Colère agricole: sur les derniers barrages, entraide et festivités pour durer

Des fêtes en soirée, Noël qui se prépare sur la chaussée et des citoyens aux fourneaux: l’esprit de camaraderie et “le soutien de la population” entretiennent la mobilisation sur les derniers barrages d’agriculteurs, onze jours après le début du mouvement dans le Sud-Ouest.A Carbonne, au sud de Toulouse, le barrage sur l’A64 a des allures de marché de Noël, avec ses nombreux sapins et ses guirlandes lumineuses accrochées aux barnums.En guise de décorations, les sapins arborent des cartouches vides de lacrymo, ramassées selon les éleveurs aux Bordes-sur-Arize, au pied de la ferme ariégeoise où l’abattage de plus de 200 vaches après la découverte d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a mis le feu aux poudres mi-décembre.”Ici, les gens peuvent exprimer leur mal-être”, confie Jérôme Bayle, figure de la mobilisation agricole de janvier-février 2024 qui avait, elle aussi, débuté à Carbonne.C’est le cas d’un agriculteur de 55 ans, qui vient chaque jour. “Lui, il s’est mis à pleurer, en disant +Sans le barrage, la mobilisation, j’aurais fait une connerie avant Noël et j’aurais pas vu Noël+”, relate M. Bayle.- Prêtres, DJ et moto-cross -Les éleveurs réclament toujours l’arrêt de l’abattage systématique des troupeaux lorsqu’un cas de dermatose est signalé et le rejet de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Ils jurent qu’ils passeront Noël sur l’A64 s’ils n’ont pas gain de cause.Trois prêtres ont même proposé d’y célébrer une messe mercredi soir, selon un responsable agricole de Haute-Garonne.En Gironde, la Coordination rurale (CR33) annonce organiser un “réveillon de Noël façon auberge espagnole” sur l’A63 au sud de Bordeaux, avec une messe également prévue. Le week-end dernier, c’est un DJ qui a posé ses platines sur ce barrage de Cestas, où une fête a été organisée.”Les sympathisants passent, donc ça remonte le moral des troupes”, affirme Ludovic Ducloux, coprésident de la CR33.”Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps. Mais pas tous les soirs non plus. Il faut pas qu’il y n’ait pas de débordements et que ça reste bon enfant”, résume à l’AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu’un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l’autoroute.- “Vraiment jusqu’au bout” -A l’image de leurs confrères de Carbonne, Cestas ou encore Baraqueville (Aveyron), certains agriculteurs qui bloquent l’A64 à Briscous (Pyrénées-Atlantiques) sont prêts à sacrifier le réveillon pour obtenir satisfaction, convaincus pour beaucoup que rien ou presque n’a changé depuis leur mobilisation de l’hiver 2024.Si le syndicat basque ELB, affilié à la Confédération paysanne, a annoncé mardi dans un communiqué “suspendre l’occupation de l’autoroute” afin de “maintenir nos forces intactes”, la Coordination rurale, elle, compte maintenir la pression.”La CR reste mais ELB part”, constate Camille Fosse, ouvrière agricole et sympathisante CR, selon qui les effectifs et le nombre de tracteurs présents ont diminué de moitié mardi matin.”Si on commence à lâcher maintenant pour les fêtes de fin d’année, ils vont croire qu’on est faibles. Là, on y va vraiment jusqu’au bout”, avertit Maxime Terrien, chauffeur dans les travaux publics de 25 ans, qui accompagne les agriculteurs en colère depuis le premier jour.Comme lui, plusieurs dizaines de citoyens se relaient sur le barrage pour permettre aux agriculteurs de souffler et de s’occuper de leurs fermes.”Il y a des gens qui ne sont pas du monde agricole. Ils s’occupent de faire les repas”, expose Xan Michelema, petit-fils d’agriculteurs de 20 ans, qui dort sur le barrage depuis onze jours.”Il y a beaucoup de soutien, notamment sur les réseaux sociaux”, souligne Camille Fosse.L’ouvrière agricole de 21 ans travaille pour cinq fermes à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques), à quarante kilomètres du barrage. “Mes patrons m’ont dit +Tu ne viens pas travailler aujourd’hui, mais tu vas nous représenter sur le barrage+”.gag-tb-jed-vgr-ap/gf/frd/
Des fêtes en soirée, Noël qui se prépare sur la chaussée et des citoyens aux fourneaux: l’esprit de camaraderie et “le soutien de la population” entretiennent la mobilisation sur les derniers barrages d’agriculteurs, onze jours après le début du mouvement dans le Sud-Ouest.A Carbonne, au sud de Toulouse, le barrage sur l’A64 a des allures de marché de Noël, avec ses nombreux sapins et ses guirlandes lumineuses accrochées aux barnums.En guise de décorations, les sapins arborent des cartouches vides de lacrymo, ramassées selon les éleveurs aux Bordes-sur-Arize, au pied de la ferme ariégeoise où l’abattage de plus de 200 vaches après la découverte d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a mis le feu aux poudres mi-décembre.”Ici, les gens peuvent exprimer leur mal-être”, confie Jérôme Bayle, figure de la mobilisation agricole de janvier-février 2024 qui avait, elle aussi, débuté à Carbonne.C’est le cas d’un agriculteur de 55 ans, qui vient chaque jour. “Lui, il s’est mis à pleurer, en disant +Sans le barrage, la mobilisation, j’aurais fait une connerie avant Noël et j’aurais pas vu Noël+”, relate M. Bayle.- Prêtres, DJ et moto-cross -Les éleveurs réclament toujours l’arrêt de l’abattage systématique des troupeaux lorsqu’un cas de dermatose est signalé et le rejet de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Ils jurent qu’ils passeront Noël sur l’A64 s’ils n’ont pas gain de cause.Trois prêtres ont même proposé d’y célébrer une messe mercredi soir, selon un responsable agricole de Haute-Garonne.En Gironde, la Coordination rurale (CR33) annonce organiser un “réveillon de Noël façon auberge espagnole” sur l’A63 au sud de Bordeaux, avec une messe également prévue. Le week-end dernier, c’est un DJ qui a posé ses platines sur ce barrage de Cestas, où une fête a été organisée.”Les sympathisants passent, donc ça remonte le moral des troupes”, affirme Ludovic Ducloux, coprésident de la CR33.”Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps. Mais pas tous les soirs non plus. Il faut pas qu’il y n’ait pas de débordements et que ça reste bon enfant”, résume à l’AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu’un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l’autoroute.- “Vraiment jusqu’au bout” -A l’image de leurs confrères de Carbonne, Cestas ou encore Baraqueville (Aveyron), certains agriculteurs qui bloquent l’A64 à Briscous (Pyrénées-Atlantiques) sont prêts à sacrifier le réveillon pour obtenir satisfaction, convaincus pour beaucoup que rien ou presque n’a changé depuis leur mobilisation de l’hiver 2024.Si le syndicat basque ELB, affilié à la Confédération paysanne, a annoncé mardi dans un communiqué “suspendre l’occupation de l’autoroute” afin de “maintenir nos forces intactes”, la Coordination rurale, elle, compte maintenir la pression.”La CR reste mais ELB part”, constate Camille Fosse, ouvrière agricole et sympathisante CR, selon qui les effectifs et le nombre de tracteurs présents ont diminué de moitié mardi matin.”Si on commence à lâcher maintenant pour les fêtes de fin d’année, ils vont croire qu’on est faibles. Là, on y va vraiment jusqu’au bout”, avertit Maxime Terrien, chauffeur dans les travaux publics de 25 ans, qui accompagne les agriculteurs en colère depuis le premier jour.Comme lui, plusieurs dizaines de citoyens se relaient sur le barrage pour permettre aux agriculteurs de souffler et de s’occuper de leurs fermes.”Il y a des gens qui ne sont pas du monde agricole. Ils s’occupent de faire les repas”, expose Xan Michelema, petit-fils d’agriculteurs de 20 ans, qui dort sur le barrage depuis onze jours.”Il y a beaucoup de soutien, notamment sur les réseaux sociaux”, souligne Camille Fosse.L’ouvrière agricole de 21 ans travaille pour cinq fermes à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques), à quarante kilomètres du barrage. “Mes patrons m’ont dit +Tu ne viens pas travailler aujourd’hui, mais tu vas nous représenter sur le barrage+”.gag-tb-jed-vgr-ap/gf/frd/