -Plus d’une cinquantaine de chercheurs se retrouvent jeudi et vendredi au campus de Polytechnique, sur le plateau de Saclay (Essonne), autour du thème “IA, sciences et société”. Il y est question de recherche scientifique mais aussi de questionnements sur la confiance dans l’IA et les dangers potentiels de cette technologie qui suscite des inquiétudes. “Il est de notre devoir de nous assurer que les décideurs mondiaux disposent des connaissances et des questions qui émergent (du monde scientifique) pour élaborer les politiques et les stratégies qui définiront l’avenir de l’IA”, a déclaré Thierry Coulhon, président du directoire de l’Institut Polytechnique, devant un amphithéâtre plein à craquer.”Je ne pense pas qu’il y ait déjà eu un moment dans l’histoire où une nouvelle technologie a déclenché autant d’engouement et d’hystérie”, a complété Michael Jordan, professeur à l’université de Californie à Berkeley.En parallèle, trois prix Nobel, Maria Ressa (journaliste et Nobel de la Paix), Joseph Stiglitz (économie) et Geoffrey Hinton (physique), intervenu à distance, se retrouvaient pour une conférence organisée par l’Association internationale pour une IA sûre et éthique, créée en 2024.Alors que la participation d’une centaine de pays est annoncée, la liste des représentants politiques a commencé à se préciser: le vice-président américain J.D. Vance représentera les États-Unis, tandis que seront également présents le vice-Premier ministre chinois Zhang Guoqing, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ou le chancelier allemand Olaf Scholz.L’incertitude persiste sur la présence d’Elon Musk, et sur celle du fondateur de la start-up chinoise DeepSeek, Liang Wenfeng, avec lequel l’Elysée a indiqué être en “discussions”. – Nouveaux sites -Au premier jour de l’événement, Paris a déjà fait d’importantes annonces pour le secteur français de l’IA. Les nouveaux sites destinés à accueillir des centres de données pour l’intelligence artificielle, une technologie qui en est très consommatrice, occuperont quelque 1.200 hectares au total et leur localisation sera dévoilée en début de semaine prochaine.En parallèle, le ministre de l’Action publique et de la fonction publique Laurent Marcangeli a indiqué qu’un logiciel conversationnel similaire à ChatGPT serait bientôt mis à la disposition des 5,7 millions d’agents publics. La France, qui a déjà attiré les laboratoires de recherche en IA de plusieurs géants de la tech tels que Google, Meta ou OpenAI, espère ainsi réaffirmer le potentiel national dans le domaine. Face à l’irruption de DeepSeek, qui a stupéfié par sa capacité à égaler ses concurrents américains à un coût très inférieur, et la puissance de frappe des États-Unis, qui ont annoncé 500 milliards de dollars d’investissements pour développer des infrastructures dans l’IA, il s’agit pour le pays hôte de prouver avec ce sommet sa crédibilité sur la scène mondiale.mng-fff-dax-kf-are-tg/pel/dch   

La Banque d’Angleterre abaisse son taux et revoit fortement à la baisse la croissance britannique

La Banque d’Angleterre (BoE) a sans surprise abaissé jeudi son taux directeur à 4,5%, mais aussi revu fortement à la baisse ses prévisions de croissance, face à une économie britannique déjà à la peine et menacée par les droits de douane américains.”Nous surveillons de très près l’économie britannique et les développements dans le monde et adopterons une approche graduelle et prudente vers de nouvelles réductions de taux”, a indiqué Andrew Bailey, le gouverneur de la BoE.Cette baisse d’un quart de point, la troisième en l’espace de six mois, après une première en août et une seconde en novembre, “sera sans aucun doute une nouvelle bienvenue”, a-t-il estimé dans une déclaration jointe au rapport de politique monétaireLes économistes s’attendaient à cette décision, destinée à soutenir l’activité. Deux membres sur neuf de la BoE ont même été jusqu’à voter en faveur d’une coupe de plus large ampleur, d’un demi-point.L’institution monétaire a divisé par deux sa prévision de croissance au Royaume-Uni en 2025 à 0,75%, contre 1,5% auparavant, inquiète des incertitudes sur l’économique mondiale, notamment avec les menaces de droits de douane de Donald Trump, mais aussi d’une baisse de la confiance des entreprises britanniques.La révision est moins sévère pour 2024, à 0,75% contre 1% auparavant.- Incertitude commerciale -La BoE souligne que “l’incertitude sur la politique commerciale dans le monde a augmenté de façon significative depuis l’élection présidentielle américaine”.Le Royaume-Uni n’est pour l’instant pas directement visé par les menaces de droits de douane de Donald Trump, qui a en revanche lancé les hostilités avec la Chine, mais ce contexte “pourrait mener les entreprises à retarder leurs décisions concernant leurs investissements et leurs embauches”, “ce qui affecterait négativement l’activité économique” dans le monde, souligne l’institution.Par ailleurs, une hausse des taxes sur les exportations de l’Union européenne (UE), qui affaiblirait “la croissance du continent européen mais aussi de l’Irlande”, pourrait pénaliser l’économie britannique, estiment les analystes de BNY.La baisse de taux de la BoE s’inscrit dans le contexte d’un ralentissement de l’inflation en décembre au Royaume-Uni, à 2,5% sur un an, après un rebond en octobre et novembre dernier.La banque centrale britannique loue d’ailleurs des “progrès substantiels sur l’inflation ces deux dernières années”, largement redescendue de son pic à environ 11% fin 2022.Poussée par la montée des prix de l’énergie, l’inflation devrait cependant remonter cette année dans le pays.- Chute de la livre -La BoE estime désormais pouvoir atteindre au dernier trimestre 2027 sa cible de 2% d’inflation, quelques mois plus tard que ce qu’elle avait annoncé dans son rapport de novembre.Les hausses massives de cotisations patronales et les emprunts exceptionnels annoncés fin octobre par la ministre Rachel Reeves avaient déjà poussé la BoE à anticiper une accélération de la hausse des prix.Dans la foulée de l’annonce monétaire, la livre britannique a chuté. Vers 12H40 GMT (13H40 à Paris) elle perdait 1,04% face à la devise américaine, à 1,2375 dollar.Malgré les pressions de Donald Trump, qui souhaite réduire le coût de l’emprunt aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) fait de son côté face aux craintes d’un rebond de l’inflation outre-Atlantique en raison des droits de douane.La semaine dernière, elle a choisi de marquer une pause dans son cycle de baisses, en maintenant ses taux dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.La Banque centrale européenne (BCE) prévoit pour sa part de continuer à abaisser ses taux, comme elle l’a de nouveau fait en janvier, motivée par la faiblesse de la croissance de la zone euro.

Au Nigeria, l’Eldorado du lithium dans le Far West minier

Abdullahi Ibrahim Danjija burine assidûment la roche blanchâtre avant de fourrer dans un sac les blocs qui se détachent des parois de la mine à ciel ouvert. En une journée de travail, il remplit trois sacs de 50 kg chacun, ce qui lui rapporte 150.000 nairas (100 dollars), soit deux fois le salaire mensuel minimum au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.Il y a trois ans, le mineur de 31 ans est descendu de Kano, au nord, attiré par les promesses de fortune liées au développement de l’industrie minière du lithium dans l’Etat de Nasarawa, dans le centre du pays.Là, comme dans d’autres Etats du Nigeria, la perspective de participer à l’explosion de la demande mondiale de lithium, l’un des minerais critiques utilisé dans la fabrication des batteries électriques et des téléphones portables, attise les convoitises.Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale de lithium sera multipliée par quarante d’ici 2040, une croissance impossible à assurer uniquement par les actuels principaux producteurs que sont l’Australie, la Chine et le Chili.- Mines artisanales -A Gidan Kwano, non loin de l’endroit où Abdullahi s’échine, un autre groupe de travailleurs refuse l’accès à leur mine à l’équipe de l’AFP. Ils sont plusieurs familles, femmes et enfants mis à contribution, à entailler le sous-sol avec des explosifs.Bien qu’ils soient fiers des résultats de leur site d’extraction, ils n’ont pas de permis minier officiel et évitent de communiquer sur leur mine dans les médias, craignant que d’autres ne cherchent à s’en emparer.Au Nigeria, les activités minières sont souvent illégales, au mieux artisanales. Même équipés d’un permis, les mineurs exploitent les sols sans respecter aucune règle de sécurité ou environnementale. Le long de la route principale de la bourgade de Nasarawa, les maisons vides servant d’entrepôts se succèdent. Là, mineurs et intermédiaires effectuent un premier tri et nettoient la roche afin de préparer des morceaux concentrés en lithium pour leurs clients.Matthew Danbala, l’un de ces vendeurs, martèle les cailloux un par un, accroupi au sol au milieu d’une dizaine d’enfants qui copient ses gestes.”Nous sommes très heureux depuis qu’il y a le lithium ici, les femmes, les enfants n’ont qu’à aller dans la brousse, creuser sans rien avoir à dépenser, et ils reviennent ensuite en ville vendre”, se félicite-t-il.Au bout de la chaîne de cette économie informelle, les acheteurs sont “presque exclusivement des Chinois”, selon un autre intermédiaire, Muhammed, 43 ans. Cet ancien promoteur immobilier vend du lithium “depuis cinq ans” et reconnaît que “cela a beaucoup développé la région” et “créé des emplois pour tout le monde”.- Entreprises chinoises -La Chine, premier raffineur et consommateur de lithium dans le monde, n’est que le second producteur et doit importer le minerai en quantité.Le gouvernement nigérian veut attirer les investissements étrangers en promouvant son “nouveau pétrole”.Régulièrement, il déclare la guerre aux mineurs illégaux et procède à des vagues d’arrestations, sans parvenir à interrompre le flux des candidats à la richesse.Le premier pays producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne veut imposer aux investisseurs étrangers qu’ils installent en contrepartie des usines de transformation, une clause qui aurait dissuadé d’investir le milliardaire Elon Musk, patron de la marque de voitures électriques Tesla, selon des médias nigérians.Un protocole d’accord a bien été signé fin 2024 entre Paris et Abuja pour mener des projets miniers, notamment concernant le lithium, mais pour l’heure les investissements étrangers se réduisent à des entreprises chinoises, comme Avatar et Ganfeng qui ont installé des usines locales où elles transforment la roche brute en oxyde de lithium avant de l’envoyer dans les usines chinoises.”Les Chinois lancent les excavatrices avant même d’avoir des informations sur les sols” au mépris “des considérations environnementales”, estime Uba Saidu Malami, Président de la Société géologique du Nigeria.”Dès qu’il s’agit de minerais, ils se comportent comme des cow-boys”, ajoute le géologue qui regrette “le manque de travail exploratoire” et de “données” disponibles sur les réserves nigérianes de lithium et en appelle “à une meilleure régulation du secteur”.- Conflits –Outre les risques environnementaux, l’exploitation artisanale du lithium au Nigeria est génératrice de conflits, selon l’analyste Charles Asiegbu.”Des communautés locales peuvent être en désaccord sur la localisation des ressources minières” ou elles peuvent “se sentir lésées par les entreprises étrangères et attaquer leurs salariés”, estime-t-il.Cela peut aussi donner lieu à “la création de groupes armés organisés qui prennent possession des ressources et les exploitent illégalement parce qu’il n’y a pas de présence gouvernementale dans ces zones”.A Gidan Kwano, Abdullahi Ibrahim Danjija continue de creuser, y compris pendant la saison des pluies où les risques d’éboulements sont fréquents et les accidents mortels fréquents. Juste à côté, des éleveurs peuls font paître leurs vaches et brûlent quelques champs afin de préparer la terre pour la prochaine récolte, sans prêter attention aux détonations régulières qui dynamitent la roche alentour. 

Renouvelables: dans la campagne anglaise couve la guerre des pylônes

C’est l’Angleterre rurale. Campé au bord d’un champ de blé d’hiver, John Stacey balaye l’horizon d’une main solide: “ils vont couper notre ferme en deux”. La future ligne de pylônes qui transportera l’électricité éolienne et solaire jusqu’à Londres lui reste en travers de la gorge.D’ici 2031, quatre immenses structures de métal seront plantées là, sur ses terres, encadrées par une route de service clôturée, à 150 mètres du corps de ferme. Le tracé passe au beau milieu de l’enclos des chevaux.Regard bleu perdu dans le lointain, où des haies bien taillées délimitent ses parcelles, le sexagénaire s’interroge. “Nous ne savons pas comment nous pourrons accéder à l’autre moitié de la ferme.”Le bourg de Witham, à soixante kilomètres au nord-est de Londres, se situe sur la route qui relie la capitale à plusieurs champs d’éoliennes de la mer du Nord, un projet de centrale nucléaire et de nouveaux parcs solaires.Tom McGarry, un responsable “infrastructures stratégiques” chez National Grid, entreprise propriétaire du réseau en Angleterre et au Pays de Galles, dit “comprendre les points de vue des gens” et assure que l’entreprise est ouverte au dialogue pour “limiter l’impact” des pylônes. Mais il insiste: le pays a besoin d’être “recâblé”.Le réseau a été construit pour “les centrales à charbon du Nord et des Midlands, qui sont aujourd’hui fermées” et “notre électricité provient désormais de sources différentes”, de plus en plus renouvelables, développe-t-il.- Ampleur inédite -Derrière lui, le poste de transformation de Bramford, hérissé de parafoudres et grand comme presque 20 terrains de football, déploie déjà ses alignements de pylônes dans trois directions, à perte de vue, dans un entêtant grésillement.Le site attire d’autres entreprises qui ont besoin d’être proche du réseau. Dans un ballet de camions, une nouvelle centrale solaire sort de terre. Plus loin, un hangar vert servira bientôt à connecter les éoliennes en mer.National Grid prévoit d’investir 35 milliards de livres (42 milliards d’euros) d’ici 2031 pour transformer le réseau électrique, un chantier d’une ampleur inédite depuis les années 1960.Les nouveaux lieux de production sont “beaucoup plus éloignés des lieux où vivent les gens ce qui nécessite la construction de nombreuses lignes de transmission”, explique Stephen Jarvis, chercheur à la London School of Economics (LSE).”De gros investissements sont nécessaires, pas seulement au Royaume-Uni, c’est un phénomène assez mondial”, selon ce spécialiste d’économie de l’environnement.S’ils reconnaissent que ces nouvelles connexions sont nécessaires, les groupes d’opposants qui essaiment partout dans le pays estiment que les alternatives n’ont pas été sérieusement étudiées: des câbles qui passeraient en mer et émergeraient plus proche de Londres ou, à défaut, des lignes enterrées.Les projets “sont menés à l’envers, sans consultation préalable des riverains”, peste Rosie Pearson, fondatrice d’un groupe d’action en Est-Anglie, cette région au nord-est de Londres.- “Bloqueurs” -Dans un petit café en périphérie du village d’Ardleigh, où le patron ne décolère pas à l’idée de voir sa terrasse en bord de vigne défigurée par un pylône de 50 mètres, Mme Pearson retrouve un groupe d’opposants. Les griefs vont de la biodiversité aux compensations “dérisoires” versées aux propriétaires.Sur une table en bois sont étalées des cartes grand-format, hyper-détaillées, des futures lignes électriques, à la façon d’un état-major révisant son plan de bataille.”C’est le début d’une longue guerre des pylônes”, affirme Mme Pearson, le regard perçant, déterminée à se battre en justice s’il le faut pour prouver que d’autres solutions sont viables et pas nécessairement plus chères.Mais le premier ministre travailliste Keir Starmer, arrivé au pouvoir en juillet, a juré de passer outre ceux qu’il voit comme des “bloqueurs” et de réformer des règles d’aménagement du territoire particulièrement contraignantes dans le pays.”Il faut améliorer nos infrastructures de façon économique”, or “enterrer les câbles revient plus cher” et ces coûts se répercutent, au final, sur les factures, tranche un porte-parole de l’exécutif auprès de l’AFP.Dans la ferme de Witham, une volée de mouettes décolle d’un champ, portée par une bourrasque, rappelant que la mer du Nord n’est qu’à une vingtaine de kilomètres. Fataliste, M. Stacey n’a “aucun espoir” que le gouvernement actuel changera ses plans.”J’avais l’intention de passer ma retraite ici et que la ferme reste dans la famille. Mais est-ce que je peux vivre avec des pylônes et le bruit qu’ils feront peut-être? Probablement pas.”

ArcelorMittal investit massivement aux Etats-Unis plutôt qu’en Europe

Après avoir suspendu son projet d’acier décarboné à Dunkerque en France fin 2024, le géant de la sidérurgie ArcelorMittal a choisi les Etats-Unis pour investir près d’un milliard de dollars dans une nouvelle usine destinée à accompagner l’électrification du monde.Le groupe a officialisé jeudi un projet de construction d’un nouveau site de production à Calvert (Alabama), où il est déjà implanté, qui devrait entrer en production fin 2027 afin de “soutenir la production automobile et la mobilité” et “la production d’électricité renouvelable”.La nouvelle usine produira de l’acier “à grains non orientés (NOES)”, un type d’acier avec des propriétés magnétiques élevées, utilisé surtout dans les équipements électriques du type générateurs, transformateurs, alternateurs et les moteurs. On le trouve aussi dans les éoliennes.Cet investissement de 900 millions de dollars intervient tout juste deux mois après la mise sur pause d’un autre projet d’investissement massif d’ArcelorMittal sur la décarbonation de l’acier en France. Pour le projet français de 1,8 milliard d’euros, qui est donc retardé, le sidérurgiste doit mettre près d’un milliard d’euros sur la table, l’Etat s’étant engagé à verser à son côté une aide allant jusqu’à 850 millions d’euros.A Dunkerque, l’un des plus gros sites de production d’acier d’Europe occidentale avec ses hauts fourneaux emblématiques, le groupe prévoit de construire deux fours électriques et une unité de réduction directe du fer avec du gaz ou de l’hydrogène (sans charbon), étapes décisives pour produire l’acier décarboné.- “Insuffisants” -“Les investissements dans la décarbonation en Europe progressent à une vitesse plus lente que ce qui était prévu initialement”, a insisté ArcelorMittal dans un communiqué jeudi, publié à l’occasion de ses résultats annuels.Le sidérurgiste estime “insuffisants” les efforts de la Commission pour protéger l’acier décarboné sur le Vieux continent face à la concurrence à bas prix venue d’Asie, dans un contexte de surproduction mondiale d’acier, et de prix de l’énergie très élevés en Europe.Avant d’éventuellement débloquer les investissements en France, Aditya Mittal, le directeur général du groupe ArcelorMittal, demande à l’Europe un “soutien d’urgence” en 2025 afin de “créer un contexte politique qui incite les investissements nécessaires à l’accélération de la décarbonation en Europe”.Il souhaite des améliorations du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) destiné à protéger l’acier décarboné européen de la concurrence. Il espère aussi “une révision des clauses de sauvegarde” qui limitent les volumes d’importation.Un “plan acier” est attendu à Bruxelles fin mars.ArcelorMittal s’affirme néanmoins “totalement déterminé à la décarbonation” en Europe. Il a maintenu ses investissements en Espagne, notamment à Gijon où il construit un four à arc électrique pour recycler l’acier, et à Sestao où les volumes d’acier recyclé, moins émetteur de CO2, augmentent.”Les perspectives à long terme pour la sidérurgie sont positives et notre présence mondiale nous permet de donner la priorité aux investissements sur les marchés les plus propices à la croissance”, ajoute M. Mittal qui vise “le Brésil, l’Inde et les Etats-Unis”.

Alors que la page budgétaire se tourne, le droit du sol à Mayotte agite l’Assemblée

Le budget de l’Etat à peine adopté, le gouvernement est décidé à embrayer sur des mesures “d’ordre et d’autorité”, des thématiques qu’il défend dès jeudi avec l’examen à l’Assemblée d’un texte visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte.La proposition de loi, portée par la droite et soutenue par l’exécutif, est aussi l’occasion pour la gauche d’afficher une certaine unité, après de fortes divergences stratégiques sur les textes budgétaires.Censuré par La France insoumise mais négocié avec le Parti socialiste, le budget de l’Etat a été définitivement adopté jeudi au Parlement avec un dernier vote au Sénat.Au même moment, l’initiative des Républicains (LR) sur Mayotte, examinée à l’Assemblée lors de la journée réservée aux textes de ce groupe, était combattue par les députés socialistes et LFI, pour qui le sujet touche aux “principes républicains”.De l’autre côté de l’hémicycle, le Rassemblement national critique une mesure “trop molle, trop tiède” face à l’immigration en provenance des Comores voisines.”Nous allons certes voter cette loi”, mais “c’est un signal pas suffisant”, a jugé Marine Le Pen. Il faut “faire cesser cet appel d’air de l’immigration clandestine”, a-t-elle ajouté.Depuis 2018, une dérogation au droit du sol existe déjà à Mayotte. Le texte des Républicains propose d’élargir les restrictions à l’obtention de la nationalité française pour les enfants nés sur l’archipel: les “deux parents” (et non plus un) devront avoir été présents de façon régulière sur le territoire français depuis un an (et non plus trois mois) au moment de la naissance.”Vous allez adopter une mesure qui est indécente et qui ne respecte pas les valeurs de la France”, a fustigé l’écologiste Dominique Voynet, qui a dirigé l’Agence régionale de santé de Mayotte de 2019 à 2021. “Vous faites de l’idéologie, faute d’être capable d’être efficace sur le terrain”, a-t-elle accusé.La proposition de loi avait été élaborée avant le passage du dévastateur cyclone Chido sur l’archipel. Mais celui-ci a ravivé les débats sur l’immigration dans le département de l’océan Indien.Une loi d’urgence sur la reconstruction à Mayotte doit être définitivement adoptée au Parlement rapidement, et une autre loi plus ambitieuse est prévue au printemps.- “Brèche” -Le texte porté par LR est “bienvenu” et “très intelligent”, selon le député macroniste Mathieu Lefèvre, car il ne nécessite pas de modification constitutionnelle, contrairement à une suppression totale du droit du sol.Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui représente le gouvernement lors des débats, a rappelé être favorable à son abolition, à l’avenir, pour l’archipel, rappelant que le droit du sol n’a été instauré qu’en 1993 à Mayotte. Abolition aussi demandée par le RN, qui avait déposé un amendement – rejeté – en ce sens. Le parti de Marine Le Pen a réaffirmé vouloir la suppression du droit du sol en métropole.Ce texte ouvre “une brèche”, a dénoncé la députée PS Colette Capdevielle. “Après Mayotte, ce sera la Guyane, puis Saint-Martin, puis un beau jour, l’ensemble du territoire français”, a abondé Aurélien Taché pour LFI. La députée de Mayotte Estelle Youssouffa (groupe centriste Liot) a, elle, souligné souhaiter effectivement l’abrogation du droit du sol, “mais uniquement pour Mayotte”.- Temps compté -Les Insoumis ont déposé plusieurs dizaines d’amendements, dont certains visant ostensiblement à faire perdre du temps lors des débats. Or une “niche” parlementaire réservée à un groupe s’achève obligatoirement à minuit.”Je ne sais pas si ce sera suffisant pour empêcher le vote de se tenir. Mais si le vote ne se tenait pas, ce serait vraiment une victoire”, avait déclaré mardi à l’AFP le député LFI Ugo Bernalicis.L’adoption du texte dépendra aussi de la mobilisation sur les bancs des différents groupe, avec en début de matinée des rangs relativement clairsemés du côté d’Ensemble pour la République, le principal groupe macroniste.Quoiqu’il advienne, le temps passé sur Mayotte sera autant de moins consacré aux autres propositions prévues par LR pour la journée: notamment un texte visant à “prioriser les travailleurs” dans l’attribution de logements sociaux, suspendre les allocations familiales aux parents de mineurs délinquants, ou un autre visant à plafonner le cumul du RSA et des Aides personnalisées au logement (APL) à 70% du SMIC. Un programme taxé de “copie conforme des textes du Rassemblement national” par le député PS Arthur Delaporte. 

S’habiller en “made in Senegal”, nouvelle tendance à Dakar

“Oh c’est magnifique!”, s’exclame Fatima Ba, designer en vogue de tenues “made in Senegal”, pendant qu’une cliente essaie l’un de ses vêtements, dans sa spacieuse boutique du centre de Dakar. Le modèle est une élégante robe ample à col V profond et manches trois quarts, cousue avec du tissu en soie couleur ocre et orné de motifs dorés. La jeune Sénégalaise, fondatrice de la marque “So Fatoo”, à l’instar de jeunes entrepreneurs, a réussi à imposer dans le pays et au-delà sa ligne de vêtements faits localement, malgré une industrie textile sénégalaise qui peine à sortir du marasme. Robes, tenues traditionnelles élégantes pour homme, chemises, polos, pulls, voiles… Les clients, issus généralement d’une classe moyenne supérieure, s’arrachent ses articles.”Il y a dix ans en arrière les gens ne portaient pas autant de tenues confectionnées localement”, assure avec fierté à l’AFP Fatima Ba.Elles “sont très tendance actuellement”, abonde Omar Niang, un couturier de 51 ans qui propose des boubous tradi-modernes exposés sur des mannequins, dans un marché de Dakar. Son chiffre d’affaires a augmenté de façon notable ces dernières années, indique-t-il.Les vêtements confectionnés au pays connaissent un succès grandissant depuis plusieurs années. La tendance s’est accrue depuis l’accession au pouvoir en mars 2024 du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, chantres d’un souverainisme économique et culturel. Grands boubous en bazin ornés de broderie ou boubous sur mesure en col Mao ou col rond dits costumes africains: les deux nouveaux hommes forts du Sénégal ne manquent jamais l’occasion de s’afficher à l’international comme à l’intérieur du pays en tenue faite localement.- Obstacles nombreux -Au bureau, dans la rue, lors de rencontres officielles, de nombreux Sénégalais optent plus qu’auparavant pour le style et les marques locales.Pourtant, les obstacles sont nombreux pour les fabricants: impôts lourds à supporter, forte concurrence de la friperie et des tissus importés de l’étranger, coûts de production élevés, manque de formation des acteurs, difficultés d’accès à un appui financier…L’industrie textile représente 11,3% des entreprises privées sénégalaises et occupe la deuxième place de l’activité économique du pays derrière le commerce, selon un rapport en 2017 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie au Sénégal (ANSD). Le secteur tient toutefois le plus faible rendement économique, avec seulement 1,2% dans le chiffre d’affaires global des entreprises, souligne le rapport.Autre écueil, les prix sont chers et la qualité pas toujours au rendez-vous, selon de nombreux Sénégalais qui préfèrent encore se tourner vers des produits étrangers.Chez “So Fatoo”, les prix varient ainsi entre 30.000 FCFA (45 euros) pour un pull et jusqu’à plus de 300.000 FCFA (457 euros) pour une robe de cérémonie, quand le salaire moyen est de 54.000 FCFA (82 euros) par mois.Les articles “s’adressent surtout à une classe sociale aisée”, reconnaît Fatima.S’il est facile de trouver son compte pour les tenues traditionnelles, le marché est encore balbutiant concernant la fabrication de vêtements jugés plus confortables comme les jeans, joggings, T-shirts… Tout cela s’explique par l’absence d’une industrie textile capable d’approvisionner suffisamment le marché en tissu, mais également à un problème de technicité et de standardisation de la chaîne de valeur, explique Fatima.Le Sénégal, important producteur de coton, était pourtant connu par le passé pour être un hub industriel du textile. Mais l’activité s’est totalement effondrée dans les années 80.Exerçant depuis 30 ans dans le textile, Aïssa Dione a récemment mis sur pied une unité de production mécanique de tissus, en plus d’un atelier artisanal.La manufacture est nichée dans un vaste espace de la banlieue dakaroise exposé à la poussière, jonché de carcasses de voitures et de détritus. En cette matinée, seules deux des quatre machines, de vieux modèles, tournent à plein régime, rembobinant des mètres de tissu.- Concurrence de la friperie -Mais les quelque 30 mètres fabriqués par jour ressemblent à un coup d’épée dans l’eau tant ils sont dérisoires, alors que le potentiel pour faire beaucoup mieux est à portée de main, regrette Aïssa Dione. “Le Sénégal produit un coton de très bonne qualité mais est incapable de transformer sa matière première. C’est paradoxal”, relève-t-elle. Or, l’industrialisation est la “seule solution pour obtenir notre souveraineté” en matière textile.Pour redynamiser le secteur, les nouvelles autorités ont relancé en juillet une ancienne usine de production de textile dans la région de Kaolack (centre). Elles ont récemment exprimé également leur volonté d’interdire à l’avenir l’importation de la friperie, un business qui fait travailler de nombreux Sénégalais.  L’annonce avait toutefois provoqué une levée de boucliers de la part des acteurs du secteur, alors que le Sénégal importe chaque année des milliers de tonnes de vêtements de seconde main, beaucoup moins chers.

Nissan en voie d’abandonner son projet de fusion avec Honda, en quête d’alliés alternatifs

Le constructeur automobile japonais en difficulté Nissan est en voie de formaliser l’abandon de son projet de rapprochement avec son compatriote Honda, et pourrait se montrer ouvert à d’autres partenaires, selon une source proche du dossier et la presse financière.”Les dernières conditions imposées par Honda ne sont pas acceptables pour Nissan (…) C’était presque un affront. Il faut l’officialiser, mais dans l’ensemble, c’est fini”, a indiqué cette source jeudi à l’AFP, confirmant des informations de médias japonais.”Le conseil d’administration (de Nissan) a donné mardi la direction” et la décision finale “est entre les mains des directeurs exécutifs” des deux constructeurs, a-t-il précisé.Nissan avait indiqué mercredi dans une déclaration qu’il prévoyait de “se positionner et de faire une annonce vers la mi-février”. Le groupe publiera ses résultats trimestriels le 13 février.D’après l’agence Kyodo, le PDG de Nissan, Makoto Uchida, a rencontré jeudi son homologue de Honda, Toshihiro Mibe, “pour lui signifier l’intention (de son entreprise) de mettre un terme aux pourparlers”.Honda, géant japonais du secteur, et Nissan, son rival en sérieuses difficultés financières, ont ouvert en décembre des négociations en vue d’une fusion pouvant donner naissance au troisième constructeur mondial.La perspective alors esquissée était de regrouper les deux groupes au sein d’une holding unique. Mais Honda, en position de force, a finalement réclamé de transformer Nissan en simple filiale.Un scénario inacceptable pour Nissan, soucieux de préserver son autonomie. Le quotidien Nikkei a rapporté mercredi que Nissan préférait mettre un terme au projet, faisant dégringoler l’action du constructeur.Le français Renault, qui détient quelque 35% du capital de Nissan, s’est dit mercredi déterminé à “défendre les intérêts du groupe et de ses actionnaires”. -Complémentarité insuffisante-L’objectif d’une fusion était d’associer les forces de Honda et Nissan, respectivement deuxième et troisième constructeurs japonais derrière Toyota, et même d’y associer un troisième constructeur, Mitsubishi, pour négocier le virage stratégique de l’électrique.Un créneau dominé par l’américain Tesla et les constructeurs chinois, et où les constructeurs nippons, concentrés sur les hybrides, sont très en retard.L’idée “flattait l’ego japonais, mais si on rentre dans les détails, Nissan et Honda partagent les mêmes difficultés et sont pratiquement face-à-face sur tous leurs marchés (Etats-Unis, Chine, Japon)”, rendant peu évidentes les synergies et complémentarités, analyse la source proche du dossier.Ce rapprochement était cependant perçu comme providentiel pour Nissan, massivement endetté et dont la marge opérationnelle a fondu. Son bénéfice net s’est effondré de 94% au premier semestre de son exercice décalé, ses ventes plongeant sur ses deux marchés-clés: aux Etats-Unis, faute de commercialiser des hybrides rechargeables face à une forte demande, et en Chine, en raison de la domination des marques locales sur le tout-électrique.Sous pression, il a annoncé en novembre supprimer 9.000 postes dans ses effectifs mondiaux et tailler dans ses capacités, pour réduire les coûts et relancer ses ventes.Honda, dont la capitalisation boursière est cinq fois supérieure à celle de Nissan, avait posé comme préalable la concrétisation de ce plan de restructuration.Désormais, Nissan va devoir “muscler ce plan, le détailler et le mettre en oeuvre”, alors même que d’éventuelles barrières douanières imposées par Donald Trump pourraient perturber ses chaînes de production, souligne la source proche du dossier.Nissan “devra d’abord résoudre (par lui-même) son problème d’efficacité opérationnelle” et ses difficultés structurelles, mais “il possède un vrai savoir-faire en matière de collaboration et est prêt” à rechercher d’autres alliés potentiels, insiste-t-il.Quel serait le profil idéal? Le géant taïwanais de l’assemblage électronique Foxconn (Hon Hai) avait déjà approché Nissan à l’automne pour acquérir une participation majoritaire, selon la presse japonaise. Sollicité par l’AFP, il s’est refusé à tout commentaire.De son côté, Bloomberg, citant des sources non identifiées, rapportait jeudi que Nissan était plutôt en quête d’un nouvel allié issu du secteur tech basé aux États-Unis, son principal marché.La perspective d’un rebond rapide avec d’autres partenaires réconfortait les investisseurs, permettant à l’action Nissan de se reprendre avec vigueur jeudi, avec un gain de plus de 7%.”Nissan a toujours besoin d’un partenaire solide, mais sa position de négociation est affaiblie par ses faibles perspectives de bénéfices et le repli de ses actions”, ont commenté jeudi les analystes du cabinet CreditSights (Fitch Group). Ils pointaient aussi “le manque de clarté concernant l’avancement et l’issue de ses initiatives de redressement”.

Gucci, en crise, va changer de styliste pour tenter de remonter la pente

Gucci, en difficulté, a annoncé jeudi se séparer de son styliste Sabato de Sarno, arrivé il y a deux ans seulement à la direction créative de la marque de luxe italienne dont les contre-performances plombent l’activité de sa maison mère Kering.A la Bourse de Paris, le titre Kering perdait 2,50% (à 238 euros) vers 10H15, dans un marché en hausse de 0,63%.Dans un communiqué jeudi matin, Gucci a annoncé “la fin de sa collaboration avec le directeur de la création Sabato De Sarno”, sans plus de détails sur les raisons de cette séparation.”Le défilé automne-hiver 2025 du 25 février à Milan sera présenté par le studio de création de Gucci. La nouvelle direction artistique sera annoncée en temps voulu”, a indiqué la marque florentine au double G, fondée par Guccio Gucci en 1921.Le styliste napolitain Sabato De Sarno, 42 ans – notamment passé chez Valentino, Prada ou encore Dolce & Gabbana – avait pris la tête de la direction de la création de Gucci après le départ fin 2022 d’Alessandro Michele.Ce dernier, resté en poste pendant sept ans, avait donné à la griffe un nouveau souffle avec des collections audacieuses, souvent très fleuries et colorées, marquant toutefois le pas dans ses ventes les dernières années face à la concurrence.Loin des excentricités de son précédesseur, Sabato de Sarno avait préféré miser sur des collections plus minimalistes pour la marque florentine, une rupture de style n’ayant cependant pas permis de raviver la flamme de Gucci, marque phare de Kering qui représente près de 50% des ventes de sa maison mère et les deux tiers de sa rentabilité opérationnelle. Au cours du troisième trimestre 2024, Gucci avait été “particulièrement” affecté “par les conditions de marché, notamment en Asie Pacifique”, avait indiqué en octobre dernier Kering, dirigé par François-Henri Pinault.Sur cette période, les ventes de Gucci s’étaient ainsi effondrées de 26% à 1,64 milliard d’euros, entraînant dans sa chute Kering qui avait fait état d’un chiffre d’affaires en baisse au niveau du groupe de 15%, à 3,79 milliards d’euros.- “trop bon chic-bon genre”? -A l’époque, la banque Bernstein avait estimé que cette contre-performance “soulève des questions sur la stratégie et l’orientation actuelles de Gucci”. “La question est de savoir si le Gucci de Sabato De Sarno est peut-être trop +bon chic, bon genre+ pour être reconnu et désiré par les consommateurs potentiels de Gucci”, et aussi “de savoir si les consommateurs potentiels de Gucci l’apprécient et sont prêts à dépenser de l’argent pour l’acquérir. Jusqu’à présent, la réponse a été de toute évidence +non+”, écrivaient ainsi les analystes de la banque en octobre. Dans une note jeudi, les analystes de RBC estiment que le départ de Sabato de Sarno “n’est pas une énorme surprise au vu de la sous-performance de Gucci par rapport à ses pairs”, tandis que ceux de Citi s’étonnent pour leur part de cette annonce juste “avant les résultats annuels” de Kering prévus le 11 février qui “rajoute de l’incertitude”.Kering a pourtant déployé les grands moyens pour redresser Gucci: début octobre, il avait nommé un nouveau directeur général pour la marque, Stefano Cantino, succédant à Jean-François Palus, un proche de François-Henri Pinault nommé en juillet 2023 de manière transitoire à la tête de Gucci pour reprendre en main la griffe et la mettre sur la voie du redressement.Dans le communiqué de Gucci jeudi, Francesca Bellettini, la directrice générale adjointe de Kering en charge du développement des Maisons, fait part de la volonté de la maison et de ses équipes pour “conduire Gucci vers une réaffirmation de son leadership dans la mode et vers une croissance durable”.

La Bourse de Paris gagne du terrain, tirée par les résultats d’entreprises

La Bourse de Paris évolue en terrain positif jeudi et se concentre sur les nombreux résultats d’entreprises publiés, les craintes d’escalade dans la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis s’atténuant.L’indice vedette CAC 40 gagnait 0,67% vers 10H00, soit 52,08 points à 7.943,76 points. La veille, il a terminé en léger repli de 0,19%.La guerre commerciale opposant les Etats-Unis et la Chine continue d’être surveillée mais les inquiétudes des investisseurs semblaient contenues par le caractère jugé modéré des représailles chinoises après l’imposition par Washington de 10% de droits de douane additionnels sur toutes les exportations chinoises vers les Etats-Unis.En France, “la bonne nouvelle est que le pays a un budget et un Premier ministre. Cela ne change rien à l’instabilité politique de la France, mais cela contribue à réduire l’écart entre les rendements allemands et français, ce qui est positif pour la confiance des investisseurs”, a-t-elle poursuivi.Sur le marché obligataire, le rendement de l’emprunt allemand à échéance 10 ans évoluait à 2,39% et son équivalent français à 3,11% vers 10H00.Le Premier ministre français François Bayrou a survécu à deux motions de censure mercredi, faisant notamment adopter le budget de l’État pour 2025, grâce à la neutralité des socialistes et du Rassemblement National (RN) qui ont décidé de ne pas censurer son gouvernement.Seuls 128 députés, dont six socialistes, ont approuvé la première motion de censure déposée par les élus LFI, communistes et écologistes, loin des 289 voix nécessaires pour faire tomber le gouvernement.Son rejet permet l’approbation par l’Assemblée nationale du budget de l’État pour 2025, qui sera adopté définitivement jeudi avec un dernier vote du Sénat.Lors de la séance, les regards se tourneront vers le Royaume-Uni, où la Banque d’Angleterre (BoE) devrait “abaisser ses taux de 25 points de base”, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Société Générale sous le feu des projecteursLe groupe bancaire Société Générale a poursuivi sa convalescence en 2024 et retrouve un niveau de résultat plus vu depuis 2021, soutenu par une meilleure rentabilité en France au second semestre et une bonne performance de la banque de financement et d’investissement. Au quatrième trimestre, la “SocGen” est même au-dessus des attentes des analystes.Salué sur la place boursière française, le titre s’envolait de 9,24% à 33,74 euros.ArcelorMittal bonditLe sidérurgiste ArcelorMittal a annoncé un bénéfice net en progression de 45% pour l’année 2024, à 1,34 milliard de dollars, après une forte réduction de ses pertes au quatrième trimestre. Il a également annoncé la construction d’une nouvelle usine d’acier électrique à Calvert aux Etats-Unis.  Le groupe bondit de 4,43% 25,44 euros.Pernod Ricard dans un environnement incertainLe groupe de spiritueux Pernod Ricard (+2,59% à 104,95 euros) a révisé ses perspectives pour l’année 2024-25 et prévoit désormais une baisse organique de son chiffre d’affaires, “dans un environnement macroéconomique difficile et des incertitudes géopolitiques accrues qui impactent le marché des spiritueux”.