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Sous la pression de Trump, l’UE adopte un cap résolument pro-business

Choc de simplification, baisse du coût de l’énergie… Bruxelles a dévoilé mercredi sa feuille de route pour la compétitivité qui place les entreprises au coeur du “quinquennat” d’Ursula von der Leyen après l’accent mis ces dernières années sur l’environnement.La publication de cette “boussole de compétitivité” intervient sous la pression des annonces tonitruantes de Donald Trump en matière de protectionnisme ou d’investissements géants dans l’intelligence artificielle… “Il est temps de relancer le moteur de l’innovation” en Europe, a déclaré la présidente de la Commission européenne. Elle a cependant assuré qu’il n’était pas question de renoncer aux engagements environnementaux du Pacte Vert, en particulier la neutralité clmatique de l’UE. “Les objectifs sont gravés dans le marbre: nous devons les atteindre d’ici à 2050. Il est absolument vital et nécessaire que nous y parvenions”, a martelé la dirigeante allemande.Champions du numérique, les Etats-Unis mais aussi la Chine ont creusé un fossé béant avec une Europe enlisée dans la stagnation. L’UE entend revenir dans la course en appliquant les recommandations formulées l’an dernier par les anciens chefs de gouvernement italiens Enrico Letta et Mario Draghi dans deux rapports très médiatisés.De premières propositions concrètes sur l’allègement du fardeau administratif des entreprises et des aides à l’industrie propre sont attendues le 26 février. – Choc de simplification -Des dizaines de législations seront revues pour réduire les obligations des entreprises, en particulier un texte emblématique sur le devoir de vigilance des entreprises envers leurs sous-traitants.”Sous couvert de +simplification+, cette initiative démantèlera des protections essentielles pour les citoyens européens, l’environnement et le climat, a dénoncé l’ONG Friends of the Earth.A l’inverse, Markus Beyrer, directeur général de l’organisation patronale BusinessEurope, a salué “un signal clair que l’UE est engagée à renforcer son économie”. Depuis la guerre en Ukraine, l’Europe a perdu son approvisionnement en gaz russe bon marché et subit un coût de l’énergie très supérieur à ses concurrents internationaux.Pour sauver son industrie, l’UE doit réduire sa dépendance aux énergies fossiles. “Nous devons développer davantage notre production d’énergie issue de sources renouvelables, et, dans certains pays, du nucléaire”, a déclaré à Davos Ursula von der Leyen, reconnaissant le rôle de l’atome longtemps tabou à Bruxelles.La “boussole” de la Commission préconise aussi de “faciliter les contrats de long terme d’achat d’électricité” et d’accélérer l’investissement dans le réseau de transport et de stockage d’énergie.Des aides publiques “ciblées et simplifiées” seront mises en place pour encourager la transition verte de l’industrie. Pour une efficacité maximale, le vice-président de la Commission, en charge de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné voudrait viser prioritairement “les 100 premiers sites émetteurs de CO2” qui représentent plus de la moitié des émissions industrielles en Europe.Des labels pour développer la demande en produits bas carbone seront créés. Bruxelles entend par exemple développer l’acier “vert” dont la demande est aujourd’hui quasiment nulle en raison de coûts prohibitifs.- Assouplir les règles de concurrence -L’innovation dans le secteur technologique nécessite de très gros budgets que seules les plus grandes entreprises sont en mesure d’assumer. D’où des mariages géants au niveau international.Or, quand la Commission, gendarme de la concurrence dans l’UE, étudie une fusion, elle prend essentiellement en compte son impact sur les prix ce qui freine la création de champions européens. Mario Draghi a recommandé d’adapter la réglementation des concentrations pour tenir compte aussi des effets positifs sur l’innovation. Stéphane Séjourné veut accélérer la réouverture de mines de métaux rares en Europe et a déjà reçu 170 projets d’exploitation ou de recherches minières, des projets souvent contestés localement pour leur impact environnemental.L’objectif est de réduire les dépendances européennes, notamment envers la Chine. “On va faciliter” l’attribution de permis, affirme le commissaire chargé de la stratégie industrielle. La “boussole” prévoit également la création d’une plateforme pour l’achat en commun de matières premières stratégiques. Surtout, elle annonce l’introduction dès l’an prochain d’une “préférence européenne dans les marchés publics” pour certaines technologies critiques.Le marché unique a plus de trente ans et il a aidé à faire naître des géants européens dans la chimie, l’aéronautique ou l’automobile. Mais il souffre d’angles morts: la finance, mais aussi les télécoms, l’énergie ou la défense restent morcelés par des réglementations nationales différentes.”Supprimer les barrières restantes et élargir le marché unique contribuera à la compétitivité dans toutes ses dimensions”, souligne la Commission.Unifier les marchés de capitaux européens est une priorité, mais les intérêts nationaux divergents ont empêché tout progrès depuis dix ans. Résultat: l’Europe dispose d’une monnaie unique mais ses start-up restent incapables d’effectuer les levées de fonds géantes de leurs concurrentes aux Etats-Unis. Ursula von der Leyen a promis à Davos une première mesure concrète: la création de “nouveaux produits d’épargne et d’investissement européens”.

Maladies liées à la pollution de l’air: une photographie du “fardeau considérable”

AVC, asthme, cancer du poumon, diabète… L’exposition au long cours à la pollution atmosphérique entraîne un “fardeau considérable”, sanitaire et économique, avec plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas de maladies chaque année dans l’Hexagone, conclut une étude inédite publiée mercredi.On savait déjà que 40.000 décès étaient attribuables chaque année aux particules fines. Cette fois, Santé publique France (SpF) a évalué, sur la période 2016-2019 – donc avant la pandémie de Covid – l’impact de la pollution de l’air sur le développement de huit maladies au lien avéré avec l’exposition aux particules fines et au dioxyde d’azote.Cancer du poumon, BPCO, asthme, pneumopathie et autres infections aiguës des voies respiratoires inférieures (grippe exclue), mais aussi AVC, infarctus, hypertension et diabète de type 2 ont été explorés.D’une maladie et d’un polluant à l’autre, “entre 12 et 20% des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant (soit 7.000 à 40.000 cas). Chez l’adulte, c’est entre 7 et 13% des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques (4.000 à 78.000 cas)” qui sont attribuables chaque année à la pollution de l’air, selon ces travaux.”Certaines populations sont plus vulnérables”: les enfants, davantage exposés à des maladies ultérieures en raison d’une capacité respiratoire entravée, les personnes âgées, les femmes enceintes, les travailleurs ou sportifs en extérieur, les fumeurs, a noté Sylvia Medina, coordonnatrice du programme Air et Santé de Santé publique France, lors d’une conférence de presse.”Réduire les niveaux des particules fines et de dioxyde d’azote dans l’air ambiant” permettrait d’éviter “plusieurs dizaines de milliers de cas de maladies” souligne l’étude menée avec plusieurs organismes partenaires.Ramener les concentrations aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) éviterait les trois quarts des cas de maladies liées à l’exposition aux particules fines (PM2,5) et diviserait par deux celles liées au dioxyde d’azote (NO2). Ainsi, 30.000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants de 0 à 17 ans seraient épargnés.- “Poids économique majeur” –  Si l’impact de la pollution de l’air sur les naissances prématurées et la survenue de maladies neurodégénératives comme les troubles autistiques ou Parkinson est établi, les données actuelles ne permettent pas encore de les quantifier, selon SpF. Idem pour les particules ultrafines, a précisé Sylvia Medina.Si l'”on sait que les populations les plus défavorisées ont un niveau de santé plus fragile et plus de difficultés d’accès aux soins”, a rapporté Guillaume Boulanger (direction Santé Environnement Travail, à SPF), les chercheurs n’ont pas mis en évidence, à Rennes, Strasbourg, Lyon et Paris, “que les populations plus défavorisées étaient plus exposées à la pollution”.En revanche le “poids économique majeur” de l’impact de la pollution de l’air a, lui, été chiffré, en partenariat avec l’école Aix-Marseille School of Economics. Résultat: “12,9 milliards d’euros en lien avec les PM2,5, soit environ 200 euros par an et par habitant, et 3,8 milliards d’euros pour le NO2, soit 59 euros par an et par habitant”.Cela comprend la consommation de ressources médicales (consultations, médicaments, hospitalisations, transports…), les ressources perdues par la société (salaires, moindre accès au marché du travail, retraite anticipée) et la perte de bien-être pour les patients, a détaillé l’économiste Olivier Chanel.Une nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air va durcir en 2030 les seuils de particules et de dioxydes d’azote.”C’est un premier pas, qui supprimerait 15% du fardeau total des maladies prises en compte dans notre étude”, a déclaré à l’AFP Guillaume Boulanger. L’objectif français reste toutefois de viser les valeurs OMS, plus ambitieuses.Les politiques publiques, au risque d’être impopulaires, doivent poursuivre leurs efforts sur tout le territoire et sur toutes les sources de polluants de l’air, notamment le trafic routier mais aussi le chauffage au bois, l’industrie, les émissions du secteur agricole, ont plaidé les experts.Ces dernières années, l’action s’est aussi prolongée en justice.En juin 2023, l’État a ainsi été condamné, pour la première fois, à indemniser des victimes de la pollution de l’air par un tribunal, qui a jugé que deux enfants atteints de bronchiolites et otites répétées avaient été rendus malades en raison, entre autres, du dépassement des seuils de pollution en région parisienne.

Etats-Unis: la Fed en passe de maintenir ses taux, Trump au tournant

La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait laisser ses taux inchangés mercredi pour sa première décision depuis le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, déterminé à se mêler de politique monétaire pour obtenir des baisses de taux.Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a entamé son deuxième et dernier jour de réunion mercredi à 09H00 (14H00 GMT) “comme prévu”, a indiqué un porte-parole de l’institution à l’AFP.La Fed publiera sa décision mercredi à 14H00 (19H00 GMT) et son président, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse 30 minutes plus tard.Les acteurs de la finance s’attendent à voir les taux directeurs demeurer à leur niveau actuel.L’économie reste solide, le marché de l’emploi aussi, et l’inflation semble en passe d’être contenue, bien qu’encore au-delà de la cible de 2% – autant de raisons pour patienter un peu avant une nouvelle baisse des taux.Surtout que les responsables de la Fed naviguent à vue en attendant que les promesses de campagne de Donald Trump soient – ou non – mises en place et de pouvoir jauger leur incidence sur la vie des Américains. L’ombre de Donald Trump planera certainement au-dessus de la prise de parole de Jerome Powell.Le chef de l’Etat et magnat de l’immobilier a “exigé” la semaine dernière que les “taux d’intérêt baissent immédiatement”.”Je les laisse faire mais si je ne suis pas d’accord, je le ferai savoir”, a-t-il prévenu, assurant qu’il s’y connaissait mieux en taux d’intérêt “que celui qui en est le principal responsable” – une référence directe à Jerome Powell.Le président américain a par ailleurs indiqué qu’il échangerait avec M. Powell “au bon moment”.Le pouvoir exécutif propose les candidats aux postes les plus hauts de la Fed mais il n’a pas la possibilité de mettre fin prématurément à leurs fonctions, une condition nécessaire pour préserver l’indépendance de l’institution vis-à-vis du pouvoir politique.Lors de son premier mandat, Donald Trump avait lui-même proposé que M. Powell devienne président de la Fed.- “Ambiguïté” -Dans ce contexte, les analystes s’attendent à voir Jerome Powell jouer les équilibristes et donner des informations au compte-gouttes.”Le plus intéressant à suivre, ce sera la manière dont Jerome Powell répondra aux questions sur les déclarations de Donald Trump et sa volonté de voir les taux baisser”, a déclaré à l’AFP Sam Stovall, analyste au cabinet CFRA Research.”On s’attend à ce que M. Powell dise que les taux baisseront, et c’est à peu près tout”, a-t-il ajouté. Selon Mark Zandi, de Moody’s, “la Fed ne bougera pas tant qu’elle n’aura pas plus de visibilité sur les politiques économiques du gouvernement Trump”.”Trump colle à son scénario, qui implique beaucoup d’ambiguïté et de mise en scène. (…) C’est vraiment difficile de savoir ce que le président va faire, quand, et comment”, poursuit l’économiste auprès de l’AFP. Le républicain s’est engagé pendant la campagne à rendre du pouvoir d’achat aux Américains, essorés par plusieurs années de forte inflation.Il a dans le même temps promis des mesures jugées de nature à relancer l’inflation par de nombreux experts: droits de douane sur tous les produits entrant aux Etats-Unis, baisses d’impôts, expulsions massives de sans-papiers (qui pourraient avoir un impact en réduisant la main-d’oeuvre disponible).Mark Zandi n’écarte pas l’hypothèse que la Fed finisse par devoir relever ses taux, pour étouffer tout regain d’inflation.Une telle décision doucherait les espoirs des acteurs de la finance de voir le coût du crédit baisser pour les entreprises et les particuliers.La banque centrale avait systématiquement abaissé ses taux lors de ses trois dernières réunions, pour un total d’un point de pourcentage.Les taux se situent désormais dans la fourchette de 4,25 à 4,50%, après avoir plafonné pendant plus d’un an entre 5,25 et 5,50%, un niveau élevé pour juguler la forte inflation post-pandémie de Covid-19.

Allemagne: le gouvernement abaisse à 0,3% sa prévision de croissance pour 2025

Le gouvernement allemand a abaissé mercredi à 0,3% sa prévision de croissance pour 2025 de l’économie nationale, contre 1,1% attendu à l’automne et alors que le pays a déjà enchaîné deux années de récession.L’Allemagne “est dans une situation de stagnation” et cela globalement depuis 2018, a déclaré le ministre écologiste de l’Economie Robert Habeck, soulignant notamment l’incertitude sur la politique économique et commerciale de la nouvelle administration Trump.La première économie européenne sort de deux années de récession, avec un recul du PIB de 0,3% en 2023 puis de -0,2% en 2024, sans signe d’un rebond net à court terme.Depuis la pandémie de Covid-19 et la guerre russe contre l’Ukraine, l’économie allemande stagne en raison de la hausse des prix de l’énergie, de la perte de pouvoir d’achat et de la baisse globale de compétitivité face à la concurrence accrue, notamment de la Chine. A l’incertitude concernant la politique de la nouvelle administration Trump s’ajoute celle sur l’orientation économique à venir après les élections allemandes de février, ce qui freine encore l’investissement et la consommation, selon le rapport gouvernemental.Les projections révisées pour cette année sont cohérentes avec celles du Fonds monétaire international (0,3 %) et légèrement supérieures à celles de la Banque centrale allemande (0,2 % de croissance).La Fédération allemande de l’industrie (BDI) prévoit pour sa part une troisième année de récession, estimant que l’Allemagne traverse une “crise profonde”. “Une crise structurelle doit être abordée différemment, de manière plus globale, qu’une phase de faiblesse conjoncturelle”, a reconnu M. Habeck devant la presse.Fait rare, un large éventail de fédérations patronales descend dans la rue mercredi pour lancer un “SOS” face au “déclin” allégué de l’économie, avec des manifestations prévues dans tout le pays, notamment à Berlin, Hambourg et Munich.Il est “devenu de plus en plus évident que l’Allemagne souffre de problèmes structurels fondamentaux”, admet le gouvernement dans son rapport.Les problèmes touchent au manque de main-d’Å“uvre et de compétences, à la bureaucratie excessive et la faiblesse des investissements, tant privés que publics. Le rapport conclut sur une note plus positive, prévoyant une “légère reprise économique” à partir de la fin de l’année, alors que davantage de clarté devrait émerger du contexte national et international.

Espagne: Ryanair et le gouvernement s’écharpent sur les redevances aéroportuaires

“Fausses affirmations”, “chantage”, “ton insolent”: en Espagne, Ryanair et le gouvernement multiplient les invectives sur le niveau des redevances aéroportuaires dans le pays, qui a conduit la compagnie à annoncer une réduction de ses liaisons avec plusieurs aéroports régionaux.Cette passe d’armes a débuté le 16 janvier avec l’annonce par la compagnie low-cost irlandaise d’un plan visant à supprimer 800.000 places d’ici l’été prochain sur sept de ses liaisons avec l’Espagne, soit une baisse de 18% de son activité dans ce pays.En cause, selon le groupe dirigé par Eddie Wilson: le niveau “excessif” des redevances réclamées aux compagnies par le gestionnaire aéroportuaire Aena, détenu à 51% par l’Etat espagnol et propriétaire de 46 aéroports dans le pays.Malgré le gel décidé en 2021 par le gouvernement, “Aena persiste dans ses augmentations injustifiées de taxes”, a assuré dans un communiqué Ryanair, qui va supprimer ses liaisons avec Valladolid (nord) et Jerez (sud) et réduire celles avec “cinq autres aéroports régionaux”.Cette décision a entraîné une réponse courroucée d’Aena, qui a assuré que ses redevances étaient “parmi les plus basses d’Europe” et accusé Ryanair de vouloir “utiliser gratuitement une grande partie des aéroports espagnols”, ce qui “briserait leur viabilité financière”.”Aena invite cordialement Ryanair à se calmer et à abandonner” sa stratégie de communication “agressive et menaçante, qu’il est très difficile de ne pas interpréter comme un chantage”, a poursuivi le gestionnaire d’aéroport dans un communiqué.Pris à partie dans un courrier par Eddie Wilson, qui lui aurait réclamé une réunion sur le sujet avant le 30 janvier, selon plusieurs médias, le ministre des Transports Oscar Puente est à son tour entré dans la polémique en demandant à Ryanair de “repenser sa position”.”J’exprime mon désaccord avec le ton menaçant et quelque peu insolent de la lettre que vous m’avez envoyée en tant que PDG de Ryanair le 21 janvier”, a assuré M. Puente dans un courrier à Eddie Wilson, dont des extraits ont été publiés mercredi par le quotidien économique Cinco Dias.”La politique de transport et d’infrastructure de notre pays est définie exclusivement par le gouvernement espagnol et est au service de l’intérêt général, et non de l’intérêt particulier de compagnies spécifiques”, fait-il valoir dans cette lettre.Ryanair, qui a dégagé 1,92 milliard d’euros de bénéfice en 2023/2024, a déjà annoncé ces derniers mois réduire sa desserte de l’Allemagne à cause des redevances, et a menacé de ne plus desservir dix aéroports français pour protester contre une hausse des taxes sur le transport aérien.

Pourquoi les aéroports européens veulent aussi s’agrandir

De nouveaux terminaux et de nouvelles pistes d’atterrissage vont devoir être construits en Europe pour répondre à la croissance prévue du trafic aérien, même si l’Asie en prévoit encore davantage, plaident des professionnels de l’aérien malgré le réchauffement climatique.Le gouvernement britannique a donné son soutien mercredi à la construction d’une troisième piste à l’aéroport londonien d’Heathrow, le plus fréquenté du Vieux Continent, au nom de la relance de l’économie.Une annonce rare pour une plateforme de correspondance (“hub”) dans une Europe tiraillée entre ses objectifs de réduction des rejets de gaz à effet de serre et les besoins d’un secteur stratégique qui ne voit pas la demande faiblir.L’Association internationale du transport aérien (Iata), porte-voix des compagnies, et le duopole d’avionneurs Boeing et Airbus prévoient toujours un doublement du nombre de voyages aériens dans les 25 prochaines années, de 5 à 10 milliards par an dans le monde.Ce dynamisme sera surtout nourri par l’Asie, selon l’Iata, qui promet néanmoins à l’Europe une croissance annuelle de 2,3% dans les 20 prochaines années, soit 656 millions de passagers aériens supplémentaires en 2043.Défenseurs de l’environnement et autres ONG préviennent que seule la sobriété permettra d’atteindre le “zéro émission nette” à l’horizon 2050. La hausse prévue du trafic aérien en Europe devrait même annuler les bénéfices de l’obligation du recours croissant à des carburants d’origine non-fossile, selon une récente étude de Transport & Environment (T&E). Et le secteur y émettra en 2049 presque autant de CO2 qu’en 2019.”Les plans de croissance de l’industrie aéronautique sont en totale contradiction avec les objectifs climatiques de l’Europe et ne répondent pas à l’ampleur de la crise climatique”, selon Jérôme du Boucher, de T&E France.En Europe occidentale, peu de hubs ont annoncé des extensions, tandis que se multiplient les mesures politiques incitant à moins emprunter l’avion.- “Absence de soutien politique” -Le gouvernement français a renoncé en 2021 à l’agrandissement de Paris-Charles-de-Gaulle et s’apprête à alourdir la fiscalité sur les billets d’avion après avoir interdit les vols intérieurs pouvant être remplacés par des trajets en train de moins de 2h30.Plus au nord, les autorités néerlandaises veulent plafonner le nombre de vols annuels à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol pour lutter contre les nuisances sonores, tandis qu’une mesure identique est prévue à l’horizon 2032 à Bruxelles.A Paris-Orly, où les vols sont déjà plafonnés, le gestionnaire ADP voit le nombre de passagers augmenter de 16% entre 2023 et 2035, mais pense que le volume de vols restera stable, grâce à des avions plus grands et mieux remplis.Cela n’empêche pas de grands travaux d’avoir lieu ailleurs, dans des destinations ensoleillées prisées par les compagnies “low-cost”, comme Heraklion en Crète. Lisbonne prévoit aussi un nouvel aéroport géant à l’horizon 2034.Les professionnels du secteur, déjà en butte à un contrôle aérien européen saturé, s’inquiètent de la perspective d’aéroports trop étriqués.L’organisme de surveillance du trafic aérien Eurocontrol estime que dès 2030, 1% de la demande de voyages ne pourra pas être satisfaite en raison de l’insuffisance des infrastructures au sol.”Clairement, les infrastructures aéroportuaires, en Europe en particulier, ne suivent pas le rythme de la croissance prévue, cela contraste avec ce que nous observons dans la région Asie-Pacifique”, a déploré en décembre le directeur général de l’Iata, Willie Walsh. D’immenses hubs capables d’accueillir plus de 100 voire 200 millions de passagers par an y ont été inaugurés ou planifiés, notamment Istanbul, Ryad et Dubaï. En Inde, le nombre d’aéroports a doublé en dix ans à 157 et les autorités en visent jusqu’à 400 en 2047.Pour Olivier Jankovec, directeur général de l’association ACI Europe qui fédère plus de 500 aéroports du continent, “il est indubitable que nous risquons une insuffisance de capacités dans les prochaines décennies”.Ne pas satisfaire ces besoins futurs “coûtera très cher à l’économie et à la compétitivité européennes”, a-t-il affirmé à l’AFP, en invoquant le récent rapport Draghi. Il a regretté que l’extension des aéroports devienne “de plus en plus difficile, en raison de l’absence de soutien politique”.Celle-ci reflète “l’augmentation de la pression environnementale”, mais aussi “plus généralement un défaut de vision stratégique à long terme”, selon M. Jankovec.

Budget: le PS veut des gages, le gouvernement dénonce une “prise d’otages” sur l’immigration

A la veille d’une réunion décisive sur le budget, où la censure du gouvernement est en jeu, les socialistes continuent de demander à François Bayrou de retirer ses propos sur “le sentiment de submersion” migratoire, mais le gouvernement les appelle à ne pas prendre en “otage” les finances publiques, “sujet numéro un pour notre pays”.”Nous souhaitons qu’il n’y ait aucune prise d’otage de quelque nature que ce soit sur le budget”, a déclaré mercredi Sophie Primas dans son compte-rendu à la presse du Conseil des ministres. “Les Français ne comprennent pas cette bataille de mots”, a-t-elle ajouté, après que les socialistes ont demandé à François Bayrou de retirer notamment ses propos sur la “submersion” migratoire. Le Premier ministre n’a “pas prévu (…) de s’exprimer sur ce qui lui est reproché. Il laisse aujourd’hui les partis travailler sur le budget”, a ajouté la représentante du gouvernement. Elle assure que les “négociations sont en cours” entre les députés et sénateurs qui se réuniront jeudi en commission mixte paritaire (CMP) pour essayer de trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2025.Le Parti socialiste, qui cherche à obtenir des concessions en échange d’une non-censure sur le budget, a annulé mardi une réunion prévue avec le gouvernement, après des propos de François Bayrou sur la “submersion” migratoire qui ont fait hurler toute la gauche.Le chef du gouvernement “a déraillé hier et nous l’appelons au sursaut”, “l’intérêt du pays, c’est qu'(il) retire ces mots qui blessent inutilement”, a déclaré mercredi le député socialiste Philippe Brun qui siège au sein de la CMP et évoque un “cataclysme” si la France n’avait pas de budget. – “Coût de l’immigration” -Le député a évoqué des demandes du PS sur le pouvoir d’achat, réclamant une augmentation “immédiate” du Smic mais aussi de la prime d’activité (complément de rémunération de l’État versé aux bas salaires, ndlr).La maire PS de Nantes Johanna Rolland a ajouté une autre condition sur Public Sénat: que François Bayrou dise “qu’il ne va pas toucher” à l’Aide médicale d’État, qui permet aux immigrés sans titre de séjour régulier de se faire soigner et dont le budget a été diminué de 200 millions d’euros par le Sénat à majorité de droite.Elle a aussi appelé les socialistes à “fermement réfléchir” à la censure, qu’elle voterait à ce stade si elle était députée.A l’extrême droite, le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu a tonné: le RN “ne s’achète pas avec des mots”.Alors que son parti veut réduire l’AME à une simple aide d’urgence vitale, il s’est demandé si “après les propos de François Bayrou” le gouvernement allait “s’attaquer au coût de l’immigration” et à la dépense, à ses yeux “exponentielle”, de l’AME. Dans l’expression polémique de “submersion” migratoire, il n’y a “nulle tactique pour plaire ou déplaire à qui que ce soit” pour échapper à la censure, s’est défendu mercredi l’entourage du Premier ministre. C’est “simplement l’expression d’une réalité, ce sentiment éprouvé par certains de nos concitoyens”.- “Pudeurs de gazelle” -“La question, c’est chaos ou pas chaos”, ajoute un dirigeant MoDem. Les socialistes “ont quand même eu des gages solides”. “Les gens n’en peuvent plus de ce chaos permanent”.Mais, concède-t-il, François Bayrou “aurait pu attendre huit jours”, après le budget, pour employer cette expression.”On joue l’avenir institutionnel du pays sur une querelle sémantique”, s’est inquiété le ministre (Horizons) de la Fonction publique Laurent Marcangeli, rejetant “la faute à ceux qui ont des pudeurs de gazelle sur un sujet qui est sérieux”.Les plus droitiers du gouvernement ont défendu la sortie de François Bayrou. Il “a justifié la politique que je souhaite mener”, s’est réjoui mardi Bruno Retailleau (LR, Intérieur). Au-delà de la question migratoire, et des groupes politiques, la pression sur François Bayrou est aussi venue du patron de LVMH Bernard Arnault, qui a fustigé la taxation en préparation des grosses entreprises qui “pousse à la délocalisation”.Mme Primas a assuré “comprendre la colère” de Bernard Arnault mais estimé que “chacun doit prendre part aux efforts”.Le gouvernement ne prévoit cependant d’appliquer cette surtaxe d’impôt sur les sociétés que pendant un an, au lieu des deux ans prévus dans le projet de budget du gouvernement Barnier.

Londres approuve l’agrandissement d’Heathrow pour faire redécoller l’économie

Agrandir l’aéroport le plus fréquenté d’Europe pour relancer une économie atone: la ministre des Finances britannique Rachel Reeves veut remettre son pays sur la voie de la croissance et a donné son aval mercredi à une troisième piste sur le hub londonien d’Heathrow.Cette mesure, décriée par les organisations écologistes et une partie de son camp travailliste, figure parmi une série d’annonces très attendues mercredi de Mme Reeves, qui a détaillé dans un discours fleuve son plan de relance.”Ce gouvernement soutient la construction d’une troisième piste à Heathrow”, mais cet agrandissement sera soumis à “une évaluation complète” pour “garantir que le projet est rentable” mais aussi “conforme aux objectifs environnementaux” du pays, a assuré Mme Reeves.”Il est peu probable qu’une troisième piste à Heathrow stimule l’économie britannique, mais elle augmentera certainement le bruit, la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre”, a réagi Doug Parr, un responsable de Greenpeace au Royaume-Uni.La chancelière de l’Echiquier, titre officiel de Rachel Reeves, cherche à rassurer des entreprises inquiètes de la hausse massive des cotisations patronales annoncée fin octobre et des marchés encore tièdes quant aux plans du gouvernement d’avoir recours à des emprunts exceptionnels pour investir.- “Nous ne pouvons plus esquiver” -Alors que le gouvernement a déjà approuvé l’agrandissement des aéroports londoniens City et Stansted et pourrait valider sous peu des projets similaires pour Gatwick et Luton, “nous ne pouvons plus esquiver la décision” sur Heathrow, une plateforme qui “nous relie aux marchés émergents du monde entier, ouvrant de nouvelles opportunités de croissance”, a insisté Mme Reeves.Le directeur général de l’aéroport Thomas Woldbye a applaudi “la reconnaissance du rôle essentiel que nous jouons pour l’économie et la croissance au Royaume-Uni”, assurant que le nouveau projet débloquera “des milliards de livres” dans l’économie.Les plans d’agrandissement d’Heathrow ne sont pas nouveaux. Fin 2020, à l’issue d’une saga judiciaire, la Cour suprême britannique avait statué en faveur d’une troisième piste. Mais le projet a depuis été retardé par la pandémie de Covid-19.Il fait encore face à de nombreux obstacles.En particulier, la construction d’une nouvelle piste aurait un coût très élevé: le prix de 14 milliards de livres avait été avancé il y a dix ans mais l’inflation est passée par là et le quotidien The Times évoque désormais une fourchette de 42 à 63 milliards de livres (50 à 75 milliards d’euros).- Mission essentielle -“Cette expansion ne devrait pas avoir lieu tant que le gouvernement n’aura pas montré exactement comment elle sera compatible avec” ses objectifs climatiques, estime Bob Ward, un expert climatique de la London School of Economics (LSE), qui relève cependant “beaucoup de choses positives dans le discours de la Chancelière”.Mme Reeves était en effet attendue au tournant sur la croissance. C’est “la mission essentielle de ce gouvernement”, avait martelé un peu plus tôt le Premier ministre Keir Starmer dans le Times.Après avoir déjà calé au troisième trimestre puis baissé en octobre, le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a rebondi légèrement en novembre (+0,1%) mais moins qu’attendu.Le FMI a cependant revu à la hausse mi-janvier sa prévision de croissance pour le pays cette année, à 1,6%.”Une croissance faible n’est pas notre destin”, mais la relance de l’économie “ne se fera pas sans se battre”, a affirmé la chancelière mercredi, déroulant une série d’annonces signalant des assouplissements des règles d’urbanisme ou des mesures de déréglementation pour doper les investissements.Mme Reeves a aussi annoncé le soutien du gouvernement à plusieurs projets d’investissements pour développer un “corridor de croissance” entre Oxford et Cambridge et leurs prestigieuses universités, pour en faire une “Silicon Valley européenne”.Si l’objectif de relance de la croissance est partagé par les députés travaillistes, Rachel Reeves doit encore convaincre dans son propre camp sur une expansion d’Heathrow loin de faire l’unanimité.

Norvège: le fonds souverain affiche des gains record en 2024 grâce aux “Sept Magnifiques”

Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde, a affiché des résultats record l’an dernier, gagnant près de 7.000 euros par seconde, dopé par ses placements dans les “Sept Magnifiques” dont la domination est toutefois contestée aujourd’hui.En données brutes, c’est le plus gros rendement de son histoire: 2.511 milliards de couronnes (214 milliards d’euros), soit près de 80.000 couronnes par seconde, ce qui a contribué à porter sa valeur totale à 19.742 milliards de couronnes à la fin de l’année.”Ca a été une très bonne année pour le fonds”, s’est félicité son chef, Nicolai Tangen, lors d’une présentation. “Cela ne durera pas une éternité”, a-t-il toutefois ajouté comme à son accoutumée.  En pourcentage, le rendement s’est élevé à 13%, loin des 21,3% engrangés en 2023.Comme cette année-là, le fonds a été en grande partie porté par les valeurs technologiques.Ce secteur lui a rapporté plus de 1.170 milliards de couronnes en 2024, soit près de la moitié de ses gains annuels.Si le fonds est présent au capital de quelque 9.000 entreprises à travers le monde, ses parts dans les “Sept Magnifiques” -Apple, Amazon, Alphabet (maison mère de Google), Meta (Facebook, Instagram), Microsoft, Nvidia et Tesla- représentent à elles seules 17% de ses placements boursiers.”Nous devons apprendre à vivre avec un risque de concentration plus élevé que dans le passé, et je ne pense pas qu’il y ait grand-chose qu’on puisse faire”, a estimé M. Tangen.Illustration de ce risque, les valeurs tech se sont effondrées à Wall Street lundi -avant de se reprendre quelque peu mardi-, après l’arrivée sur le devant de la scène de la start-up chinoise d’intelligence artificielle DeepSeek.Celle-ci a sorti la semaine dernière un nouveau modèle d’IA générative similaire à ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google) et d’autres, pour une fraction des coûts induits par les géants américains.- Accident de parcours? -“Est-ce un simple accident de parcours ou quelque chose de plus grave? Bien sûr, on ne sait pas”, a commenté le chef du fonds norvégien au sujet du plongeon du début de semaine.Evoquant les valorisations vertigineuses des géants de la tech américaine, son numéro deux, Trond Grande, a quant à lui estimé que ces actions étaient “chères” mais, a-t-il précisé, “je ne suis pas sûr que ce soit une bulle”.Le fonds n’a pas procédé à des “changements majeurs” dans ses placements depuis le trou d’air boursier de lundi, a précisé M. Tangen.  Tous secteurs confondus, les actions, qui représentaient 71,4% du portefeuille du fonds fin 2024, ont rapporté 18% sur l’année.Les placements obligataires (26,6% du portefeuille) ont pour leur part affiché un modeste rendement de 1%.En revanche, les investissements immobiliers (1,8% des actifs)  et les placements dans les projets d’énergies renouvelables (un actif encore marginal) sont tombés dans le rouge, affichant des rendements de -1% et -10% respectivement.Alimenté par les revenus pétroliers de l’Etat norvégien, le fonds est le plus gros investisseur individuel de la planète. Outre le rendement de ses investissements, sa valeur fluctue en fonction des versements -ou ponctions- du gouvernement norvégien et les effets de change, deux facteurs qui ont aussi eu un effet positif l’an dernier.

La construction de logements poursuit sa dégringolade en 2024

Le secteur du neuf n’en finit pas de dévisser: malgré un timide rebond au dernier trimestre 2024, les constructions de logements poursuivent leur inexorable dégringolade sans entrevoir le bout du tunnel.Sur l’ensemble de l’année 2024, 330.400 logements ont été autorisés à la construction en France, une baisse de 12,3% par rapport à l’année 2023, qui était déjà très basse, et de 28% par rapport aux douze mois précédant la crise sanitaire, selon les données provisoires communiquées mercredi par le ministère de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation. Le 4e trimestre montre un très léger rebond (+5%) par rapport au précédent trimestre, de même que le mois de décembre, avec 28.400 permis délivrés, soit 4,5% de plus qu’en novembre.”On peut toujours se réjouir d’une hausse. Quand on a touché les bas-fonds, c’est mieux que de couler, mais c’est nettement insuffisant”, a commenté auprès de l’AFP le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron.Le nombre de chantiers commencés, qui suit traditionnellement celui des permis de construire, continue également de plonger, avec 263.100 mises en chantier en 2024, soit 11,1% de moins qu’en 2023 et 33% de moins que l’année précédant la crise sanitaire.A noter toutefois un rebond de 16,6% en décembre par rapport au mois de novembre, et de 5,2% au dernier trimestre par rapport au trimestre précédent.Le ministère prévient cependant que le chiffre des mises en chantier est davantage sujet à caution du fait d’une part d’incertitude non négligeable.”Depuis deux ans, c’est la pierre qui coule directement au fond du lac. Et aujourd’hui, le chiffre des constructions, qui est l’indicateur auquel nous nous référons, est catastrophique”, a estimé le patron de la FFB.- “Pas de rebond” -“L’année 2023 a été une année catastrophique, et 2024 est encore plus catastrophique que 2023. Pour l’instant, on ne constate pas de rebond”, a commenté de son côté le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), Pascal Boulanger, pour qui la légère remontée du dernier trimestre s’explique par la fin de la niche fiscale Pinel.”L’instabilité politique que nous connaissons depuis juin a provoqué un attentisme total des acquéreurs comme des investisseurs, qui ne savent pas quelle fiscalité s’appliquera”, a-t-il ajouté, prédisant une contagion des défaillances chez les promoteurs en 2025.Par type de logements, les autorisations de logements individuels ont reculé de manière plus importante (-14,9%), à 118.400 unités, que les logements collectifs (-10,7%), à 212.000 unités. Parmi les logements individuels, le nombre de maisons autorisées a encore chuté de 20,5% et celui de maisons mises en chantier de 32,8%.A noter que les mises en chantier de logements collectifs stagnent (-1,5%) sur un an. Par région, le Centre-Val-de-Loire, les Pays de la Loire et la Bourgogne France-Comté cumulent toutes les trois une chute de plus de 10% des permis délivrés et des mises en chantier. En Occitanie, les permis ont reculé de 20,9% en un an et en Auvergne-Rhône-Alpes de 17,2%.La construction neuve est confrontée à une grave crise depuis plus de deux ans. Les coûts de construction ont sensiblement augmenté du fait de la hausse du prix des matériaux consécutive à la guerre en Ukraine et de normes environnementales plus strictes. Parallèlement, les acquéreurs ont pâti de la brutale remontée des taux d’emprunt et de la fin de mesures de soutien au crédit et à l’investissement locatif.Les professionnels du bâtiment espèrent beaucoup du nouveau projet de loi de finances, qui prévoit l’élargissement du prêt à taux zéro (PTZ) à tout le territoire et aux maisons, ainsi qu’une défiscalisation exceptionnelle des dons destinés à un achat immobilier.Au total pour tout le secteur de la construction neuve, 14.740 entreprises ont fait défaut en 2024, ce qui menace plus de 45.000 emplois, selon une étude de BPCE l’Observatoire.La Fédération française du bâtiment (FFB) estime quant à elle à 100.000 le nombre d’emplois qui pourraient disparaître en 2025 si la crise continue.