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Wall Street termine en baisse, plombée par l’inflation américaine

La Bourse de New York a terminé globalement dans le rouge mercredi, à l’exception de l’indice Nasdaq qui est resté stable, la place américaine ayant été minée par une inflation américaine plus élevée qu’anticipé.Le Dow Jones a lâché 0,50% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,27%. Seul l’indice Nasdaq, à coloration technologique, a clôturé proche de l’équilibre (+0,03%).La publication de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis en début de journée “a été une surprise négative puisqu’il a dépassé toutes les estimations”, souligne auprès de l’AFP Angelo Kourkafas, d’Edward Jones.De janvier 2024 à janvier 2025, les prix à la consommation ont augmenté de 3% (après 2,9% en rythme annuel en décembre), l’inflation s’accélérant pour le quatrième mois de suite, selon le département du Travail.Les analystes s’attendaient à un ralentissement de l’indice CPI à +2,8% sur un an en janvier, selon le consensus compilé par MarketWatch.Ils misaient aussi sur un ralentissement de l’inflation dite sous-jacente, hors prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, mais celle-ci a aussi progressé, s’élevant à +3,3% sur un an. “Le message est clair: les prix continuent d’augmenter (et) il n’y a aucune raison pour que la Réserve fédérale américaine (Fed) soit pressée de réduire ses taux”, selon Angelo Kourkafas.Le rôle de l’institution monétaire est de fixer les taux directeurs à un niveau qui permette de juguler l’inflation, tout en assurant le plein emploi.Or les prix de janvier sont de nature à la conforter dans l’idée qu’elle ne devrait pas réduire rapidement ses principaux taux directeurs, en l’absence de signes de faiblesse du marché du travail et d’essoufflement de la consommation aux États-Unis.Les marchés financiers estiment désormais peu probable qu’une baisse intervienne avant la fin de l’été, au plus tôt, selon l’outil de veille du groupe CME, FedWatch.Donald Trump, qui a mis la reconquête du pouvoir d’achat au coeur de sa campagne, a cependant jugé mercredi que les taux d’intérêt devaient baisser afin de compenser l’inflation potentiellement induite par la hausse des droits de douane qu’il veut imposer sur les produits importés aux États-Unis.Dans ce contexte, le rendement des emprunts d’Etat américains se tendait franchement: vers 21H40 GMT, le 10 ans américain s’établissait à 4,62%, contre 4,54 la veille en clôture. Le rendement à deux ans passait lui de 4,28% à 4,35%.La séance a aussi été animée par les récents développements autour de la guerre en Ukraine.Donald Trump et Vladimir Poutine ont convenu mercredi de lancer des négociations “immédiates” pour mettre fin au conflit en Ukraine, lors d’un spectaculaire échange qui rebat les cartes après trois années de guerre.”C’est un catalyseur positif” pour le marché car si la paix en Ukraine “n’aurait pas d’impact notable sur l’économie américaine”, cela “réduirait en partie l’incertitude ambiante”, juge Angelo Kourkafas. De plus, le retour du pétrole et du gaz russes sur le marché “peut aider à contenir l’inflation aux Etats-Unis” car une offre plus abondante provoque une baisse des prix, selon l’analyste.Ailleurs à la cote, le réseau de pharmacies CVS Health s’est envolé de 14,95% après avoir annoncé un chiffre d’affaires et un bénéfice au quatrième trimestre supérieurs aux attentes.Le groupe américain de pétrole et de gaz Chevron a lâché 1,61% après avoir partagé son intention de réduire de 15% à 20% ses effectifs d’ici fin 2026, dans le cadre d’un plan de réduction des coûts de deux à trois milliards de dollars annoncé en 2024.Malgré des résultats supérieurs aux attentes, le laboratoire Biogen a perdu 4,28% à cause de prévisions pour l’année en cours en deçà des estimations des analystes.La compagnie aérienne américaine à bas coût Spirit Airlines, qui a déposé le bilan en novembre, a dégringolé de plus de 20% après avoir refusé une nouvelle offre de fusion proposée par sa concurrente Frontier Airlines.

Centrale thermique de Saint-Avold: une loi pour assurer la conversion du site

“Une étape importante” : une proposition de loi visant à convertir au gaz naturel et au biogaz la centrale à charbon Emile-Huchet de Saint-Avold (Moselle) a été mise mercredi sur les rails, une lueur d’espoir pour ses salariés jusqu’alors très inquiets pour l’avenir du site.La centrale lorraine est “l’une des deux dernières centrales à charbon” de France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique), “qui devaient fermer en France d’ici à fin 2027 et le président (de la République Emmanuel Macron) avait pris l’engagement de la transformer fin 2023 en centrale à biomasse”, a rappelé lors d’une intervention au Sénat le ministre de l’Economie et des Finances Eric Lombard, interrogé sur le sujet par la sénatrice LR de Moselle Catherine Belrhiti.”L’engagement pris par le président (…) sera tenu parce que d’autres évolutions ont été prévues de façon à ce qu’on puisse recourir au gaz naturel ou au biogaz”, a ajouté le ministre, en rappelant toutefois que “les textes ne permettent pas d’opérer cette transformation à droit constant” et qu'”un amendement qui a été proposé dans le cadre du projet de loi de finances a été rejeté”.”Malgré cela, une proposition (de loi) transpartisane (…) est portée par cette assemblée et (…) je peux vous assurer que (…) nous trouverons un moment pour (qu’elle) puisse être débattue et adoptée” afin “que vive cette belle centrale de Saint-Avold”, a déclaré M. Lombard.- “Ingrédients réunis” -Le texte sera examiné le 25 mars, selon l’ordre du jour communiqué mercredi par le Sénat.”Nous avions besoin d’un texte législatif pour la conversion de cette centrale à charbon”, a-t-on indiqué du côté de Bercy, soulignant que “tous les ingrédients étaient réunis pour une (proposition de loi) transpartisane”.Dans un communiqué, GazelEnergie, propriétaire du site, voit dans ce texte “une étape importante dans le projet de reconversion industrielle postcharbon” du site.”Coordonnée par l’ensemble des sénateurs de Moselle, avec le soutien de l’ensemble des élus locaux mosellans, cette initiative parlementaire transpartisane va permettre de poser les bases législatives permettant à la centrale (…) de poursuivre son activité et d’assurer la sécurisation de l’approvisionnement en électricité de la région Grand-Est tout en réduisant très significativement son empreinte carbone”, se félicite GazelEnergie.La conversion, qui représente un investissement “de plusieurs dizaines de millions d’euros de la part” de l’énergéticien, “permettra de maintenir les emplois sur le site de la centrale”, ajoute l’entreprise.Emile-Huchet emploie 150 personnes, pour 500 emplois directs et indirects, selon la CFDT.Grosse émettrice de CO2, elle devait déjà fermer ses portes en mars 2022, mais entre guerre en Ukraine et déboires du parc nucléaire, elle a repris du service et assure un rôle de sécurisation de l’approvisionnement en hiver.En septembre 2023, Emmanuel Macron avait annoncé sa conversion ainsi que celle de Cordemais d’ici 2027 vers une énergie plus verte. Mais des discussions enlisées et les changements de gouvernement successifs avaient semble-t-il relégué l’avenir des centrales au second plan.Député LFI de Loire-Atlantique, Matthias Tavel a de son côté interpellé M. Lombard sur X quant à l’avenir du site proche de Nantes : “votre engagement vaut-il aussi pour la centrale EDF (détenu à 100% par l’Etat) de Cordemais dont la fermeture a été annoncée?”- “Considération” -L’annonce de M. Lombard a été accueillie avec soulagement en Moselle, où l’inquiétude montait chez les salariés de la centrale, dont les contrats de travail prenaient fin en avril.”GazelEnergie a accepté de prolonger les contrats de travail des salariés jusqu’au 31 août 2025, le temps que cette avancée puisse se traduire concrètement”, a précisé l’entreprise dans son communiqué.”Enfin un petit de peu de considération pour les salariés”, a réagi auprès de l’AFP Thomas About, délégué CFDT, syndicat majoritaire chez GazelEnergie, en réaction aux propos de M. Lombard.”On ne crie pas victoire” pour autant, a-t-il tempéré, invitant le ministre “à continuer dans cette voie et à nous rendre visite sur le site”.”Cette annonce est une bonne nouvelle pour sauver des centaines d’emplois en Moselle-Est, pour assurer notre souveraineté énergétique et pour décarboner notre production électrique en passant du charbon au gaz”, s’est réjoui de son côté sur X Alexandre Loubet, député Rassemblement National (RN) de Moselle et vice-président du parti.

Un “coup de poignard dans le dos”: l’industrie canadienne de l’acier dans la tourmente

Quand Shale Tobe a appris que le président américain Donald Trump prévoyait d’imposer des droits de douane massifs sur l’acier canadien, un produit qui fait vivre sa famille depuis des décennies, il était “en train de dépenser de l’argent aux États-Unis” en vacances à New York.”Je vais y réfléchir à deux fois” à l’avenir, confie à l’AFP le propriétaire de North York Iron. Cette entreprise de distribution d’acier à Toronto a été créée par son grand-oncle, il y a plus de 60 ans, et a des liens étroits avec les Etats-Unis. “Ils sont comme des frères pour nous”, dit-il. “Depuis des décennies, les choses se passent sans problème, dans les deux sens, de part et d’autre de la frontière… J’ai l’impression qu’on nous poignarde un peu dans le dos”, lâche l’homme de 61 ans.Les annonces du président américain n’ont cessé de varier ces dernières semaines, suscitant colère et incertitude au Canada.Des droits de douane de 25% devaient être imposés le 4 février sur tous les produits canadiens avant que Donald Trump ne fasse volte-face en accordant un sursis de 30 jours au Canada.Mais quelques jours plus tard, il a annoncé des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance de tous les pays.Si ces taxes entrent en vigueur comme prévu le 12 mars, elles frapperont le Canada plus durement que les autres pays, estime Fraser Johnson, spécialistes des chaînes d’approvisionnement à la Western University’s Ivey Business School.”Cela va tout perturber”, souligne-t-il auprès de l’AFP, expliquant que 90% des exportations canadiennes d’acier et d’aluminium partent aux Etats-Unis. Mais les clients américains seront également touchés de manière rapide et durable, dit-il.”Le préjudice se fera sentir presque immédiatement parce que les Etats-Unis n’ont pas la capacité nationale de répondre à l’ensemble de leurs besoins”, ajoute-t-il, expliquant qu’il faudrait des “décennies” aux fournisseurs américains pour s’adapter.- En attente d’une “décision finale” -Les droits de douane sur l’acier et l’aluminium sont “totalement injustifiés”, a réagi mardi le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a promis une réponse “ferme et claire” de son pays.Mais le Canada “ne fera rien avant que les Américains ne prennent leur décision finale”, et “nous avons un certain nombre de semaines pour travailler ensemble”, a expliqué mercredi le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, lors d’une visite à Washington. Pour Fraser Johnson, le contexte troublé et changeant doit inciter les entreprises canadiennes à se diversifier et aussi vendre davantage au Canada même.Toutefois, pour les produits à base de métaux lourds, sortir de la dépendance vis-à-vis des Etats-Unis et s’orienter vers d’autres marchés est “facile à dire d’un point de vue théorique, mais difficile à mettre en Å“uvre”, estime-t-il.- “Dégoûté” -Pour Shale Tobe, il est trop tôt pour évaluer l’impact éventuel d’une guerre commerciale sur son entreprise, qu’il s’agisse des conséquences des droits de douane sur les exportations canadiennes vers les Etats-Unis ou des possibles taxes qui seraient infligées en représailles par Ottawa sur les importations américaines au Canada.L’un de ses produits les plus populaires est une poutre d’acier largement utilisée dans la construction de maisons, qu’il achète à un fournisseur de l’Etat de Géorgie, dans le sud des Etats-Unis.Ces poutres ne sont pas disponibles au Canada donc il s’attend à ce que ce produit ne fasse pas partie des mesures de représailles que prépare Ottawa.Mais au-delà de ses craintes pour l’entreprise familiale, les menaces de Donald Trump d’annexer le Canada l’ont affecté.”J’ai été dégoûté d’entendre ça”, dit-il. “Nous devons combattre le feu par le feu… Nous devons sortir de notre dépendance à l’égard des États-Unis”.

Automates, simplicité: une nouvelle usine pour Le Slip français qui veut se relancer

Cliquetis des machines à coudre, piles de tissus bleu, blanc ou rouge, automates… Avec cette nouvelle usine à Aubervilliers, la marque Le Slip français tente de se relever et poursuit sa croisade pour le “made in France”.Dans un espace de 500 m2 sans fenêtre et aux murs blancs immaculés, quarante couturiers, coupeurs, repasseurs, finisseurs répètent des gestes précis pour sortir jusqu’à 16.000 pièces par semaine.Active depuis fin 2023, cette usine baptisée “Bonne Nouvelle” a généré un million d’euros de chiffre d’affaires en 2024 en travaillant avec plusieurs clients dont la marque de sous-vêtements masculins, son principal client.Avec cette usine, “on a aujourd’hui le meilleur prix de revient pour un sous-vêtement fabriqué en France”, s’est félicité mercredi lors de l’inauguration le président du Slip français Guillaume Gibault, qui veut prouver que “le +made in France+ ne coûte pas plus cher”. – Automates chinois -Le secret de cette productivité se trouve dans un coin de la pièce: une machine automatique, sorte de petite tour haute d’un mètre cinquante environ, déroule et tranche net un grand rouleau de bande élastique tricolore — la ceinture du caleçon —, épargnant aux employés de mesurer et découper pièce par pièce. Juste à côté, une travailleuse positionne cette ceinture sur un second automate, gros comme trois ou quatre machines à coudre et programmé en chinois, qui fixe ensuite seul l’élastique au reste de la pièce de tissus, pour former le sous-vêtement. A la main, c’est l’étape la plus compliquée dans la fabrication d’une telle pièce.Avec cette machine, “on gagne trente secondes”, explique Léa Marie, la directrice générale du Slip français, “et trente secondes, c’est 30 centimes”. Plus loin, un troisième automate fait l’ourlet d’un tee-shirt en douze secondes, “trois fois plus vite que la normale”, présente Bruno Haddad, le patron du petit site industriel. C’est cela qui permet au site d’Aubervilliers d’être compétitif face à d’autres pays européens où l’industrie textile est plus développée et les salaires plus bas. “J’ai eu l’occasion dans ma carrière de visiter énormément d’usines au Portugal, et ils n’ont pas encore les automates que nous avons ici. Bangladesh, Chine et Turquie sont équipés de cette façon-là. On est allé cherché les machines et le savoir-faire là-bas”, poursuit le dirigeant qui travaillait auparavant pour des grands groupes de “fast-fashion” dans des usines magrébines notamment.Avec la directrice générale et le président du Slip français, M. Haddad fait partie des cinq associés à l’origine de l’usine “Bonne Nouvelle”. Le Slip français est également actionnaire à hauteur de 10% de l’usine, dans laquelle sont fabriqués 30 à 40% des produits de la marque.- “Pas tirés d’affaire” -Bleu marine, rouge, blanc et un peu de noir… Dans l’usine, montre Guillaume Gibault, on produit “le même produit en grand volume pour gagner du temps” et de l’argent. Après 2022 et 2023 “au bord du gouffre”, la marque qui existe depuis 14 ans a généré 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024: “ça va mieux, mais on n’est pas tiré d’affaire”, confie-t-il. La marque réduit le nombre des références, ferme des boutiques (il en reste cinq), et se replie sur la vente en ligne et la grande distribution. “Dans la grande distribution, c’est 30 euros les trois”, pose M. Gibault qui, avec ses baisses de coûts de production, peut proposer ses produits pour “29 euros les deux”.”L’enjeu c’est d’aller chercher ces 30% de compétitivité qui nous manquent par encore un ou deux automates, par encore plus de volume, par encore plus d’organisation (…) pour arriver à notre mission d’entreprise: réinventer avec panache l’industrie textile française”, projette-t-il en supervisant ses machines. Un discours qu’a partagé Bruno Le Maire, présent en tant qu'”ami” à l’inauguration de l’usine mercredi.L’ancien ministre de l’Économie a qualifié la désindustrialisation de “faute politique, économique et morale commise par les générations précédentes” et la réindustrialisation de “sport de combat”, tout en précisant lui-même porter un “élégant et séduisant” Slip français. 

Le Congrès américain parle fraude à l’argent public, Musk poursuit son offensive

La sous-commission parlementaire DOGE, mise en place au Congrès américain comme complément à l’initiative du même nom d’Elon Musk, a tenu mercredi sa première audition publique visant à “débusquer” la fraude aux fonds fédéraux, dans la droite ligne de l’offensive en cours du multimilliardaire.”Cette commission se focalisera sur la façon d’apporter une transparence totale sur le gaspillage, la fraude et les abus au sein de l’Etat fédéral”, a lancé l’élue trumpiste Marjorie Taylor Greene, présidente de cette sous-commission, dénonçant la dette “ahurissante” des Etats-Unis.Le panel d’élus a écouté notamment le témoignage de Stewart Whitson, responsable au sein du cercle de réflexion conservateur FGA.Cet ancien agent du FBI a exhorté la “commission à l’efficacité gouvernementale” (DOGE) d’Elon Musk, ainsi que la sous-commission parlementaire, à “cibler” désormais Medicaid, le programme fédéral d’assurance santé pour les Américains les plus démunis.”Alors qu’il avait initialement pour objectif d’être un programme pour les véritables nécessiteux, Medicaid a gonflé jusqu’à devenir un programme d’aide sociale massif pour des millions d’adultes en pleine capacité appâtés dans le piège de la dépendance à l’Etat”, a-t-il accusé.Il a également défendu les efforts d’Elon Musk, qui depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, s’est attaché à démanteler plusieurs agences gouvernementales, les accusant de fraude et de gestion dispendieuse.”Plutôt que d’applaudir le travail de DOGE, la gauche a lancé une campagne coordonnée pour tenter de diaboliser M. Musk”, a accusé Stewart Whitson.- “Réseaux de fraudes” -L’homme le plus riche du monde s’est notamment attaqué à l’Agence américaine pour le développement international (USAID), appelant -comme le président Donald Trump- à sa suppression.Elon Musk a encore dénoncé mercredi sur son réseau social X l’existence, selon lui, de “réseaux de fraudes aux prestations fédérales qui arnaquent le contribuable américain pour envoyer cet argent à l’étranger”.Si certains démocrates étaient initialement ouverts à l’idée d’identifier les gaspillages budgétaires, ils dénoncent aujourd’hui la brutalité d’Elon Musk et les conséquences désastreuses aux Etats-Unis et à travers le monde du démantèlement forcé d’agences comme USAID.”Nous savons qu’il mène un coup de force avec la bénédiction et les encouragements de Donald Trump”, a déclaré l’élu démocrate Robert Garcia lors de l’audition de la sous-commission, accusant le patron de SpaceX et de Tesla de “conflits d’intérêt” à hauteur de plusieurs milliards de dollars.L’opposition s’insurge contre le fait qu’Elon Musk avance sans mandat électoral, sans portefeuille gouvernemental et qu’il ne semble rendre des comptes qu’au président, alors que le Congrès dispose constitutionnellement des pouvoirs budgétaires.La contestation des décisions de Donald Trump et d’Elon Musk s’est jusqu’ici jouée principalement devant les tribunaux, qui ont déjà suspendu plusieurs décrets ou actes.Un tribunal fédéral de Boston a ainsi maintenu mardi la suspension d’une mesure de l’administration Trump visant à geler le déboursement de nombreuses aides fédérales.La Maison Blanche a accusé mercredi ces juges bloquant des décisions de l’exécutif de faire preuve d'”abus de pouvoir” et de “contrecarrer la volonté du peuple”.”Nous nous conformerons à la loi dans les tribunaux”, a assuré la porte-parole, avant d’affirmer que la Maison Blanche continuerait “de poursuivre chaque recours légal pour annuler au bout du compte ces injonctions extrémistes”.Donald Trump avait déjà dénoncé la veille des “juges très politisés”.

Frais de port sur les livres: Amazon remporte une manche

Le géant du commerce en ligne Amazon, qui conteste l’obligation légale d’expédier ses livres avec des frais de port, a remporté une manche mercredi devant le Médiateur du livre, autorité indépendante qui a validé certains de ses arguments.Ce conciliateur, qui donne un premier avis sur les litiges relatifs à la loi sur le prix unique du livre, a estimé que Amazon pouvait livrer gratuitement “sous de strictes conditions”.Le différend oppose Amazon France d’un côté et une alliance de commerces qui vendent des livres de l’autre côté: libraires, enseignes culturelles et maisons de la presse.Depuis octobre 2023, toutes les expéditions de livres neufs à un particulier en France, jusqu’à 35 euros, s’accompagnent obligatoirement de frais de port de 3 euros minimum.Le but est d’inciter les Français à acheter leurs livres dans des commerces physiques, où le même prix est affiché partout, au détriment de vendeurs en ligne, principalement Amazon dont la librairie fut historiquement le premier marché.Depuis novembre 2024, Amazon a mis en place une parade. Il applique la gratuité si la commande est retirée dans l’enceinte de supermarchés ou hypermarchés qui vendent des livres, soit à l’accueil, soit dans un casier Amazon.”C’est un contournement de la législation”, a estimé la ministre de la Culture, Rachida Dati.Saisi par le ministère, le Médiateur du livre, Jean-Philippe Mochon, a rendu un avis plus nuancé.La livraison gratuite “semble pouvoir être conforme à la loi pour autant que l’acte de retrait est véritablement effectué auprès d’un commerce (caisses, accueil client) qui vend effectivement des livres”, écrit-il.Le Médiateur du livre, en revanche, rejette les “retraits gratuits en casiers automatiques, que la loi ne semble pas autoriser”.Cet avis ne met pas nécessairement fin au litige, les parties concernées ayant la possibilité de saisir la justice pour trancher.

L’inflation a rebondi aux Etats-Unis avant même l’entrée en vigueur des droits de douane

Symbolisée par l’envolée du prix des Å“ufs, l’inflation s’est amplifiée en janvier aux États-Unis, avant même que les barrières douanières du président Donald Trump ne soient mises en place.De janvier 2024 à janvier 2025, les prix à la consommation ont augmenté de 3% (après 2,9% en rythme annuel en décembre), l’inflation s’accélérant pour le quatrième mois de suite, selon l’indice CPI publié par le département du Travail.Les analystes s’attendaient à un ralentissement de cet indice à +2,8% sur un an en janvier, selon le consensus compilé par MarketWatch.Ils misaient aussi sur un ralentissement de l’inflation dite sous-jacente, hors prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, mais celle-ci a aussi progressé, s’élevant à +3,3% sur un an. Après avoir mis la reconquête du pouvoir d’achat au cÅ“ur de sa campagne, le président Trump, investi depuis le 20 janvier, a immédiatement mis ce regain d’inflation sur le dos de son prédécesseur Joe Biden.”L’inflation de Biden est en hausse !” a publié le chef de l’État sur son réseau social Truth Social.Peu avant, également sur Truth Social, il avait une nouvelle fois jugé que les taux d’intérêt devaient baisser, plaçant la banque centrale américaine (Fed) dans une position délicate.Le rôle de la Fed est justement de fixer les taux directeurs à un niveau qui permette de juguler l’inflation, tout en assurant le plein emploi.Or les prix de janvier sont de nature à la conforter dans l’idée qu’elle ne devrait pas réduire rapidement ses principaux taux directeurs, en l’absence de signes de faiblesse du marché du travail et d’essoufflement de la consommation aux États-Unis.- Pas “confortable” -Mercredi, lors de son audition semestrielle devant la Chambre des représentants, le président de la Fed, Jerome Powell, a répété qu’il ne voyait “pas d’urgence” à abaisser les taux directeurs dans la mesure où la plupart des indicateurs étaient au vert, hormis l’inflation, encore “quelque peu élevée”.”Les déclarations de responsables élus ne font pas partie des choses qui influencent vos actions?” l’a interrogé le parlementaire démocrate Brad Sherman.”C’est exact”, a répondu M. Powell, qui avait indiqué un peu plus tôt qu’il ne démissionnerait pas si le président Trump le lui demandait. “Chaque gouvernement espère voir les taux d’intérêt baisser car c’est généralement un stimuli pour la croissance”, a souligné auprès de l’AFP Gregory Daco, chef économiste d’EY.”Le paradoxe, a-t-il ajouté, c’est que les politiques promues par la nouvelle administration tendent à être inflationnistes, et donc favorisent le maintien des taux d’intérêt à un niveau élevé” pour éviter la surchauffe, “ce qui va exactement à l’encontre de sa volonté de voir les taux baisser”.M. Trump, qui ne cesse de dire qu’il ouvre un “nouvel âge d’or” pour le pays, estime que ses engagements (droits de douane relevés, baisses d’impôts, expulsion massive de sans-papiers, dérégulation) ne se traduiront qu’à la marge par des hausses de prix, compensées par de la croissance en plus. Début février, il a annoncé, puis suspendu pour un mois, 25% de droits de douane sur les produits mexicains et canadiens, ainsi que 10% de droits de douane, en plus de ceux déjà existants, sur les produits chinois, qui ont eux été maintenus.Lundi, il a annoncé 25% de droits de douane sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux États-Unis, à compter du 12 mars.Par effet cumulatif, l’acier et l’aluminium produits par le Canada et le Mexique risquent d’être taxés à 50% (25% + 25%), a précisé la Maison-Blanche à l’AFP mercredi.”On se demande si l’indice d’inflation de janvier tempérera la volonté du gouvernement Trump de mettre en place ses droits de douane rapidement”, a relevé Ryan Sweet, économiste d’Oxford Economics dans une note, n estimant qu’une pression supplémentaire sur les prix ne lui rendrait pas service sur le plan politique.Les prix ayant le plus augmenté récemment sont ceux des assurances automobiles, des véhicules d’occasion, des loisirs, des soins médicaux, des billets d’avion ou encore des frais de communication. Les consommateurs ne peuvent pas manquer non plus les pénuries d’Å“ufs dans les rayons et la flambée des étiquettes: à cause de la grippe aviaire, l’indice du prix des Å“ufs a bondi en janvier de 13,8% sur un mois et de 53% sur un an.

La menace climatique pèse sur le chocolat, alertent des chercheurs

Le changement climatique a régulièrement poussé l’an dernier le thermomètre au-delà d’un seuil critique dans la ceinture cacaoyère de l’Afrique de l’Ouest, affectant les récoltes d’une région qui fournit le monde en chocolat, souligne un rapport publié mercredi.En 2024, la température a dépassé 32°C pendant plus de six semaines dans 71% des exploitations étudiées, du fait du réchauffement mondial généré par les humains, soulignent les chercheurs du centre de recherche indépendant Climate Central.Au-delà de cette température optimale de pousse du cacaoyer, la chaleur perturbe la photosynthèse et accroît le stress hydrique des plants, fanant les fleurs et produisant des cabosses plus petites qui se décomposent.Les températures supérieures à 32°C “sont de plus en plus courantes” dans cette région qui représente 70% de la production mondiale de cacao, en particulier pendant la principale saison de culture (octobre à mars), observent les chercheurs.Le dérèglement climatique entraîne aussi des précipitations inhabituelles et une recrudescence de ravageurs, le tout minant la production et conduisant à une hausse inédite des prix, soulignent-ils.La tendance est particulièrement marquée en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux premiers pays producteurs, relève le rapport, basé sur dix ans de données de 44 zones situées dans quatre pays et sur des modélisations.Sans le réchauffement lié aux gaz à effets de serre émis par les humains, il y aurait eu deux fois moins de journées extrêmes pour le cacaoyer en Côte d’Ivoire par exemple, relève-t-il.La Côte d’Ivoire a aussi reçu 40% de pluie en plus par rapport à la normale en juillet 2024, inondant les champs alors que la fève doit à ce stade sécher. A l’inverse, “très peu voire aucune pluie n’est tombée en décembre” alors qu’elle est nécessaire en début de culture.Dans un rapport publié séparément mercredi, l’ONG britannique Christian Aid s’alarme de la vulnérabilité croissante des producteurs de cacao sous l’effet du changement climatique.”Le cacao est un moyen de subsistance vital pour nombre de personnes parmi les plus pauvres au monde, et le changement climatique d’origine humaine est une menace sévère”, souligne Osai Ojigho, directeur de campagne de l’ONG.Les mauvaises récoltes ont contribué à faire spectaculairement grimper les prix depuis fin 2023 sur les marchés de Londres et New York.Les cours du cacao ont atteint un sommet à plus de 12.500 dollars la tonne le 18 décembre à New York et, à l’approche de la Saint-Valentin, s’échangeaient encore à plus de 10.000 dollars. Avant qu’ils ne commencent à grimper en 2023, ils étaient restés aux alentours de 2.000-3.000 dollars pendant plus de dix ans.

La Bourse de Paris résiste à l’inflation américaine

La Bourse de Paris a terminé en hausse mardi, résistant à une inflation américaine en janvier ressortie plus forte qu’attendue grâce à une bonne dynamique boursière en Europe.Le CAC 40 a pris 0,17% à 8.042,19 points, en hausse de 13,29 points. Mardi, il avait terminé en petite hausse de 0,28% à 8.028,90 points.La très attendue publication de l’inflation de janvier aux États-Unis a suscité la surprise sur les marchés.L’indicateur a accéléré pour le quatrième mois d’affilée, à 3% sur un an, selon des données officielles publiées mercredi, alors que les analystes s’attendaient à un ralentissement à 2,8%.Ces derniers attendaient aussi un ralentissement de l’inflation dite sous-jacente, hors prix de l’alimentation et de l’énergie. Mais celle-ci a aussi progressé, s’élevant à +3,3% sur un an.Un tel niveau d’inflation est de nature à conforter la Réserve fédérale américaine (Fed) dans l’idée qu’elle ne devrait pas se presser de diminuer ses taux, actuellement situés entre 4,25% et 4,50%, – une mauvaise nouvelle pour les marchés -, surtout en l’absence de signes de faiblesse du marché du travail et d’essoufflement de la consommation.La majorité des investisseurs tablent désormais sur une baisse des taux de la Fed qui n’arrivera pas avant décembre, alors qu’ils l’escomptaient en septembre précédemment, selon un sondage de la plateforme financière Bloomberg.En Europe, les marchés ne se sont toutefois pas laissés impressionnés.Ces derniers “comprennent bien que la problématique de l’inflation est uniquement américaine, et non plus européenne”, selon Florian Ielpo.D’autant que les places du Vieux continent bénéficient toujours d’une bonne dynamique qui règne depuis le début de l’année. Le CAC 40 a gagné depuis le 1er janvier 8,96%.Résultat: les actions européennes, peu chères, attirent depuis début 2025 les investisseurs en quête de bonnes affaires.Par ailleurs, la BCE poursuit de son côté politique de baisse des taux d’intérêt, ce qui donne un coup de pouce aux marchés boursiers européens, par rapport à la pause de la Fed anticipée aux États-Unis.Kering salué Le groupe de luxe Kering (Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta…) a gagné 7,01% à 264,75 euros, au lendemain de ses résultats annuels, dans lesquels il a fait état d’un bénéfice net en chute de 62% en 2024, quelques jours après le départ du styliste Sabato de Sarno, un énième changement pour redresser sa marque phare Gucci, à la peine depuis plusieurs années.Au quatrième trimestre 2024, le chiffre d’affaires s’est replié de 12% à 4,39 milliards d’euros dépassant toutefois les attentes des analystes. 

Derrière les crédits plastique, l’incinération des déchets

Deux fois par jour, les sirènes de la cimenterie Chip Mong Insee au Cambodge retentissent, signe que des explosifs vont arracher à la montagne le calcaire destiné aux fours de l’usine qui carbure aux déchets plastiques.Il faut visiter le village de nuit pour voir s’échapper la fumée blanche des cheminées. Mais de jour, les habitants peuvent observer la poussière recouvrir les alentours. Ils accusent l’usine des maladies respiratoires apparues depuis qu’elle tourne à plein régime.Perdue dans le sud du Cambodge, dans le village de Touk Meas, cette cimenterie est un maillon discret mais typique d’un nouveau secteur très prisé des grandes entreprises: les crédits plastique.En voici le fonctionnement: une entreprise, qui vend des produits de grande consommation emballés dans du plastique, paie un intermédiaire pour la collecte et la gestion de déchets plastiques, dans une démarche présentée comme responsable. Un crédit acheté signifie généralement une tonne de déchets plastiques collectés.Idéalement, ceux-ci sont ensuite recyclés. En réalité, la plupart sont tout simplement brûlés comme combustible, sans grande précaution pour la santé des habitants, comme dans la cimenterie Chip Mong Insee. Une enquête de l’AFP et du site SourceMaterial (une organisation à but non lucratif qui regroupe des reporters spécialisés dans les investigations sur le changement climatique, la corruption et la démocratie) montre que le système des crédits plastique, promu pour réduire la pollution et doper le recyclage, repose largement sur une industrie plus polluante que l’aviation: les cimenteries où finissent incinérées des quantités industrielles de déchets liés à ces crédits.”Les habitants paient le coût et les entreprises récoltent les bénéfices”, estime Miriam Rotkin-Ellman, experte technique pour l’organisation Environmental Justice Health Alliance for Chemical Policy Reform (EJHA). “Le divorce est total entre ceux qui subissent et ceux qui profitent.”Une demi-douzaine d’habitants interrogés par l’AFP à Touk Meas en janvier décrivent les mêmes symptômes depuis l’entrée en service de la cimenterie en 2018.”On tousse souvent”, confie Pheara, qui ne souhaite pas révéler son nom comme la plupart des personnes interrogées localement. “Avant, quand on tombait malade, peu de médicaments suffisaient. Maintenant pour se soigner, il faut en prendre à plusieurs reprises et consulter différents médecins.” La cimenterie a certes apporté des emplois aux villageois mais elle a détérioré leurs conditions de vie. “Je ne veux plus vivre ici, il y a tellement de poussière”, poursuit Pheara. “Mais qui achètera ma maison ?”- “Solution paresseuse” -Personne ne conteste l’énormité du problème : au moins 22 millions de tonnes de plastique se sont déversées dans l’environnement en 2019 selon l’OCDE. Et les quantités augmentent.Ce problème se concentre dans les pays pauvres comme le Cambodge, où le ramassage et le tri des déchets sont insuffisants ou inexistants. Les rues cambodgiennes, les champs, les cours d’eau vomissent de plastique.Ce sont ces déchets que les inventeurs des crédits plastique ciblent.Ils proposent aux multinationales de produits de grande consommation, comme Colgate-Palmolive, PepsiCo ou Mondelez, de leur vendre des crédits équivalant à un certain nombre de tonnes de déchets traités. Les groupes pourront dire qu’ils ont compensé leur empreinte plastique.Mais le secteur, concentré en Asie, en Amérique latine et en Afrique, n’est encadré par aucune norme universelle. Les projets sont certifiés par des auditeurs privés sans contrôle des autorités.L’engouement est cependant réel : le marché pourrait atteindre 4,2 milliards de dollars en 2050, selon BloombergNEF.C’est “une solution très, très paresseuse”, juge Piotr Barczak du réseau ACEN (African Circula Economy Network). “Elle permet aux entreprises productrices de plastique de perpétuer leur modèle économique.”Les vendeurs de crédits plastique admettent que rien, dans ce système, n’oblige les entreprises à réduire leur recours au plastique. Mais ils notent que la démarche leur coûte de 140 à 670 dollars par tonne, ce qui pourrait les motiver financièrement à consommer moins de plastique.”A partir d’un certain niveau, il y aura une incitation économique à agir davantage”, veut croire Sebastian DiGrande, directeur général du registre de crédits plastique PCX Markets.- “Personne ne contrôle” -Pour faire du ciment, la technique traditionnelle consiste à cuire du calcaire à plus de 1.000°C, une température généralement atteinte en brûlant du charbon. Dans la cimenterie cambodgienne, le charbon est en partie remplacé par du plastique, dont les cendres sont ensuite utilisées dans la composition du ciment.Selon une analyse des données de quatre grandes places de marché de crédit par l’AFP et SourceMaterial, un quart seulement des crédits vendus concernent des projets qui recyclent les déchets. Pour plus des deux tiers des crédits, le plastique finit incinéré.Les promoteurs se défendent en rappelant que tous les plastiques ne sont pas recyclables, des déchets pouvant être trop contaminés ou mélangés.Contrairement aux pays riches, les contrôles sont très limités dans les pays en développement, explique Jorge Emmanuel, spécialiste de l’environnement et de la santé à l’université Silliman aux Philippines.”Il y a souvent des lois, mais elles peuvent être totalement ignorées, faute de contrôles”, dit-il. “Personne ne contrôle les rejets.”Les très hautes températures des cimenteries sont censées empêcher le rejet de polluants organiques persistants comme les dioxines cancérigènes ou les “polluants éternels” (PFAS).Mais à l’allumage des fours ou durant le refroidissement, ou bien quand des combustibles différents sont ajoutés, des dioxines peuvent être produites et s’échapper, selon Jorge Emmanuel.”Dès qu’on introduit des déchets (…) on apporte de nouveaux cocktails de contaminants”, explique Lee Bell du réseau d’ONG International Pollutants Elimination Network. Et les filtres des cimenteries ne sont pas conçus pour les piéger.Près de la cimenterie, le petit café de Kongthy, 56 ans, est régulièrement envahi par une odeur de plastique brûlé. Elle-même ne boit plus l’eau de pluie, montrant la poussière omniprésente. “On n’ose pas la collecter. On boit de l’eau en bouteille.”Même lorsqu’elles fonctionnent uniquement au charbon, les cimenteries créent des risques sanitaires, rappelle l’Agence américaine de protection de l’environnement. Notamment des cancers, des problèmes cardiovasculaires et pulmonaires, et des risques pour les foetus, énumère Miriam Rotkin-Ellman.- Mieux que rien? -A Touk Meas, les ouvriers de la cimenterie disent être rassurés par une visite médicale annuelle et leurs équipements de protection.Ils confirment que l’usine brûle du plastique mais aussi des huiles usagées, des vêtements, des sacs en plastique et même des bouteilles en plastique, pourtant l’un des objets les mieux recyclables.”Ils ont des filtres”, explique Vork, un opérateur. “Cela n’a rien à voir avec une incinération en plein champ.”Le plastique que les fours incinèrent est livré par Tontoton, une société qui vend des crédits à des entreprises dont Celebrity Cruises et le cabinet EY.Ni Chip Mong Insee ni Tontoton, ni Celebrity Cruises ou le cabinet EY n’ont répondu aux questions de l’AFP.Ces crédits-là sont vendus sur une place de marché opérée par Zero Plastic Oceans. Pour son cofondateur, le Français Vincent Decap, cette technique de “cotraitement” (au charbon et au plastique) est la meilleure solution pour gérer les déchets plastiques de nombreux pays comme le Cambodge.”Nous ne cherchons pas la perfection. Quand on vise la perfection, on ne fait rien”, dit-il. Les mesures de qualité de l’air effectuées par l’AFP et SourceMaterial autour de la cimenterie et dans un emplacement éloigné et isolé n’ont pas mis en évidence de taux plus élevés de particules fines PM2.5, qui peuvent pénétrer dans les poumons, autour de l’usine. L’emplacement éloigné avait des taux supérieurs, sans doute en raison de brûlis agricoles à proximité.Les experts interrogés soulignent que les appareils communs ne peuvent pas détecter les substances les plus problématiques générées par la combustion du plastique.Le ministère cambodgien de l’Environnement affirme de son côté que la combustion du plastique est régulée, contrôlée et interdite en plein air. Mais des déchets sont régulièrement brûlés en extérieur, a constaté l’AFP.- “Dans un monde idéal…” -Qu’en est-il de l’impact sur le climat ? La fabrication du ciment génère 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Sur le papier, remplacer le charbon par du plastique permet de réduire cette empreinte carbone.Mais le calcul est plus complexe lorsque l’on prend en compte l’ensemble du cycle de vie du charbon et du plastique – qui est lui-même issu de la transformation d’hydrocarbures.Incinérer le plastique ne revient pas à le recycler, explique Ed Cook, spécialiste de l’économie circulaire du plastique à l’université britannique de Leeds. “Il faut éviter et chercher des alternatives à l’incinération de combustibles fossiles, quelle que soit leur source.”Ces débats sont très théoriques pour Sebastian DiGrande, dans des pays où les déchets plastiques, autrement, sont brûlés artisanalement en extérieur.”Dans un monde idéal, ces plastiques à usage unique n’existent pas et il n’y a pas de plastique dans l’environnement”, répond-il. “En attendant, ma question reste : que voulez-vous qu’en en fasse?”Une “fausse alternative”, rétorque Neil Tangri, du centre de politiques publiques environnementales à l’université américaine de Berkeley. Lui estime qu’il ne faut pas accepter ces techniques d’incinération dans les cimenteries comme un système de gestion des déchets à part entière. Le vrai objectif, selon lui, reste de réduire la production de plastique.Une production appelée à tripler d’ici 2060, selon l’OCDE. Alors que les négociations pour un premier traité mondial contre la pollution plastique ont échoué spectaculairement en décembre dernier.