L’opposition pro-européenne appelle à manifester lundi en Géorgie pour dénoncer des législatives “volées” selon elle par le parti au pouvoir, la présidente Salomé Zourabichvili évoquant une “opération russe”. Selon des résultats quasi définitifs annoncés par la commission électorale, le Rêve géorgien, aux affaires depuis 2012 dans cette ex-République soviétique caucasienne, était crédité dimanche soir de 54,08% des voix, contre 37,58% à la coalition pro-UE. L’opposition, qui avait initialement revendiqué sa victoire sur la foi de sondages sortie des urnes samedi, refuse de reconnaître sa défaite face à un parti qu’elle accuse de dérive autoritaire prorusse.”Nous sommes témoins et victimes d’une opération russe spéciale, une forme moderne de guerre hybride contre le peuple géorgien”, a de son côté déclaré, sans préciser ses allégations, la présidente Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement. Elle a dénoncé une “falsification totale” des élections.Lundi matin, la Russie n’avait pas réagi à ces accusations.L’opposition accuse le parti au pouvoir, dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, de rapprocher la Géorgie de Moscou et de l’éloigner d’une possible adhésion à l’Union européenne et à l’Otan, deux objectifs pourtant inscrits dans sa constitution.Des responsables de l’opposition ont estimé que les élections avaient été “volées” et dénoncé un “coup d’Etat institutionnel”. L’ex-président Mikheil Saakachvili, aujourd’hui emprisonné et également très critique du gouvernement, a lui aussi appelé à des “manifestations massives” afin de “montrer au monde que nous luttons pour la liberté”.Washington et Bruxelles, qui avait prévenu que l’avenir des négociations d’adhésion à l’UE dépendait de ce scrutin, ont demandé qu’une enquête soit menée sur de possibles fraudes électorales. Les observateurs internationaux de l’OSCE ont eux évoqué des “pressions” et énuméré un certain nombre de dysfonctionnements, comme des “cas d’achats de voix”, ou “atteintes au secret du vote”.- Orban attendu à Tbilissi -Voix européenne discordante, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, resté proche de Moscou et dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE, est attendu dès lundi en Géorgie pour une visite officielle de deux jours. Samedi, il avait salué la victoire “écrasante” du Rêve géorgien.Il doit participer à une cérémonie officielle, mardi, au siège du gouvernement géorgien.Le parti dirigeant devrait disposer, d’après les résultats du scrutin, de 91 sièges sur 150 au Parlement. Une majorité suffisante pour gouverner mais sous la barre des trois quarts qu’il voulait obtenir pour modifier la Constitution et, en vertu de son projet, interdire les partis d’opposition pro-occidentaux.Une des composantes de l’opposition, la Coalition pour le changement, a dit renoncer à ses mandats parlementaires pour ne pas “donner de légitimité” au scrutin.Selon Mikheil Saakachvili, “personne” parmi les députés d’opposition, ne devrait entrer au Parlement. Le pays entre “dans une période d’instabilité”, dit Gela Vasadzé, du centre d’analyse stratégique sur la Géorgie. Mais “l’opposition manque de leaders charismatiques qui pourraient canaliser la colère populaire”, poursuit-il.La Géorgie a été secouée en mai par de grandes manifestations contre une loi sur “l’influence étrangère”, inspirée d’une législation russe sur les “agents de l’étranger” utilisée pour écraser la société civile.Bruxelles a gelé dans la foulée le processus d’adhésion à l’UE et les Etats-Unis ont pris des sanctions contre des responsables géorgiens.Certains dirigeants du Rêve géorgien sont très critiques envers les Occidentaux. Bidzina Ivanichvili, les a qualifiés de “parti mondial de la guerre” qui traiterait la Géorgie, sa victime, comme de la “chair à canon”.Cette ex-république soviétique reste très marquée par une brève guerre en 2008 avec l’armée russe.A son issue, Moscou a installé des bases militaires dans deux régions séparatistes géorgiennes: l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. La Russie reconnaît leur indépendance unilatéralement proclamée.Le Rêve géorgien s’est ainsi présenté comme le seul capable d’empêcher une supposée “ukrainisation” de la Géorgie, alors que l’Ukraine est confrontée à une invasion russe à grande échelle depuis février 2022.
Mon, 28 Oct 2024 07:05:11 GMT