Des dizaines de milliers de vacanciers affectés par une grève des aiguilleurs du ciel

Des centaines de vols annulés et de nombreux retards, affectant des dizaines de milliers de passagers: une grève des contrôleurs aériens français, jeudi et vendredi, perturbe le début des vacances d’été et fait perdre “des millions d’euros” aux compagnies.”On essaie de positiver, il y a plus grave mais c’est agaçant”, témoigne à l’AFP Nadia Rivet, 51 ans. Le vol de cette employée de banque entre Pau et Paris prévu jeudi matin a été supprimé, alors qu’elle voulait passer six jours de congés dans la capitale pour y voir sa sœur et se rendre à l’anniversaire d’un ami.  “Le droit à la grève, chacun peut l’exercer, mais c’est pénalisant, les contrôleurs aériens ne sont pas les plus mal lotis”, ajoute-t-elle, espérant pouvoir prendre le même vol vendredi, même si elle redoute une nouvelle annulation “car le préavis de grève est posé pour deux jours”.Le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, l’Unsa-Icna (17% des voix aux dernières élections professionnelles) a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l’Usac-CGT (16%). De source proche du dossier, 270 contrôleurs aériens se sont déclarés grévistes jeudi, sur un effectif total de quelque 1.400.La Direction générale de l’aviation civile, pour mettre en adéquation le nombre de contrôleurs à leur poste et le volume de vols, a demandé aux compagnies de renoncer à une partie de leurs programmes.Cela concerne notamment 50% des vols à Nice, Bastia et Calvi et 25% dans les aéroports desservant Paris, Charles-de-Gaulle et Orly, qui en période de pointe estivale voient transiter quelque 350.000 voyageurs par jour au total, mais aussi Beauvais, place forte du “low cost”.Peu après 14h30 jeudi, des vols maintenus accusaient d’importants retards, par exemple entre 46 minutes et une heure et 10 min à l’arrivée et au départ à Nice et Marseille, selon la DGAC.”Je venais pour des vacances, pour l’anniversaire de ma femme, pour ses 40 ans, et je me retrouve bloqué” à Charles-de-Gaulle, raconte Julien Barthélémy, 45 ans, arrivant de New York et espérant rejoindre Marseille. “Là, j’ai trois vols sur lesquels je suis sur la +waiting list+ et j’attends que le prochain se libère”.- Perturbations dans toute l’Europe -Vendredi, veille des vacances scolaires, la situation sera encore plus tendue dans les aéroports parisiens et à Beauvais, la DGAC y ayant ordonné une réduction du nombre de vols de 40%.Au-delà de la France, le trafic aérien européen pâtit du mouvement.Quelque 31.500 vols commerciaux sont prévus jeudi en Europe, selon une mise à jour de l’organisme de surveillance du trafic aérien Eurocontrol, qui a relevé plus de 20 minutes de retard par liaison en moyenne à 14h27, des délais imputables à 73% à la grève française.La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a annoncé jeudi avoir dû annuler 170 vols, affectant 30.000 passagers. “Une fois de plus, les familles européennes sont prises en otage par les grèves des contrôleurs aériens français”, a dénoncé son patron Michael O’Leary.Air France a confirmé avoir été “contrainte d’adapter son programme de vols”, sans préciser le nombre d’annulations, mais souligné que son réseau long-courrier n’était pas affecté.L’association Airlines for Europe, qui fédère outre Ryanair, Air France-KLM, Lufthansa, British Airways et EasyJet, a jugé la grève “intolérable”.Celle-ci fait perdre “des millions d’euros” aux compagnies aériennes, a prévenu jeudi le ministre des Transports Philippe Tabarot, en répétant ne pas vouloir céder aux demandes “inacceptables” des syndicats.- Long-courriers d’Air France pas affectés -Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un “incident grave” à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs.”Quand on n’a rien à se reprocher, on peut très bien pointer le matin et le soir comme le font des milliers, voire des millions de Français”, a fait valoir le ministre.Parmi les griefs de l’Unsa-Icna: “un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l’été”, des outils obsolètes et “un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés”.Le premier syndicat d’aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60% des voix), n’a pas appelé à la grève.tq-ms-vid-cor/jum/LyS

Après un siècle d’interdiction, la baignade pour tous s’ouvre dans la Seine

Un “plouf” historique après un siècle d’interdiction, et bienvenu pour se rafraîchir: la Seine s’ouvre à la baignade à Paris, uniquement dans des sites surveillés car le fleuve reste un milieu dangereux, rappellent les autorités.Sauf météo trop pluvieuse, le public pourra piquer une tête gratuitement à partir de samedi et jusqu’au 31 août, au bras de Grenelle (ouest), non loin de la tour Eiffel, à Bercy (est), ou au bras Marie, en face de l’île Saint-Louis.La maire socialiste Anne Hidalgo lancera la saison de la baignade, héritage emblématique des Jeux olympiques, un an après son plongeon dans le fleuve sous les caméras du monde entier.Une séquence historique depuis l’interdiction de la baignade en 1923, et la promesse de l’édile de Paris et futur président Jacques Chirac en 1988.”C’était un moment extraordinaire mais la baignade pour les Jeux n’était pas une fin en soi. Rendre la Seine baignable, c’est répondre à un objectif d’adaptation au changement climatique mais aussi de qualité de vie”, alors que les étés parisiens vont se faire de plus en plus chauds, avait expliqué en mai Anne Hidalgo. Les autorités s’attendent à un succès populaire, au vu de la forte fréquentation du bassin de la Villette, ouvert depuis 2017. Plusieurs sites sont par ailleurs accessibles cet été dans la Marne, principal affluent de la Seine, dont celui historique – et payant – de la plage du banc de sable de Joinville-le-Pont.- Tests préalables -Les bassins de nage de la capitale, strictement délimités, sont équipés de vestiaires, toilettes, douches, mobilier balnéaire au bord de l’eau… avec une capacité d’accueil de 150 à 300 personnes en simultané.Un maître-nageur devra vérifier les capacités de nage de baigneur à la première mise à l’eau, avant de l’autoriser à se baigner de façon autonome. “Il s’agit d’un plan d’eau vivante ce qui implique davantage de vigilance que dans une piscine”, souligne Lazreg Benelhadj, président de la Fédération française de natation. La Seine fait en moyenne 3,5 mètres de profondeur et les bassins n’ont pas de fond, à part celui pour les familles au site de Grenelle.Alors que les fortes chaleurs pourraient tenter certains de se jeter à l’eau en dehors des lieux autorisés, un arrêté préfectoral a été pris fin juin pour verbaliser la baignade sauvage.”La Seine reste un milieu dangereux: il y a un risque de noyade à cause de la vase et des plantes agrippantes, de forts courants, le risque d’hydrocution et le trafic fluvial”, fait valoir la sous-préfète Elise Lavielle, précisant qu’il y avait eu “13 décès dans la Seine en 2024, 3 cette année”.- Des drapeaux “comme à la plage” -Autre enjeu: la propreté du fleuve, très dépendante de la météo. Car la capitale dispose d’un réseau unitaire où eaux usées et eaux pluviales se mélangent: en cas de pluies abondantes, il n’y a pas d’autre solution que de les déverser dans la Seine, sauf à inonder les caves et les réseaux sous-terrains.Les autorités ont investi 1,4 milliard d’euros dans l’amélioration de la qualité de l’eau de la Seine, qui pour les JO avait été “dépolluée aux trois quarts de ce qui était attendu”, a expliqué à l’AFP le préfet de la région Ile-de-France Marc Guillaume.Les travaux réalisés depuis en amont, notamment les 2.000 nouveaux branchements aux réseaux d’assainissement, promettent une eau encore meilleure. Mais pas s’il pleut trop: l’été dernier, en raison de précipitations record, seuls cinq jours ont été autorisés pour les compétitions et entraînements sur les 11 jours programmés.Des drapeaux – verts, jaunes et rouges – permettront de connaître le débit de la Seine et la qualité de l’eau, analysée par des sondes en instantané et des prélèvements en culture, pour connaître le taux de bactéries fécales Escherichia coli (E. coli) et entérocoques. Si les voyants sont au rouge, la baignade sera fermée, “comme à la plage”, selon Anne Hidalgo. “Nous n’avons pris aucun risque pour les athlètes, on en prendra encore moins pour le public”, assure Pierre Rabadan, adjoint en charge des sports.Le site du bras Marie, point névralgique de la circulation fluviale, ne sera ouvert que le matin, après négociations avec les bateliers. Pour l’été 2026, d’autres sites alternatifs pérennes sont à l’étude.

Après un siècle d’interdiction, la baignade pour tous s’ouvre dans la Seine

Un “plouf” historique après un siècle d’interdiction, et bienvenu pour se rafraîchir: la Seine s’ouvre à la baignade à Paris, uniquement dans des sites surveillés car le fleuve reste un milieu dangereux, rappellent les autorités.Sauf météo trop pluvieuse, le public pourra piquer une tête gratuitement à partir de samedi et jusqu’au 31 août, au bras de Grenelle (ouest), non loin de la tour Eiffel, à Bercy (est), ou au bras Marie, en face de l’île Saint-Louis.La maire socialiste Anne Hidalgo lancera la saison de la baignade, héritage emblématique des Jeux olympiques, un an après son plongeon dans le fleuve sous les caméras du monde entier.Une séquence historique depuis l’interdiction de la baignade en 1923, et la promesse de l’édile de Paris et futur président Jacques Chirac en 1988.”C’était un moment extraordinaire mais la baignade pour les Jeux n’était pas une fin en soi. Rendre la Seine baignable, c’est répondre à un objectif d’adaptation au changement climatique mais aussi de qualité de vie”, alors que les étés parisiens vont se faire de plus en plus chauds, avait expliqué en mai Anne Hidalgo. Les autorités s’attendent à un succès populaire, au vu de la forte fréquentation du bassin de la Villette, ouvert depuis 2017. Plusieurs sites sont par ailleurs accessibles cet été dans la Marne, principal affluent de la Seine, dont celui historique – et payant – de la plage du banc de sable de Joinville-le-Pont.- Tests préalables -Les bassins de nage de la capitale, strictement délimités, sont équipés de vestiaires, toilettes, douches, mobilier balnéaire au bord de l’eau… avec une capacité d’accueil de 150 à 300 personnes en simultané.Un maître-nageur devra vérifier les capacités de nage de baigneur à la première mise à l’eau, avant de l’autoriser à se baigner de façon autonome. “Il s’agit d’un plan d’eau vivante ce qui implique davantage de vigilance que dans une piscine”, souligne Lazreg Benelhadj, président de la Fédération française de natation. La Seine fait en moyenne 3,5 mètres de profondeur et les bassins n’ont pas de fond, à part celui pour les familles au site de Grenelle.Alors que les fortes chaleurs pourraient tenter certains de se jeter à l’eau en dehors des lieux autorisés, un arrêté préfectoral a été pris fin juin pour verbaliser la baignade sauvage.”La Seine reste un milieu dangereux: il y a un risque de noyade à cause de la vase et des plantes agrippantes, de forts courants, le risque d’hydrocution et le trafic fluvial”, fait valoir la sous-préfète Elise Lavielle, précisant qu’il y avait eu “13 décès dans la Seine en 2024, 3 cette année”.- Des drapeaux “comme à la plage” -Autre enjeu: la propreté du fleuve, très dépendante de la météo. Car la capitale dispose d’un réseau unitaire où eaux usées et eaux pluviales se mélangent: en cas de pluies abondantes, il n’y a pas d’autre solution que de les déverser dans la Seine, sauf à inonder les caves et les réseaux sous-terrains.Les autorités ont investi 1,4 milliard d’euros dans l’amélioration de la qualité de l’eau de la Seine, qui pour les JO avait été “dépolluée aux trois quarts de ce qui était attendu”, a expliqué à l’AFP le préfet de la région Ile-de-France Marc Guillaume.Les travaux réalisés depuis en amont, notamment les 2.000 nouveaux branchements aux réseaux d’assainissement, promettent une eau encore meilleure. Mais pas s’il pleut trop: l’été dernier, en raison de précipitations record, seuls cinq jours ont été autorisés pour les compétitions et entraînements sur les 11 jours programmés.Des drapeaux – verts, jaunes et rouges – permettront de connaître le débit de la Seine et la qualité de l’eau, analysée par des sondes en instantané et des prélèvements en culture, pour connaître le taux de bactéries fécales Escherichia coli (E. coli) et entérocoques. Si les voyants sont au rouge, la baignade sera fermée, “comme à la plage”, selon Anne Hidalgo. “Nous n’avons pris aucun risque pour les athlètes, on en prendra encore moins pour le public”, assure Pierre Rabadan, adjoint en charge des sports.Le site du bras Marie, point névralgique de la circulation fluviale, ne sera ouvert que le matin, après négociations avec les bateliers. Pour l’été 2026, d’autres sites alternatifs pérennes sont à l’étude.

Les députés débattent de l’emploi des seniors et d’un CDI pour les plus de 60 ans

Les députés ont commencé jeudi à discuter de mesures pour faciliter l’embauche des plus de 60 ans, avec notamment la création d’un CDI senior, lors de l’examen d’un projet de loi transposant plusieurs accords trouvés entre syndicats et patronat.L’emploi des seniors en France “est l’un de nos points faibles”, a reconnu la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet à l’entame des débats, rappelant un taux d’emploi des plus de 60 ans de 38%, contre 61% en Allemagne et 70% en Suède.Ce sous-emploi constitue “une injustice, un gâchis humain et un gâchis économique que nous ne pouvons plus accepter ou permettre”, a déclaré la ministre.A la tribune, les députés de gauche, mais aussi du Rassemblement national, n’ont pas manqué de rappeler “le passage en force” de la réforme des retraites de 2023, selon les mots de la députée Sophie Taillé-Polian (groupe écologiste et social).L’élue a fustigé la “politique contradictoire du gouvernement” consistant à reculer “l’âge de départ à la retraite” à 64 ans “sans pour autant” s’être “préoccupé vraiment de la précarité des seniors en situation d’exclusion sur le marché du travail”.Le projet de loi, déjà adopté au Sénat, prévoit notamment la création d’un CDI senior baptisé “contrat de valorisation de l’expérience” (CVE), à titre expérimental les cinq prochaines années suivant la promulgation de la loi. Destiné à faciliter l’embauche des demandeurs d’emploi d’au moins 60 ans, voire dès 57 ans en cas d’accord de branche, ce contrat donnera aussi de la latitude aux employeurs, qui pourront décider d’une mise à la retraite lorsque le salarié a droit à un taux plein, et bénéficieront d’exonérations sur l’indemnité de mise à la retraite.La France insoumise, ne participera “pas au réenchantement de la mise au travail forcée de nos aînés”, a taclé la députée Ségolène Amiot, estimant que ce contrat est de la poudre aux yeux qui cache un “nouveau cadeau au patronat, une nouvelle exonération de cotisations”.Avant d’examiner dans l’après-midi ce nouveau contrat, l’Assemblée a discuté d’autres mesures de dialogue social.Ils ont voté pour rendre obligatoire une négociation au moins tous les quatre ans, autour de l’emploi et du travail “des salariés expérimentés”, à la fois au sein des branches professionnelles et pour les entreprises de plus de 300 salariés.La gauche a tenté, sans y parvenir, de rendre obligatoire cette négociation pour les entreprises de plus de 50 salariés.- Reconversion -Le projet de loi prévoit également l’entrée en vigueur d’une petite évolution dans l’assurance chômage: les primo-accédants devront avoir travaillé cinq mois, au lieu de six, pour pouvoir avoir droit à leur allocation chômage.Cette disposition de la nouvelle convention d’assurance chômage, entrée pour l’essentiel en vigueur au 1er avril, nécessite une mesure législative pour pouvoir s’appliquer.Un accord supprimant la limite de trois mandats successifs pour les élus du Comité social et économique (CSE), répondant à une revendication syndicale, figure également dans le projet de loi.Enfin, le gouvernement a prévu d’insérer in extremis par amendements dans le projet de loi un accord destiné à faciliter l’utilisation des dispositifs de reconversion professionnelle, trouvé entre plusieurs syndicats et l’ensemble des organisations patronales le 25 juin.Avec cet accord, le compte personnel de formation (CPF) pourra désormais être mobilisé, à hauteur de 50%, et avec l’accord du salarié, pour financer une période de reconversion lorsqu’elle celle-ci est proposée par l’employeur.Cet accord a été signé côté syndical par la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFTC, mais critiqué par la CGT. Côté patronal, le négociateur du Medef Hubert Mongon avait salué un accord “au service de l’emploi”, également avalisé par la CPME et l’U2P.

Amnesty dénonce la répression ciblée des militants écologistes en France

Répression, intimidation, censure, harcèlement judiciaire, restrictions de financements… : Amnesty International accuse jeudi les autorités françaises de mener une “stratégie délibérée” de répression à l’encontre des défenseurs de l’environnement, dénonçant une tendance inquiétante d’entrave à l’action climatique. L’organisation de défense des droits humains Amnesty décrit dans un rapport une série de restrictions juridiques, physiques et financières visant les militants écologistes dans le monde et notamment en France. “Il est inquiétant de voir que la France, qui avait été moteur il y a dix ans dans la lutte pour le climat, est aujourd’hui un exemple probant de la répression des défenseurs de l’environnement”, alerte lors d’une conférence de presse Margot Jaymond, chargée de plaidoyer justice climatique chez Amnesty International France.L’ONG dénonce “une judiciarisation du maintien de l’ordre” destiné à paralyser l’action des militants pro-climat en s’attaquant de “manière ciblée et intentionnelle” à la liberté de manifester, d’expression et d’association. – “Mains liées” – Amnesty pointe notamment la répression des mobilisations contre les méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), en 2022 et 2023, lors desquelles les forces de l’ordre ont utilisé des armes à létalité réduite (lanceurs de balles de défense) de façon jugée “disproportionnée”.L’ONG dénonce aussi des centaines de gardes à vue et une soixantaine de procès à la suite des mobilisations contre le projet d’autoroute A69 dans le Tarn.”Aujourd’hui, on a un peu les mains liées dans les actions que l’on a envie de faire, car la répression en parallèle augmente énormément”, abonde Léa Geindreau, porte-parole de l’ONG Action Justice Climat précisant que cette année l’association fait face à 17 procès. Ces violences s’accompagnent d'”un arsenal législatif” qui “criminalise” les manifestants, affirme le rapport, citant notamment la loi dite “anti-casseurs” de 2019, ou encore la loi de 2021 dite “loi séparatisme”, qui facilite la dissolution d’associations ou le retrait de financements.Parmi les cas mentionnés figurent le mouvement Alternatiba, privé de subventions publiques, et le collectif Les Soulèvements de la Terre, visé en 2023 par une tentative de dissolution jugée contraire au droit international.Amnesty alerte également sur une “rhétorique stigmatisante” à l’égard des militants écologistes, qualifiés parfois d'”écoterroristes” par certains responsables politiques. “Ce glissement sémantique va permettre une utilisation de méthodes répressives beaucoup plus fortes”, estime Action Justice Climat évoquant le “recours quasiment systématique” à des perquisitions. Le rapport cite également Michel Forst, rapporteur spécial sur les défenseurs de l’environnement, pour qui “la France est le pire pays d’Europe concernant la répression policière des militants environnementaux”.  – “Reculs” et désinformation – Selon Amnesty, cette stratégie de “délégitimation” de la lutte pour le climat se fait notamment “au service de reculs politiques, environnementaux et climatiques”. Margot Jaymond cite notamment la proposition de loi Duplomb sur l’agriculture, censée être votée mardi à l’Assemblée et qui acte de nombreux reculs écologiques, la réouverture du chantier de l’A69 malgré l’annulation de l’autorisation environnementale ou encore le recul sur le devoir de vigilance des entreprises poussée par la France dans le cadre du Pacte vert européen. Amnesty s’alarme également d’un affaiblissement du traitement médiatique.”On constate une carence quantitative persistante en matière environnementale” dans les médias français, analyse Eva Morel, secrétaire générale de QuotaClimat, une association qui travaille depuis 2022 sur le traitement médiatique des enjeux environnementaux.”En l’espace de trois mois, entre janvier et mars 2025, on a quantifié 128 cas de désinformation scientifique pure sur les 18 chaînes que l’on monitore”, précise-t-elle. Amnesty international appelle les autorités françaises à “prendre urgemment” des mesures pour protéger les droits des défenseurs de l’environnement et à “reconnaître publiquement” leur travail comme “légitime et essentiel”. Elle les enjoint également à garantir l’accès à l’information. 

Amnesty dénonce la répression ciblée des militants écologistes en France

Répression, intimidation, censure, harcèlement judiciaire, restrictions de financements… : Amnesty International accuse jeudi les autorités françaises de mener une “stratégie délibérée” de répression à l’encontre des défenseurs de l’environnement, dénonçant une tendance inquiétante d’entrave à l’action climatique. L’organisation de défense des droits humains Amnesty décrit dans un rapport une série de restrictions juridiques, physiques et financières visant les militants écologistes dans le monde et notamment en France. “Il est inquiétant de voir que la France, qui avait été moteur il y a dix ans dans la lutte pour le climat, est aujourd’hui un exemple probant de la répression des défenseurs de l’environnement”, alerte lors d’une conférence de presse Margot Jaymond, chargée de plaidoyer justice climatique chez Amnesty International France.L’ONG dénonce “une judiciarisation du maintien de l’ordre” destiné à paralyser l’action des militants pro-climat en s’attaquant de “manière ciblée et intentionnelle” à la liberté de manifester, d’expression et d’association. – “Mains liées” – Amnesty pointe notamment la répression des mobilisations contre les méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), en 2022 et 2023, lors desquelles les forces de l’ordre ont utilisé des armes à létalité réduite (lanceurs de balles de défense) de façon jugée “disproportionnée”.L’ONG dénonce aussi des centaines de gardes à vue et une soixantaine de procès à la suite des mobilisations contre le projet d’autoroute A69 dans le Tarn.”Aujourd’hui, on a un peu les mains liées dans les actions que l’on a envie de faire, car la répression en parallèle augmente énormément”, abonde Léa Geindreau, porte-parole de l’ONG Action Justice Climat précisant que cette année l’association fait face à 17 procès. Ces violences s’accompagnent d'”un arsenal législatif” qui “criminalise” les manifestants, affirme le rapport, citant notamment la loi dite “anti-casseurs” de 2019, ou encore la loi de 2021 dite “loi séparatisme”, qui facilite la dissolution d’associations ou le retrait de financements.Parmi les cas mentionnés figurent le mouvement Alternatiba, privé de subventions publiques, et le collectif Les Soulèvements de la Terre, visé en 2023 par une tentative de dissolution jugée contraire au droit international.Amnesty alerte également sur une “rhétorique stigmatisante” à l’égard des militants écologistes, qualifiés parfois d'”écoterroristes” par certains responsables politiques. “Ce glissement sémantique va permettre une utilisation de méthodes répressives beaucoup plus fortes”, estime Action Justice Climat évoquant le “recours quasiment systématique” à des perquisitions. Le rapport cite également Michel Forst, rapporteur spécial sur les défenseurs de l’environnement, pour qui “la France est le pire pays d’Europe concernant la répression policière des militants environnementaux”.  – “Reculs” et désinformation – Selon Amnesty, cette stratégie de “délégitimation” de la lutte pour le climat se fait notamment “au service de reculs politiques, environnementaux et climatiques”. Margot Jaymond cite notamment la proposition de loi Duplomb sur l’agriculture, censée être votée mardi à l’Assemblée et qui acte de nombreux reculs écologiques, la réouverture du chantier de l’A69 malgré l’annulation de l’autorisation environnementale ou encore le recul sur le devoir de vigilance des entreprises poussée par la France dans le cadre du Pacte vert européen. Amnesty s’alarme également d’un affaiblissement du traitement médiatique.”On constate une carence quantitative persistante en matière environnementale” dans les médias français, analyse Eva Morel, secrétaire générale de QuotaClimat, une association qui travaille depuis 2022 sur le traitement médiatique des enjeux environnementaux.”En l’espace de trois mois, entre janvier et mars 2025, on a quantifié 128 cas de désinformation scientifique pure sur les 18 chaînes que l’on monitore”, précise-t-elle. Amnesty international appelle les autorités françaises à “prendre urgemment” des mesures pour protéger les droits des défenseurs de l’environnement et à “reconnaître publiquement” leur travail comme “légitime et essentiel”. Elle les enjoint également à garantir l’accès à l’information.