Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a affirmé mercredi que “le moment” était venu de mettre fin à la guerre à Gaza et appelé Israël à éviter “une plus grande escalade” dans sa riposte attendue à l’attaque de missiles iranienne. Après Israël, M. Blinken a poursuivi à Ryad sa tournée visant à contenir l’escalade militaire dans la région, un mois après le début de la guerre au Liban entre Israël et le Hezbollah.Dans le sud du Liban, de nombreuses familles ont fui Tyr, visée mercredi par des frappes après un appel de l’armée israélienne à évacuer des quartiers de cette ville côtière d’environ 14.500 habitants.”La situation est très mauvaise, nous sommes en train d’évacuer tout le monde”, a dit à l’AFP Mortada Mhanna, qui dirige le centre de gestion de crise local.La visite de M. Blinken dans la région est la onzième depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, qui s’est propagée en septembre au Liban alors que toutes les tentatives de médiation internationale en vue d’un cessez-le-feu ont échoué.- “Des mois de combats” -M. Blinken a jugé mercredi le “moment” venu de mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.Selon lui, Israël a atteint “la plupart de ses objectifs stratégiques” dans le territoire palestinien, “avec l’idée de s’assurer que le 7 octobre ne peut plus jamais arriver”.Après cette attaque, Israël avait promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.Mardi, M. Blinken avait estimé que la mort de Yahya Sinouar, le chef du Hamas tué par des soldats israéliens le 16 octobre, offrait une “occasion importante de ramener chez eux les otages” emmenés à Gaza le 7 octobre et de “mettre fin à la guerre”. Une source du Hamas a par ailleurs indiqué à l’AFP qu’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien était arrivé mercredi à Moscou pour discuter de “l’arrêt” de la guerre.Le secrétaire d’Etat a également appelé mardi Israël à faciliter l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée, relevant des “progrès” en la matière qu’il a jugés insuffisants. Une source de sécurité a cependant affirmé mercredi que l’armée israélienne était prête pour encore “des mois de combats” à Gaza et au Liban. Israël ne mène pas “une guerre contre Gaza, ni une autre guerre contre le Liban”, mais “une guerre contre l’Iran, parfois directement, parfois indirectement, via les alliés de l’Iran”, a ajouté cette source.M. Blinken a estimé “très important qu’Israël réponde d’une façon qui ne crée pas une plus grande escalade”, alors que l’Iran se dit déterminé à riposter en cas d’attaque israélienne après le tir de 200 missiles iraniens contre son territoire le 1er octobre.Avant d’arriver à Ryad, où il a été reçu par le prince héritier Mohammed ben Salmane, le chef de la diplomatie américaine a appelé Israël à saisir “l’occasion incroyable” de normaliser ses relations avec l’Arabie saoudite. Il doit se rendre jeudi au Qatar. – Vaccination contre la polio reportée – Dans la bande de Gaza, l’Organisation mondiale de la santé a reporté une campagne de vaccination contre la polio qui devait débuter dans le nord du territoire, où l’armée israélienne mène depuis le 6 octobre une nouvelle offensive contre le Hamas.Elle a invoqué “des bombardements intensifs et ordres de déplacement massif” de la population.Selon la Défense civile, une frappe a fait quatre morts mercredi à Gaza-ville. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a aussi annoncé la mort d’un de ses employés palestiniens dans une frappe à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien. L’offensive israélienne lancée à Gaza en représailles à l’attaque du 7 octobre 2023 a tué au moins 42.792 Palestiniens, majoritairement des civils, d’après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.En Israël, l’attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée.- “Au bord de l’effondrement” – Au Liban, l’armée israélienne a poursuivi mercredi ses frappes aériennes dans le sud et l’est du pays, deux fiefs du Hezbollah, selon l’agence de presse libanaise ANI, ainsi que ses opérations au sol dans le sud du Liban, lancées le 30 septembre.”Le Liban est au bord de l’effondrement”, a prévenu à Beyrouth la chef de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, à la veille d’une conférence internationale sur le pays à Paris.Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban, frontalier de son territoire, et permettre le retour dans le nord d’Israël de 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis un an. Bien qu’affaibli, le Hezbollah revendique quotidiennement des tirs de roquettes sur Israël et a affirmé avoir visé mercredi une base militaire près de Tel-Aviv, dans le centre du pays, et deux autres près de Haïfa, dans le nord.Le Hezbollah a confirmé mercredi la mort dans une frappe israélienne de Hachem Safieddine, successeur pressenti à la tête du mouvement chiite de Hassan Nasrallah, lui-même tué dans la banlieue sud de Beyrouth le 27 septembre.Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, d’après un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.L’ONU a recensé quelque 800.000 déplacés dans le pays, et selon les autorités libanaises, près de 500.000 personnes ont fui en Syrie. Un diplomate occidental a affirmé mercredi qu’un déploiement de forces internationales dans le sud du Liban aux côtés de l’armée libanaise avait été évoqué par des pays occidentaux comme une possibilité en cas de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.
Wed, 23 Oct 2024 18:08:29 GMT