Zone euro: l’inflation rebondit plus que prévu en octobre, à 2% sur un an

L’inflation en zone euro a augmenté plus que prévu en octobre, à 2% sur un an, tirée par les tarifs de l’alimentation, après avoir atteint le mois précédent son plus bas niveau en trois ans et demi.La hausse des prix à la consommation publiée jeudi par Eurostat se maintient cependant au niveau de l’objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE). Le rebond ponctuel ne devrait pas remettre en cause le mouvement de baisse des taux d’intérêt initié au printemps, estiment des experts.Les analystes de Factset et Bloomberg tablaient en moyenne sur une progression à peine moins forte de 1,9%, après 1,7% en septembre.Cette accélération de l’inflation intervient après deux mois de ralentissement. La hausse des prix avait atteint 2,2% en août, après 2,6% en juillet.L’inflation sous-jacente -c’est-à-dire corrigée des prix volatils de l’énergie et de l’alimentation-, particulièrement scrutée par les marchés financiers et la BCE, est par ailleurs restée stable en octobre, à 2,7% en glissement annuel, selon l’office européen des statistiques.Les analystes anticipaient plutôt un léger reflux à 2,6%.L’inflation reste “inférieure aux prévisions de la BCE” publiées en septembre. L’institution de Francfort tablait alors sur une inflation globale à 2,6% et une inflation sous-jacente à 2,9% pour le quatrième trimestre, souligne Andrew Kenningham de Capital Economics. Comme d’autres, il juge possible une nouvelle baisse des taux de 50 points de base lors du prochain Conseil des gouverneurs de la BCE en décembre.- “Des signaux confus” -Globalement, la hausse des prix à la consommation dans la zone euro a été divisée par cinq depuis le record de 10,6% sur un an atteint en octobre 2022, quand les tarifs de l’énergie flambaient dans le contexte de la guerre en Ukraine.Cette tendance a permis à la BCE de recommencer au printemps à assouplir sa politique monétaire, l’inquiétude en Europe portant désormais plus sur la faible croissance que sur l’évolution des prix.Pour endiguer l’inflation, elle avait auparavant augmenté les coûts d’emprunt à un rythme sans précédent, au prix d’un fort ralentissement économique.Le 6 juin dernier, la Banque centrale européenne a abaissé ses taux directeurs, offrant un premier bol d’air pour relancer le crédit immobilier et les prêts aux entreprises. Elle a procédé à de nouvelles baisses le 12 septembre, puis le 17 octobre.Les derniers chiffres publiés par Eurostat pourraient toutefois jeter le trouble. La zone euro a enregistré une croissance plus forte que prévu au troisième trimestre, avec un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 0,4% de juillet à septembre, par rapport aux trois mois précédents, a annoncé mercredi l’office européen des statistiques.Il a également fait état jeudi d’un taux de chômage stable en septembre à 6,3% de la population active, son plus bas niveau historique. Or certains craignent que les tensions sur le marché du travail alimentent des hausses de salaires qui pourraient faire repartir l’inflation à la hausse.Les derniers indicateurs “envoient à la BCE des signaux confus” pour la trajectoire de baisse des taux, constate Bert Colijn de la banque ING. “Mais, en prenant du recul” par rapport aux données de court terme, “nous observons une économie de la zone euro qui peine toujours à rebondir” tandis que l’inflation est en train de revenir sous l’objectif de 2% de la BCE, relève-t-il.Le rebond de l’inflation en octobre s’explique essentiellement par une accélération des prix de l’alimentation (y compris alcool et tabac). Ils ont progressé de 2,9% sur un an, après 2,4% en septembre.Les prix de l’énergie, dont ceux des carburants à la pompe, ont eux moins reculé que le mois précédent (-4,6% contre -6,1%).La hausse des tarifs des services est cependant restée stable, à 3,9% tandis que l’inflation des biens industriels est restée contenue bien qu’en légère progression, à 0,5% après 0,4% en septembre.
Thu, 31 Oct 2024 13:34:11 GMT