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Une grève du contrôle aérien français perturbe les départs en vacances

La moitié des vols annulés à Nice, le quart dans les aéroports parisiens jeudi, et davantage vendredi: une grève de contrôleurs aériens français perturbe le début des vacances d’été de dizaines de milliers de voyageurs.Peu avant 09h00 jeudi, les vols maintenus accusaient d’importants retards: trois quarts d’heure en moyenne à Nice au départ et à l’arrivée, 36 minutes au départ de Paris-Orly, selon le tableau de bord en ligne de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).Le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, l’Unsa-Icna (17% des voix aux dernières élections professionnelles) a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l’Usac-CGT (16%). De source proche du dossier, 270 contrôleurs aériens se sont déclarés grévistes jeudi, sur un effectif total de quelque 1.400.La DGAC, pour mettre en adéquation le nombre de contrôleurs à leur poste et le volume de vols à gérer en toute sécurité, a demandé aux compagnies aériennes de renoncer à une partie de leurs programmes.- Perturbations dans toute l’Europe -Les aéroports du Sud s’avèrent particulièrement affectés: outre à Nice, troisième plateforme française, la moitié des vols sont annulés à Bastia et Calvi, et 30% à Lyon, Marseille, Montpellier, Ajaccio et Figari.En région parisienne, ces annulations concernent le quart des liaisons au départ ou à l’arrivée de Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, deux aéroports qui en période de pointe estivale voient transiter quelque 350.000 voyageurs par jour au total.Place forte du “low-cost”, celui de Beauvais est logé à la même enseigne, avec 25% d’annulations, selon la DGAC qui a prévenu qu'”en dépit de ces mesures préventives, des perturbations et des retards importants sont à prévoir sur l’ensemble des aéroports français”.Vendredi, veille des vacances scolaires, la situation sera encore plus tendue dans les aéroports parisiens et à Beauvais, la DGAC y ayant ordonné une réduction du nombre de vols de 40%.Le trafic aérien dans toute l’Europe occidentale pâtit du mouvement, étant donné la situation géographique centrale de la France, au-dessus de laquelle de nombreux vols transitent.L’organisme de surveillance Eurocontrol, jeudi matin, a mis en garde les compagnies contre des retards pouvant être “importants” dans les zones gérées par les centres de navigation aérienne de Marseille, Brest et Reims.Quelque 25.800 vols commerciaux sont prévus jeudi en Europe. Eurocontrol a relevé plus de 18 minutes de retard en moyenne à 8h55, des délais imputables à 83% à la grève française.L’association Airlines for Europe, qui fédère entre autres Air France-KLM, Lufthansa, British Airways, EasyJet et Ryanair, a jugé la grève “intolérable” et a prévenu qu’elle allait “perturber les projets de vacances de milliers de personnes”.De source proche du dossier, on indique que l’aviation d’affaires, notamment à Nice et au Bourget près de Paris, est aussi très touchée.Mercredi, le ministre des Transports a exclu de céder. “Les revendications portées par des syndicats minoritaires sont inacceptables, tout comme le choix de faire cette grève au moment des grands départs en congés”, a affirmé Philippe Tabarot.- Mesures commerciales des compagnies -Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un “incident grave” à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs.Côté compagnies, Air France a confirmé avoir été “contrainte d’adapter son programme de vols”, sans préciser le nombre d’annulations, mais souligné que son réseau long-courrier n’était pas affecté.Comme elle, sa filiale low-cost Transavia a indiqué que ses clients concernés étaient informés individuellement et que “des mesures commerciales” permettraient “un report du voyage sans frais ou un remboursement intégral”. Parmi les griefs de l’Unsa-Icna: “un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l’été”, des outils obsolètes et “un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés”.Le premier syndicat d’aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60% des voix), a indiqué à l’AFP ne pas appeler à la grève.

La Chine exhorte l’Union européenne à éviter “la confrontation”

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a mis en garde son homologue européenne contre les risques d’une “confrontation”, selon un communiqué de son ministère publié jeudi, au moment où Pékin cherche à se présenter comme un contrepoids stable face à Washington.La Chine et l’Union européenne (UE) “ne devraient pas être considérées comme des adversaires en raison de leurs différences, ni chercher la confrontation en raison de leurs désaccords”, a déclaré mercredi Wang Yi lors d’une rencontre à Bruxelles avec la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.Mme Kallas avait déclaré mercredi que Pékin devait cesser de menacer la sécurité européenne, citant notamment des cyberattaques, des interférences dans les processus démocratiques et des pratiques commerciales jugées déloyales.L’Europe est “confrontée à plusieurs défis”, a affirmé mercredi Wang Yi, dont aucun, “dans le passé, le présent ou le futur”, n’a été causé par la Chine.M. Wang a de manière générale cherché à présenter Pékin comme un contrepoids à l’administration américaine de Donald Trump, qui a menacé d’imposer des droits de douane généralisés sur les importations européennes.”La voie empruntée par les Etats-Unis ne devrait pas être utilisée comme un reflet de la Chine”, a-t-il déclaré. “La Chine n’est pas les Etats-Unis”.Les deux parties ont également abordé des sujets internationaux tels que l’Ukraine, le conflit israëlo-palestinien, et le nucléaire iranien, précise le communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.Pékin et Bruxelles doivent faire preuve de “respect” mutuel, a déclaré M. Wang, ajoutant que l’Europe devrait encourager une politique plus “active et pragmatique” envers la Chine.M. Wang a également rencontré mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ainsi que le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot.La Chine et l’UE doivent “défendre le multilatéralisme et le libre-échange… et travailler ensemble pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique”, a déclaré M. Wang à Mme von der Leyen.Wang Yi est désormais attendu en Allemagne puis en France, où il rencontrera le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui s’est rendu en Chine en mars.Ces visites interviennent peu avant un sommet UE-Chine qui réunira à Pékin le dirigeant chinois Xi Jinping et plusieurs hauts responsables européens.

Commerce en ligne: toujours plus d’achats, la mode et l’habillement en tête

Les Français dépensent toujours plus sur internet: selon le bilan annuel de la fédération du e-commerce, la Fevad, consulté par l’AFP, les commandes de produits et de services ont augmenté en 2024 pour atteindre plus de 175 milliards d’euros et quelque 2,6 milliards de transactions. Les commandes de produits sur internet sont reparties à la hausse après deux ans de repli. Le montant des commandes s’approche ainsi de son plus haut historique, à 66,9 milliards d’euros (contre 67 milliards en 2021), indique la Fevad, qui doit présenter son bilan annuel jeudi, à l’occasion de son assemblée générale.  Ce rebond est en partie dû au dynamisme de la mode et de l’habillement, produits les plus achetés sur internet d’après la fédération. Au cours de l’année 2024, près de 60% des acheteurs sur internet en ont commandé. “L’habillement confirme son virage digital avec 23% de parts de marché et un chiffre d’affaires en ligne de 7,7 milliards d’euros (incluant Amazon, Shein et Temu)”, précise la Fevad. Ce virage numérique est apparu au cÅ“ur de débats politiques et commerciaux ces derniers mois, avec l’adoption par le Parlement d’un texte pour freiner la “fast fashion”, cette mode ultra éphémère incarnée par le géant Shein et ses vêtements à bas coût expédiés par millions depuis la Chine. Parmi les “défis” de la Fevad, énoncés par son délégué général dans un éditorial publié au début du rapport annuel, figure justement l’enjeu “réglementaire”. “Il est essentiel que tous les acteurs, notamment les plateformes asiatiques, respectent les mêmes règles sur notre marché”, affirme Marc Lolivier.Au-delà de la mode et de l’habillement, les produits les plus achetés en ligne sont les chaussures (49%), les produits d’hygiène et de beauté (47%), ou encore les jeux et jouets (43%).Les achats de seconde main sont désormais bien ancrés dans le comportement des consommateurs et “ont conquis une large majorité des acheteurs en ligne (51%)”, observe par ailleurs la Fevad, qui note que “les articles de mode-habillement sont les plus achetés en seconde main (39%)”.En tout, d’après le même rapport, 41,6 millions de Français “ont acheté sur internet au cours des 12 derniers mois”, soit une hausse de “2,2 millions sur un an”, avec un nombre d’achats moyen de 62 produits par an. Pour une transaction, un consommateur dépense en moyenne 68 euros, un montant stable par rapport à 2023, d’après le rapport de la Fevad.

Vente d’alcool aux mineurs: près de 9 supermarchés sur 10 enfreignent la loi, selon une association

Près de neuf supermarchés sur dix enfreignent la loi en vendant de l’alcool aux mineurs dénonce, au vu de tests menés à Nantes, Angers et Rennes, l’association Addictions France, qui réclame jeudi des “sanctions réellement dissuasives” et des contrôles fréquents par l’État.Sur 90 établissements des enseignes Auchan, Lidl, Leclerc, Diagonal, U Express, Intermarché, Carrefour (City, Market et Express), Monoprix, Franprix et G20 testés en avril et en mai, 86% ont vendu de l’alcool à des mineurs, selon l’association. Contre 93% lors d’une opération similaire en 2021.”Malgré l’interdiction formelle de vente d’alcool aux mineurs et l’engagement de l’État à mieux la faire respecter, l’accès à l’alcool reste en 2025 très aisé pour les mineurs”, a déploré auprès de l’AFP Myriam Savy, responsable du plaidoyer chez Addictions France.Pour ces tests, des mineurs se sont rendus, accompagnés d’un huissier, dans des supermarchés dont une partie avaient “déjà fait l’objet de constatations”. Seuls 8% des établissements ont demandé une pièce d’identité pour vérifier l’âge des clients.Or l’article L.3342-1 du Code de la santé publique précise que “la personne qui délivre la boisson exige du client qu’il établisse la preuve de sa majorité” via un “acte systématique”, “non conditionné par le simple doute sur l’apparence physique du client”, rappelle Addictions France.Ces achats tests “ont systématiquement été réalisés en pleine journée, en semaine”, le plus souvent à des moments de “faible affluence, avec peu voire aucun client à la caisse”, précise l’association pour battre en brèche par avance l’argument d’une “pression liée à l’affluence” pour justifier le non-contrôle de l’âge. Dans le détail, sur les 25 magasins Carrefour testés, seuls deux ont refusé la vente, deux également chez les 11 Lidl testés, comme au sein des 7 magasins du groupe Coopérative U visités. Parmi les autres enseignes: un seul magasin E.Leclerc sur six a refusé la vente au mineur, un seul Intermarché sur 7, aucun Monoprix sur les 6 testés et aucun Auchan (sur deux).À l’été 2023, l’association avait testé en Loire-Atlantique 42 bars, cafés et points de restauration rapide en zones urbaines et rurales: un seul avait refusé la vente après vérification de l’âge du mineur.Ses constatations en 2023-2024 ont donné lieu à l’ouverture de 37 procédures judiciaires dont les premières, “ne seront plaidées que le 9 décembre 2025”, soit un délai de deux ans qui “renforce un sentiment d’impunité et banalise la transgression de la loi”, juge Addictions France.- Sanctions “réellement dissuasives” -Face à “l’inefficacité générale du dispositif réglementaire actuel” et de la “Charte d’engagements responsables” signée par la grande distribution (Carrefour, Auchan, Lidl, Monoprix…) en 2019, en partenariat avec la Fédération du commerce et de la distribution, l’association demande des contrôles aléatoires systématiques par l’État, et des sanctions “réellement dissuasives”. Avec des amendes atteignant 2% du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise si celui-ci est inférieur à 100.000 euros, et 10% à partir de 500.000 euros -selon un régime de sanctions graduées rappelant ceux du droit de l’environnement ou de la concurrence.Le recours aux sanctions administratives pourrait être systématisé, allant de l’avertissement à la suspension, voire au retrait de la licence par le préfet ou le maire après deux récidives. Et des moyens dédiés permettraient de juger ces délits sous six semaines. Car si vendre de l’alcool à un mineur est un délit passible d’une amende de 7.500 euros -le double en cas de récidive avant 5 ans-, aujourd’hui “les contrôles sont rares, les poursuites peu fréquentes et les condamnations à hauteur de la peine maximale quasiment inexistantes”, affirme Addictions France.En comparaison, en Suisse, qui allie prévention, contrôles aléatoires fréquents et sanctions dissuasives, 65% des vendeurs ont contrôlé l’âge des acheteurs en 2023, contre 54% en 2014, selon l’association.En juillet 2024, la cour d’appel de Pau a confirmé la condamnation de l’enseigne Lidl à 5.000 euros d’amende pour avoir vendu de l’alcool à un mineur de 16 ans, Kilian, qui s’était tué à Urrugne (Pyrénées atlantiques) le 8 mai 2021 en heurtant un pylône à scooter après avoir été percuté par un ami circulant, lui aussi alcoolisé, sur son scooter.Lidl s’est pourvu en cassation.

Après le pétrole, l’Angola veut amorcer la pompe à touristes

Lorsque Feliesiano Muteca a dompté ses premières vagues sur sa planche de surf il y a une dizaine d’années, il avait la plage de Cabo Ledo, en Angola, quasiment pour lui tout seul.A présent, cette plage de sable fin encadrée de falaises majestueuses, à 125 km au sud de la capitale Luanda, est devenue une destination prisée de surfers étrangers en quête de nouvelles vagues. Le pays lusophone d’Afrique australe est l’un des principaux producteurs de pétrole du continent. Mais le gouvernement, échaudé par l’exposition de son économie aux variations des cours du brut, tente de faire revenir les touristes étrangers via des facilités d’obtention de visa et des campagnes de promotion des plus beaux sites du pays.Cabo Ledo est l’un de ces joyaux, où Feliesiano peut désormais vivre de sa passion, lui qui donne des cours de surf aux touristes.”Nous sommes deux à donner des leçons de surf”, explique celui qui a fait ses débuts à 10 ans, sur une planche qu’il empruntait à qui voulait bien lui prêter.Non loin, un lodge a installé son bar de plage et quelques chalets en contre-haut, avec vue imprenable sur l’océan Atlantique. Un groupe de touristes allemands y profite de la brise et d’une ombre bienvenue, en attendant de retourner surfer. La même société, Carpe Diem, possède un complexe plus imposant un peu plus au nord sur la côte.Certains sites touristiques des environs, comme les falaises dentelées de Miradouro da Lua, n’étaient accessibles il y a encore quelques années que par une petite piste poussiéreuse.Les visiteurs peuvent à présent admirer les falaises depuis un bar à cocktails. Des cadres en bois plantés dans le sol leur indiquent même les meilleurs angles pour photographier le site.- Croisières et gastronomie -Au sortir de plus de 25 ans de guerre civile en 2002, le pays – deux fois plus grand que la France métropolitaine – est exsangue. Mais il connaît rapidement un boom pétrolier.Cet afflux de pétro-dollars s’accompagne d’un pic de revenus touristiques à 1,6 milliard de dollars en 2014, principalement alimentés par de riches étrangers venant pour certains profiter de la baie de Luanda depuis leurs yachts et dépensant sans compter lors de fastueuses fêtes sur la plage. Le pétrole coule à flots, l’argent aussi et le kwanza, la monnaie nationale, s’échange alors à 100 pour un dollar. Mais le pays est durement touché les années suivantes par la baisse des cours du pétrole puis par le poids du service de sa dette. Il faut désormais 900 kwanza pour un dollar et le tourisme n’a généré en 2024 que 14,8 millions de dollars de revenus.Cela a conduit le gouvernement à adopter une nouvelle stratégie pour le secteur: les ressortissants de dizaines de pays bénéficient d’une gratuité du visa d’entrée. Et les soldats qui patrouillaient dans l’aéroport international ont laissé la place à de jeunes et souriants ambassadeurs touristiques arborant sur leur T-shirt le message: “Puis-je vous aider?”Le yacht club demeure fréquenté mais Luanda est devenue aussi une escale régulière de grand bateaux de croisière reliant le Cap en Afrique du Sud au Sénégal ou à l’Europe.Le journaliste et écrivain Claudio Silva, né à Luanda, a co-organisé en juin une semaine de découverte gastronomique pour des passionnés étrangers: au programme, visite de nouveaux vignobles, exploration de la cuisine pré-coloniale, le tout avec le concours d’un chef angolais reconnu.”Ce genre de circuits gastronomiques en immersion (…) nous permet de raconter nos propres histoires, à travers la nourriture et la culture, à la fois en ville et en milieu rural, un voyage conçu autour des expériences des gens qui vivent sur place”, explique-t-il.La société sud-africaine de trains de luxe Rovos Rail a ajouté le port angolais de Lobito à son catalogue, permettant à ses clients fortunés de rallier Dar es Salaam et l’océan Indien, en 15 jours, à bord d’un cinq étoiles ambulant.   Le gouvernement mise également sur les safaris. La faune sauvage du pays a été décimée durant la guerre civile (1975-2002) mais les autorités s’efforcent de repeupler certains parc naturels, selon Pedro Monterroso, de l’ONG African Parks, installée à Johannesburg.L’ONG, présente dans plus de 10 pays du continent, s’est vue confiée par l’Angola la gestion du parc national d’Iona, à la frontière avec la Namibie.”L’ambition (du gouvernement), c’est de devenir la Namibie ou le Botswana dans 10 ou 15 ans”, décrypte M. Monterroso, en référence aux deux pays voisins qui attirent chaque année des dizaines de milliers de touristes dans leurs réserves naturelles.

Près de Bordeaux, l’essor timide des emplettes quotidiennes en cryptomonnaies

Acheter au détail en cryptomonnaies, c’est possible depuis un an chez une trentaine de commerçants de Talence (Gironde). Une initiative pionnière en France mais balbutiante pour ces actifs souvent considérés comme spéculatifs, dont la démocratisation bute sur des barrières fiscales et psychologiques.”Payer en crypto”, propose un panonceau sur le zinc de La Fracasse, micro-brasserie qui accepte ce moyen de paiement dématérialisé tout comme une trentaine de commerces de cette commune de l’agglomération bordelaise, contre une vingtaine au départ. Derrière le bar, les cogérants Kirill Pluscheff (30 ans) et Enguérand Larché (25 ans) peuvent générer un QR code sur une application nommée Lyzi, que le client scanne pour prélever son “wallet” (portefeuille de cryptomonnaies) et effectuer le versement sur le compte du commerce, en euros cette fois.”C’est notre moyen d’attraper une nouvelle clientèle”, explique Enguérand Larché à l’AFP, sans toutefois renoncer au paiement par carte bancaire qui représente 95% de leurs encaissements.Avec “quelques transactions par mois” à Talence, “c’est déjà gagné” pour l’application Lyzi, s’enthousiasme Damien Patureaux, son fondateur.- Jeunes et étrangers -La start-up revendique plus de 2.000 marchands affiliés en France et en Europe, dont les grands magasins du Printemps (groupe Kering). À Cannes, une cinquantaine de commerces sont équipés, dont de prestigieux hôtels, visant une clientèle étrangère désireuse notamment de s’affranchir des effets de change.”Le paiement en cryptomonnaies peut s’ancrer dans le commerce physique”, veut croire Lyzi. Pour Damien Patureaux, “ça va se démocratiser encore plus”.Selon une étude du cabinet KPMG en 2023, seuls 8% des Français ont déjà investi dans les “cryptos”. Parmi eux, la moitié ont moins de 35 ans.C’est ce public que ciblent les commerçants de Talence: avec un quart de ses 42.000 habitants âgés entre 18 et 24 ans, dont nombre d’étudiants, la commune se présente comme la “ville la plus jeune” de France, fait valoir Bertrand Cousin, directeur de l’agence de développement économique Talence Innovation, à l’origine de l’initiative.Mais les débuts sont timides: un an après, le nombre de paiements mensuels reste minime (deux opérations par mois pour l’un des bouchers participants, selon Talence Innovation).Damien Patureaux souligne que 20% des marchands affiliés à Lyzi en Europe représentent 80% du volume de paiements (estimé à quelques millions d’euros par mois), avec en première ligne les marques de luxe qui ciblent une clientèle “élitiste” et “l’achat coup de cÅ“ur” d’utilisateurs après une belle plus-value sur leurs cryptoactifs.”Le très petit commerçant, ce n’est pas ce qui génère le plus de volume”, relève-t-il.En cause, selon les partisans des cryptomonnaies, la fiscalité française qui taxe les plus-values et oblige à une fastidieuse déclaration, achat par achat.- “Complexité” -Utilisateur assidu, qui va régler en “crypto” un prochain voyage en Afrique du Sud, Jérémy Debreu ne “croit pas une seconde” à l’essor immédiat d’initiatives comme celle de Talence.”Il faut vraiment l’encourager. Mais je suis assez sceptique sur le fait que des utilisateurs prennent ce risque fiscal”, témoigne ce consultant en RSE (responsabilité sociétale des entreprises) résidant à Bègles, commune limitrophe.”C’est un tel frein qu’à mon avis, beaucoup de gens ne déclarent pas”, pointe Claire Balva, qui s’apprête à quitter la néo-banque Deblock pour prendre la tête de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan), lobby français du secteur crypto. “Pas parce qu’ils ne veulent pas payer d’impôts, mais parce que c’est immensément compliqué”, juge-t-elle.L’autre limite à la démocratisation des cryptomonnaies est psychologique, face à leur “complexité” et leur image parfois connotée, entre “produit financier pour s’enrichir” ou actif “pour blanchir de l’argent”, pointe David Pucheu, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication à l’Université Bordeaux-Montaigne.”C’est une question générationnelle”, poursuit-il, mais aussi “culturelle” avec certains pays du Sud, comme le Nigeria, où le “wallet” s’est démocratisé pour compenser l’accès difficile “à des services bancaires corrects”.Pour Claire Balva, les opérateurs devront “proposer quelque chose d’aussi simple” que la carte bancaire traditionnelle. “Les infrastructures cryptos vont remplacer petit à petit le paiement classique via Visa et Mastercard”, veut-elle croire.

Corse: le Parlement adopte un texte pour la gestion publique des ports et aéroports

Le Parlement a adopté mercredi la création d’un “établissement public de commerce et d’industrie” en Corse, qui pilotera la gestion des ports et aéroports de l’île, alors que la fin d’une concession inquiétait sur place quant à une possible ouverture à la concurrence.”Ce texte va sécuriser juridiquement la gestion des ports et aéroports de la Corse”, s’est félicité le ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation François Rebsamen, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.Au coeur du sujet, la fin de concessions accordées par la collectivité de Corse à la chambre de commerce et d’industrie (CCI), il y a une vingtaine d’années, pour la gestion des aéroports et des ports de commerce de l’île. Elle prendront fin le 31 décembre, avec la crainte localement de voir certains acteurs privés se positionner.”Ces infrastructures sont critiques pour l’île de beauté, en raison évidemment de son caractère insulaire et du poids du tourisme au sein de son économie (…) près de 39 % du PIB”, a souligné le rapporteur à l’Assemblée Jean Moulliere (Horizons).”Sans intervention du législateur, (les concessions) devront être remises en concurrence avant la fin de cette année, en application du droit de la commande publique européen”, a-t-il ajouté.Le projet de loi, soutenu par tous les groupes, a été définitivement adopté après un dernier vote de l’Assemblée (59 pour, une abstention). Afin d’éviter toute mise en concurrence préalable, il prévoit la création au 1er janvier 2026 d’un “établissement public du commerce et de l’industrie de Corse”, sous tutelle de la collectivité, et qui reprendra les missions de la CCI ainsi que ses agents.Son conseil d’administration sera majoritairement composé d’élus corses. L’Assemblée de Corse avait soutenu à l’unanimité l’initiative en mars.Michel Castellani, député de Haute-Corse, a salué “un choix politique fort, celui de confier à la Corse les clés de ses outils stratégiques et la capacité à gérer ses affaires de manière autonome”.Côté RN, Stéphane Rambaud a voté le texte qui “semble aller dans le bon sens” mais appelé à la “vigilance”. “Ne risque-t-il pas, à terme, de concentrer la prise de décision entre les mains d’un petit nombre d’acteurs politiques sans réel contrepoids ?”Pour LFI Ugo Bernalicis a également soutenu le projet de loi, regrettant toutefois par exemple que les représentants du personnel n’aient qu’une “voix consultative” au futur conseil d’administration de l’établissement public.

“La France n’est plus le leader mondial du tourisme”, regrette l’Alliance France Tourisme

“La France n’est plus le leader mondial du tourisme” et perd des parts de marché dans un secteur de plus en plus concurrentiel, a déploré jeudi à l’AFP Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme.Ce groupe de réflexion qui réunit notamment des entreprises comme Accor, SNCF Connect, European Camping Group, ou encore la Compagnie des Alpes, organise jeudi un colloque avec Régions de France, autour du thème “100 millions de touristes en France : réalité ou totem politique ?”.Pour M. Marcel, ce cap de 100 millions de visiteurs étrangers franchi en 2024 ne “veut pas dire grand-chose, puisque ce qui est important, c’est la dépense touristique”, rappelle-t-il.Avec 71 milliards d’euros de recettes touristiques l’an dernier, la France s’est classée à la quatrième position en la matière, loin derrière les 126 milliards d’euros de l’Espagne, qui a pourtant eu moins de visiteurs.”Ce qu’on veut, c’est passer d’une approche en volume à une approche en valeur”, poursuit M. Marcel, qui juge qu’à l’heure du surtourisme, il n’était pas forcément pertinent de vouloir faire venir de plus en plus de visiteurs, sachant que la durée moyenne de séjours est plus courte en France que dans d’autres pays.”C’est dû au fait que la France est un pays de passage”, avec des visiteurs qui ne passent qu’une “nuit étape” dans le pays et qui se retrouvent comptabilisés dans les statistiques. Pour M. Marcel, la France doit davantage investir, rénover son parc d’hôtels et d’hébergements et mieux répondre aux attentes des visiteurs comme de la population locale.”Il ne faut pas non plus perdre de vue que deux tiers de la dépense globale du tourisme, ce sont les touristes français”, indique-t-il, ce qui doit amener à ne pas “se focaliser uniquement sur la clientèle internationale”.Pour répondre aux enjeux, l’Alliance France Tourisme souhaite davantage travailler avec les Régions et également mieux capitaliser sur l’effet JO. “Il ne faut pas s’autocongratuler, les autres progressent très vite et on perd des points. Il vaut mieux se poser des questions maintenant parce qu’il faut dix ans pour investir”, conclut-il.

Le train moins cher que l’avion en France, sauf correspondance

Se déplacer en train en France revient en moyenne moins cher qu’en avion, sauf correspondance, et l’aérien reste imbattable pour des trajets en Europe, autant d’arguments pour des mesures de rééquilibrage au nom du climat, selon des rapports publiés jeudi.L’association française de défense des consommateurs UFC-Que Choisir s’est intéressée aux tarifs des trajets ferroviaires, aériens et routiers en France, en prenant comme base les 48 liaisons aériennes les plus fréquentées du pays et suivant deux scénarios types: “un départ en vacances estivales pour un couple ou une famille avec deux adolescents, et un week-end pour deux adultes”.”Le train se montre compétitif lorsqu’il existe des liaisons ferroviaires directes, notamment sur les axes radiaux (depuis ou vers Paris). Dans le scénario estival, 60% des trajets sont moins chers en train qu’en avion. Sur ces liaisons, le train est en moyenne deux fois moins cher que l’avion”, selon l’UFC.”A l’inverse, dans le premier comme dans le second scénario, de nombreuses liaisons transversales (province à province), surtout quand un changement de train est nécessaire, s’avèrent moins chères en avion, de 37% en moyenne”, précise l’association.”Quant à la voiture, elle est surtout attractive dans le scénario familial: un tiers des trajets y sont les moins chers, par rapport au train et l’avion, de 30% en moyenne en comparaison du train et de 44% en comparaison de l’avion”.”Pour faire du train une (option) alternative réellement accessible et universelle”, l’UFC-Que Choisir préconise entre autres de “renforcer l’offre ferroviaire”, notamment transversale, d’augmenter à 4 heures le seuil d’interdiction des vols intérieurs lorsqu’un trajet alternatif ferroviaire existe, contre 2 heures 30 actuellement, ou encore de “mettre en place des tarifs avantageux pour les familles”.En pleine urgence climatique, l’UFC rappelle que “sur longue distance, le train est de loin le mode de transport le plus vertueux, en citant l’Ademe: “un trajet en TGV n’émet en moyenne que 2,9 grammes de CO2 par passager-kilomètre, contre environ 331 g pour l’avion de courte distance et jusqu’à 256 g pour une voiture utilisée en solo (128 g pour deux passagers et 64 g pour quatre passagers)”.Le Réseau Action Climat (RAC), citant un rapport de Greenpeace attendu cet été, a élargi la problématique aux liaisons européennes, où “le train est en moyenne 2,5 fois plus cher que l’avion”, une “aberration totale” selon le groupe.”Sur la liaison Paris-Rome, qui transporte plus de 2 millions de passagers aériens chaque année, le billet d’avion le plus bas se trouve autour de 70 euros en moyenne, contre 210 euros pour un billet de train”, note le RAC.Ce dernier, pour rééquilibrer la concurrence, plaide pour “la fin des niches fiscales aériennes” en augmentant la taxe sur les billets d’avion à un niveau qui compenserait l’absence de taxe sur le kérosène.Le RAC voudrait ainsi financer la subvention d’un billet de train par an à tarif réduit (29 euros aller-retour) pour “tous les Français”, relancer “vraiment” les trains de nuit, en particulier les liaisons entre les régions, et abaisser les péages ferroviaires pour le TGV, qui réduisent sa compétitivité.

France: le Haut Conseil pour le climat appelle à un “sursaut collectif”

Le Haut Conseil pour le climat (HCC) a mis jeudi la pression sur le gouvernement de François Bayrou, appelant à un “sursaut collectif” à l’heure du ralentissement du rythme de décarbonation en France et de “reculs” sur certaines mesures comme la rénovation des bâtiments.Sous pression des partis de droite, d’extrême droite, de LFI ou de certains membres du bloc central selon les dossiers, plusieurs textes ont aussi acté des reculs au Parlement ces dernières semaines au sujet de l’artificialisation des sols (zéro artificialisation nette, ZAN) ou la restriction des véhicules les plus polluants dans les grandes villes (zones à faibles émissions, ZFE).”Nous avons besoin d’un sursaut collectif pour relancer l’action climatique, avec un cadre d’action publique clair, des actions structurelles, une gouvernance solide et des cibles bien définies”, a déclaré à des journalistes Jean-François Soussana, l’agronome qui préside le HCC.Cet organisme indépendant, installé en 2018 par le président Emmanuel Macron, est composé de douze experts chargés d’évaluer l’action climatique du gouvernement et d’émettre des recommandations.En mars, il avait alerté sur le fait que la France n’était “pas encore prête” face au réchauffement, qui atteint déjà +2,2°C dans le pays en 2015-2024. Un constat toujours d’actualité au moment où le pays sort progressivement d’une longue vague de chaleur, intense et précoce.”Ce type de canicule est une illustration du fait que l’on peut toucher dans certains cas des limites d’adaptation avec des impacts, par exemple sur la santé, qui sont importants”, souligne M. Soussana.Les mesures contenues dans le plan d’adaptation du gouvernement “sont encore en décalage par rapport aux vulnérabilités et aux besoins”, regrette le HCC.- Baisse “conjoncturelle” -Dans son rapport annuel intitulé “Relancer l’action climatique face à l’aggravation des impacts et à l’affaiblissement du pilotage”, il rappelle que le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre a beaucoup ralenti en 2024 (-1,8%).La baisse est restée forte pour la production d’énergie, mais a patiné dans les autres secteurs (agriculture, bâtiments, industrie, transports…). Le rythme devra pourtant doubler pour atteindre les objectifs de la France à l’horizon 2030.Les experts soulignent même qu’une grande partie (70%) de cette réduction peut être attribuée à des facteurs “conjoncturels”, tels que la douceur hivernale ou le redémarrage de réacteurs nucléaires.”Les éleveurs ont une vie difficile et gagnent mal leur vie et donc de plus en plus d’élevages arrêtent leur activité. Donc c’est ce qu’on appelle (un effet) conjoncturel, parce que ça n’est pas un phénomène politique voulu”, donne en exemple Marion Guillou, membre du HCC et spécialiste de l’alimentation.- “Lisibilité remise en cause” -Le HCC regrette aussi des “reculs” qui ont “souvent concerné des mesures rencontrant un succès important auprès des particuliers”: leasing social (location de véhicules électriques aux ménages modestes), soutien aux panneaux solaires en toiture ou à la rénovation des bâtiments.”La lisibilité de la politique climatique de la France a été remise en cause par ces reculs, créant une absence de visibilité pour le secteur privé et pour les collectivités territoriales”, juge le rapport.MaPrimeRénov’, aide de l’État pour la rénovation énergétique des logements, est ainsi actuellement suspendue pour les nouveaux dossiers de travaux d’ampleur, jusqu’à mi-septembre. Le président Macron avait lui-même affiché son mécontentement, critiquant les “incertitudes” quant à certains dispositifs. Le HCC cite également les reculs actés au Parlement sur les ZAN ou ZFE.Les experts répètent au passage leur critique des retards pris dans la publication de certains textes structurants pour l’énergie et le climat et regrettent “l’affaiblissement” du Secrétariat général à la planification écologique, organisme rattaché à Matignon.A l’international, ils suggèrent aussi de “relancer la diplomatie climatique de la France”.La Commission européenne a soumis mercredi aux États membres son objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 90% en 2040 par rapport à 1990, avec des “flexibilités”. Aucun vote n’interviendra avant septembre, si bien que le calendrier est très serré avant la conférence climat de l’ONU (COP30), en novembre au Brésil. L’UE doit dévoiler sa feuille de route climatique à l’horizon 2035 avant ce grand rendez-vous.”Ce retard fragilise la position de l’UE dans le contexte de la COP30 et participe au relâchement de la pression internationale sur le relèvement de l’ambition climatique”, regrettent les auteurs.