Les Etats-Unis proches de la paralysie budgétaire après un veto de Trump et Musk

Le Congrès américain est forcé jeudi de repartir à zéro pour éviter une paralysie de l’Etat avant vendredi soir, après le rejet spectaculaire d’un accord budgétaire par Donald Trump et Elon Musk.Le rebondissement mercredi soir a pris de court les élus et donné un aperçu d’une présidence Trump 2.0 avant même la prise de fonctions du républicain le 20 janvier. Avec un style — similaire à son premier mandat — ne s’embarrassant pas des conventions, quitte à provoquer un certain chaos.”Notre pays s’en sortirait bien mieux en étant paralysé pour quelque temps plutôt que d’approuver ce que les démocrates veulent nous forcer à accepter”, a lancé jeudi le futur président américain sur sa plateforme Truth Social.La veille, il avait déjà exprimé sa désapprobation face à ce projet de loi jugé “ridicule et extraordinairement onéreux”.Le républicain faisait écho à une longue série de posts de son allié Elon Musk sur son réseau social.”Tuez le texte!”, a lancé à plusieurs reprises l’homme le plus riche du monde, nommé par Donald Trump à la tête d’une commission devant sabrer dans les dépenses publiques.”Tout élu à la Chambre ou au Sénat qui vote pour ce projet de dépenses scandaleux mérite de perdre son élection dans deux ans”, a aussi lancé le patron de Tesla et SpaceX.Négocié entre élus républicains et démocrates au Congrès, l’accord aurait permis de financer l’Etat fédéral jusque mi-mars et d’éviter le fameux “shutdown”, mais l’opposition éclatante du duo de milliardaires a signé l’arrêt de mort de ce texte de plus de 1.500 pages. – “Shutdown” de Noël -Le temps presse pourtant avant la date limite de vendredi soir 23H59 pour éviter un “shutdown”.Une paralysie des services publics fédéraux entraînerait notamment le chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires, le gel de plusieurs aides sociales ou encore la fermeture de certaines crèches.Une situation extrêmement impopulaire, d’autant plus à l’approche de Noël.La Maison Blanche a dénoncé le risque d'”instabilité et de “nuire aux Américains qui travaillent dur”, que font porter les républicains.Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a regretté jeudi le fait que “grâce aux républicains”, les Etats-Unis soient “à moins de 48 heures d’un +shutdown+ pour Noël”.Un grand nombre d’élus démocrates ont aussi dénoncé l’influence de l’homme le plus riche du monde dans ce revirement.”Donald Trump et les élus républicains ont courbé l’échine devant le véritable président élu, Elon Musk”, a fustigé l’élue new-yorkaise Nydia Velazquez.L’incertitude domine à présent sur la marche à suivre.Pour certains élus trumpistes, un nouveau projet de loi prévoyant beaucoup moins de dépenses devrait être rapidement présenté au Congrès.Ces partisans d’une cure d’amaigrissement de l’Etat fédéral feraient sortir de l’accord négocié les 100 milliards d’aide aux régions américaines touchées récemment par des catastrophes naturelles, ou encore les 10 milliards d’aide aux agriculteurs.”Nous devrions adopter un texte de dépenses épuré qui ne donne pas (…) aux démocrates tout ce qu’ils veulent”, a argué Donald Trump mercredi.- “Piège vicieux” -Mais le président élu a également posé ses conditions: aucun texte budgétaire ne devra être adopté sans être accompagné au moins d’un relèvement du plafond de la dette.Les Etats-Unis ont la particularité de buter régulièrement sur une contrainte juridique concernant leur capacité de crédit: ce plafond de la dette, soit leur montant maximal d’endettement, doit être formellement relevé ou suspendu par le Congrès.Une suspension décidée en 2023 arrive à terme début janvier et les Etats-Unis devraient atteindre le plafond en juin. Donald Trump a donc déclaré mercredi vouloir éviter à son retour au pouvoir ce “piège vicieux” mis en place selon lui par les démocrates.Sans un relèvement ou une nouvelle suspension du plafond, “je me battrai jusqu’au bout”, a écrit Donald Trump, disant vouloir que tout soit réglé avant le 20 janvier.Dans une interview avec CBS News, le président élu a même dit jeudi vouloir “éliminer entièrement le plafond de la dette” à présent.Si les élus démocrates veulent assurément éviter un “shutdown”, ils savent que les républicains auront besoin d’un certain nombre de leurs voix pour faire passer un nouveau texte. Et il est loin d’être certain qu’ils soient prêts à faire de telles concessions au futur président.Ajoutant ainsi un nouveau degré d’incertitude à la possibilité qu’un accord soit trouvé rapidement.
Thu, 19 Dec 2024 20:29:13 GMT