Evasion de Mohamed Amra: nouvelles mises en examen vendredi dans une enquête “hors normes”

Une enquête “hors normes” a permis d’interpeller à ce stade 27 suspects impliqués dans l’évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires le 14 mai 2024 au péage d’Incarville (Eure).Plusieurs vagues de mises en examen ont eu lieu depuis l’arrestation en Roumanie de Mohamed Amra, le 22 février. Vendredi, huit suspects ont encore été interrogés par les trois juges d’instruction chargés des investigations. Vers 21H00, au moins six étaient mis en examen, selon des sources proches du dossier. Des débats étaient en cours devant les juges des libertés et de la détention pour décider de leur détention provisoire ou non.Parmi ces suspects figurent “les acteurs principaux” de l”‘étape de la cavale” de Mohamed Amra, qui a duré neuf mois, a précisé plus tôt dans la soirée la procureure de Paris Laure Beccuau. Un appartement a été “loué à Compiègne (Oise) à partir de mai 2024”, avant que le fugitif ne le quitte “en octobre”.Quand les enquêteurs “établissent ce lieu de dissimulation, les services de police vont employer tous les moyens utiles pour vérifier la présence de Mohamed Amra” mais “il n’y est plus”, relate la magistrate. “On va poursuivre sa recherche, comprendre petit à petit qu’il a pu revenir à Rouen” jusqu’à “apprendre qu’il est parti en Roumanie” début février.Il y est arrêté le 22 février, remis à la France le 25. Mis en examen, il est incarcéré dans la prison ultra sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne).Deux autres suspects dans ce dossier aux “dimensions tentaculaires” sont “en attente d’extradition” depuis le Maroc, a annoncé Mme Beccuau et un autre “fait l’objet d’une notice Interpol”.- Disproportion ? -Dans cette enquête “hors normes”, les chefs de mise en examen – meurtres, tentatives de meurtre, évasion, le tout en bande organisée, et association de malfaiteurs – font encourir la réclusion criminelle à perpétuité “pour les plus élevés d’entre eux”, a détaillé la procureure.A ce stade, sept personnes sont suspectées d’avoir fait partie du commando : Amra, deux guetteurs – dont l’un a aussi conduit un véhicule – deux autres conducteurs de véhicule et deux passagers. Quatre d’entre eux ont été “vus armés”.”Notre raisonnement” est “de considérer que feront partie de ce commando mortel, et en tout cas, en porteront la responsabilité tous ceux qui auront participé à cette action, tous ceux sans lesquels l’action n’aurait pu aboutir à ses conséquences tragiques”, a déclaré Laure Beccuau.Les “petites mains” aussi “font partie de ce rouage criminel car sans elles, tout aurait été plus difficile” à réaliser, a-t-elle insisté.Plusieurs sources proches du dossier ont pourtant fait part de leurs craintes, auprès de l’AFP, d’un emballement judiciaire, craignant que les mesures de sûreté ne soient pas proportionnées aux profils des suspects.Deux jeunes hommes, âgés d’une vingtaine d’années et vivant à Compiègne, sont soupçonnés d’avoir loué le logement qu’occupait Amra dans la même ville, a appris l’AFP de source proche du dossier. Mais ces deux amis, sans casier judiciaire, assurent ne pas avoir su qu’il y serait caché. Ils ont été placés en détention provisoire. “Il est important de mesurer si ces jeunes ont pu intentionnellement être impliqué dans la location. Ce n’est pas le cas de mon client, et la vérité se manifestera dans les prochaines semaines”, a déclaré à l’AFP Mani Ayadi, avocat de l’un d’eux.Face au silence de la majorité des suspects, les investigations vont se poursuivre avec de nouvelles auditions et sur le plan technique.Ce sont déjà les “moyens d’enquêtes extraordinaires” mis en oeuvre qui ont permis de les identifier, notamment “440 interceptions téléphoniques et géolocalisations, de véhicules, de captations de données, d’images”, a énuméré la procureure.Mohamed Amra, 30 ans, s’était évadé le 14 mai 2024 alors qu’il avait été extrait de sa cellule en Normandie pour être interrogé par un juge d’instruction à Rouen.Un commando avait alors attaqué, à la voiture-bélier et aux fusils d’assaut, le fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville (Eure) pour le libérer, tuant deux agents pénitentiaires, Arnaud Garcia et Fabrice Moello, et en blessant trois autres.- “Pas surpris” -L’enquête doit notamment déterminer le rôle d’Amra: a-t-il orchestré son évasion? Ou d’autres ont-t-ils voulu le faire sortir?C’est une “opération montée, concertée, organisée, minutée même”, qui “induit qu’il y ait plusieurs participants à l’élaboration du projet”, a répondu Christian Sainte, chef de la police judiciaire, également présent à la conférence de presse, sans donner plus de détails.Interrogés plusieurs fois sur l’implication éventuelle de membres de la “Black Manjak Family”, présentée comme une organisation criminelle basée en Normandie et spécialisée dans les stupéfiants, Christian Sainte a simplement indiqué que certains suspects avaient “des liens de proximité” entre eux.La procureure a elle souligné que Mohamed Amra n’avait “pas été surpris” par l’attaque. Les auditions des agents pénitentiaires ont démontré qu'”il s’y attendait au contraire”, qu’il connaissait l’équipe “qui ne l’a jamais menacé” et qu’il avait eu une “participation active pour s’extraire du fourgon”.Il avait d’ailleurs déjà été “aux manettes” d’une première tentative d’évasion, le 7 mai, qui a échoué grâce au concours “précieux” de “concitoyens”, ayant signalé des véhicules et des individus aux tenues suspectes.
Une enquête “hors normes” a permis d’interpeller à ce stade 27 suspects impliqués dans l’évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires le 14 mai 2024 au péage d’Incarville (Eure).Plusieurs vagues de mises en examen ont eu lieu depuis l’arrestation en Roumanie de Mohamed Amra, le 22 février. Vendredi, huit suspects ont encore été interrogés par les trois juges d’instruction chargés des investigations. Vers 21H00, au moins six étaient mis en examen, selon des sources proches du dossier. Des débats étaient en cours devant les juges des libertés et de la détention pour décider de leur détention provisoire ou non.Parmi ces suspects figurent “les acteurs principaux” de l”‘étape de la cavale” de Mohamed Amra, qui a duré neuf mois, a précisé plus tôt dans la soirée la procureure de Paris Laure Beccuau. Un appartement a été “loué à Compiègne (Oise) à partir de mai 2024”, avant que le fugitif ne le quitte “en octobre”.Quand les enquêteurs “établissent ce lieu de dissimulation, les services de police vont employer tous les moyens utiles pour vérifier la présence de Mohamed Amra” mais “il n’y est plus”, relate la magistrate. “On va poursuivre sa recherche, comprendre petit à petit qu’il a pu revenir à Rouen” jusqu’à “apprendre qu’il est parti en Roumanie” début février.Il y est arrêté le 22 février, remis à la France le 25. Mis en examen, il est incarcéré dans la prison ultra sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne).Deux autres suspects dans ce dossier aux “dimensions tentaculaires” sont “en attente d’extradition” depuis le Maroc, a annoncé Mme Beccuau et un autre “fait l’objet d’une notice Interpol”.- Disproportion ? -Dans cette enquête “hors normes”, les chefs de mise en examen – meurtres, tentatives de meurtre, évasion, le tout en bande organisée, et association de malfaiteurs – font encourir la réclusion criminelle à perpétuité “pour les plus élevés d’entre eux”, a détaillé la procureure.A ce stade, sept personnes sont suspectées d’avoir fait partie du commando : Amra, deux guetteurs – dont l’un a aussi conduit un véhicule – deux autres conducteurs de véhicule et deux passagers. Quatre d’entre eux ont été “vus armés”.”Notre raisonnement” est “de considérer que feront partie de ce commando mortel, et en tout cas, en porteront la responsabilité tous ceux qui auront participé à cette action, tous ceux sans lesquels l’action n’aurait pu aboutir à ses conséquences tragiques”, a déclaré Laure Beccuau.Les “petites mains” aussi “font partie de ce rouage criminel car sans elles, tout aurait été plus difficile” à réaliser, a-t-elle insisté.Plusieurs sources proches du dossier ont pourtant fait part de leurs craintes, auprès de l’AFP, d’un emballement judiciaire, craignant que les mesures de sûreté ne soient pas proportionnées aux profils des suspects.Deux jeunes hommes, âgés d’une vingtaine d’années et vivant à Compiègne, sont soupçonnés d’avoir loué le logement qu’occupait Amra dans la même ville, a appris l’AFP de source proche du dossier. Mais ces deux amis, sans casier judiciaire, assurent ne pas avoir su qu’il y serait caché. Ils ont été placés en détention provisoire. “Il est important de mesurer si ces jeunes ont pu intentionnellement être impliqué dans la location. Ce n’est pas le cas de mon client, et la vérité se manifestera dans les prochaines semaines”, a déclaré à l’AFP Mani Ayadi, avocat de l’un d’eux.Face au silence de la majorité des suspects, les investigations vont se poursuivre avec de nouvelles auditions et sur le plan technique.Ce sont déjà les “moyens d’enquêtes extraordinaires” mis en oeuvre qui ont permis de les identifier, notamment “440 interceptions téléphoniques et géolocalisations, de véhicules, de captations de données, d’images”, a énuméré la procureure.Mohamed Amra, 30 ans, s’était évadé le 14 mai 2024 alors qu’il avait été extrait de sa cellule en Normandie pour être interrogé par un juge d’instruction à Rouen.Un commando avait alors attaqué, à la voiture-bélier et aux fusils d’assaut, le fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville (Eure) pour le libérer, tuant deux agents pénitentiaires, Arnaud Garcia et Fabrice Moello, et en blessant trois autres.- “Pas surpris” -L’enquête doit notamment déterminer le rôle d’Amra: a-t-il orchestré son évasion? Ou d’autres ont-t-ils voulu le faire sortir?C’est une “opération montée, concertée, organisée, minutée même”, qui “induit qu’il y ait plusieurs participants à l’élaboration du projet”, a répondu Christian Sainte, chef de la police judiciaire, également présent à la conférence de presse, sans donner plus de détails.Interrogés plusieurs fois sur l’implication éventuelle de membres de la “Black Manjak Family”, présentée comme une organisation criminelle basée en Normandie et spécialisée dans les stupéfiants, Christian Sainte a simplement indiqué que certains suspects avaient “des liens de proximité” entre eux.La procureure a elle souligné que Mohamed Amra n’avait “pas été surpris” par l’attaque. Les auditions des agents pénitentiaires ont démontré qu'”il s’y attendait au contraire”, qu’il connaissait l’équipe “qui ne l’a jamais menacé” et qu’il avait eu une “participation active pour s’extraire du fourgon”.Il avait d’ailleurs déjà été “aux manettes” d’une première tentative d’évasion, le 7 mai, qui a échoué grâce au concours “précieux” de “concitoyens”, ayant signalé des véhicules et des individus aux tenues suspectes.