Après seulement cinq mois au pouvoir, le Premier ministre britannique Keir Starmer va tenter jeudi de se relancer en dévoilant un “plan pour le changement”, au moment où son gouvernement se trouve au plus bas dans les sondages.Le travailliste, arrivé à Downing Street en juillet après 14 années de gouvernements conservateurs, doit s’exprimer en fin de matinée depuis le Buckinghamshire (nord-ouest de Londres).Keir Starmer a assuré que ce plan serait “le plus ambitieux et honnête depuis une génération”, avec la volonté “d’apporter de réelles améliorations dans la vie des travailleurs”, selon un communiqué diffusé avant son discours.Son action durant ses cinq premiers mois au gouvernement a été largement éclipsée par des polémiques, comme celle sur les cadeaux reçus par plusieurs ministres et Keir Starmer lui-même de la part d’un riche donateur, et des décisions impopulaires prises en tout début de mandat sur des aides sociales.Dans son discours jeudi, Keir Starmer promet de présenter des “objectifs d’étapes mesurables” qui “donneront la priorité aux travailleurs” et leur permettront “de demander des comptes au gouvernement”.Selon les médias britanniques, il y en aura six, dont un objectif chiffré de réduction des listes d’attente dans le système de santé, une confirmation de l’engagement du gouvernement de recruter 13.000 policiers supplémentaires pour assurer la sécurité quotidienne des Britanniques, ou encore la promesse de construire 1,5 million de logements d’ici 2030.Ces engagements “correspondent aux priorités des gens à travers le pays”, a défendu jeudi matin la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper sur la BBC.”Certains s’opposeront sans doute à ce que nous faisons et il y aura certainement des obstacles sur notre chemin, mais ce gouvernement a été élu avec un mandat de changement”, a aussi insisté le Premier ministre.La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch a ironisé par avance mercredi au Parlement sur un plan “d’urgence, seulement cinq mois après le début de son mandat”.”Il s’agit pour lui d’utiliser un langage qui va toucher les électeurs”, estime auprès de l’AFP Patrick Diamond, ex-conseiller politique dans les précédents gouvernements travaillistes.- Déception -En cinq mois, le gouvernement a lancé de nombreux chantiers, en débloquant par exemple 22 milliards de livres (26,5 milliards d’euros) d’ici 2026 pour le système public de santé en crise.Il a aussi mis un coup d’accélérateur à l’éolien et au solaire pour verdir la production électrique, présenté au Parlement une loi accordant de nouveaux droits sociaux aux travailleurs et enclenché des réformes emblématiques comme la nationalisation du transport ferroviaire.Moins de rupture en revanche sur l’immigration avec ses prédécesseurs conservateurs : davantage de moyens ont été annoncés pour lutter contre les passeurs et tenter d’enrayer les traversées de la Manche par des migrants, ainsi qu’un durcissement des conditions d’embauche de travailleurs étrangers.Mais il peine à convaincre l’opinion et la popularité du gouvernement est en chute libre: 58% des Britanniques désapprouvent son action, contre 32% fin juillet, selon un sondage YouGov.Il s’est mis les agriculteurs à dos en supprimant l’exonération des droits de succession dont ils bénéficiaient.Les retraités ont été heurtés par la suppression du chèque énergie pour des millions d’entre eux, tandis que le budget et ses hausses d’impôts ont déçu les entreprises.De plus, Keir Starmer a dû se séparer de sa cheffe de cabinet, critiquée pour sa gestion du début de son mandat, tandis que sa ministre des Transports a été contrainte de démissionner cette semaine après avoir reconnu avoir menti à la police dans une ancienne affaire de téléphone soi-disant volé.La semaine dernière, une pétition appelant à la démission de M. Starmer et à l’organisation de nouvelles élections a recueilli près de trois millions de signatures, aidée par le soutien du milliardaire américain Elon Musk sur son réseau social X.
Thu, 05 Dec 2024 09:27:56 GMT
