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Production en hausse, prix en berne: la Belgique inquiète pour ses patates

“C’est une année qui va être difficile commercialement”, peste Baudouin Dewulf, devant un tracteur surchargé de pommes de terre. La Belgique, royaume de la frite, enregistre des récoltes de patates record, mais ce n’est pas une si bonne nouvelle pour les agriculteurs confrontés à la chute des cours et à la baisse des exportations.Sur son exploitation de Geer, dans l’est du pays, Baudouin Dewulf décrit un marché “un petit peu engorgé” après tant d’années fastes où les frites belges s’écoulaient comme des petits pains dans le monde entier.”On est à un point de basculement”, car “les marchés mondiaux achètent moins de frites européennes”, relève aussi Pierre Lebrun, l’un des responsables de Belpotato, l’organisation interprofessionnelle de la pomme de terre belge.Les producteurs de frites surgelées, qui absorbent la majorité de la production, ont été frappés par une triple peine : des droits de douane sur le marché clé des États-Unis, un euro fort qui pénalise les exportations et l’émergence de concurrents en Inde, en Chine et en Égypte. Le tout alors que la Belgique produit de plus en plus : quelque cinq millions de tonnes de pommes de terre sont attendues en 2025, soit une hausse de 11 % par rapport à 2024, près d’une demi-tonne par habitant, selon Belpotato.Grâce au succès de la frite, la fierté du pays, les surfaces cultivées ont augmenté de façon continue.Les friteries sont une institution nationale et des chaînes aux noms évocateurs comme Fritapapa sont devenues d’immenses succès commerciaux.L’industrie s’est fortement développée en dix ans, faisant de la Belgique le plus grand producteur européen de frites et le premier exportateur mondial.En 2024, le pays a ainsi exporté pour plus de trois milliards d’euros de produits à base de pommes de terre, soit trois fois plus qu’en 2015, selon les données d’Eurostat, l’agence statistique de l’Union européenne.- Produire toujours davantage -La demande mondiale constante et le boom de la restauration rapide en Asie et au Moyen-Orient ont stimulé les investissements, explique Christophe Vermeulen, directeur du groupement professionnel Belgapom.”En tant que produit de base, la frite est toujours très populaire. Quand la population augmente et que la classe moyenne se développe, la demande de frites augmente aussi”, souligne-t-il.Dans cette décennie aussi dorée que de bonnes frites croustillantes, les usines ont cherché à produire toujours davantage. Les prix des pommes de terre atteignaient des sommets historiques ces dernières années – déclenchant une véritable frénésie agricole.”C’est au moment où tout roulait bien, le ciel n’avait pas de limites”, dit Pierre Lebrun. Les producteurs en Belgique, mais aussi en France, aux Pays-Bas et en Allemagne – qui approvisionnent également les producteurs belges de frites – ont encore ajouté 40.000 hectares à leurs surfaces cultivées cette année, soit une hausse de 7 % par rapport à 2024, selon les chiffres du secteur.Mais la situation s’est retournée, sur fond de tensions commerciales avec Donald Trump et de concurrence de plus en plus féroce, notamment asiatique.Les exportations de frites surgelées belges ont chuté de 6,1 % entre juin 2024 et juin 2025, selon les chiffres du secteur.Le plupart des pommes de terre sont vendues via des contrats conclus avant la récolte, mais sur le marché libre, cette baisse des exportations combinée à une production record a fait plonger les prix des pommes de terre à environ 15 euros la tonne, contre un pic de près de 600 euros l’an dernier.Si de nombreux agriculteurs bénéficient de revenus garantis par des contrats saisonniers avec les fabricants de frites, certains devront revoir leurs investissements et se préparer à des négociations ardues l’année prochaine.”L’industrie belge de la pomme de terre est en mode reset”, conclut Christophe Vermeulen.

L’Allemagne adopte la plus forte hausse du Smic depuis sa création il y a dix ans

Le gouvernement allemand a adopté mercredi la plus importante hausse du salaire minimum depuis sa création il y a dix ans, cependant légèrement moins ambitieuse qu’attendue par les sociaux-démocrates, membres de la coalition au pouvoir.Actuellement à 12,82 euros bruts de l’heure, il passera à 13,90 euros au début de l’an prochain, puis à 14,60 euros au 1er janvier 2027, ce qui correspond à une hausse totale de 13,9%.D’après le ministère allemand du Travail, environ six millions de travailleurs profiteront de cette augmentation.Le gouvernement a suivi les recommandations formulées en juin par une commission indépendante où siègent les représentants des employeurs et des salariés. Cette augmentation est légèrement moindre que celle prônée par les sociaux-démocrates, membres de la coalition au pouvoir du chancelier conservateur Friedrich Merz. Ces derniers auraient souhaité une hausse à 15 euros dès 2026.Selon l’office statistique allemand Destatis, le salaire minimum allemand est actuellement le quatrième plus élevé dans l’UE, derrière le Luxembourg, l’Irlande et les Pays-Bas.En 2022, l’ex-chancelier social-démocrate Olaf Scholz était passé outre cette commission, relevant le salaire minimum au-delà de ses préconisations.Le gouvernement allemand sous la houlette de la chancelière conservatrice Angela Merkel, alors à la tête d’une coalition avec des sociaux-démocrates, a décidé à l’été 2014 d’introduire un salaire minimum en Allemagne. Il est entré pour la première fois en vigueur le 1er janvier 2015, fixé au départ à 8,50 euros bruts de l’heure.A l’époque, c’était une petite révolution car l’Allemagne avait une tradition sociale bien ancrée de non-ingérence de la puissance publique dans les relations salariales. Les sociaux-démocrates avaient réussi à convaincre les conservateurs d’Angela Merkel du bien fondé de cette mesure, au nom de la justice sociale et devant le développement d’un large secteur de bas salaires.

Wall Street en hausse avant la Fed, Nvidia dépasse les 5.000 milliards de dollars

La Bourse de New York progresse mercredi, à quelques heures d’une très attendue baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed), tandis que Nvidia est devenue la première entreprise de l’histoire à franchir le seuil des 5.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.Vers 13H55 GMT, le Dow Jones prenait 0,64%, l’indice Nasdaq avançait de 0,75% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,40%.”Nous allons tous avoir les yeux rivés sur beaucoup de choses, mais la réunion de la Fed est sans aucun doute l’un des événements les plus importants de la journée”, commente auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.L’issue de la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale américaine ne semble faire aucun doute: les analystes attendent unanimement une baisse de taux d’un quart de point de pourcentage, la deuxième de l’année.Mais la conférence de presse que tiendra Jerome Powell, le patron de l’institution, “sera le théâtre de l’action”, selon M. Hogan.”Le président de la Fed devra expliquer comment le FOMC parvient à une décision sur les taux en l’absence de données gouvernementales (en raison de la paralysie budgétaire, ndlr), ce qui n’est pas une tâche facile”, relève Art Hogan.Les investisseurs souhaitent “avoir le sentiment qu’une nouvelle baisse de 25 points de pourcentage est prévue” pour la prochaine réunion en décembre, note de son côté Patrick O’Hare, de Briefing.com.La décision de la Fed est attendue pour 18H00 GMT, la prise de parole de Jerome Powell une demi-heure plus tard.En parallèle, le secteur technologique continue de briller.Le mastodonte américain des puces électroniques Nvidia est devenu mercredi la première entreprise au monde à franchir le cap symbolique des 5.000 milliards de dollars de valorisation boursière, preuve de l’appétit accru pour les valeurs liées à l’intelligence artificielle (IA).Vers 13H55 GMT, le titre de Nvidia prenait 4,91% à 210,90 dollars.Sa trajectoire boursière est sans commune mesure à Wall Street: Microsoft et Apple, les deux autres plus importantes capitalisations mondiales, dépassent tout juste les 4.000 milliards de valorisation.La place américaine est aussi dynamisée par une journée très chargée en résultats d’entreprises, représentant un quart de la capitalisation boursière du S&P 500, qui seront connues mercredi, selon Art Hogan.Le spécialiste des engins de construction Caterpillar (+12,29% à 588,93 dollars) s’envolait, porté par un troisième trimestre supérieur aux attentes grâce à une hausse de ses ventes.L’entreprise a aussi précisé le coût attendu des droits de douane pour son exercice 2025, qui devrait se situer entre 1,6 et 1,75 milliard de dollars.Le constructeur aéronautique américain Boeing (-2,77% à 217,10 dollars) était sanctionné pour sa perte nette de 5,34 milliards de dollars au troisième trimestre, plus lourde qu’attendu par les marchés du fait d’une charge de 4,9 milliards de dollars avant impôts sur son programme 777X, très en retard.Le site de création et de commerce électronique Etsy (-8,32% à 68,56 dollars) chutait après l’annonce d’un changement à sa tête, son patron Josh Silverman ayant choisi de passer les rênes de la société à partir de 2026.

Climat: le financement de l’adaptation toujours à la traine, selon l’ONU

Le financement public de l’adaptation aux conséquences du changement climatique devrait être multiplié par plus de 12 d’ici 2035 pour répondre aux besoins des pays en développement, estime mercredi un rapport de l’ONU, selon lequel les objectifs fixés pour 2025 ne seront pas atteints.”Les impacts du changement climatique s’accélèrent. Pourtant, les financements pour l’adaptation ne suivent pas, laissant les populations les plus vulnérables exposées à la montée des eaux, aux tempêtes meurtrières et aux chaleurs caniculaires”, déclare le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans son message relatif au rapport.Pourtant, les efforts d’adaptation aux impacts de plus en plus dangereux et coûteux du changement climatique – de la construction de digues de protection contre la mer à la plantation de cultures résistantes à la sécheresse – “ne sont pas un coût, c’est une bouée de sauvetage”, souligne-t-il.Selon ce rapport (Adaptation Gap Report), en 2023 les fonds publics consacrés à l’adaptation étaient de 26 milliards de dollars, soit deux milliards de moins qu’en 2022.Selon la trajectoire actuelle, l’objectif établi lors de la COP26 de Glasgow de doubler entre 2019 et 2025 les investissements publics des pays riches consacrés à l’adaptation des nations les plus pauvres “ne sera atteint”, estime le rapport publié une quinzaine de jours avant le début de la COP30 de Belem.Le président de la COP30, André Correa do Lago, a déclaré mercredi que l’adaptation avait “toujours été quelque peu reléguée au second plan”, mais que la question serait au cœur des prochaines négociations climatiques.Le rapport prévoit que les besoins de financement de l’adaptation des pays en développement dépasseront 310 milliards de dollars d’ici 2035, soit 12 fois plus qu’actuellement.Cela représente un déficit annuel de 284 à 339 milliards de dollars et cet écart est “inquiétant”, souligne le rapport. “Nous avons besoin d’une impulsion mondiale pour augmenter le financement de l’adaptation, provenant à la fois de sources publiques et privées, sans alourdir la dette des pays vulnérables”, souligne Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement. “Le financement de l’adaptation doit être repensé pour passer d’une corvée à un investissement dans un avenir meilleur. (…) Les pays développés ne peuvent pas continuer à faire des promesses sur le financement international de la lutte contre le changement climatique sans les tenir. Nous n’avons pas le temps”, souligne auprès de l’AFP Annamaria Lehoczky, experte sur le changement climatique de l’ONG Fauna& Flora.Actuellement, 172 pays ont des mesures d’adaptation mais pour 36 d’entre eux, elles sont dépassées ou n’ont pas été mises à jour depuis une dizaine d’années, note le rapport. Coté secteur privé, le rapport estime qu’actuellement les flux orientés vers l’adaptation représentent 5 milliards de dollars chaque année, mais qu’ils pourraient être multiplié par dix. Toutefois ils ne “pourront à eux-seuls pas suffire à combler le manque”.La feuille de route “Bakou to Belem”, destinée à accroitre les ressources financières à destination des pays en développement de 300 milliards promis lors de la COP29 à 1.300 milliards, pourrait “faire une énorme différence”, mais devra être réalisée via des subventions et instruments non générateurs de dette pour ne pas accroitre la vulnérabilité des pays les plus pauvres.”Même dans un contexte budgétaire tendu et face à des priorités concurrentes, la réalité est simple: si nous n’investissons pas dans l’adaptation dès maintenant, nous serons confrontés à une augmentation des coûts chaque année” , souligne Mme Andersen. 

Jean Castex nommé PDG de la SNCF pour un mandat de 4 ans

Jean Castex a été nommé mercredi président directeur général du groupe ferroviaire public SNCF, a annoncé l’entreprise à l’issue d’un conseil d’administration et après l’adoption en conseil des ministres le même jour d’un décret portant nomination.L’ancien Premier ministre et ancien PDG de la RATP a exprimé, dans un communiqué, sa “fierté” de rejoindre cette “grande entreprise publique dont les missions sont au coeur de la vie quotidienne des citoyens”.M. Castex, âgé de 60 ans, fait également part de sa “détermination” pour assurer la réussite de la SNCF et de ses filiales Rail Logistics Europe, Keolis et Geodis.Parmi les défis qu’il devra relever, il cite en premier “l’amélioration permanente du service rendu aux voyageurs”, puis “la transformation nécessaire pour gagner dans la concurrence”, “la montée en puissance de la régénération et enfin “la modernisation du réseau ferré comme son adaptation face au changement climatique”.M. Castex donne également “rendez-vous aux cheminots” qu’il entend “rencontrer très vite” et leur dire “qu’il sera à leur écoute et engagé à leurs côtés”.Il salue le travail de son prédécesseur Jean-Pierre Farandou, nouveau ministre du Travail, dont le mandat à la tête de la SNCF “a permis la mise en oeuvre de la réforme +pour un nouveau pacte ferroviaire+, le rétablissement des finances du groupe, un dialogue social soutenu et un engagement sans faille pour porter les besoins cruciaux de financements supplémentaires pour le réseau ferré”.Dans une interview publiée par le Monde mercredi, M. Castex précise sa méthode de travail: “un dialogue social exigeant et de qualité et une présence permanente sur le terrain”. “Je n’en connais pas d’autre” dit l’ancien patron de la RATP, crédité d’avoir réussi sans heurts à organiser les déplacements massifs en transports en commun dans toute l’Ile-de-France durant la période des Jeux Olympiques à l’été 2024.Sur le sujet du traitement de ses éventuels conflits d’intérêt  -la RATP qu’il connait de l’intérieur étant concurrente de la SNCF dans beaucoup d’appels d’offres d’ouverture à la concurrence de gestion de réseaux de transports locaux- M. Castex a rappelé ses propositions “de stricte étanchéité”.”Déport complet sur tous les dossiers, qui sont relativement peu nombreux, où les deux entreprises ont présenté des offres concurrentes, et déport complet également pendant les trois ans à venir pour les marchés où la RATP est sortante, si la SNCF ou sa filiale Keolis décide de présenter des offres” a-t-il précisé.Il avait fait ces propositions lors de son audition devant la Commission du développement durable du Sénat mi-octobre.Avec la réputation d’un haut fonctionnaire pragmatique et habile à la concertation, M. Castex avait été chargé en avril 2020 par Emmanuel Macron de mettre en oeuvre le premier déconfinement de la crise sanitaire, puis nommé dans la foulée à Matignon en juillet 2020 jusqu’en 2022.Se qualifiant lui-même d'”amoureux des trains”, il a ensuite été nommé Président directeur général de la RATP depuis 2022 jusqu’à aujourd’hui.

Boeing: perte plus lourde qu’attendu au 3T, due à une lourde charge sur le 777X

Le constructeur aéronautique américain Boeing a annoncé mercredi une perte nette de 5,34 milliards de dollars au troisième trimestre, plus lourde qu’attendu par les marchés du fait d’une charge de 4,9 milliards de dollars avant impôts sur son programme de bicouloir 777X, très en retard.Au troisième trimestre 2024, Boeing avait publié une perte nette de 6,17 milliards.Son chiffre d’affaires a bondi de 30% sur la même période cette année, à 23,27 milliards de dollars, profitant d’une reprise de la production et des livraisons après la crise provoquée par un incident en vol en janvier 2024 et une longue grève dans deux grosses usines à l’automne de cette année-là.Dans les échanges électroniques avant l’ouverture de la Bourse de New York, l’action Boeing cédait 1,02%.La branche d’aviation commerciale (BCA) a livré 440 avions entre juillet et septembre, soit une centaine de plus qu’au troisième trimestre 2024, a relevé Kelly Ortberg, patron du groupe, dans un message adressé aux employés, précisant constater aussi une “forte demande” avec 774 commandes en 2025 – plus de double de l’année précédente.- Livraison reportée -A noter qu’il a de nouveau fait état d’un flux de trésorerie positif – 1,12 milliard de dollars -, pour la première fois depuis le quatrième trimestre 2023.Le consensus des analystes de FactSet attendait un chiffre d’affaires de 22,06 milliards de dollars et un petit bénéfice de 100 millions. Rapporté par action et hors éléments exceptionnels – valeur privilégiée par les marchés -, la perte nette ressort à 7,47 dollars contre une perte nette de 10,44 dollars un an plus tôt.Le consensus anticipait une perte nette de 5,16 dollars par action.Ce n’est pas la première fois que Boeing est contraint de passer une lourde charge sur le programme du long courrier 777X, son nouveau gros porteur biréacteur.Il avait notamment inscrit une charge avant impôts de 3 milliards de dollars au troisième trimestre 2024, en partie imputée à ce programme, et une de 6,5 milliards dès le quatrième trimestre 2020 totalement attribuée à ce programme. En d’autres occasions, le groupe n’a pas communiqué le détail.Le 777-9, première version du programme qui en prévoit trois, a été présenté en 2013 et devait entrer en exploitation en 2020 mais il n’est toujours pas certifié par le régulateur de l’aviation civile (FAA).Depuis de longs mois, la direction assurait que les premières livraisons se dérouleraient en 2026 mais des informations de presse début octobre indiquaient un décalage à 2027, évoquant une charge entre 2,5 et 4 milliards.M. Kelly l’a confirmé mercredi: “La finalisation du programme de certification prend davantage de temps que prévu. Nous avons ajusté nos attentes concernant la certification et nous anticipons désormais la première livraison du 777-9 en 2027”, a-t-il indiqué dans son message.

Budget: entre la “surenchère fiscale” et les attentes de la gauche, Lecornu sur un chemin toujours plus étroit

Après l’adoption à l’Assemblée nationale de taxes visant les grandes entreprises, le gouvernement et la droite s’alarment d’une “surenchère fiscale”, rendant le chemin de crête de Sébastien Lecornu toujours plus étroit d’autant que la gauche attend toujours des mesures sur les “ultra-riches”, taxe Zucman ou autre véhicule. “La justice fiscale a laissé place à la surenchère fiscale”, a mis en garde mercredi le ministre de l’Économie Roland Lescure.Dans la ligne de mire du macroniste, le vote mardi par une alliance de la gauche et du RN d’un “impôt universel” sur les multinationales. Cette mesure, qui vise à taxer les bénéfices des multinationales proportionnellement à leur activité réalisée en France et lutter contre l’évasion et l’optimisation fiscale, pourrait rapporter 26 milliards d’euros au budget de l’État, selon ses défenseurs.”Des multinationales en France, avec des outils pour mettre des bénéfices dans les paradis fiscaux, payent moins d’impôt (proportionnellement) que par exemple un boulanger”, a argumenté la présidente des députés LFI Mathilde Panot.”En gros, Starbucks (souvent cité comme cas emblématique de l’optimisation fiscale, NDLR) paiera enfin 25% d’impôt en France”, a renchéri le RN Jean-Philippe Tanguy.Mais pour le ministre, ces mesures “isolent la France et l’exposent à une fuite des sièges sociaux”. Elles seraient en outre “inapplicables” car “incompatibles avec les 125 conventions fiscales bilatérales signées par la France”.Autre mesure votée largement, cette fois-ci avec le bloc central, le doublement de la taxe Gafam, qui cible les grandes entreprises de la tech, passant de 3 à 6% en dépit de l’opposition du gouvernement, inquiet d’éventuelles représailles commerciales de l’administration Trump.M. Lescure peut au moins se réjouir que “ses appels à la prudence” aient été entendus, les députés ayant initialement soutenu en commission un taux de 15% en miroir des droits de douane infligés par les Américains.Mais le vote de ces taxes a poussé le président des Républicains (LR), Bruno Retailleau, à dénoncer mercredi une “folie fiscale”.L’ancien ministre de l’Intérieur a également critiqué une hausse gouvernementale de deux milliards d’euros de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises. Mais le gouvernement répond qu’il s’agit de financer des amendements… LR supprimant le gel du barème de l’impôt sur le revenu et défiscalisant l’intégralité des heures supplémentaires.En tout cas, ce “choc fiscal” rend le budget “encore moins votable qu’hier” aux yeux de M. Retailleau qui juge “le coût de la stabilité politique exorbitant”.A l’issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a relativisé ces votes, rappelant qu’on n’est “qu’au tout début du processus parlementaire”. “Les votes qui ont déjà eu lieu ne sont pas la copie finale”, a-t-elle assuré. – Amendement de compromis ? -M. Retailleau pense d’ailleurs que la première partie du budget sur les recettes “sera refusée par l’Assemblée” et donc que ce sera le Sénat “qui devra reprendre la copie”.Mais les députés LR s’aligneront-ils sur leur président sénateur après avoir déjà pris leurs distances avec lui ces dernières semaines sur la censure ?Devant la presse mardi, le rapporteur général LR du Budget, Philippe Juvin, s’était ainsi montré moins alarmiste: “On est sur un budget qui garde un équilibre qui est à peu près celui du texte initial, donc ce n’est pas la catastrophe”.La fiscalité va continuer d’alimenter les tensions dans les prochains jours, cette fois-ci à travers la discussion prévue a priori vendredi sur les patrimoines des très riches.Du fait de l’opposition résolue du bloc central, de la droite et du RN, la taxe Zucman aura du mal à être votée, que ce soit dans sa forme initiale (un impôt minimum de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros) ou modifiée (3% à partir de 10 millions d’euros, mais en excluant les entreprises innovantes et familiales).Si Sébastien Lecornu, qui pourrait assister aux débats lui-même, s’est dit opposé à “toucher à la vache” (le patrimoine professionnel), il ne s’est en revanche pas opposé à discuter du “partage du lait” (les revenus générés).  D’autant que le PS menace l’exécutif de censure s’il n’évoluait pas sur le sujet.Un amendement de compromis pourrait donc être encore présenté par le gouvernement au moment des débats. “Il y a encore du travail”, a indiqué Mme Bregeon.Selon un cadre socialiste, un compromis est possible entre la taxe proposée par le PS, l’impôt sur la fortune financière réclamé par le RN et la taxe sur les holdings défendue par le bloc central.parl-far/lum/tes

Les boulangers se déchirent sur le jour de fermeture obligatoire

Remontée contre l’obligation de fermer un jour par semaine, la fédération des chaînes de boulangerie mène des actions en justice à travers la France au risque de diviser la profession au détriment des artisans boulangers.Le dernier épisode en date de cette bataille politique et juridique s’est déroulé à Poitiers le 21 octobre, où le tribunal administratif a rejeté la tentative de la Fédération des entreprises de boulangerie (Feb) de lever l’arrêté préfectoral pour la Vienne, la Charente et les Deux-Sèvres.”Nous défendons le droit d’entreprendre et voulons retirer cette règle absurde qui interdit aux boulangers de travailler à leur guise”, explique à l’AFP Paul Boivin, directeur général de la Feb, association regroupant des chaînes comme Paul, La Mie Caline ou Ange.Plusieurs départements français ont fait évoluer leur pratique cette année, la plupart du temps à la suite d’actions en justice de la Feb, comme le Morbihan en Bretagne ou le Gers en Occitanie.Temporairement levée pendant la crise du Covid, l’obligation de fermer un jour par semaine n’a jamais été supprimée à l’échelle nationale depuis sa mise en place massive dans les années 1990.L’ensemble de la profession n’est toutefois pas sur la même longueur d’onde.”Les petits artisans ne pourront pas lutter contre les chaînes qui ont les effectifs nécessaires pour ouvrir sept jours sur sept”, proteste Emmanuel Gripon, président de la fédération de la Boulangerie Pâtisserie française des Deux-Sèvres.Lui-même boulanger, Emmanuel Gripon estime que la disparition de la règlementation “va pénaliser les commerces de proximité, notamment dans les centres-villes”, en opposition aux franchises, souvent présentes sur les ronds-points à la sortie des bourgades.A ce stade, la fermeture hebdomadaire obligatoire n’est plus en vigueur dans 54 départements où vivent 61% des Français de métropole, selon des données compilées par la Feb.”Avec le recul, nous n’avons par remarqué de fermetures massives” d’artisans boulangers “dans les départements concernés”, se défend Paul Boivin qui fustige “un combat d’arrière-garde”. – “Défi logistique” – Interpellé en février sur la question, le gouvernement Bayrou avait estimé que “les arrêtés de fermeture constituaient un outil de régulation de la concurrence entre grandes surfaces commerciales et petits commerces artisanaux.”Les autorités ont défendu le système actuel qui enjoint aux préfectures de s’assurer que la majorité des vendeurs de pain soutiennent l’arrêté. La Feb prétend que ce consensus n’existe plus toujours et conteste régulièrement en justice les modalités des consultations menées à ce sujet par les préfectures.”Passer à sept jours sur sept cela représente un défi logistique pour nous”, calcule Leïla, vendeuse d’une boulangerie de l’est parisien, qui fait partie des territoires où la Feb veut faire lever l’arrêté.Cette employée d’un établissement qui en compte sept regrette que d’autres boutiques du quartier “ne jouent pas le jeu”.”Plus bas dans la rue, un confrère a commencé à ouvrir sur son jour de fermeture. Avant il avait plus de monde quand on fermait et vice-versa, mais maintenant ça ne va plus que dans un sens”, déplore Leïla.Le propriétaire de la boulangerie concernée, de taille similaire, qui a souhaité rester anonyme, invoque des raisons économiques.”Le mois passe vite, on a l’impression de payer des charges tous les jours. Pour nous une demi-journée c’est toujours ça de gagné”, justifie-t-il.Une simple visite sur internet permet de confirmer que plusieurs chaînes, pourtant situées hors des zones d’exception réservées aux quartiers touristiques, affichent des horaires sans fermeture.Les contrôles sont souvent issus de l’action d’autres boulangers. “Quand on nous signale une boulangerie qui ouvre en continu, on va discuter avec le gérant. S’il n’y a pas de changement, on l’attaque en justice. Mais ça prend du temps”, explique Emmanuel Gripon.

La Fed à l’aube d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt américains

La banque centrale des Etats-Unis devrait mercredi réduire ses taux d’intérêt pour la deuxième fois consécutive, pour donner de l’élan à l’économie et soutenir le marché du travail, même si l’inflation continue de presser les Américains.La Réserve fédérale (Fed) a abaissé les taux directeurs pour la première fois de l’année en septembre, d’un quart de point, et l’écrasante majorité des investisseurs s’attendent à ce qu’elle continue sur cette lancée, selon l’outil de suivi CME FedWatch.Cela les porterait dans une fourchette comprise entre 3,75% et 4%.Le président américain Donald Trump réclame inlassablement des taux plus bas pour alléger les coûts d’emprunt et soutenir sa politique qu’il qualifie de “procroissance”: baisses d’impôts, dérégulation, droits de douane massifs.Toutefois, les banquiers centraux de la Fed n’ont pas voulu les bouger pendant l’essentiel de 2025, de peur que les nouvelles taxes sur les importations ne fassent redécoller l’inflation. Celle-ci avait été péniblement freinée, au prix de taux élevés.L’inflation a accéléré ces derniers mois, mais moins que redouté, alors que la situation sur le front de l’emploi s’est dégradée.Face au bouleversement des chaînes de production et aux surcoûts provoqués par les droits de douane, les entreprises ont globalement gelé les embauches. Les créations d’emplois se sont effondrées, sans que le chômage ne s’emballe pour autant. Une configuration inhabituelle, largement due selon les experts à la baisse du nombre de personnes sur le marché du travail, conséquence de la politique dure du gouvernement en matière d’immigration, illégale comme légale.- L’inflation au tournant -C’est ce paysage qui avait convaincu les responsables monétaires de baisser les taux en septembre.La Fed avait alors agi “de manière préventive, pour éviter que le marché de l’emploi ne devienne vraiment un problème à l’avenir”, déclare à l’AFP Wendy Edelberg, spécialiste de l’économie à la Brookings Institution.Depuis, le tableau ne semble pas avoir fondamentalement changé pour la première économie mondiale. La banque centrale se trouve cependant face à une difficulté supplémentaire.La paralysie budgétaire aux Etats-Unis (“shutdown”) suspend depuis le 1er octobre la compilation et la publication des données officielles sur l’économie. La Fed n’a donc plus autant d’éléments en main pour forger son opinion.”De ce que l’on sait pour l’instant, les inscriptions au chômage ne sont pas préoccupantes, le niveau de la consommation n’est pas préoccupant, même s’il serait bien sûr stupide de dire que tout le monde s’en sort correctement aux Etats-Unis”, reprend Mme Edelberg.”L’économie va plutôt bien, mais est sans conteste en train de ralentir”, observe de son côté Gregory Daco, économiste en chef pour le cabinet EY.La Fed devient en parallèle moins obnubilée par l’inflation, pointe-t-il, car “la situation est très différente de 2021-2022”, dans le sillage de la pandémie de Covid-19.Les entreprises peinaient alors à trouver de la main-d’oeuvre et étaient prêtes à payer plus cher leurs salariés, répercutaient le coût supplémentaire dans leurs prix, alimentant l’inflation… Cet effet boule de neige “risque moins d’arriver” dans un marché du travail atone, où le pouvoir de négociation des employés s’étiole, remarque Gregory Daco.La Fed ne devrait toutefois pas “perdre l’inflation de vue”, dit à l’AFP Loretta Mester, ancienne présidente de la Fed régionale de Cleveland (nord des Etats-Unis). “Elle est tout de même depuis maintenant plus de quatre ans au-dessus de l’objectif” que l’institution monétaire s’est elle-même fixé (2%), souligne Mme Mester.

Norvège: le fonds souverain a gagné 88 milliards d’euros au troisième trimestre

Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde, a gagné 1.032 milliards de couronnes (88 milliards d’euros) au troisième trimestre, tiré par ses participations boursières dans les matières premières, les télécoms et la finance, a-t-il annoncé mercredi.Fin septembre, le fonds alimenté par les revenus pétroliers de l’Etat norvégien et qui investit dans différentes catégories d’actifs à travers le monde a vu sa valeur atteindre le niveau vertigineux de 20.440 milliards de couronnes (1.755 milliards d’euros).”Le résultat s’explique par de solides rendements sur les marchés boursiers, en particulier dans les secteurs des matières premières, des télécommunications et des services financiers”, a expliqué le numéro deux du fonds, Trond Grande, dans un communiqué.Ressortant à 5,8%, le rendement trimestriel a été tiré par les placements en actions, qui représentaient 71,2% du portefeuille à la fin du trimestre et qui ont gagné 7,7%.Le fonds est investi dans quelque 8.500 entreprises à travers le monde et détient en moyenne environ 1,5% de toutes les sociétés cotées sur la planète.Les placements obligataires (26,6%% des actifs) et les investissements immobiliers (1,8% des actifs) ont affiché des rendements modestes de respectivement 1,4% et 1,1%.Encore marginaux, les placements dans les projets d’énergies renouvelables non cotés ont rapporté 0,3%.