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Après un incendie sur un site classé Seveso, baignade interdite dans l’étang de Berre

Après un incendie sur un site de traitement de déchets classé Seveso à Rognac, dans les Bouches-du-Rhône, la baignade est interdite au moins jusqu’à mercredi dans l’étang de Berre en raison d’une pollution des eaux.L’incendie s’était déclenché samedi à 19H30 dans les entrepôts de l’entreprise Spur spécialisée dans le traitement de déchets de Rognac, une commune en bordure de l’étang de Berre.Il s’agit d’un site classé Seveso en raison du traitement de déchets dangereux comme des pots de peinture, solvants ou aérosols, selon la préfecture.Dimanche à mi-journée, “les principaux foyers ont été éteints, il reste des foyers secondaires sous surveillance et toujours traités”, indique la préfecture dans un point de situation.Si à ce stade des analyses de l’atmosphère n’ont pas révélé de toxicité, “une pollution de l’étang de Berre est en revanche constatée, causée par les eaux d’extinction de l’incendie qui n’ont pu être contenues par le bassin de rétention de l’exploitant, ajoutent les autorités.Les pompiers procèdent donc “à la pose de barrages pour limiter la pollution” et une évaluation est “réalisée conjointement avec le CEDRE (Centre de Documentation de Recherche et d’Expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) et des analyses par laboratoire des eaux”.En conséquence, la baignade et les activités nautiques “sont interdites par arrêtés préfectoraux jusqu’au mercredi 18 juin sur l’ensemble du rivage de l’étang de Berre”.Dimanche, 80 pompiers et une dizaine de gendarmes restaient mobilisés sur place pour cet incendie qui a nécessité au plus fort du sinistre l’intervention de près de 140 pompiers et 90 engins.La ligne TER entre Miramas et Pas-des-Lanciers a rouvert et le plan particulier d’intervention (PPI) a été désactivé.

Entre G7 et Brics, l’Inde veut porter la voix du “Sud global”

Invitée du G7 qui débute dimanche mais aussi membre fondateur des Brics, l’Inde souhaite porter la voix du “Sud global”, se posant en “passerelle” entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l’AFP.L’Inde n’est pas membre du Groupe des Sept (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada) mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019. “Nous avons été (un pays invité) depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7”, déclare à l’AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, en se félicitant d’avoir “la capacité de travailler avec différents pays, sans qu’aucune relation ne soit exclusive”.Pays le plus peuplé du globe, en passe de devenir la quatrième économie mondiale devant le Japon, l’Inde est assise à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du “Quad” (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec Etats-Unis, Japon, Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l’Iran au sein des Brics et ou du Groupe de Coopération de Shangaï.”Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c’est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues”, fait valoir M. Jaishankar.Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l’Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du “Sud global”, qui réunit “des pays qui ont été victimes de l’ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles”.- “Inégalités” -“Il existe dans les pays du Sud un fort ressentiment face aux inégalités de l’ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie”, explique le ministre, en poste depuis 2019: “Aujourd’hui, pour des pays comme les nôtres – nous sommes la plus grande économie du Sud – il est important de nous exprimer, de mener, (..) de faire sentir notre présence”.Cette voix passe aussi par les Brics, devenue “l’une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non-occidentaux”, dont les chefs d’Etat se réuniront en juillet.Partisan de “négociations directes” pour résoudre la guerre entre Ukraine et Russie, qui a frappé durement les pays du “Sud” (prix de l’énergie, des céréales, des fertilisants…), M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales: “Ca n’a pas vraiment marché jusqu’à présent, non?”.Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l’Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions dites “secondaires” contre Moscou, souhaitées par les Européens et une partie du Sénat américain, et prévoyant des droits de douane accrus contre les pays importateurs d’hydrocarbures et matières premières russes.”L’économie mondiale est actuellement sous tension (…). Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes”.- “Equilibre” avec la Chine – Dans l’ordre mondial actuel, l’Inde doit composer avec la “discontinuité” posée par Donald Trump, dirigeant “très nationaliste qui place les intérêts de son pays au premier plan” et qui a notamment décrété une hausse de 26% des droits de douane contre elle.Des négociations en cours sur le sujet ont “bien avancé”, estime cet ancien ambassadeur aux Etats-Unis (2013-2015).L’Inde doit également chercher “un équilibre” avec la Chine, autre géant du continent avec qui elle nourrit un conflit frontalier dans l’Himalaya et rival dans la zone Indo-Pacifique, estime-t-il: “Là où nous devons être forts et fermes, nous le serons. Là où nous devons forger une relation stable, nous sommes prêts à le faire”.Pékin est un soutien de son voisin, le Pakistan, que New Delhi accuse de soutenir les activités de “terroristes” islamistes sur son sol.Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien ayant fait 26 morts, la plupart hindous, a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une “riposte ferme” à toute nouvelle attaque “terroriste”, renforçant le spectre d’une escalade entre les deux puissances nucléaires. “En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts, ndlr) et nous avons commis l’erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d’un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons”.Mais dans la confrontation du mois de mai, l’Inde n’a jamais envisagé de recourir à l’arme nucléaire, assure-t-il: “Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées et qui ne comprenaient pas ce qui se passait”.

Pratt & Whitney : un moteur clé au cœur des tensions aériennes

Plusieurs centaines d’avions cloués au sol et des coûts colossaux pour les compagnies: les moteurs de l’américain Pratt & Whitney qui équipent notamment des monocouloirs d’Airbus progressent vers une meilleure durabilité, mais restent une épine dans le pied de l’industrie aéronautique.Air Baltic, pionnier en 2016, avec le premier A220 équipé de ce moteur GTF, “a probablement subi le plus de problèmes”, confiait à l’AFP au printemps Martin Gauss, PDG de la compagnie exploitant 50 A220, qui a dû démissionner en avril.   L’une des raisons de son éviction évoquée par la presse: de mauvais résultats 2024 à cause des annulations massives de vols liées aux problèmes de Pratt. Pour cet été, 16 moteurs vont manquer à la compagnie au pic de l’activité, soit huit avions, avait-il alors précisé. Elle a dû prendre trois avions en location pour compenser cette pénurie, mais ne pourra “pas utiliser toute sa flotte”. Les premiers moteurs devaient être déposés pour maintenance au bout de 150-200 heures de vol, se souvient Martin Gauss. Aujourd’hui ils durent environ 4.000 heures, soit plus d’un an, avec comme prochain objectif 10.000 heures.La durabilité de son principal concurrent, le moteur Leap de CFM (coentreprise de Safran et GE), se situe entre 10.000 et 12 .000 heures en moyenne, et 18.000 pour les plus performants.- Solution en 2026 ? -Chez Air France, qui a commencé à exploiter ses A220 il y a moins de trois ans, six appareils ont été cloués au sol en 2024, a déclaré à l’AFP Gery Montreux, directeur général adjoint chargé de la maintenance. “On reçoit au fur et à mesure nos A220 tout neufs et Pratt nous indique que les problèmes qu’on rencontre devraient être réglés probablement avec une solution finale qui nous sera livrée en 2026”, ajoute-t-il. Interrogé par l’AFP, RTX (ex-Raytheon), maison mère de Pratt & Whitney, assure que “les moteurs livrés aujourd’hui sont considérablement améliorés” et leurs “intervalles d’utilisation sont plus de deux fois supérieurs à ceux des configurations antérieures”. “Nous continuons d’investir pour améliorer leur durabilité (…) dans le cadre de nos efforts pour résoudre les problèmes connus”, ajoute RTX.En attendant Air France “est en contact permanent” avec Pratt & Whitney pour obtenir des solutions aux problèmes de conception, mais aussi plus de moteurs de rechange. La compagnie française évoque deux problèmes majeurs : d’abord, dans la chambre de combustion, où les trous de refroidissement ne génèrent pas un flux suffisant, ce qui entraîne des microfissures. Le moteur doit alors être déposé pour permettre le remplacement complet de cette chambre.Autre talon d’Achille: le palier 4, une pièce cruciale enfouie au coeur du moteur. S’il fuit, cela peut provoquer une surchauffe et sa réparation impose un démontage complet du moteur. – Eficaces mais “sensibles” -“Les fabricants de moteurs ont été particulièrement mauvais”, a déclaré à l’AFP en décembre Willie Walsh, directeur général de l’Association internationale du transport aérien (Iata), selon qui “environ 700 avions sont cloués au sol” à cause des problèmes moteur, notamment du GTF de Pratt. “La robustesse de ces moteurs n’est pas à la hauteur des espérances”, ajoute le responsable interrogé par l’AFP. Selon une étude du cabinet de conseil international AlixPartners présentée avant le salon du Bourget qui s’ouvre lundi, le problème des moteurs Pratt a toujours des répercussions “majeures” sur l’écosystème aérien, faisant subir des coûts aux compagnies qui achètent ou louent beaucoup d’avions équipés de ces moteurs, qui ont l’avantage de consommer 15 à 20% moins de carburant.Le problème du Pratt a “certainement freiné un peu les ventes de A220”, explique à l’AFP un connaisseur du dossier. L’avionneur européen en a déjà vendu 400 et en a encore 500 à livrer. “Le problème fondamental, c’est qu’on a raccourci les temps de développement pour entrer dans les calendriers des avionneurs (…) et on se retrouve avec des moteurs plus sensibles”, même s’ils consomment moins de carburant, nuance Jérôme Bouchard, partenaire chez Oliver Wyman, interrogé par l’AFP. Ce qui change la donne pour les compagnies qui étaient habituées dans les années 2000-2010 “à des moteurs peut-être un peu moins performants, mais robustes”. 

Feu éteint sur un site classé Seveso dans les Bouches-du-Rhône

Le feu qui s’était déclaré sur un site de traitement de déchets classé Seveso à Rognac, dans les Bouches-du-Rhône, est désormais éteint, selon la préfecture qui n’a pas relevé de toxicité dans l’air mais une pollution dans l’étang de Berre.L’incendie s’était déclenché samedi à 19H30 dans les entrepôts de l’entreprise Spur spécialisée dans le traitement de déchets de Rognac, une commune en bordure de l’étang de Berre.”Le dernier foyer résiduel a été traité et est désormais éteint”, indique la préfecture dans un point dimanche matin qui précise que cinq personnes ont été légèrement blessées par le sinistre.”De nouvelles analyses de l’atmosphère ont été effectuées et ne révèlent aucune toxicité. En revanche, une pollution de l’étang de Berre est constatée, causée par les eaux d’extinction de l’incendie qui n’ont pu être contenues par le bassin de rétention de l’exploitant, ajoutent les autorités.Il s’agit d’un site classé Seveso en raison du traitement de déchets dangereux comme des pots de peinture, solvants ou aérosols, a précisé la préfecture à la presse.Dimanche matin, 80 pompiers et une dizaine de gendarmes restaient mobilisés sur place pour cet incendie qui a nécessité l’intervention de près de 140 pompiers et 90 engins.La ligne TER entre Miramas et Pas-des-Lanciers a rouvert et le plan particulier d’intervention (PPI) a été désactivé.

Matcha latte contre café crème: le boom des “coffee shops” en France

Avec leur déco soignée, japonisante, rétro ou minimaliste, et leur carte haut de gamme où le “latte” est roi, les “coffee shops” fleurissent partout en France, au point de faire de l’ombre aux traditionnels cafés.Un “coffee shop” ouvre chaque semaine en France, selon Collectif café, fédération française du café de spécialité, le pays comptant plus de 3.500 points de vente pour un chiffre d’affaires de 321 millions d’euros.Le cabinet Xerfi évalue de son côté le marché à 750 millions d’euros (incluant Starbucks) pour plus de 2000 points de vente.Selon la fédération, depuis 2010, ces enseignes – indépendantes pour 85% – ont augmenté de 74% et les ventes y ont bondi de 140%. Devanture noire épurée dans une rue commerçante du centre de Paris, le Café Madam a longtemps été seul sur ce créneau mais “depuis deux ans plusieurs se sont installés” non loin, explique sa fondatrice, Jennifer Naklé, 35 ans. Mais “il y a tellement de demande qu’on ne ressent pas de manque d’activité”, assure-t-elle.”Au départ, on faisait 10% de boissons à emporter, aujourd’hui c’est 80%” de l’activité et le chiffre d’affaires a “doublé” en 13 ans d’existence.Dans le sillage des géants américains Starbucks et McCafé, enseigne de McDonald’s, la chaîne française Columbus Café ouvre en moyenne 25 coffee shops chaque année, et va passer le cap des 250 points de vente.”Quand on voit la crise que connait le secteur de la restauration, on peut dire que le concept de coffee shop se défend mieux”, estime Frédéric Pastur, directeur général France de Colombus Café.”Les Français ont été habitués à consommer +coffee shop+, avec une consommation tout au long de la journée, à emporter dans des gobelets, une paille … Ce n’est plus seulement le café traditionnel du matin mais des boissons gourmandes, chaudes, froides, lactées, avec de moins en moins de café dedans”, explique-t-il à l’AFP.Ces enseignes “jouent à fond sur la profondeur de l’offre”, avec de nombreuses boissons à la carte, loin du “p’tit noir au comptoir”, abonde François Blouin, du cabinet Food Service Vision. “Le multiple entre le coût et le prix de vente du café est assez élevé”, ce qui les rend très rentables, à condition de créer suffisamment de volume, explique-t-il. – Avoine et collagène -Sur une étagère du Café Madam, une ribambelle de poudres colorées : rose pour le “pink latte betterave”, noire du “charcoal latte” (au charbon actif), jaune du “golden latte” au curcuma et la verte du “matcha latte”, poudre de thé incontournable des coffee shops, qui constitue la moitié des boissons commandées, énumère la gérante. Ces produits reviennent plus cher que le café –  30 centimes pour un shot d’expresso contre “facilement 90 centimes pour une dose de matcha”-  explique Jennifer Naklé, qui doit le répercuter sur le prix de vente. Mais les clients, principalement jeunes adultes, “sont prêts à payer si le contenu suit”, assure-t-elle, à l’image de la “boisson phare du moment”, le “latte glow”, à base de café, lait d’avoine et collagène (supposé améliorer élasticité de la peau) qu’elle facture 8 euros. Si la carte est variée, elle reste très standardisée, dictée par les tendances des réseaux sociaux, au point de faire craindre une pénurie de matcha, produit au Japon.”J’ai testé la nouvelle boisson qui fait fureur” et “c’était trop bon”, raconte à ses 1.800 abonnés sur Instagram Elise, 23 ans, un gobelet d'”ube latte” à la main (boisson violette à base d’un tubercule philippin mélangé à de la vanille et du lait végétal). “Avec le matcha ou l’ube, il y a un côté expérience, le moment va durer longtemps, pas comme un expresso”, explique-t-elle à l’AFP. Elle apprécie aussi “l’esthétique” de ces boissons, voir que “le barista y a mis du cÅ“ur”. Une esthétique qui fait que de plus en plus d’influenceurs, et surtout d’influenceuses, ouvrent leur coffee shop : Rosa Bonheur à Lille, Natoo ou Laura Hannoun à Paris.”Il y a une vague en ce moment, on fera les comptes dans quelques mois ou quelques années entre ceux qui ont réussi à comprendre ce métier (…) et les points de vente éphémères qui s’arrêteront”, souligne François Blouin.”Dans un environnement ultra-concurrentiel où plus de la moitié des entreprises sont en perte, une rationalisation du parc semble inéluctable à moyen terme”, prévoit pour sa part le cabinet Xerfi.

Macron veut apporter un message de soutien au Groenland face aux visées de Trump

Le président français Emmanuel Macron se rend dimanche au Groenland porteur d’un message de “solidarité” pour ce territoire autonome du Danemark convoité par Donald Trump et en proie à une fonte des glaces accélérée.Il est le premier chef d’Etat étranger à mettre le pied sur ce territoire, grand comme quatre fois la France et couvert à 80% de glace, depuis les menaces d’annexion de Donald Trump.Le président américain, invoquant des raisons de “sécurité internationale”, ambitionne de mettre la main sur cette île, la plus grande du monde, riche en métaux rares, par tous les moyens, y compris militaires s’il le faut.”Le Groenland n’est pas à prendre”, non à la “prédation”, a d’ores et déjà répliqué Emmanuel Macron, même si l’Elysée réfute toute “dimension personnelle” dans ce déplacement.Attendu à 11H30 locales (12H30 GMT) à Nuuk, la capitale groenlandaise, il se rendra successivement sur un glacier, dans une centrale hydroélectrique et à bord d’une frégate danoise.Trois séquences pour trois messages: le soutien européen à “la souveraineté et l’intégrité territoriale” du Groenland, à son développement économique et la mobilisation contre la “fonte alarmante des glaciers”, indique l’Elysée.Le chef de l’Etat sera accompagné par la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, qui se félicite de ce “témoignage concret de l’unité européenne”, et par le chef du gouvernement groenlandais, Jens-Frederik Nielsen.Il s’y rend à “leur invitation” et sa venue constitue “un signal en soi”, “à leur demande”, insiste l’Elysée.- “Pas du bon travail” -Un accueil qui tranche avec celui réservé au vice-président américain JD Vance le 28 mars. Ce dernier avait dû se cantonner à la base militaire américaine de Pituffik, sur la côte nord-ouest du Groenland, face au tollé suscité par sa venue.La population – 57.000 habitants -, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine. Le Danemark martèle aussi que le Groenland “n’est pas à vendre”.JD Vance avait accusé lors de sa visite le Danemark de n’avoir “pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, notamment en matière économique, et “pas bien assuré sa sécurité”.La base de Pituffik, qui se situe sur la trajectoire la plus courte des missiles entre la Russie et les États-Unis, constitue un maillon crucial de la défense antimissile américaine.L’Arctique devient aussi un enjeu de sécurité dans la course aux terre rares et aux nouvelles routes maritimes rendues possibles par le réchauffement climatique.Face aux visées de tous bords, le Danemark a annoncé qu’il allait consacrer deux milliards d’euros au renforcement de la sécurité dans l’Arctique.L’Otan va de son côté installer un Centre de commandement et de contrôle des opérations aériennes (Caoc) en Norvège, au-dessus du cercle polaire, alors que la Russie cherche à conforter sa puissance militaire dans la région.- Mont Nunatarsuaq -Quelques jours avant la visite présidentielle, deux bâtiments de la marine française ont longé le Groenland en direction du grand nord afin de se familiariser avec les opérations en zone arctique.Emmanuel Macron va également se rendre compte par lui-même de l’impact grandissant du réchauffement climatique sur un glacier du mont Nunatarsuaq, à une trentaine de kilomètres de Nuuk.La glace a fondu 17 fois plus vite que la moyenne historique entre le 15 et le 21 mai au Groenland, résultat d’une vague de chaleur record.La France entend “réinvestir massivement dans les connaissances de ces écosystèmes”, dans la tradition de l’explorateur Paul-Emile Victor, qui effectua de multiples expéditions sur l’île, souligne l’Elysée. Les autorités groenlandaises ont récemment classé son refuge, le “camp de base des Expéditions polaires françaises” construit en 1950 dans la baie de Quervain (nord), comme bâtiment historique.A la centrale hydrolélectrique de Buksefjorden, située 600 mètres à l’intérieur d’une montagne et financée par l’Union européenne, les trois dirigeants aborderont les enjeux de décarbonation et de fourniture d’énergie pour le développement de l’île.Contrairement au Danemark, le Groenland ne fait pas partie de l’Union européenne mais est inscrit sur la liste des territoires d’Outre-mer associés à l’UE. “Ce sera l’occasion d’évoquer la meilleure architecture possible, la meilleure place possible ou le meilleur schéma de coopération possible entre l’Union européenne et le Groenland”, relève l’Elysée.

Inflation et pénuries : la Bolivie au bord de l’asphyxie

Encore une fois, Sonia, une mère célibataire de 40 ans, repart bredouille. Depuis l’aube, elle faisait la queue devant un supermarché d’État de La Paz pour tenter d’acheter des produits devenus inaccessibles dans un pays plongé dans une grave crise économique.”Je dois travailler pour mes six enfants. Et venir faire cette queue en plus, je n’y arrive pas”, dit-elle avec lassitude en repartant les mains vides. Emmitouflée dans plusieurs couches de vêtements face au froid mordant, elle refuse de donner son nom.  La crise économique, causée par une pénurie de dollars et des dépenses publiques excessives, appauvrit depuis l’année dernière la population.Dans le supermarché, qui vend des produits de base à prix contrôlés, certains invectivent le personnel. “Il n’y a pas de riz, pas de sucre, pas d’Å“ufs. Il n’y a plus rien”, peste Gisela Vargas, 30 ans. La crise s’est aggravée ces derniers jours avec le blocage de routes par les partisans de l’ancien président Evo Morales. Ils réclament la démission du président Luis Arce, qu’ils tiennent pour responsable du marasme et accusent d’avoir écarté leur leader de l’élection présidentielle du 17 août.- “Précipice” -Les barrages empêchent notamment la circulation des marchandises. Des heurts avec la police, qui tente de déloger les protestataires, ont fait cinq morts, dont quatre policiers, selon un dernier bilan du gouvernement jeudi. Dans la longue queue pour accéder à un autre entrepôt d’Etat de la capitale administrative, Rocio Perez, une retraitée de 65 ans, explique vivre avec ses enfants et petits-enfants et avoir du mal à joindre les deux bouts. “Nous n’avons jamais pensé que la situation pourrait en arriver là, à devoir faire la queue pour des aliments ou du papier hygiénique. Nous sommes au bord du précipice,” dit-elle à l’AFP.”En termes de pouvoir d’achat, les salaires se détériorent très fortement” avec l’inflation, explique José Luis Evia, économiste et ancien membre du conseil d’administration de la Banque centrale de Bolivie. Ces dernières années, la chute des exportations de gaz bolivien a fortement réduit les entrées de devises dans le pays andin, dont le gouvernement a besoin pour importer du carburant revendu ensuite à prix subventionné. Faute de réserves suffisantes, les importations diminuent, provoquant de longues files d’attente aux stations-service. Dans un quartier commerçant, un camion décharge des poulets pour un magasin de gros. Des centaines de personnes forment, là aussi, une lonque queue. Il y a quelques mois, le kilogramme de poulet se vendait pour l’équivalent de 2,6 dollars. Aujourd’hui, il a presque doublé à 5 dollars.Francisca Flores, une vendeuse ambulante de 69 ans du quartier, assure ne plus pouvoir en acheter, expliquant se contenter de plats à base d’oeufs. “Je sors avec mes petits sous (…) et si je ne peux rien” acheter, “eh bien je pars, résignée”, dit-elle. – Hôpitaux à sec -Pour José Luis Evia, le mécontentement social pourrait être un facteur décisif dans une éventuelle défaite de la gauche, au pouvoir depuis presque deux décennies, lors de la présidentielle d’août prochain. “Il y a de plus en plus de consensus pour un changement”, assure-t-il. Le prix des produits importés figure parmi ceux qui ont le plus augmenté, en raison de la hausse du dollar sur le marché parallèle, qui renchérit leur coût pour les importateurs.La mère diabétique de Griselda Ventura, 27 ans, a dû être hospitalisée à La Paz. Dans sa province, à une centaine de kilomètres de là, les médicaments importés dont elle dépend étaient introuvables. Mais même là, l’hôpital peine à lui en fournir, faute de stocks. “Il n’y a même pas une seringue” là-bas, assure Griselda devant une pharmacie.

A l’assaut des rayons de supermarché, des produits hyperprotéinés à l’intérêt limité pour la santé

Yaourts, pâtes, mais aussi fromages, glaces ou saucissons : de plus en plus de versions hyperprotéinés de produits déjà commercialisés envahissent les rayons des grandes surfaces, bénéficiant d’un marketing très poussé malgré leur faible utilité pour la santé.”C’est vraiment une déferlante”, assure Matteo Neri, directeur d’études chez Xerfi. Entre 2020 et 2024, le chiffre d’affaires des produits hyperprotéinés – porté principalement par les yaourts et les skyrs – est passé d’environ 70 à plus de 380 millions d’euros.”C’est assez considérable et la gamme continue de se développer : saucisson Justin Bridou, fromage Babybel, pâtes Carrefour… Il y a un véritable engouement des industriels et des consommateurs”, souligne M. Neri.Auparavant réservée aux grands sportifs et aux enseignes spécialisées, l’alimentation hyperprotéinée s’est largement démocratisée. “Il y a une image très positive des protéines qui sont associées à la puissance, aux muscles, à la vitalité, et on se dit que c’est bon pour la santé”, explique à l’AFP François Mariotti, professeur de nutrition à Agro-Paris Tech.Pourtant, la promesse d’apport en protéines vendue par ces produits n’a pas réellement d’intérêt, relativisent les professionnels de santé.”En France, il n’y a pas de carences en protéines. La quasi-totalité de la population est déjà très au-dessus des recommandations fixées entre 0,8 et 1 gramme de protéines par kilo de poids de corps”, détaille Violette Babocsay, diététicienne.-Marketing “trompeur”-En misant sur une stratégie marketing rodée autour du sport, de la nutrition et de la santé, ces produits attirent, en plus des sportifs, des personnes soucieuses de leur alimentation, en jouant sur l’idée que les protéines permettent de perdre du poids. Mais attention aux fausses promesses. Si les protéines contribuent à faire croître la masse musculaire, elles ne peuvent prétendre “favoriser la satiété” ou “aider à contrôler les sensations de faim”, a tranché l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa).”Et même pour les sportifs, il y a un maximum au-delà duquel il n’est pas utile d’aller, ce n’est pas +plus j’en mange, mieux c’est+”, précise Mme Babocsay.La diététicienne critique également le marketing “presque trompeur” de certaines versions enrichies en protéines – dont la composition est souvent proche de leur version classique.Pour rendre leurs produits plus protéinés, les industriels peuvent soit ajouter une source de protéines ou simplement diminuer le taux de matières grasses, ce qui augmente mécaniquement la proportion de protéines.”Pour la version protéinée du fromage Babybel, il n’y a pas d’ajout de protéines, mais moins de matières grasses”, illustre par exemple la professionnelle. “Il faut vraiment s’intéresser aux valeurs nutritionnelles pour se rendre compte que l’écart en protéines entre les deux versions est finalement très limité”.”La composition de la version protéinée est d’ailleurs quasiment identique à la version allégée, avec un packaging noir d’un côté, et bleu de l’autre”, ironise-t-elle.-Des produits plus chers-Aussi, contrairement aux idées reçues, la mention “protéiné” ne signifie pas que le produit est forcément plus sain. Au contraire, leur composition est parfois encore moins bonne et beaucoup contiennent davantage de sucre, d’additifs ou d’édulcorants…Le Pr Mariotti déplore ainsi “le dévoiement des messages nutritionnels”, utilisés pour promouvoir des produits “mauvais pour la santé”.D’autant que ces produits sont aussi plus chers : “Pour du lait de soja classique, on va être sur 1,85 euro et 4 grammes de protéines pour 100 ml, contre presque 3 euros et seulement 5 grammes de protéines dans une version protéinée”, avertit Violette Babocsay.Le constat est encore plus frappant du côté des yaourts, où des produits déjà riches en protéines comme le petit-suisse coûtent 3,5 euros le kilo, contre 8 euros pour une marque spécialisée.Ainsi, des aliments qui mettent en avant leur aspect protéiné peuvent l’être beaucoup moins que d’autres qui le sont naturellement -comme le filet de dinde-, sans que leur emballage en fasse mention.”Beaucoup de produits, même de simples pains de mie nature, peuvent se déclarer +source de protéines+ selon la réglementation. Ce n’est qu’un choix marketing qui a peu de valeur en réalité”, illustre Elsa Abdoun, journaliste au magazine Que Choisir.Revendiquer des propriétés pour la santé sur la base des teneurs en protéines est donc “tout à fait inadapté”, déplore le Pr Mariotti.”Cela met beaucoup de cacophonie, et ça commence à devenir un vrai problème” pointe-t-il.

Les marchés financiers chahutés par l’escalade militaire au Moyen-Orient

Flambée des prix du pétrole, or qui se rapproche de son record, recul des actions, taux d’intérêt en hausse… Les marchés sont secoués vendredi par l’escalade militaire au Moyen-Orient, provoquée par les frappes aériennes d’Israël contre des infrastructures stratégiques en Iran et la riposte de Téhéran.Après avoir temporairement bondi de plus de 12% dans la nuit, le cours du baril de WTI nord-américain a gagné 7,26% à 72,98 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord a pris quant à lui 7,02% à 74,23 dollars.”Il y a des craintes quant au fait que le conflit ne s’aggrave et n’entraîne des perturbations dans l’approvisionnement en pétrole, étant donné qu’un tiers de l’approvisionnement mondial (…) provient du Moyen-Orient”, relèvent Carsten Fritsch et Barbara Lambrecht, de Commerzbank.Dans ce contexte, les valeurs refuges sont recherchées par les investisseurs. La première d’entre elles, l’or, grimpait ainsi vers 20H40 GMT de 1,43% à 3.434 dollars l’once (31,1 grammes). L’actif évoluait proche de son dernier record de 3.500 dollars l’once, atteint en avril dernier.Côté actions, les Bourses ont accusé le coup: à Wall Street, le Dow Jones a reculé de 1,79%, l’indice Nasdaq a perdu 1,30% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 1,13%.Sur le Vieux Continent, Paris a reculé de 1,04%, Francfort 1,07% et Milan 1,28%. Londres a cédé 0,39%.Les investisseurs “réduisent leur exposition au risque, mais il ne s’agit pas d’une vente de panique”, estime auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.Reste que “lorsque ce type d’événement survient, il y a des craintes de stagflation sur les marchés, mélange de faible croissance et d’inflation provoquée par la hausse des prix des énergies fossiles”, relève Kevin Thozet, membre du comité d’investissement chez Carmignac, interrogé par l’AFP.Les rendements des emprunts d’État grimpaient, les investisseurs estimant que cette “stagflation” compromettrait de futures baisses des taux des grandes banques centrales, alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) se réunit la semaine prochaine. Vers 20H40 GMT, le taux d’intérêt américain à dix ans atteignait ainsi 4,41%, contre 4,36% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, atteignait 2,53%, contre 2,47%.Les investisseurs sont en partie dans “une approche attentiste vis-à-vis de ce qui se passera pendant le week-end parce que la situation est évidemment très instable”, d’autant que “les marchés actions ne sont pas vraiment efficaces pour évaluer le risque géopolitique”, estime Steve Sosnick.Le dollar s’est quelque peu repris face à l’euro, après les frappes d’Israël contre l’Iran.La devise souffre depuis plusieurs mois en raison du désamour des investisseurs envers les actifs américains à cause des menaces protectionnistes de Donald Trump.Vers 20H45 GMT, le billet vert prenait 0,31%, à 1,1548 dollar pour un euro.La devise américaine est “soutenue par une préférence pour des devises plus sûres, malgré des inquiétudes persistantes quant à sa stabilité à long terme”, constate Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill.La monnaie unique européenne souffre du fait que “les Européens sont davantage exposés à une hausse des prix du pétrole, car ils importent la quasi-totalité de leurs hydrocarbures”, explique Kevin Thozet.L’aérien reculeDe nombreuses compagnies ont supprimé ou dérouté des dizaines de vols vendredi après les frappes israéliennes. Israël, l’Iran, mais aussi l’Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien, provoquant l’annulation de nombreux vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou survolant la région.Les groupes du secteur dévissaient donc en Bourse, à l’image de United Airlines (-4,43%), American Airlines (-4,86%) et Delta (-3,76%) à Wall Street. En Europe, Air France-KLM a perdu 4,74%, Lufthansa 2,74% et Easyjet 2,65%.