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Commerce: la colère de Trump contre l’Europe est-elle justifiée ?

C’est une accusation récurrente du président américain Donald Trump: l’Union européenne (UE) abuserait des États-Unis en accumulant des excédents commerciaux massifs. Mais les chiffres dressent le tableau d’une relation plutôt équilibrée qui bénéficie aux deux rives de l’Atlantique.Les États-Unis excédentaires dans les servicesQuand Donald Trump brocarde l’excédent commercial européen, il se réfère uniquement aux échanges de marchandises. L’UE, grosse exportatrice de voitures ou d’équipements industriels, a enregistré dans ce domaine un excédent significatif de 157 milliards d’euros en 2023, d’après les chiffres de la Commission.Mais ce périmètre ne tient pas compte des services, qui constituent pourtant la plus grande part de l’activité économique. Or, les Américains y sont très dominants, particulièrement dans la finance ou le numérique. Des géants comme Google ou Meta n’ont pas leur équivalent en Europe.Les États-Unis affichaient ainsi, en 2023, 109 milliards d’excédent dans les services, de quoi réduire l’excédent européen à seulement 48 milliards d’euros. Un chiffre négligeable comparé aux 1.600 milliards d’échanges commerciaux entre les deux blocs.Des droits de douane à peine plus élevés dans l’UEDonald Trump critique les droits de douane de 10% dans l’Union européenne sur les automobiles importées des États-Unis qu’il compare aux 2,5% imposés outre-Atlantique sur les véhicules venus d’Europe. Mais la réalité est plus complexe. Les deux blocs imposent des droits de douane différents selon les produits. Au total, la Commission évalue à “environ 1%” de part et d’autre les taxes imposées sur les marchandises échangées à travers l’Atlantique. “On est sur des niveaux faibles, même si l’UE taxe un petit peu plus que les États-Unis en moyenne”, souligne Elvire Fabry, spécialiste de géopolitique du commerce pour l’Institut Jacques Delors, en évoquant “un mille-feuille compliqué”.Ainsi, dans l’automobile, la Commission souligne que les Américains appliquent 25% de taxes sur les pick-up, des véhicules très populaires qui constituent le premier segment de marché aux États-Unis.Certains taux sont prohibitifs, notamment dans le domaine agricole. Mme Fabry cite en exemple les taxes américaines sur les importations de tabac (350%), les huiles végétales (164%) ou les fruits (132%), mais aussi sur les vêtements (32%). “Donald Trump prend les chiffres qui l’arrangent”, estime cette experte.Un partenariat gagnant-gagnant”Le commerce de biens ne représente qu’une partie de la relation économique entre l’Europe et les États-Unis. En examinant d’autres indicateurs, tels que le commerce des services, les investissements et les ventes des filiales (à l’étranger), on a une vision plus complète de la profondeur de la relation. Finalement, les deux économies bénéficient grandement de ce partenariat”, souligne Thibaut L’Ortye, porte-parole de la Chambre de commerce américaine dans l’UE (AmCham EU).Les États-Unis sont le premier investisseur en Europe, et l’Europe est le premier investisseur aux États-Unis, pour un total qui atteignait une valeur de 5.300 milliards d’euros en 2022, selon la Commission européenne.Mais AmCham reconnaît cependant qu’il existe “des secteurs comme le numérique où le succès des entreprises américaines les expose aux initiatives de l’UE”. D’un point de vue américain, les législations européennes sur les services et les marchés numériques (DSA et DMA), les données (RGPD) ou l’intelligence artificielle constituent des barrières non tarifaires.  Un bras de fer à haut risqueL’UE ne voit “aucune justification” à l’application par Donald Trump de droits de douane supplémentaires sur les produits européens et est prête à réagir “fermement et rapidement” si les menaces du président américain étaient mises à exécution, a déclaré le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic, en visite à Washington cette semaine.De quoi alarmer les milieux d’affaires des deux côtés de l’Atlantique. “Les droits de douane ne sont pas l’outil économique approprié. Nous nous inquiétons de l’ampleur des mesures en cours d’examen, de l’incertitude qu’elles génèrent”, confie M. L’Ortye, appelant à “éviter une spirale négative de droits de douane réciproques qui ne ferait que nuire aux deux économies”.”La relation transatlantique est essentielle à chacun des deux blocs”, souligne aussi Mme Fabry.

Wall Street ouvre en baisse, entre résultats d’entreprises et droits de douane

La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi, lestée par les prévisions “prudentes” du géant américain Walmart, et mue par les incertitudes quant à la politique commerciale de Donald Trump.Dans les premiers échanges, le Dow Jones reculait de 0,34%, l’indice Nasdaq perdait 0,13% et l’indice élargi S&P 500 lâchait 0,20%. 

Tabac: Philip Morris condamné en France à 500.000 euros d’amende pour publicité illégale

La filiale française du cigarettier Philip Morris et son ancienne présidente Jeanne Pollès ont été condamnées par le tribunal correctionnel de Paris à des amendes de respectivement 500.000 euros et 50.000 euros pour “publicité directe ou propagande” en faveur des produits du tabac et du vapotage.Selon la décision obtenue jeudi, le site dédié au dispositif de tabac chauffé IQOS, commercialisé par Philip Morris, présente des mentions “qui ont pour but ou pour effet de valoriser tant la qualité que la sécurité du dispositif IQOS, sous couvert d’une prétendue réduction des risques liés à la consommation du tabac validé scientifiquement”.”Cette mise en avant (…) est une publicité directe pour ce dispositif qui renvoie immanquablement au produit du tabac qu’il permet de consommer. Elle constitue dès lors une publicité indirecte illicite”, poursuit la décision.En outre, “la publication du 13 avril 2023 associe quant à elle le tabac produit par la société Philip Morris à une gestion responsable de la ressource forestière ce qui est également interdit”.”En l’espèce, les infractions commises l’ont été sciemment par une société appartenant au plus grand groupe de cigarettiers au monde et sa présidente, parfaitement conseillées et informées des dispositions en vigueur, et qui ont consacré des investissements majeurs pour tenter de contourner la législation en vigueur et ce sur une période de prévention d’un an et demi”, déplore le tribunal.”Cette attitude relève d’un pur calcul économique, fructueux au regard de l’augmentation de l’utilisation du dispositif IQOS au cours des cinq dernières années”, poursuit-il.Les amendes tiennent également compte d’une première condamnation en 2011 “pour des faits de publicité directe ou propagande en faveur du tabac ou de ses produits”.Le groupe et son ancienne présidente -aujourd’hui retraitée-, étaient poursuivies par le Comité National Contre Le Tabagisme (CNCT), association française de lutte contre le tabac à laquelle ils devront verser solidairement 50.000 euros de dommages et intérêts en plus de 5.000 euros chacun au titre des frais de justice.La CNCT a déjà fait condamner la société pour un motif similaire: mi-2024, Philip Morris France a écopé d’une amende de 500.000 euros et Philip Morris Products de 400.000 euros lors d’un procès en appel. Le groupe s’est pourvu en cassation contre cette décision.

Le Parlement adopte un texte pionnier sur les “polluants éternels”

Une législation “pionnière” dans l’Union européenne: l’Assemblée a approuvé définitivement jeudi une proposition de loi écologiste restreignant la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, ces “polluants éternels” massivement présents dans la vie courante, dont l’impact sur la santé inquiète l’opinion et les pouvoirs publics.Le texte, soutenu par la gauche et la coalition gouvernementale, contre le RN, a été approuvé dans les mêmes termes qu’au Sénat, par 231 voix contre 51, et va désormais pouvoir entrer en vigueur.La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a apporté son soutien au texte, tout en appelant à tenir un discours nuancé, “toujours sous l’éclairage de la science” et “sans tomber dans une condamnation générale des PFAS”.”Il y a des milliers de PFAS. Certains sont bien connus, d’autres moins. Certains sont dangereux, d’autres sont considérés comme à faible impact”, a-t-elle soutenu.Quasi indestructibles et présentes dans quantité d’objets et de produits, ces substances chimiques per- et polyfluoroalkylés, ou PFAS, s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, l’eau, la nourriture et, in fine, dans le corps humain, notamment dans le sang et les tissus des reins ou du foie.Si les connaissances sur les risques sanitaires associés aux différents PFAS sont insuffisantes, voire absentes, de l’avis même d’autorités sanitaires, des effets néfastes sur le métabolisme humain ont été pointés pour plusieurs “polluants éternels”.L’article phare de la proposition de loi prévoit d’interdire à partir du 1er janvier 2026 la fabrication, l’importation et la vente de tout produit cosmétique, produit de fart (pour les skis) ou produit textile d’habillement contenant des PFAS, à l’exception de certains textiles industriels ou “nécessaires à des utilisations essentielles”.Une taxe visant les industriels dont les activités entraînent des rejets de PFAS, sur le principe du “pollueur-payeur”, figure également dans le texte.- “Pas de fatalité” -Si l’ambition initiale du texte a été réduite – avec notamment l’exclusion des ustensiles de cuisine du champ de l’interdiction -, le rapporteur Nicolas Thierry (Les Ecologistes) s’est quand même félicité d’une “immense victoire” après “trois ans de travail acharné””Je pense à toutes les victimes qui souffrent de pollutions chimiques”, a-t-il déclaré à la presse.Le député espère que cette adoption marquera “un tournant”, et démontrera que face aux intenses campagnes de lobbying des industriels, il n’y a “pas de fatalité”. Lorsque la “société civile” se mobilise, il est “possible d’inverser le rapport de force”, a ajouté M. Thierry, rappelant qu’il y a un an encore, le gouvernement ne soutenait pas sa proposition.Pour Cyrielle Chatelain, cheffe des députés écologistes, ce texte est “une lueur d’espoir”, dans un “moment où on va de régression en régression sur le plan environnemental”. Au nom du RN, le député Emeric Salmon s’est alarmé d’un texte qui aura “des conséquences dramatiques sur l’emploi et notre souveraineté” en conduisant à “inonder” le marché national de “produits étrangers contenant des PFAS”.Mme Pannier-Runacher a répondu que le texte avait été “travaillé (…) avec les industriels” et qu’il s’agissait au contraire de protéger les industriels “contre la concurrence déloyale, eux qui ont fait l’effort justement de mettre au point des technologies qui leur permettent de se passer des PFAS”.Le texte était le premier de la “niche” du groupe écologiste et social, journée consacrée à ses initiatives .Les députés se pencheront dans l’après-midi sur des textes plus clivants, notamment celui souhaitant l’instauration d’un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des “ultra riches”, ceux possédant plus de 100 millions d’euros de patrimoine, inspirée d’une proposition de l’économiste Gabriel Zucman.La coalition gouvernementale a combattu cette mesure en commission la semaine dernière, mais le texte pourrait passer grâce à l’abstention du RN.Les cinq autres textes proposés par les Ecologistes visent à mettre en place à titre expérimental “une sécurité sociale alimentaire pour tous”, “protéger durablement la qualité de l’eau potable”, “faciliter l’accès des demandeurs d’asile au marché du travail”, empêcher les “licenciements boursiers” et garantir des horaires de jour aux travailleurs du nettoyage.Tous ont été adoptés en commission, ce qui ne préjuge pas de leur sort en séance. Et tous ne pourront sans doute pas être examinés, les députés concluant obligatoirement leurs travaux à minuit.

L’hôtellerie suisse bat un nouveau record en 2024 (OFS)

Les nuitées hôtelières en Suisse ont battu un nouveau record en 2024 grâce à l’afflux de touristes américains mais aussi français et espagnols, a annoncé jeudi l’office fédéral de la statistique (OFS).En 2024, l’hôtellerie suisse a enregistré 42,8 millions de nuitées, soit une augmentation de 2,6% par rapport à l’année précédente, le secteur dépassant ainsi son précédent record de 2023, a indiqué l’OFS dans un communiqué. La demande s’est stabilisée à “un niveau élevé” auprès de la clientèle locale, précise l’OFS, alors que beaucoup de Suisses ont pris l’habitude pendant la pandémie de Covid-19 de rester dans le pays alpin pendant leurs vacances pour partir à la découverte d’autres régions. Le nombre de nuitées auprès de la clientèle locale n’a progressé que de 0,1% en 2024, légèrement en-dessous de 20,9 millions de nuitées. Les nuitées hôtelières ont en revanche été dopées par les touristes étrangers qui ont généré 22 millions de nuitées, en hausse de 5,1% après un bond de 21,8% en 2023. La demande étrangère a ainsi retrouvé son plus haut niveau en “plus de 50 ans”, souligne l’OFS, expliquant qu’il faut remonter “à 1972” pour retrouver un tel afflux de touristes étrangers dans les hôtels suisses.La demande a été soutenue par les touristes venant du continent américain, et en particulier des Etats-Unis auprès desquels les nuitées ont grimpé de 13,9% à près de 3,5 millions de nuitées, soit “le plus haut niveau jamais observé”, souligne l’OFS.La croissance a été plus modeste auprès des touristes européens, avec une hausse se limitant de 1,4% en raison d’un repli auprès de la clientèle britannique, en recul de 4,1% à 1,6 million de nuitées. L’hôtellerie suisse a néanmoins retrouvé son plus haut niveau depuis le début des années 1990 auprès de la clientèle française, en hausse de 6,1% à 1,5 million de nuitées, et atteint un record avec la clientèle espagnole, en hausse de 6%, avec plus d’un demi-million de nuitées.Auprès des touristes allemands, la progression s’est limitée à 0,5% même s’ils restent les plus grands clients de l’hôtellerie helvétique avec près de 3,8 millions de nuitées.La reprise s’est également poursuivie auprès de la clientèle chinoise. Avec 725.129 nuitées, leur niveau reste cependant inférieur de 47,9% à celui de 2019. L’hôtellerie suisse avait déjà atteint un sommet en 2023, avec 1,4 million de nuitées, dépassant ses niveaux d’avant-pandémie. noo/vog/abx 

Retraites: après le diagnostic de la Cour des comptes, les syndicats veulent “passer aux choses sérieuses”

“Passons aux choses sérieuses”: les partenaires sociaux ont salué jeudi le diagnostic financier de la Cour des comptes sur les retraites, qui brosse un tableau “préoccupant” mais enterre l’idée d’un “déficit caché”, ouvrant la voie à trois mois de négociations sur la réforme de 2023.Particulièrement attendu pour faire “la vérité des chiffres”, ce rapport commandé par Matignon a été remis en début de matinée à François Bayrou par le premier président de la Cour, Pierre Moscovici, puis présenté aux syndicats et au patronat. Avant même sa publication officielle, le chef du gouvernement a évoqué “un déficit immédiat de six milliards qui, dans les années qui viennent, si on ne fait rien, dérivera vers 30 milliards” et insisté une nouvelle fois sur “l’apport de l’Etat pour équilibrer le système”.Ce rapport donne le coup d’envoi à trois mois de difficiles négociations entre partenaires sociaux pour retoucher l’impopulaire réforme des retraites de 2023 (qui a décalé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans) “sans totem ni tabou” mais “sans dégrader” l’équilibre financier, selon les mots du chef du gouvernement.Sans surprise au vu des chiffres déjà connus, le diagnostic financier de la Cour des comptes est “préoccupant”, a résumé Pierre Moscovici.- Déficit accru après 2030 -Le déficit atteindrait 6,6 milliards d’euros en 2025, se “stabiliserait” jusqu’en 2030 environ, puis se dégraderait de manière “nette, rapide, croissante”, passant à environ 15 milliards à horizon 2035 et 30 milliards en 2045, “malgré la réforme de 2023”, retrace le rapport.La réforme de 2023 aura “un effet positif” d’environ 10 milliards à l’horizon 2030, mais de plus en plus limité ensuite. Le système par répartition (les actifs financent les pensions des retraités actuels) souffre d’un “déséquilibre croissant” dû au vieillissement de la population.Ces chiffres sont loin de ceux avancés mi-janvier par M. Bayrou, qui avait évoqué un déficit de 55 milliards d’euros à horizon 2030. Ils se rapprochent plutôt des prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR), référence en la matière.Dans son calcul, M. Bayrou n’intégrait pas aux recettes les contributions (impôts affectés, subventions) versées par l’Etat pour équilibrer le régime de la fonction publique, jugeant que l’Etat cotise à un taux trop élevé par rapport au privé. Dans son sillage, certains experts, minoritaires, avaient pointé un “déficit caché”. “Il n’existe aucun déficit caché”, mais seulement “deux comptabilités différentes” de la contribution de l’Etat, qui s’élevait à 45 milliards d’euros en 2023, observe Pierre Moscovici. Lequel souligne que les régimes relevant du privé et du public ne sont “pas comparables”.  Ce rapport “offre un démenti cinglant aux chiffres farfelus” du Premier ministre, a taclé la leader de la CGT Sophie Binet. “L’objectif de la CGT” est toujours “d’abroger cette réforme injuste et violente”, ce qui coûterait “10 milliards d’euros”, un chiffre “tout à fait soutenable”, a-t-elle estimé.François Bayrou juge lui le rapport “en cohérence” avec ses chiffres, puisqu’il souligne “l’apport de l’Etat”.- “Redonner confiance” -“L’histoire du déficit caché est écartée, (…) passons aux choses sérieuses”, a lancé, tout sourire, la numéro 1 de la CFDT Marylise Léon, qui attend “un bouger sur l’âge légal, la reconnaissance des métiers pénibles” et l’amélioration des droits des femmes. Au vu du rapport, la réforme de 2023, “présentée comme la réforme du siècle qui allait résoudre tous les problèmes, (…) c’était du pipeau”, a-t-elle cinglé.Les travaux des partenaires sociaux débuteront le 27 février. Leur mission s’annonce ardue, tant les positions sont antagonistes. Pour les syndicats, la priorité est de revenir en arrière sur les 64 ans. Le patronat exclut lui toute augmentation de sa contribution financière.”Le premier sujet, c’est de parler de la retraite par capitalisation”, a défendu jeudi le président de la CPME Amir Reza-Tofighi, souhaitant aussi “indexer l’âge de départ sur l’espérance de vie”. Il a dit vouloir “redonner confiance” dans un système qui “va droit dans le mur” si on ne prend pas des décisions “difficiles mais courageuses”.Pour “éclairer” les débats, la Cour des comptes a estimé l’effet de différents leviers. Agir sur l’âge légal de départ aurait un “effet puissant à court terme” mais moins à long terme, à l’inverse de la durée de cotisation qui aurait “un effet de moindre ampleur, mais mieux étalé dans la durée”. Augmenter les taux de cotisation aurait “des effets négatifs sur l’économie”, selon la Cour, pour qui les effets d’une moindre revalorisation annuelle des pensions aurait en revanche des effets “relativement faibles”.Des scenarii qui font l’impasse sur un retour aux 62 ans. La Cour “s’est engagée à corriger” cet oubli, selon Mme Binet.eva-arz-bat-ic-mdb/grd/gvy

Les sandales Birkenstock ne sont pas des oeuvres d’arts, tranche la justice allemande

Les célèbres sandales Birkenstock ne peuvent pas être considérées comme des oeuvres d’arts, a tranché la justice allemande jeudi, infligeant un revers à la marque allemande qui exigeait la protection des droits d’auteurs pour ses produits.Dans un arrêt rendu jeudi, la cour fédérale de justice allemande, plus haute instance civile du pays, a clos une saga judiciaire débutée en mai 2023.Le fabricant de chaussures mondialement connu avait alors déposé plainte contre les enseignes de mode allemandes Tchibo et shoe.com ainsi que contre le danois Bestseller.Birkenstock leur reprochait de vendre des modèles similaires aux siens et exigeait que ceux-ci soient retirés de la vente et détruits.Après un échec devant la cour d’appel de Cologne en 2024, Birkenstock s’était pourvu en cassation auprès de la cour fédérale allemande.Celle-ci a donné raison à la cour d’appel jeudi, relevant que “des exigences techniques, des règles ou d’autres contraintes déterminent la conception” des sandales Birkenstock.”Pour la protection du droit d’auteur, il faut au contraire atteindre un niveau de création qui permette de reconnaître l’individualité”, explique la cour fédérale dans un communiqué.Or, les créations de l’entreprise basée près de Bonn (ouest) sont “purement artisanales et utilisent des élements de conception formels”.”Nous voulons faire en sorte que les copieurs ne puissent plus gagner de l’argent sur le dos de notre marque”, a réagi le porte-parole de l’entreprise Jochen Gutzy.Celui-ci rappelle que des litiges similaires sont en cours en France, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suisse, et qu’une décision de la Cour européenne de justice est aussi attendue.A la Bourse de New York, le titre Birkenstock a cloturé en baisse de 0,51% mercredi soir, à 54,69 euros. Sur un an, le cours a chuté de 3,48%.Fondé en 1774, Birkenstock est célèbre pour son modèle de sandales à lanières de cuir et semelle de liège.En 2021, la marque a été rachetée par un fonds d’investissement associé au leader mondial du luxe LVMH qui l’a introduite en Bourse en 2023.

Retraites: la Cour des comptes livre un diagnostic “préoccupant” mais sans “déficit caché”

C’est un diagnostic sur lequel doivent s’appuyer les partenaires sociaux pour leurs inédits rounds de négociations sur les retraites: la Cour des comptes brosse le tableau d’une situation financière “préoccupante”, examine plusieurs leviers et enterre l’idée d’un “déficit caché” du système.Particulièrement attendu pour faire “la vérité des chiffres” après des controverses, ce rapport commandé par Matignon a été remis en début de matinée à François Bayrou par le Premier président de la Cour, Pierre Moscovici. Avant même sa publication officielle, le chef du gouvernement a évoqué “un déficit immédiat de six milliards qui, dans les années qui viennent, si on ne fait rien, dérivera vers 30 milliards” et insisté une nouvelle fois sur “l’apport de l’Etat pour équilibrer le système”.A partir de ces conclusions, “tous ceux qui le souhaiteront (…) vont proposer leur lecture”, et un débat sans vote au Parlement n’est pas exclu, selon François Bayrou.Ce rapport donne le coup d’envoi à trois mois de difficiles négociations entre syndicats et patronat pour retoucher l’impopulaire réforme des retraites de 2023 – qui a décalé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans – “sans totem ni tabou” mais “sans dégrader” l’équilibre financier du système, selon les termes de l’exécutif.Sans surprise au vu des chiffres déjà connus, le diagnostic financier de la Cour des comptes est “préoccupant”, a résumé Pierre Moscovici.- Déficit accru après 2030 -Le déficit atteindrait 6,6 milliards d’euros en 2025, se “stabiliserait” jusqu’en 2030 environ, puis se dégraderait de manière “nette, rapide, croissante”, passant à environ 15 miliards à horizon 2035 et 30 milliards en 2045, “malgré la réforme de 2023”, retrace le rapport.La réforme de 2023 aura “un effet positif” d’environ 10 milliards à l’horizon 2030, mais de plus en plus limité ensuite. Le système par répartition (les actifs financent les pensions des retraités actuels) souffre d’un “déséquilibre croissant” dû au vieillissement de la population.Ces chiffres sont loin de ceux avancés mi-janvier par M. Bayrou, qui avait évoqué un déficit de 55 milliards d’euros à horizon 2030. Ils se rapprochent plutôt des prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR), référence en la matière.Dans son calcul, M. Bayrou n’intégrait pas aux recettes les contributions (impôts affectés, subventions) versées par l’Etat pour équilibrer le régime de la fonction publique, jugeant que l’Etat cotise à un taux trop élevé par rapport au privé. Dans son sillage, certains experts, minoritaires, ont pointé ces dernières semaines un “déficit caché”. Une thèse “dangereuse” pour les syndicats, dont plusieurs ont averti qu’ils refuseraient de négocier sur cette base. “Il n’existe aucun déficit caché”, mais seulement “deux comptabilités différentes” de la contribution de l’Etat, qui s’élevait à 45 milliards d’euros en 2023, observe Pierre Moscovici. Lequel rejette “les analyses” appelant à rapprocher les taux de cotisations des régimes du privé et du public, les deux n’étant “pas comparables”.  – “Eclairer” les négociations -“La Cour des comptes a refermé le piège que le Premier ministre avait ouvert”, a jugé le leader de la CFE-CGC François Hommeril jeudi, même si François Bayrou a jugé le rapport “en cohérence” avec ses chiffres, puisqu’il souligne “l’apport de l’Etat”.Le leader de la CFTC Cyril Chabanier a aussi salué ce rapport qui “rend la concertation jouable”.Ce rapport fournira “une base utile et indiscutable (…) dans la poursuite des négociations”, s’est réjoui Pierre Moscovici, disant attendre “de pied ferme tous ceux qui voudraient (le) contester”.Les travaux des partenaires sociaux débuteront le 27 février. Leur mission s’annonce ardue, tant les positions sont antagonistes. Pour les syndicats, la priorité est de revenir en arrière sur les 64 ans. Le patronat exclut toute augmentation de sa contribution financière, et avance des pistes irritantes pour les syndicats, comme l’instauration d’une dose de capitalisation dans le système, ou l’allongement du temps de travail. La numéro un de la CGT Sophie Binet entend ainsi “porter la voix de millions de salariés qui veulent l’abrogation de cette réforme” mais “certainement pas (…) parler de capitalisation”.Pour “éclairer” les débats, la Cour des Comptes a estimé l’effet de différents leviers. Agir sur l’âge légal de départ aurait un “effet puissant à court terme” mais moins à long terme, à l’inverse de la durée de cotisation qui aurait “un effet de moindre ampleur, mais mieux étalé dans la durée”. Des scénarii qui font l’impasse sur un retour aux 62 ans, ce qui devrait susciter des critiques.eva-arz-bat-ic-mdb/alu/pta

Les diplomates du G20 rassemblés autour de la table renversée par Trump

En terre inconnue face aux chamboulements initiés par Donald Trump, les ministres des Affaires étrangères du G20 se réunissent à partir de jeudi à Johannesburg, en l’absence ou presque des Américains qui ont décidé de ne pas y envoyer de haut représentant.Premier pays du continent à présider le G20, l’Afrique du Sud doit se passer de cet acteur majeur pour cette première répétition du sommet de novembre, organisé de façon inédite en Afrique. Le chef de la diplomatie des Etats-Unis, Marco Rubio, a refusé de se déplacer après avoir accusé d’anti-américanisme Pretoria, qui doit ouvrir cette réunion à 14h00 locales (12h00 GMT).Après la conférence de Munich marquée par la diatribe anti-européenne du vice-président américain JD Vance puis la rencontre américano-russe de Ryad pour discuter du sort de l’Ukraine en son absence, cette rencontre de deux jours à Johannesburg sera une nouvelle occasion de jauger les positions des uns et des autres face à la politique du bulldozer de l’administration Trump.Et la non participation américaine y sera “l’éléphant au milieu de la pièce”, observe auprès de l’AFP Priyal Singh, chercheur à l’Institut pour les études de sécurité à Pretoria. L’absence de Marco Rubio représente un “camouflet pour l’Afrique du Sud”, estime-t-il.Le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent n’ira pas davantage à la réunion des ministres des Finances du G20 programmée au Cap mercredi et jeudi prochain, “en raison d’obligations à Washington” a-t-il annoncé sur les réseaux sociaux.”Cela envoie un message symbolique aux Africains: les Etats-Unis ne prennent pas le continent au sérieux”, juge William Gumede, professeur de politique à l’université du Witwatersrand.A l’exception de Marco Rubio, les principaux diplomates du G20 sont attendus à Johannesburg, dont les ministres des Affaires étrangères des pays des Brics, proches de Pretoria, à commencer par le Russe Sergueï Lavrov, ainsi que ses homologues chinois et indien.Du côté de l’Europe, acculée par la nouvelle politique étrangère américaine, le Français Jean-Noël Barrot ainsi que le Britannique David Lammy seront présents.La chargée d’affaires à l’ambassade américaine de Pretoria, Dana Brown, fera office de représentante des Etats-Unis.- “Pas un boycott complet” -“C’est peut-être à un niveau moindre, mais ils (les Américains) seront représentés. Il ne s’agit pas d’un boycott complet du G20 en Afrique du Sud”, a retenu le chef de la diplomatie sud-africaine Ronald Lamola mercredi.Au milieu du tapage des négociations de Washington avec Moscou sur l’Ukraine, l’Afrique du Sud risque de peiner à faire entendre son programme autour de la croissance inclusive et de l’innovation financière destinés à permettre aux pays accablés par la dette et les conséquences du dérèglement climatique de se développer.”On s’attend à ce qu’il soit question d’un certain nombre de développements dans le monde, sur le continent africain, au Moyen-Orient, en Europe, de guerres et de certains conflits en cours”, a reconnu mercredi le négociateur sud-africain pour le G20 Xolisa Mabhongo.”Ce contexte aura un impact sur la capacité de l’Afrique du Sud à faire passer l’agenda qu’elle cherche à bâtir sur le renforcement de la solidarité entre les membres du G20″, confirme Priyal Singh.D’autant que Pretoria est occupé à limiter les dégâts de sa propre brouille avec Washington, au moment où, paradoxalement, les Etats-Unis se sont rapprochés de la position de l’Afrique du Sud, “ami cher” et “allié précieux” de Moscou, sur la question de l’Ukraine.Début février, le président américain Donald Trump a coupé toute aide financière à l’Afrique du Sud en dénonçant notamment le traitement “injuste” et discriminatoire à l’égard des Afrikaners, les descendants des colons européens, après le vote en janvier d’une loi sud-africaine sur l’expropriation de terres.L’administration Trump a aussi cité la plainte pour génocide déposée par Pretoria à l’encontre d’Israël devant la Cour internationale de justice.L’Afrique du Sud “ne se laissera pas intimider”, avait prévenu son président Cyril Ramaphosa le 6 février devant le Parlement.”La question est de voir comment l’Afrique du Sud peut retourner la situation”, analyse William Gumede, “et changer l’absence américaine en opportunité.”

Pour Airbus, une performance à faire pâlir Boeing en 2024

Malgré une année “éprouvante” marquée par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, le géant européen Airbus s’est affiché en 2024 en bien meilleure forme que son concurrent américain Boeing.  Airbus a vu son bénéfice net bondir de 12% à 4,2 milliards d’euros l’an dernier grâce à la forte demande pour les avions, une performance proche de celle, record, de 2022.”Confirmant la forte demande pour nos produits et services, nous avons respecté nos prévisions pour 2024, une année éprouvante pour Airbus”, a déclaré le PGD d’Airbus Guillaume Faury.Pour 2025, l’avionneur envisage de livrer 820 avions commerciaux contre 766 l’an dernier en partant du principe qu’il n’y aura “pas de nouvelles perturbations du commerce mondial” ni “de la chaîne d’approvisionnement”.Le chiffre d’affaire a progressé l’an dernier de 6% à 69,2 milliards d’euros. Les commandes nettes se sont élevées à 826 avions contre 2.094 en 2023, portant le carnet de commandes à 8.658 avions commerciaux fin 2024.Airbus Helicopters a enregistré 450 commandes nettes contre 393 en 2023, illustrant la forte demande pour ces appareils.Sa situation contraste avec celle de Boeing, lourdement dans le rouge en 2024 à cause de problèmes de qualité de sa production et d’une grève de plus de cinquante jours qui a paralysé deux usines cruciales.- Verre à moitié vide -L’avionneur américain a enregistré une perte nette de 11,82 milliards de dollars, sa plus importante depuis 2020, quand le groupe subissait les conséquences de deux crashes du 737 MAX ayant fait 346 morts et la chute du trafic aérien liée à la pandémie. Boeing n’a livré que 348 avions en 2024, au plus bas depuis 2021.L’an dernier, deux tiers des avions qui ont été vendus dans le monde était ceux d’Airbus alors que les deux géants se partageaient jusqu’à présent le marché à peu près à 50/50.Selon les prévisions du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger communiquées à l’AFP, sur les avions moyens courrier, Airbus aura en 2030 58% du marché contre 39% pour Boeing et 3% pour le chinois Comac si l’américain ne connaît pas de nouvelles crises. Mais les difficultés du Boeing n’ont pas que du positif pour Airbus, les deux avionneurs ayant beaucoup de fournisseurs en commun comme l’équipementier français Latecoere ou l’américain Spirit AeroSystems qui ont été fragilisés par la crise de Boeing et ont par conséquent du mal à suivre les commandes d’Airbus.Airbus a dû pallier en comblant la trésorerie de Latecoere qui fournit des fuselages et des portes d’avion et en acquérant certaines installation de Spirit AeroSystems liées à la production des sections de fuselage et des ailes.Des compagnies aériennes préfèrent attendre que Boeing revienne dans la course, les avions d’Airbus commandés maintenant ne pouvant être livrés avant les années 2030. – Incertitudes pour un avion militaire- Le secteur des satellites de télécommunication souffre toujours: Airbus a inscrit une nouvelle charge de 300 millions d’euros pour ses activités spatiales au quatrième trimestre 2024, portant à 2 milliards les provisions en deux ans. Face à une baisse de demande de satellites de télécommunication qui lestait ses performances financières, Airbus avait annoncé en octobre 2.500 suppressions d’emplois dans sa division Defense and Space, un chiffre revu à la baisse en décembre à 2.043 suppressions.Thales, l’autre poids lourd du secteur, envisage de supprimer 1.300 postes issus de sa branche spatiale.Des discussions sont en cours “pour consolider le secteur spatial européen” dans le domaine des satellites entre Airbus, Thales et l’italien Leonardo, a indiqué Guillaume Faury en précisant qu’elles n’étaient “pas contraignantes à ce stade”.L’autre bémol concerne les incertitudes qui pèsent sur le programme A400M, avion de transport militaire polyvalent.Une charge nette de 121 millions d’euros a été enregistrée en 2024, reflétant les risques dans le plan de production.”Nous devons obtenir plus de visibilité au-delà de l’horizon des trois prochaines années, a déclaré M. Faury. Faute de commandes, Airbus pourrait décider dans les mois à venir d’arrêter ce programme dès 2028, met en garde un connaisseur de secteur.”Ce serait un échec pour l’Europe de la défense et pour Airbus aussi”, souligne cet expert en espérant que le contexte du rapprochement entre Trump et Poutine puisse faire bouger les lignes.