Les élus du comité social et économique (CSE) central de Hachette Livre ont pris position contre l’idéologie de “la sphère Bolloré”, à savoir les médias de l’actionnaire principal, le milliardaire ultraconservateur Vincent Bolloré, dans un message consulté par l’AFP jeudi.Ce texte est intitulé: “Message du CSE central Hachette pour dénoncer la ligne éditoriale proche de l’extrême droite de la sphère Bolloré (CNews, JDD, Europe 1, Fayard)”, qualificatif que conteste la direction de ces médias.Son contenu avait été révélé mardi par le magazine Challenges.Vincent Bolloré a pris le contrôle fin 2023 de ce groupe numéro trois mondial et numéro un français de l’édition, qui détient des maisons aussi prestigieuses que Grasset, Calmann-Lévy, Fayard, Stock, Le Livre de poche ou Larousse.L’inquiétude a grandi en interne après diverses actions menées par des libraires ou des militants de gauche, pour prévenir que les profits de ces maisons d’édition revenaient à M. Bolloré.”Les élus alertent depuis plusieurs mois la direction d’Hachette Livre sur le risque industriel et social qui pèse sur nos activités – rupture de contrat en diffusion/distribution, boycott par des libraires, des enseignants, des lecteurs, départ ou non-recrutement d’auteurs, départ ou non-recrutement de salariés”, écrivent les élus du CSE.Ils citent en particulier deux livres publiés par Fayard, “Ce que je cherche” du président du Rassemblement national Jordan Bardella, en novembre, et “Bannie”, de la journaliste russe et ancienne directrice de la télévision RT France, Xenia Fedorova, début mars.”En la publiant, Fayard se fait le porte-voix du pouvoir autoritaire russe qui emprisonne ses opposants”, déplorent ces élus.Selon eux, “les salariés d’Hachette Livre ne supportent plus d’être associés au groupe Bolloré, alors que les valeurs fondatrices d’Hachette sont à l’opposé des idées désormais promues”.Le groupe a grandi au fil des acquisitions autour de la maison d’édition fondée en 1826 par Louis Hachette, qui se lança dans l’édition scolaire et universitaire, puis rendit la littérature accessible à un lectorat plus large.La branche édition du syndicat CFDT a indiqué à l’AFP qu’elle s’apprêtait à diffuser un tract intitulé “Non à la bollorisation des esprits, non au mépris des salariés”. Ce tract dénonce entre autres la présence de “piles de revues d’extrême droite à l’entrée des maisons d’Hachette”.Interrogé par l’AFP, ce syndicat a indiqué qu’il faisait référence à l’hebdomadaire lancé par le JDD, JDNews, dans un présentoir au siège de Hachette Livre à Vanves, à côté de Paris.Le CSE du groupe a également dénoncé cette présence du magazine. “La mise à disposition, dans nos locaux, du JDNews, journal d’opinion donnant une part très large aux opinions de l’extrême droite, nous rappelle chaque semaine qui nous dirige, et nous fait honte”, écrit-il.Enfin, au sein de Hachette Livre, le dialogue social est rendu difficile par un projet de concentration des équipes à l’intérieur de ce siège de Vanves. Le groupe prévoit en effet de vider et vendre le siège d’une de ses filiales, Hatier, situé dans un des quartiers les plus chers de Paris, dans le 6e arrondissement, au grand dam des salariés concernés.La porte-parole de Hachette Livre n’était pas joignable jeudi.
Thu, 20 Mar 2025 15:12:15 GMT
