“Seize ans de joie et de lumière, et cette lumière est maintenant éteinte” souffle, digne et en larmes, la veuve du Franco-Israélien Ohad Yahalomi, enlevé lors de l’attaque du 7-Octobre contre le kibboutz Nir Oz et dont le corps a été rendu fin février par le Hamas.”Et moi, je marche dans l’ombre, je tâtonne. Perdue, comment puis-je aller de l’avant sans toi. Où vais-je?”, ajoute Bat-Sheva Yahalomi, mercredi lors des funérailles de son époux devant plusieurs dizaines de personnes dans ce kibboutz martyr de l’attaque du Hamas.Le soir du 7 octobre 2023, un quart des habitants de Nir Oz avaient disparu, soit morts soit enlevés.”Le 7 octobre, tu es sorti pour nous protéger, c’est bien toi, de protéger ta famille où tout le monde est lié aux autres avec des liens d’amour si forts”, rappelle Bat-Sheva Yahalomi.Depuis la matinée, une foule nombreuse a rendu un dernier hommage à Ohad Yahalomi, portant des drapeaux israéliens ou jaunes, en signe de solidarité avec les otages, au passage du convoi funéraire vers le kibboutz agricole situé en lisière de la bande de Gaza où il a été enterré lors d’une cérémonie privée. “Je suis très, très triste, c’est très difficile, nous avons perdu quelqu’un de formidable”, explique à l’AFP Yaël Lotem, 65 ans, une amie proche de M. Yahalomi qui est venue avec son mari Moshé.Ohad Yahalomi, qui avait 49 ans le jour de son enlèvement, était le dernier otage franco-israélien encore aux mains du mouvement islamiste palestinien à Gaza. Sa dépouille a été rendue le 27 février dans le cadre d’un échange de corps d’otages contre la libération de Palestiniens détenus par Israël, en application de l’accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier.- Blessé en résistant -Lors de l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël ayant déclenché la guerre, la famille Yahalomi avait essayé de se réfugier dans le mamad, la pièce sécurisée de leur maison, selon le récit de Bat-Sheva Yahalomi, veuve d’Ohad.Mais la porte ne fermant pas, il s’était posté devant avec un pistolet. Blessé dans un échange de tirs, il avait été enlevé.Emmenés séparément, sa femme et leurs trois enfants ont tenté d’échapper à leurs ravisseurs, mais seules la mère et les deux filles y sont parvenues, laissant le garçon, Eitan, 12 ans, derrière elles.Il a été libéré lors de la première et courte trêve entre Israël et le Hamas fin novembre 2023.La maison familiale porte encore les stigmates de l’attaque avec de nombreux impacts de balles. Ohad Yahalomi avait été annoncé mort en janvier 2024 dans une vidéo diffusée par un groupe allié du Hamas, mais l’armée israélienne n’a jamais confirmé cette information avant le retour de sa dépouille.Amoureux des grands espaces, Ohad Yahalomi était employé de l’Autorité des parcs et de la nature. Il était spécialiste des scorpions sur lesquels il avait écrit un guide.”Je trouve très difficile que le pays n’ait pas encore réussi à ramener tous les otages. C’était possible de les ramener tous vivants mais ça n’est pas arrivé”, dit Mme Lotem. Sa fille et ses petits-enfants, qui avaient aussi été enlevés le 7 octobre 2023, ont été libérés après 51 jours de captivité lors de la première trêve. – “Personnalité magique” -Moshé Lotem, 69 ans, ne peut retenir ses larmes en évoquant celui qu’il considérait “comme un fils”.”Quand j’ai appris son enlèvement, j’étais heureux, parce que je me disais qu’il pourrait veiller sur ma fille et ses enfants”, affirme M. Lotem.”J’étais sûr qu’avec sa personnalité magique, il pourrait faire plier un peu le Hamas et leur montrer la gentillesse humaine”, ajoute-t-il. “Je ne pouvais pas croire qu’il ne reviendrait pas”.”Tout ce qu’on peut faire, c’est venir ici, avec des drapeaux pour montrer notre force et notre solidarité” assure Yaël Mitzafon, 51 ans, une autre amie de la famille Yahalomi.
Wed, 05 Mar 2025 16:32:52 GMT
