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Le fabricant chinois de voitures électriques Nio rebondit en Bourse, après une accusation de malversation

L’action de la société chinoise de véhicules électriques Nio Inc a rebondi vendredi après avoir fortement chuté la veille, en raison des poursuites engagées par le fonds souverain singapourien GIC, qui l’accuse d’avoir gonflé son chiffre d’affaires.Nio Inc est pointée du doigt pour avoir publié des déclarations trompeuses, qui ont artificiellement gonflé la valeur de ses titres et causé des “pertes importantes” à GIC, décrit la plainte déposée dans le district sud de New York. GIC affirme avoir acquis 54,5 millions de certificats de dépôts d’actions (American Depositary Receipts, ADR) entre le 11 août 2020 et le 11 juillet 2022 à des prix selon lui gonflés, et cherche à obtenir des dommages et intérêts.Vendredi après-midi, le titre de Nio avaient avancé de 2,54% à Singapour et de 2,17% à Hong Kong.La veille, il avait au contraire chuté de 9,8% à Singapour et de 13% à Hong Kong après la médiatisation du procès, qui a été intenté en août. Le GIC, un des plus grands fonds souverains au monde, a acheté environ 54,5 millions d’actions américaines de Nio entre le 11 août 2020 et le 11 juillet 2022. Les déboires judiciaires de Nio pourraient la freiner dans ses projets de levée de fonds. Le mois dernier, Nio a levé 1,2 milliard de dollars grâce à une vente d’actions. La société a nié les accusations. Sollicitée, elle n’a pas immédiatement répondu aux demandes de l’AFP. Nio conçoit, développe, fabrique et vend des véhicules électriques. Elle est entrée en bourse aux États-Unis en 2018 et est également cotée à Hong Kong et à Singapour.”Bien que cette allégation porte atteinte à la gouvernance d’entreprise de Nio, nous ne pensons pas qu’elle aura un impact significatif sur ses activités, compte tenu de l’accélération de la production des nouveaux modèles ES8 et Onvo L90″, a déclaré le fournisseur d’analyses financières Morningstar Research Pte Limited dans une note. “Nous pensons que les ventes de véhicules et l’amélioration de la rentabilité devraient soutenir le cours de l’action à court terme”, a ajouté l’entreprise.

Accord sur la décarbonation des bateaux: vote décisif sous pression américaine

Les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) ont repris vendredi à Londres, dans la division, leurs travaux sur l’adoption d’un plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires, qui doit être voté dans la journée, mais que les Etats-Unis tentent de bloquer.L’adoption de ce texte, déjà approuvé en principe en avril, permettrait au secteur, extrêmement polluant, de prendre un virage climatique historique en contraignant les navires à réduire progressivement leurs émissions dès 2028, jusqu’à décarbonation totale vers 2050.Le système envisagé “n’est pas parfait”, a reconnu Arsenio Dominguez, le secrétaire général de l’OMI, à l’ouverture du sommet mardi. Mais “il fournit une base équilibrée.”La journée de jeudi a été marquée par de longues négociations entre les délégations –qualifiées de “chaotiques” par le représentant russe– qui se sont achevées à 3H30 du matin (2H30 GMT).M. Dominguez a demandé à ce que les membres de l’OMI, une agence de l’ONU où règne habituellement la règle du consensus, “ne réitérèrent pas” cette manière de négocier.- Marche arrière -Le plan litigieux vise à faire payer aux bateaux une sorte de taxe sur leurs émissions au-delà d’un certain seuil, en vue d’alimenter un fonds récompensant les navires à faibles rejets et soutenant les pays vulnérables au changement climatique.Cette tarification du CO2 doit les inciter à utiliser des carburants moins émetteurs de gaz à effet de serre.Les pays de l’Union européenne, le Brésil et la Chine ont réitéré cette semaine leur soutien à l’adoption de ce “cadre net-zéro” (appelé aussi NZF).Les Etats insulaires du Pacifique, qui s’étaient abstenus en avril, jugeant la mesure insuffisante, ont finalement indiqué qu’ils y étaient favorables.Mais l’opposition est forte du côté des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite, de la Russie et des pays producteurs de pétrole.Donald Trump, attaché aux énergies fossiles et qui a enclenché une marche arrière sur le climat depuis son retour au pouvoir, a appelé jeudi sur son réseau Truth Social à voter contre ce plan.”Les États-Unis ne toléreront PAS cette arnaque verte mondiale sous forme de taxe sur le transport maritime et ne s’y conformeront d’aucune manière”, a-t-il affirmé.”Nous ne tolérerons pas d’augmentation des prix pour les consommateurs américains NI la création d’une bureaucratie verte pour dépenser VOTRE argent dans leurs rêves écologiques”, a poursuivi le président américain, qui a dans le passé qualifié le changement climatique de “plus grande arnaque” de l’Histoire.Les Etats-Unis vont jusqu’à menacer les délégations favorables au projet, avec des restrictions de visas pour les membres de leurs équipages, des pénalités commerciales ou des frais portuaires supplémentaires.- Manoeuvres américaines -Le représentant brésilien a dénoncé vendredi en plénière les “méthodes” américaines, disant espérer “que cela ne remplacera la manière habituelle de prendre des décisions au niveau mondial”.Les pressions américaines pourraient affecter des “pays malheureusement plus sensibles à l’influence” des Etats-Unis, a reconnu une source européenne auprès de l’AFP.Les Philippines — pays qui fournit le premier contingent mondial de travailleurs du secteur — pourraient faire évoluer leur position. Tout comme les îles des Caraïbes, dépendantes économiquement des croisières américaines. L’Argentine prévoit pour sa part de voter contre.Le vote pourrait donc être très serré, d’autant que les Etats-Unis préconisent, dans un dernier coup de théâtre, d’en changer ses modalités afin de le faire capoter.Les nouvelles réglementations de l’OMI sont habituellement considérées comme acceptées sauf si un tiers de ses 176 membres (ou alors l’équivalent de la moitié de la flotte marchande mondiale) déclare s’y opposer – un processus connu sous le nom d'”acceptation tacite”.Mais Washington propose une “acceptation explicite”, qui inverserait les rôles et nécessiterait que deux tiers des nations optent officiellement pour l’adoption.Ce changement de procédure, dans laquelle pèsent les abstentionnistes, doit être examiné vendredi par l’OMI.Les principales associations et organisations maritimes se sont pour leur part déclarées favorables à l’adoption du NZF, dans un souci de lisibilité réglementaire.

La Bourse de Paris freinée par des craintes liées au crédit aux Etats-Unis

La Bourse de Paris évolue dans le rouge vendredi, dans un marché chahuté par les inquiétudes des investisseurs quant à la qualité du crédit aux Etats-Unis après des allégations de prêts frauduleux de deux banques régionales américaines la veille.L’indice vedette CAC 40 abandonnait 0,98%, soit 79,90 points, à 8.108,69 points, vers 09H40. Le CAC 40 a toutefois bondi de 3,3% en deux séances, une hausse d’environ 268 points au total qui lui a permis de terminé jeudi au plus haut depuis le 6 mars et à une cinquantaine de points de son record en clôture atteint le 15 mai 2024 à 8.239,99 points. Son dernier pic historique en séance a été touché le 10 mai 2024, à 8.259,19 points.Vendredi, les inquiétudes après “les révélations de prêts défaillants” aux Etats-Unis ont pris le dessus, commente Patrick Munnelly, analyste de Tickmill Group.Dans le détail, Zions Bancorporation a dévissé de 13,14% après avoir annoncé une perte considérable de 50 millions de dollars liée à deux prêts de sa filiale californienne et Western Alliance de 10,88% “après avoir reconnu son exposition aux mêmes emprunteurs”, précise l’analyste.”Ces inquiétudes surviennent quelques jours après l’effondrement du prêteur automobile subprime Tricolor Holdings, qui a contraint JPMorgan Chase à enregistrer une charge de 170 millions de dollars au troisième trimestre, entraînant des coûts de crédit plus élevés et un avertissement du PDG Jamie Dimon sur la montée des pressions financières”, détaille Patrick Munnelly.A la cote parisienne, BNP Paribas baissait de 3,37% à 75,35 euros, Crédit Agricole de 2,22% à 16,53 euros et Société Générale reculait aussi fortement, de 3,89% à 54,32 euros.Le premier gestionnaire d’actifs en Europe, Amundi, lâchait 2,16% à 65,65 euros. La société de gestion Tikehau Capital lâchait quant à elle 1,19% à 18,24 euros.”Le contexte est aggravé par l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et par l’incertitude liée à la paralysie partielle du gouvernement américain, qui a retardé des publications économiques cruciales”, explique encore M. Munelly.Sur les marchés financiers, les actions, considérées comme des valeurs risquées, sont lâchées au profit de valeurs refuge, comme l’or, qui touche de nouveau des sommets, au-dessus de 4.350 dollars l’once. EssilorLuxottica brilleLe numéro un mondial de l’optique EssilorLuxottica a fait état jeudi, après Bourse, d’un chiffre d’affaires de 6,867 milliards d’euros au troisième trimestre 2025, supérieur aux attentes et porté par les lunettes connectées ainsi que les régions Amérique du Nord et Europe.Le titre s’envolait de 11,50% à 308,40 euros vers 09H45.

Incertitudes politiques en France, mais “business as usual” pour les entreprises étrangères

Dans un climat d’incertitude politique, les entreprises et investisseurs étrangers vont-ils bouder la France? Le divorce ne semble pas consommé, estiment des spécialistes interrogés par l’AFP, qui ne voient pas de risque de séparation à court terme.”Le bordeaux, les baguettes et le brie ont leurs limites pour tenter de retenir les entrepreneurs”, ironisait il y a quelques jours le Wall Street Journal. La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 et les multiples épisodes politiques qui ont suivi pèsent sur l’économie française, avec une croissance du PIB attendue cette année à seulement 0,8% par l’Insee. Et pas moins de 6.800 défaillances d’entreprises ont été enregistrées en France en septembre, la pire “période de rentrée” depuis 2009, selon une étude récente du groupe Altares.Pour autant, l’effet repoussoir n’a pas eu lieu, estiment des spécialistes. “C’est contre-intuitif, mais après un premier semestre 2025 assez calme, nous avons constaté depuis cet été une augmentation des demandes pour les investissements étrangers en France”, souligne ainsi Gilles August, cofondateur du cabinet d’avocats d’affaires August Debouzy.L’avocat y voit plusieurs causes, dont le fait que “les institutions françaises soient solides: globalement personne ne pense que la France n’est pas fiable. On nous observe avec curiosité mais il n’y a pas de problème de confiance dans le pays pour les investisseurs”.En outre, les prix des entreprises françaises – via des prises de participations – “sont intéressants pour les clients américains, notamment dans le secteur de la tech sur lequel la France est très attractive”, souligne le juriste, qui explique voir actuellement dans son cabinet des projets à plusieurs centaines de millions d’euros, portés notamment par des Américains.Sans oublier qu’à l’heure de la guerre commerciale, un investissement en France “leur permet en cas de riposte de l’Union européenne d’être des deux côtés du système”.”Il ne faut pas perdre de vue les fondamentaux solides de l’économie française”, commente elle aussi Eglé de Richemont, directrice générale de l’AmCham (Chambre de commerce franco-américaine), citant “un écosystème d’innovation dynamique, une main-d’œuvre hautement qualifiée (…) et une position géographique privilégiée au cœur du marché européen”.”Si cette visibilité est rétablie, la France dispose de tous les atouts pour rester un pôle majeur d’investissement pour les entreprises américaines et internationales”, ajoute-t-elle.- “Opportunités” -A la chambre de commerce et d’industrie franco-britannique à Paris, on indique que c’est “business as usual. En venant à Paris, les entreprises britanniques ont une porte d’accès au marché européen”, explique à l’AFP sa directrice générale, Catherine Le Yaouanc.”Nos économies française et britannique sont assez équivalentes, le flux d’échanges entre la France et le Royaume-Uni continue de progresser”, dit-elle: “Nous avons des appels tous les jours d’entreprises britanniques”.Jusqu’à la fin d’année dernière en tout cas, différents rapports soulignaient l’attractivité persistante de la France, malgré les remous. Selon le baromètre du cabinet EY publié en mai, avec 1.025 projets d’investissements l’an dernier, la France est restée en 2024 “pour la sixième année consécutive le pays européen le plus attractif en nombre de projets”, en particulier dans certains secteurs stratégiques comme l’IA ou la défense.Ce baromètre notait toutefois une baisse du nombre de projets (-14% sur un an), et relevait que “les projets étrangers créent en moyenne moins d’emplois qu’ailleurs en Europe.”Pour Nicolas Lioliakis, associé au cabinet Kearney, les investisseurs “reconnaissent que la France a plein d’actifs qui sont parfois orphelins de financement dans beaucoup de secteurs”. Il estime en outre que la stratégie de réindustrialisation poussée par l’exécutif est un signal à destination des investisseurs, “indépendamment des options des différents gouvernements à date”.Toutefois, nuance-t-il, l’économie en France présente plusieurs signaux inquiétants, dont “la réduction de presque 30% de l’investissement privé”.”Aujourd’hui, les évolutions rapides sur le plan politique et institutionnel nourrissent certaines interrogations parmi les investisseurs, soucieux de visibilité et de continuité dans leurs décisions à long terme”, reconnaît Eglé de Richemont.

Accord pour des bateaux moins polluants: vote décisif sous pression américaine

Les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) se prononcent vendredi à Londres sur l’adoption d’un plan ambitieux visant à réduire la pollution des navires marchands, mais les Etats-Unis oeuvrent pour faire basculer le vote.L’adoption de ce texte, déjà approuvé en principe en avril, permettrait au secteur, extrêmement polluant, d’opérer un virage climatique historique en contraignant les navires à réduire progressivement leurs émissions dès 2028, jusqu’à décarbonation totale vers 2050.Le système envisagé “n’est pas parfait”, a reconnu Arsenio Dominguez, le secrétaire général de l’OMI, à l’ouverture du sommet de son organisation mardi. Mais “il fournit une base équilibrée.”Il vise à faire payer aux bateaux une sorte de taxe sur leurs émissions au-delà d’un certain seuil, en vue d’alimenter un fonds récompensant les navires à faibles émissions et soutenant les pays vulnérables au changement climatique.- Mesures de rétorsions -Les pays de l’Union européenne, le Brésil, la Chine, notamment, ont réitéré cette semaine leur soutien à l’adoption de ce “cadre net-zéro” (appelé aussi NZF).Les Etats insulaires du Pacifique, qui s’étaient abstenus en avril, jugeant la mesure insuffisante, ont finalement indiqué qu’ils étaient favorables à son adoption.Mais l’opposition est forte du côté des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite, de la Russie et de nombreux autres pays producteurs de pétrole.Donald Trump a appelé à voter contre ce plan dans un nouveau message sur X jeudi.”Les États-Unis ne toléreront PAS cette arnaque verte mondiale sous forme de taxe sur le transport maritime et ne s’y conformeront d’aucune manière”, a-t-il affirmé. “Nous ne tolérerons pas d’augmentation des prix pour les consommateurs américains NI la création d’une bureaucratie verte pour dépenser VOTRE argent dans leurs rêves écologiques”, a poursuivi le président américain. Les Etats-Unis vont jusqu’à menacer les délégations qui voteraient pour le projet, avec des restrictions de visas pour les membres de leurs équipages, “des pénalités commerciales” ou “des frais portuaires supplémentaires”.Les pressions américaines pourraient affecter des “pays malheureusement plus sensibles à l’influence américaine et qui seraient touchés par ces rétorsions”, a reconnu une source européenne auprès de l’AFP.- Coup de théâtre -L’Argentine, qui s’était abstenue en avril, devrait ainsi s’opposer au NZF.D’autres pays comme les Philippines qui fournissent le premier contingent mondial de travailleurs du secteur, ou les îles des Caraïbes, dépendantes économiquement des croisières américaines, pourraient aussi faire évoluer leur position.Le vote pourrait donc être très serré, d’autant que les Etats-Unis ont préconisé cette semaine, dans un dernier coup de théâtre, de changer ses modalités afin de le faire capoter.Les nouvelles réglementations de l’OMI sont habituellement considérées comme acceptées sauf si un tiers de ses 176 membres (ou alors l’équivalent de la moitié de la flotte marchande mondiale) déclare s’y opposer – un processus connu sous le nom d'”acceptation tacite”.Washington propose pour sa part une “acceptation explicite”, qui inverserait les rôles et nécessiterait que deux tiers des nations optent officiellement pour l’adoption.Ce changement de procédure, dans laquelle pèsent les abstentionnistes, doit être examiné vendredi par l’OMI.Les principales associations et organisations maritimes se sont pour leur part déclarées favorables à l’adoption du NZF, dans un souci de lisibilité réglementaire.

Pauvre et exposé aux chocs climatiques: la double peine pour près de 900 millions de personnes

Près de 80% des pauvres dans le monde, soit près de 900 millions de personnes, sont en plus directement exposés à des aléas climatiques renforcés par le réchauffement de la planète, un “double fardeau” sur lequel alerte l’ONU vendredi.Canicule, sécheresses, inondations… “Personne n’est épargné par les impacts de plus en plus forts et fréquents du changement climatique (…), mais les plus pauvres d’entre nous sont le plus durement touchés”, commente Haoliang Xu, patron par intérim du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).Alors la COP30 au Brésil en novembre “doit être l’occasion pour les dirigeants mondiaux de considérer l’action climatique comme une action contre la pauvreté”, dit-il dans une déclaration écrite à l’AFP.Le PNUD et le centre de recherche Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain (OPHI) publient chaque année l’Indice mondial de pauvreté multidimensionnelle, qui brasse désormais des données de 109 pays où vivent 6,3 milliards de personnes.Cet indice prend en compte des indicateurs comme la malnutrition, la mortalité infantile, mais aussi le manque de logements adéquats, de systèmes d’assainissement, d’électricité, ou d’accès à l’éducation.Selon leurs conclusions, 1,1 milliard de personnes vivaient en 2024 dans une pauvreté multidimensionnelle “aiguë”, dont la moitié de mineurs.Les chiffres, similaires à ceux de l’année précédente, témoignent également d’une tendance à la stagnation de cette pauvreté multidimensionnelle, illustrée dans le rapport par la famille de Ricardo.Membre de la communauté indigène guarani, il vit à Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie, avec sa femme, ses trois enfants, ses parents, sa soeur divorcée et ses enfants. Au total 19 personnes, un seul petit logement, une seule salle de bain, des revenus rares, une cuisine au bois et au charbon, aucun enfant scolarisé.- Les 4 en une seule année -Deux régions sont particulièrement touchées par cette pauvreté: l’Afrique sub-saharienne (565 millions de pauvres) et l’Asie du Sud (390 millions), en outre très vulnérables aux impacts du changement climatique.Dans ce contexte, à quelques semaines de la COP30, le PNUD et l’OPHI ont voulu cette année mettre en lumière le “chevauchement” entre cette pauvreté et l’exposition à quatre risques environnementaux : chaleur extrême (au moins 30 jours dépassant 35°C), sécheresse, inondations et pollution de l’air (concentration de particules fines). Résultat, 78,8% de ces populations pauvres (887 millions de personnes) sont exposés directement à au moins une de ces menaces, avec la chaleur extrême arrivant en tête (608 millions), devant la pollution (577), les inondations (465) et la sécheresse (207).651 millions sont exposés à au moins deux des risques, 309 millions à trois ou quatre risques, et 11 millions ont même déjà subi les quatre en une seule année.”La concomitance de la pauvreté et des aléas climatiques est clairement un problème mondial”, insiste le rapport.Et la multiplication des événements climatiques extrêmes menace les progrès de développement. Ainsi, l’Asie du Sud a prouvé son “succès” en matière de lutte contre la pauvreté mais, avec 99,1% de sa population pauvre exposée à au moins un aléa climatique, la région “doit une fois encore tracer un nouveau chemin, équilibrant réduction déterminée de la pauvreté et action climatique innovante”.Alors que le climat actuel est réchauffé d’environ 1,4°C déjà par rapport au XIXe siècle, la situation risque encore de s’aggraver et les projections estiment par exemple que les pays les plus pauvres aujourd’hui sont ceux qui seront le plus frappés par l’augmentation des températures.”Face à ces pressions qui se chevauchent, il faut donner la priorité à la fois aux populations et à la planète, et surtout passer de la description à l’action rapide”, plaide le rapport.”Aligner réduction de la pauvreté, baisse des émissions, adaptation aux impacts et restauration des écosystèmes permet l’émergence et le développement de communautés résilientes, sans laisser personne au bord de la route, en particulier ceux en première ligne dans un monde qui se réchauffe”. 

Les grandes banques américaines ne sont plus tenues de jauger le risque climatique

Les grandes banques américaines ne sont plus tenues de porter une attention particulière aux risques liés au changement climatique qui pèsent sur leur activité, ont annoncé jeudi les agences de régulation des Etats-Unis, dont la Fed.”Bon débarras”, a commenté en deux mots un des responsables de la banque centrale des Etats-Unis, le gouverneur Christopher Waller, dans un communiqué.M. Waller est l’une des personnes pressenties pour prendre la tête de l’institution quand le mandat de Jerome Powell s’achèvera, au printemps prochain. Il doit pour cela être désigné par le président américain Donald Trump, climatosceptique assumé.En octobre 2023, une série de recommandations avaient été publiées pour que les banques se penchent sur les risques climatiques qui peuvent faire vaciller leur activité. La multiplication, par exemple, des incendies, inondations ou ouragans dévastateurs représentent un coût assurantiel élevé.Ces recommandations avaient été adressées aux banques ayant plus de 100 milliards de dollars d’actifs.- “Courte vue” -Les agences de régulation américaines “estiment que les principes de gestion des risques financiers liés au climat ne sont pas nécessaires, car les normes de sécurité et de robustesse existantes imposent à toutes les institutions supervisées de mettre en place une gestion des risques efficace, adaptée à leur taille, à leur complexité et à leurs activités”, selon leur communiqué commun.”En outre, toutes les institutions supervisées sont tenues d’examiner et de traiter de manière appropriée tous les risques financiers importants et doivent être résilientes face à toute une série de risques, y compris les risques émergents”, est-il ajouté. Dans le détail, au conseil des gouverneurs de la Fed, cinq membres ont voté pour le retrait des recommandations, une s’est abstenue (la gouverneure Lisa Cook) et un a voté contre. Il s’agit de Michael Barr, l’ancien vice-président de la Fed chargé de la régulation bancaire qui avait porté ce changement, et avait annoncé sa démission de ce poste quelques jours avant le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier. Il est resté gouverneur.Dans un communiqué séparé, M. Barr a regretté une décision “de courte vue qui rendra le système financier plus risqué alors même que les risques financiers liés au climat augmentent”.Sa remplaçante, Michelle Bowman, avait fait part de ses fortes réserves.”Ces directives ont eu pour effet de semer la confusion quant aux attentes des autorités de surveillance et d’augmenter les coûts et les charges liés à la conformité, sans améliorer de manière proportionnelle la sécurité et la robustesse des institutions financières ni la stabilité financière des États-Unis”, a-t-elle soutenu dans son propre communiqué.

USA: début des délibérations au procès de BNP Paribas lié aux violences au Soudan

Le jury d’un tribunal civil fédéral de New York a commencé jeudi ses délibérations pour décider si le groupe bancaire français BNP Paribas a contribué à des exactions au Soudan, en facilitant des échanges commerciaux dont les recettes auraient financé l’armée et les milices du régime d’Omar el-Béchir.Le procès, commencé le 9 septembre devant huit jurés, a été intenté par trois Soudanais – deux hommes et une femme sans relation familiale -, désormais citoyens américains.Ils ont raconté avoir été emprisonnés, torturés, battus, brûlés avec des cigarettes, lacérés au couteau, violée pour l’une, par des soldats soudanais et des miliciens Janjawid – déployée et équipée par Khartoum – tandis que leurs biens étaient volés ou détruits.Les plaidoiries finales se sont déroulées jeudi matin, suivies par une mise au point du juge Alvin Hellerstein avant le début des délibérations du jury.”Cette affaire très importante a révélé le secret qu’une banque internationale, BNP Paribas, a secouru, protégé, alimenté et soutenu illégalement l’économie d’un dictateur”, a lancé jeudi David DiCello, un avocat des plaignants.Elle a “soutenu un nettoyage ethnique et anéanti l’existence” des plaignants, a-t-il poursuivi. BNP Paribas n’est pas l’unique cause de cette situation, mais “c’est l’une des raisons”.La banque française, active au Soudan de la fin des années 1990 à 2009, a fourni des lettres de crédit dans le cadre de contrats commerciaux (import-export). En cas de défaut de l’acheteur – ce qui n’est jamais arrivé, d’après elle -, le vendeur était sûr d’avoir son argent.Les plaignants considèrent qu’en permettant au régime soudanais de commercer et, donc, d’engranger des milliards de dollars de devises étrangères, la banque a contribué à la violence du régime contre une partie de sa population.Mais, pour la défense, les plaignants n’ont pas prouvé la responsabilité de BNP Paribas.Barry Berke, un avocat du groupe français, a affirmé jeudi que les plaignants auraient subi les mêmes souffrances si BNP Paribas n’avait pas été au Soudan, qui aurait vendu son pétrole sans la banque. Même sans pétrole et sans BNP Paribas, le régime aurait violé les droits humains, a soutenu l’avocat.Détaillant, chronologies à l’appui, les conflits internes depuis l’indépendance du Soudan en 1956 jusqu’à aujourd’hui, M. Berke a souligné que les opérations incriminées étaient autorisées en Europe et que des instances internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) collaboraient avec le pays.Selon les Nations unies, entre 2002 à 2008, la guerre a fait 300.000 morts au Darfour (ouest du Soudan) et près de 2,5 millions de déplacés.Béchir, qui a dirigé le Soudan d’une main de fer pendant trois décennies, a été destitué en 2019 et est recherché par la Cour pénale internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Wall Street termine en baisse, minée par les banques régionales et la Chine

La Bourse de New York s’est repliée jeudi, s’inquiétant quelque peu de la stabilité financière des banques régionales américaines, mais aussi de l’avenir des relations commerciales américaines avec la Chine.Le Dow Jones a perdu 0,65%, l’indice Nasdaq a reculé de 0,47% et l’indice élargi S&P 500, de 0,63%.”On observe un début d’inquiétude lié à l’activité de prêts (…) et la faiblesse se concentre autour des banques régionales”, explique auprès de l’AFP Angelo Kourkafas, d’Edward Jones.Zions Bancorporation a chuté (-13,14% à 46,93 dollars) après avoir annoncé une perte considérable liée à deux prêts sur sa filiale californienne.Western Alliance a également glissé (-10,88% à 70,26 dollars) après avoir déclaré être confrontée à un emprunteur frauduleux.Le reste du secteur financier, qui avait pourtant brillé en début de semaine grâce à de bons résultats trimestriels, a aussi terminé dans le rouge, à l’instar de Bank of America (-3,52%), JPMorgan Chase (-2,24%) ou encore Wells Fargo (-2,86%).”Il est probablement trop tôt pour que cela s’étende à l’ensemble de l’économie (…) mais tant que nous n’aurons pas davantage de précisions, les marchés adopteront une approche prudente”, souligne M. Kourkafas.”Les investisseurs ont parfois tendance à tirer des conclusions hâtives”, abonde auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.La place américaine se montre également prudente face aux tensions commerciales entre Pékin et Washington “qui créent de nombreuses incertitudes”, note Angelo Kourkafas.Le ministre américain des Finances Scott Bessent a affirmé mercredi que, selon ses informations, Donald Trump comptait toujours rencontrer prochainement son homologue chinois. Mais le président américain semble souffler le chaud et le froid sur Pékin.Dans le même temps, depuis le 1er octobre, les républicains de Donald Trump et l’opposition démocrate sont dans l’impasse au Congrès, incapables de s’entendre sur un nouveau budget.L’Etat fédéral se trouve depuis lors en état de paralysie (“shutdown”), ce qui inquiète aussi les marchés, avance M. Kourkafas.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement à échéance dix ans des emprunts de l’Etat américain se détendait nettement, à 3,97% vers 20H30 GMT contre 4,03% la veille en clôture.Le deux ans, plus sensible à la conjoncture économique, s’établissait à 3,41% contre 3,50%.L’indice de volatilité Vix, surnommé indice de la peur, qui mesure la nervosité des investisseurs sur le marché, a quant à lui progressé de plus de 20%.Côté entreprises, les investisseurs ont salué en début de séance les performances trimestrielles du géant taïwanais des semi-conducteurs TSMC, avant que le titre ne bascule dans le rouge (-1,56% à 299,97 dollars).Le groupe a annoncé de nouveaux résultats trimestriels mirobolants, porté par la demande grandissante en puces pour l’intelligence artificielle (IA).La compagnie aérienne américaine United Airlines a aussi terminé en berne (-5,63% à 98,19 dollars) malgré un chiffre d’affaires en progression au troisième trimestre grâce à une fréquentation soutenue.Le directeur général de l’entreprise Scott Kirby, a averti jeudi qu’un prolongement de la crise budgétaire américaine pourrait diminuer la fréquentation dans l’aviation commerciale.L’éditeur de logiciels américain Salesforce a été recherché (+3,94% à 245,89 dollars) après avoir annoncé qu’il prévoyait un chiffre d’affaires supérieur à 60 milliards de dollars en 2030, soit plus qu’anticipé par le marché.

Procès Casino: détention à domicile requise contre l’ex-PDG Jean-Charles Naouri

Une peine de quatre ans d’emprisonnement dont trois avec sursis et aménagement de la partie ferme ainsi que 2 millions d’euros d’amende a été réclamée jeudi contre l’ex-PDG de Casino Jean-Charles Naouri pour manipulation de cours et corruption.Le parquet national financier (PNF) a également requis 75 millions d’euros d’amende contre la société Casino en tant que personne morale.Reprise depuis 2024 dans l’escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, l’enseigne a déploré des réquisitions “disproportionnées”, faisant valoir que “le Nouveau Casino n’a plus rien à voir ni par sa taille, ni par sa situation financière ou sa gouvernance, avec celui qu’il était à l’époque des faits”.Mais c’est surtout envers le patron de presse Nicolas Miguet que les procureurs ont été les plus sévères: quatre ans d’emprisonnement avec exécution immédiate et 850.000 euros d’amende à titre personnel requis, ainsi que 1.500.000 euros d’amende pour ses diverses sociétés.M. Miguet, qui s’est forgé une réputation sulfureuse dans les milieux du boursicotage – il a déjà été condamné à plusieurs reprises pour des faits comparables -, avait conclu une “convention” supposément de “conseil” avec le groupe de grande distribution, pour 823.000 euros de rémunération en neuf mois.Or, “la convention de conseil est à la délinquance en col blanc ce que la valise de billets est au blanchiment de trafic de stupéfiants”, ont ironisé les deux représentants du parquet lors de leurs réquisitions de plus de cinq heures, après déjà huit journées de débat.Jean-Charles Naouri avait accepté de rencontrer Nicolas Miguet en septembre 2018, au moment même où l’action Casino décrochait en Bourse. Vingt-quatre heures plus tard, le contrat était signé.Presque une coïncidence, avaient assuré les deux prévenus à la barre, se bornant à résumer les “conseils” par la création d’un club d’actionnaires – jamais réalisé – ou dynamiser les assemblées générales – sans résultat probant.L’objet de la rencontre et de l’accord, pour l’accusation, est tout autre: “Il y a un stress maximum à la tête de Casino, presque de désespoir: Jean-Charles Naouri sait que son image, sa fortune, sont susceptibles de s’écrouler”, le magnat des supermarchés étant convaincu de faire l’objet d’une attaque imminente et hostile du groupe Carrefour. “Ce qui n’est pas l’objet de ce procès”, a pris soin de balayer le ministère public.”L’intérêt pour Jean-Charles Naouri, c’est de défendre le cours de Casino. Celui de Nicolas Miguet, c’est d’augmenter son chiffre d’affaires: il a gagné à cette période 10.000 abonnés”, rappellent les procureurs.Car M. Miguet dispose de diverses lettres boursières et d’un service Audiotel, dans lesquels il prodigue des conseils boursiers. En l’espèce, durant la période: “acheter, racheter, conserver les actions Casino”.”Ils ont fait des petits porteurs de la simple chair à canon”, ont tonné les deux procureurs, alors que, quelques heures plus tôt, l’avocat d’un agriculteur du Nord rappelait que son client avait “acheté 44.000 actions Casino d’une quarantaine d’euros chacun; cinq ans plus tard, elles valent 0,46 euro”.- “Du grand art!” -Et si “Jean-Claude Naouri avait décidé de tendre un piège à Carrefour”, tous les mis en cause “ont un objectif commun: sauver coûte que coûte le cours de Casino, y compris par des moyens illégaux”, répètent encore les deux représentants du PNF.A propos du chef de manipulation de cours par diffusion de fausses informations – selon les procureurs “créées sur mesure pour les besoins de Casino” -, il a notamment été rappelé le “conseil” de M. Miguet de “feuilletonner” le récit de la contre-offensive de Casino et de la supposée remontée de son cours. Réaction par SMS d’un bras droit de Jean-Charles Naouri: “Du grand art!””Dans ce dossier, la manipulation affleure à tous les étages”, tempêtent encore les deux procureurs, en relevant que Nicolas Miguet avait en outre “un intérêt personnel” à soutenir le groupe en difficulté pour détenir 125.000 actions pendant la période de la convention, soit 3 millions d’euros de valeur: “Il s’est donc condamné lui-même à dire du bien de l’action Casino”.Le parquet a par ailleurs réclamé des peines de deux à trois ans d’emprisonnement avec sursis et des amendes de 300.000 à 500.000 euros à l’encontre de trois ex-cadres de Casino.La défense doit plaider à partir de lundi.